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Dim 12 Jan 2020 - 2:23

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「 Gâchis 」
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"Elvire"


« [...] Edaan voll niihras vo silfverbeslagna
Saatplaksen skolen i vl vinnad
Ben kasat innan Qunoran sjunga
Itwellen dofrani beres-taar gataad

Kaader voll jag kivaarit shok tel
Saam got rossandelit
Aaldrig na det katasdim eb sadel
Ej haller betsel uti munnit
»

Les notes décrurent, plis vocaux en baisse. Rideau. Salutations. Plusieurs chahuts joyeux s'élèvent parmi l'assistance qui avaient eut le bon goût de prêter l'oreille. Des pues-la-pisse principalement. Quelques habitués. L’œil torve,  un début de rhinophyma pour certains. On aurait pu lire la carte des vins sur leur pif. D'autres étaient peut-être un brin plus présentables. Il ne fallait cependant pas s'y tromper, le Grand Sittelle n'avait de grand que son nom. C'était un boui-boui infâme, dont la bière devait avoir été bu, pissé puis servit à nouveau. Quand à la pitance... Peut-être valait-il mieux ne pas en parler. Le tavernier avait de la chance. La géante ne voulait pas créer de grabuge mais l'envie de lui coller une quiche dans le groin la titillait nerveusement.

Ici on trouvait la plèbe. Les prolétaires des prolétaires. Autant dire que ce n'est pas avec ce genre de fréquentations qu'elle allait gagner des points de QI. Néanmoins ils avaient l'avantage d'être une source inépuisable de rumeurs. Bien sûr toutes n'étaient pas fondées, un approfondissement était souvent nécessaire... Tout du moins si cela était intéressant.
Car si une partie de Wycome était incroyablement riche, une plus grande encore était pauvre. Et hélas pour elle, le bas peuple avait la langue bien plus pendue que les pleins aux as pour qui ils œuvraient.

Norska s'inclina de manière ostentatoire, tirant sa révérence et se fraya un chemin vers le comptoir. Voilà presque deux heures qu'elle s'usait la voix, forant son savoir de trobairitz jusqu'à extirper des brides de poèmes. Assemblant et désassemblant. Coupant, découpant et entrecoupant. Jouant vite et acculant les rythmes, le verbe tranchant jusqu'à la stance calme et apaisé avec cette note de quarte juste.
Le tavernier posa un plat à l'odeur douteuse accompagné d'un grand verre de vin qu'elle engloutit rapidement. Si l'expression manger au lance-pierre était appropriée aux humains, la Qunari pouvait se targuer de s'empiffrer à la catapulte. Son poing percuta sa cage thoracique, résonnant à travers son corps. Un retour bruyant vint se mêler au tohu-bohu ambiant, faisant éclater de rire ses voisins de bar.

La nuit s'écoula, lentement, alors que la musicienne jacassait avec le bas peuple, écoutant les malheurs, creusant ce qu'elle trouvait intéressant, feignant l'intérêt pour ce qui ne l'était pas. Après tout, aucune mission ne lui avait été assignée depuis la précédente.
Cela ne signifiait aucunement qu'elle avait quartier libre, bien au contraire. C'était l'heure de la pêche aux informations, un travail long et fastidieux de collecte qui représentait la majeure partie de l'activité des agents en opération sur le sol Thédasien. Suite à quoi un compte rendu mensuel était envoyé au Ben-Hassrath en charge de la cellule avant de remonter encore plus haut.

Si se mêler aux humains avaient été assez difficile à ses débuts, sa couverture de tal-vashoth mêlée à son talent de ménestrel, ainsi que l'amélioration de ses compétences sociales au fur et à mesure de ses pérégrinations l'avait grandement aidé. En échange d'un peu d'animation dans une gargote, on lui fournissait logis, couvert et foin pour sa monture. Évidemment il ne fallait pas viser trop haut, les beaux quartiers n'appréciaient guère de voir une Qunari fréquenter les établissement huppés de Wycome. L'histoire avait rancune tenace.
L'air extérieur était frais contrairement à l'ambiance surchauffée de la bicoque. De sa démarche souple, elle se rendit à l'écurie pour rendre visite à Brakauer, son éternel canasson. Dès qu'elle posa le pied dans l'étable, elle le sut, instinctivement, d'un simple coup d’œil. Sa main se glissa entre la selle et le tapis, extirpant un petit morceau de papier.
Elle le lut, décryptant le langage codée des Ben-Hassrath. Une fois fait, elle incinéra le petit parchemin dans la lanterne, répandant les cendres à même le sol.

Tallis retourna dans le bâtiment principal, s'isolant dans la petite chambrette sale. Demain à l'aube, elle chevaucherait vers Ansburg.




Dim 12 Jan 2020 - 22:31

Elvire
Elvire

 

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Gâchis


D’un pas lent il ondule, sinistre amant
Une note gutturale dans la nuit
Désespoir



Une goutte d’eau roula de son front à sa joue, puis s’élança dans le vide pour s’écraser sur le cuir de la selle de son équidé. Les yeux jaunes clignèrent à peine lorsqu’une bourrasque vint agiter l’air et l’eau qui tombait à goutte régulière du ciel. Immuable statue de chair, elle observait placidement. Le cheval lui, s’agita légèrement, secouant son encolure. Il lui signifiait son impatience doucement. Si elle restait ainsi plus longtemps, il ne tarderait pas à piaffer. Elle l’encouragea donc à reprendre la route d’un mouvement de hanche bref, ce qu’il s’empressa de faire, ravi de quitter cette corniche surplombant la vallée. A mesure qu’ils descendaient le sentier, le vent se calma légèrement. Le temps devint ainsi un peu moins inconfortable.

C’était certainement l’expérience, mais elle savait que ce qui s’annonçait avait le goût pâteux et amer du désastre. La lassitude rongeait ses os autant que l’humidité. La pluie était cependant une alliée estimée, effaçant les traces, emportées par ses sillons et trop noyée dans sa boue pour être lisibles. Cela lui avait permis d’affiner ses recherches. Après tout, c’est ce qu’elle était et ce pourquoi elle était venue. Un objectif simple, une cible, un décès. C’est aussi pour cela qu’elle avait sollicité un appui au Ben Hassrath. Elvire était expressément douée pour se faufiler et ne pas être vue, extirper des informations à des murs… par contre, le combat n’était pas sa spécialité et elle répudiait ce genre de finalité. Cet aspect n’entrait normalement guère en jeu, sauf lorsque la cible possède des capacités et talents qui pouvaient rendre les probabilités de victoires défavorables. C’était le cas.

Il y a deux jours de cela, elle avait laissé un message à la barde qu’elle avait un instant écouté chanter. Cette nuit-là, elle n’avait pas pris la peine de prendre un repas chaud, pas même la peine d'entrer dans la taverne. Trop de choses devaient encore être faites. C’est pour cela qu’elle avait laissé un message codifié lui indiquant leur prochain lieu de rencontre : Ansburg. Voilà pourquoi il ne fut pas étonnant pour la bufflonne trempée de trouver dans les écuries de l’auberge de cette bourgade, la monture de son acolyte. Après avoir payé le garçon d’écurie pour s’assurer que sa monture serait consciencieusement bouchonnée, elle gagna l’établissement. Il était trop tard pour avoir un repas chaud, aussi se contenta-t-elle d’une miche de pain, de fromage et d’une pinte de bière qu’elle emporta dans sa chambre.

Elle grogna en heurtant le cadre de porte de ses cornes. Un oubli qu’il lui arrivait de faire dans ces bâtiments d’humains, étriqués et misérables. Elle observa le bois endommagé et passa rapidement une main dessus pour en effacer les traces trop voyantes de fragments arrachés. Le tout fut accompagné d'un soupire agacé. Posant sa pitance sur la petite table, elle prit le temps de se dévêtir, étendant ses frusques au maximum pour leur permettre de sécher. Essayer tout du moins. Une fois changée, elle mangea avec contentement. La nuit fut courte, mais paisible. Son existence lui avait appris à peu dormir et il lui fallait peu de temps pour se reposer. Le confort qui n'était pas au rendez-vous n'était pas important non plus. Elle prit simplement le temps d'étirer son corps, après l'avoir déplié de la position recroquevillée. Lit d'humains... En ouvrant les volets, elle put constater que le soleil était de retour. C’est donc reposée qu’elle se leva de bonne heure pour descendre prendre son repas.

Sous son poids, l’escalier de bois grinça misérablement. Une fois parvenue dans la salle commune, elle l’observa brièvement. Mis à part la qunari, objet de son attention, il y avait quelques âmes qui déjeunaient. La mine était chiffonnée pour la plupart en raison de l’heure matinale. La silhouette imposante qui venait d'arriver attira tout de même leur attention. Ne serait-ce que pour le fait qu'il s'agisse de la deuxième créature à corne de l'établissement. S’avançant, elle tira une chaise à sa table sans prendre la peine de demander permission.
“Ça se mange ça ?„

Demanda-t-elle en reniflant en direction de son bol de bouillie d’avoine.
“Ravie de voir que je ne suis pas la seule Tal-Vashoth du coin, je ne m’attendais pas à rencontrer une congénère. Je suis Elvire.„

La langue commune est maîtrisée, la voix posée et le sourire sincère. La surprise et les émotions glissent comme des masques huilés. La comédie était rodée, il aurait réellement pu s'agir de la rencontre fortuite de deux bufflonnes rebelles. Elle se tourna pour demander la même chose à l’aubergiste. La rencontre est badine, les regards de la salle s’estompent, se font moins lourds. Ils sont sots. Elles savent. Il n’est en rien besoin de parler à demi-mots. Si elle ne connaît pas personnellement son interlocutrice, elle sait qui elle est pour l’avoir déjà rencontrée à quelques occasions. Le monde est petit lorsque vous travaillez dans ces contrées sous la même bannière. Plus tard, il serait temps d’expliquer à Tallis pourquoi l’Hissrad avait besoin de ses talents. Plus tard. A présent, il était temps de savourer son repas et faire connaissance.




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Sam 21 Mar 2020 - 1:17

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「 Gâchis 」
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"Elvire"


Brakauer trottinait vigoureusement dans l'obscurité, exhalant des nuages de vapeur par ses naseaux, tandis que le claquement de ses sabots tambourinaient sourdement sur le sentier en terre battue. Elle avait chevauché durant près de deux jours, ne s'arrêtant que pour abreuver son cheval ou s'offrir une maigre sieste.
Ce n'était pas pour sa vitesse ou son esthétisme qu'elle avait choisi ce canasson mais pour son endurance et sa robustesse. Infatigable coursier, il avalait les kilomètres sans broncher. On pouvait affirmer sans se tromper qu'il avait son propre caractère, entêté et fier, il n'en restait pas moins fidèle.

Le trajet s'était déroulé sans encombre, au gré des chansons et du temps. Parfois ensoleillé, parfois chantonnant. Un peu gris, un peu sifflotant. De temps à autre pluvieux, de temps à autre fredonnant.  La bruine coulait sur sa veste arlequin, pénétrante et froide, sans entacher sa jovialité, fonçant les couleurs du tissu. L'habit était cousu d'une myriade de bouts d'étoffe prélevés sur les habits des hommes, des femmes et des bouts de chou avec lesquels elle avait passé, disait-elle, plus qu'un « rigolo moment ».
Deux jours s'étiolèrent ainsi, au gré du vent, des chemins et des compositions. La lune déclinait lentement dans le ciel sans nuage, glissant silencieusement vers la cime des arbres. Ce n'est qu'en atteignant le sommet de la colline qu'elle apparut. Ville à découvert, tout de vert. Ansburg, la cité agricole. Les talons tapotent. Brakauer trotte la galipote. Des juments s'ébrouent dans les champs avoisinants, réveillant le fringuant canasson. Norska décoche un sourire face au comportement de l'équidé.

“ Plus tard mon grand ! „

Longeant la route, la Qunari plongea dans sa méditation, se préparant psychologiquement à la rencontre. Prête à jouter face à la Ben-Hassrath. Il n'y a de Tal-Vastoth que l'apparence, les disciples du Qun avaient toujours cette particularité de se sentir. Mais l'inverse était vrai aussi.
Un petit autel à la gloire du Créateur et à Andrasté attira son attention. Elle sourcilla, se remémorant de vieilles conversations. Certaines personnes croyaient dur comme fer « Il y a un Dieu » d'autres clamaient « Il n'y a aucun Dieu »... Quant à certains, ils n'hésitaient pas à dire « Il y avait un Dieu ».
Tallis croyait au Qun. En une idéologie. Pour elle, le blasphème était un crime sans victime. L'inspiration divine et tout le tintouin c'était bien beau. Mais cela ne servait qu'à justifier la folie des croyants dans leurs actes barbares. Des idiots aveuglés par des œillères, trop occupés à se préoccuper de leurs propres intérêts plutôt que de celui du bien commun.

Norska fit claquer sa langue, revenant à la réalité. Il était inutile de se mettre martel en tête pour ce sujet. Du temps de perdu, rien de plus.  
Continuant paresseusement sa route, elle finit par arriver devant les portes de la ville ou les gardes rondaient sans grande conviction. Malgré la méfiance que ses cornes pouvaient produire, son morin khuur et autres instruments suffirent à apaiser les plantons. Il ne fallut pas longtemps pour passer le point de sécurité. les hommes étaient las, attendant sans aucun doute la relève.
La Qunari et sa monture reprirent leur chemin dans les rues boueuses de la cité-état, plus haut s'élevaient les faubourgs, la Chantrie ainsi que le palais du Margrave.

Délaissant cette vision d'opulence, ses yeux se reportèrent sur les panneaux pour trouver l'adresse de l'auberge indiquée par la Ben-Hassrath. Les rues étaient encore vides, mais ici et là on pouvait voir de la lumière dans les maisons. Les paysans s'éveillaient, se préparant à une dure journée de labeur dans les champs.
Au sol, les sabots de Brakauer laissaient entendre des bruits de succion à chaque fois qu'il les soulevaient. Le passage chez le maréchal-ferrant serait obligatoire... Il faudrait aussi songer à remplir la bourse, celle-ci ne s'était guère remplie ces dernières semaines. Norska soupira en mettant pied à terre.

Sa présence s'imposa rapidement dans le réfectoire vide. Déposant la somme demandée pour profiter d'une maigre ration, elle prit place sur un banc. Ce dernier grinça de protestation sous le poids de la trobairitz. Petit à petit d'autres voyageurs vinrent remplir la salle, se tenant à bonne distance d'elle.

On lui amena un bol de céréales... Le récipient avait du connaître le premier enclin, l'avoine aussi d'ailleurs. Avoine qui avait sans aucun doute bouilli depuis cette ère oublié. Elle aurait pu gerber dans un récipient, le résultat aurait été identique. Ce qui était intéressant ici, était le procédé utilisé pour faire quelque chose d'aussi immonde avec des ingrédients normaux. Aussi incroyable que cela puisse paraître, elle avait la sensation de bouffer de la terre, de la bouse et du gravier, avec un doux fumé de poulailler alors que ce n'était que de l'avoine et du lait. Tout bonnement prodigieux.

La forme massive d'une consœur se matérialisa dans les escaliers, descendant l'escalier avec la grâce d'une charrette à purin. Elle balaya d'un regard la salle avant de venir s'attabler sans chichis à la table de Tallis.

Ça se mange ça ?

- En fermant les yeux et en se bouchant le nez, ça passe.

- Ravie de voir que je ne suis pas la seule Tal-Vashoth du coin, je ne m’attendais pas à rencontrer une congénère. Je suis Elvire.

- A l'inverse de moi qui attendait de pied souple, accueillons nous Elvire ! Je suis celle qui fond d'un même feu l'aventure et la poésie des parcours. Vashoth sied à mon orgueil mais mon lyrisme n'a rien de Tal. Norska pour te servir ! Trobairitz et vagabonde à mes heures perdues.

Tallis reprit une nouvelle cuillère qu'elle enfourna sans broncher, avant de constater avec malice que sa congénère avait le même goût du risque qu'elle. Les autres clients avaient rapidement décroché, laissant place à diverses discussions stériles. Leurs mots enflaient et gonflaient dans la pièce, occupant l'espace, ombrant la conversation des cornues.

Quelles illusions amènent une Vashoth à ma table ? Si ce n'est le doux arôme de mon bol ? Un instant de lyrisme mortel ? Une ode sépulcrale ? Non laisse moi deviner. Une fraîcheur printanière élégante pour débuter une journée qui s'annonce bien chargée pour deux âmes en maraude ?

Les intonations sont joueuses, chargées de l'amour du quotidien, livrant goutte après goutte les images oniriques des univers qu'elle parcourt. Un brin de folie sur sa voie libéré par sa voix. Le plaisir de croiser une Ralkath. Une alliée. Malgré toutes ses années passées en terre étrangère, l'accent se fait toujours sentir, exotique pour certains, brutal pour les autres. Irréductible petite part d'elle même qui refuse de se conformer.



Dim 22 Mar 2020 - 0:02

Elvire
Elvire

 

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Gâchis


Un récit à l'inéluctable dénouement
Une confortable résignation
Douceur écoeurante



La barde avait choisi sa place avec discernement. Un coin contre le mur, de manière à tout voir sans en avoir l’air et suffisamment éloigné des autres clients pour espérer discuter dans une absolue quiétude. Elle plissa son nez en reniflant exagérément fort son bol. La bouillie n’avait finalement pas si mauvais goût. Il fallait dire qu’elle n’avait jamais accordé grande importance aux mets qui la nourrissait. Tant qu’ils lui permettaient de régénérer ses ressources, c’est tout ce qu’elle demandait. Elle avait par ailleurs mangé si pire que cela lui semblait presque bon. Elle piocha généreusement, enfournant avec application les céréales en écoutant son interlocutrice commencer.

« Hm. Je pense qu’il convient d’utiliser le terme d’épopée. Quelque chose d’un peu plus glorieux qu’une marche macabre. Avant que n’arrive le déroulement, il survint tout un cheminement qu’il convient de ne pas oublier. Une fresque plutôt pittoresque. Il faut toujours ajouter une teinte de burlesque ou de grandiloquence pour ne pas tomber dans l’ennui. »  


Elle but dans son gobelet. Les bardes et leurs manières de parler, mais enfin… Elle reprit, sans s’attarder sur ses pensées désabusées.

« L’histoire d’un frère perdu, qui serait retrouvé après une aventure éprouvante. Il faudrait ajouter quelques pièges de-ci de-là. Parce qu’évidemment, les cartes sont brouillées et il se cache. Il ne veut pas être retrouvé. Pas pour les raisons tendres que penserait sa famille qui n’espère que son retour. Un complot sordide, fomenter par un esprit malade. L’histoire est bien plus déchirante par l’aspect affectif. Déguisée la sœur aurait pris l’habit d’un soldat et aurait approché son frère. Il ne la reconnaît pas évidemment. Esprit aveugle et tourmenté. Elle joue son rôle si bien qu’elle peut gagner sa confiance et presque le toucher du bout des doigts sans éveiller sa méfiance. »


Elle tendit une main devant elle, effectua un mouvement ample et théâtral. Elle pourrait se reconvertir c’était sûr, devenir conteuse et mendier son sou ainsi.

« Il l’apprécierait, ne se doutant de rien et s’ouvrirait comme avec chacun de ses hommes de ses dessins. Il veut reprendre le trône à sa famille, tuer ses frères et sœurs, parents, massacrer ceux qu’il estime indigne... ah, quelle tragédie ! La sœur comprend qu’il n’existe aucune solution pour le raisonner. Lui-même commence à douter de sa sincérité et l’étau se resserre. Les drames ont cela de pratique, car c’est bien de cela dont il s’agit. On place un cadre. Un royaume prospère et une famille royale heureuse. On place un poison, un enfant qui malgré tout ce qu’on fait décide de son propre sort par sa cupidité. Ce qu’il ne pourra avoir, il le prendra de force. Qu’importe si cela se fait sur le sang des siens. C’est même bien plus grisant. Il est là, fou, mais nocif. Il frappe et blesse. Et pourtant… une main lui est tendue, une main innocente et fraternelle. On pourrait croire le dénouement… mais non, mon histoire finira mal. C’est un mécanisme huilé, une fois actionné on ne peut plus l’empêcher, voici ce qu’un drame. Un contexte, une décision qui détermine la fin tragique. Il n’y a plus qu’à attendre tranquillement que tout se déroule. Elle ou lui. Eux ou lui. Quel déchirement. »


Elle froissa sa chemise au niveau de sa poitrine, d’une main tremblante.

« Bien sûr, la sœur sait que son frère est trop fort pour elle seule. C’est ainsi qu’elle décide de s’acheter une solution tierce. Et voilà le sang qui s’annonce. Elle ne tiendra pas le couteau, mais c’est comme si elle faisait couler son propre sang sur la pierre. Cela ne règlera rien, la question a été réglée il y a bien longtemps et ces choix n’en sont pas. Il s’agit simplement du mécanisme qui se déroule jusqu’à son aboutissement. La mort n’est guère qu’un détail, ce qui est intéressant, c’est le cheminement inéluctable. »


Voilà comment s'acheva l'histoire. Elle aurait pu expliquer les détails, comment elle avait pu déceler cette cellule traitresse. Elvire aurait pu détailler également chacun des actes et pas qui lui permirent de gagner les rangs de cette milice vindicative. Elle aurait pu décrire toutes les informations glanées, les nuits passées à trimer, les jours à marcher, les combats… Ce genre de chose était d’une logique imparable. L’autre savait ce qu’il fallait pour se fondre dans un rôle, comme il était possible avec beaucoup de patience de parvenir à ne plus éveiller de soupçon. En tout cas, pas trop, car dans ce cas précis, la cible était d’une rare méfiance. Aussi aiguisée que sa soif de revanche. Même si elle l’avait traîné par les cheveux jusqu’à chez eux, même s’ils avaient tenté une rééducation… non, elle savait que cet être là était irrémédiablement perdu. Un gâchis.

Souvent, elle avait observé l’encolure musclée, le regard droit et le respect que pouvait inspirer le guerrier. Il aurait été un reproducteur très appréciable, une puissance souple, une montagne inébranlable. Il aurait pu être utile. Il aurait pu, si seulement il n’y avait pas eu son esprit rongé par des idées perverties. Certains peuvent être sauvés, ils le doivent… et parfois, il vaut mieux arracher la branche insoumise qui nuit au bienêtre de l'arbre. Un rameau, même joli, peut nuire la fructification s'il n'est pas à sa place.

C’est pour cela, qu’elle avait mandé Tallis, avec un goût amer en bouche. S’il l’avait écoutée au lieu de continuer à agir au nom de principes honteux et vengeur. Il aurait pu se contenter de fonder une vie nouvelle, absurde et peut-être aigrie, mais sans agir à leur encontre. Il n’avait pas fait ce choix. A présent, elle avait juste hâte que tout cela finisse.

Elle ajouta très bas, en se levant.

« Au nord du village, il y a un moulin à vent. A son pied une rivière. J’irais m’y rafraichir lorsque le soleil sera à son zénith. En attendant, passez une agréable matinée. »


De son même pas lourd, elle quitta la salle. Il était temps de regagner le camp, sinon elle éveillerait plus de soupçon que nécessaire. Inutile de mettre en péril l’équilibre de son masque lorsqu’on est si près du but. Concernant les détails pratiques, elle les donnerait à Tallis sur les berges de la rivière. Il était de bon ton qu’elles ne soient plus vues ensemble avant l’avènement. Le dénouement tant attendu, le moment où les chants ne seront que gargouillis et plaintes.

Elle enfourcha son cheval sans se retourner. Satisfaite de l’entrevue, satisfaite de voir qu’il s’agissait d’un visage connu. Il n’y avait aucun souci à se faire, le chemin importerait, mais le résultat était déjà connu. Demain, le Tal-Vashoth serait mort, son entreprise avec lui.


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Sam 25 Avr 2020 - 15:06

Elvire
Elvire

 

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Note : mon partenaire m'a informée de son envie d'arrêter le jeu, faute de motivation et envie. Avec son accord, j'ai rédigé cette fin, avortée, pour ne pas laisser ce rp inachevé :s



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Gâchis


A pas précis et ondoyants
Fresque mouvante et gracieuse, elle danse
Aveugle



L’amorce avait été simple. Elvire observa la silhouette de Tallis, la voilà qui approchait. Elles ne restèrent que peu de temps à discuter sous cet arbre tordu. Le temps d’un coucher de soleil, que le rose du ciel s’étiole et que l’ombre de la nuit s’abatte sur la campagne. L’obscurité était un critère déterminant lorsque l’on veut à deux, trancher quelques fils délicats. Ce qui avait été délicat pour l’Hissrad avait été de s’infiltrer, de récolter chaque précieuse information. Elle avait dû sacrifier temps et ressources. Ce récit fastidieux occupa l’attente du crépuscule.

« Tout a commencé il y a cinq mois. J’ai obtenu des informations de quelques frères plus au nord sur les agissements d’un groupe qui recrutait activement. Il était précisé que ceux qui avaient envie casser du bufflon seraient servis. Inutile de dire que j’ai donc décidé de vérifier. Il était passablement étrange de trouver une cellule aussi active autant au sud.

Je n’ai pas eu grande peine à trouver le lieu qu’on m’avait indiqué. J’ai été surprise de trouver un véritable fort. L’activité était florissante et les hommes en nombre. Ce n’était donc pas l’œuvre d’un allumé qui ne serait qu’une mouche agaçante à chasser… J’ai observé pendant des jours les allés et venus, mais la zone était surveillée et je n’ai pas pu m’approcher.

J’ai donc étudié les possibilités en trainant dans les villages alentours. J’ai appris qu’en réalité ces mercenaires, nommés les Crânes Rouges, étaient apprécié. En effet, ils se sont arrangés avec le Iarl du coin. Contre une somme dérisoire, ils protègent les routes des brigands et étendent leur influence. Je ne pouvais donc pas espérer pouvoir déclencher un conflit avec les humains. Cela aurait été la meilleure de options, mais ce Vashoth était trop bien implanté pour que je puisse influencer le jeu politique.

J’ai donc frappé à la grande porte du fort de ces rouges et je me suis engagée. Au début, j’ai dû m’affranchir de plusieurs sales boulots pour leur témoigner de ma motivation. Par ailleurs, j’avais déjà rencontré un ou deux des gars durant des contrats il y a quelques années. Ma couverture de longue date m’a été favorable et j’ai été acceptée sans trop de complications.

Au fil des mois, j’ai pu me rendre compte que si le fort ne compte qu’une cinquantaine, voire centaine d’individu… il y en a bien d’autres disséminés. Leur chef… est un nuisible qui en plus d’avoir bafoué le Qun a décidé de se venger. Ce fanatique est malheureusement intelligent, ce qui fait qu’en quelques années, il a réussi à monter une compagnie de mercenaire puissante. S’il ne s’était pas aventuré plus loin et n’a fait qu’amasser richesse, c’était simplement pour mieux affuter ses lames. »  


Était-il utile d’expliquer dans le détail, à quel point elle avait plongé dans son rôle pour en extirper toute information possibles ? Était-il nécessaire de préciser qu’elle avait même partagé la couche de ce Vashoth pour en obtenir, vainement, les bonnes grâces ? Même s’il semblait attaché à sa personne, à chaque fois qu’elle avait tenté de modérer ses allégations, elle avait récolté, au mieux, une gifle. Elvire passa une main songeuse sur sa joue, observant la silhouette sombre du fort qui se dressait au-dessus. Il était construit de bois et de tranchées, mais était passablement solide.

« Nous avons sept cibles. Ces personnes sont les moteurs qui forment le but de l’organisation. Si on coupe ces têtes, ces mercenaires redeviendront classiques et perdront leurs actes contre le Qun. Je m’occuperais du chef, sa tente est toujours bien gardée et il ne sera pas étonnant que j’y entre. Je t’aurais préalablement fait entrer à l’aide d’une corde par le rempart nord. Il y a un pan qui est dans un angle mort des tours de garde. Il faudra que tu restes tapie et assure ma couverture si je n’arrive pas à mes fins discrètement. Ensuite, je te désignerais les cibles. Nous agissons de nuit, la plupart dormiront et le but est évidemment de faire ça le plus discrètement possible. »


Il n’y eut pas de questions, il n’y en avait guère à poser. Elvire regagna le camp et sa complice se plaça en attente près des remparts. Après avoir échangé brièvement avec les sentinelles, elle put gagner le point de rencontre et dérouler la corde qui permettrait à Tallis de la rejoindre. Cette partie là du plan était un jeu d’enfant.  

Elvire s’approcha de la tente du chef, il y avait là deux sentinelles. La période était calme et la garde n'était pas nombreuse ou en état d'alerte.  

« Bonsoir. »


Elle exprima son salut sobrement et glissa une main dans l’ouverture de la tente.  

« Il ne va pas être content, il t’a attendue avant…»
« Je vais essayer de me faire pardonner. »
Répondit-elle au commentaire du garde, à voix basse. Elle entra sans s’attarder à sa mise en garde. Heureusement pour elle, il dormait à poing fermé. Et vu la bouteille vide sur le sol, il devrait avoir le sommeil lourd. Intérieurement, elle soupira d’aise. Tout ira bien. Elle s’approcha du lit et sorti son poignard. Il dormait sur le ventre, aussi décida-t-elle de planter son arme à la base de sa tête. Avec un chuintement écœurant, la lame brisa les os et chairs. Il fut mort instantanément. Elle pressa un bout du draps sur la blessure, pour éviter un saignement trop visible et le retourna. Si elle n’avait pas dû faire le moins de bruit possible, elle aurait juré avec passion.
« Ebasit kata itwa-ost. »

Ainsi finit-il, ainsi fut sa chute et sa fin.
« Shok ebasit hissra. Meraad astaarit, meraad itwasit, aban aqun. Maraas shokra. Anaan esaam Qun. »

Récita-t-elle en passant une main sur ses yeux déjà clos, une prière pour les morts, brève et filée. C’était un enfant perdu, un enfant violent, mais issu de leur sang. L’Hissrad avait toujours le cœur chagriné de devoir mettre fin à une vie plutôt que de le ramener chez eux pour être rééduqué. Elle ne s’attarda pas après avoir rapidement arrangé le lit et ressortit.

« Vous aviez raison, il a vidé la bouteille et dort. Je repasserais demain… »


Intentionnellement, elle laissa le pan de la tente ouvert plus longtemps que nécessaire pour que le garde à qui elle s’était adressée puisse entrapercevoir la silhouette allongée dans le lit, paisible. Après un au revoir bref, elle fit mine de regagner le quartier où elle dormait. Sur le chemin, elle désigna une tente. Personne ne vit l’ombre qui se glissa derrière le tissu, personne n’entendit le râle d’agonie de son occupant. Deux. La troisième cible fut désignée et clouée à une porte par une flèche sortie du néant. Quatre. Cinq. Calmement et silencieusement, la mort frappait. Une partie de cache-cache méticuleuse et excitante. Elvire savait parfaitement où chacun avait l’habitude d’aller et coucher, il ne lui fut donc pas difficile de les trouver. Cela prit simplement un peu de temps. Il n’y en eu qu’un qui fut plus compliqué à trouver. Ivre, il s’était échoué contre un arbuste sur le chemin de sa tente et elle était passée une première fois devant lui sans remarquer ses pieds qui trainaient. Main sur son crâne, attendant patiemment qu’il se noie dans son propre vomi, elle observa la Tallis dont le profil se découpait dans la pénombre. Commun prédateur, elle observait la zone, chacun de ses sens en éveil. Alors qu'il gargouillait misérablement, elle commenta à voix basse.

« C’était le dernier, il faudra cependant faire taire les deux gardes de la tente du Chef. Ils m’ont vue entrer, ce ne serait pas sage de les laisser m’incriminer. Après ça, je te fais partir par le même chemin et je resterais pour éviter d’éveiller un quelconque soupçon. »


Depuis les remparts trois flèches furent nécessaires. La troisième pour faire taire les râles du second qui se refusait à mourir en silence. Rapidement, les deux complices se rendirent au point de sortie. Elvire l’observa dégringoler de la corde et atterrir au sol. Parfait, si Tallis avait été découverte à l’intérieure, ça aurait signé son arrêt de mort. Elle rangea soigneusement la corde et regagna le plus vite possible sa tente. Il fallut attendre quelques heures et la relève de la garde pour que l’horreur soit découverte. Elle grogna sourdement lorsqu’on sonna l’alarme générale et imita ses camarades de tentes et sorti en hâte. Le chaos était présent partout et elle ne put se résigner à sourire brièvement. Voilà qui était fait, il ne resterait plus qu’à jouer la comédie des larmes et de la colère. Elle restera le temps qu’il faudra pour s’assurer que le prochain leader soit un mercenaire tout à fait raisonnable et classique. L’appât du gain et la démonstration de force de vils Ben-Hassrath lui facilitèrent cette tâche. Il s’écoula plusieurs semaines ainsi, jusqu’à ce qu’elle mette sa sortie de scène en œuvre.

« Tu es certaine de vouloir partir Elv’ ? »
« J’ai essayé, mais la situation reste trop douloureuse pour moi. Ces lieux… il vaut mieux que je parte. Si je repasse dans le secteur, je viendrais vous saluer sans faute. »
« Tu vas nous manquer ! »
« Sois prudente ! »


Des sourires, que de sourires, une larmichette écrasée au coin de l’œil et la voilà qui s’éloigne en agitant une main. Il ne lui resterait plus qu’à envoyer son rapport et tout cela serait véritablement terminé. Il faisait beau aujourd’hui et sa monture avançait d’un pas motivé. Elle flatta son encolure amusée.

« Tu as bien raison, moi aussi je suis ravie de partir... »


Anaan esaam Qun.

Cela avait été mission qui lui avait pris des mois à exécuter. Il avait fallu qu'elle demande des renforts pour mettre en oeuvre un plan qu'elle avait soigneusement préparé. Heureusement, tout s'était déroulé parfaitement et l'expertise de sa complice en matière de mise à mort fut plus qu'utile. Sans elle, l'Hissrad aurait été bien incapable de vaincre tous ces adversaires. Il n'était pas glorieux de tuer des adversaires endormis, mais il vaut mieux exécuter un plan odieux et être en vie que d'échouer par orgueil. Les intérêts du Qun étaient bien plus importants. Elle lâcha un soupire, à la fois terriblement heureuse d'en avoir fini et un peu amère.




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