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Sam 10 Nov 2018 - 7:55

Anonymous
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L'attaque devait avoir lieu demain. Tout était prévu. Demetri, Siha et les autres devaient organiser la défense du bascloître. Je devais finir de mener à bien ma mission puis les rejoindre. Je devais être là pour aider les miens...

Alors qu'elle arrive aux portes du bascloître, le cœur de Briala se fissure. Elle croise un cadavre, puis un autre. Elle ne comprend pas, elle n'arrive pas à trouver l'élément qui a bousculé leurs plans. Elle inspire, expire, chasse la peine pour retrouver la colère, chasse le flou pour retrouver le concret. Arc en main, une flèche prête à être encochée, sa silhouette se faufile dans les rues à la recherche d'une âme en vie. Elle croise des corps vidés de leur âme, du sang, la dévastation. Mais elle ne voit plus rien, elle ne se laisse plus atteindre. Elle pleurera son peuple plus tard. Elle peut encore faire la différence, sauver une vie.

Un bruit, elle se glisse derrière un coin de mur, encoche. Prête à frapper. Un coup d’œil. Des elfes. Elle détend la corde de son arc, sort de sa cachette. Bien que son armure soit plus sophistiquée que la plupart des elfes, on la reconnait. Les Felassan ont l'habitude de l'apercevoir, discutant avec leurs chefs, avec leurs Flèches. Ils connaissent tous son nom, bien qu'ils ne soient pas sûrs de ce qui relève de la légende ou de la réalité. Elle fait signe à l'un d'eux de s'interrompre tandis que les autres poursuivent leur chemin, les bras chargés par un jeune blessé qui semble encore respirer, pressés par le temps. L'elfe arrêté lui fait un rapport, la voix raillée par la tension. Il lui raconte ce qu'il sait, c'est-à-dire peu. Les Chevaliers. Les blessés. Les morts. La Templière. L'Archiviste Bellanaris. La voix de l'elfe se brise, Briala pose une main sur son épaule pour lui insuffler un peu de force. Elle doit leur offrir une porte de sortie, avant que d'autres Chevaliers arrivent, ou que la Chantrie s'en mêle.


« Fais passer le message aux nôtres et à tous ceux qui chercheraient un refuge. Cherchez les blessés, sauvez ceux  que vous pourrez, puis rendez-vous à l'entrée Est du bascloître. Nous partirons au plus vite. »

Il opine du chef, ne souffle mot et part en courant rejoindre les autres. Avant de rejoindre le point de rendez-vous pour accueillir les siens et les guider vers leur refuge, elle se met en recherche de son vieil ami Archiviste. S'il était sur la scène principale, il saura mieux lui dire ce qu'il s'est passé. Elle s'élance vers la provenance du groupe d'elfes qu'elle a croisé, toujours prête à tirer en cas de danger. Elle se retient cependant de lever son arc à chaque bruit qu'elle entend, car déjà le bascloître s'est remis en marche, à la recherche de survivants. Elle se doute que Siha a dû se mettre à l'abri, alors elle prend les rues traverses, cherche sa silhouette fine et élancée, ses longs cheveux bruns. Après de trop longues minutes à courir, elle l'aperçoit au loin. Il marche plus qu'il court, le dos courbé par la fatigue... Ou par la douleur ? Il est couvert de sang. Briala se presse, le rattrape, rangeant son arc et sa flèche pour le soutenir s'il en a besoin. Elle refoule la panique au fond de sa gorge.

« Siha ! »

Sam 17 Nov 2018 - 14:19

Anonymous
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La fumée ocre se leva depuis l'âtre de la cheminée, emportant les traces de sa courte interprétation de Michel dans son nauséabond sillage. Accroupi devant le feu qui crépitait en dévorant les vêtements déchirés qui le rattachaient à une tragédie dont il avait été l'acteur principal, Siha les regardait dans l'espoir de les faire disparaître plus vite. Pourtant ces derniers continuaient de se consumer avec une lenteur insupportable, l'élégant uniforme résistant aux flammes, comme désespérément obstiné à protéger ce qu'il représentait. Mais au final, tout comme les elfes de Val Royeaux en cette aube maudite, tôt ou tard il plierait et finirait par disparaître en cendres, éconduit par une violence aveugle et gratuite.

Siha se ratatina un peu sur le sol de terre battue, se faisant tout petit de sorte à ne toucher aucun des cadavres qui l'entouraient. La vieille dame dormait éternellement dans son lit avec un sourire figé, ses rêves étant aussi muets que ses lèvres closes. Sa fille était désormais allongée les bras croisés sur le ventre, sortie de sa condition de poupée désarticulée par l'archiviste n'ayant pas eu le courage de la laisser abandonnée à son sort, pas sans au moins prononcer quelques prières rituelles. Leurs paupières à jamais fermées ne pouvaient plus voir ce qui se passait en leur humble demeure à la porte à moitié défoncée, et pourtant plus que jamais le dalatien se sentait épié et... sale.
Enfilant à nouveau sa chemise crasseuse en serrant les dents, il fronça les sourcils et inspira profondément, certain que la douleur n'était rien qu'une conséquence méritée de ses crimes. Le sang coula à nouveau de ses blessures mal refermées, se diluant dans le tissu déjà intensément rougi à plusieurs endroits. D'une main insouciante il pressa la plaie sans trop y réfléchir, ne retrouvant ses esprits qu'à la vue du sang sur ses doigts fins. Pris d'un vertige il chercha à se relever et buta contre le mur le plus proche, funambule ivre incapable de danser sur la corde raide plus longtemps. Des visions assaillirent son esprit confus, son corps manquant de s'écrouler à l'entrée de la masure.

Le jugement. Une paire d'yeux gris aussi froids que de l'argent, l'expression d'un joli minois uniquement sensible à son propre deuil. L'indifférence. Le sourire désolé de celle qui s'excuse sans en penser un seul mot, telle l'amante qui a finit par se lasser d'un amoureux trop insistant. L'abandon. La trahison. Le sacrifice d'une existence entière au service d'autrui, le poids de nombreux lourds secrets, l'humiliation générée par la condescendance de ses pairs et leur suspicion constante et enfin... toutes ces vies perdues.
L'échec. La Rage.
Une conversation de sourds, deux personnes prisonnières de mondes incompatibles, deux hahls tirant l'Aravel en des directions opposées. Un corps plié et immobile entre ses bras, la gorge minutieusement tranchée pour l'empêcher de crier. Le cœur transpercé d'une lame qui semblait y avoir si aisément trouvé sa place, comme une épée légendaire ayant enfin trouvé son socle de pierre. La traîtresse avait péri un peu trop vite à son goût, dénuée de remords ou de honte, bien plus proprement que ceux à qui elle n'avait pas hésité à tourner le dos. La douleur aurait dû être son seul châtiment, mais là encore ce serait une libération bien trop douce. Le temps lui avait manqué plus que la sauvagerie et finalement c'est le pied lourd qu'il avait abandonné l'opportuniste dans un caniveau immonde, là d'où elle n'aurait jamais dû sortir en quête d'admiration.

Une inspiration, puis une autre. L'odeur de tissu brûlé et de sang le ramenèrent à la raison mais animèrent sa poitrine d'un violent haut le cœur. Se précipitant vers la sortie d'un pas chancelant, Siha plissa les yeux fasse à la lueur brillante de midi, puis s'engouffra dans la ruelle la plus proche. Navire sans boussole, il serpenta dans les allées désormais désertes à la recherche d'un visage connu, d'un appel qui puisse enfin briser ce silence pesant. S'arrêtant pour ne pas rendre le contenu de son estomac sur les pavés, il lui fallut quelques instants pour voir clair entre la réalité et le délire suscité par sa fièvre.
Dans la précipitation il se rattrapa sur des débris de tonneau et de nombreuses échardes se plantèrent dans sa main droite, mais à ce stade plus rien n'a d'importance... Son corps entier brûlait. Des voix. Il lui semblait entendre des voix. Si seulement il pouvait continuer encore un peu, si seulement ses jambes acceptaient de le porter plus loin...

Le mage ferma les yeux un instant en se sentant tomber. Intérieurement il était déjà résigné à encaisser l'impact avec le trottoir, mais finalement il sembla amorti par quelque chose de chaud et doux. Ses cheveux tombèrent sur son visage blême en un rideau chaotique, l'empêchant de voir ce qui -ou plutôt qui- l'étreignait si gentiment. Il se débattit faiblement comme un naufragé qui boit la tasse, néanmoins la douleur traversant son thorax le rappela vite à l'ordre et lui arracha une plainte. Il cessa enfin de bouger lorsque la voix familière de son amie parvint à percer à travers le délire. Balbutiant la seule chose qui avait vraiment de l'importance à ses yeux, il fit un effort pour articuler distinctement.

« Je suis désolé Bria... Tout ça est de ma faute. »

Mar 22 Jan 2019 - 13:09

Anonymous
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Elle le prend dans ses bras, l'étreint sans trop serrer, le tient, le berce. Elle a peur des blessures sous ses vêtements, espère que tout ou partie du sang qui le recouvre n'est pas le sien. Elle lui parle, lui murmure des mots inutiles, simplement pour l'appeler, le ramener dans sa réalité. Enfin, il semble la reconnaître, il lui répond. Ses excuses brise le cœur de la Felassan. S'il y a un fautif, ce n'est pas lui. C'est elle, qui n'est pas arrivée à temps. C'est Demetri, qui a abandonné les siens. Ce sont les Chevaliers. Ce sont les shems. C'est l'Impératrice, qui n'a rien fait pour les elfes. C'est elle, qui a choisi l'Impératrice en premier lieu... Elle relève le visage de l'Archiviste dans ses bras, doucement, tendrement, et éloigne les cheveux de ses yeux. Elle colle son front contre le sien, murmure que tout ira bien, que tout va s'arranger. Elle n'y croit pas. Mais en cet instant, elle a besoin d'y croire. Pour lui. Pour eux. Pour leur peuple.

Elle l'entraîne vers l'intérieur d'une maison vide, le soutenant pour ne pas qu'il tombe. Elle l'assoit sur une paillasse, rapproche le seau d'eau posé à l'entrée, attrape des tissus qui dépassent d'un coffre. Peu importe qui vit - ou vivait - là, elle laissera quelques pièces et une miche de pain, pour remplacer ce qu'elle aura taché. Elle débarrasse l'Archiviste de sa tunique, sans lui demander son avis, et entreprend de laver ses plaies. Elle fait de même pour ses jambes, et son pied devenu violet et gonflé. Elle parle pour garder son attention, pour combler le silence pesant. Elle lui raconte sa mission précédente, loin du bascloître, loin de Val Royeaux. Une fois propres, elle bande ses plaies et son pied après les avoir recouverts d'herbes médicinales broyées qu'elle a trouvées dans la cuisine, et protège ses mains desquelles elle n'a pas le temps d'enlever les échardes enfoncées. Tout cela terminé, elle relève la tête et plonge son regard dans le sien, se rendant compte que jusque là elle avait évité de regarder ses yeux.

Il est temps de se ressaisir. Notre peuple nous attend.

« J'ai donné rendez-vous aux nôtres à l'entrée Est du bascloître. Nous devons rentrer au plus vite, une fois qu'il n'y aura plus rien à faire ici. Il y a tellement de choses... »

Elle craint de lui demander un rapport, elle craint de le brusquer. Il semble brisé, perdu, noyé. Mais elle doit réveiller en lui le leader, l'être rationnel et réfléchi. Elle voudrait lui accorder un instant de répit, mais leur situation ne le permet pas.

« Raconte moi ce qu'il s'est passé. »

Mer 23 Jan 2019 - 15:58

Anonymous
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Son corps était une coquille vide de volonté ou de forces et même sa voix enrouée était coincée dans sa gorge. Après les excuses balbutiées à son amie, Siha resta muré dans un silence coupable et suivit le mouvement, repoussant consciemment l'inévitable confession de son échec. S'il protesta mollement de douleur ou à l'occasion de ces soins qu'il jugeait ne pas mériter, il n'eut pas l'énergie ou l'ingratitude de vraiment repousser son aide.
Pendant plusieurs minutes il observa les mains de Briala avec attention, se demandant comment ces armes dont il l'avait vue se servir plusieurs fois étaient aussi capables d'autant de douceur. Au milieu de sa confusion fiévreuse et surtout du tumulte dramatique de la matinée, la délicatesse avec laquelle la maître espionne s'occupait de lui faillit bien rompre le barrage de larmes contenues. Pourtant le dalatien se contenta d'une longue inspiration et d'un regard évasif, son front brûlant et le cœur cognant comme un tambour.

Néanmoins en dépit du capharnaüm d'émotions, un sentiment grandissait à vue d’œil, indomptable. La honte de l'échec et du crime, que son corps frêle et ensanglanté représentait dans la plus visible des métaphores. Retenant son souffle, le dalatien se mordit la lèvre jusqu'au sang pour se retenir de fuir comme s'il avait les démons aux trousses ou d'empêcher Briala de se souiller en le touchant. Poings serrés contre la paillasse, mâchoire crispée, il regretta que ses jambes ne puissent le porter.
Transpirant à grosses gouttes, Siha n'avait pas froid. Le regard baissé sur le sillon mal refermé qui traversait son corps subtilement -mais définitivement- féminin, il n'osa croiser le regard de son amie de peur de ce qu'il pourrait y voir. Marmonnant des mots sans aucun sens, il en revint à la langue de ses ancêtres par pur réflexe. Pour ce que cela pouvait valoir comme réconfort à l'heure actuelle...

Il était resté sagement allongé sur le dos faute d'autres options viables, ses cheveux en bataille couronnant sa tête en une sombre auréole. Distrait, il avait même essayé de retirer les plus grosses échardes de sa paume, écoutant le récit de mission d'un esprit semi absent. Le mage eut une pensée pour la chaleur de son Aravel, le sourire de Sehariel et d'un battement d'ailes de mésange. Des images destinées à lui faire garder les pieds sur terre et le projeter loin de l'horreur présente. Au milieu de cela la voix de Briala était l'ancre de sa réalité, dans sa mélodie purement orlésienne et sa tendresse qu'on réserverait à un enfant effrayé.
Mais finalement l'histoire arriva à sa fin, et il en fut de même pour son déni de fugitif. La dernière exclamation eu le don de le ramener à son devoir et ses responsabilités, l'éducation et le travail d'une vie qui le définissaient mieux que n'importe quel adjectif. Siha soupira et ferma les yeux en tombant le masque, une grimace plissant ses lèvres en un rictus amer.

« Merci. » Dit-il faiblement en premier, posant sa main saine sur celle de Briala de sorte à ce que leurs regards se croisent enfin.

Un silence s'étira ensuite, parce que tous les mots lui semblaient maladroits et incomplets, voire complètement inadéquats. Par quel bout fallait-il commencer, par quel miracle arriverait-il à faire sens de ce qui lui restait de raison ? Siha repoussa quelques mèches de ses yeux ambrés, trop fatigué pour ébaucher le souhait de se rhabiller. De toute façon quelle importance cela pouvait-il bien avoir, désormais ?

« Rentrer, mais rentrer où ? »

Laissant planer cette question qui avait mis du temps à faire son bonhomme de chemin jusqu'à son cerveau embrouillé, il ne comprenait pas. Portant une main à sa tempe, il agita la tête dans l'espoir d'y faire lumière. Mauvaise idée. Un vertige le prit aux tripes et il lui fallut plusieurs secondes d'intenses efforts pour calmer les nausées. Toutefois la demande de Briala tomba dans la pièce telle un couperet,... légitime de surcroît.

Il lui devait une réponse.

« Les nobles sont arrivés dès l'aube, nous avons à peine eu le temps d'adapter un plan sur le tas et faire les préparatifs. Les Felassan on risqué leurs vies pour attirer l'attention et gagner du temps, même si la plupart a fui dès la première occasion. » Il soupira. « J'ai volé l'identité de Michel de Chevin, et intercédé auprès des orlésiens pour les décourager de tuer les nôtres. Quelques uns sont partis, mais la plupart est restée. Nous en avons appelé à la Chantrie, mais presque personne n'a volontairement accepté d'intervenir. Une templière et quelques religieuses, c'est tout. »

Son expression se fit sévère et blanche comme une page vierge. Ses pensées volèrent une nouvelle fois vers Léah, dans un mélange de regret et de colère. Il lui serait éternellement reconnaissant d'avoir combattu à ses côtés, mais ne pourrait jamais lui pardonner de l'avoir trahi au profit d'un meurtrier. Quoi qu'il en soit cette partie du récit attendrait un autre jour, la blessure était encore trop vive.

« J'ai appelé au sens de l'honneur des aspirants pour faire couler le moins de sang possible, et proposé un duel. En cas de victoire des elfes, ils devraient partir. En cas de victoire des orlésiens, De Chevin porterait une recommandation afin qu'ils soient adoubés sur le champ. Ils ont choisi un salaud du nom de Renart pour combattant. » Ce seul nom lui écorcha les lèvres et il le cracha avec dégoût. Cet homme mourrait avant que le soleil ne se lève de nouveau, il n'avait pas oublié sa promesse. « Demetri était toute choisie pour représenter les elfes... Mais elle a renoncé au dernier moment. Fui comme une... »

Il ne put continuer telle fut la rage sourde qui le fit se redresser sur le coude, et aussitôt grogner de douleur. Mais il ne s'arrêta pas, pas maintenant qu'il était lancé.

« Elle s'est cachée derrière les siens, et a poussé la templière à prendre le relais. Les chevaliers l'ont vécu comme une insulte et cela a flanqué en l'air notre seule chance d'éviter ce massacre. La templière et moi nous sommes battus pour les arrêter et avons réussi à sauver le hahren pris en otage par Renart, mais j'ai bien peur que ce soit là toute l'étendue de ma réussite. Cette souillon nous a abandonnés... » Il serra de nouveaux les poings, le visage bleui de la jeune femme planant dans ses souvenirs. « Alors je l'ai tuée de mes mains. »

Les yeux fermement plantés dans ceux de Briala, Siha ne cillait pas.


Sam 26 Jan 2019 - 18:01

Anonymous
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L'elfe accueille avec émotion les remerciements de l'Archiviste. Elle ne s'est pas occupée de quelqu'un avec tant de patience et de douceur depuis qu'elle a quitté l'autre moitié de son cœur, celle qui l'a anéantie. Mais panser les blessures de Siha n'a pas le même sens, pas le même écho en elle. Lui parler de son plan immédiatement semble improductif. Il y aurait tant à dire, tant à expliquer. Et elle a tant de choses à savoir auparavant.

« Ne t'en fais pas pour ça. Fais moi confiance. »

Les mots la heurtent. Il a tous les droits de ne pas lui faire confiance, elle qui n'a pas été là, elle qui n'est arrivée qu'après la bataille. Elle attend, patiemment, sa réponse. Prévenante, elle s'apprête à le rattraper si besoin. Elle attrape un drap sur le côté pour couvrir le corps de son ami - ou devrait-elle dire amie... mais elle se préoccupera de cela une autre fois - et lui offrir un peu de pudeur, protéger son corps des frissons qu'elle voit courir sur sa peau.

Au fil du récit, patiente et silencieuse. La colère envahit de nouveau ses pensées, mais elle la fait taire, pour le moment. Elle enregistre les informations qu'elle reçoit, encre les noms dans son esprit. L'évocation de Michel la trouble, mais elle ne laisse rien paraître. Elle n'a jamais évoqué leur passé commun à quiconque, protégeant l'humain, ou plutôt le demi-elfe, Chevalier. Elle ne peut oublier les traits de son visage au moment où elle a invoqué la faveur qu'il lui devait, au moment où il a baissé les armes contre son ennemi, trahissant l'Impératrice, pour garder son honneur. Si Briala s'était toujours rit du soi-disant honneur des Chevaliers, Michel lui avait prouvé qu'il était réel, bien que rarement partagé. Elle avait usé des faiblesses, mais aussi de la plus grande force, de l'homme, pour obtenir ce qu'elle voulait... Mais elle ne regrette pas. Elle ne regrettera jamais, car c'est grâce à ça qu'elle a obtenu la plus grande arme pour son peuple.

A la manière dont Siha crache le nom de Renart, elle sait que le shem ne vivra pas longtemps. Elle est prête à sortir immédiatement pour égorger l'Orlésien, si Siha n'en a pas la force. Et puis il y a Demetri... Si elle connaissait les failles de la Flèche, elle n'aurait jamais imaginé la guerrière les abandonner de la sorte. Elle était certes un pantin, un visage choisi par Briala pour qu'elle puisse elle-même rester dans l'ombre de l'organisation. Mais elle avait un honneur... Du moins la Maître Espionne le croyait-elle, jusqu'à maintenant. Elle tombe des nues, et elle s'en veut. Demetri a servi son rôle une année durant, mais sans elle ce massacre aurait été évité. Si Briala ne s'était pas cachée, si elle avait assumé son rôle... Tout aurait été différent.

La mort de Demetri au-dessus de l'elfe. Tout ce qui l'inquiète, c'est l'effet de ce meurtre sur l'esprit et le cœur de son ami. Avait-il même déjà tué avant ? Elle tend la main et la pose sur la joue de l'Archiviste, sans rompre leur contact visuel. Avec douceur, elle caresse la pommette saillante de son pouce.

« Ce qui est fait, est fait. Tu as fait tout ce qui était en ton pouvoir, et tu as sauvé le hahren. Le reste n'est pas de ton fait. A présent il faut avancer. »

Elle sait que ses mots n'auront pas forcément de sens immédiatement. Elle a mis du temps à accepter certains massacres qu'elle n'a pas pu éviter, à accueillir leur poids sur son cœur et à avancer pour les survivants, à la mémoire des autres. Ceux qui n'en ont pas réchappé.

Elle récupère dans le coffre de tissus de la maisonnée des vêtements propres pour l'Archiviste. Avec douceur, elle l'aide à les enfiler. Elle souhaiterait lui donner du temps, ne pas le brusquer, mais ils doivent partir au plus vite. Ils se reposeront une fois tout le monde à l'abri dans leur bastion.

« Qu'est-il arrivé à Renart ? »

Si les prochaines étapes à réaliser dans l'heure se construisent dans sa tête, elle doit d'abord laisser statuer son ami sur le devenir de l'apprenti Chevalier.


Jeu 31 Jan 2019 - 23:02

Anonymous
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Il était trop tard pour faire machine arrière, pour sauver ceux qui avaient été passés au fil de l'épée, ou même cacher l'imperfection blessée de son corps pâle. Écartant le drap d'une main molle et fatiguée, il refusa le confort qu'il jugeait ne pas mériter. Et puis maintenant que Briala connaissait son 'secret' en plus de son crime, quelle différence cela pouvait-il bien faire ?
Le silence le gagna de nouveau en même temps qu'une ambiguë culpabilité. Le mage était sincèrement désolé de ne pas avoir réussi à éviter un bain de sang et protéger des innocents comme Bael, dont la vie serait irrémédiablement changée à tout jamais. Néanmoins malgré le sang versé, en son cœur il n'y avait de place pour les remords concernant Demetri. En vérité s'il devait être honnête, c'était sûrement cette rage capable de le pousser à de tels extrêmes,  cette indifférence envers les conséquences, ce vide profond, qui le terrifiait plus que tout.

Déglutissant au contact de Briala, Siha relâcha un souffle chargé de lourds non-dits. Il s'était mentalement préparé à de l'écœurement, des remontrances, de la crainte même. Et pourtant dans le joli regard qui lui faisait face il n'y avait qu'une insupportable douceur, et le désir de faire le nécessaire pour l'avenir. Un avenir qui semblait chargé d'amertume et de perte, mais qui était également la seule chose qui leur restait.
L'archiviste baissa le regard, pensif. Il était trop tôt pour que les mots de son amie puissent porter leur raison, mais le pragmatisme avait au moins l'avantage de le recentrer sur ce qui comptait vraiment. Les vies des survivants, la mort de Renart. D'un léger grognement plaintif il se redressa sur son séant, une main posée sur son flanc rougi. Plus efficace qu'une gifle, le nom de l'orlésien avait été un électrochoc le ramenant à la réalité et le besoin de faire quelque chose pour tenir son serment.

« Une fois le hahren en sécurité, je l'ai immobilisé avec ma magie... mais la templière l'a scellée avant que je puisse faire quoi que ce soit. Elle a laissé partir Renart en vie, malgré les meurtres que ce dernier a commis sous ses yeux. » Cracha-t-il avec fiel, ne comprenant toujours pas comment cette femme prônant la paix et la vertu avait pu le laisser faire.

Le sens de la supposée 'Justice' shem était toujours aussi navrant... quoiqu'il ne soit plus vraiment une surprise. Cela avait été une grossière erreur de penser qu'ils sauraient mettre leurs préjugés de côté, et désormais Siha payait le prix de sa naïveté. Il lui coûtait de l'admettre, mais il aurait dû écouter Jillian et Sehariel...

« Cet homme ne peut pas vivre après ce qu'il a fait. Il ne peut pas ! » Sa voix basse était coupante, la conviction se faisant certitude et supplique à la fois. « Tu peux prendre les devants et évacuer les blessés mieux que moi, tu connais la ville. Je vais me reposer quelques heures. Lorsque mes forces reviendront je vais me soigner et partir à sa recherche. Il est aussi affaibli alors cela ne devrait pas être trop difficile de terminer ce que j'ai commencé. »

Jeu 14 Fév 2019 - 18:37

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La colère sourde qu'elle entend dans les mots de son ami est une lame qui s'enfonce dans son dos, alourdissant encore et encore le poids que Briala porte. Elle ne peut laisser Siha se perdre dans la rage et la vengeance comme elle s'y est perdue autrefois, comme encore elle se perd parfois. Elle est la colère, il est la raison. L'inversion de leurs rôles sonne faux. Cette haine des shems ne sied pas à la douceur et l'optimisme pragmatique de l'Archiviste.

« Repose toi. Je vais faire garder ta porte à l'un des nôtres, et aller m'occuper de l'évacuation. »

Elle tend la main une dernière fois vers son ami, caresse avec tendresse et douceur sa joue à présent propre.

« Repose toi, Falon. Tu auras besoin de forces pour ce qui nous attend. »

A contrecœur, l'orlésienne s'éloigne de l'Archiviste, met près de lui de l'eau, un fruit et un bout de pain. Il aura probablement faim et soif à son réveil, une fois le choc passé. Un dernier regard vers le dalatien, une boule au ventre. Elle ne veut pas le laisser là, seul avec ses pensées. Mais elle a tant de choses à faire, elle ne peut pas abandonner une fois de plus son peuple, pas alors qu'il souffre par sa faute.

Une fois la porte passée, elle interpelle un Felassan qu'elle reconnaît vaguement. Lui ordonne de rester là garder la porte, de s'assurer que personne ne vienne déranger l'Archiviste, et qu'il ne sorte pas tant qu'elle n'est pas revenue. Avec un peu de chance, Siha ne tentera pas de contrer son ordre et de partir quand même. Avec un peu de chance, il se reposera réellement, et sera dans un meilleur état quand elle le retrouvera... Même si elle n'y croit pas vraiment.

*

Elle court à droite à gauche du bascloître, aide à évacuer des blessés vers le point de rendez-vous auquel s'accumulent de plus en plus d'elfes. Des Felassan, oui, mais aussi des citadins révoltés par la situation, effrayés des représailles qui risquent d'avoir lieu, détruits par les meurtres barbares de leurs proches. Toutes ces personnes vont découvrir son secret, mais elle ne peut pas garder les eluvians pour elle plus longtemps. Son peuple a besoin de s'en servir, même si il ne pourra les utiliser sans elle. Elle retrouve, parmi ses nombreux passages dans les rues du bascloître, le hahren, qui lui indique où Renart est gardé. Aux mots de Siha, elle a eu peur qu'il se soit enfui, mais il est resté sur la place, exposé à la vue de tous, évanoui. Le hahren l'a fait attacher et déplacer dans sa hutte. Il confie la vie de cet être abject à Briala, et elle accepte ce présent avec toute la rage qu'elle porte en elle. Elle se retient de l'égorger dans l'instant. Non, elle lui réserve un autre sort. Elle l'amène sur le lieu du rendez-vous, charge un de ses agents de le surveiller. Plusieurs heures ont passé, il est temps de retrouver Siha.

*

De retour à la maison où elle a laissé son ami se reposer, elle pousse la porte et parle doucement, pour le réveiller sans sursaut, s'il est encore endormi.

« Siha, il est temps d'y aller... »

Dim 17 Fév 2019 - 21:52

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Depuis sa plus tendre enfance jusqu'à maintenant, Siha était trop indépendant pour suivre les consignes d'autrui ou réellement respecter les figures d'autorité, fusse par pur défi ou par élan de fierté. Malgré les lourdes conséquences de sa rébellion répétée, se montrer obéissant n'avait jamais été son point fort... Sans doute était-ce une des raisons qui lui avait fait finalement accepter le rôle d'archiviste : ce doux mirage de voir moult têtes se baisser au commandement de sa main, plutôt que de faire partie intégrante du troupeau guidé.
Bien entendu la brutale réalité l'avait rattrapé bien avant que les engeances ne volent le dernier souffle d'Eluthel il y a trois ans, mais il était déjà bien trop tard pour faire machine arrière. L'obstination était l'arme du résistant autant que le piège dans lequel il était enfermé.

C'est pourquoi lorsque Briala lui imposa le repos, la colère vengeresse clairement étendue sur le visage, Siha eut tout d'abord le réflexe de se redresser et de fermement contester son départ. Hélas son état physique et mental ne permettaient pas le luxe de tels mouvements, et après une vrille de douleur son buste retomba mollement sur la paillasse. Se mordant la lèvre inférieure, il avait toutes les peines du monde à contenir la frustration de ne pas pouvoir mener son serment à bien, et surtout l'inquiétude de voir Briala faire quelque chose d'insensé en son absence. Ou comment incarner l'ironie de savoir parfaitement qu'il avait été et était encore présentement tenté de se lancer le premier dans ce genre d'initiative.

« Fais attention à toi. Nous avons déjà trop perdu aujourd'hui. » Dit-il en un murmure, effleurant brièvement la main qui avait touché sa joue.

La porte grinça sur ses gonds et se referma en le laissant seul, étendu sur le dos. Ses yeux se perdirent sur le chaume des murs puis sur les vieilles poutres soutenant la toiture, puis enfin sur les quelques vivres laissés à son attention. Ses paupières se firent aussi lourdes que ses membres épuisés. Quelques voix s'exprimèrent en dalatien devant sa porte et comme bercé par cette langue qui l'avait vu naître ; il glissa dans un sommeil agité de rêves confus, mêlés de corps effondrés et d'idéaux d'un nouveau départ.


***


Siha n'était clairement pas remis de ses blessures et n'avait pas non plus ébauché le moindre geste pour refermer ses plaies avec la magie qui lui était partiellement revenue depuis son repli. Au lieu de cela il faisait les cents pas dans la pièce en se tenant le flanc, observé de près par le regard soucieux de son jumeau, qui tentait de lui inculquer de la patience comme il pouvait. Or, rien que cette scène avait un je ne sais quoi de paradoxal, Sehariel pouvant être un exemple de beaucoup de vertus mais certainement pas de celle-là.

« Elle reviendra da'len, attends encore un peu. »

« Tu n'en sais rien, et tu ne sais pas non plus dans quel état elle reviendra. » Siha se pinça l'arrête du nez, se passant une main nerveuse dans les cheveux. « Là dehors, je... Si ça se trouve Br... »

« Par Mythal, tu jacasses plus qu'une corneille féreldienne... »

Exaspéré, le guerrier était appuyé sur un mur, les bras croisés sur le torse, luttant pour ne pas se laisser submerger par la même soif de sang, ou l'envie de secouer son aîné comme un prunier pour le faire taire. C'était ça ou craquer et l'étreindre à lui en casser trois côtes, ce qui lui vaudrait une mort certaine, et à petits feux en plus du reste.
Par ailleurs lorsque la maître espionne revint, Sehariel eut pour réflexe de sortir son arme et la tenir en joue instantanément. Ce ne fut qu'en reconnaissant son visage hâlé qu'il baissa et rengaina sa dague, fort conscient d'être passé à deux doigts de frapper en premier et poser des questions ensuite. Mais pouvait-on lui en vouloir d'être à cran en pareilles circonstances ?

« Hm, ir abelas. » Ronchonna-t-il à contrecœur.

Refermant la porte après avoir jeté un œil dehors. Ne repérant rien d'autre qu'un compagnon Felassan toujours de garde à quelques pas, il soupira de soulagement. Briala était une femme de poigne et il respectait sincèrement sa détermination, même si c'était parfois difficile de saisir les subtilités de son comportement de citadine.

« Hé bien la voilà, tu vas pouvoir arrêter de me casser les oreilles. »

Si les mots de Sehariel étaient un peu durs, le ton n'avait pas la moindre conviction. En vérité tous deux étaient presque aussi inquiets l'un que l'autre, mais il fallait bien que l'un garde la tête froide. Siha par contre... avait encore pas mal de décompression à faire avant de pouvoir se clamer en pleine possession de ses moyens. Aussitôt la jeune femme entrée, aussitôt il l'étreignit d'aussi près que lui permettait son bras sain, traînant la patte pour s'approcher d'elle et récoltant un roulement des yeux de son frère.

« Tu vas bien lethallan, tu n'as rien ? » Se reculant pour l'inspecter, il semblait certes aller mieux physiquement, bien que ses émotions soient toujours à vif.

« Kytha et les autres sont à l'abri. J'ai vérifié moi-même que la plupart des blessés soient réunis là où tu m'as indiqué, Briala. Mais ça ne me dit toujours pas ce qu'on va faire d'eux, ni par quels moyens on va les soigner. On ne peut pas les laisser là trop longtemps. » Il soupira avec lassitude, quoique toujours résolu à passer à l'action. « Même si les Chevaliers leur ont graissé la patte pour qu'ils ferment les yeux, j'ai peur que les gardes finissent par suspecter un tel rassemblement. Tu as un plan ? »

Dim 24 Mar 2019 - 16:41

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Être prise en joue par le jumeau de l'Archiviste, qu'elle ne savait pas présent dans la hutte, la surprend, mais elle se retient de sortir ses propres armes. Tout le monde est à cran. Il range son arme, et elle le salue d'un mouvement de la tête. Dans ses yeux, de la compréhension, du respect. Même s'il leur arrive souvent d'être en désaccord, ils partagent là les mêmes émotions, les mêmes envies. Les mêmes buts. Elle rattrape Siha qui vient vers elle, et l'étreint avec tendresse et douceur. Elle aimerait lui dire la rage qu'elle a ressenti en traînant Renart dans le bascloître, elle aimerait lui partager sa douleur en voyant tout le sang versé dans les rues, tant de sang. Mais elle doit le rassurer, être forte pour lui, pour eux, pour leurs deux peuples.

« Je n'ai rien, je vais bien. Ne t'en fais pas. »

Elle souhaiterait baiser son front, comme il le fait régulièrement, avec Kytha et elle. Elle souhaiterait prendre le temps de le rassurer, de le soigner. Mais la voix de Sehariel la rappelle à sa propre décision. D'abord prendre les choses en main et partir d'ici, le reste attendra. Elle cale son épaule sous celle de son ami pour l'aider à tenir debout, tout en écoutant les paroles du frère de celui-ci. Elle lit les doutes dans ses paroles, les craintes qu'il ressent. Qu'ils ressentent tous. Peut-être leur témoignera-t-elle sa gratitude un jour, pour l'avoir écoutée sans la questionner. Une fois qu'ils seront à l'abri.

« Bien sûr que j'ai un plan. » Elle espère que la question était rhétorique, elle n'aurait pas mis les siens en danger en les rassemblant tous, si elle n'avait pas de plan. « Et nous devons partir au plus vite. Autant d'elfes se déplaçant ensemble sera louche, nous devrons presser le pas pour éviter les ennuis. Mais nous devrions arriver sans encombre. »

Elle confie l'Archiviste à son frère, il l'aidera mieux à se déplacer qu'elle. D'autant qu'elle aura besoin de ses mains libres. Elle dépose des pièces d'or sur la table de la maison, au cas où ses propriétaires reviennent, pour tout ce qu'elle a pris pour s'occuper de Siha, puis ouvre la porte.

« Suivez-moi. »

Elle donne l'ordre au Felassan posté là de faire un dernier tour du bascloître au pas de course, pour vérifier que personne n'a été oublié, et de les rejoindre au point de rendez-vous. Il devrait arriver à temps pour partir avec la queue du groupe. Elle caresse une dernière fois la joue de son ami, sachant que rien ne sera pareil après ce moment d'accalmie, et prend le chemin de la sortie du bascloître.

*

Son cœur se serre alors que s'étend devant elle un cortège funeste. Cent, peut-être deux-cent, elfes, dont presque la moitié de blessés, certains plus que d'autres, et l'autre moitié aux yeux rouges d'avoir pleuré la mort des leurs. Comment un seul homme, en aussi peu de temps, avait pu semé autant de peine et de souffrance ? Elle inspira profondément, et monta sur des caisses entassées. Si déjà l'atmosphère pesante n'invitait pas au bruit, voir la jeune femme prendre de l'altitude finit d'installer le silence sur le groupe. Elle les observa, le cœur au bord des lèvres, cherchant ses mots. Elle n'avait jamais été une grande locutrice, laissant les autres répandre les idées qu'elle soufflait en privé.

« Ce qu'il s'est passé est une tragédie. Une tragédie qui ne sera pas oubliée, qui fera du bruit dans tout Orlaïs et même au-delà. Une tragédie qui sera vengée, je vous le jure. Pour chacun des nôtres tombé ici ou ailleurs, par la faute des shems, c'est la tête d'un des leurs qui tombera. » Un silence. Les elfes opinent, les larmes cessent, les poings se serrent. La tristesse est inutile, c'est de colère dont ils ont besoin. « Mais pour cela, il faut que nous partions, et vite. Que nous rejoignons notre refuge, loin, au sud-est d'ici. Faites-moi confiance, et nous y serons d'ici ce soir. » Des regards sont échangés, ceux connaissant l'emplacement exact du bastion sont partagés entre l'incompréhension et l'étonnement. « Je vais prendre la tête de notre groupe, mais j'ai besoin que vous vous entraidiez. Nous devons aller le plus vite possible pour les premiers kilomètres, afin d'éviter de nous faire arrêter par des gardes. Ne perdez pas de vue le groupe, et pressez le pas. »

Elle descend des caisses, attrape les liens de leur prisonnier, le coupable de ce massacre, et le pousse devant elle tandis qu'elle emprunte la porte du bascloître. S'ils sont à présent vulnérables, elle se sent plus forte que jamais, suivie par une horde des siens. Leur voyage commence.

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