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Sam 9 Mar 2019 - 14:11

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

Messages : 159

Complainte de la Détrousseuse


Il faisait quelque peu gris sur Val Royeaux, alors que l'hiver recouvrait de son manteau d'argent le ciel et que les feuilles avaient quitté leur arbre mère. Pour beaucoup ce n'était pas la saison préférée, car le froid, l'humidité et le manque de nourriture mettaient de nombreuses personnes dans une situation précaire. Moi, j'y voyais la blancheur pure de la neige, les odeurs minérales titiller les sens, un balai de fourrures et de vêtements chauds dans les rues, des conversations pour réchauffer les coeurs dans les tavernes... Il y avait toujours quelque chose de beau dans toutes les saisons, l'hiver ne faisait pas exception et il était de mon devoir de la célébrer. Je m'étais retrouvée sur la terrasse d'une taverne en bordure de Val Royeaux, comprenant des tables en extérieurs agréables quand le temps n'était pas à la pluie, et réchauffée par plusieurs braseros. Dans mes atours d'hiver, à savoir un manteau et un ensemble de voyage marron et vert, je me tenais au fond de la pièce, assise sur un tonneau avec nonchalance et réchauffant l'atmosphère de ma voix douce et cristalline. En accord avec le patron, je chantais pour divertir les clients en échange de quoi j'avais droit à une table avec de quoi manger et boire. Mais ce qui m'intéressait le plus, c'était d'entendre les rumeurs et autres informations qui pouvaient circuler dans cette salle, sans que personne ne puisse se douter qu'une barde elfe d'apparence aussi innocente que moi puisse les espionner. J'entonnais une chanson assez connue, la Complainte de la Détrousseuse, faisant glisser mes doigts sur les cordes de la cithare.

Ô bourreau, retiens ta main, fais-moi ce plaisir.
Ô juré au coeur d'airain, le temps d'un sourire.

Car s'en vient mon frère distant,
S'en vient mon cher sauveur.
Insistante, ici j'attends
Mon aubaine, ma faveur.

Camarade, retiens ta voix, j'implore ta pitié.
A tout mon corps tu le vois, je suis à tes pieds.

Car mon offense était vile,
Et ma peine méritée.
Me voici l'imbécile,
Au dam de mon aîné.

Douce mère, regarde au loin le soleil brillant.
Et toi qui as tué, suis-moi dans le néant.

Car le temps s'en est allé
Des prières, des causeries.
A toi maintenant d'écouter
La vie qui s'évanouit.


Tout en jouant et en chantant, j'observais la salle en souriant. Il y avait quelques orlésiens masqués, mais étant donné la situation périphérique de la taverne il y avait également des voyageurs d'autres régions. Les conversations allaient bon train, mais je vis également sur une table un peu éloignée ce qui semblait être la silhouette d'un elfe. Vu son accoutrement, il n'était clairement pas un elfe des cités, et dans la région les Dalatiens n'étaient pas tenus comme bienvenus. Il était à sa table, et personne ne semblait vraiment vouloir le servir. A le regarder, cela me faisait de la peine. Non pas que je comprenne toutes les élucubrations et revendications des Dalatiens, mais voir ainsi une personne exclue sans autre raison que sa race faisait vibrer ma fibre de justice. Les amis de Jenny ne concernent pas que les humains après tout. Ma chanson terminée, je remettais ma cithare dans mon dos et m'approchais de sa table. Je ne serais peut être pas la bienvenue pour lui tenir compagnie, mais au moins il ne serait pas seul. Et si je me restaure à sa table, ils seront bien obligés de le servir également. A le voir de plus près, il était bien Dalatien, ses tatouages criant sur tout les toits son appartenance à des elfes des forêts. Arrivée à sa table, je souriais et tentais avec un peu de maladresse de me présenter.

Il est bien étrange de voir un Dalatien ici. Personne ne s'est montré trop ouvertement insultant j'espère ~ ...

Je souriais, posant sur lui mes yeux pétillants de curiosité mais cachant mal mon malaise. Je n'étais pas très douée pour parler aux Dalatiens, qui bien souvent dénigraient les elfes des cités. J'espérais qu'il n'allait pas se montrer ronchon et méchant d'un premier abord, aussi je demandais un peu timidement si je pouvais venir à sa table. Ma voix était claire, mais l'hésitation et la peur de déranger étaient bien manifestes.

Je ne voudrais pas m'imposer et vous déranger mais... mais puis je m'installer à votre table ?

Je le regardais avec espoir, souriant toujours de cette façon innocente et un peu maladroite. C'était le comble pour une barde, mais je n'y pouvais rien si mes quelques expériences passées avec les Dalatiens s'étaient souvent terminées par un échec.


Sam 9 Mar 2019 - 17:26

Anonymous
Invité

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Complainte de la Détrousseuse



Lathbora soupira. Les dernières heures n'avaient pas été de tout repos pour lui. Et pourtant, il avait vécu seul pendant plus de dix ans dans des bois peuplés de monstrueux arbres parlants, de démons et d'autres créatures de cauchemar. Il en fallait beaucoup pour le désarçonner. Ces derniers mois, depuis qu'il s'était lancé à la recherche des Felasans, il avait traversé bon nombre de villes et de villages, découvrant au passage les meurs de ces peuples dont il avait à peine entendus parler jusque-là. Mais rien ne l'avait préparé à cette ville. Rien ne l'avait préparé à Val Royeaux.

Dès les abords de la ville, il avait failli renoncer : ces grilles dorées, ces gardes au visage véritable camouflé par une couche de métal mimant pourtant une face humaine, rien de tout cela ne l'attirait. Il devait essayer. On lui avait conseillé de venir. Où sans quoi il n'aurait jamais compris la véritable nature d'Orlais, et les problèmes qu'y rencontrait son peuple. Alors, devant les grilles en or, il dut se faire violence, et écarta même la pensée d'y pénétrer en escaladant discrètement les murs peints en bleu criard.
Il avança la tête haute, le dos droit, respirant lentement artificiellement. Bien sûr, les gardes paraissaient déjà bien habillés par rapport à lui. Pourtant il avait camouflé sa tenue de chasseur dalatien sous un lourd manteau de laine, volé dans une ferme sur la route. Ses pieds nus étaient rouges à cause du froid. L'hiver ici était bien plus humide que chez lui, bien moins agréable. Mais il restait impassible, et fit semblant de ne pas remarquer le regard traînant des deux gardes sur sa personne. Ses armes, glissées dans le sac qu'il avait sur l'épaule, lui manquaient terriblement. Il avait ensuite fait un rapide tour de la ville. Rapide à cause du temps bien sûr, mais également à cause de ces regards qu'il semblait rencontrer de partout, insistants et insondables, à cause des masques et des casques. Au cours de ses pérégrinations, il avait découvert une petite place surélevée à laquelle on accédait en empruntant des escaliers. Elle était recouverte d'un petit bosquet artificiel, et les plantes maintenues vivantes et fleuries malgré l'hiver ambiant finirent de le rendre mal à l'aise. Alors, un peu au hasard, il s'était éloigné du centre jusqu'à atteindre la périphérie de la ville, où les masques se firent suffisamment rares pour que l'elfe finisse par se détendre.

Alors il entendit une voix. une voix féminine et mélodieuse, qui couvrait sans mal les accords d'un instrument à cordes. Lathbora leva alors la tête et aperçue la personne responsable de ce chant, au fond d'une terrasse d'un établissement. C'était une elfe rousse incroyablement joyeuse, mais au visage malheureusement privé de Valaslin. Le sourire qui illuminait son visage lorsqu'elle chantait réchauffait l'atmosphère, et les reflets de ses cheveux éclipsaient presque les flammes des braseros.
Lathbora chercha à comprendre le sens des paroles qu'elle déclamait, mais il n'y parvint pas. Elles étaient peut-être trop imagées, ou peut-être avait-il manqué le début ? Intrigué, il voulut alors attendre la prochaine chanson, mais rester immobile devant la taverne le mettait mal à l'aise. Il repéra alors une table vide, à l'écart, et s'y installa tout en s'efforçant de ne pas attirer l'attention.
Mais il n'y eut pas d'autre chanson, pire même, l'elfe rousse fondit même brusquement vers lui, fendant la foule indifférente. Elle s'adressa à lui, toujours en souriant, et cherche à accrocher son regard de ses yeux bruns pétillants. Pourtant sa voix trahissait son appréhension.
*C'est pour cette raison que j'évite le plus souvent de parler* se dit bien malgré lui Lathbora, tout en essayant de ne pas reculer d'un pas.

Je ne voudrais pas m'imposer et vous déranger mais... mais puis-je m'installer à votre table ?

Il se figea, détournant inconsciemment le regard vers la gauche, mal à l'aise à son tour. Pourquoi cherchait-elle à passer du temps avec lui ? Il avala sa salive avec difficulté, serra sans le vouloir la sangle de son sac à dos. Il se passa quelques secondes inconfortables avant qu'il ne pense à lui répondre :
Oui.

Il avait conscience de l'étrangeté de sa réponse, si courte et incisive face à toute la délicate politesse de la question. Pourtant il ne pouvait en dire plus. Il ne voulait pas faire éclater son accent féréldien, il ne voulait pas que ses mots précipités exposent son peu d'aisance sociale. Pour la première fois, depuis des décennies peut-être, il sentait qu'il pouvait se faire une amie.
*Pas ici* se mit-il à geindre mentalement. *Pas maintenant*


Sam 9 Mar 2019 - 20:04

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

Messages : 159

Complainte de la Détrousseuse


L'elfe en face de moi ne semblait pas en mener plus large. Quand je lui avais adressé la parole, je sentis de suite son malaise, et vis sa tête qui se détournait. Allait il m'envoyer dans un lit de rose épineuses ? A cette déception, il ne me resterait plus qu'à aller noyer mon chagrin dans une chanson mélancolique, contant les malheurs d'un papillon qui veut attirer les faveurs d'un tournesol et qui n'a d'yeux que pour le soleil. L'attente ne fut pas longue, et la réponse aussi discrète qu'incisive. Mais au moins, une réponse positive. Il n'en fallait pas plus pour me rendre heureuse.

Merci !  

Un grand sourire illumina mon visage, cette joie innocente et pure d'être acceptée se montrant sans aucune honte. Sans me faire plus prier, je m'installais à sa table, m'asseyant en ne cessant de sourire et en faisant signe à l'un des serveurs pour qu'il vienne. Je commençais à avoir un peu faim et soif, chanter demandant un effort à mes cordes vocales. Et voulant profiter de ce que me devait le tavernier pour également faire servir cet elfe, je n'allais pas me gêner. Mes yeux curieux se posèrent sur le visage de cet  elfe, admirant ces tatouages foncés. Je ne sais plus le nom que l'on donne à cela, mais de ce que je me souvenais ces tatouages étaient importants pour les Dalatiens, et portés avec fierté. Je le dévisageais, mais non pas avec obscénité et mauvaise intention, mais bien avec cette curiosité enfantine et une certaine admiration. Voulant engager la conversation, je lui demandais avec un nouveau courage et plus de naturel ce qu'il souhaitait consommer, ma voix reprenant son aplomb charmant et chantant.

Vous souhaitez quelque chose à boire ou à manger ? Vous devez venir de loin, les Dalatiens sont rares par ici.

Les Dalatiens n'étaient en effet pas bien présents en ces contrées, et les elfes comme moi bien que nombreux n'étaient pas non plus grandement considérés. Les Dalatiens étaient bien différents, tant d'histoires sur ce peuple ancêtre au mien, ces traditions et ces dieux colorés. J'imaginais toutes les chansons qui devaient raconter les histoires de leur panthéon... Comme il doit être incroyable de pouvoir les chanter. Hélas, je ne parle pas le dalatien, mais en apprendre un peu plus de ce Dalatien était peut être possible. Qui sait ?


Dim 10 Mar 2019 - 1:23

Anonymous
Invité

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Complainte de la Détrousseuse



Sans se faire prier elle s'installa. Il apprécia son audace. Elle semblait vite s'adapter à une nouvelle situation. Il se demanda même un court instant si son malaise précédent n'avait pas été feint. Pour l'attendrir, abaisser sa garde. Que son acte ait été volontaire ou non n'avait que peu d’incidence dans l'affaire : elle était parvenu à ses fins. Il avait baissé la garde. Il était plongé dans ses pensées, dans ses remords peut-être alors qu'elle lui posa une question, il répondit sans s'en rendre compte :

oui, non...

Comprenant enfin le sens de sa question, il jeta un rapide coup d'oeil autour de lui. Il ne connaissait rien à la gastronomie locale. A vrai dire il ne connaissait rien à la gastronomie tout court. Les dalatiens de son clan vivaient d'assez peu de chose : ils avaient connu les malédictions, l'enclin, et à présent les guerres. Ils se nourrissaient de plantes, parfois de chasse et très souvent d'insectes. Rien dans les assiettes alentour n'y ressemblait, ni de près ni de loin. La nourriture disposée sur les tables était de toutes les couleurs, de formes variées et était surtout visiblement distribuée en très petite taille. Quant à savoir ce qui se trouvait dans les verres, ...

Est-ce que c'est au moins comestible? Je veux dire : la même chose que toi. Oui, la même chose.

Il se détourna de nouveau pendant qu'elle appela un serveur et s'occupa de passer commande. Il avait un peu peur de goûter à toutes ces choses exotiques, mais après tout, il avait véritablement faim. Lorsque le serveur en livrée chatoyante fut de nouveau parti, il répondit à la seconde moitié de sa précédente question :

Je ne sais pas si il y en a beaucoup par ici, peut-être que non. Je viens de Férelden.

Il s’apprêtait à en dire plus mais se mordit à la place la lèvre inférieure. Il en avait fait la promesse : *quoi qu'il arrive, ne révèle pas de quel clan tu viens.* Lanaya le lui avait fait promettre. Lathbora enrageait. Il connaissait les raisons qui avaient motivé cette demande : le clan ne voulait pas être condamné pour ses actions. *Pourtant je fais ça pour vous. Pour nous tous.* Et pourtant il avait été poussé à l'exil. Oh bien sûr la nouvelle archiviste avait prétendu l'envoyer à la poursuite d'une quête impossible. Et Lathbora avait obéi. Il s'était éloigné. Il les avait laissé tranquille. Mais il savait qu'il avait raison. Il savait qu'il pouvait les sauver. Tous les elfes. Peut-être pas seul, non, mais il pouvait au moins aider.
Cette fille-là, en face de lui, était une elfe aussi. Il avait mis du temps à le comprendre. L'assassin avait encore du mal à se faire à leurs visages nus. Il avait du mal à se faire à leurs yeux plus terne. Mais au-delà de ces petits détails, ils étaient des elfes. Ils avaient perdu autant que les dalatiens, peut-être plus. Et un grand nombre d'entre eux continuaient de perdre face aux humains. ça, il avait fini par le comprendre. On avait su le lui expliquer. Il se demanda alors l'histoire de cette elfe en particulier, ce qui l'avait obligé à vivre parmi les humains, à chanter pour eux dans cette ville aux mille excentricités. Il repensa à sa voix, encore plus douce pendant qu'elle chantait, et remarqua alors ce qui l'avait attiré vers cette terrasse en premier lieu : les braseros ressemblaient à des feux de camp. Son clan avait un conteur, qui parfois chantait pour les enfants rassemblés autour du feu des contes merveilleux sur leur passé, sur leurs victoires. Des contes pleins de sagesse et d'enseignement.


Que raconte ta chanson? J'ai peur de ne pas en avoir compris le sens.

Il posa sur elle ses yeux d'or, conscient que son regard à elle s'attardait sur son valaslin. Savait-elle qu'il avait été tracé en hommage au Dieu June, et qu'en l'acceptant Lathbora était devenu un homme ? Non, certainement pas. Elle ne savait rien de lui. Il ne connaissait rien d'elle. Les questions lui brûlaient les lèvres. Il était en train de s'attendrir. Ses dagues, dans son sac, réclamaient encore leur tribut.




Dim 10 Mar 2019 - 12:42

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

Messages : 159

Complainte de la Détrousseuse


Les réponses étaient encore hésitantes, ou plutôt comme par réflexe. Est ce que je le dérangeais, finalement ? J'étais curieuse, mais je savais en tant que barde quand il valait mieux rester à distance. Mais cet elfe aux yeux d'or sembla se reprendre un instant, continuant de parler et répondant plus précisément à mes questions. Il acceptait de partager un repas, mais fis part de sa perplexité quant aux plats que nous avions ici. Je le regardais un instant avec surprise, avant de me souvenir qu'il était dalatien. Mais cette réflexion, en posant mes yeux sur les plats des tables voisines qui semblaient compliqués, paraissait des plus pertinente pour un étranger. Compatissante, et ne pouvant retenir un rire franc et clair, je lui répondis qu'il n'avait pas à s'inquiéter.

Ha ha ha ! C'est vrai qu'en Orlaïs, les plats peuvent être étranges, mais on peut aussi trouver des choses plus simples.

Un serveur passait non loin, et je prenais la commande. Cet homme masqué jeta un regard insistant sur le dalatien, comme pour lui signifier qu'il n'était pas le bienvenu, mais j'étais suffisamment ouverte et souriante pour ignorer cette insulte et mauvaise manière. Le tavernier devait me servir, cela faisait partie du contrat. De toute manière, je n'allais pas demander des choses compliquées. Gourmande certes, j'avais plus un attrait pour le sucré, mais cette époque de l'année ne me donnait guère l'humeur de manger de telles friandises. A la place, je commandais des choses simples, espérant que cela soit du goût du dalatien et qu'il ne se sente pas mal à l'aise en les dégustant. Le serveur reparti, non sans s'être exprimé d'une manière affectée. Mais ignorant cela par habitude, je fis comme si je n'avais rien entendu et en revenais à l'elfe devant moi. Souriante, je l'entendis répondre de sa voix douce qu'il était de Férelden. Mon regard se mit à briller un peu plus, ma curiosité enfantine et mon imagination étant titillés.

Férelden ? Ce n'est pas la porte à côté c'est évident... Férelden... Les légendes du Héro du 5e Enclin, les terres sauvages de Korcari avec ses sorcières, la forêt de Bréciliane... Je n'ai jamais été là bas, mais ce doit être un pays fabuleux pour inspirer autant de chants et d'histoires.

Mon regard s'attendrit, se perdant un peu au loin alors que mon esprit vagabondait dans les histoires et les légendes que je chantais de temps en temps. On disait Férelden pleine de boue et de pluie, sentant le chien et remplie de rustres. Mais est ce qu'un pays a besoin d'être aussi sophistiqué et guindé qu'Orlaïs pour être beau ? Une nature plus brute de ses habitants, avait également un charme et une saveur toute autre que mon imagination débordante ne cessait d'imager par de grandes batailles lyriques et des héros combattant de nombreux ennemis. Je me rappelle également de ce que l'on dit des elfes de Férelden, plus particulièrement des elfes de cités. Une vie si différente de la mienne, que l'on disait pire que celle d'ici car tous entassés dans des taudis. Mais est ce que la vie d'un elfe ici était plus enviable ? Serviteurs, presque esclaves pour certains, dénigrés et pourtant utilisés avec autant d'ostentation par les Nobles. Et pourtant... Je n'arrivais pas à me visualiser comme eux. J'avais vécu comme une nomade dans ma jeunesse, vivant d'histoires colorées, de chants et de danses dans toute l'innocence que le monde du spectacle peut offrir pour une petite fille. Puis Barde, un autre monde qui demande d'être entre deux eaux, goûter au plus près des finesses de la noblesse tout en subissant les mêmes âpres injustices que les elfes serviteurs. Je savais que j'étais... à part. Pas vraiment elfe des cités, car trop dans le mouvement et l'indépendance de ma condition par rapport aux nobles... Pas vraiment une dalatienne, car aucune racine avec les anciennes croyances ni cette peur des humains presque viscérale. C'est ce qui me surprenait d'autant plus de la présence de ce Dalatien à Val Royeaux. Ici, il ne subirait sans nul doute pas le meilleur des accueils, et pas la meilleure idée de ce que les gens ici peuvent être. Il y a des gens biens, une bonté toute aussi belle que l'exclusion des nobles peut être cruelle. Mon esprit continuait de vagabonder un instant, pensant ce que cela pourrait être si un jour je me rapprochais d'un clan de dalatien pour en savoir plus sur leurs histoires et leurs chansons. Verraient ils cela d'un mauvais oeil ? Me chasseraient ils comme si j'étais une Shem ? Est ce que je serais impolie, mal-venue ? Mes réflexions furent interrompues par la demande de l'elfe sur la signification de la chanson. Mes yeux se posèrent de nouveau sur lui, souriant de nouveau alors que l'on abordait l'un de mes sujets de prédilection.

Cette chanson ? C'est la Complainte de la Détrousseuse... Elle raconte le sort d'une voleuse qui a tué, et se retrouve devant son bourreau. Elle implore au temps de s'arrêter un moment et aux juges d'êtres cléments le temps que son frère vienne la voir. C'est une chanson triste, mais qui sied à l'hiver. La clémence des derniers instants fraternels, accepter son jugement mais pouvoir regarder le soleil se coucher avec sérénité.

C'était une chanson triste, mais belle également. La subtilité n'était peut être pas de mise pour tout le monde, et peut être encore moins pour un Dalatien. Mais pour une Amie de Jenny, ne rien regretter à ses crimes, cette chanson était bien appropriée. Ma curiosité revenait sur cet elfe aux tatouages compliqués et pourtant si beau. Avait il aimé cette chanson ? Du moins le son et ce qu'il en ressortait ? J'étais toujours heureuse de pouvoir partager ce que j'aimais. Rendre le public heureux était important et capital pour un barde, mais partager cet amour de la musique et de la beauté des textes était un plaisir sans nul pareil.

C'est un chant simple typiquement orlésien, qui convient à une petite taverne comme celle-ci. Et j'en ai bien d'autres à mon registre, si vous appréciez les mélodies. Avez-vous un thème en particulier que vous aimez ? Vous avez également la tradition des chants chez les Dalatiens ?

Mes yeux brillaient d'une curiosité vive et pure, celle d'une passionnée qui ne voyait que la beauté et le partage dans ce qui pouvait être une demande impolie et déplacée. Mais je n'eus pas ma réponse de suite, car le serveur vint nous donner nos plats à partager, comme à ma demande. Devant nous, du pain, du fromage, du jambon simple et quelques légumes de saisons cuit à la vapeur. Tout ceci était accompagné par de la bière légère, car je n'avais pas vraiment confiance en l'eau de cet établissement et n'avais pas les moyens de me payer du vin pour le moment. Plus tard, peut être... Cette distraction gustative était bienvenue, et mon ventre qui criait famine se mit à gargouiller. Je rougissais légèrement, détournant le regard un moment par la gêne. Être barde en vadrouille ne garantissais pas toujours d'avoir de quoi manger dans son assiette tous les soirs... Et je n'étais pas une voleuse, sauf pour Jenny la Rousse et pour aider autrui. Afin de changer de sujet, oubliant même ce que j'avais demandé plus tôt à propos des chansons, j'en profitais pour me présenter.

Je ne me suis pas présentée par ailleurs, c'est assez maladroit venant d'une personne s'imposant à voter table. Je me nomme Argonia Coutray, Barde d'Orlaïs pour le plaisir du voyage et de partager mes chansons.

Je souriais, coupant du pain et du fromage, mangeant avec les doigts. Nous avions des couverts, mais je ne savais pas si le dalatien savait les utiliser. Je préférais donc manger avec mes doigts fins et délicats, même si quelques autres personnes à l'autre tablée nous regardaient étrangement. Ce n'est pas bien grave de passer pour une rustre ou une sauvage. Si c'était pour aider une autre personne, cela ne m'empêchera jamais de sourire et de voir ce qu'il y a de plus beau dans ce partage.


Dim 10 Mar 2019 - 14:50

Anonymous
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Complainte de la Détrousseuse



La chanson parle donc essentiellement de justice. Des deux justices, celle du corps et celle de l'âme. Lathbora était particulièrement bien placé pour appréhender la fracture qui pouvait exister entre les deux. Tuer par exemple pouvait se révéler être à la fois vital ou interdit. Les chasseurs de son clan étaient encensés lorsqu'ils rentraient avec la carcasse d'une bête. Dans certaines conditions, tuer un homme pouvait être récompensé. Mais tuer un elfe, ça, jamais Lathbora n'avait vu personne le faire. Pourtant, bêtes, hommes ou elfes, chacun avait une vie. Chacun vivait et respirait, avant que la mort ne les trouve. Il n'y avait fondamentalement pas de différence dans l'acte. La seule différence se trouvait dans la justification de l'acte. Et était donc le reflet de la société en elle-même. Non, là il allait trop loin. Bien sûr, la société influençait. C'était d'ailleurs le cas dans cette chanson : la voleuse allait être pendue. Mais la seule justice qui comptait, c'était celle de l'âme. La justification qu'on donnait à l'acte. La voleuse allait s'en aller joyeusement, parce qu'elle n'avait aucun remords. Son acte était justifié. Peut-être que le véritable sens de la chanson lui échappait encore, mais il se sentit soulagé par ses propres réflexions. Ce que ses chansons humaines pouvaient être compliquées ! Mais la musicienne avait raison sur un point : c'était à la fois triste et beau.

J'aime toutes les histoires. Mais on ne chantait pratiquement jamais dans mon clan. Sauf peut-être quelques mères et quelques pères pour leurs enfants.

Ils n'avaient eu que peu d'occasions de chanter. À cause des loup d'abord, qui ne cessaient de menacer leur vie, puis de l'enclin et de la guerre elle-même. La dureté de leurs conditions de vie les forçait à se concentrer sur des histoires plus terre à terre. Après tout, peut-être que leur conteur n'avait simplement pas une belle voix. Lathbora se demanda un court instant si à cet instant même, l'humeur de son clan n'était pas plus légère . Les comptines des leurs résonnaient peut-être de nouveau entre les aravels. Mais il ne devait pas penser à cela. Il ne devait plus retourner voir les siens. Il n'y avait plus sa place. Ce genre de pensées le détournait de son but. Il devait penser à l'avenir. À rien d'autre.
Le serveur déposa des plats sur leur table. Ses gestes étaient brusques, il renversa un peu de liquide en déposant les verres et remis avec ses mains un bout de fromage ayant roulé de son assiette jusqu'au sol. Il n'avait pourtant pas agi avec autant d'empressent en servant les autres tables. Était-ce à cause de lui, ou à cause de l'elfe rousse ? À bien y regarder, ils étaient les deux seules oreilles pointues de la terrasse. Pourtant elle continuait de sourire. Cela devait-être normal. Lathbora se mit laborieusement en tailleur sur son banc de bois, laissant glisser son sac de son épaule. Ses dagues, bien qu'enveloppées dans un linge, tintèrent doucement lorsqu'il heurta le banc. Il observa les assiettes. De la viande, du fromage et des légumes bouillis. Rien de très exotique. Tout était, ou presque identifiable à l’œil. Il la regarda se couper un morceau de pain et attaquer l'une des assiettes à la main, sans se servir des atroces instruments qu'on leur avait portés. Sous la table, Lathbora examina ses doigts aux ongles incrustés de saletés qu'il avait pourtant essayé de laver au mieux. Son index gardait d'ailleurs les traces de la sève de la feuille qu'il avait utilisée à cet effet, pas plus tard que deux heures auparavant. Il les garda plaqués sur ses cuisses croisées, regardant discrètement les doigts délicats de la musicienne. Propres, à n'en pas douter. Elle devait savoir utiliser ses instruments, mais cherchait à le mettre à l'aise. C'était gentil de sa part.
Il se saisissait de son verre lorsque enfin elle se présenta. Une barde, alors c'était le nom qu'on donnait aux musiciennes. Et elle aimait voyager. Lui n'avait presque connu que ça, dans les limites bien floues de sa forêt natale. Il répéta, concentré, sa voix enfin calme et bien posée :

je m'appelle Lathbora. ça veut dire "Amour Perdu". Mais je ne suis l'amour perdu de personne. Que veut dire Argonia?

Il porta brusquement son verre à ses lèvres en comprenant son erreur. Les noms n'avaient pas la même importance pour tous les peuples. Il avait lui-même choisi son nom. Rien n'indiquait que c'était le cas de cette barde. Il fit basculer le liquide dans sa gorge, sans prendre le temps d'en vérifier l'origine, et failli s'étouffer. Il était froid, plus froid que l'eau d'un lac. Mais surtout il était amer, et moussa aux coins de ses lèvres et sur son manteau lorsqu'il en renversa. Plusieurs regards se tournèrent vers lui, et il les fusilla avec application de ses yeux emplis de flammes. Puis, lorsqu'il fit de nouveau face à Argonia, il fit son possible pour sembler calme, son visage constellé de taches de rousseur sous son valaslin devant être encore plus hâlé que d'habitude. Il prit alors un dé de fromage, oubliant la saleté de ses ongles, et le porta à ses lèvres, le mastiquant vivement un moment avant de l'avaler.

Il n'est pas désagréable. Mais ce n'est certainement pas du Halh. Je me demade de quel lait il découle.

Dit-il maladroitement. avant de demander, comme pour détourner l'attention :

Vous êtes ici pour chanter ?
*Idiot.*


Dim 10 Mar 2019 - 15:58

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

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Complainte de la Détrousseuse


Les présentations se firent assez facilement, et il semblait se détendre un peu plus. Déjà, il s'installait à proprement parler à table, laissant son sac par terre. Par réflexe j'y jetais un coup d'oeil, pensant qu'il devrait y faire attention pour ne pas se le faire voler. Ici comme partout ailleurs, les tavernes attirent des personnes mal intentionnées. J'écoutais également ce qu'il avait à dire, et fus un peu déçue d'entendre que le chant ne faisait pas vraiment partie de leur coutûmes. Mais les histoires, elles, ne semblaient pas en reste. Je m'amusais à penser que ces histoires devaient facilement être des sources d'inspiration pour des chants et des musiques, comme des odyssées à travers les forêts ou des balades en l'honneur des Aravels. Quand le serveur avait amené à manger et que je me présentais, je fus agréablement récompensée par non seulement un nom, mais aussi une signification. Son nom chantait à mes oreilles dans une intonation exotique et pourtant agréable. La signification de son nom était romanesque, mais ce qu'il disait ensuite m'intriguait. Il n'était l'amour perdu de personne... Est ce parce qu'il n'y a plus personne pour l'aimer, ou bien que son amour pour une autre personne n'était pas réciproque ? Cela émoustillait mon imagination, mais pour ne pas me montrer impoli et trop hardie j'évitais d'aller plus loin dans le sujet. A l'inverse, par un léger sourire et un regard rêveur, je prononçais son nom, comme pour mieux imprégner cette mélodie nouvelle et charmante à mes oreilles.

"Lathbora... C'est un très joli nom, mélancolique et pourtant mélodieux à prononcer. Mon nom m'a été donné par ma mère, en référence à une constellation qui signifie le Voyage, mais également parce que c'est le nom d'une petite fleur rouge qui symbolise ce qui est précieux. Je suis née dans une troupe ambulante de ménestrels, comme dans un grande famille tout le temps sur les routes, et j'étais la plus jeune. Alors je pense que c'était plutôt bien approprié."

Je souriais, attaquant quelques légumes bouillis. Je fus surprise et sursautais presque en voyant Lathbora boire la bière et manquer de s'étouffer. Je le regardais avec un peu de panique, espérant qu'il n'était pas en train de s'étouffer. Ou alors peut être qu'il n'aimait pas... Ce n'était pas la meilleure bière il est certain, mais elle ne me paraissait pas être imbuvable. Ou alors il n'avait pas l'habitude de la bière ? Le serveur et quelques clients nous regardèrent de travers, et en réponse Lathbora légèrement rougissant leur jetais un regard meurtrier, comme pour les défier de rire. Cette espèce de petite joute silencieuse me donnait envie de pouffer de rire, et je détournais autant le regard et la tête tout en mangeant du fromage pour m'empêcher de rire. Mais mon sourire continuais cependant de s'étirer avec malice. Ce n'était pas contre lui, juste sa manière de leur dire de s'occuper de leurs oignons était des plus divertissant et rafraichissant. Et voir qu'il était capable de rougir montrait qu'il n'était pas insensible et froid. Pour changer de sujet, il se mit à parler de fromage, et voulant également tourner mon esprit vers autre chose que l'allure comique des clients offusqués d'être ainsi dévisagé par un dalatien en colère, je jouais son jeux et répondis avec naturel, prenant quelques légumes bouillis.

"C'est du lait de vache rouge, il me semble... Mais le fromage de chèvre est encore plus savoureux ~..."

Le lait de chèvre, avec du miel, il n'y avait rien de mieux. Rien que d'y penser j'en bavait d'avance. A quand le printemps et ses délices de pâtisseries à base de miel et de fruits... Cela coutait cher, et à moins d'avoir une bonne saison je ne pouvais me le permettre. Ce que je gagnais en tant que Barde me donnait bien plus qu'en tant qu'Amis de Jenny, mais autant faut il avoir toutes les occasions pour chanter et d'être bien rémunérée. La plupart du temps, j'étais ainsi à échanger mes services contre un repas, et si je me trouvais en face d'une clientèle plus fortunée je proposais alors mes jeux de Divination par les Cartes, qui rapportaient bien plus. Mais dernièrement, avec le conflit entre Célène et Gaspard, l'heure n'était pas à pouvoir s'approcher facilement des soirées. Elles étaient toutes très festives et fastes, comme la tradition le voulait en temps d'heures sombres, mais il fallait bien choisir chez qui aller, et ne pas se retrouver pieds et poings liés pour avoir écouté la mauvaise conversation. En tant que Barde je devrais y trouver une grande opportunités, mais le Noble Jeu ne m'attirait plus. Les conversations allaient de bon train autour de nous, et vinrent sur la terrasse un groupe de trois personnes, toutes masquées. Je les suivais un instant du regard, mes yeux devenant plus perçants et plus sérieux un court instant, se focalisant sur le gentilhomme qui portait un pourpoint gris perle. Mais je revenais très rapidement sur Lathbora, souriant toujours et répondant presque machinalement à sa question. Mais alors que je répondais, je me rendis compte que ce n'était pas le meilleur endroit pour en parler.

"Oui, en effet. Mais une barde a d'autres rôles également. Ecouter les rumeurs, les relayer ou non, savoir ce qu'il se passe pour ensuite créer d'autres chansons à chanter dans d'autres tavernes. Et puis, il faut bien manger. "

Mes yeux se fixèrent sur le fromage et le pain, reprenant quelques dés. Je me rapprochais un peu plus, prenant soin de ne pas regarder autour et fixant mes yeux sur le regard doré du Dalatien.

"Mais... Il est préférable en général de ne pas trop en parler ouvertement. Tout comme nous écoutons, nous ne sommes pas les seules oreilles ouvertes ici."

Je souriais avec malice, ayant parlé d'une voix un peu plus basse pour plus de discrétion. J'espérais qu'il était capable de comprendre, mais en tant que Dalatien au milieu d'autant de Shems, il devait sans aucun doute se rendre compte que nous n'étions pas vraiment en position de force si quelque chose se passait. Me redressant et buvant un peu de bière, je retrouvais ma composition plus joyeuse et innocente, parlant de nouveau avec chaleur et curiosité. Comme une enfant, mes jambes se balançaient sous le banc au rythme de mes pensés, et mes yeux se posaient avec curiosité sur cet elfe.

"Et vous, Lathbora ? Vous êtes ici pour visiter, ou bien vous chercher quelque chose en particulier ? Je peux vous aider si vous le souhaitez."

S'il ne savait pas trop où aller, ce que je pouvais comprendre, je pouvais toujours l'aider. Et puis, cela me faisait plaisir de pouvoir continuer à être en sa compagnie. Je voulais en savoir plus sur lui, discuter de ce que sont les Dalatiens, comment c'est Férelden, sa vie là bas... J'étais curieuse, mais également je savais la chance que j'avais de pouvoir ainsi approcher et discuter avec un Dalatien. Enfin, s'il ne me trouve pas trop collante et trop niaise en cours de route.


Dim 10 Mar 2019 - 16:45

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Complainte de la Détrousseuse



Il batailla un court instant avec une tranche fine de jambon. Si fine que la lumière pouvait passer au travers. Assez fine peut vouloir rester coller à ses congénères, dans l'assiette. Parvenant enfin à la décoller, l'elfe la porta à sa bouche, mais ses doigts engourdis par le froid tressaillirent au moment fatidique la tranche alla se coller à la table dans un petit bruit flasque.
*Parfait, continu comme ça. Personne ne croira jamais que tu es doué avec une lame. Encore plus avec deux.*
Calmement, il décolla de nouveau la tranche de la table, et il la glissa tout entière dans sa boucle, contre sa joue. Il mastiqua avec entrain, pendant qu'elle lui expliquait, visiblement mal à l'aise, les spécificités du métier de barde. Il soupira mentalement. pourquoi les choses devaient elles êtres si complexes ? Chez lui, le rôle de chacun était défini avec exactitude. Une personne s'occupait des hahls, une autre des provisions. Une personne racontait les chansons pendant qu'une autre consignait leurs connaissances. Il n'y avait qu'un premier. Qu'un conteur. Qu'un artisan. Une cuisinière, une infirmière. Pourquoi vouloir compliquer ? Ici, les hommes avaient plusieurs titres. Un métier pouvait en cacher un autre.
Ainsi, la petite fleur rouge qu'il avait devant lui se trouvait être plus complexe qu'elle l'avait d'abord prétendu. Il l'avait vu, balayant à plusieurs reprises la salle des yeux, s'attardant sur les moindres détails. Mais il n'y avait rien de mal à cela. Lui-même l'avait fait plusieurs fois depuis le début de leur conversation. Non, ce qu'il y avait d'étrange, c'était qu'à présent elle s'efforçait de garder son regard fixé sur lui, et uniquement sur lui. Il lui sourit maladroitement, voulant acquiescer par geste. il avait compris. Cette terrasse n'était pas sûre pour la petite fleur qu'elle était. Ni pour lui d'ailleurs. Il avait pleinement conscience du nombre de regard qui s'attardait sur lui. Pleinement conscient de la convoitise qu'ils refermaient. Lentement, il prit une nouvelle gorgée de la boisson contenue dans son verre et forma machinalement une petite boulette de mie de pain entre ses doigts frigorifiés.

Et vous, Lathbora ? Vous êtes ici pour visiter, ou bien vous chercher quelque chose en particulier ? Je peux vous aider si vous le souhaitez.

Sa question le pris au dépourvu. Que pouvait-il véritablement révéler concernant sa présence à Val-Royeaux? Certes, elle était une elfe, mais tous les elfes ne partageaient pas la même inspiration. Et puis, certains travaillaient pour les humains, et c'était bien le cas d'Argonia. C'était elle qui la première avait engagé la conversation. C'était véritablement elle qui menait la danse. Non, il ne pouvait rien révéler de profond. Pourtant aucun mensonge n'était plus crédible que la vérité nue.

On m'a conseillé de venir visiter Val-Royaux, sans quoi je ne pourrais jamais comprendre véritablement Orlaïs. Mais je dois avouer ne pas comprendre cette ville.

Délaissant la boulette de pain, il se mit à se frotter vigoureusement les mains.
*Que les elvenhan en soient témoins, ces flammes ne réchauffent rien du tout !*
Il était complètement frigorifié. Lathbora était un elfe actif, toujours en mouvement. Il c'était ainsi préservé du froid jusqu'à présent. Le manteau en laine lourde faisait son office en ce qui concernait son buste et le haut de ses jambes, mais ses mains et ses pieds nus soufraient terriblement du froid, tout comme l'extrémité pointue de ses oreilles. Il ne pouvait plus supporter de rester assit. Il s'agita et se mit à manger compulsivement, oubliant tout semblant de bienséance. *Que ces Shemlens apprécient le spectacle ! Je peux être leur bon sauvage, si c'est tout ce qu'ils attendent de moi !*
Mais alors, il croisa de nouveau le regard pétillant et naturel de la barde, et il regretta instantanément sa conduite brusque.

Nous pourrions aller nous promener un peu, si cela vous va. Vous pourriez m'expliquer.

Elle devait avoir des questions à lui poser, elle aussi. Et les dalatiens s'y connaissaient en troc.

Dim 10 Mar 2019 - 18:52

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

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Complainte de la Détrousseuse


Lathbora semblait être curieux envers cette ville, mais n'y comprenais pas grand chose. C'était ici le cas pour toute personne qui ne venait pas d'Orlaïs, aussi on ne pouvait lui en tenir rigueur. Et même, entre chaque grande ville, comme Val Royeaux ou Halamshiral, les codes n'étaient pas les mêmes. Le comportement attendu des Nobles et de la plèbe n'était pas les mêmes selon les endroits, tout comme la composition de la population. A Val Royeaux, les elfes étaient moins nombreux qu'à Halamshiral, et les tensions étaient plus entre Nobles rivaux sur la table du Noble Jeu qu'entre les humains et les elfes. Chacun avait ses propres raisons d'être, mais malgré tout, en observant bien, on pouvait reconnaitre les mêmes schémas de comportement, d'orgueil, de vanité et de recherche de beauté typique de l'Empire. Aussi, souriante et le regardant avec une certaine compassion, je le rassurais sur le fait que son incompréhension était tout à fait normale.

"Si cela peut vous rassurer, chaque jour les villes d'Orlaïs me font découvrir quelque chose de nouveau ! Ils ont leur propre code, mais une fois qu'on connait les principaux schémas, on peut s'en sortir."

Soudain, il se mit à lâcher sa nourriture et à se frotter vigoureusement les mains. en y regardant de plus près, il est vrai que ses doigts étaient rougis par le froid, et que ses pieds nus sur le sol ne devaient pas l'aider à rester au chaud. J'aimais aussi me balader pied nu, mais principalement au printemps et en été, quand le temps est bon et sec. Pour le reste, une bonne paire de chausse n'était pas de refus. D'un coup, il se mit à se jeter sur sa nourriture de façon frénétique, avalant tout ce qui se trouvait à sa porté comme un affamé. Je le regardais avec surprise, me demandant ce qui lui prenait. Je n'étais pas la seule à être ainsi prise au dépourvu par son comportement, et je pouvais déjà entendre les rires et les chuchotements à peine voilés des autres clients qui critiquaient les manières de cet elfe. J'étais un peu gênée également, mais il était Dalatien et sans doute qu'il y avait quelque chose qui n'allait pas. Ou que je n'avais pas remarqué. Je mangeais le jambon, qu'il avait bien eu du mal à manger aussi et dont j'ai eu grand mal de ne pas rire lors de ses échecs, quand nos regards se croisèrent de nouveau. Il remarqua sans doute mes yeux fixés sur lui avec curiosité et se demandant ce qu'il se passait. Il se stoppa un moment, pour demander d'aller discuter ailleurs. Sans nul doute qu'il n'était vraiment pas à l'aise ici. Compatissante, je lui souriais et répondis avec douceur.

"Oui, bien sûr. Allons y, je peux vous montrer quelques petites choses intéressantes si vous le souhaitez au passage."

Je reprenais rapidement quelques petites choses à manger, sauvant ce que je pouvais. Je prenais avec moi le pain restant et le fromage, fourrant dans ma bouche comme une gamine du jambon à m'en faire gonfler les joues. Qui sait quand je mangerais de nouveau. Je jetais un regard aux alentours tout en me levant, non sans vérifier que l'homme à l'habit gris perle était toujours bien là. Il était dos tourné à nous, ne voyant pas ce spectacle horripilant alors que d'autres nous dévisageaient entre le dégoût, l'indignation et l'envie de glousser. Qu'ils rient et qu'ils se moquent, je n'en avais que faire. Aussi vite que nous nous étions installés, nous partions donc, moi avec ma cithare sur le dos et ma sache à bandoulière sur mes hanches. Je marchais d'un bon pas presque bondissant, prenant une allée qui menait à la place centrale puis à des jardins en hauteurs. Il y avait moins de monde à cette heure ci, et surtout personne ne viendrait à trop espionner notre conversation. Je finissais ce que j'avais dans la bouche, machonnant vite et manquant également de m'étouffer. Mon mon air était toujours aussi enjoué et innocent, voyant cela presque comme un jeu. Ce n'était pas comme si l'on me connaissait ici, et je n'étais qu'une elfe aux yeux des humains. Une fois que je pouvais m'exprimer sans postillonner sur Lathbora, je me tournais vers lui, posant mes yeux curieux sur ses mains et ses pieds.

"Vous n'avez pas de gants, ni de chausses ? Je sais qu'il est agréable d'être pied nu, mais en hiver...."

Ils étaient rouges, même presque violacés. J'avais mal pour lui. Il ne faisait pas si froid que cela, les premières neiges n'étant pas tombées, mais s'il avait plus l'habitude d'un climat plus tendre et d'un sol plus chaud et agréable, cela devait sans doute le faire souffrir. Je réfléchissais rapidement. Je n'avais pas de chausses qui puissent lui convenir, car ses pieds étaient plus grands que les miens. Par contre, ses mains n'étaient pas beaucoup plus grande, et je me souvenais avoir quelque chose dans ma besace qui puisse être utile. Je me tournais pour fouiller dans ma sacoche, là où plus tôt et avec rapidité j'avais fourré la miche de pain restante et le fromage, pour en ressortir une paire de mitaine en laine grises. Souriant, je les tendais à l'elfe.

"Tenez. Je n'ai pas de quoi vous aider pour vos pieds, mais au moins avec ceci vos doigts ne finiront pas gelés. Je n'en ais pas besoin, je supporte bien ce genre de froid."

J'utilisais cette paire de mitaine quand je devais jouer dehors dans le froid. Ne pouvant porter de gants entiers pour que mes doigts puissent bien sentir les cordes de ma cithare, je devais cependant éviter qu'ils ne deviennent trop rigides avec le froid et ne perturbent la mélodie escomptée. Pour le moment, je n'en avais pas besoin, et il était bien plus dans le besoin que moi. Nous marchions d'un bon pas, arrivant sur une place qui comportait quelques échoppes mais également des arcades et des petites cours avec jardins, où plusieurs personnes se baladaient sous leur manteau de fourrure ou bien restaient assis sur des bancs à discuter. Nous continuions à marcher, un peu plus tranquillement que plus tôt pour pouvoir converser mais également ne pas avoir l'air suspect. La cour était belle et propre, moins riche que celle du center de Val Royeaux mais tout de même avec sa fontaine centrale, ses pierres blanches et ses quelques grands vases. Il y avait également des arbres impeccables, ce qu'il restait d'arbrisseaux caduques qui faisaient triste mine en hiver. C'était un spectacle bien las avec ce ciel gris, mais je voyais tout de même une certaine beauté prenant par la blancheur de la pierre et les légères voluptes de brume qui s'échappaient de nos souffles dans cet air frais. Et puis, avec nos nez et nos oreilles rougies, cela donnait également une certaine âme à cet hiver. Repensant à son anxiété de ne pas comprendre la ville, et bien heureuse de pouvoir aider tout en partageant mon savoir, je me tournais vers lui avec un grand sourire et des yeux pétillant de malice, voir d'excitation enfantine.

"Alors... que souhaitez vous comprendre sur les Orlésiens ? Ou sur les gens des villes en général ?"

Il y avait tant de choses à savoir, des anecdotes à raconter, des endroits à conseiller ou à éviter... Je pouvais lui dire beaucoup de chose, et le simple plaisir de la conversation m'était suffisante. Après tout, il fallait bien passer le temps avant de pouvoir passer à l'action, et tant qu'à faire autant que ce soit en agréable et constructive compagnie.


Dim 10 Mar 2019 - 20:30

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Complainte de la Détrousseuse



Ils s'étaient éloignés de la terrasse, marchant un moment côte à côte dans la rue. Elle avait une démarche bondissante malgré l'encombrement de ses affaires. Lui, il se sentait gauche avec ce manteau lourd et peu pratique, et ce sac factice ne servant qu'à transporter ses armes. Mais marcher lui faisait de bien. Enfin. Ses pieds dansaient sur le sol froid et pavé de la rue, ou glissaient plutôt, avec le plus grand naturel. Il avait toujours été d'un naturel discret. Et c'était le genre d'atout renfoncé par son choix de vie. Ici, en pleine lumière, sa démarche pouvait paraître gracieuse. Dans les ombres de la forêt, elle était tout simplement mortelle. Mais il se sentait léger, joyeux aussi de s'éloigner enfin de ces shems et de leurs visages camouflés. Elle le surprit alors dans cette humeur légère, faisant éclater sa voix concernée :

Vous n'avez pas de gants, ni de chausses ? Je sais qu'il est agréable d'être pied nu, mais en hiver....

Il sourit malgré lui. Oui, il ne portait ni gant, ni chaussure. Et ce n'était pas entièrement par choix. Ce n'était pas non plus pour provoquer. Il avait vécu toute sa vie ainsi. Il avait appris à marcher ainsi. À courir et à escalader. Son équilibre s'était développé autour de la délicate balance de ses plantes de pieds. Sur la souplesse de ses orteils. Aucune chaussure, aucun vêtement ne pouvait lui permettre de bouger ainsi. On lui avait conseillé d'en porter pourtant, des chaussures, pour se fondre plus facilement dans la masse. Mais à quoi bon, lorsque son origine est tatouée sur son visage . Il avait tenu approximativement un mètre avant de les enlever. La sensation d'enfermement était atroce, indicible. Viscérale.

Pour les gants, je n'ai aucune excuse.

Le regard d'Argonia traîna sur les pieds de Lathbora. Il piétina, mal à l'aise, comme s'il découvrait à ce moment même l'existence de cette partie honteuse de son anatomie. Il se détourna, portant son attention sur la petite place en hauteur où elle l'avait conduit. Il repéra une religieuse dans l'un des angles du jardin. Ce ne pouvait qu'être une religieuse, avec sa tenue blanche et rouge, et son chapeau ridicule et si peu pratique.
À côté de lui, Argonia se mit à fourrager dans son sac. Il s'attendit à la voir sortir un nouveau morceau de pain, voire de fromage, puisqu'elle n'avait cessé de manger depuis qu'ils avaient quitté la terrasse. Mais elle lui tendit une pelote grise, qu'il accepta en plaçant ses deux mains en cloche sous les siennes. Elle y déposa son trésor, des mitaines, qu'il déroula avec précaution, s'apercevant pour la première fois et avec un peu de honte qu'ils faisaient approximativement la même taille tous les deux. Il glissa une première main au milieu de l'alliage de mailles, passa chacun de ses doigts dans les trous dédiés et répéta l'opération pour la seconde. Bien sûr, il savait ce qu'étaient des mitaines. il en avait d'ailleurs déjà possédé. Mais, tête en l'air, elles ne faisaient jamais long feu. Il allait devoir penser à lui rendre. Avant qu'ils ne se séparent.

Elle le conduit ensuite d'un bon pas vers une place bordée de boutiques qui eut bien du mal à attirer son attention. Il remarqua en revanche que le rythme des pas de la barde avait changée, s'était ralenti, adoucis. Ils passèrent près d'une fontaine pour laquelle Lathbora n'eut aucun regard. Il ne fixait que le ciel gris, écoutant les battements calmes de son propre cœur, et le flux de ses pensées enfin interrompues.

Il n'y a pas de bas-cloître ici? Où vivent les elfes ?

Il se retint d'ajouter un "comme vous", comprenant malgré tout l'existence de classes sociales, même chez les elfes, dans cette région du monde.

Oh et si vous avez des questions, je peux essayer d'y répondre aussi.

Il s'arrêta au pied d'un arbre misérable, pensa un instant au peu de terre qui lui était alloué. Cet arbre était le reflet de la situation des elfes, maintenu en place, amnésique face au potentiel de son espèce, aux réussites de ses ancêtres. Il ne voulait pas être comme cet arbre. Il avait quitté son clan. C'était comme si ses racines sortaient doucement de son pot. Mais il continuait de tâtonner, ici encore. Il se sentit soudainement abattu, à bout de forces. Désespérément seul. Il devait bien exister, quelque part, un arbre millénaire qui détenait encore tous leurs secrets.

Vous voulez bien chanter pour moi ?

Submergé par ses doutes, il n'avait pas laissé à la barde le temps de répondre à ses précédentes questions. Sa soudaine audace, ainsi que la douceur de sa voix, le surprirent lui-même.


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