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Jeu 12 Juil 2018 - 1:33

Anonymous
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Des oiseaux en cage


Helaine dormait paisiblement alors que Zevran attrapait une couverture laissée sur le dossier du canapé et l’en recouvrait avec. Vu sa taille et son poids, la jeune fille allait dormir pendant deux heures au maximum, peut être trois si elle n’absorbait pas bien les toxines. Lorsqu’il tourna la tête il fût envahi par la vision de Siha enrubannée dans son capuchon à tête d’oiseau  et ne put s’empêcher de se dessiner un sourire. Déguisé en petite rouquine comme il l’était, ses tâches de rousseurs et sa peau laiteuse contrastant avec le tissu noir et l’acier du bec qui le surmontait, il était à la fois un peu ridicule et parfaitement délicieuse.

L’expression impénétrable de Siha laissait entendre que quelque chose n’allait pas. Peut-être était ce le stress de la situation ou peut-être n’approuvait-il pas le traitement réservé à Helaine, Zevran n’en savait rien. Il n’avait pourtant pas fait de mal à la fille, enfin à part à son égo au réveil peut-être, quand elle comprendrait que son beau Remero n’était pas un courtisan mais un vulgaire voleur. La raison de cette expression fermée se révéla à lui lorsque Siha prit la parole à nouveau. Ainsi donc c’était sa suplicité qui inquiétait l’Archiviste. Il se sentit à la fois flatté et blessé qu’il le flatte tout en suggérant qu’il pourrait subir le même sort.

Mais à la vérité, Il savait qu’il n’avait pas le droit de se sentir blessé par cette suspicion. Siha avait tout à fait raison de se méfier. Ce jour-là il était son employeur et son partenaire, il n’avait rien à craindre, mais rien de disait qu’un jour un membre de la noblesse Orlésienne ne pourrait l’embaucher pour assassiner le métamorphe. Et si ce jour arrivait, nul doute que Zevran utiliserait leur proximité pour l’atteindre. Les seules personnes qui étaient à l’abri de sa dague et des ses poisons avaient combattu à ses côtés pendant l’enclin, avec deux autres personnes vivant à Antiva. Siha était fascinant, intrigant, excitant même… mais s’il devait un jour l’abattre il le ferait… en tout cas pour l’instant.

_ «  Et bien si jamais vous tombez dans le piège d’un si mauvais jeu d’acteur et d’une mise en scene aussi attendue, peut-être que vous méritez de faire la sieste vous aussi. » Il émit un petit rire. «  Elle va dormir environ deux heures, retournons à notre ouvrage. »

Les trouvailles entassées dans le secrétaire du compartiment secret relevaient du morbide. Cette ordure de Marquis gardait des trophées de ses victimes. Zevran avait vu des gens étranges et écœurant dans sa vie mais ce qui se trouvait dans ce meuble…. c’était une autre histoire. Certains assassins gardaient des trophées des missions qui les avaient marqués. C’était le cas de Zevran. Il avait gardé une boucle d’oreille en or de son tout premier contrat en tant que Corbeau. Du soir où ils avaient tué Rinna, un anneau en argent qu’elle portait autour du cou et qui se balançait présentement sous ses vêtements. De Wulf Cousland à qui il avait demandé un cadeau d’adieu, quelque chose à emmener partout avec lui pour lui rappeler le temps où il lui était subordonné, il avait reçu une dague aux armoiries de sa famille. Il la portait également à la ceinture en toute occasion. Sa main se porta inconsciemment à la poignée de l’arme en question alors que Siha jurait en elfique.

Sa connaissance de la langue des Dalatiens était limitée aux formules de politesse et aux insultes, ainsi qu’à quelques mots clefs et cela suffisait pour savoir que l’Archiviste n’allait pas inviter le Marquis à prendre le thé, même avant qu’il ne repasse en langue commune.

Il observa Siha travailler sur le secrétaire en gardant une distance raisonnable (il n’aimait pas beaucoup ces sceaux magiques et évitait d’y toucher quand il le pouvait) Il se percha sur une chaise et garda un œil sur lui et sur Helaine tout en tendant l’oreille vers le couloir. Mais aucun autre son que le travail acharné de son partenaire sur le bureau ne se faisait entendre…. Et soudain Siha se releva, la main brûlée. Zevran ouvrit immédiatement son escarcelle et en sortit une petite boite en verre, avec un couvercle de métal. Il en dévissa l’opercule et tendit l’autre moitié à la rouquine.

- «  Mettez cela dessus tout de suite, ça évitera les cloques et les cicatrices. »

Puis il s’accroupit près du meuble et en ouvrir le tiroir. A l’intérieur il y avait du papier, beaucoup de papier. Zevran retira la liasse complète et feuilleta rapidement les pages. Dès les premières, il était clair comme de l’eau de roche qu’il s’agissait de contrat d’esclavage. Ce qui était surprenant c’était que le texte était en Orlésien et pas en Tevene. Il se pencha sur les boites et vérifia les noms un à un. Mettant de côté celles qui avaient été épinglées sur son tableau de chasse.  Il y avait une quinzaine de boites… mais plus d’une vingtaine de contrats.

- « Soit toutes les filles ne sont pas mortes, soit il faut qu’elles remplissent certains critères pour être mise en boite... »
Il donna les documents à Siha. « Le mieux maintenant c’est de tendre une embuscade au Marquis dans sa chambre et de le faire parler. Je pense que la pièce doit être bien insonorisé où il ne tuerait pas les filles directement là bas. »

Il reprit son capuchon et le remit en place, dissimulant ses cheveux trop blonds pour être discrets. Faisant signe à Siha de le suivre il rejoignit la porte de la bibliothèque et l’entrouvrit à peine. Ne voyant rien dans le couloir il l’ouvrit d’avantage et, tendant l’oreille au moindre bruit, il entraîna l’Archiviste à sa suite. Ils avançaient lentement mais silencieusement, si Zevran n’avait pas été dans sa tenue de travail on aurait pu croire qu’il se baladait dans la maison. Seulement, son pas était léger, parfaitement silencieux, sa main était constamment dissimulée sous les plis de sa tunique, reposant sur sa dague. Il était prêt à tout.

Mais rien n’arriva alors qu’ils rejoignaient la chambre du Marquis. Ils entrèrent à nouveau et Zevran loqueta la porte derrière eux.

- « Lorsqu’il va rentrer il va voir la tapisserie déchirée et se figer. Je m’occupe de l’immobiliser et de l’empêcher de crier, vous fermerez la porte. »

Il attrapa une chaise qu’il installa au milieu de la pièce.

- « Je peux l’interroger si vous le désirez, je sais comment obtenir des aveux rapidement. Mais si vous voulez vous faire plaisir ce n’est pas moi qui vous le reprocherait. C’est votre mission après tout. »


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Jeu 12 Juil 2018 - 20:18

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Siha accepta l'étrange petite boite de sa main saine, les sourcils froncés tandis qu'il l'approcha de son nez pour en flairer le contenu dans un mixte de prudence et de curiosité. Cela ne sentait pas suspect aussi il l'appliqua sur sa senestre sans faire d'histoires, bien qu'il soit parfaitement capable de se soigner avec la magie. Ce serait plus  pratique de guérir par les biais naturels, d'autant que ses ressources magiques pourraient être nécessaires plus tard.
Néanmoins si son regard était porté sur l'ouvrage, son esprit était ailleurs ; perdu quelque part entre la contradiction ambulante qui se révélait être son charmant partenaire. Le dalatien n'avait pas manqué l'attention presque affectueuse avec laquelle ce dernier avait recouvert Helaine, comme si cette dernière avait simplement piqué du nez suite à une longue séance de lecture devant la cheminée. C'était d'autant plus déconcertant que la deuxième apparition de Remero était telle qu'il l'avait dit lui-même, un piège grossier, n'ayant certainement rien à voir avec ce dont il était réellement capable. D'ailleurs il ne releva pas le trait d'humour du blond, ignorant ce petit piquant de vérité.

La vive douleur qui lui brûlait la peau l'ancra les deux pieds sur terre, loin de la naïveté crédule de la domestique. Observant les fouilles de son partenaire il gardait son bras tendu le long du corps, laissant l'onguent faire son effet. Pris d'une furieuse envie de délaisser cette identité factice et reprendre son apparence, il lui fallut rassembler sa détermination pour ne pas céder. Malheureusement il serait peu avisé d'interroger le Marquis sous son physique d'archiviste, ce qui risquait de lui attirer de gros ennuis. Non, décidément il devrait hélas être Lani un peu plus longtemps.

Les documents compromettants furent empilés et soigneusement gardés par Siha, qui les glissa sous son bras avant de suivre Zevran jusqu'au nid de la fameuse vipère. Progressant prudemment, il agit comme une énième servante, aussi discrètement que possible jusqu'à ce qu'ils soient de retour dans la chambre.
Une fois au calme il expira profondément pour rassembler son sang-froid, jetant un regard méprisant à la profuse splendeur de l'énorme lit à baldaquin. Non, franchement il ne comprendrait jamais la folie de grandeur de ces shems, ni aujourd'hui ni jamais. Dégoûté, il considéra un instant casser les dorures et mettre le feu à cet endroit entier, dans une pulsion destructrice et presque obsessionnelle. Une flamme d'ire animale dansa dans ses yeux émeraude avant qu'il ne se détourne vers la fenêtre, dont il tira un peu plus les rideaux. Ce qui se passerait dans la prochaine demi-heure allait sûrement rester ancré dans sa mémoire pour toujours... mais pour l'instant il s'en foutait pas mal.

« D'accord. » Dit-il simplement d'un signe de tête, les mains serrées en poings fermés, prêt à suivre les directives.

Siha ne se mentait pas et son calme en faisait froid dans le dos. La confession n'avait plus aucun intérêt après ce qu'ils avaient vu et découvert. Il savait déjà tout ce qu'il y avait à savoir et sans doute plus encore. Il ne recherchait plus le dialogue et la confirmation de ces crimes odieux. Ce qu'il voulait c'était la fin de ce cauchemar, soit les cris et la souffrance d'Ignace de Guivre. Ce qu'il voulait c'était la liberté des vivants et la justice pour les trépassées. L'arc elfique était tendu, la flèche allait siffler.

« C'est mon devoir de m'en charger. » Il ne s'agissait pas de se faire plaisir, plutôt d'assumer jusqu'au bout les conséquences de ses choix et de ses actes. Siha avait commencé tout ceci, c'était à lui de le terminer. « Il chantera comme un canari... ou il dira adieu à sa gorge. »

Ses mains crépitaient d'une énergie magique débordante, reflet de l'impatience qui couvait dans sa poitrine, lourde du poids de tout un peuple.


Ven 13 Juil 2018 - 15:45

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Des oiseaux en cage


Regarder les émotions tournoyer sur le visage de Siha donnait à Zevran le même sentiment que lorsqu’il regardait arriver un orage. Le temps à Antiva était souvent capricieux et il n’était pas rare qu’une journée de ciel bleu se transforme soudainement en déluge. D’abord la chaleur devenait insupportable, la moiteur montait au dessus de la terre comme pour drainer les dernières gouttes d’humidité du sol. Puis le ciel s’assombrissait tout d’un coup et l’explosion du tonnerre et les tambours de la pluie s’abattaient sur tous comme une malédiction et une bénédiction à la fois. Les dégâts causés par de telles avalanches d’eau était souvent important, surtout dans les quartiers pauvres. La pluie crevait parfois les toits et emportait avec elle le long des rues les maigres possessions des habitants. Mais pour ceux qui étaient à l’abri dans des bâtiments de pierres, sur les hauteurs de la ville, les torrents du ciel venaient rincer le sang des assassinats de rue et rafraîchir les corps en sueurs dans les maisons nobles et les bordels.

Il y avait dans la colère se l’Archiviste quelque chose qui ressemblait aux orages de son pays natal, une violence destructrice et sauvage, implacable mais magnifique. Quelque part l’assassin enviait son partenaire sa capacité à ressentir les choses avec tant d’intensité. Il y avait peu de choses qui faisaient sortir Zevran de son caractère. Bien sûr comme tout le monde il avait des émotions. Il savait se vexer, profiter de la joie, il connaissait la crainte et tendresse… Mais il lui semblait des années depuis qu’il avait eut un véritable accès de colère, qu’il s’était senti tellement heureux qu’il n’aurait pu le contenir ou tellement effrayé qu’il avait pensé à s’enfuir sans que cela soit une décision de raison. La seule émotion qu’il ressentait comme une brûlure c’était la culpabilité. C’était là sa faiblesse. Elle était devenue moins obsédante avec les années mais lorsqu’il s’adonnait à elle, elle le ravageait encore, peut-être parce que les conséquences de ses actes vivaient quelque part à Thedas, au milieu d’un clan Dalatien.

Il était clair pour l’Antivan que le Dalatien avait passé le point où il perdait l’objectif de la mission. Ils n’avaient pas toutes les informations, ils ne savaient pas qui lui vendait les filles, où, et comment les contacter. De son expérience les hommes aussi tordu que de Guivre étaient soit dans un désir de contrôle assumé et méprisaient leurs victimes, soit dans une culpabilité profonde mais dans l’incapacité de contrôler leurs pulsions. La colère de Siha le ferait rire ou le soulagerait. Dans les deux cas il risquait de préférer mourir plutôt que de parler. Il mesura ses mots, et parla d’une voix douce.

- « Non, Caro. » il marqua une pause. « Je comprends votre douleur mais vous n’allez pas mener cet interrogatoire. Votre colère est justifiée mais elle desservirait l’objectif même de cette mission ? Vous aller laisser échapper le grand tableau pour vous concentrer sur un seul trait de pinceau si vous torturez de Guivre vous-même. Peu importe à quel point vous pensez pouvoir garder votre calme, vous êtes déjà bien trop submergé par les sentiments. »

Il s’approcha de Siha et prit ses petites mains pâles dans les siennes et déposa un baiser sur le dos de chacune avant de le regarder à nouveau dans les yeux. Il n’y avait aucune trace de séduction dans ses manières malgré les baisers, le contact physique avait pour vocation de ne pas perdre le contact émotionnel avec Siha, de ne pas le laisser sombrer dans les méandres de la rage

- « Je vais interroger le Marquis, la peur de souffrir et d’y survivre sera pour lui bien plus efficace que celle de mourir pour ses péchés. Il n’y a pas besoin d’être un expert en émotions pour voir que vous voulez sa mort, Diletto, et le Créateur me soit témoin si c’est sa vie que vous voulez, je vous laisserai la prendre lorsque j’en aurai terminé, mais jusqu’au dernier moment, il doit croire qu’il va survivre. Avec les handicaps dû à la torture et avec le chantage que nous devions lui imposer. Comprenez vous ? »


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Sam 14 Juil 2018 - 0:37

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Ses poings se serrèrent d'autant plus fort que les mots de Zevran infiltraient son esprit avec une patience et une douceur inespérées. Ils étaient en train de parlementer sur qui prendrait les devants pour cette séance d'interrogatoire musclé et pourtant c'était comme s'ils négociaient qui finirait l'appétissante dernière part d'un gâteau. Siha se sentit prêt à balayer cet argumentaire d'un revers de main indifférent, mais s'arrêta finalement pendant de longues secondes, le regard braqué dans le vide.
Il avait soif, il voulait s'occuper lui-même de ce boucher, il voulait sentir sa souffrance et s'en abreuver lentement. Sa cruelle méthode en était déjà toute désignée, un mélange équilibré de coercition physique et d'une impitoyable pression mentale. Combien de temps le marquis mettrait-il avant de cracher jusqu'à ses plus sombres histoires dès qu'un Rêveur le briserait intérieurement ? Siha en fantasmait éveillé, brûlant d'anticipation. Et pourtant...

Pourtant ce n'était qu'une pulsion égoïste, le fruit d'une colère sourde et sanguinaire qui le rendait aveugle à son but de départ. Bien sûr même si sa cible venait à ne rien révéler il lui restait encore cette liste de noms, de quoi mener une enquête grâce au réseau de ses amis Felassan. Mais qui sait combien de temps cela pourrait mettre... Des semaines, des mois ? De quoi laisser les pistes refroidir et risquer de les perdre. Non, aussi révoltant et dur que ce soit de l'admettre, la Mésange avait raison.
Se mordant la lèvre inférieure, les yeux clos, le dalatien fit le vide dans son esprit. S'il entreprenait tout cela ce soir, ce n'était pas pour céder à l'appel de l'ego ou à un désir personnel, il ne pouvait pas l'oublier. D'une main toujours crépitante il se pinça l'arrête du nez et expira profondément, incapable d'agencer la rhétorique dont il semblait ne jamais manquer d'ordinaire. Le poids sur sa poitrine sembla s'alourdir tout à coup, en dépit de son expression toujours aussi neutre. Sa raison et son instinct menaient un combat dans les tréfonds de son regard froid.

Et puis Zevran baisa chaudement ses deux mains, dans un acte téméraire que Siha avait du mal à comprendre. Figé il le laissa faire, le scepticisme néanmoins clair sur ses sourcils froncés. Désarmé il retourna son regard, se demandant bien ce que le mercenaire pouvait lire dans le sien. Un conflit intérieur, une étincelle de doute et au delà, une brutalité à peine retenue par un restant de bon sens. Cela n'avait rien à voir avec l'image des Archivistes traditionnels, ni même avec celle que renvoyait Siha dans la vie de tous les jours.

« Je comprends. » dit-il platement, dodelinant de la tête.

Comme s'il venait de soudainement réaliser quelque chose, le mage retira doucement ses mains avec lenteur mais fermeté, ses yeux aux pupilles de chat suivant les moindres mouvements de son complice. La référence au Créateur lui arracha finalement un sourire amer et presque moqueur, et il lui fallut une bonne dose de bonne volonté pour ne pas répliquer d'un trait acide. Zevran n'y était évidemment pour rien et lorsque la tension serait retombée il lui devrait des remerciements, mais pour l'heure c'était une mauvaise humeur très peu caractéristique qui l'animait.

« Gardez-le en vie, il ne mérite pas la délivrance de l'Au-delà. Je le rendrai incapable de faire du mal à une mouche, le moment venu. »

Glissant une main dans la nuque de Zevran il la plongea dans son cuir chevelu et le regarda bien en face avec une once de défi, en juste retour pour le baise-main. Leurs fronts se seraient sans doute touchés s'ils faisaient la même taille. Se mettant sur la pointe des pieds Siha le fixa de près, effleura son nez du sien, puis se rétracta. Il y avait des choses qu'il ne se sentait pas prêt à dire maintenant, mais il espérait que d'une façon ou d'une autre l'Antivan comprenne.
Reculant jusqu'à un coin de la pièce, il lui laissa entière marge de manœuvre.

« Faites-moi rêver, mir yeran. »

Dim 15 Juil 2018 - 15:28

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Des oiseaux en cage


L’expression du Dalatien à l’évocation du Créateur fit soupirer intérieurement Zevran, évidemment étant donné leurs différences de croyances, il n’avait peut-être pas choisi la meilleure façon de donner sa parole. Il oubliait souvent que les gens avaient parfois des difficultés à admettre que les croyances de chacun avaient la même valeur. Après tout, personne n’avait de preuve de quoi que ce soit, donc comment savoir qui avait raison ?

Mais l’essentiel était là, Siha laissa tomber. Zevran ne s’était pas attendu à la vague de soulagement qu’il ressentit à ce moment là. Il questionnerait ses sentiments plus tard cependant car l’horloge tournait toujours. L’Archiviste retira fermement ses mains, laissant Zevran pensif. Etait-ce la scène avec Helaine qui l’avait définitivement refroidit ? Il laissa partir les petites mains blanches à regret …. mais l’une d’elle revint se glisser sur sa nuque, puis dans ses cheveux. La peau de pêche de son poignet lui effleurait l’oreille  et il tourna la tête imperceptiblement pour en humer le parfum et en sentir la chaleur contre sa joue.

Siha ne voulait pas que le Marquis meurt, il voulait qu’il souffre, il voulait le détruire. Bien que cela le contrarie quelque peu – il restait un assassin, il avait l’impression de laisser un travail non terminé si la proie s’en sortait vivante- le sadisme de l’Archiviste le remplissait d’une excitation sourde. S’il s’était douté qu’une telle rage pouvait habiter les yeux calmes qui avaient croiser sa route ce matin-là…

Il lut parfaitement le défi dans ses yeux et se pencha pour unir leurs fronts. Leurs nez s’effleurèrent mais il se garda de l’embrasser. Il se connaissait, il savait que s’il cédait à la tentation que Siha représentait maintenant, il n’aurait pas toutes ses capacités pour interroger le Marquis. Son esprit serait tourné vers le Dalatien, sur la découverte de son corps, sur le goût de ses lèvres…. Même sans l’avoir embrasser sa concentration allait être diminué par le début d’érection qui pressait contre le cuir souple de son pantalon. Cela faisait longtemps qu’il n’avait pas désirer quelqu’un avec tant d’intensité et le moment était affreusement mal choisi.

- « Vos désirs sont des ordres, Diletto. »

Il le laissa se retirer dans un coin de la pièce et se positionna près de la porte pour attendre le Marquis. Il respira profondément, disciplinant son corps en vue de leur prochain objectif. Non pas qu’il ne puisse torturer le Marquis avec sa virilité éveillée, il avait fait des choses beaucoup plus délicates en étant bien plus excité que cela, mais lorsqu’il avait la possibilité d’être en possession de tout ses moyens, il ne la rejetait pas.

Le silence s’abattit sur le chambre. Immobile contre le mur, les yeux fermés, Zevran s’appliquait à disparaître. Pas littéralement évidemment, il s’agissait d’avoir une présence aussi neutre que possible. Les gens ont un sixième sens  qui les alerte du danger, l’énergie dégagée par une personne hostile a tendance à attirer automatiquement le regard vers la menace. Faire le vide, ralentir son coeur, son souffle. Après quelques secondes de cet exercice, il avait enfin atteint l’état mental qu’il recherchait. Parfaitement immobile, son souffle imperceptible, les battements de son coeur adoucis, ses sens en alerte.

L’ouïe avait toujours été son sens favori. Il était à son avis le plus précis et le plus utile. Là où les yeux ne pouvaient voir, détecter un danger à l’oreille était toujours possible. Et cette fois ne fit pas exception. Il entendait les invités partir dans les jardins à travers la fenêtre, il entendait les pas pressés des servants, les rires étouffés, les chuchotements, puis des pas plus lents, plus assurés, plus proche du mur. Ils s’arrêtèrent  derrière la porte, une clef tourna dans la serrure, la poignée tourna. C’était maintenant une affaires de secondes.

Le Marquis fit quelques pas avant de remarquer la tapissserie et Zevran mit ces secondes à profit pour refermer la porte avec un grincement volontaire. L’homme se retourna vers lui et ses yeux s’agrandirent. Il tenta d’ouvrir la bouche mais Zevran fut plus rapide. Souplement, il se glissa sous la ligne du bras de sa cible, frappa à la gorge pour obtenir le maximum de douleur et le silence. Le noble tituba en arrière, portant les mains à sa gorge et ne vit pas arriver le croche pied qui le fit tomber assis sur la chaise. Satisfait de la localisation de sa victime, Zevran sortit une dague incroyablement fine, plus un aiguillon monté sur un pommeau qu’une dague en réalité, et la planta sans l’accoudoir, déchirant la manche du Marquis.

- «  Bonsoir, Ignace. »

- « Qui... » essaya d’articuler Ignace sans grand succès

- «  Je crains que mon nom vous soit inutile. Je vais être très clair. » Il ira une autre chaise qu’il plaça entre les jambes du marquis et sur laquelle il s’assit à l’envers. « Mon ami dans le fond et moi, nous savons ce qui se passe ici. L’esclavage, les filles, les meurtres, ta petite collection Morbide… Et on va devoir y faire quelque chose… Du coup il va falloir que tu nous donnes rapidement les informations qui nous manquent. »

Et sans attendre de réponse, il planta sa dague dans le bras de de Guivre. Le cri qui s’ensuivit aurait sûrement alerté la maison sans les murs épais et le vacarme environnant. Rapidement le visage du tueur en série se couvrit de larmes de douleur.

- « Ca c’est pour éviter les tentatives de fuite. Commençons… Où est ce que tu trouves tes esclaves ? Le sceau n’est pas Tevintide. »

- « Je ne peux rien d… AAAAAAAAH »

- « Mauvaise réponse. » annonça Zevran en cessant de tourner la lame dans le bras du Marquis. « Essaie encore une fois. »

- « Ils me tueront si je les dénonce ! »

- « C’est amusant parce que la mort paraîtrait moins effrayante comparée à vivre avec trop de handicap pour pouvoir se nourrir soi- même… » Il sortit une autre dague, qu’il fit danser entre ses doigts sous les yeux du Marquis, avec un petit rire « Ou de devoir s’asseoir pour pisser... »

L’ambiance était étrange. Pour quelqu’un avec peu d’empathie, on aurait pu croire que Zevran s’amusait beaucoup, que le fait de torturer un autre être vivant le réjouissait. C’était en partie vrai. Il y avait de la jouissance dans le pouvoir qu’il tirait de sa position et il aimait qu’on le craigne. Mais pour une personne plus observatrice ou plus sensible, la concentration et le détachement mentale de Zevran quant à ses propres actions rendait la pièce presque irrespirable tant l’atmosphère était lourde.

- « Il y a des Tevintards derrière le réseau…. Mais je vous en prie de me faîtes pas de mal…. »

- « C’est amusant mon ami, j’entends rien quand tu parles, quand je t’ai planté cette lame dans le bras, je pense que j’ai visé un poil trop haut. »

Et la lame se planta dans les parties génitales du marquis, l’épinglant à la chaise par le fondement. Après quelques vagues de pleurs, le Marquis reprit ses esprits et parvint à sangloter une réponse.

- « C’est Blanche…. C’est Blanche qui gère le réseau…. Elle est alliée avec un Magister… »

- « Un nom. » Demanda Zevran en faisant mine de tester le tranchant de sa lame sur son doigt.

- « S’il vous plait... »

- « Un nom sinon vous n’aurez plus rien pour violer vos servantes. »

- « Acrinus… Acrinus c’est son nom…..  NON AAAAAARGH »

Malgré qu’il eut sa réponse, le bruit du déchirement du tissu et des chaires résonna dans la pièce. Ca c’était sa petite touche perso. Il avait tendance à émasculer les violeurs par principe.

- « Désolé… J’avais l’impression qu’il manquait un peu de conviction dans vos propos… Acrinus donc ? »

- « Je n’ai jamais parlé à l’homme en question…. S’il vous plait…. s’il vous plait... »

Zevran se releva et se tourna vers Siha qu’il avait plus ou moins ignoré pendant toute la séance.

- «  Il est à toi, Diletto… » arrivé à sa hauteur, il murmura. « à toi de me faire rêver maintenant…. »


Des oiseaux en cage [18+ Violence] |Terminé| - Page 2 Latest?cb=20150523145513

Mer 18 Juil 2018 - 14:00

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Tapi dans un coin sombre de la sophistiquée bibliothèque Siha était un fantôme à peine visible, une paire d'yeux félins brillant légèrement en suivant la silhouette du marquis. En d'autres circonstances le dalatien serait horrifié de ce qui allait avoir lieu. Abhorrant les démonstrations de violence, il aurait protesté et tenté d'interrompre cet interrogatoire brutal afin de trouver une autre issue. Ce soir était différent, et pour la première fois il était confronté au paroxysme de l'amoralité, tellement plus difficile à accepter que l’agressivité d'un prédateur naturel ou la folie des engeances.

De fait si on lui avait dit il y a une semaine qu'il regarderait un homme se faire torturer sans même ciller, il ne l'aurait jamais cru. Pourtant ce soir une vive satisfaction rampait sur sa peau pâle à chaque grimace, à chaque cri, chaque blessure. Sur son visage calme il n'y avait nulle sympathie pour cet homme... cette souillure qu'il refusait de voir comme un égal. Il ne pourrait même pas le qualifier de bête, les animaux n'étant point animés par des instincts aussi malsains et répugnants. De Guivre n'avait pas tué pour se protéger ou pour survivre, non... La collection de noms dans les tiroirs ne laissait pas de toute là-dessus, quand bien même ses vraies intentions demeurent encore obscures. Mais à ce stade de leur enquête, était-ce vraiment le plus important ? Leurs priorités étaient ailleurs.

Un rictus plissa ses lèvres lorsque le noble se mit à pleurer, à mi-chemin entre la supplique et l'expression de sa douleur. Les bras croisés sur sa poitrine, Siha observait la scène sans se détourner. L'adrénaline courait dans ses veines incendiées par la vengeance, et pourtant il avait froid. Regrettant de ne plus avoir la capuche de Zevran et son odeur de cuir et de musc, l'elfe accueillit avec attention les confessions qui remontaient enfin à la surface, charriant la putrescence de ces informations de mauvaise augure. Tévinter. Blanche. Acrinus. Ces seuls noms le firent serrer les dents et prendre conscience de la menaçante fourmilière dans laquelle ils donnaient de vigoureux coups de pied. Ils ne voyaient encore que le sommet de l'iceberg...
Ses pensées fusèrent tellement vite qu'elles noyèrent les pleurs pathétiques de leur otage, littéralement épinglé à son siège. Il se frotta les bras dans l'espoir de leur faire retrouver un peu de chaleur, puis enfin il cessa de se débattre et confia les rênes à son instinct. Acquiesçant  simplement à son partenaire il s'avança sans hésiter dans le champ de vision du Marquis, se plantant devant lui sans mot dire. Pendant un instant la douleur de ce dernier fut mise de côté en faveur de la confusion, et sa tête tombée en avant se redressa petit à petit, comme s'il ne comprenait pas.

Face à lui se trouvait un petit bout de femme à peine majeure, habillée comme une de ses nombreuses domestiques plutôt que comme un mercenaire professionnel. Il avait du mal à appréhender ce qu'elle faisait là et ce qui liait les deux elfes, visiblement issus de deux mondes totalement différents. Était-elle une simple complice ayant volontairement infiltré les lieux pour mieux l'atteindre ? Siha s'approcha d'un pas, désormais visible sous la lumière de la seule lampe ainsi que la lune qui s'était maintenant levée. De Guivre se tortilla autant que le permettait sa compromettante posture, mal à l'aise sous le regard intense.

« Je vous ai dit ce que je sais, ne m'approchez pas ! »

« Est-ce ce que les filles vous ont dit lorsque vous les avez enfermées ? »

Secouant la tête pour lui signifier que c'était loin d'être terminé, Siha lui offrit un sourire prédateur. Sa main compressa le visage du noble telle la serre d'un rapace, le forçant à soutenir son regard. Plongeant ses yeux dans ces deux flaques marron teintées de peur et de peine, le métamorphe ne semblait pas troublé par la cascade de sang qui ruisselait le long des pieds de la chaise. Néanmoins sa proie eut la mauvaise idée de poser une main sur son poignet dans une tentative de fuir sa prise. Erreur. La dextre qui soutenait sa mâchoire descendit aussitôt sur sa trachée, dans une pression suffisante pour lui couper le souffle et laisser deviner ce qui l'attendait s'il réitérait l'expérience. Basculant sa tête en arrière, Siha siffla entre dents.

« Je vous déconseille de me toucher, votre éminence. Je n'ai pas la patience de jouer. »

Le ton était clair et teinté de l'ironie charriée par ce titre plein de moquerie. S'il pensait que le pire était passé depuis que Zevran s'était écarté pour laisser sa place, il se fourvoyait lourdement. Pendant une paire de secondes ses doigts pressèrent la peau fragile de sa pomme d'Adam histoire de faire passer le message, jouant avec la tentation de regarder la vie le quitter lentement. Pourtant d'un geste brusque Siha le relâcha comme si prolonger le contact plus longtemps lui était insupportable.

« Vous vous croyez malin, puissant, intouchable. Mais vous n'êtes qu'un moins que rien à qui Blanche n'accordera jamais le moindre regard, un jouet dont elle finira par se lasser tôt ou tard. Qu'est-ce qui vous a poussé à faire ça ? L'envie de la remplacer par un double qui se plierait à toutes vos obsessions inavouables, ou bien la volonté d'impressioner votre dulcinée dans une démonstration d'obscène et de faste ?  »

« La ferme, vous ne savez rien ! »

Le marquis n'osa continuer de peur des représailles, mais sa fierté malmenée avait fait monter la colère dans son regard. Il brûlait de répondre et remettre cette lapine à sa place, voir de lui coudre les lèvres pour son impudence. Un instant ce fut une folie meurtrière qui remonta à la surface, visible dans ses pupilles si dilatées qu'on l'aurait cru sous une drogue. Sans doute avait-il bu plusieurs verres, car son haleine empestait le vin. Mais oh, dans leur grande bonté ses invités surprise allaient l'aider à décuver en un temps record.

Siha ne fit que sourire pour toute réponse, prenant cette réaction à vif pour une confirmation. C'est dingue ce qu'Ignace était susceptible et pouvait mordre aisément à l'hameçon, quand on utilisait ses petits secrets contre lui. Baissant un regard évocateur sur l'entrejambe malmené du quarantenaire, le dalatien bougea au ralenti pour poser sa paume sur le manche de la dague, laissant le suspens retomber doucement. Penchée en avant pour se mettre à sa hauteur, la rouquine l'observait avec curiosité, et pour quiconque entrerait dans la bibliothèque et ne verrait pas le sang, on jurerait que leur tête à tête était d'une autre nature.
Et puis tout à coup sa main se leva et se rabattit avec force sur le pommeau de l'arme, qu'elle orienta vicieusement sur les côtés. Le Marquis hurla jusqu'à manquer d'air, ses parties exposées et tranchées à travers son pantalon sur mesure. On pourrait croire à une sauvagerie de boucher et pourtant Siha se montrait particulièrement prudent et calculateur.
D'ailleurs il ne tarda pas à retirer l'arme de la blessure avant de la faire pensivement tourner entre ses doigts. Certes il était premièrement un mage dont la formation remontait à la plus tendre enfance, néanmoins on apprenait un tas de choses dans les clans dalatiens... et chasser et manier un couteau en faisait partie. Dépecer un homme ça ne pouvait pas être si différent de dépecer un trophée de chasse, si ?

« Je pense au contraire que je sais un tas de choses... mais puisque vous êtes si sûr de votre fait, vous ne verrez pas trop d'inconvénients à éclairer ma lanterne ? » Approchant sa main libre de la blessure sans la toucher, Siha referma les chairs en quelques secondes. « Je suis disposé à faire preuve de miséricorde si vous me dites ce que je veux savoir. »

Un appel libidineux, une promesse de séduction. Sa lame dansa à plat sur la joue du Marquis, qui ne savait plus s'il devait rendre grâce au Créateur pour sa guérison ou craindre ce qui allait suivre s'il refusait de coopérer. Quoi qu'il en soit il n'eut guère le temps de parvenir à une conclusion arrêtée, épuisé qu'il était après avoir perdu du sang. Ses parties étaient peut-être reconstruites, mais la douleur restait greffée à sa peau désormais saine.

« Si je dois abattre cette dague à nouveau, je ne montrerai pas la même clémence. » Faisant glisser le fil tranchant sur sa joue, Siha se délecta du léger filon rouge, et du grognement qui s'en suivit. « Vous avez une complice parmi les domestiques, quelqu'un qui vous ramène des candidates droit venues des quartiers pauvres. Qui est-ce ? »

« D... De quoi vous p... »

Il n'eut pas l'occasion de finir sa phrase qu'un hurlement se substitua aux mots. La dague avait  plongé et transpercé sa cuisse, ne s'immobilisant que pour lui donner une occasion de parler. Et il parla... même si ce furent des balbutiements à peine intelligibles.

« Aaah j'aurai ta peau, chienne... Hélaine, c'est Hélaine. »

Siha s'arrêta soudainement pour regarder en direction de Zevran, interdit. Le Marquis aurait-il les tripes de lui mentir malgré sa situation, ou bien avaient-ils tous les deux été dupés par la prétendue innocence de la jeune blonde ?


Jeu 19 Juil 2018 - 15:16

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Des oiseaux en cage


Il y avait quelque chose de jouissif dans le contrôle qu’on tirait de la torture de sa victime. Zevran ne faisait -selon lui en tout cas- pas partie de ces malades mentaux qui torturaient pour le simple plaisir de l’acte. Mais ne pas reconnaître la satisfaction de tenir une vie entre ses mains, le pouvoir de la gracier ou d’y mettre fin, celle d’obtenir ce que l’on veut par ses compétences, aurait relevé du déni. Le petit plaisir personnel de châtrer le Marquis était un bonus.

Pour toutes les fautes qu’il avait commises dans sa vie, Zevran n’avait jamais forcé personne à endurer plus que des avances orales. Il aimait les plaisirs de la chaire, désirait aisément les gens qu’il rencontrait et le leur faisait savoir de façon plus que claire. Il arrivait souvent qu’une fois éconduit, ses avances deviennent un jeu agaçant mais sans conséquences réelles. Il savait reconnaître et respecter un « non » quand on lui en donnait un. Il n’était pas homme à juger les perversions ordinaires, après tout les adultes faisaient bien ce qu’ils voulaient derrière les portes de leurs chambres si tout le monde était d’accord, mais les actes de de Guivre l’écœurait profondément. Qu’il ait tué les filles, outre le fait que leur mort soit regrettable par nature, ne l’émouvait pas plus que de raison, en revanche l’esclavagisme, les abus sexuels et sa collection morbide le rangeait dans son top dix des hommes qu’il faudrait assassiner gratuitement pour raison de bien commun.

Mais Siha ne voulait pas l’achever proprement, magnifique, mortel Siha,. Dans son apparence fragile de servante rouquine, son visage et ses bras constellés de tâches de son, ses yeux brillants comme la justice qu’il allait faire pleuvoir sur ce sordide exemple d’être humain.

Une vague de courroux monta en lui avant d’être étouffée par habitude. Il n’était pas surprenant que leur sujet soit moins respectueux avec celui qu’il qu’il croyait être une frêle jeune fille habillée en servante qu’avec lui, qui ressemblait sinon à un assassin, au moins à un mercenaire expérimenté…. Mais il ne pouvait s’empêcher de vouloir l’étrangler lui même… A la place il regarda les mains de Siha bloquer l’air de ses poumons fermement… et il ne put s’empêcher de se demander s’il n’enviait pas un peu la place du Marquis à cet instant précis…. Et ses yeux retombèrent sur ses dagues toujours plantées dans son bras et dans ses testicules et décida que non.

La voix de l’Archiviste sifflait comme un serpent, ses lèvres bougeaient à peine, tendues qu’elles étaient par la colère et la concentration. Le sourire qui s’étendit sur son visage à la réaction du Marquis envoya des frissons dans l’échine de l’assassin, mais il observait également sa victime.

- «  Au vu de sa réaction, je dirai un peu des deux. Nous avons là un homme emprunt d’ambition, Diletto. »

Il regarda sa main s’abattre au ralenti sur la dague plantée dans le siège et trancher d’un coup vicieux les parties masculines au creux de ses cuisses. Bien que l’Antivan soit tout à fait en phase avec ce traitement il ne put s’empêcher de tirer une grimace et de changer son poids de jambe en pensant à quel point ce même matériel était précieusement paqueté dans son pantalon et se promit de ne pas contrarier Siha à l’avenir. La vue de la dague trempée du sang de la virilité perdue le l’humain qui se promenait sa joue offrait un contraste impressionnant avec la douceur du physique de son tortionnaire.

Et le nom tomba. Hélaine… Evidemment. Siha se tourna vers lui et Zevran hocha la tête une fois. Cela faisait sens. Elle avait accueilli Siha sous les traits d’une nouvelle servante, elle avait le droit d’entrer dans la bibliothèque où se trouvait la collection, et cette innocence naïve qu’elle affichait, cette pureté apparente pouvait être l’apanage de sa folie. De plus, de Guivre n’avait pas vraiment de raison de mentir, s’il s’en sortait vivant en donnant sa complice il n’aurait qu’à en chercher une autre après tout. Néanmoins Zevran s’approcha de lui avec un sourire froid, prit la dague plantée dans son poignet et la fit tourner lentement en l’enlevant, puis sortit un mouchoir et en essuya la lame avant de la ranger.

- « Toutes les femmes sont des reines, mon cher Marquis, peut-être avez vous du mal à comprendre ça lorsque vous achetez vos jouets sur le marché aux esclaves, mais manquer de respect à ma partenaire… tsss c’est un mauvais calcul. » Il se tourna vers Siha. « Finit ce que tu as à faire, Diletto, je me charge d’Helaine. Elle doit toujours dormir dans la bibliothèque. Je te rejoins dehors.»

Il ne s’embarrassa pas d’être discret sur le chemin du retour à la bibliothèque. Les blessures du Marquis trahiraient forcément leur présence, autant être vu et porter les soupçons loin de Siha. Une servant s’écarta, terrorisée à la vue de cet homme en noir portant sur son capuchon un crane d’oiseau en métal. Elle n’osa pas faire un geste alors qu’il passait devant elle. Il ouvrit la porte de la bibliothèque et la laissa ouverte pour apporter de la lumière car la bougie était totalement consumée. Il s’approcha du canapé et sortit un morceau de lin de sa besace en s’asseyant sur le bord du meuble. Il vida le contenu d’une fiole sur le tissu et l’appliqua sur le visage endormi de la pauvre fille. Décidément le Créateur s’était véritablement détourné de ses enfants pour permettre ce genre d’hérésie en son royaume. Il accompagna les quelques soubresauts du corps de la jeune femme jusqu’à ce qu’elle s’éteigne totalement et quitta la pièce par la fenêtre qu’il laissa ouverte.

Une fois dans les jardins, vides à cette heure de la nuit, il prit un moment pour respirer et remettre ses idées en ordre. Ce n’était pas souvent que ses missions perdaient à ce point les pédales mais il ne regrettait pas d’être venu.  Derrière lui il sentit une présence, il se retourna sur Siha qui le rejoignait sous le couvert des arbres. Zevran fixa la forme première de l’archiviste et se fendit d’un sourire qui se voulait espiègle.

- «  Je ne considère pas avoir particulièrement bien travaillé ce soir, je considère donc que vous avez gagné notre pari. Je suis votre homme, sans réservation et ce pour accomplir n’importe quelle tâche pour laquelle il vous faudra mon assistance. »

Il se recula pour saluer… puis son sourire s’étendit et repoussant Siha contre un arbre proche il entoura le visage de l’archiviste de ses mains et l’embrassa fougueusement. Ses doigts se perdirent dans les cheveux du Dalatien quelques secondes avant qu’il se recule, le souffle légèrement plus court qu’à l’accoutumée.

- « Jusqu’à notre prochaine rencontre, Diletto, j’emmène ce baiser avec moi comme une promesse. »

Puis il tendit les bras et s’élança dans les branches de l’arbre au dessus d’eux, après quelques bruissements de feuilles, il avait disparu dans la nuit.


Des oiseaux en cage [18+ Violence] |Terminé| - Page 2 Latest?cb=20150523145513

Ven 20 Juil 2018 - 18:20

Anonymous
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Une fois leur décision prise, Zevran et Siha ne s'encombrèrent pas de plus d'hésitations. L'un s'occupa de faire cesser la vicieuse traitrise d'Helaine tandis que l'autre prenait en charge la vengeance sur le Marquis, qui n'aurait plus jamais l'occasion de faire du mal à une mouche. Néanmoins si la séance de torture ne prit pas fin à leur séparation, le dalatien finit par se lasser lorsque sa victime tour à tour soignée et tranchée de nouveau finit par perdre conscience suite à l'épuisement. Cela n'avait pas beaucoup d'importance, après tout il était loin d'en avoir fini avec lui. Après avoir découpé une de ses mèches de cheveux noirs et confirmé avoir en sa possession tous les documents importants à la suite de l'enquête, Siha quitta le bâtiment en prenant son envol par la fenêtre.

L'air froid de la nuit lui gifla le visage dans une délivrance qu'il n'aurait pas crue possible, mais l'entoura aussi d'une certaine lassitude. La réalité ne l'avait pas encore totalement heurté, mais ce serait le cas dans les prochaines heures, quand il aurait enfin le temps de se poser dans la tranquillité et le recul. Lorsqu'il rejoignit son complice dans l'alcôve des jardins, son expression était toujours tendue et concentrée, celle de quelqu'un dont la tête n'avait pas quitté sa mission. Et de fait, il aurait encore du travail une fois qu'il serait enfin rentré dans les taudis. Mettre son réseau de contacts sur la piste des esclavagistes, rechercher les familles des filles disparues pour leur porter les tristes nouvelles, et finalement poser une malédiction sur de Guivre, la liste était longue...

Ses yeux pensifs se baissèrent sur le visage hâlé de Zevran qui le regardait avec le sourire, comme s'ils allaient rentrer après une simple balade nocturne. Suite aux noirs secrets et à l'effusion de sang, la chaleur qu'il dégageait semblait réconfortante, inattendue, profondément humaine. Comment il faisait pour ne pas être atteint par tout ce qui s'était passé il ne saurait le dire, mais quelque part Siha l'enviait. Sans doute était-ce l'apanage d'un professionnel qui avait depuis longtemps appris à se faire imperméable à certaines émotions, même si le blond lui semblait tout sauf insensible dans l'absolu. Malgré sa dangerosité et ses talents létaux Siha avait vu la tendresse dans ses gestes, l'application dans sa démarche, son dégoût face aux meurtres. Bien des mystères restaient entiers au sujet de cet homme complexe et il ne prétendrait pas le comprendre; néanmoins l'Antivan n'était certainement pas aussi futile qu'il voulait bien le faire croire.

Comme pour confirmer la direction de ses pensées, ce dernier lui accorda le gain de leur pari, et ce bien que Siha ne l'ait pas réellement remporté. Par instinct il ouvrit la bouche pour protester mais la referma finalement en se fendant d'un sourire. Il n'était pas vraiment en position de refuser un tel coup de main, surtout lorsqu'il serait question de continuer ce qu'ils avaient commencé ce soir. Par conséquent il mit de côté son envie de jouer équitable et accepta la gracieuse offre, opportunité profitable à la fois à sa Flèche Felassan et à ses propres intérêts... d'un autre ordre.

« Je me demande bien quel genre de tâche vous êtes prêt à accomplir, mais vous n'avez pas froid aux yeux de vous exposer à mes moindres désirs. J'ai la réputation d'être terriblement exigeant. »

S'attendant à le voir partir Siha sourit sincèrement pour la première fois depuis l'après-midi. Les mains dans les poches de son tablier, il devait l'air bizarre dans ces atours féminins. Néanmoins il n'eut guère l'occasion de dire merci, car son visage fut pris captif des mains de l'ancien Corbeau. Reculant sous l'assaut surprise, il se retrouva coincé entre un arbre et le corps bouillonnant du nordique. Le mage ne résista pas, pourtant ; de fait il baissa la tête pour combler l'écart de taille et l'accueillit d'une main dans la nuque afin de l'attirer plus près. Leurs lèvres s'écrasèrent et se dévorèrent mutuellement, avec la passion d'un étalon sauvage dont on venait d'enfin lâcher la bride. Lorsqu'ils eurent tous deux besoin de reprendre leur souffle et rompirent le contact, ses yeux félins avaient retrouvé l'étincelle de vie qui leur étaient propre.

Leurs courts adieux ne furent qu'un au revoir temporaire, la portée énigmatique des paroles de Zevran résonnant encore dans l'air du soir. Peu sûr de savoir quoi en penser, Siha le regarda disparaître dans l'ombre avec un léger sourire. Il était persuadé que plus rien ne pourrait le toucher dans son état émotionnel actuel, et pourtant...

« Une promesse de quoi, je me le demande. » Dit-il pour lui même, avant de battre de ses ailes bleues et disparaître à son tour dans les cieux d'Halamshiral sous forme de mésange.


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