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Vae Soli
Malheur à l'homme seul
the Trevelyans
Même les arbres écrasants et la beauté à couper le souffle des Tombes ne pouvaient distraire Cordélia de ce qui allait venir. Elle avait cheminé longtemps, et maintenant il était temps de voir si les rumeurs étaient vraies. Bethany n'était pas du genre à se tromper, et si elle lui disait que le directeur de cette nouvelle faction de Libertaires était un Trevelyan, elle devait en avoir le coeur net. Le ventre noué d'appréhension et d'anticipation, elle arrêta les pas de son cheval à quelques mètres de la porte, attendant que les occupants remarquent sa présence. Chose qui ne tarda pas à arriver ; elle était dure à rater, après tout. Elle leva le bras en signe de paix et annonça :
- Je suis l'Inquisitrice Trevelyan. J'aimerais demander une audience avec le Directeur de votre école, annonça-t-elle assez fort pour être entendue. Elle leva la main qui portait l'Ancre pour prouver la véracité de son statut. Je viens en paix.
Elle était venue seule, une rareté qui pourrait la mettre en danger si les mages jugeaient sa présence inopportune. Une ancienne Templière, et dirigeante d'une organisation que beaucoup percevaient comme excessivement puissante et intrusive. Oh, cette école de mages indépendants allait sûrement l'adorer. Et si les rumeurs qui racontaient qu'une Trevelyan était à la tête de l'organisation se révélaient fausses, elle se retrouverait sans aucune justification pour sa visite, en plus d'avoir l'air stupide.
(c) DΛNDELION
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Vae Soli
Cordélia & Bryn
« Brother and sister, together as friends, ready to face whatever life sends. Joy and laughter or tears and strife, holding hands tightly as we dance through life. »
« Bryn, Bryn ! Il faut que tu viennes voir ! » La voix de Ricco vint interrompre le cours des pensées du jeune homme. Combien de temps le tout nouveau directeur avait passé dans ces registres ? À constater le rendement de leurs vivres, à calculer combien de temps cela durera, pour combien de personnes, et surtout, comment s’organiser pour leur équilibre fragile perdure… Conquérir le château d’Onterre était une chose – et un succès inespéré – mais maintenant, il s’agissait de mettre en place tout ce que lui, Anders et Tamara avaient prévu. Et bien sûr, quand il fallait mettre son nez dans des chiffres et des soucis d’administration, Anders avait toujours quelque chose à faire. Peut-être n’était-ce qu’une coïncidence après tout. Peut-être que Fenris arrivait pile dans ce genre de moments par hasard… Allez savoir ce que le Créateur avait en tête ! Surtout pour Anders !Bon après tout, gérer tout ça était aussi le rôle d’un directeur, et au moins, il n’avait pas à se mettre sur le devant de la scène, cette fois. Simplement vérifier que tout était en ordre. Que tout allait bien à Onterre. Qu’on pouvait continuer ainsi.
Alors c’était avec beaucoup de mal que Bryn releva les yeux vers son camarade.
« Qu’est-ce qui se passe… ? »
« L’Inquisitrice est là ! »
Là, il faillit faire un bond dans son siège, bond qui l’aurait très probablement mis par terre. L’Inquisitrice ? De l’Inquisition ? La Messagère d’Andrasté ?? La panique commença à se lire sur ses traits, tandis qu’il tenta de se raisonner le plus rapidement possible. C’était logique, après tout : après la conquête d’Onterre, il était normal d’attirer l’attention des puissants… Après tout, il avait bien reçu une lettre de la Championne de l’Impératrice ! Mais… tout de même… l’Inquisition ? Si tôt ? Rien n’était prêt ! Et Anders n’était même pas là ! Qu’est-ce qu’il fichait ? Où il était ?!
« Okay, okay… Tout va bien… Combien sont-ils ? »
« Elle est venue seule. Ou en tout cas, personne ne la suit. »
« …… Attends. Quoi ? »
« Ouais, j’ai trouvé ça bizarre aussi, mais elle est arrivée dans l’entrée avec son cheval, et elle a brandi sa main. Il y avait cette magie… verte… C’est la Messagère, j’en suis sûr ! »
L’Inquisitrice, seule ? C’était très bizarre… Bryn n’imaginait pas qu’on puisse être un tel dirigeant, et aller et venir seul, comme ça. C’était dangereux. Pour elle. Et si jamais les Libertaires étaient hostiles ? Certes ce n’était pas le cas, c’était même à l’opposé de tout ce qu’ils bâtissaient, mais on ne peut jamais savoir vraiment si on ne connaissait pas.
« Je vais y aller. Est-ce que tu peux informer Tamara ? » Ricco hocha la tête, et il n’en fallait pas plus à l’adolescent.
Il remit en vitesse les feuilles qu’il avait dans la main à leur place, et quitta le bureau à la hâte. Un coup de main dans ses cheveux, pour les coiffer un minimum – il devra d’ailleurs les couper, à l’occasion –, ses doigts vinrent également remettre son col de chemise correctement, avant qu’il ne quitte le bâtiment principal pour se trouver dans la cour, face à la grande entrée. Beaucoup de mages curieux étaient là. Et méfiants aussi. Personne ne comprenait vraiment pourquoi la si célèbre Inquisitrice était venue. Quand Bryn arriva, ils le laissèrent passer, lui demandant rapidement ce qui se passait, ce que tout ça signifiait, mais à défaut d’avoir une vraie réponse à donner, le jeune mage continua d’avancer jusqu’à ce qu’il la vit…
Et son cœur s’arrêta.
C’était un fantôme. Une image du passé. Un visage qu’il n’imaginait pas revoir, sinon dans ses souvenirs.
« …… Cordélia…? » souffla-t-il, à peine audible.
Est-ce que c’était vraiment elle, au moins ? Il se souvenait de sa sœur, et cette femme lui ressemblait trait pour trait. Elle n’aurait pas changé… pas du tout ! Lui par contre, c’était autre chose. La dernière fois qu’il avait vu son aînée, il n’avait que six ans… ou sept… il ne savait plus. Depuis, presque dix ans s’étaient passés, et il ne ressemblait plus en rien au garçon qu’elle aurait connu.
« Vous… êtes l’Inquisitrice…? »
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Vae Soli
The Trevelyans
tout est devenu flou
Le temps se figea autour de Cordélia lorsqu'elle posa les yeux sur son jeune frère, le sang des Trevelyan.Il l'avait quittée petit garçon, elle le retrouvait homme. Il restait la lueur rieuse du petit garçon que Bryn avait été dans son regard, à côté d'un univers d'émotions qu'elle n'arrivait pas à identifier, celui de cet étranger, ce jeune homme qui lui faisait face et dont le visage la ramenait dix ans en arrière.
Il était vêtu plutôt modestement, à des années lumière de différence des vêtements et armures bien soignés de Cordélia. Il avait les yeux nettement trop creusés pour un adolescent de son âge, et était très fin. Qu'est-ce qu'il avait grandi... Elle n'en revenait pas. Lors des longues nuits froides où le manque de sa famille lui étreignait la poitrine, elle avait essayé de s'imaginer à quoi il ressemblait désormais, et à quoi il occupait son temps. Elle avait prié le Créateur pour qu'il soit heureux, et sauf. Et maintenant, il se tenait devant elle.
- O... Oui, c'est moi. Elle sentit sa gorge se nouer, sa poitrine se serrer et ses yeux s'emplir de larmes. Elle engloutit la distance qui la séparait de son frère, et l'entoura de ses bras dans une étreinte que seule une grande soeur savait donner. Je t'ai enfin trouvé. Par le Créateur, qu'est-ce que tu as grandi...!
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Cordélia & Bryn
« Brother and sister, together as friends, ready to face whatever life sends. Joy and laughter or tears and strife, holding hands tightly as we dance through life. »
Il ne savait pas quoi dire. Ou faire. Tout lui tombait dessus d’un seul coup, et ce visage… Par le Souffle du Créateur, ce visage ! Il aurait cru ne jamais le revoir un jour. Il fallait se faire une raison : on était en guerre, les mages et les templiers étaient les premiers concernés, les premiers dans le conflit, et beaucoup avaient déjà péri. Ou étaient disparus. On ne savait jamais où se trouvaient nos proches… et Cordélia était justement une templière. Une partie de sa raison lui avait murmuré de faire son deuil, il y avait de cela très longtemps. Et une autre partie, de son cœur cette fois-ci, qui lui faisait garder espoir.Mais là… aujourd’hui… dans ces circonstances… non, c’était impossible. Impensable.
« O… Oui, c’est moi. »
Il frissonna, mais fut bien incapable de bouger. Il restait figé, le souffle presque inexistant, le regard vissé sur cette jeune femme… sur sa sœur.
On les regardait encore, curieux et perplexes, cherchant eux aussi à comprendre ce qui se passait, mais pour être honnête, Bryn avait complètement oublié qu’ils étaient encore là. L’Inquisitrice prit alors les devants, et en quelques pas rapides, elle parvint jusqu’à lui, l’enlaçant si tendrement… si doucement… si chaleureusement…
« Je t’ai enfin trouvé. » entendit-il dans un murmure. « Par le Créateur, qu’est-ce que tu as grandi… ! »
Ce n’était pas réel. Ça ne ressemblait pas à quelque chose de réel. Et pourtant, le jeune homme sentait sa chaleur, ses bras contre lui, sa difficulté à respirer sous le coup de l’émotion… et lui-même sentait les larmes lui monter aux yeux.
C’était réel.
Alors il répondit à son tour à cette étreinte, la serrant contre elle, enfouissant son visage dans le creux de son épaule. Cette odeur, cette sensation… Par le Créateur… !
« Grande sœur… »
Son murmure ressemblait davantage à un sanglot, et pourtant, il faisait son possible pour rester fort.
« Qu’est-ce que… Mais qu’est-ce que tu fais ici ? » demanda-t-il alors, la voix de plus en plus tremblante. « Tu… me cherchais…? »
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The Trevelyans
tout est devenu flou
L’étreinte sembla durer une éternité, dans ce qui était pour elle l’un des moments les plus heureux de sa vie. Ce jeune homme qu’elle serrait dans ses bras était le même petit garçon qu’il y avait des années. Elle n’aurait jamais cru le revoir vivant.Après de longues minutes, elle desserra son étreinte, la notion que d’autres personnes étaient en train de les regarder lui ayant totalement échappé alors qu’elle regardait le visage de son frère. C’était en effet lui, avec ses cheveux en épis et son regard noisette si particulier. Il avait maintenant une mâchoire beaucoup plus carrée, et elle ne put s’empêcher de noter les traces de la fatigue creusant son visage.
- Je pensais qu’il t’était arrivé quelque chose… Ou que tu m’avais oubliée. Elle baissa le regard un instant, sentant les larmes monter. Sa famille était devenue un lointain souvenir depuis qu’elle avait été emportée dans l’Inquisition, mais elle n’avait jamais cessé de penser à son petit frère. Et puis j’ai entendu parler de cet endroit. Je voulais en avoir le cœur net, car ta présence ici me semblait… impossible.
Le simple fait de retrouver Bryn dans la fameuse école de Mages Libres des Tombes d’Emeraude relevait de la fiction pure et dure. Mais il était là… et ils avaient beaucoup de choses à se raconter. Elle le regardait, incrédule, alors que son esprit tentait d'assimiler tout ce que cela impliquait.
- Tu es un mage ?
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Cordélia & Bryn
« Brother and sister, together as friends, ready to face whatever life sends. Joy and laughter or tears and strife, holding hands tightly as we dance through life. »
L’oublier… comme si une telle chose était possible ! Bryn avait tant de fois pensé à elle, surtout quand il apprenait des attaques de Templiers, ou des décès, priant pour que sa sœur, où elle soit, n’en fasse pas partie. Et puis la voilà, juste devant lui, alors qu’elle desserrait ses bras pour l’observer. Il lui sourit, un peu maladroitement, le regard rougit des larmes qui menaçaient de tomber, et puis il vint essuyer son nez avec sa manche.« Tu es un mage ? »
La question vint cependant le figer. Bien sûr, Cordélia ignorait tout de cette histoire. Comment l’aurait-elle pu ? Elle était partie depuis trop longtemps ! Bryn releva alors les yeux vers elle, sentant à présent cette boule dans son ventre. Il n’avait plus honte de ses dons, plus maintenant. Il avait appris à les accepter et à les voir comme une partie de lui. Mais la magie lui avait déjà fait perdre sa famille une fois. Cela avait mis constamment son père en colère jusqu’à l’arrivée des Templiers, et sa mère ne cessait de prier le Créateur pour Lui demander ce qu’elle avait fait de mal. Et leur frère… lui se contentait de l’ignorer et de laisser faire les choses. Pour lui, la place des mages était dans un Cercle, car ça avait toujours été le cas. Mais Cordélia, elle… elle n’en savait vraiment rien…
Le jeune homme déglutit nerveusement, mais entreprit de se reprendre, inspirant longuement.
« La… route n’a pas dû être facile pour arriver jusqu’ici. Allons à l’intérieur… »
D’un geste, il invita alors sa sœur à le suivre, laissant son cheval à l’entrée. Il y avait trop de monde ici, et il préférait que ces retrouvailles se fassent… en privé. Là où il pourrait certainement s’expliquer. Il y avait encore du désordre partout, un petit peu comme le début de l’Inquisition. Mais l’avantage, c’était que les couloirs étaient encore peu fréquentés, et ils pourraient discuter.
Et commencer par dire quoi ? Bryn se mordit légèrement la lèvre, avant de finalement se jeter à l’eau.
« Tu… Tu peux t’assoir où tu veux, les caisses sont solides, et on n’a pas encore du mobilier partout… »
Il déglutit encore, et cette fois, c’était sa nuque qu’il venait gratter avec angoisse.
« Ça ne me surprend pas que Père ne t’ait rien envoyé… me concernant… Ahem… P-Pardon, c’est difficile à dire, là comme ça. Je n’avais pas pensé que… eh bien… tu viendrais. C’est juste que je n’imaginais pas que ça arrive de cette façon… » Il inspira longuement, encore, et expira. « J’ai… montré mes premiers signes de magie quelques temps après ton départ… un an, peut-être, ou un peu plus … »
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