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Anders les Origines
Partie 1: Escape Game
9:28 Dragon – Cercle de Kinloch
« Anders.... Anders est ce que tu m'écoutes mon garçon ? »
« Excuse-moi Wynne... J'ai du mal à me concentrer aujourd'hui. »
« C'est ce que je vois, oui. »
Wynne prit une chaise et s'assit de l'autre côté du bureau. Étendant une main réconfortante au bras de son élève elle lui adressa un sourire.
« Est ce qu'il y a quelque chose dont tu aimerais me parler ? »
Anders se mordit l'intérieur de la joue pensivement. Ce qui l'inquiétait le plus c'était de ne pas réussir son évasion de ce soir. Mais il ne pouvait pas se confier à Wynne à ce sujet. Il pouvait en revanche lui confier d'autres petits tracas pour la distraire.
« J'ai … Reçu une lettre de Karl. »
« Il ne se plait toujours pas à Kirkwall j'imagine ? »
« Comment pourrait-il ?! » s'écria-t-il en élevant la voix, heureusement ils étaient seuls dans la salle d'étude. « Les templiers sont complètement hors de contrôle là-bas ! Tu n'imagines pas le nombre de sévices qu'ils subissent. Karl essaie de me faire croire qu'il s'en tire bien, mais il ne sait pas mentir ! »
Wynne soupira tristement, elle savait bien que la situation à Kirkwall dégénérait, tout le monde le savait. C'était même étonnant que le courrier des mages ne soient pas lu pour éviter que les rumeurs circulent dans les autres cercles.
« Il n'y a rien que nous ne puissions faire, Anders. J'ai appris que tu avais de nouveau reçu une réponse négative pour ton transfert... »
« Personne ne veut d'un mage qui passe son temps à s'enfuir j'imagine, et Robard doit annoter tous les dossiers d'application. Je suis certain qu'il fait tout pour que je ne sois pas transféré. »
« Robard n'est pas le plus sage des hommes. Il est aveuglé par l'illusion du pouvoir. »
Anders secoua la tête et regarda son livre le cœur lourd. Il n'avait pas la tête à étudier. Cela faisait quatre ans qu'il préparait cette évasion. Après avoir été laissé dans sa cellule, à peine conscient sur le sol, des pas précipités s'étaient arrêté près de lui. Il avait été emmené à l'infirmerie mais malheureusement Wynne avait été envoyé à la cour pour presque quatre semaines. Trop faible pour se soigner lui-même, non pas à cause des blessures mais d'être tombé malade en restant transpirant sur le sol en pierre de la cellule en pleine nuit, les blessures avaient commencé à se soigner d'elles même. Lorsqu'il fut suffisamment remis pour se soigner lui-même c'était trop tard pour éviter les cicatrices. Dans son dos à présent se dessinaient de longues trainées blanches irrégulières.
Il savait que Robard prenait son pied à se dire que chaque fois qu'il enlevait ses robes dans les dortoirs, tout le monde avait un rappel de ce qui arrivait lorsqu'on le défiait. Anders avait pensé à tenter de les dissimuler mais il savait que cela ne servait à rien. Même s'il ne se déshabillait plus devant les autres Robard avait gagné, il l'empêchait de vivre normalement. La seule façon qu'il avait d'être libéré de Robard c'était d'être libéré de la tour. Et cette fois-ci il ne se laisserait pas simplement capturer et ramener au cercle. Il était déterminé à se battre.
Il avait pour destination Tevinter. S'il passait la frontière alors la chantrie blanche n'aurait plus la possibilité de le suivre. Mais c'était un voyage de plus d'un mois s'il allait à pied, et plus il restait loin des villes plus il était facile à localiser. Il avait préparé ses étapes pendant des mois, étudiant secrètement toutes les cartes de Thédas dont le Cercle disposait. Il ne pouvait pas être plus préparé qu'il ne l'était avec les moyens à sa disposition.
« Wynne... je ne crois pas que je parviendrai à me concentrer correctement aujourd'hui... Est-ce que ça t'ennuie si on s'arrête là ? Je te promets que je rattraperai le retard de cette leçon. »
« Bien. Essaie de te reposer et de ne pas trop réfléchir, d'accord ? » Il hocha la tête à son intention. « Et pas d'imprudence, n'est-ce pas ? »
Anders releva la tête vers elle et essaya de déterminer si elle avait deviné ses intentions. Dans le doute il se fendit d'un triste sourire.
« Il n'y a pas tant de dangers que ça jusqu'au dortoir des seniors.... Bonne soirée, Wynne. »
« Bonne soirée à toi aussi, repose-toi surtout. Je te veux en salle d'étude demain à 5 heures après ta leçon de magie élémentaire. »
Il se contenta de lui adresser un signe de la main en guise d'au revoir. Il n'avait pas le cœur à mentir à Wynne. Elle n'avait jamais été que patience et gentillesse avec lui. Une fois dans le dortoir il s'assit près de la fenêtre. Le plan était assez simple. Ce soir, il y avait un arrivage de provisions pour la tour. La majorité des Templiers seraient en train de décharger les marchandises d'un côté et de l'autre de sa rive sud. Les quelques hommes et femmes qui resteraient pour surveiller la tour seraient isolés et leurs rondes seraient irrégulières. Il comptait un peu sur la chance pour ne pas être découvert mais pas seulement. Il avait suffisamment étudié le fonctionnement de ces soirées bimensuelles pour savoir ce qu'il faisait. Il s'agirait ensuite de prétendre rester dans la bibliothèque au premier étage pour travailler et de sortir par la fenêtre nord en laissant des affaires sur place pour faire croire qu'il ne serait pas loin. Toutes les secondes qu'il pouvait gagner étaient bonnes à prendre.
Il passa le reste de la soirée dans un état second. Il se souvenait à peine d'être allé au réfectoire, il n'avait pas discuté avec ses amis, avait signalé à Wynne qu'il montait rattraper la lecture des textes qu'elle lui avait donné et s'installa à son poste stratégique et attendit. Il laissa passer trois rondes du templier en garde de l'étage, s'assurant qu'il le voit à trois endroits différents de la bibliothèque. Puis il ouvrit la fenêtre et jeta son sac au dehors, avant de sortir lui-même en refermant derrière lui. Il se laissa pendre par les mains et prit son courage à deux mains avant de se glisser dans l'eau en silence.
Les robes étaient lourdes et il fatiguait plus vite que les autres fois. Son corps d'adulte était plus résistant et plus entrainé, mais il avait toujours pu enfiler une tenue plus appropriée avant de se plonger dans le lac. Il persévéra jusqu'à la rive. Une fois de l'autre côté il se débarrassa de la robe dans un buisson hors de vue du chemin et des berges et regarda au nord. Il devait maintenant atteindre Jader et prendre un bateau pour Cumberland direction le Nevarra. Il avait repéré plusieurs villes sur son chemin où il pourrait surement se dissimuler. Il se glissa dans une chemise et un pantalon sommaire et se mit en route sans se retourner. Cette fois-ci était la dernière évasion. Il refusait d'être repris.
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Anders les Origines
Partie 1: Escape Game
9:28 Dragon – Cercle de Kinloch
« Non !! Non !! vous ne pouvez pas me laisser ici ! »
« Je peux et je vais le faire. Tu te sentais prisonnier ? Tu vas voir ce que c'est que de n'avoir aucune liberté. »
« Non, Robard... Je vous en supplie, je ferai ce que vous voudrez, laissez-moi sortir ! »
Robard éclata de rire. Un rire sombre, satisfait. Il appuya son bras à hauteur de sa tête contre les barreaux et le fixa intensément.
« Alors maintenant tu supplies ? Quoi ? Tu as peur du noir ? Tu veux qu'on te laisse une veilleuse ? Il fallait réfléchir avant de t'enfuir, encore. La Divine n'a pas validé ma demande d'apaisement parce que tu n'as jamais fait aucun dégât sur ton passage, mais crois-moi c'est terminé les escapades au soleil. »
Anders tomba à genoux et saisit le tabard du templier à travers la grille. L'homme le laissa faire avec un rictus méprisant.Il y avait quelque chose de grisant dans le fait de voir ce mage en particulier se briser de l'intérieur au bruit d'une porte fermée alors qu'il avait à peine manifesté sa peur jusqu'ici.
« Je vais te laisser là jusqu'à ce que tu deviennes fou ou que tu pactises avec un démon. Dans les deux cas, quand tu sortiras d'ici ce sera les pieds devant. »
Anders releva les yeux vers le templier, il était parfaitement sérieux. Il ne sentait pas cette énergie que les gens manifestent quand ils parlent sous le coup de la colère. Il se releva brusquement et tenta de puiser dans l'Immatériel. Mais rien ne se passa, il fut pris d'une violente nausée qui le fit retomber à genoux.
« J'espère que tu aimes tes nouveaux appartements, la rune sur la porte empêche de pratiquer la magie. Bon je te laisse, ce n'est pas tout ça mais il faut que j'aille ranger ton phylactère. Je vais le mettre dans un coin poussiéreux, on ne devrait plus en avoir besoin. »
Le Chevalier Commandant se recula de la grille et tourna les talons. Ses pas résonnèrent douloureusement contre les murs voutés des donjons. Anders sentit la panique monter en lui.
« Robard !! Robard ne faîtes pas ça !! Ne me laissez pas ici ROBARD !! PAR PITIE REVENEZ !!! ROBARD !! »
Mais Robard était déjà loin et tout ce qu'il entendit de sa part fut la porte des donjons qui se refermait. De désespoir Anders se jeta précipitamment sur les murs de sa cellule pour les examiner. Il devait y avoir un moyen de sortir, n'importe lequel ! Mais il n'y avait pas de lucarne dans la petite pièce et le peu de lumière qui lui parvenait du couloir éclairé par une fenêtre lointaine ne suffisait pas à voir quoi que ce soit d'intéressant. Au toucher, il y avait trois murs de pierres et une grille qui servait de porte.
Anders s'adossa au mur et se laissa tomber assis sur le sol, ses cheveux blonds s'emmêlant au contact de la pierre rugueuse. Il ferma les yeux et se mit à pleurer silencieusement. Surement le Grand Enchanteur Ivring allait pouvoir faire quelque chose. Ils ne pouvaient pas le laisser croupir ici éternellement... Il était possible qu'il resta ainsi pendant des heures avant de s'endormir.
***
Les jours qui suivirent furent une suite d'ascenseurs émotionnels. Deux fois par jour, un templier était chargé de lui apporter de quoi se nourrir. Deux fois par jour Anders tentait de parler avec la personne qui venait remplir cette tâche. Mais les désignés volontaires ne le regardaient même pas. Une fois qu'ils étaient partis, Anders passaient de longues minutes à appeler et à supplier à la porte.
Au bout d'une semaine il comprit que rien n'allait se passer. Robard s'était assuré que ses hommes appliquaient les consignes à la lettre. Aucun ne se risquait à lui parler, même pour l'insulter ou lui donner des ordres. A ce stade Anders aurait même voulu qu'on lui crache à la figure quand il se présentait à la grille. N'importe quoi plutôt que le silence.
Après deux semaines il entendait sa propre voix lui parler. Il se doutait qu'il vocalisait inconsciemment ses pensées pour se tenir compagnie à lui-même. S'il y en avait eut-il aurait probablement apprivoisé les rats, juste pour s'occuper. Mais aucune créature vivante ne faisait attention à lui, personne ne prenait compte de son existence. Alors il se parlait à lui-même. Parfois il ne se rendait même pas compte que quelqu'un était passé pour déposer sa ration et il se passait des heures avant qu'il ne mange quelque chose.
Parfois lors de ses délires, il oubliait les runes qui empêchaient la magie d'opérer et se rendait malade à tendre de sortir par la force. Il lui arrivait alors de vomir ses maigres repas sur le sol. Généralement le sol redevenait miraculeusement propre pendant son sommeil. Il n'avait même pas l'énergie nécessaire pour tenter de se faire vomir puis de rester éveillé pour tenter de s'enfuir. Il n'avait même pas la présence d'esprit pour organiser une évasion.
Nettoyer sa cellule ou changer sa paillasse pendant son sommeil n'était pas difficile, Anders dormait beaucoup. Pour faire passer le temps, à cause de la dépression, de la fatigue qu'engendraient ses délires, à force de pleurer, de hurler. Le quotidien de ses geôliers étaient rythmé par les crises bruyantes et les phases de silence. Plusieurs fois, les recrues plantées devant la porte avaient dû résister à l'envie d'aller vérifier s'il était toujours en vie. Mais chaque fois qu'ils venaient lui apporter ses repas, ils le trouvaient simplement plongé dans un profond sommeil.
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Partie 1: Escape Game
9:28 Dragon – Cercle de Kinloch
(au même moment, au bout du couloir)
« Et là, le gars, il arrive dans le réfectoire en caleçon. Soudain c'est le silence complet, tu as soixante mages et trente templiers qui le fixent en se demandant pourquoi le nouveau est en slip dans la salle à manger et quelqu'un commence à applaudir, et au bout d'un moment tout le monde était debout en train de faire pareil. »
« Nan sérieux ? Et qu'est-ce qu'il a fait ?»
« Oui je te jure ! Il a fait un salut impeccable, a fait demi-tour et il est ressorti avec la même dignité que s'il avait été en armure complete.... »
Soudain des hurlements se firent entendre dans les geôles. La recrue se leva et tendit la main vers la porte pour aller voir. Le Templier l'en empêcha. Ils ouvrirent la lucarne du couloir mais rien, aucune lumière, juste des cris. Ils avaient été devant la seule porte des geôles donc personne n'était entré pour visiter le prisonnier. Sa ration ne devait pas lui être apporté avant deux bonnes heures encore. Il allait dire à la recrue de demander l'autorisation à Robard d'aller vérifier ce qui se passait lorsque les cris cessèrent soudainement. Plus d'appel à l'aide.... et soudain un rire macabre, fou, malsain.
« Il me colle froid dans le dos ce type.... » murmura la recrue.
« Je ne sais pas si tu serais sain d'esprit si tu étais enfermé là-dedans pendant huit mois.... »
« Comment ça se fait qu'il soit toujours là ? Je veux dire, on m'a dit qu'il s'était échappé du cercle plusieurs fois mais... c'est inhumain, non ? Pourquoi ne pas simplement l'exécuter ? »
« La divine a refusé d'autoriser Robard à passer au-dessus de l'autorité d'Ivring pour l'apaiser.... Tant qu'Ivring refusera d'apaiser Anders, Robard le gardera là où il est. »
La recrue soupira, elle trouvait cela injuste et elle avait soudainement pitié de cet homme. Anders, il s'appelait Anders. Elle venait seulement d'arriver au Cercle de Kinloch, mais il y avait surement quelque chose à faire pour arrêté cette folie.
Une vieille dame aux cheveux blancs noués dans un chignon serré se présenta à eux deux heures plus tard avec un bol de soupe chaude contenant des légumes bouillis et du pain. Eleanor prit le bol, le pain et les clefs de la cellule. Le templier lui demanda si elle avait besoin qu'il lui montre comment faire, elle refusa poliment et entra dans les geôles. Elle avança prudemment dans le couloir jusqu'à la dernière cellule. Dedans, elle trouva un homme maigre, aux cheveux longs et emmêlés, à la barbe hirsute et sale, recroquevillé dans un coin de sa cellule à parler tout seul. Étrangement, elle fût surprise qu'il ne soit pas plus effrayant que cela. Elle ouvrit la porte et déposa le bol par terre, le pain à côté, vérifia qu'il y avait toujours de l'eau. Elle se fit la réflexion que c'était là des tâches qu'elle avait l'habitude de remplir pour les animaux de la ferme de ses parents, pas pour d'autres êtres humains. Elle s'agenouilla et parla d'une voix basse, pour ne pas être entendue en dehors de la cellule.
« Anders ? »
Aucune réaction.
« Anders ? Est-ce que vous me voyez ? Est-ce que vous m'entendez ? »
Le prisonnier leva les yeux vers elle, elle fût choquée de voir qu'il n'était pas beaucoup plus vieux qu'elle. Il était mal alimenté et sale, mais il ne pouvait pas avoir plus de vingt-cinq ans. Il la regarda sans vraiment la regarder puis soudainement, sans raison, il fût secoué d'un petit rire malaisant.
« Vous allez m'exécuter ça y est ? »
« Non.... Pourquoi croyez-vous ça ? »
« Le démon.... Il a tué les trois templiers.... C'était le chat. Il a possédé le chat ahahah. »
Elle regarda autour d'elle mais ne vit ni cadavres ni chat. Cela faisait probablement partie de son délire. Elle se rapprocha légèrement, tendant l'oreille pour savoir si son collègue venait la chercher, mais il n'y avait rien à signaler.
« Anders, je vais trouver un moyen de convaincre Robard de vous faire sortir d'ici, d'accord ? Mais il faut que vous teniez bon... Si vous perdez complètement l'esprit sortir ne vous avancera à rien.»
Elle disait cela, mais elle ne savait même pas s'il y avait encore quelqu'un à sauver dans cette tête. Il lui sembla qu'il ne l'avait pas entendu. Après de longues secondes, elle se releva, prit le bac en fer qui servait de pot de chambre et se dirigea vers la porte.
« Sortir ? »
Elle se retourna brusquement et sourit.
« Oui, sortir. Je reviendrai vous voir quand je serai de garde. Essayez …. Essayez de tenir encore un peu. »
Il hocha la tête d'un air absent. Elle ne sût pas dire s'il avait vraiment compris ou non. Elle referma la porte de la cellule et s'en alla.
***
(Onze mois d'emprisonnement)
« Wynne donne des cours uniquement aux jeunes mages maintenant. Elle ne prend plus d'élève après leur confrontation. Je crois qu'elle aime jouer les grand-mères. »
« Cela ne m'étonne pas. Elle a toujours été très maternante. »
Eleanor lui sourit doucement et caressa le dos de la main du mage avec son pouce. Il lui avait demandé si elle pouvait lui tenir la main pendant qu'ils parlaient. Apparemment ça l'aidait à faire la différence entre ses visites réelles et les hallucinations.
« Tu as parlé beaucoup plus longtemps aujourd'hui, Anders. Cela me fait plaisir que tu reviennes à toi. »
« Est ce qu'on a des nouvelles de la décision de la Chantrie? »
« Non pas encore, mais ça ne devrait plus tarder. Ivring a dit qu'ils étudiaient les ingérences de Robard à la loupe et qu'ils devaient revenir vers lui avec une décision avait la fin du mois. »
« Quand est-ce ? »
« La semaine prochaine. S'il est mis à la retraite se sera Graegoir qui lui succèdera. Rassures-toi, j'ai discuté avec lui et il a assuré qu'il mettrait fin à ton isolement. »
« Je crains qu'il ne puisse pas faire cela, quelqu'un d'autre s'en est déjà chargé » Il adressa à la Templière une ombre de sourire qui la fit rire doucement.
« Charmeur. Bon, il faut que j'y aille avant que quelqu'un se rende compte que je suis là à te parler au lieu de monter la garde. Tiens bon, promis ? C'est bientôt fini. »
Elle lâcha sa main à contre cœur et sortit une fois encore de la cellule.
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Partie 1: Escape Game
9:29 Dragon (un an d'emprisonnement) – Cercle de Kinloch
Des bruits de pas. Il fallait encore une concentration intense pour différencier les hallucinations des véritables sons. Le problème était qu'il avait plusieurs personnes dans le couloir, cela rendait improbable la réalité de la situation. Pourtant, il avait fait tout son rituel quand les visiteurs arrivèrent devant la porte. Il avait écouté le son de sa propre voix, il s'était bouché les oreilles pour vérifier si le son s'atténuait ou pas, il s'était pincé pour distraire son cerveau avec un autre stimulus.... mais rien. Quatre personnes se présentèrent devant sa cellule en parlant à voix basse. Il reconnut aisément la silhouette d'Eleanore. Mais les autres ne lui étaient pas familières.
« Vous allez le faire sortir Eleanor, d'après ce que vous dîtes il est habitué à votre présence. »
« Oui... Ce … ce serait bien si vous ne restiez pas trop près et que vous ne le touchiez pas. Il est resté un an sans contact ou proximité physique et il supporte à peine qu'on lui touche la main pour le moment. »
« Très bien, vous avez entendu ? Écartez-vous. Et ne paniquez pas si sa magie se manifeste de façon involontaire, cela fait un an qu'il ne l'a pas utilisé, il va peut-être y avoir quelques étincelles. «
Le bruit des clefs dans la serrure. La porte qui s'ouvre en grinçant. Une ombre féminine qui s'agenouille lentement près de lui. Son nom appelé d'une voix douce. Une fois, deux fois.....
« Anders, c'est moi. Est-ce que tu m'entends ? Est-ce que je peux te toucher ? »
Il se passa quelques secondes où l'on entendait que le cliquetis d'armures de Templiers malaisés qui se changeaient de position dans le couloir. Puis Anders leva les yeux vers elle et elle lui sourit. Il hocha la tête avec lenteur. Elle lui prit sa main dans la sienne et en caressa le dos comme ils avaient l'habitude de le faire lors de ses visites. Lorsqu'elle sentit qu'il était avec elle, elle continua de parler.
« Anders, c'est terminé. Robard a été remplacé, tu vas pouvoir sortir de la cellule et retourner dans la tour. Est-ce que tu es près ? »
Près ? Il ne savait même pas s'il voulait sortir de cette cellule. Quelque chose au fond de lui criait qu'il fallait sortir. Mais il était terrifié à l'idée de tous les stimuli qu'il allait devoir gérer une fois dehors. Il avait déjà du mal à supporter qu'une seule personne passe plus quelques minutes dans sa misérable prison. Il hocha la tête négativement.
« Anders, tu ne veux pas rester ici n'est-ce pas ? » nouveau hochement de tête « Alors il va falloir sortir. Je vais rester avec toi tout du long, je te le promets. Tu me fais confiance? »
Anders opina du chef presque imperceptiblement et suivit le mouvement de la main qui tirait sur la sienne pour le faire se lever. Comme au ralenti, il se vit passer la porte de la cellule. Il s'était presque attendu à se cogner contre elle et à réaliser qu'il n'y avait jamais eut personne avec lui. Mais il marchait le long du couloir, un templier devant lui, deux derrières, silencieux comme des tombes, avec Eleanor qui le guidait par la main vers la porte.
La lumière du hall principal était éblouissante. Il s'arrêta, étourdit par l'agressivité des torches. Il entendait des gens murmurer et des pas se dirigeant vers lui. La panique le prit avant que la personne ne l'atteigne et il tenta une fuite. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il était tombé par terre et entre lui et une dame âgée se trouvait un trait de glace et deux templiers la main sur leurs épées.
« Je crois qu'il serait plus prudent de l'emmener dans sa chambre et de le laisser se reposer. »
On le releva à nouveau et on le guida par la main jusqu'au troisième étage. Tout ce qui se passait autour de lui était douloureux. Trop de bruit, trop de lumière, trop de gens, trop d'images familières et en même temps trop de changements. Trop de sentiments aussi. Trop d'émotions à l'intérieur de lui. Eleanor ouvrit la porte d'une petite chambre individuelle. Il y avait là une armoire, une coiffeuse, un lit, un coffre, un bureau et une petite bibliothèque. Derrière de lourds rideaux de brocard, il y avait même une fenêtre.
« Tu vas rester ici quelque temps, si tu ne veux pas sortir ce n'est pas grave d'accord ? Fais les choses à ton rythme. »
Son regard vide se posa sur la coiffeuse, dont il caressa le bois du bout des doigts puis sur le coupe chou qui se trouvait avec le kit de rasage sur la tablette. Eleanor se sentit mal à l'aise à le voir fixer l'objet et s'avança le plus naturellement possible pour prendre le kit de rasage.
« On devrait commencer pas ça, tu ne crois pas ? Est-ce que ça te gêne que je m'en occupe ? »
Les yeux du mage montèrent rencontrer les siens puis il hocha négativement la tête avant de s'asseoir sur la chaise en prenant soin de faire basculer le miroir vers le bas pour ne pas se voir. Eleanor prit alors l'une des bassines d'eau laissé à leur attention et entreprit de lui laver les cheveux. Il était clair qu'il faudrait en couper une partie. Ils lui arrivaient maintenant jusqu'au milieu du dos, juste sous les omoplates. Elle entreprit de démêler ce qu'elle pouvait, passant de longues minutes à démêler les mèches usées par la négligence. Puis elle se pencha au-dessus de son épaule.
« Est ce que tu veux que je les coupe court ? Où est ce que tu préfères garder un peu de longueur ? »
Il tourna la tête vers elle et sembla réfléchir à la question. Il avait les cheveux longs depuis qu'il était enfant, il n'avait pas envie de changer. Il leva la main pour indiquer la longueur désirée.
« Est ce que tu peux les sauver jusque-là ? »
« Oui, heureusement pour toi ils sont à peu près intacts jusqu'aux épaules. »
Elle se remit à l'ouvrage avec les ciseaux cette fois. Elle coupa un carré long qui n'était peut-être pas parfait mais qui avait le mérite de séparer les cheveux sains de la masse de nœuds sales qui restait. Elle sécha sommairement ce qui restait sur la tête du blond avec une serviette propre et se saisit à nouveau du matériel de rasage.
« Est ce que tu veux garder la barbe ? »
« Non... » Son regard tomba sur ses mains qui tremblaient de fatigue et de stress.
« Je vais le faire pour toi. Tourne-toi vers moi, s'il te plait. »
L'entreprise vu périlleuse. Elle n'avait jamais rasé un homme avant. Malgré quelques petites coupures, elle parvint tout de même à faire réapparaitre le visage du Mage à la lumière des chandelles de la pièce. Elle essuya ses joues doucement et lui sourit.
« Tu avais raison, cette barbe ne t'allait pas du tout... J'étais curieuse de savoir ce qui se cachait sous cette barbe, tu as un très joli visage. Quand tu auras repris des forces …. »
Elle se stoppa au milieu de sa phrase, Anders avait pris la serviette dans sa main et l'avait repoussé pour mettre sa joue en contact avec la main d'Eleanor. Elle se laissa faire quelque temps, laissant sa main sur le visage du mage jusqu'à ce qu'il juge le contact trop pénible et qu'il s'éloigne de lui-même. Elle tira ensuite les draps du lit.
« Tu devrais dormir. Viens t'allonger, nous parlerons du reste demain matin d'accord ? »
Il opina du chef et fît ce qu'on lui disait sans chercher à comprendre. Il n'aurait pas su dire quand Eleanor avait quitté la pièce. Tout ce qu'il savait c'était que le confort du lit était insupportable. La nuit s'annonçait longue
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