Cache-Cache Templier (PV Cullen)

Il faisait froid, très froid dans l'emprise du Lion... Même si nous étions avant le début officiel de l'hiver, la neige commençait à tomber drue et les fêtes habituelles des nobles se faisaient à l'intérieur, ou dans les jardins entourés de nombreux braseros, que les serviteurs nourrissaient abondamment, malgré leurs engelures et les pieds glacés. L'Hiver, était toujours une saison que les nobles devaient célébrer, quoi qu'il arrive. Et qui dit activité d'intérieur, dit chanteurs, musiciens et.... bardes. En ce début de soirée, le petit domaine de Montgallant était vibrant de vie. Le noble orlésien qui y habitait pendant une partie de l'année faisait sa dernière soirée mondaine avant de rentrer à Val Royeaux pour l'hiver. Du monde, un bal, mais également des rencontres stratégiques. Je m'étais invitée, me faisant passer pour une barde venant jouer de la cithare et lire la bonne aventure. Etant une elfe, ils ne font pas vraiment attention. Dans mes habits bleus nuit et portant un masque blanc, les cheveux attachés en une tresse allant sur le côté, pour le moment j'étais dans le premier vestibule, chantant quelques chansons de ma voix douce et claire seyant à une soirée autour du feu.

Je regardais le monde, observant le ballet de bonnes manières, d'intrigues et de chuchotements complaisant. Si j'étais ici, ce n'était pas pour les quelques pièces d'argent que l'on me promettait pour mes prestations. Non, si j'étais ici, c'était suite à un rapport des Amis de Jenny sur le maitre de ces lieux, et la demande d'aide d'une de ces Amies: Sera. Elle travaillait en parallèle pour l'Inquisition, cette grand nouvelle institution qui se voulait "Apporteuse de paix pour Thedas". Il y avait beaucoup de rumeurs à ce sujet, mais d'après les retours de Sera, qui question confiance et intérêts du peuple s'y connaissait, on pouvait relativement leur faire confiance. Et donc les aider. Ici, je devais "aider" un des agents de l'Inquisition pour enquêter sur cet homme, que l'on disait potentiellement de mèches avec les Templiers rouges qui sévissent dans la région. Je devais l'aider à fouiller et à ouvrir certaines portes, vu qu'il n'était pas du genre... voleur et discret. Je regardais la salle, pleine de personnes en habits clinquants, de masques et de conversation superficielles. Sera m'avait donné quelque informations, à sa manière, sur la personne que je devais aider. Un certain Cullen Rutherford, Commandant des armées de l'Inquisition. Rien que ça, s'il vous plait. Sa principale caractéristique ? Attirer les femmes et les hommes comme des mouches avec ses beaux cheveux impeccables, et du genre à oublier de manger tellement il travaille. Il avait été invité je ne sais comment, ses exploits à l'Inébranlable ayant intéressé le propriétaire des lieux et qui voulait sans aucun doute attirer un peu de l'aura de l'Inquisition sur lui. Ou alors juste pour faire diversion et éviter les soupçons. Je continuais de jouer, observant la salle. Soudainement, je vis de l'agitation au niveau de l'entrée, des murmures se faisant entendre alors que tous s'agglutinaient pour voir qui arrivait. Mes yeux dorés derrière le masque ne pouvaient rien discerner, mais mes oreilles étaient toutes ouïes....

Cullen devait une faveur à Sera.

En tant que Commandant de l'Inquisition, il n'était pas souvent au courant des manigances de cette petite maligne. Les amis de Jenny la Rousse était un regroupement assez... Bucolique. Inopportun. Et surtout, il était très romantique. Une bande de serfs, d'artisans et d'elfes qui voulait protéger leur intérêt des nobles. Cullen, en tant que bon Féreldien, ne toucherait pas un noble orlésien avec une perche de dix mètres. C'était une allergie que tous contractait à leur naissance sur ce sol ancien. Il aimerait se dire que c'était le comportement de ces nobles qui le repoussait, mais non ! C'était leur odeur. Certains d'entre eux ne prenaient des bains aussi souvent que les paysans qu'ils moquaient, et pensaient qu'ajouter couche sur couche de parfums les aiderait à masquer cette odeur néfaste. Cela ne faisait pas l'affaire.

Sera lui avait glissé un papier coloré de ce qu'il espérait était de la confiture aux fraises sur son bureau encombré. Fonctionnait-elle ainsi en code couleur ? Ou était-ce seulement pour attirer son attention ? Le Commandant se voulait être un homme assidu, et il lisait tout ce qui atterrissait sur son bureau. Tout ce qui ne finissait pas empilé sous un bon décimètre de papier, en tout cas. Qu'importe ce qu'elle avait utilisé pour colorer son papier, les petits dessins improvisés dessus était ce qui avait finalement capté son œil.

L'elfe n'était pas la plus grande artiste du fort. Cullen était certain que Joséphine avait suivi une formation, et qu'en tant qu'ancien barde, Léliana serait plus apte à dessiner que Sera. Mais ici, le portrait était... étrangement photoréaliste. Un grand nez, une barbe de trois jours digne d'un porcelet, des yeux enfouis comme ceux d'une fouine et surtout ces sourcils qui étaient aussi fournis que des milles-pattes. Le Commandant avait bien trop vu ce visage pendant ces années à Kirkwall, et durant sa période à l'Inquisition il avait été source de nombreuses migraines.

Sur ce papier, dessiné par Sera, n'était autre que Samson. Dans toute sa gloire. Son modèle avait du être ses souvenirs de la chute de Darse. C'était important. Tout ce qui portait son visage respirait la corruption et le lyrium rouge. Sera avait bien fait de reporter ce... trafic de Lyrium Rouge dans les palais même de la noblesse orlésienne. Elle était assez intelligente pour lier tout ça à Samson.

Cullen n'avait pas souvent approuvé cette... alliance entre l'Inquisitrice et ce groupe qui n'était en résumé que des bandits de grand chemins qui se donnait des airs de romantiques. Il avait entendu la façon dont Sera avait approché l'Inquisitrice. Les nobles étaient un groupe vicieux, prêt à tout pour faire avancer leur intérêt, mais c'était des nobles. Cullen ne voulait jamais l'admettre, mais si l'Inquisition voulait positionner ses pions en Orlaïs, c'était les nobles qu'il fallait courtiser, et non une bande de paysans armées de flèches qui faisait tout pour les provoquer.

Enfin. C'était une bande de paysans armés de flèches, d'épée, et d'une tradition millénaire qui avait repoussé les Orlésiens de Férelden. Cullen se trompait-il peut être.

Suivant ces informations, il avait donc demandé à Joséphine des conseils pour débusquer ces rats. Or, il n'avait pas pris en compte que l'Ambassadrice de l'Inquisition était excellente à son métier. Elle était extrêmement persuasive.

Il n'avait pas eu le temps de commencer à regretter avant d'être dans une dilligence, des vêtements d'apparat stockés dans un coffre derrière lui. Créateur. Pourquoi y avait il fallu qu'une fête se déroule au même instant où il demande à Joséphine ? Il n'avait pas le temps de participer à ses fastes. Il n'avait pas le temps de s'habiller bien, de retirer sa précieuse armure et de ne pas avoir sa précieuse épée à son côté. Que se passerait-il si un vénatori s'infiltrait au milieu ? Il n'avait même pas de Lyrium pour annuler sa magie. Le tout serait simplement un désastre, et ils allaient tous mourir.

Mais c'est en descendant de sa voiture que Cullen se rendit compte que la soirée était déjà un désastre. Les vêtements de velours, rouge et bleus, lui collait à la peau. La fabrique, pourtant si douce, l'irritait, et il donnerait tout pour retrouver sa fidèle armure. Un symbole de l'Inquisition, dans la bouche d'un Lion, était brodé en face de son cœur.

Misère. Il aurait du prendre une cagoule.

En passant la porte, le héraut se mit à crier :

« Ici entre le Sieur Cullen Rutherford, Commandant de l'Inquisition, et Lion de Férelden ! »

Quelle entrée. Les agents qui l'accompagnait dans le carosse se déployèrent dans la soirée. C'était des gens de Léliana, et ils en profiteraient pour glaner des informations sur les sphères nobles. Cullen ne savait plus où se mettre.

Sera lui avait dit que quelqu'un serait là pour l'aider, et avait ajouté en se moquant qu'il en aurait besoin. C'est vrai qu'il n'était pas fait pour ses missions, et le fait que le tout soit dans une soirée nobliaute d'Orlaïs...

« Commandant ! »

Un choeur de voix féminines s'approchèrent, l'une d'elle tenda la main. Il savait que la coutume était d'embrasser, plutôt d'effleurer de ses lèvres le dos pour afficher sa courtoisie. Mais ici, Cullen était... paralysé. Il ne savait plus vraiment comment réagir. Les femmes qui l'entouraient était toutes plus magnifiques les unes que les autres. Leur robes déployées affichaient des couleurs sublimes, et épousait la forme de leur corps jeunes. L'une d'elle avait un corset outrageant qui montrait bien plus de décolleté qu'il n'était humainement possible. Cullen se demanda comment son poitrail pouvait bien tenir enfermé dans cette fabrique. Une autre avait un maquillage ravissant : Ses lèvres pulpeuses sembler murmurer des invitations, et ses yeux noisettes pétillaient de malice. Elle portait ses cheveux en une natte unique, qui reposait sur son épaule. Elle ressemblait...

Elle ressemblait...

Cullen rougit instinctivement. Il devait se sortir de cette situation, ou ces femmes allait signer son arrêt de mort.

« Mesdames, euh... »

Mais elles le coupèrent aussitôt.

« Commandant, voyons. Vous ne pouvez pas arriver ici et vous enfuir sans nous parler de vos histoires... Je suis sûre qu'elle sont très intéressantes ! Ho ho ho ! »

Son interlocutrice, celle avec le décolleté impossible, se baissa pour ponctuer son rire. Cela accorda une vue encore plus profonde à Cullen, et il décalla immédiatement son regard.

Comme quoi. Les nobles n'étaient pas aussi différentes que les amies de Sera.

Au début, je n'avais pas vraiment crû le message de Sera quand elle me dit que je verrais forcément l'agent de l'Inquisition, ou plutôt j'entendrais son arrivée. Je ne voyais pas grand chose d'où j'étais, mais l'annonce du nom de mon partenaire de Noble Jeu ainsi que les gloussements et petits cris excités de certaines dames m'indiquèrent qu'elle avait totalement raison. De là où j'étais, je ne pouvais pas le voir, mais savoir qu'il était dans la pièce voulait dire que je devais me mettre au travail. En effet, bien que je sois là pour le compte des Amis, j'avais également ma couverture à assurer. Je devais jouer de la musique, mais pas uniquement. Je jouais toujours de mon Luth, quand un serviteur elfe vint me chuchoter quelque chose à l'oreille. J'hôchais de la tête, et m'arrêtais de jouer à la fin de la chanson. Je m'éloignais du groupe de musique, me rapprochant d'une grande porte en bois clair orné d'une tête de Bélier Auguste. Cette porte était encadrée par deux gardes en tenue complète, qui me regardèrent mais me laissèrent passer. Dans cette pièce, je faisais diverses installations et surtout je me changeais. Mon bel habit sombre et classique de Muse se changeait en robe plus drapée et colorée d'Antivane, mes cheveux roux étaient lâchés en une volute tout juste serrée au niveau de mon front par un foulard vert canard. J'avais également changé mon masque blanc pour un masque de bronze en dentelle. Je mis quelques longues minutes à installer et à peaufiner le décor. Je savais ce que je faisais, car j'étais bien renseignée et je savais à quoi faire attention. Une fois tout cela fait, je prenais des affaires dans un sac et retournais à la porte. Là, l'entrouvrant, je trouvais une servante juste devant. Je lui passais des cartes, chuchotant quelques mots et instructions. Je refermais aussitôt la porte, et me mettait en place.




Pendant ce temps Cullen était bien entouré, dans le sens où aucun assassin ne pouvait oser pénétrer les rangs serrés et compacts des jeunes femmes qui avaient jeté leur dévolu sur lui. Il est clair qu'il était fascinant. Bel homme, un poste haut placé dans cette nouvelle Inquisition sur laquelle tout le monde fantasmait. Mais surtout... Cette façon si timide et candide de réagir aux avances, une vraie friandise posée sur un plateau, ou plutôt un petit agneau de l'année entourée de louves affamées. Une en particulier, Dame Mévanoui, avait remarqué le regard rougissant de Cullen en se posant sur Dame Nessa mais également sa gêne en posant ses yeux sur son décolleté. Il faut dire que Dame Mévanoui, avec sa jeunesse et son corps avantageux, avait poussé l'extravagance et l'outrance de ses habits au summum pour séduire les hommes tout en tenant son rang. Entremetteuse et maline, elle était connue avec sa bande de donzelles excitées à faire des ravages. Scandales, secrets, outrages, jalousies provoquées, elles étaient à l'image des jeunes femmes nobles et oisives cherchant l'aventure dans les relations extravagantes. Et ce soir là, elle avait décidé que le Commandant Cullen serait sa proie. Mais qu'allait elle faire de lui ? Ses yeux aguicheurs posé sur les joues rougissantes du commandant ne savaient pas encore... Son imagination et sa troupe d'apôtre à froufrou allaient cependant rapidement trouver source d'inspiration. En attendant, elles faisaient la conversation, ou plutôt l'assaillaient de nombreuses question sur son histoire, ce qu'il faisait à l'Inquisition, s'il était vrai qu'il avait tué un lion à main nue, et si la vie entre soldat dans les barraquements était aussi dure qu'on le prétendait. Entre temps, un ballet de serviteurs  allaient et venaient pour leur proposer boissons et canapés. Les filles en profitaient pour proposer ces mets de choix au commandant, l'empêchant absolument de s'enfuir. Mais elles n'eurent pas le plaisir de pouvoir faire plus longtemps enquête sur les aventures du commandant que la musique cessa un instant, laissant un homme tout en tenue d’apparat et portant les armoiries du domaine s'exprimer d'une voix affable et enjouée.

" Bienvenus à tous à cette petite fête d'hiver au domaine de Montgallant. Je vous remercie de votre présence, et nous allons pouvoir commencer les festivités."

Il y eu quelques murmures d'anticipation, même les jeunes femmes écoutant avec attention ce que leur hôte avait à dire.

" Nous avons parmi nous une Liseuse de Bonne Aventure, voyant l'avenir à travers les Cartes et les lignes des mains. Ce soir elle fera partager à quelques un d'entre vous sa vision sur les mystères de la Vie, de la Fortune, et de la Passion...."

Il y eut des murmures enthousiastes, plus particulièrement chez la gente féminine qui se mit à chuchoter avec plus de force et plus d'excitation. Quelque chose dans l'air semblait vibrer, comme s'il y avait quelque chose de plus d'attendu qu'une simple divination. Cela se confirmait d'ailleurs, car Cullen put entendre une des jeunes filles (Dame Nissa) piailler d'excitation.

" Ho ouiii, ils ont renouvelé ce jeu ! Je me demande qui sera choisi..."

Ce n'était donc pas la première fois que ce jeu était fait ici. Mais pourquoi autant d'engouement ? L'hôte avait bien spécialement laissé le temps à l'assemblée de murmurer d'excitation, un petit sourire satisfait se dessinant sur son visage et son torse se bombant un peu plus. Une activité réussie dans un bal d'hiver, c'était d'autant plus de bonnes grâces de gagnées. Et le Créateur seul sait à quel point il en a besoin avec la Guerre Civile...  Il reprit la parole, ouvrant les bras comme pour embrasser l'assemblée.

"Regardez dans vos poches, si une carte de Tarot s'y trouve vous êtes alors l'un des heureux élus. Présentez vous chacun à votre tour à la porte du Bélier, pour y rencontrer notre oracle...."

Tout le monde se mit alors à fouiller ses poches, ou ses gants. Ainsi, il y avait eu malice ! Mais c'était attendu, et ce petit tour était apprécié et donnait plus de piment à la sélection des heureux gagnants. Les yeux de Dame Mévanoui se posèrent sur la forme avantageuse de Cullen, et vit alors dépasser de sa ceinture ce qui semblait être une carte. Ses yeux brillèrent, et elle s'exclama devant toutes les autres.

" Commandant Cullen, regardez votre ceinture ! Je crois voir quelque chose..."

toutes les femmes attendaient qu'il regarde sa ceinture, et on pouvait en effet voir le coin d'une carte dépasser de la ceinture de Cullen. Comme pour toutes les autres, un serviteur aux mains lestes avait glissé cet objet pendant que le commandant avait son attention détournée. Il eut à peine le temps de voir ce qu'était cette carte, que les jeunes femmes se mirent presque à crier d'excitation, et toutes en choeur.

"Hiiii !! ! Il a une caaarte !"
"Hiiii !! ! Il a une caaarte !"
"Hiiii !! ! Il a une caaarte !"

Un choeur des plus effrayant et des plus stridents à vrai dire... S'en suivit une conversation privée entre les jeunes femmes, quasiment inaudible entre les gloussements et les voix haut-perchées. Les regard appuyés lancé de temps en temps à Cullen étaient également assez inconfortable, et montraient qu'il y avait autre chose à une simple divination. En regardant la carte, le Commandant put reconnaitre un symbole atypique des cartes de Grâce Perfide...


C'était un Lion, rugissant vers la gauche et reposant sur un sol de ronce. La carte ne faisait pas partie d'un set habituel de Grâce Perfide, elle semblait avoir été faite sur mesure. Cependant, sur le haut de la carte, comme rajouté à la cire et en relief, se trouvait un petit dessin d'abeille rouge. Il était discret, semblant avoir été fait avec le bout d'une aiguille. Il se retrouvait ainsi avec une carte, et il devait participer à ce jeu de divination. En levant le regard, il put voir quatre autres personnes choisies, trois hommes et une femme. Ils commençaient à se diriger vers la porte au Bélier Auguste, qui était à l'autre bout de la salle. Mais avant de pouvoir y aller, et de comprendre ce qu'il se passait, il y avait un obstacle à affronter. Les Harpies avaient en effet arrêté leur conversation, et s'étaient de nouveau tourné vers lui.