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Lorsqu'il s'était lancé dans cette invitation impulsive et informelle Siha ignorait quelle réaction déclencherait sa maladresse; après tout c'était insensé surtout sans savoir où il allait lui-même. Malgré le probable rejet, il était un étalon dont on venait de subitement lâcher la bride, fonçant à toute allure sans destination précise. Quelle ne fut pas alors sa surprise de voir le visage de Cordelia s'illuminer d'un sourire innocent, alors qu'elle saisit la main qui lui était tendue sans hésiter.
Son cœur fit un bond dans sa poitrine tandis qu'il regagnait son sourire et sa confiance, comme si ses derniers n'avaient pas failli être bazardés par la fenêtre depuis le septième étage. Sa voix sonna détendue malgré la douce euphorie qui avait cousu un sourire sur ses lèvres fines. Il était agréablement surpris que la guerrière se montre aussi curieuse sur sa culture.
« Les vallaslin sont des tatouages traditionnels accordés aux elfes le jour de leur majorité. Ils marquent le passage à la vie adulte et représentent un dieu ou déesse de notre panthéon. Celle de la déité la plus proche de la voie que nous avons choisie dans la vie, ou celle qui nous parle le plus. Ils marchaient au même rythme le long de la berge, s'écartant occasionnellement pour ne pas déranger les autres voyageurs. Le mien représente Mythal la Protectrice, symbole de Maternité et Justice. »
Il se souvenait encore nettement du jour de sa propre cérémonie, le jour où son visage entier avait semblé s'incendier de douleur. Le regard absent, il fit son possible pour fuir le labyrinthe des images passées. Observant la blondine s'arrêter pour ramasser des coquillages et cueillir des fleurs, il sentit un nœud se former dans sa gorge. Ce moment si simple resterait intimement marqué dans sa mémoire comme un signe d'espoir. Peut-être ses idéaux n'étaient-ils pas si ridicules et irréalisables...
Glissant une fleur colorée derrière l'oreille de la jeune femme il l'observa bien en face, le regard chargé de curiosité. Un instant il ouvrit la bouche pour lui demander d'où venait la force magique qu'il ressentait à son contact, puis il se rétracta par peur de mettre les pieds dans le plat et tout gâcher. Il avait été le premier à vouloir vivre dans le présent sans attaches ou creuser les vieilles blessures, aussi il se contint et choisit une autre approche.
« Quel secret serais-tu prête à me confier, en retour de mes histoires de nomade ? »
Détachant le tissu qui lui avait couvert la tête toute la journée, il le balança par-dessus son épaule libre et souffla de bien être en sentant l'air de plus en plus frais courir sur sa nuque. Sa lourde natte retomba dans son dos, offrant une niche au chat qui les observait, désormais pleinement éveillé et avide d'attention.
« Nous pourrons toujours regarder les étoiles lorsque le soleil se sera éteint. »
Il n'avait aucune envie de rentrer au campement et plus étrangement, pour une fois il n'était pas dérangé à l'idée d'abandonner sa solitude tranquille en faveur de la compagnie de Cordelia. 'Lui tendre la main'. Siha mit de côté la portée métaphorique de ce qu'elle venait de dire avec autant de légèreté. C'étaient sûrement des mots comme tant d'autres, rien de plus... il ne fallait pas s'emballer.
Se concentrant sur son escalade, le mage s'appliqua afin de ne pas subir le même sort que lors de sa précédente tentative. Une fois arrivé en haut, avec un sourire victorieux et les mains un peu plus écorchées, il tendit un bras afin de vigoureusement hisser la jeune femme à sa suite.
« Est-ce que je risque de me faire poursuivre par un père inquiet ou un mari jaloux pour t'avoir enlevée aux tiens ? »
L'endroit était à l'image du reste de l'oasis, d'une beauté simpliste mais intense. C'était un perchoir à l'écart des caravanes, à l'ombre d'un immense palmier qui pliait vers l'eau dans un angle improbable. Ici le bruit du marché leur parvenait à peine, les éclats de voix étrangères bourdonnaient à peine pour leur rappeler qu'ils n'étaient pas seuls au monde. Les genoux repliés contre son torse, il regardait l'eau qui bougeait à peine sous la bise. Dans l'inconfort de ces conditions basiques Siha trouvait une consolation presque physique, là au milieu de cette nuit tombante, de cette corbeille de fruits presque vide, d'un chat errant et une femme de moins en moins inconnue.
Son cœur fit un bond dans sa poitrine tandis qu'il regagnait son sourire et sa confiance, comme si ses derniers n'avaient pas failli être bazardés par la fenêtre depuis le septième étage. Sa voix sonna détendue malgré la douce euphorie qui avait cousu un sourire sur ses lèvres fines. Il était agréablement surpris que la guerrière se montre aussi curieuse sur sa culture.
« Les vallaslin sont des tatouages traditionnels accordés aux elfes le jour de leur majorité. Ils marquent le passage à la vie adulte et représentent un dieu ou déesse de notre panthéon. Celle de la déité la plus proche de la voie que nous avons choisie dans la vie, ou celle qui nous parle le plus. Ils marchaient au même rythme le long de la berge, s'écartant occasionnellement pour ne pas déranger les autres voyageurs. Le mien représente Mythal la Protectrice, symbole de Maternité et Justice. »
Il se souvenait encore nettement du jour de sa propre cérémonie, le jour où son visage entier avait semblé s'incendier de douleur. Le regard absent, il fit son possible pour fuir le labyrinthe des images passées. Observant la blondine s'arrêter pour ramasser des coquillages et cueillir des fleurs, il sentit un nœud se former dans sa gorge. Ce moment si simple resterait intimement marqué dans sa mémoire comme un signe d'espoir. Peut-être ses idéaux n'étaient-ils pas si ridicules et irréalisables...
Glissant une fleur colorée derrière l'oreille de la jeune femme il l'observa bien en face, le regard chargé de curiosité. Un instant il ouvrit la bouche pour lui demander d'où venait la force magique qu'il ressentait à son contact, puis il se rétracta par peur de mettre les pieds dans le plat et tout gâcher. Il avait été le premier à vouloir vivre dans le présent sans attaches ou creuser les vieilles blessures, aussi il se contint et choisit une autre approche.
« Quel secret serais-tu prête à me confier, en retour de mes histoires de nomade ? »
Détachant le tissu qui lui avait couvert la tête toute la journée, il le balança par-dessus son épaule libre et souffla de bien être en sentant l'air de plus en plus frais courir sur sa nuque. Sa lourde natte retomba dans son dos, offrant une niche au chat qui les observait, désormais pleinement éveillé et avide d'attention.
« Nous pourrons toujours regarder les étoiles lorsque le soleil se sera éteint. »
Il n'avait aucune envie de rentrer au campement et plus étrangement, pour une fois il n'était pas dérangé à l'idée d'abandonner sa solitude tranquille en faveur de la compagnie de Cordelia. 'Lui tendre la main'. Siha mit de côté la portée métaphorique de ce qu'elle venait de dire avec autant de légèreté. C'étaient sûrement des mots comme tant d'autres, rien de plus... il ne fallait pas s'emballer.
Se concentrant sur son escalade, le mage s'appliqua afin de ne pas subir le même sort que lors de sa précédente tentative. Une fois arrivé en haut, avec un sourire victorieux et les mains un peu plus écorchées, il tendit un bras afin de vigoureusement hisser la jeune femme à sa suite.
« Est-ce que je risque de me faire poursuivre par un père inquiet ou un mari jaloux pour t'avoir enlevée aux tiens ? »
L'endroit était à l'image du reste de l'oasis, d'une beauté simpliste mais intense. C'était un perchoir à l'écart des caravanes, à l'ombre d'un immense palmier qui pliait vers l'eau dans un angle improbable. Ici le bruit du marché leur parvenait à peine, les éclats de voix étrangères bourdonnaient à peine pour leur rappeler qu'ils n'étaient pas seuls au monde. Les genoux repliés contre son torse, il regardait l'eau qui bougeait à peine sous la bise. Dans l'inconfort de ces conditions basiques Siha trouvait une consolation presque physique, là au milieu de cette nuit tombante, de cette corbeille de fruits presque vide, d'un chat errant et une femme de moins en moins inconnue.
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des pierres précieuses à même la peau
ft. siha
Elle ne vit pas venir les doigts fins qui placèrent une fleur dans l'écrin de ses boucles dorées. La peau de sa nuque frissonna légèrement au contact, et elle sourit simplement. Siha parut vouloir dire quelque chose, se rétracta. Il semblait qu'il avait une myriade d'autres questions qu'il aurait voulu poser au bout des lèvres. Elle lui devait bien un secret ou deux, après tout. Elle posa un doigt pensif sur ses lèvres et répondit :
― Laisse-moi y réfléchir un peu.
Ils escaladèrent la paroi en silence, Siha largement plus agile que Cordélia, qui traînait derrière. Elle avait oublié à quel point elle était manche en escalade ! Deux minutes de montée laborieuse plus tard, elle leva la tête pour apercevoir la main de Siha trônant dans le ciel. Elle la saisit et réussit à se hisser sur la paroi, souriant à l'elfe d'un air reconnaissant.
Une onomatoppée familière échappa de la bouche de la jeune femme lorsque la vue qu'offrait le petit promontoire s'offrit à elle. Elle mit un peu de temps à entendre la question de son compagnon du soir tant elle était admirative.
― Pas vraiment. Il est un peu trop loin pour venir te chercher, répondit-elle avec un air amusé, avant de rectifier : mon père, hein, pas mon mari. Je n'ai pas de mari. Cela ne plaît pas trop à mon père d'ailleurs, mais j'ai d'autres choses à faire avant de penser à ces choses-là...
Elle approchait dangereusement du moment où sa famille était supposée choisir un époux pour elle, et en cela, être à la tête de l'inquisition avait presque pris des airs de salut, ses devoirs de femme se dérobant à ses nouveaux devoirs d'Inquisitrice. Mais en tant que seule fille de la lignée, elle savait que son heure viendrait éventuellement... l'obligeant peut-être à finir avec quelqu'un dont elle ne voulait pas vraiment pour le reste de sa vie. Autant dire qu'elle repoussait l'échéance du mieux qu'elle pouvait.
Le pauvre Emmett Trevelyan ferait une attaque s'il savait qu'elle faisait un pique-niques avec "un de ces barbares Dalatiens". Les elfes nomades avaient toujours eu une féroce réputation dans les Marches Libres, si bien que la plupart de ses habitants étaient pétris de préjuvgés à leur égard. Mais à force de côtoyer les uns et les autres, elle voyait bien que les méchants de l'histoire n'étaient pas forcément ceux que l'on croyait.
Elle se rassit à côté de lui, saisissant une mandarine dans le panier.
― Je te demande juste une chose, Siha. Quoique tu puisses apprendre sur moi maintenant, ou plus tard, ne me juge pas trop rapidement. Je ne voudrais pas que... Enfin, nous nous connaissons à peine, mais je te trouve vraiment fascinant. Et vois-tu, j'ai peur de ce que tu pourrais penser de moi. Elle soutint le regard de l'elfe un instant, un éclat de crainte dans son regard océan. Elle se sentait coupable de ne pas lui dire la vérité, là où Siha semblait si sincère, si prompt à partager des histoires avec elle. Comme le veut la tradition, j'ai été élevée pour servir la Chantrie, et les Templiers particulièrement. Ce n'est pas une chose à laquelle on peut se dérober quand on naît dans ma famille. J'ai suivi l'enseignement, les voeux, tout, et j'ai été dans un Cercle, pendant un bon moment. J'ai surveillé des mages, des gens comme toi.
Comment allait-il la voir désormais ? Entre ça et lui dire qu'elle avait la marque d'un Magister Tévintide sur la main, elle se demandait finalement ce qui était le plus approprié. Mais elle lui devait au moins des bribes de vérité.
― J'ai fini par partir, mais pendant un bon moment, je ne me suis pas posée de questions sur ce que je faisais. Cela me semblait juste être dans l'ordre des choses. J'ai l'impression que cela fait des millénaires maintenant... Mais je regrette toujours. Je regrette intensément tout ce que nous vous infligeons.
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Siha se rendit coupable d'un sourire à la fois espiègle et curieux de ce faux suspense mis en place. D'ailleurs s'il est vrai que sa plaisanterie inoffensive n'avait pas pour but initial d'extorquer plus d'informations personnelles, il serait mentir de dire qu'il ne voulait pas en savoir davantage. Glissant une œillade furtive sur le profil angélique de la guerrière il l'écouta sans l'interrompre, pour finalement glisser son grain de sel seulement lorsqu'elle eut terminé. Étonnamment c'était plus facile et naturel de se livrer à une inconnue qu'à la plupart de ses proches ou sa famille.
« Je compatis, ce n'est pas évident de composer avec la pression, qu'elle soit communautaire ou sociale. Et hm la population dalatienne est naturellement basse à cause de notre mode de vie et des circonstances historiques, Ses sourcils étaient froncés dans une expression soucieuse, relativement ironique étant donné le sujet délicat mais aussi assez cocasse. alors dans les clans, les adultes en bonne santé sont... fortement encouragés à procréer. »
Une petite toux gênée ponctua son commentaire somme toute aléatoire, bien qu'un sourire amer signifie sa position d'autant plus compromise sur ce sujet que son orientation et son genre restaient une énigme pour la plupart de ses pairs. Au fond même pour un somnambule aguerri comme lui il devenait épuisant de se plier en mille pirouettes pour détourner l'attention se son avide public, les yeux constamment braqués sur le vide sous ses pieds.
« Quoi que tu puisses décider de me révéler, il ne m'appartient pas de juger. »
Écoutant le léger clapotis de l'oasis et le vrombissement des insectes, Siha huma avec plaisir l'odeur fruitée des agrumes que dévêtait lentement Cordélia. Observant la danse de ses mains pâles, il acquiesça sobrement pour l'encourager à continuer. Son sourire se fit rassurant, malgré ses airs pensifs. Chacun avait ses cadavres au placard, même si la plupart préférait perdre un bras que de se remettre en cause. Il se préparait déjà à écarter les révélations coupables et sans conséquence de cette fille apparemment sans histoires, lorsque la brutale vérité lui coupa le sifflet.
Sa bouche s'ouvrit puis se referma. Ce fut plus un choc qu'une réelle déception, sans doute parce qu'il avait naïvement imaginé un tas de choses très éloignées de la réalité. Se sentant très bête il fut longtemps tenu au silence, pris de court comme un papillon épinglé encore vivant dans une sinistre collection. En fait plus la jeune femme parlait à cœur ouvert et plus il se sentait mal à l'aise, soudainement mis à nu en réalisant qu'elle savait plus qu'il n'avait voulu lui dire. Même sa nature de mage n'était plus qu'un secret éventé aux quatre vents. L'air lui manqua et soudainement une peur viscérale, presque animale, se logea dans sa poitrine.
Tout au long de sa vie et de ses périples Siha avait rencontré un tas de gens différents, et pourtant c'était la première fois qu'il croisait un membre de l'ordre des templiers. Ou plutôt un ancien membre. Ces gens dont les maltraitances et le mépris lui étaient revenus si souvent en d'innombrables échos d'apostats survivants. Il déglutit, l'ironie de la situation ne manquant pas de greffer un rictus d'auto-dérision sur ses lèvres. Il avait promis d'écouter et c'est ce qu'il faisait, même si son corps entier semblait se révulser à l'idée d'assimiler un seul mot de plus. Le silence retomba lourdement entre eux, malgré l'esquisse de respect qu'il vouait à ce courage d'assumer son passé.
« Es-tu partie parce que tu ne supportais pas le traitement des mages ? » Demanda-t-il d'une voix basse.
Il n'était plus du tout sûr de vouloir entendre la réponse, ni d'être prêt à la vérité. Siha avait déjà rencontré et fraternisé avec des fidèles de la Chantrie sans que leurs croyances influent sur leur relation, mais ça... ce n'était pas la même chose. 'Il ne m'appartient pas de juger' avait-il dit, certain de son fait. Quel abruti. Son pouls battait douloureusement fort dans son cou, à tel point qu'il semblait vibrer jusqu'à ses oreilles.
Il fallait se raisonner, se faire à l'idée qu'il n'avait pas le droit de la blâmer pour un passé peut-être lointain, comme si lui était exempté de toute faute. Après tout s'il devait faire l'inventaire de toutes ses actions et choix hérétiques selon la doctrine Andrastienne, il était bon pour la potence ou pire, l'apaisement. La différence était que sa lâchetée et sa fierté l'empêcheraient de révéler quoi que ce soit à voix haute. Coupable, il ravala son trouble en buvant une longue gorgée de thé, s'essuya la bouche sur sa manche et sortit enfin de son mutisme, ses sentiments toujours aussi mitigés.
« Je suppose que l'existence de ma magie n'est plus vraiment un aveu, maintenant. » Son soupir sembla se figer dans l'air, nuage invisible sur fond de soleil couchant.
« J'ai entendu des choses au sujet des Templiers... au moins aussi horribles que ce qu'on raconte sur les dalatiens. J'ai rencontré des gens, j'ai vu leur peur et leur désarroi, je sais que toutes ne sont pas des légendes urbaines ou des rumeurs sans fondement. Je connais bien la peur qu'inspire la magie, le danger que représente trop de pouvoir entre les mains d'une seule personne, assujettie à la tentation. Cependant, je ne peux pardonner les gens violents qui nous privent de liberté,... de dignité. Son souffle se fit court, son expression telle un masque de dureté. Paradoxalement il avait rarement parlé avec autant de spontanéité. Pour autant je ne suis pas enclin à tous les condamner sans distinction, comme si tous les individus n'étaient qu'une conscience collective. Tous les mages ne sont pas des maléficiens perfides et mégalomanes. Alors je me dois d'accepter que tous les templiers ne sont pas des brutes épaisses, noyant leur humanité et leur empathie dans les préceptes de leur religion. »
Il se devait de le croire, oui. Mais y parviendrait-il ? Levant les yeux vers Cordélia, il semblait tacitement la supplier de lui prouver qu'elle n'était pas de ceux-là. Une chance, une porte entrouverte... C'est tout ce qu'il pouvait lui offrir.
« Je compatis, ce n'est pas évident de composer avec la pression, qu'elle soit communautaire ou sociale. Et hm la population dalatienne est naturellement basse à cause de notre mode de vie et des circonstances historiques, Ses sourcils étaient froncés dans une expression soucieuse, relativement ironique étant donné le sujet délicat mais aussi assez cocasse. alors dans les clans, les adultes en bonne santé sont... fortement encouragés à procréer. »
Une petite toux gênée ponctua son commentaire somme toute aléatoire, bien qu'un sourire amer signifie sa position d'autant plus compromise sur ce sujet que son orientation et son genre restaient une énigme pour la plupart de ses pairs. Au fond même pour un somnambule aguerri comme lui il devenait épuisant de se plier en mille pirouettes pour détourner l'attention se son avide public, les yeux constamment braqués sur le vide sous ses pieds.
« Quoi que tu puisses décider de me révéler, il ne m'appartient pas de juger. »
Écoutant le léger clapotis de l'oasis et le vrombissement des insectes, Siha huma avec plaisir l'odeur fruitée des agrumes que dévêtait lentement Cordélia. Observant la danse de ses mains pâles, il acquiesça sobrement pour l'encourager à continuer. Son sourire se fit rassurant, malgré ses airs pensifs. Chacun avait ses cadavres au placard, même si la plupart préférait perdre un bras que de se remettre en cause. Il se préparait déjà à écarter les révélations coupables et sans conséquence de cette fille apparemment sans histoires, lorsque la brutale vérité lui coupa le sifflet.
Sa bouche s'ouvrit puis se referma. Ce fut plus un choc qu'une réelle déception, sans doute parce qu'il avait naïvement imaginé un tas de choses très éloignées de la réalité. Se sentant très bête il fut longtemps tenu au silence, pris de court comme un papillon épinglé encore vivant dans une sinistre collection. En fait plus la jeune femme parlait à cœur ouvert et plus il se sentait mal à l'aise, soudainement mis à nu en réalisant qu'elle savait plus qu'il n'avait voulu lui dire. Même sa nature de mage n'était plus qu'un secret éventé aux quatre vents. L'air lui manqua et soudainement une peur viscérale, presque animale, se logea dans sa poitrine.
Tout au long de sa vie et de ses périples Siha avait rencontré un tas de gens différents, et pourtant c'était la première fois qu'il croisait un membre de l'ordre des templiers. Ou plutôt un ancien membre. Ces gens dont les maltraitances et le mépris lui étaient revenus si souvent en d'innombrables échos d'apostats survivants. Il déglutit, l'ironie de la situation ne manquant pas de greffer un rictus d'auto-dérision sur ses lèvres. Il avait promis d'écouter et c'est ce qu'il faisait, même si son corps entier semblait se révulser à l'idée d'assimiler un seul mot de plus. Le silence retomba lourdement entre eux, malgré l'esquisse de respect qu'il vouait à ce courage d'assumer son passé.
« Es-tu partie parce que tu ne supportais pas le traitement des mages ? » Demanda-t-il d'une voix basse.
Il n'était plus du tout sûr de vouloir entendre la réponse, ni d'être prêt à la vérité. Siha avait déjà rencontré et fraternisé avec des fidèles de la Chantrie sans que leurs croyances influent sur leur relation, mais ça... ce n'était pas la même chose. 'Il ne m'appartient pas de juger' avait-il dit, certain de son fait. Quel abruti. Son pouls battait douloureusement fort dans son cou, à tel point qu'il semblait vibrer jusqu'à ses oreilles.
Il fallait se raisonner, se faire à l'idée qu'il n'avait pas le droit de la blâmer pour un passé peut-être lointain, comme si lui était exempté de toute faute. Après tout s'il devait faire l'inventaire de toutes ses actions et choix hérétiques selon la doctrine Andrastienne, il était bon pour la potence ou pire, l'apaisement. La différence était que sa lâchetée et sa fierté l'empêcheraient de révéler quoi que ce soit à voix haute. Coupable, il ravala son trouble en buvant une longue gorgée de thé, s'essuya la bouche sur sa manche et sortit enfin de son mutisme, ses sentiments toujours aussi mitigés.
« Je suppose que l'existence de ma magie n'est plus vraiment un aveu, maintenant. » Son soupir sembla se figer dans l'air, nuage invisible sur fond de soleil couchant.
« J'ai entendu des choses au sujet des Templiers... au moins aussi horribles que ce qu'on raconte sur les dalatiens. J'ai rencontré des gens, j'ai vu leur peur et leur désarroi, je sais que toutes ne sont pas des légendes urbaines ou des rumeurs sans fondement. Je connais bien la peur qu'inspire la magie, le danger que représente trop de pouvoir entre les mains d'une seule personne, assujettie à la tentation. Cependant, je ne peux pardonner les gens violents qui nous privent de liberté,... de dignité. Son souffle se fit court, son expression telle un masque de dureté. Paradoxalement il avait rarement parlé avec autant de spontanéité. Pour autant je ne suis pas enclin à tous les condamner sans distinction, comme si tous les individus n'étaient qu'une conscience collective. Tous les mages ne sont pas des maléficiens perfides et mégalomanes. Alors je me dois d'accepter que tous les templiers ne sont pas des brutes épaisses, noyant leur humanité et leur empathie dans les préceptes de leur religion. »
Il se devait de le croire, oui. Mais y parviendrait-il ? Levant les yeux vers Cordélia, il semblait tacitement la supplier de lui prouver qu'elle n'était pas de ceux-là. Une chance, une porte entrouverte... C'est tout ce qu'il pouvait lui offrir.
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des pierres précieuses à même la peau
ft. siha
Il sembla qu'une chape de plomb venait de tomber et de ternir l'instant à tout jamais. Ce qu'elle lisait dans les yeux de l'elfe lui serra le coeur. De la crainte... Du dégoût, même ? Elle sentit son coeur se serrer légèrement, toutes ses craintes se bousculant en même temps dans son cerveau pour imaginer le pire. Elle rentra imperceptiblement la tête dans les épaules à la tirade de Siha, comme pour noyer sa honte.
― Je suis désolée. Je n'aurais pas dû dire ça, c'était inadéquat. Souffla-t-elle, le front bas. Elle avait l'impression d'avoir terni l'innocence de leur rencontre avec ses mots, d'avoir saboté son image dans l'esprit de Siha. La culpabilité la tenaillait durement alors qu'elle poursuivait : Je ne voulais pas être Templière pour régner sur autrui. Je voulais me sentir utile, et faire partie d'une cause juste. Aider autrui. Ce sont les fondements de notre religion, ceux que je suis et respecte. Je crois sincèrement que nous partons tous de cette intention-là, seulement certains se perdent en chemin.
Personne de son entourage d'Ostwick n'aurait exprimé à haute voix les opinions qu'exprimait Siha en face d'elle. Mais elles avaient une lourde part de vérité. Elle sentait que Siha avait des idées bien ancrées à ce sujet, mais il n'avait pas tort.
― Je ne pensais pas que je finirais par être une prisonnière surveillant d'autres prisonniers. Mais jamais, jamais je n'ai maltraité un Mage, ni agi comme l'un des Templiers dont tu parles. Je te le promets. Elle prit la main de Siha entre les siennes et la serra, comme pour le convaincre de la sincérité de ses dires.
Un fouillis désordonné d'idées lui étreignait les côtes mais elle ne laissa rien paraître. Elle ne voulait pas effrayer Siha plus qu'elle ne l'effrayait maintenant. Elle lâcha la main de l'elfe, s'étonnant elle-même de ce geste emporté qu'elle venait de faire, les joues chauffées par la honte et la peur que cet instant disparaisse à cause de ce qu'elle venait de lui révéler.
― En fait, j'ai fini par me faire renvoyer du Cercle parce qu'un ami - un mage - s'est servi de moi pour s'échapper. Je n'étais pas très bonne dans ce que je faisais.
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« C'est honnête de votre part et j'apprécie votre sincérité, même si je ne sais encore quoi faire de l'information. »
Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il était encore sous le choc, mais d'un autre côté au moins il savait un peu mieux où il mettait les pieds, maintenant. Et puis si Cordelia avait ressenti sa magie il n'était que justice qu'il soit mis au courant de sa formation, étant donné les implications que cela pouvait avoir à l'avenir. Par ailleurs rien ne l'avait forcée à jouer cartes sur table, alors il était appréciable qu'elle l'ait partagé de sa propre initiative. Le regard planté sur l'oasis, Siha ne put s'empêcher de se demander combien d'autres couches de secrets les séparaient encore d'un mur invisible. Coupable, il songea à tout ce qu'il ne se sentait pas capable d'avouer, écoutant la jeune femme les lèvres serrées.
« Je vous crois. » Dit-il simplement, se demandant lui-même pourquoi.
Cordelia était une inconnue qui pourrait aisément décider de lui mentir pour se rattraper, ou chercher à le manipuler pour arriver à ses fins, quelles qu'elles puissent être. Pourtant dans sa voix douce comme dans le doux toucher de sa main il y avait quelque chose d'intense et pur, comme une enfant maladroite qui cherche le pardon après avoir fait une bêtise. Le dalatien ne saurait rationaliser l'envie d'être tolérant et ne pas la condamner sans savoir, ni mettre totalement de côté la crainte d'être dupé. Le tout formait une tout indivisible et complexe, un sentiment unique sur lequel il ne saurait mettre un nom.
Serrant doucement la main de la blondine en retour, il lui témoignait son envie de tenir parole et lui laisser une chance. Cependant lorsque le contact fut brisé par Cordelia il ne la retint pas, ne souhaitant point lui imposer quelque chose dont elle n'avait pas envie. D'un autre côté l'histoire qu'elle lui racontait le rendait curieux, quoiqu'intrigué par la teinte d'auto-dérision dans sa voix. Elle semblait plus amère envers la trahison qu'envers les retombées néfastes qui avaient sûrement dû suivre cet événement.
« Une double déception, j'imagine. Ce n'est jamais évident d'être trahi par quelqu'un à qui l'on fait confiance, surtout lorsqu'on doit écoper des conséquences à sa place. Ce n'était pas trop dur de se faire renvoyer après un si long entraînement ? »
Osant enfin la regarder du coin de l’œil, il réajusta la fleur dans ses cheveux avant de se rendre compte de son geste. Timidement il but un peu de thé puis revint à la conversation pour détourner l'attention.
« Avez-vous continué d'exercer ensuite, dans une Chantrie peut-être ? »
Ce n'était qu'un jeu de devinettes, après tout bien qu'il lui ait été donner de croiser de loin des templiers au sein des villes d'Orlais, il avait toujours été contraint de les éviter comme la peste pour ne pas attirer l'attention. Sa condition d'apostat n'était malheureusement pas très propice à fraterniser avec un groupe qui chercherait probablement à l'enfermer ou l'apaiser à cause de ce qu'il était, aussi il était difficile de les comprendre. Mais avec Cordelia, peut-être que cela pourrait enfin changer...
Le moins que l'on puisse dire c'est qu'il était encore sous le choc, mais d'un autre côté au moins il savait un peu mieux où il mettait les pieds, maintenant. Et puis si Cordelia avait ressenti sa magie il n'était que justice qu'il soit mis au courant de sa formation, étant donné les implications que cela pouvait avoir à l'avenir. Par ailleurs rien ne l'avait forcée à jouer cartes sur table, alors il était appréciable qu'elle l'ait partagé de sa propre initiative. Le regard planté sur l'oasis, Siha ne put s'empêcher de se demander combien d'autres couches de secrets les séparaient encore d'un mur invisible. Coupable, il songea à tout ce qu'il ne se sentait pas capable d'avouer, écoutant la jeune femme les lèvres serrées.
« Je vous crois. » Dit-il simplement, se demandant lui-même pourquoi.
Cordelia était une inconnue qui pourrait aisément décider de lui mentir pour se rattraper, ou chercher à le manipuler pour arriver à ses fins, quelles qu'elles puissent être. Pourtant dans sa voix douce comme dans le doux toucher de sa main il y avait quelque chose d'intense et pur, comme une enfant maladroite qui cherche le pardon après avoir fait une bêtise. Le dalatien ne saurait rationaliser l'envie d'être tolérant et ne pas la condamner sans savoir, ni mettre totalement de côté la crainte d'être dupé. Le tout formait une tout indivisible et complexe, un sentiment unique sur lequel il ne saurait mettre un nom.
Serrant doucement la main de la blondine en retour, il lui témoignait son envie de tenir parole et lui laisser une chance. Cependant lorsque le contact fut brisé par Cordelia il ne la retint pas, ne souhaitant point lui imposer quelque chose dont elle n'avait pas envie. D'un autre côté l'histoire qu'elle lui racontait le rendait curieux, quoiqu'intrigué par la teinte d'auto-dérision dans sa voix. Elle semblait plus amère envers la trahison qu'envers les retombées néfastes qui avaient sûrement dû suivre cet événement.
« Une double déception, j'imagine. Ce n'est jamais évident d'être trahi par quelqu'un à qui l'on fait confiance, surtout lorsqu'on doit écoper des conséquences à sa place. Ce n'était pas trop dur de se faire renvoyer après un si long entraînement ? »
Osant enfin la regarder du coin de l’œil, il réajusta la fleur dans ses cheveux avant de se rendre compte de son geste. Timidement il but un peu de thé puis revint à la conversation pour détourner l'attention.
« Avez-vous continué d'exercer ensuite, dans une Chantrie peut-être ? »
Ce n'était qu'un jeu de devinettes, après tout bien qu'il lui ait été donner de croiser de loin des templiers au sein des villes d'Orlais, il avait toujours été contraint de les éviter comme la peste pour ne pas attirer l'attention. Sa condition d'apostat n'était malheureusement pas très propice à fraterniser avec un groupe qui chercherait probablement à l'enfermer ou l'apaiser à cause de ce qu'il était, aussi il était difficile de les comprendre. Mais avec Cordelia, peut-être que cela pourrait enfin changer...
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des pierres précieuses à même la peau
ft. siha
Il était repassé au vouvoiement, ce qui la rassurait peu, malgré les paroles de l'elfe pour la rassurer du contraire. Elle avait l'impression de tendre le bras vers lui sans pour autant oser le toucher - qu'adviendrait-il si elle essayait ? Elle avait peur de se faire rejeter par ce parfait inconnu, comme s'ils se connaissaient depuis une décennie.
― Au fond de moi, j'étais soulagée. Cela me fournissait une excuse pour partir, admit-elle. Je ne sais pas ce qu'il est advenu de mon ami, mais j'ai entendu dire qu'il s'est enfui avec d'autres mages. En tout cas, ils ne lui ont pas mis la main dessus. C'est tout ce que je lui souhaite...
Elle baissa le regard, plongée un instant dans des souvenirs à la fois amers et agréables. Il avait été l'un de ses seuls amis au Cercle. Et maintenant qu'elle y repensait, elle n'avait pas été capable de percevoir son mal-être avant qu'il ne soit trop tard.
― Ma famille a vite compris qu'elle ne pouvait pas me forcer à devenir une Soeur. Il faut retenir des centaines de couplets et d'extraits du Chant, et avoir un goût prononcé pour la prière et la dévotion envers le Créateur, deux choses que je n'ai jamais réussi à maîtriser pleinement. A la place, je représente souvent nos intérêts dans des réunions religieuses, ou auprès d'autres nobles dans les Marches Libres. Cela me laisse assez de liberté pour vaquer à mes occupations quand je le veux... pour l'instant.
Comme toujours, une demi-vérité: c'était probablement à ça que sa vie aurait ressemblé, si elle n'avait jamais passé la porte du Conclave. Idée bien plaisante, mais malheureusement révolue. En tout cas Siha se contenterait de cette explication, elle l'espérait. Elle sentait que l'elfe ne posait volontairement pas trop de questions : peut-être avait-il compris que c'était mieux comme ça.
Mais elle n'était pas la seule à cacher quelque chose, elle le sentait. Ce ne serait pas aujourd'hui qu'elle découvrirait le secret derrière les yeux ambrés.
Elle laissa échapper un bâillement, la chaleur et la fatigue accumulées revenant à la charge.
― Je ne suis pas un danger pour toi, Siha. Je sais que c'est difficile à croire, et tu n'es pas obligé de me croire d'ailleurs, mais c'est vrai. Je ne te veux pas de mal, bien au contraire.
Elle lui sourit, un peu tristement.
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Les responsabilités avaient un poids qu'il connaissait bien, celui des attentes et d'une myriade de choix lourds de conséquences, si faciles à juger et pourtant si difficiles à faire. Étrangement et ce malgré sa prudence, Cordelia et lui étaient toujours liés par ce fil invisible qui les rapprochait et lui donnait l'impression d'être davantage qu'un étranger. Son regard se perdit dans le lointain. Peut-être qu'un jour elle se remémorerait son nom avec la même chaleur dont elle venait d'évoquer son ami du Cercle. Néanmoins cela revenait à croire qu'il parviendrait à la marquer en un laps de temps si court, alors qu'ils étaient destinés à ne plus jamais se voir une fois qu'ils se seraient séparés. C'était... absurde, mais l'espoir demeurait, coupable et tenace.
« Je suis content que vous ne soyez pas devenue religieuse, autrement je n'aurais pas pu vous rencontrer. » Sa voix était un murmure presque inaudible, l'expression complexe de sentiments contradictoires. « Et que vous vous soyez libérée des contraintes des templiers, aussi. »
Il en était naturellement revenu au vouvoiement sans même se rendre compte, plus par respect que réelle envie de mettre une certaine distance entre eux. Et puis pourrait-il vraiment couper ce lien par sa simple volonté, alors que leurs cheveux étaient incendiées du reflet de ce même soleil, que leurs corps éreintés et surtout leurs esprits souffraient de cette même lassitude ? Peut-être Siha pouvait-il se laisser bercer sans poser de questions, se bandant les yeux sur la réalité de leurs différences sous les dernières lueurs de ce crépuscule, juste le temps de se donner l'illusion de s'appartenir un peu.
Leurs épaules côte à côte se touchaient presque, et la bâillement de la jeune blonde faillit devenir contagieux. Pensif, Siha sourit doucement à ces paroles chargées de douceur, se sentant comme un gros chat qui se laisse appâter par une caresse. Avec un certain amusement il se tourna vers elle, s'armant d'espièglerie pour ne pas céder au pessimisme. Son bras entoura l'épaule de Cordelia alors qu'il baissa la tête pour la regarder dans les yeux.
« Alors que me veux-tu d'autre, da'len ? »
« Je suis content que vous ne soyez pas devenue religieuse, autrement je n'aurais pas pu vous rencontrer. » Sa voix était un murmure presque inaudible, l'expression complexe de sentiments contradictoires. « Et que vous vous soyez libérée des contraintes des templiers, aussi. »
Il en était naturellement revenu au vouvoiement sans même se rendre compte, plus par respect que réelle envie de mettre une certaine distance entre eux. Et puis pourrait-il vraiment couper ce lien par sa simple volonté, alors que leurs cheveux étaient incendiées du reflet de ce même soleil, que leurs corps éreintés et surtout leurs esprits souffraient de cette même lassitude ? Peut-être Siha pouvait-il se laisser bercer sans poser de questions, se bandant les yeux sur la réalité de leurs différences sous les dernières lueurs de ce crépuscule, juste le temps de se donner l'illusion de s'appartenir un peu.
Leurs épaules côte à côte se touchaient presque, et la bâillement de la jeune blonde faillit devenir contagieux. Pensif, Siha sourit doucement à ces paroles chargées de douceur, se sentant comme un gros chat qui se laisse appâter par une caresse. Avec un certain amusement il se tourna vers elle, s'armant d'espièglerie pour ne pas céder au pessimisme. Son bras entoura l'épaule de Cordelia alors qu'il baissa la tête pour la regarder dans les yeux.
« Alors que me veux-tu d'autre, da'len ? »
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des pierres précieuses à même la peau
ft. siha
Alors, il la croyait ? Il lui faisait confiance ? Elle sentit une vague de soulagement la libérer de son fardeau, l'esprit immédiatement apaisé. Elle ne lisait pas d'hostilité dans son regard, c'était le plus important.
Les sonorités de la langue elfique roulaient avec élégance sur le palais de l'elfe, faisant naître un sourire incontrôlable sur le visage de Cordélia, qui ignorait la signification du mot. Mais venant de Siha, et combiné avec la lueur chaleureuse dans ses yeux, ce ne pouvait être que quelque chose de bon. Des joues pâles au contraste saisissant de sa chevelure, son espièglerie contagieuse, tout n'était que matière à fascination chez lui. Elle appuya sa tête en retour contre le bras qui entourait ses épaules. Puis les boucles blondes bondirent autour de son visage alors qu'elle relevait subitement la tête.
- Réponds-moi sincèrement, lui lança-t-elle avec le sourire. Penses-tu que nos chemins se recroiseront ?
Les battements candides de son sourire se multiplièrent alors qu'elle se retenait de la pulsion infantile qu'elle éprouvait à vouloir l'étreindre dans ses bras. Il fallait poser la question, au risque peut-être de le perdre à tout jamais. Son esprit, autant que ses espoirs, s'emballait peut être un peu trop. Après tout,c'était un voyageur sans réelles attaches si ce n'était celles de son clan. Que valait-elle face à ça ?
- Je sais que nos chemins vont se séparer, mais... j'aimerais tout de même te reparler un jour. Elle balaya le paysage d'un battement de cil et demanda, un peu plus bas, un peu moins sûre d'elle. Je sais que c'est peut-être un peu prétentieux de ma part.
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Du coin de l’œil il savoura la tendresse de la tête posée contre son épaule et se surprit à sourire de nouveau. Dire que les barrières étaient franchies était sans doute encore prématuré et naïf, mais pour l'instant elles étaient au moins mises de côté, muselées dans un coin de sa tête.
L'estomac plein et le regard en apparence plus tranquille, Siha ne put s'empêcher de comparer cette rencontre à une épiphanie providentielle, un doucereux hasard digne d'un de ces romans à la mode. Un elfe, un chaton et une jeune femme dont la beauté qu'il avait toujours imaginée aux princesses et dames de cour. Non, en fait ses yeux innocents et sa gentillesse étaient bien plus touchants que le ne le serait jamais l'aristocratie figée dans son mépris. Fasciné par ce cheveux flottant comme un nuage de coton il se retint de les effleurer d'une main hésitante. Le mage pesa le poids de ses mots avant de répondre pensivement, dans un murmure.
« C'est à nous de le rendre possible. »
L'observant trépigner il ignorait ce qui la rendait aussi agitée mais écouta avec curiosité, étonné qu'elle manifeste l'envie et l'espoir de le revoir. Touché il acquiesça en remarquant la fleur chamarrée qui ornait encore son oreille. Posant les mains dans son giron, Siha soupira dans l'air du soir.
« Si tu le souhaites... » Il s'arrêta, peu certain de son fait ou de ne pas être sur le point de commettre une grosse erreur. Clignant des yeux, il chassa les mauvais pressentiments en se rassurant de quelques dispositions prudentes.
« J'ai des amis à Halamshiral. Si tu le souhaites je peux te laisser leur adresse, et ils feront parvenir le courrier à mon Aravel. De cette façon nous pourrions rester en contact, et peut-être un jour qui sait... nous reverrons-nous pour regarder le coucher de soleil ? »
De fait il avait envie de faire davantage que rêver éveillé de ce qui n'arriverait peut-être jamais. Lui tendant la main paume ouverte, en une inivtation implicite, il lui sourit. « On se le promet ? »
L'estomac plein et le regard en apparence plus tranquille, Siha ne put s'empêcher de comparer cette rencontre à une épiphanie providentielle, un doucereux hasard digne d'un de ces romans à la mode. Un elfe, un chaton et une jeune femme dont la beauté qu'il avait toujours imaginée aux princesses et dames de cour. Non, en fait ses yeux innocents et sa gentillesse étaient bien plus touchants que le ne le serait jamais l'aristocratie figée dans son mépris. Fasciné par ce cheveux flottant comme un nuage de coton il se retint de les effleurer d'une main hésitante. Le mage pesa le poids de ses mots avant de répondre pensivement, dans un murmure.
« C'est à nous de le rendre possible. »
L'observant trépigner il ignorait ce qui la rendait aussi agitée mais écouta avec curiosité, étonné qu'elle manifeste l'envie et l'espoir de le revoir. Touché il acquiesça en remarquant la fleur chamarrée qui ornait encore son oreille. Posant les mains dans son giron, Siha soupira dans l'air du soir.
« Si tu le souhaites... » Il s'arrêta, peu certain de son fait ou de ne pas être sur le point de commettre une grosse erreur. Clignant des yeux, il chassa les mauvais pressentiments en se rassurant de quelques dispositions prudentes.
« J'ai des amis à Halamshiral. Si tu le souhaites je peux te laisser leur adresse, et ils feront parvenir le courrier à mon Aravel. De cette façon nous pourrions rester en contact, et peut-être un jour qui sait... nous reverrons-nous pour regarder le coucher de soleil ? »
De fait il avait envie de faire davantage que rêver éveillé de ce qui n'arriverait peut-être jamais. Lui tendant la main paume ouverte, en une inivtation implicite, il lui sourit. « On se le promet ? »
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