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Depuis le commencement de la guerre entre les mages et templiers, pour peu qu'elles soient assez éloignée du village, il était devenu assez courant de trouver des fermes abandonnées et en lambeaux, ayant subis les conséquences d'un cambriolage, d'une prise de possession, ou d'un combat, prenant respectivement le rôle d'une réserve de provisions peu défendues, une bonne cache, ou le lieu d'une rencontre malheureuse entre mages et templiers. Aujourd'hui, en début d'après-midi, à un jour de marche d'Hasmal, une de ces fermes prenait le rôle d'un lieu de rendez-vous.
D'un côté, un groupe de mages fugitifs, las de leurs péripéties de lieu hostile en lieu hostile et cherchant à tout prix un endroit où ils n'auraient pas besoin de maintenir une garde rigoureuse chaque nuit. De l'autre, un mage et une templière venant du cercle d'Hasmal, qui s'était mis en avant comme refuge pour tous les mages et templiers cherchant à fuir ce bain de sang aux résultats plus que décourageants. Les deux partis s'apprêtaient à prendre la route pour ce même cercle.
« Un autre ? » Rita adressa une mine interrogative au mage qui venait de lui mentionner sa rencontre avec un collègue la nuit dernière.
« Oui, Bryn. Il est parti dans la matinée. Un garçon brun et maigre, avec la tête dans les nuages... Il tenait un journal d'ailleurs, il en a laissé tomber quelques pages.
― Un garçon ? » L'inquiétude latente de la templière commençait à se remarquer sur son visage. « Je peux…? » Elle tendit la main et le mage lui remit les pages tombées dudit journal.
À l'inquiétude vint se mélanger de la colère. « Le gamin n'a clairement aucune idée d'où il va et vous l'avez laissé partir ? » Elle fusillait son interlocuteur du regard.
Le mage soutint son regard sans broncher. « Un mage qui veut fuir des templiers ? Absolument. Et je le referais. Cela vous offense, Chevalière-Caporal ? »
La pique du mage fit aisément mouche. Rita détourna le regard, contrariée. « Non. »
La honte rinça la colère, si bien qu'il ne restait plus que de l'inquiétude. Depuis son arrivée au cercle d'Hasmal, Rita avait consacré tout ses efforts à la protection des mages et templiers rescapés du conflit. Une tâche ardue et occupante, suffisamment pour qu'elle ne prenne jamais temps de constater les effets que ce conflit avait eu sur elle. Mais n'importe qui la connaissant pouvait le voir sans faire trop d'efforts.
« Par contre, ça vaut le coup d'essayer de le convaincre. Trevor, » Appela-t-elle, « Changement de plan. »
Trevor, mage d'exception venant du cercle d'Ostwick et camarade de route (fuite) de Rita quand la guerre avait éclaté là-bas, comprenait donc exactement ce qui était en train de se passer dans la tête de la templière, et fit de son mieux pour la dissuader en lui adressant la parole calmement et fermement.
« Rita, nous n'avons pas les ressources pour informer le Chevalier-Commandant d'un retard à l'expédition, sans parler du fait que nos camarades mages sont épuisés et ont besoin de rentrer au plus vite. Nous ne pouvons pas nous permettre ce genre de flexibilité actuellement, tu le sais. »
Elle lui lança un autre regard, plus riche en insinuations cette fois-ci. Trevor se crispa.
« Non. Ni toi, ni moi. Nous avons déjà un effectif criminellement faible pour cette mission et tu voudrais diviser nos efforts ? Pourquoi est-ce moi qui dois encore une fois te rappeler l'importance de nos protocoles ?
― Les passages dans cette région sont trop peu fréquents pour que je me retrouve en danger. Le gamin, j'en doute un peu plus. Donne-moi 2 jours de délai, pas plus, » Insista Rita.
Les deux camarades se fixèrent un moment en silence, sous les regards intrigués des autres mages. Trevor fini par soupirer, et ils se serrèrent l'un contre l'autre.
« Un jour. Si tu vaux quelque chose comme templière, tu n'as pas besoin de plus. Et ne compte pas sur moi pour te couvrir auprès du Chevalier-Commandant.
― Je n'en attendais pas moins de toi. Merci. »
Ils s'échangèrent un dernier regard bienveillant, et Rita parti vers l'Est d'un pas soutenu et efficace.
Par chance, il avait plu ce matin, et elle réussit caler sa marche sur des petites traces de pieds assez fraiches. Son équipement léger lui permit d'avancer rapidement : pour les missions de récupération, des habits de toile et de cuir évitaient de se faire repérer trop facilement par des personnes hostiles, et son épée et bouclier ne portaient eux non plus pas d'insigne particulière.
Les traces la conduisirent vers une petite forêt traversée par un ruisseau, où elle finit enfin par apercevoir la silhouette d'un jeune garçon en train de se rafraichir. Elle ralentit le pas, et, comme un humain voulant s'approcher d'une biche, essaya de s'annoncer sans effrayer son interlocuteur. Levant les mains, elle héla :
« Bryn ? »
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#f1a02a
#60609c
D'un côté, un groupe de mages fugitifs, las de leurs péripéties de lieu hostile en lieu hostile et cherchant à tout prix un endroit où ils n'auraient pas besoin de maintenir une garde rigoureuse chaque nuit. De l'autre, un mage et une templière venant du cercle d'Hasmal, qui s'était mis en avant comme refuge pour tous les mages et templiers cherchant à fuir ce bain de sang aux résultats plus que décourageants. Les deux partis s'apprêtaient à prendre la route pour ce même cercle.
« Un autre ? » Rita adressa une mine interrogative au mage qui venait de lui mentionner sa rencontre avec un collègue la nuit dernière.
« Oui, Bryn. Il est parti dans la matinée. Un garçon brun et maigre, avec la tête dans les nuages... Il tenait un journal d'ailleurs, il en a laissé tomber quelques pages.
― Un garçon ? » L'inquiétude latente de la templière commençait à se remarquer sur son visage. « Je peux…? » Elle tendit la main et le mage lui remit les pages tombées dudit journal.
groupe, ils ont l’air gentils. Ou du moins, comme moi, ils ne veulent pas de cette guerre et de ces conflits. Ils m’ont proposé de rester avec eux un moment… Je n’ai pas vraiment accepté, mais on a mangé ensemble. Entre mages, il fallait se serrer les coudes, m’ont-ils dit. Ça me fait un peu plaisir de voir des gens qui ne sont tout simplement pas devenus fous.
Je me suis endormi finalement. Mais je pars dans la journée. Je ne veux pas vraiment m’attarder : il paraît que des templiers sont en route. Si avant j’aurais été enchanté de voir des templiers, maintenant j’en suis moins sûr. Il faut que je m’en aille. Il paraît qu’à l’Est, les choses sont plus tranquilles. J’irai vers là…
À l'inquiétude vint se mélanger de la colère. « Le gamin n'a clairement aucune idée d'où il va et vous l'avez laissé partir ? » Elle fusillait son interlocuteur du regard.
Le mage soutint son regard sans broncher. « Un mage qui veut fuir des templiers ? Absolument. Et je le referais. Cela vous offense, Chevalière-Caporal ? »
La pique du mage fit aisément mouche. Rita détourna le regard, contrariée. « Non. »
La honte rinça la colère, si bien qu'il ne restait plus que de l'inquiétude. Depuis son arrivée au cercle d'Hasmal, Rita avait consacré tout ses efforts à la protection des mages et templiers rescapés du conflit. Une tâche ardue et occupante, suffisamment pour qu'elle ne prenne jamais temps de constater les effets que ce conflit avait eu sur elle. Mais n'importe qui la connaissant pouvait le voir sans faire trop d'efforts.
« Par contre, ça vaut le coup d'essayer de le convaincre. Trevor, » Appela-t-elle, « Changement de plan. »
Trevor, mage d'exception venant du cercle d'Ostwick et camarade de route (fuite) de Rita quand la guerre avait éclaté là-bas, comprenait donc exactement ce qui était en train de se passer dans la tête de la templière, et fit de son mieux pour la dissuader en lui adressant la parole calmement et fermement.
« Rita, nous n'avons pas les ressources pour informer le Chevalier-Commandant d'un retard à l'expédition, sans parler du fait que nos camarades mages sont épuisés et ont besoin de rentrer au plus vite. Nous ne pouvons pas nous permettre ce genre de flexibilité actuellement, tu le sais. »
Elle lui lança un autre regard, plus riche en insinuations cette fois-ci. Trevor se crispa.
« Non. Ni toi, ni moi. Nous avons déjà un effectif criminellement faible pour cette mission et tu voudrais diviser nos efforts ? Pourquoi est-ce moi qui dois encore une fois te rappeler l'importance de nos protocoles ?
― Les passages dans cette région sont trop peu fréquents pour que je me retrouve en danger. Le gamin, j'en doute un peu plus. Donne-moi 2 jours de délai, pas plus, » Insista Rita.
Les deux camarades se fixèrent un moment en silence, sous les regards intrigués des autres mages. Trevor fini par soupirer, et ils se serrèrent l'un contre l'autre.
« Un jour. Si tu vaux quelque chose comme templière, tu n'as pas besoin de plus. Et ne compte pas sur moi pour te couvrir auprès du Chevalier-Commandant.
― Je n'en attendais pas moins de toi. Merci. »
Ils s'échangèrent un dernier regard bienveillant, et Rita parti vers l'Est d'un pas soutenu et efficace.
Par chance, il avait plu ce matin, et elle réussit caler sa marche sur des petites traces de pieds assez fraiches. Son équipement léger lui permit d'avancer rapidement : pour les missions de récupération, des habits de toile et de cuir évitaient de se faire repérer trop facilement par des personnes hostiles, et son épée et bouclier ne portaient eux non plus pas d'insigne particulière.
Les traces la conduisirent vers une petite forêt traversée par un ruisseau, où elle finit enfin par apercevoir la silhouette d'un jeune garçon en train de se rafraichir. Elle ralentit le pas, et, comme un humain voulant s'approcher d'une biche, essaya de s'annoncer sans effrayer son interlocuteur. Levant les mains, elle héla :
« Bryn ? »
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Deux êtres un peu perdus
Rita & Bryn
« Sometimes you don’t know who you can and cannot trust. I still learn that over and over again. »
Bryn était parti assez tôt ce matin. Pas qu’il n’appréciait pas ces mages avec qui il était resté quelques jours, mais il avait encore beaucoup de chemin à faire. Il avait entendu parler d’un village vers l’Est, encore éloigné des conflits… enfin, il n’avait aucune idée d’où il se situait. Et à bien y penser, il ne savait pas s’il existait vraiment ou non : ce n’étaient que des rumeurs et des racontars de voyageurs, et le jeune garçon était encore loin de dissocier le vrai du faux. Il allait très certainement errer, s’écarter le plus possible des combats, des templiers, des mages, de tout le monde. Au bout de plusieurs heures seulement, il s’était rendu compte qu’il avait perdu quelques pages de son journal. D’une façon, c’était plutôt normal : vu ses conditions ces derniers mois, c’était évident que le papier ne l’accepterait pas beaucoup. L’humidité, le fait d’être plié en mille morceaux… Comment aurait-il pu penser que ça pousserait une templière à le rechercher ?La pluie était encore tombée. Ça le dérangeait un peu à vrai dire… Ce n’était jamais très agréable de marcher sous la pluie, d’autant que ça faisait vraiment trop sentir sa cape déjà sale. Aujourd’hui, c’était un petit peu son quotidien, dire qu’il était le fils d’une famille des plus nobles d’Ostwick, et là, il n’était qu’une vulgaire mendiant. Le Créateur avait un véritable sens de l’ironie… et de la cruauté.
Un bruit de source d’eau vint l’ôter de ses pensées noires. Une rivière ? Un peu naïvement, il s’approcha et découvrit un cours d’eau. La pluie s’était arrêtée depuis un moment, et le garçon vint s’en rapprocher. Il avait sûrement un peu de temps pour se rafraîchir un peu. Sa cape humide posée sur le côté, il s’était accroupi sur le bord et regarda l’eau un instant. Devait-il essayer… ? Plusieurs instants il resta immobile, mais il finit par positionner ses mains au-dessus de l’eau, un petit peu timidement. L’eau sembla réagir un petit peu, créant une toute petite impulsion à contre-courant, à peine visible. Mais il réessaya, et une poignée d’eau se détacha de la rivière, se soulevant à mesure que ses mains se relevaient… puis tout s’arrêta : Bryn plongea soudainement ses mains dans l’eau, brisant totalement ce lien mystique qu’il commençait à peine à créer.
« Bryn ? »
Il sursauta. Réellement. Et se releva immédiatement, faisant face à la femme qui venait de dire son nom. Elle était habillée comme une femme qui se battait à en juger par son épée et son bouclier, mais elle ne semblait appartenir à aucune faction. Pourquoi connaissait-elle son nom ? Elle, en tout cas, son visage ne lui disait rien.
« Qui… êtes-vous ? » Il voulut reculer d’un pas, mais sentant le froid de l’eau dans sa botte, il la retira tout de suite. « Comment vous me connaissez…? »
(c) DΛNDELION
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Une approche spectaculairement réussie.
Capturer des mages et les conduire à un cercle sans leur donner leur avis était quand même plus simple. Plus dur pour le moral, mais plus simple. Ou en tout cas, dans un langage plus familier. Maintenant, c'était l'inverse. Moralement c'était plus facile à encaisser, mais il y avait de quoi se frapper le front du plat de la main lorsqu'on observait les compétences sociales de certains membres de l'Ordre. Face au garçon au visage profondément inquiet, Rita se sentait très, très stupide, et s'insultait mentalement à répétition comme un combattant se donnerait des claques pour se concentrer sur le combat à venir.
Mais elle n'avait toujours pas de meilleur plan que de paraître la moins dangereuse possible. Puisque la droiture était un des traits le plus définissant pour un Templier, elle s'appuya sur ce qu'elle savait et maintint le cap, aussi bancal les mers plus loin étaient-elles. Aussi prit-elle le soin de retirer ses armes et les jeter plus loin en espérant désamorcer un peu l'aura d'intimidation qui l'entourait, et commença à se présenter normalement.
« Je m'appelle Rita Aelesia, et je travaille au cercle d'Hasmal. J'ai rencontré un groupe de mages ce midi, et ils m'ont dit que tu avais passé la nuit avec eux. »
Elle sorti les pages du carnet de sa poche, et les tendit à Bryn.
« Je suppose que c'est toi qui a écrit ces pages ? Si oui, désolée, je les ai lues. »
Bien, parfait. Si le petit avait peur d'elle jusqu'à maintenant, il allait sûrement détaler d'ici peu. Entre annoncer qu'elle venait d'un cercle et lui dire qu'elle avait lu ce qui ressemblait à son journal intime, Rita reprit sa sérénade interne d'auto-maudissements de plus belle. L'éloquence de Trevor lui manquait déjà, lui qui savait adapter parfaitement son discours en fonction de ses interlocuteurs au lieu de foncer droit au but en cassant tout le mobilier sur son chemin.
Heureusement, cette situation était exceptionnelle. Après cette mission, Rita allait rentrer et se promettre de ne plus jamais parler seule à des mages réfractaires.
Mais en attendant… À minima, elle savait que maintenant, elle devait toujours laisser un choix aux mages :
« En fait, j'espérais pouvoir te convaincre de rejoindre le cercle, toi aussi. Est-ce que tu accepterais de discuter avec moi ? Peut-être autour de quelque chose à manger, d'ailleurs. Il me reste de la nourriture dans mon sac. »
Si le Créateur l'écoutait, elle aurait bien besoin d'un petit miracle pour que le garçon accepte.
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Capturer des mages et les conduire à un cercle sans leur donner leur avis était quand même plus simple. Plus dur pour le moral, mais plus simple. Ou en tout cas, dans un langage plus familier. Maintenant, c'était l'inverse. Moralement c'était plus facile à encaisser, mais il y avait de quoi se frapper le front du plat de la main lorsqu'on observait les compétences sociales de certains membres de l'Ordre. Face au garçon au visage profondément inquiet, Rita se sentait très, très stupide, et s'insultait mentalement à répétition comme un combattant se donnerait des claques pour se concentrer sur le combat à venir.
Mais elle n'avait toujours pas de meilleur plan que de paraître la moins dangereuse possible. Puisque la droiture était un des traits le plus définissant pour un Templier, elle s'appuya sur ce qu'elle savait et maintint le cap, aussi bancal les mers plus loin étaient-elles. Aussi prit-elle le soin de retirer ses armes et les jeter plus loin en espérant désamorcer un peu l'aura d'intimidation qui l'entourait, et commença à se présenter normalement.
« Je m'appelle Rita Aelesia, et je travaille au cercle d'Hasmal. J'ai rencontré un groupe de mages ce midi, et ils m'ont dit que tu avais passé la nuit avec eux. »
Elle sorti les pages du carnet de sa poche, et les tendit à Bryn.
« Je suppose que c'est toi qui a écrit ces pages ? Si oui, désolée, je les ai lues. »
Bien, parfait. Si le petit avait peur d'elle jusqu'à maintenant, il allait sûrement détaler d'ici peu. Entre annoncer qu'elle venait d'un cercle et lui dire qu'elle avait lu ce qui ressemblait à son journal intime, Rita reprit sa sérénade interne d'auto-maudissements de plus belle. L'éloquence de Trevor lui manquait déjà, lui qui savait adapter parfaitement son discours en fonction de ses interlocuteurs au lieu de foncer droit au but en cassant tout le mobilier sur son chemin.
Heureusement, cette situation était exceptionnelle. Après cette mission, Rita allait rentrer et se promettre de ne plus jamais parler seule à des mages réfractaires.
Mais en attendant… À minima, elle savait que maintenant, elle devait toujours laisser un choix aux mages :
« En fait, j'espérais pouvoir te convaincre de rejoindre le cercle, toi aussi. Est-ce que tu accepterais de discuter avec moi ? Peut-être autour de quelque chose à manger, d'ailleurs. Il me reste de la nourriture dans mon sac. »
Si le Créateur l'écoutait, elle aurait bien besoin d'un petit miracle pour que le garçon accepte.
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Deux êtres un peu perdus
Rita & Bryn
« Sometimes you don’t know who you can and cannot trust. I still learn that over and over again. »
Cette femme – peu importe de quel buisson elle sortait – commença à ôter ses armes pour les jeter devant elle, en espérant sûrement que Bryn y voit un signe de paix. Si elle était venue au début des hostilités, le garçon aurait très certainement pu croire ce geste, mais maintenant, c’était beaucoup moins le cas. Même sans arme, une femme pouvait être redoutable, surtout une combattante ! Et lui, il n’était pas un guerrier, ni même un mage à proprement parler en vue de ses piètres capacités.« Je m’appelle Rita Aelesia, et je travaille au Cercle d’Hasmal. J’ai rencontré un groupe de mages ce midi, et ils m’ont dit que tu avais passé la nuit avec eux. » Elle avait répondu à ses questions, avec une droiture qu’il n’aurait pas cru venant de quelqu’un qui apparaissait au milieu de nulle part. Cependant, alors qu’elle pensait le rassurer, par ses gestes et ses mots, la méfiance ne cessait de grandir en lui. Les autres mages avaient parlé de lui ! L’adolescent se maudissait d’avoir passé autant de temps avec eux. Ils savaient pertinemment qu’il préférait qu’on l’oublie, et eux, ils avaient parlé de lui à une inconnue qui venait d’un Cercle ! Par le Créateur, pourquoi ?! Ses prochaines paroles, et la vue des pages avec son écriture, arrivaient au pire moment.
« Vous... Vous avez lu... ! »
C’était intime, bon sang ! C’était à lui, juste à lui ! Personne n’était sensé lire, exactement comme personne n’était autorisé à entrer dans la tête de quelqu’un. Son attitude ressemblait tellement à celle des Templiers. Si auparavant il les avait admirés plus que tout, poussé par les croyance de sa famille et ses rêves d’enfant de devenir un chevalier droit et plein d’honneur, maintenant il avait une vision quelque peu différente. Il était mage, et cela pouvait autoriser des soi-disant Templiers à faire valoir des droits qui n’existaient que dans des tyrannies. Comme se permettre de lire des pages qui ne leur étaient absolument pas adressées par exemple.
Il les reprit rapidement, d’un geste bien plus sec qu’il ne l’aurait pensé. Puis, après avoir à peine prit le temps de lire les premiers mots, il les jeta dans la rivière. Personne ne les lira plus, maintenant !
Était-il en colère ? En plus de la peur, de la fatigue et de la faim, il y avait quelque chose de brûlant à l’intérieur de lui, et la présence de cette Rita Aelesia n’arrangeait rien.
« Les Cercles n’existent plus ! Vous essayez sûrement de m’amadouer avec de la nourriture, je sais ce que ceux comme vous font aux mages. Comme moi. Pourquoi vous pensez que je sois parti ? Que je ne sois pas resté avec ces mages ? Hm ? Je leur avais dit que c’était une mauvaise idée. Ils ne m’ont pas écouté... »
Reprenant peu à peu son calme, le garçon inspira, regarda brièvement autour de lui avant de finalement secouer la tête comme si elle devenait trop lourde pour lui.
« Il n’y a que des mages ou des Templiers dans les Cercles. Vous êtes une Templière, n’est-ce pas ? » Il n’y avait plus de colère dans sa voix, plutôt une sorte de résignation. Les Templiers qui veulent ramener les mages dans des Cercles, cela lui semblait bien évident comme scénario. À l’exception que là, celle qu’il avait devant lui ne l’avait pas avoué directement et essayait de passer par le dialogue et le marchandage.
(c) DΛNDELION
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Rita recula d'un pas lorsque Bryn lui retira les pages des mains.
Elle avait en face d'elle un adolescent avec une attitude reconnaissable : à fleur de peau émotionnellement, méfiant, désireux d'indépendance mais terrifié par le concept malgré tout. Mais comme la composante "mage" était présente aussi, tous les mots de Bryn coupaient Rita comme du verre.
Elle déglutit lorsqu'il jeta les pages du journal dans la rivière.
Dans toute autre situation, elle aurait réfléchit à deux fois avant de les lire. Elle ne savait pas quoi faire pour le calmer, pour le convaincre de sa bonne foi, que le cercle d'Hasmal était un refuge et non pas une prison, et qu'elle n'allait pas le forcer à faire quoi que ce soit, malgré son jeune âge. Elle voulait l'aider, le rassurer, lui dire que ça allait bien se passer, être un socle stable pour lui, faire son vrai travail de Templière et protéger le mage vulnérable qui était en face d'elle. Mais le problème était moins dans ce qu'elle pouvait dire ou faire, et plus dans ce qu'elle était, ce qu'elle représentait.
Elle baissa la tête lorsque Bryn lui demanda, ou plutôt l'accusa, d'être une Templière.
Les flots de la honte repassaient sur elle. Elle avait honte de qui elle était, de ce qu'elle représentait, et ne savait pas comment réagir quand on la forçait à faire face à son statut, tel un badge de déshonneur épinglé sur sa poitrine qu'elle se permettait d'ignorer en regardant loin devant plutôt que juste en dessous d'elle.
Elle releva la tête, esquivant Bryn du regard. « Oui. Je suis une Templière. »
Elle ne savait plus quoi répondre, n'osait plus rien faire. Restait seulement sa détermination qui la poussait à ne pas abandonner le garçon après un échange aussi court et pathétique. Alors elle restait plantée là, sans rien dire.
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Deux êtres un peu perdus
Rita & Bryn
« Sometimes you don’t know who you can and cannot trust. I still learn that over and over again. »
« Oui. Je suis une Templière. » Le jeune garçon se figea rien qu’en entendant ces mots. Elle avouait… Elle avouait, et elle gardait son regard sur lui, comme si elle attendait sa réaction. Mais que pouvait-il dire ? Ces derniers temps, il n’avait fait que fuir les mages et les Templiers, car les deux camps étaient devenus complètement hors de contrôle, comme si la folie s’était emparée d’eux. Les uns comme les autres, ils ne rêvaient plus que de destruction, et peu importait ce qu’ils emportaient dans leur passage. Il la fixa, les lèvres à moitié entrouverte sans savoir comment réagir à présent.« Vous…! »
Ses mots restaient bloqués dans sa gorge tant qu’il n’arrivait pas à articuler ses pensées. Un tas de choses se pressaient dans son esprit. Il était épuisé de cette guerre, de ces combats, de ces oppressions, de dormir dehors et de manger des miettes épargnées et oubliées. Alors oui, voir une Templière gentiment clamer qu’elle voulait le remettre dans un Cercle, après tout ce qui se passait, comment ne pouvait-il pas ressentir la moindre rancœur, la moindre colère ? Il était si indigné ! Et effrayé. Et fatigué. Et affamé.
« C’est à cause de vous, tout ça ! Ces guerres, ces… »
Il se coupa. Bryn n’était normalement pas un garçon qui ressentait aisément ce genre de sentiments. Il était normalement d’un tempérament calme, doux. Rien à voir avec ce qui régissait son cœur à cet instant.
« Pourquoi nous faites-vous cela ? Nous pourchasser et nous mettre dans des prisons que vous appelez des Cercles ? Et malgré tout ce chaos, vous continuez ! »
Toujours à aller chercher des mages, et les mettre dans leurs fichus Cercles. L’emprisonnement ou l’anarchie, le chaos, voilà bien les seuls choix qu’on laissait aux gens comme lui, les gens nés avec de la magie dans les veines sans qu’ils ne l’aient demandé.
« Pourquoi ne pas nous laisser tranquilles une bonne fois pour toutes ?! »
(c) DΛNDELION
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À force de donner des coups de pied dans la porte, elle avait fini par céder, et les tirades de Bryn firent enfin comprendre à Rita qu’elle n’avait aucune chance.
Bryn était un garçon en plein dans son adolescence, et venait avec cette adolescence l’impossibilité de le calmer, d’appeler à la rationalisation, de discuter, et d’atteindre une conclusion satisfaisante pour les deux partis.
Ce genre de cas était courant. Se remettant un peu de sa stupeur, Rita commençait à tirer des conclusions appropriées qui l’avait servie pendant tout son exercice pour l’Ordre.
Les adolescents en crise, on ne leur laissait pas le choix, on les embarquait.
Sauf que ça, elle ne devait et ne pouvait plus le faire, en tout cas pas si elle voulait conserver ce qu’elle considérait comme étant son dernier brin d’humanité restant. Sans parler du fait que ça serait retomber dans les mêmes schémas qui avaient causé cette maudite guerre. Elle se retrouvait donc ainsi face au mur, sans issue possible.
Du moins, sans issue où Bryn se retrouvait à Hasmal. Elle pouvait, après tout, décider d’aller à l’encontre de ce qu’il lui semblait être du bon sens et à laisser cet adolescent tout seul dans un environnement qui lui était hostile.
Et dans un bref moment de lucidité, plutôt que de rester plantée là sans rien dire à quelqu’un qui ne l’écoutait pas de toute manière et avait juste beaucoup, beaucoup de choses sur le coeur, elle décida de changer de plan et travailler en accord avec les conditions réelles de sa mission.
Elle ouvrit son sac, et le jeta aux pieds de Bryn. Avec un ton direct et approprié pour une mise à niveau d’un collègue, elle commença à en décrire son contenu :
« Tu as là-dedans deux gourdes d’eau propre, de la viande de mouton, du blé, un sac de couchage en fourrure, ainsi que le nécessaire pour préparer un feu de camp. »
Elle fit un pas en avant, fixant Bryn droit dans les yeux d’un regard sévère et intense, sa voix en concordance totale avec son expression :
« Tu as intérêt à rester en vie. »
Elle ramassa ses armes plus loin, et fit demi-tour. Par chance, elle avait réussi à retenir ses tremblements de main le temps de donner son briefing.
Mais tant qu’elle n’était pas hors du champ de vision et d’ouïe de Bryn, hors de question de frapper un arbre adjacent en rugissant. Juste après ça, par contre...
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Bryn était un garçon en plein dans son adolescence, et venait avec cette adolescence l’impossibilité de le calmer, d’appeler à la rationalisation, de discuter, et d’atteindre une conclusion satisfaisante pour les deux partis.
Ce genre de cas était courant. Se remettant un peu de sa stupeur, Rita commençait à tirer des conclusions appropriées qui l’avait servie pendant tout son exercice pour l’Ordre.
Les adolescents en crise, on ne leur laissait pas le choix, on les embarquait.
Sauf que ça, elle ne devait et ne pouvait plus le faire, en tout cas pas si elle voulait conserver ce qu’elle considérait comme étant son dernier brin d’humanité restant. Sans parler du fait que ça serait retomber dans les mêmes schémas qui avaient causé cette maudite guerre. Elle se retrouvait donc ainsi face au mur, sans issue possible.
Du moins, sans issue où Bryn se retrouvait à Hasmal. Elle pouvait, après tout, décider d’aller à l’encontre de ce qu’il lui semblait être du bon sens et à laisser cet adolescent tout seul dans un environnement qui lui était hostile.
Et dans un bref moment de lucidité, plutôt que de rester plantée là sans rien dire à quelqu’un qui ne l’écoutait pas de toute manière et avait juste beaucoup, beaucoup de choses sur le coeur, elle décida de changer de plan et travailler en accord avec les conditions réelles de sa mission.
Elle ouvrit son sac, et le jeta aux pieds de Bryn. Avec un ton direct et approprié pour une mise à niveau d’un collègue, elle commença à en décrire son contenu :
« Tu as là-dedans deux gourdes d’eau propre, de la viande de mouton, du blé, un sac de couchage en fourrure, ainsi que le nécessaire pour préparer un feu de camp. »
Elle fit un pas en avant, fixant Bryn droit dans les yeux d’un regard sévère et intense, sa voix en concordance totale avec son expression :
« Tu as intérêt à rester en vie. »
Elle ramassa ses armes plus loin, et fit demi-tour. Par chance, elle avait réussi à retenir ses tremblements de main le temps de donner son briefing.
Mais tant qu’elle n’était pas hors du champ de vision et d’ouïe de Bryn, hors de question de frapper un arbre adjacent en rugissant. Juste après ça, par contre...
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Deux êtres un peu perdus
Rita & Bryn
« Sometimes you don’t know who you can and cannot trust. I still learn that over and over again. »
Elle ne répondait pas à la moindre de ses provocations. Au contraire, elle restait de marbre devant lui, à le regarder avec des yeux… calmes. Tristes. Sévères. Au fond de lui, l’adolescent comprenait qu’elle essayait de lui parler, mais lui, il ne voulait certainement pas entendre ! Il en avait simplement assez. Des mois, des dizaines de mois à fuir et éviter la moindre rencontre de peur de simplement rencontrer des gens… Aux yeux d’un jeune garçon comme lui, cela sonnait tout simplement comme une éternité ! De quoi perdre la raison. Tous ses repères.Le sac qu’elle lui jeta devant lui vint le surprendre. Sans qu’il ne comprenne vraiment pourquoi… La simple évocation de l’eau, de nourriture, lui rappela qu’il n’avait rien avalé depuis des jours. Il resta immobile, interdit, relevant cette fois un nouveau regard vers la Templière.
Pourquoi donc faisait-elle une chose pareille ?
« Tu as intérêt à rester en vie. »
Pourquoi ?
Ce simple mot se trouvait sur ses lèvres, mais il ne parvint pas à le prononcer. Quel intérêt pour une Templière de se soucier d’un mage comme lui ?
Il ne savait même pas pourquoi il restait en vie.
« Vous n’allez pas essayer de m’emmener de force ? »
C’était connu, pourtant. Les Templiers l’avaient toujours fait, et même maintenant quand les lois avaient tout simplement disparu, certains membres de l’Ordre se faisaient encore un devoir de traquer les mages et de les enfermer dans des prisons qu’ils osaient appeler des Cercles. Pourtant, la Templière devant lui semblait avoir déjà écarté cette idée de son esprit. Elle allait le laisser partir, avec des vivres – et des vivres en or, pas simplement un bout de pain rassis – avec ce simple ordre de rester en vie.
Évidemment, il resta malgré tout sur ses gardes, méfiant et bien trop perdu pour réellement pouvoir prendre le recul nécessaire sur la situation. Mais dès qu’elle tourna les talons et qu’elle s’écarta, lui s’approcha du sac et posa enfin le regard sur son contenu. Elle ne lui avait pas menti… Par le Créateur, elle n’avait pas menti.
Il releva ses yeux vers sa direction, mais elle n’était plus là.
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