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Dim 10 Juin 2018 - 9:35

Anonymous
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Iras ma ghilas, da'len
« [...] que jamais les opposants de ta maîtresse ne se liguent pour faire de sa tolérance un signe de faiblesse. »

Tant de personnes desquelles nous méfier, tant d'enjeux à chacune de nos actions. Nous faisons le bien, Célène fait le bien, mais cet elfe a raison, elle doit se méfier, nous devons nous méfier. Nous maîtrisons à la perfection ce Grand Jeu impitoyable, mais tout le monde ne joue pas dans les règles.

J'apprends que l'Archiviste a un frère, qu'il est bien jeune pour la tâche qui lui incombe, et que son nom est Siha. Je murmure doucement son nom tandis qu'il se lève, et je n'attends pas longtemps avant de me lever à mon tour et de le suivre. Le vhenadahl est sur mon chemin, de toute manière.

Un homme saute sur Siha, mais je ne m'affole pas. L'étreinte est affectueuse, et les deux êtres se ressemblent tellement, malgré leurs physiques extrêmement différents. N'a-t-il pas parlé d'un frère ? Sehariel semble être un guerrier ou un chasseur, un homme puissant, bien qu'il conserve des traits très fins comme ceux de l'Archiviste. Ces deux là sont des dalatiens bien étranges. Je reste silencieuse tandis qu'ils discutent, Siha résumant en quelques mots la situation dans laquelle nous nous sommes trouvés.

« Je vous remercie infiniment du coup de main. Elle attire les ennuis comme un aimant, où qu'on aille. »

Je glisse mes yeux jusqu'à Siha et le... La détaille. Elle pourrait tout à fait être une femme, c'est vrai. Mais pour une raison inconnue, je trouve le "il" plus correct. J'hausse les épaules en signifiant à Sehariel que ce n'est rien, que j'étais la première impliquée dans l'ennui en question, mais déjà ils semblent passer à la suite. Je les suis jusqu'à la place pour la découvrir calme et peu remplie, moi qui m'attendais à une foule. Les elfes ont dû déserter dès la fin annoncée de la séance, connaissant le danger possible d'un regroupement. Sehariel évoque un rassemblement tandis que je me prépare à partir, cherchant dans ma poche mon masque. Je n'ai jamais pris de coups de fouets de ma vie, mais si je le perdais... Je sursaute quand Siha se tourne vers moi et pose une main sur mon épaule. Je ne suis pas habituée aux effusions de ce genre au palais.

« Nous tiendrons un feu de camp où l'on racontera des légendes dalatiennes et citadines. J'aimerais te remercier... alors penses-tu pouvoir venir, une fois acquittée de tes fonctions ? »

Je réfléchis quelques instants avant de répondre. Ce serait un plaisir de retrouver Siha ce soir et de m'échapper un peu plus longtemps de la vie du palais, mais est-ce que ce sera possible ? Avec le bal de fin de saison, je risque d'être occupée toute la soirée, et Célène me voudra sûrement dans sa chambre après, à moins qu'elle passe la nuit à discuter avec certains de ses courtisans pour les garder plus longtemps dans sa poche...

« Je serais ravie de venir, mais je ne promets rien. La soirée va être longue et très animée au palais. Je ferai mon possible. »

Je souris à l'Archiviste, touchée par sa proposition, et je commence à m'éloigner.

« Je dois y aller, Siha, Sehariel. »

J'incline la tête en direction de chacun d'entre eux.

« J'espère vous revoir au plus vite. »

Un dernier sourire et je pars en trottinant, prenant la direction du palais. Je traverse les rues des bas-quartiers, puis celles de la haute ville avant d'arriver à ma destination. Je prends des chemins réservés aux domestiques pour rapidement rejoindre les appartements de l'Impératrice, qui devrait bientôt se vêtir pour la soirée. Je ne lui parlerai que demain de l'incident d'aujourd'hui, elle a déjà bien des choses à penser ce soir. J'oublie déjà mon aventure dans les bas-quartiers pour me concentrer sur mes fonctions, mais je garde en tête cette petite escapade qui m'est proposée ce soir. En espérant ne pas arriver trop tard.

Jeu 14 Juin 2018 - 10:11

Anonymous
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La nuit n'avait pas tardé à tomber sur les toits miteux des bas quartiers, tel un épais manteau d'ombre et de silence. Le jour s'était enfui en emmenant avec lui nombre de tragédies du quotidien, une myriade d'histoires navrantes de différence, à nouveau recalées au rang de vulgaires broutilles. C'était un cycle sans fin, l'Histoire toujours racontée par les gagnants, une version banalisée destinée à enfler les egos, à encourager les parades de déni et d'ignorance. Ensuite il y avait ceux qui choisissaient de se faire les bruyants et héroïques bienfaiteurs de gens qu'ils ne comprendraient jamais ; nombreux membres d'une fanfare avide d'approbation populaire, des chevaux en quête d'un sucre. Plus que tous les autres, c'étaient ces prétendus justiciers se jugeant dans leur bon droit que Siha exécrait le plus. Ces initiatives inconscientes récoltaient l'effet inverse à celui espéré la plupart du temps, et pourtant il y en avait sans cesse où qu'il aille, peu importe la cité ou le quartier. C'étaient des champignons parasites se nourrissant des arbres émeraude, peinant déjà suffisamment à repousser.

Les années d'efforts constants passaient et il se sentait de moins en moins la force de contenir sa frustration, à travers un encouragement bienveillant ou une armure de rhétorique et d'humour. Au fond plus il s'engageait dans cette cause désespérée et plus la colère grandissait dans sa poitrine serrée, un orage grondant d'une révolte que rien ne semblait apaiser. Il était dalatien, oui... mais il était surtout Elfe, fils lointain d'une nation presque disparue, membre d'une grande famille chassée de ses terres. En tant que tel Siha endurait chaque fois qu'un des siens était attaqué, raillé, humilié. C'était une erreur sans nul doute, un jeu dangereux que d'absorber un fardeau trop lourd... mais il ne pouvait renier la bague qu'il portait au doigt et le devoir sacré qui était le sien.

L'archiviste était assis à même le sol, les yeux perdus sur les mains si sagement posées sur ses cuisses. Un grand feu avait été allumé sur la grande place, à une prudente distance du grand arbre. Ce soir les elfes s'étaient rassemblés pour boire et manger autour de musique et de contes traditionnels, en une impromptue et opportuniste fête ayant lieu le même soir que les célébrations impériales. Ce soir les troupes étaient mobilisées au palais, les patrouilles se faisaient rares et leurs priorités se trouvaient ailleurs ; c'était l'occasion rêvée d'oublier leur prison dorée, de hautes murailles de pierre et de séparation. Pourtant son sourire n'était qu'une expression vide sans substance, politesse formelle ne valant pas mieux que les masques orlésiens.

Autour de lui tout le monde semblait enjoué et même les plus timides s'étaient approchés pour écouter les histoires du hahren. Ce dernier continuait de déclamer de sa voix basse, jouant de sa portée pour tenir l'audience en haleine, surtout les enfants qui buvaient ses paroles d'un air mi absorbé, mi effrayé. Et ceux-là étaient justement ceux qui semblaient apprécier le fête avec le plus d'intensité. Pour une fois ils avaient reçu la permission de jouer librement après la nuit tombée, malgré l'interdiction de s'éloigner. Ici il n'y avait ni faste ni luxe, le danger était mis de côté mais jamais sous-estimé, au pire tout juste vaguement flouté dans un coin des esprits adultes.

Ses yeux se perdirent dans les flammes dansantes puis sur la silhouette athlétique de Sehariel, qui était en grande discussion avec un groupe de mercenaires, verre à la main. Enfin une voix fluette surgit derrière son dos, lui demandant quelque chose qu'il ne put assimiler. Une petite tête blonde émergea derrière son épaule, pointant fiévreusement vers son œuvre tout juste achevée. Se retournant pour mieux lui accorder son attention, Siha sourit avec une infinie douceur.

« Oh, me voilà enfin tout beau. Merci beaucoup, Athesa. »
« On dit ma... ma sérrana. »
« Ma serannas. La reprit-il patiemment, avec une immense fierté. C'est bien tu n'as pas oublié, bravo. »

C'étaient ces petites choses, les accolades et les sourires qui lui redonnaient un peu la force. Ébouriffant les cheveux de la petite, il la vit sautiller de satisfaction avant de recommencer à tresser une autre mèche avec toute l'application du monde, sous le regard éberlué de quelques autres gamins qui n'en revenaient pas de son culot. Ou peut-être étaient-ils simplement intimidés par la figure dalatienne qu'il représentait, sûrement à cause des consignes de parents plus méfiants. Il ne s'en formaliserait pas, après tout il était un simple invité que tous ne voyaient pas du même œil. Pour certains un étranger, pour d'autres une figure emblématique... ce n'était pas évident de jongler avec les différentes expectatives.

Il grimaça d'inconfort, ses jambes déjà douloureuses à force de rester assis en tailleur. En un sens il regretta ne pas pouvoir bouger, mais d'un autre il n'osait interrompre le sommeil tranquille du bambin d'à peu près trois ans qui ronflait doucement dans ses bras, épuisé après l'avoir escaladé comme un écureuil grimpe une montagne. Le calant dans le creux de son coude, Siha entreprit une opération délicate de façon à ramener ses jambes endormies à la vie, tout se demandant si Briala trouverait un moment pour les rejoindre.

Lun 25 Juin 2018 - 23:42

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iras ma ghilas, da'len ?



Halamshiral se supportait dans la cage thoracique, comme les chansons tristes : on pouvait l'apprécier, mais le sujet demeurait douloureux pour quiconque comprenait les paroles. La cité des ancêtres, pâle souvenir bafoué par la Marche Exaltée qui l'avait conquise, elle se vautrait dans un deuil perpétuel que chaque pierre traversait. C'était ici qu'un pays fier, heureux de se retrouver après tant de pertes, avait été volé à son peuple. Ici que tant d'horreurs immondes avaient été perpétrées, ici que vivaient des souvenirs douloureux à abandonner.

En son honneur, d'une certaine façon, les elfes se permettaient une fête. Kytha avait de la difficulté à cacher son malaise d'être ici, ne serait-ce qu'après tous les récits qu'elle avait entendu sur la tragédie d'Halamshiral. Et puis, tous ces bâtiments empilés les uns sur les autres, les rues étranglées, la concentration démographique ridicule, tout ça lui donnait le tournis. Elle avait déjà envie de retourner dans les grands espaces, loin de ces microcosmes affamés. Toute la journée, elle avait aidé à préparer les célébrations avec certains membres du clan, préférant laisser aux jumeaux l'apprentissage des savoirs dalatiens. La jeune mage était d'une faiblesse physique facilement moquée, mais elle avait au moins tenté de monter telle ou telle banderole, fait quelques listes pour les jeux, et soigné les blessures des maladroits du clan dans le plus grand des secrets. Elle respectait l'interdiction formelle de présenter ses pouvoirs aux non Bellanaris, ce qui lui donnait toujours l'impression de chausser une pointure trop petite. Même si cette visite culturelle était annuelle, la Rêveuse avait de la difficulté à s'adapter - impression renforcée par la disparition inhabituelle de Luciole le feu-follet.

Malgré tout, une fois les danses entamées et la nourriture servie, une fois que les rigodons des violons retentirent, la légèreté commença à habiter le cœur de la Basse-Ville. Le ghetto gardait sa méfiance et Kytha dut avertir quelques enfants de se calmer, mais au moins, elle n'était plus en constante tension dans sa tête. Ajoutant le secret sur sa magie, et ce même si certains savaient additionner un et deux en percevant son titre de Première, la timidité de la jeune fille tapait haut. Elle se contenta de rester en retrait, souriant devant les volutes multicolores que relâchait la musique devant ses yeux synesthètes. Ses cheveux étaient relâchés, couronnés de fleurs violettes ; le froid de l'hiver lui faisait presque regretter de ne pouvoir être pieds nus pour danser autour du brasier, protégée par des fourrures et plumes immaculées. De toute façon, beaucoup trop de jeunes inconnus le faisaient déjà, et ils étaient bien assez beaux et heureux sans elle.

Elle s'éclipsa de son coin obscur, bientôt frappée par la chaude lumière des flammes, pour se chercher une chope. Kytha savait bien éviter les boissons alcoolisées, par peur que le manque d'introspection de l'ivresse ne lui fasse en dire trop, mais un seul ne serait pas trop mal. Elle n'avait jamais rien goûté de ce qui se faisait chez ses cousins citadins, alors autant ajouter ce petit acte sauvage - et le dernier de la soirée - dans ses expériences de vie. Elle s'apprêtait à repartir se cacher, verre à la main (ça n'était pas si bon, finalement), lorsqu'elle se fit interrompre par un jeune homme qui lui tendait la main.

« Une danse, mademoiselle ? »

Elle manqua s'étouffer dans le brevage amer.

« Oh hum... Je... C'est-à-dire... Hum... Il y a tant à faire ? Et j'ai un v-verre. » balbutia-t-elle en rougissant.

« Finissez-le, je vous attendrai. »

Kytha lança un regard à droite, puis à gauche, et balança le liquide par-dessus son épaule. Elle essaya d'être subtile, mais une exclamation outrée, derrière, la fit grimacer de gêne.

« Je l'ai fini. »

« J'suis trempé, merde ! »

« Suivez-moi, alors. »

Le citadin l'entraîna au travers de la fête, adressant çà et là des salutations à ses amis. Ils passèrent devant les gamins qui dévoraient les histoires du hahren, et Kytha envoya un regard terrifié et excité à Siha, assis-e un peu plus loin.

« Je dois t'avertir, par contre... J-je suis un peu maladroite. »

Son cavalier - plutôt grand, un air espiègle dans le regard et aux cheveux roux en bataille - lui répondit d'un rire, comme si son avertissement était quelque chose d'adorable. La mage déglutit, perdant soudain toute couleur : il ne se doutait pas à quel point.

Ils atteignirent bientôt le feu, où tout le monde se présenta en riant, lançant même de chaleureux encouragements à la Première, qui essayait de les prévenir avec l'énergie du désespoir. Quelqu'un s'en alla par méfiance devant l'arrivée d'une Dalatienne, mais la plupart des jeunes danseurs avait depuis longtemps dépassé le niveau de l'ivresse. Le roux aida Kytha à se placer, puis, soutenu par les violonistes enjoués, l'entraîna en tourbillons bienheureux.

« Oups ! Désolée. Aïe. Ara seranna-ma ! »

La brune ne cessait de se prendre dans ses pieds, dans ceux du jeune homme, voire dans les ombres au sol. Or, après plusieurs essais, bien qu'elle fut loin de relâcher ses muscles raides, elle finit par faire fi de sa performance. Il lui rappela qu'elle ne donnait pas un spectacle et que le but était de s'amuser, et après une ou deux minutes, elle commença à comprendre le principe. Elle avait toujours l'air d'une poule décapitée, mais au moins, c'était en gloussant.

Elle resta là pendant près d'une heure, et c'est trempée de sueur, haletante, qu'elle se sépara des danseurs. Elle trépidait de joie, et ils avaient plutôt réussi à vaincre sa timidité ; elle était sur un nuage lorsqu'elle rejoint son mentor. Iel était assis au sol, un bambin qui se réveillait sur les genoux.

« Lethallen ! » chuchota-t-elle. « Je me suis fait des amis, pour la soirée du moins. Toi, j'ai l'impression que les enfants ne t'ont pas laissé beaucoup de repos. »

La Rêveuse se pencha pour caresser la tête du tout-petit, qui bâilla comme un lion.

« Elgara vallas, da'len. Tu veux qu'on aille chercher ta maman pour que tu puisses dormir ? Oui ? Allez. »

Kytha le recueillit dans sa bras, faisant signe à Siha de la suivre.

« J'ai entendu parler de comment tu t'es interposé, contre ce garde. Je suis heureuse que tu aies été là, ça aurait pu terminer en catastrophe. »

Jeu 11 Oct 2018 - 22:19

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Aider Célène à se vêtir. Faire le tour des domestiques. S'assurer que tout se passe pour le mieux. Déjouer un complot quelconque d'un noble belliqueux. Servir des verres, tout en écoutant les chuchotements et les rires. Parler en gestes à l'Impératrice, en cas de problème. Supporter la musique, le monde, le faste. Quand la soirée s'est terminée, j'ai prétexté une migraine et suis partie le plus vite possible. Ce monde me fatigue, bien que j'y sois habituée. J'aurais de toute manière dû attendre plusieurs heures avant de rejoindre Célène, alors autant en profiter pour m'éclipser... Les bas-quartiers et une soirée bien plus agréable m'attendent.

Et si Célène a un problème...
Et si Célène a besoin de moi...
Et si Célène...
Elle va m'attendre, seule dans son immense lit, la peau froide et le cœur déchiré.
Elle va m'attendre, comme elle m'a toujours attendue.
Qui suis-je pour la faire attendre ?

A peine dehors, j'envisage de faire demi-tour. Je sens l'air frais glisser sur mon visage tandis que je regarde derrière moi les lumières du Palais d'Hiver briller dans la nuit. Elle pourra se débrouiller sans moi. Bien sûr. Et puis, elle a Michel et une horde de domestiques et de gardes à son service. J'ai le droit de profiter de quelques heures d'une soirée pour moi, rien que pour moi. Vraiment, ai-je ce droit ?

Je secoue la tête pour chasser ces pensées, et j'en profite pour enlever mon masque et détacher mes cheveux. Quelques mètres plus loin, je récupère dans une cache des vêtements de ville, et je les enfile rapidement en délaissant certains de mes vêtements de domestique. Je ne pense pas que les elfes du Palais se mêlent souvent à ceux des bas-quartiers, considérant la tonne de travail qu'ils ont à toute heure de la journée. Je devrais toucher un mot à Célène de leurs conditions de vie, d'ailleurs...

Je me dépêche de marcher jusqu'à la grande place, baissant la tête au passage de gardes. Celui de plus tôt a-t-il reporté notre altercation à ses supérieurs ? Je n'ai pas pu encore aborder le sujet avec l'Impératrice, d'autres domestiques m'ayant aidée à la vêtir. Notre manque de solitude est parfois dérangeant. L'image du garde me revient à l'esprit, passé ce soir en mon absence pour faire payer les elfes de notre insolence à Siha et moi. Mon cœur se serre à cette pensée, mais j'essaye de la mettre de côté. Il y a peu de chances que ce soit arrivé. Il a été trop humilié. D'autant qu'il doit encore décuver. N'est-ce pas ?

Des mélodies enchantées m'arrivent aux oreilles avant même que j'atteigne la place, et un sourire se dessine sur mes lèvres. Tout va bien. Je m'avance, le pas plus guilleret qu'avant, et je découvre une scène bien rare dans un tel lieu. La désolation du quartier a fait place à des couleurs, des chants, des danses, des rires. De la vie. J'en ai presque les larmes aux yeux. Je m'empêche de devenir aussi émotive, cherchant des yeux Siha, ou son frère. Près du grand feu, j'aperçois l'Archiviste en train de s'éloigner aux côtés d'une jeune elfe brune. Oserai-je les déranger ? Après tout, c'est lui - elle - qui m'a invitée en premier lieu.

Je les rattrape, évitant des danseurs pour qui le monde s'est réduit à leur partenaire. J'arrive rapidement face à eux, ralentissant mes pas pour ne pas trop les surprendre. Un enfant assoupi contre la jeune femme vient compléter un tableau de parfaite famille. Je leur souris, faisant un signe à Siha.

« J'ai probablement manqué tes légendes, hahren, mais je suis bien heureuse d'être venue. Voir cette place avec tant de vie... »

Je ne termine pas ma phrase, mais je suppose qu'il - elle - comprendra. Je m'incline légèrement devant la personne à ses côtés, laissant à Siha le soin de nous présenter. Je ne saurais que dire, de toute façon.


Mar 16 Oct 2018 - 11:42

Anonymous
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Sous couvert de distraire les enfants qui l'escaladaient telle une imprenable plaine de jeux, le regard inquiet de Siha suivit systématiquement les péripéties de sa Première. Bien qu'il ne doute pas de son talent à conquérir les cœurs les plus endurcis, il connaissait bien sa timidité et sa maladresse, cette même peur farouche qui la faisait revenir en courant chaque fois qu'elle avait le sentiment de s'être aventurée trop loin en territoire inconnu. Kytha était son trésor -plus encore que tous les autres membres de son clan- non seulement parce qu'elle était l'avenir assuré pour les Bellanaris, mais aussi parce qu'elle était le rayon de soleil qui lui donnait la force. Un peu las de la journée, il soupira. Finalement la jeune femme avait beaucoup en commun avec ce petit qui sommeillait entre ses bras...

Lorsque cette dernière lui revint après avoir longuement dansé, oubliant l'espace d'un instant la lourde charge qui lui incombait entre des bras inconnus, l'archiviste effaça sa grimace d’aîné inquiet au profit d'un sourire encourageant. Il connaissait bien ses angoisses, ce rapport d'attraction et répulsion que nourrissait Kytha à l'égard du monde extérieur. Il se libéra une main pour tapoter sa tête, comme il le faisait si souvent depuis qu'elle était petite.

« Je suis content que cela ce soit bien passé, au moins je n'aurai pas à couper des oreilles aux impudents te suivant de trop près. Tu t'es bien amusée ? » Il se permit la demi plaisanterie d'un air espiègle, adorant jouer les grands gamins en sa présence.

Néanmoins lorsqu'elle fit mine de retrouver la mère du petit il accepta sans protester, s'étirant longuement aussitôt qu'il fut levé. Ses membres ankylosés geignirent à ses moindres mouvements, mais le fait est qu'être soulagé de cette garde improvisée le soulageait. Suivant docilement Kytha parmi les fêtards, Siha dodelina de la tête en repensant à cette intervention forcée dans l'après-midi. Aucun regret n'obscurcissait son esprit, néanmoins il ne pouvait s'empêcher de craindre les retombées futures d'un tel geste.

« Je n'étais pas seul, heureusement. Une jeune femme est intervenue juste avant mon arrivée. » Il continua d'avancer en serpentant entre les corps pressés, des coupes à la main.

« Je l'ai invitée à venir nous rejoindre mais... » Il se tut tout à coup en reconnaissant le visage hâlé et surtout la voix derrière les masques de bois et de circonstance. En parlant du loup dont il ignorait toujours le nom... voilà qu'il montrait le bout de son museau. Il rit de la coïncidence, après tout il ne s'était plus attendu à la voir se libérer. « Voilà donc ma courageuse acolyte. »

Appuyé sur son bâton, le dalatien s'approcha assez pour que leur conversation soit couverte par la musique, mais pas assez pour entrer dans l'espace vital de la barde sans y être d'abord invité. Il avait senti la nostalgie dans sa voix chantante, et la souffrance contenue de tout un peuple. Quelque chose lui disait que cette femme dont il ne savait finalement rien avait dû avoir une vie difficile.

« Ce n'est pas grand chose, un modeste rassemblement sans prétention. Mais j'ai pensé que ce serait bon de rappeler à nos gens qu'ils ont le droit de vivre. Le Hahren était un peu réticent bien sûr, mais au bout du compte il a approuvé l'idée. » D'une main distraite il caressa les cheveux de l'enfant dans les bras sa benjamine, avant de fièrement la présenter. « Voici Kytha, ma brillante Première. »

L'archiviste se demanda si la dame de Célène accepterait enfin de leur donner un nom, mais il eut la délicatesse de ne pas le demander directement. Après tout si elle jugeait bon de ne pas trop en dire, qui était-il pour lui en vouloir ?

« Oh et je t'ai dit de pas m’appeler 'hahren', cela me vieillit horriblement. Lethallen ou Siha suffira... »


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