Un contrat en or [PV Aesthia]

Un contrat en or
L'Emprise du Lion, Crista n'aurait jamais mis les pieds dans cette région en cette période de l'année si elle n'avait pas eu quelque chose de primordial à y faire. Elle frissonna et resserra contre elle son col en fourrure de fennec. La naine détestait les basses températures, ça engourdissait ses doigts et il n'y avait rien de pire lorsque dans la précipitation il fallait sortir son arc et en faire usage. Mais avec un peu de chance, elle n'aurait pas besoin de s'en servir. Car aujourd'hui, si elle attendait là, au pied d'une vielle tour de garde abandonnée, c'était pour les affaires. Pour remplir son contrat, livrer sa marchandise dans les temps et maintenir sa bonne réputation de commerçante. L'artificier avait passé un contrat en or avec une mage. Celle-ci était prête à lui acheter tout une cargaison d'explosifs, de grenades et de pièges en tout genre. C'était une commande qui ne se refusait pas. Oh non. La naine n'avait même pas été un peu suspicieuse, elle avait posé uniquement les questions utiles à la réalisation de son travail, rien de plus. Crista était née au sein d'une famille dont la fortune reposait uniquement sur le commerce des arts de la guerre, dès son plus jeune âge ses aînés lui avaient inculqué que "On sait très bien à quoi sert ce qu'on fabrique, à quoi bon poser des questions. Ce qu'il faut plutôt savoir c'est si tes clients ont les moyens de payer et combien il sont prêts à mettre pour avoir de la qualité entre leurs mains.". Alors au regard de la rouquine, Aesthia n'était qu'une bonne cliente qui lui offrait une belle somme d'argent et le moyen de se faire connaître plus loin encore sur les terres orlésiennes. La jeune femme cherchait plus que tout à gagner en réputation, ce qui allait, sans même qu'elle ne le sache, la mener sur un bien terrible chemin.

Crista jeta un œil affectueux et attentif à Quili, son ânesse qui était attelée à une charrette pleine à craquer de marchandise, puis au poney qu'elle avait dû louer pour tirer une deuxième charrette tant la commande avait été importante. « Vous croyez que c'est nous qui sommes en avance ou que c'est elle qui est en retard ? » demanda-t-elle en se tournant vers Vitus, un mage travaillant pour le compte d'Aesthia. Cette dernière avait eu la gentillesse de le lui prêter en guise de premier paiement. Crista était une personne très curieuse de nature et encore plus lorsqu'il s'agissait d'explosion et de déflagration. La magie possédait bien évidemment son lot de pouvoir destructeur. Il n'en fallait pas plus pour donner envie à la naine. Elle voulait en apprendre plus, comprendre. En tant que naine, elle n'avait aucun lien avec la magie et n'y connaissait strictement rien. Vitus devait lui enseigner les bases, répondre à ses questions ou du moins essayer. Crista avait dans l'espoir de peut-être mêler la magie à ses inventions. Imaginez quelle genre d'explosion cela pourrait-il donner... Ça ne pouvait qu'être merveilleux, dans un esprit tel que celui de l'artificier en tout cas. Le mage ne répondit pas à la question de son élève, il l'ignora tout en croisant ses bras sur son torse, un brin contrarié. « Quoi vous êtes encore fâché après moi ? J'ai une chance incroyable quand je joue à des jeux d'argent, ce n'est pas ma faute ! Et puis vous n'aviez pas qu'à miser tout vos souverains. » Se défendit la naine, qui avait du mal à cacher son amusement. Son mabari, Maférath, était à ses pieds et elle lui caressait grassement la tête.  « Vous m'avez dépouillé ! Vous trichiez j'en suis sûr ! » Le mage était vexé. Visiblement il n'avait jamais eu le temps de jouer aux cartes en travaillant pour Aesthia. « Tout à fait j'ai utilisé un sort de détournement d'attention. Vous voyez, vous êtes peut-être nul aux cartes mais vous êtes un excellent professeur Vitus. » Un peu d'ironie mêlé à de l'humour gentil, c'est ce qu'était Crista, moqueuse mais jamais méchante lorsque les gens ne le méritaient pas. Le mage ouvrit la bouche pour répliquer mais il se stoppa dans son élan en apercevant au loin sa supérieur arriver. « C'est Dame Amladaris ! » Il s'avança pour s'entretenir avec elle avant qu'elle ne rencontre Crista. Et toujours aussi vexé -d'avoir perdu aux cartes certes, mais surtout de l'avoir collé, lui, dans les pattes d'une naine, il pensait valoir mieux que ça- il avait une ou deux choses à lui dire. Il la salua avant de se lancer. « Ma Dame, j'estime avoir fait plus que mon travail en accompagnant cette naine. Je souhaiterai reprendre mes travaux sur le lyrium rouge une fois que cette transaction sera terminée. Je suis là pour servir l'Ancien pas pour jouer au précepteur avec une naine qui de toute façon ne comprendra jamais rien à la magie ! » Vitus c'était un peu emporté sur la fin, oubliant presque à qui il parlait. Comme si son petit séjour loin des campements Vénatoris lui avait fait oublié son instinct de survie. Il déglutit avec difficulté en se rendant compte de son erreur. Puis Crista finit par arriver à leur hauteur. « Dame Aesthia, heureuse que vous n'ayez pas oublié notre lieu de rendez-vous. » La rouquine lui sourit. D'un geste de la main, elle désigna les deux chariots. « Je suppose que vous n'avez pas envie de perdre votre temps, je vous montre ? » Elle s'approcha puis souleva la bâche d'une première cargaison. Dans des caisses en bois, rembourré par de la paille, l'on pouvait voir d’innombrable sphère en verre tinté, masquant leur contenu mais sans aucun doute explosif. Mais lorsque la mage s'approcha, Maférath, qui était resté au pied de la charrette, se mit à grogner méchamment en l'observant. Les mabaris étaient doués d'une grande intelligence et d'un bon instinct. N'était-ce pas un mauvais présage ?


Crista parle en #ff6666
Vitus parle en #33cc00

La neige craquait sous les pas de nos chevaux, encore fraiche et tendre de la veille. Le froid était toujours aussi mordant en cette contrée, mais j'avais un sujet qui était bien assez irritant pour me chauffer le sang. Macrinus, ce satané Venatori avait encore failli provoquer une catastrophe en essayant de s'approprier des esclaves en plein jour dans la carrière. Heureusement les quelques templiers ont réussi à le faire partir, mais de nombreux ouvriers se posent des questions maintenant. Comme si j'avais besoin de ça ! Le temps de régler la chose, nous étions partit avec une heure de retard du campement principal et la couche de neige ne facilitais pas le déplacement, même à cheval. Maudit soit il... Accompagnée par quatre templiers, je devais pourtant me hâter au point de rendez-vous. Là, je devais réceptionner une cargaison important de pièges et d'explosifs. Je comptais les utiliser pour sécuriser les alentours de la Tour d'Os, mais également pour la carrière. L'artificier était une naine qui semblait savoir ce qu'elle faisait, et qui avait même proposée d'améliorer ses créations avec de la magie.

Lors de nos échanges, je lui avais proposé de lui envoyer un de nos mages pour l'aider. Vitus avait été désigné, car s'y connaissant assez en magie appliquée et en rune pour rendre l'exercice intéressant pour une naine qui, de part sa nature, ne pouvait pas utiliser de magie. J'espérais l'échange fructueux, ne serait ce que pour mes nerfs et pour que Corypheus puisse être satisfait. Je talonnais ma monture, resserrant mon col de fourrure autour de mon cou. J'avais froid, mais je m'étais peu à peu habituée à cet environnement glacial et ardu. Je regrettais quelque peu la chaleur du nord, mais il y avait un certain confort d'être entouré d'une neige qui étouffait les sons. Une manteau apaisant, et le froid rendait la manipulation du lyrium rouge plus facile. au bout de quelques heures, nous arrivions enfin au point de rendez-vous, devant la tour abandonnée. Je pus voir au loin une petite silhouette et une autre plus grande munie d'un bâton, signe que c'étaient bien les bonnes personnes. Il y avait également deux carrioles, la cargaison attendue était bien présente. Enfin.

J'arrêtais nos chevaux à une dizaine de mètres d'eux, descendant pour confier ma monture à l'un des cavaliers. Sur les quatre templiers qui m'accompagnaient, deux descendirent également pour me suivre. Ils n'étaient pas porteur de lyrium rouge, leur uniforme étant assez similaire à des templiers lambda. Mon manteau de fourrure cachait également tout symbole des vénatoris, et à raison. Ici, je ne venais pas en tant qu'Adepte, mais sous couverture d'une mage accompagnant des templiers pour sécuriser la zone et aider à l'étude du lyrium. La région étant isolée et les templiers étant en pleine débandade, personne ne venait nous confronter. Seul mon accent tévintide pouvait me trahir, mais ici était ce vraiment un problème ? J'avançais de quelques mètres, voyant que le mage fut le premier à me rejoindre. Je fronçais des sourcils, voyant qu'il avait l'air soucieux. Ou plutôt énervé. Une fois en face de moi, je le saluais d'un hochement de la tête, le graciant de quelques aimables paroles.

" Ha, Vitus... Je vois que vous êtes toujours en entier. "

Ma voix était posée et calme, sans une véritable once de chaleur envers lui. C'était un subordonné, je n'avais pas particulièrement d'affect pour lui. Mais il faisait bien son travail, ce qui était suffisant pour que je l'estime un minimum et que je lui confie cette tâche importante de s'occuper de cette personne. Cependant, face à moi, il semblait avoir perdu toute raison. Avec vigueur il osait se plaindre ouvertement, comme si sa tâche n'avait été que du gâchis. Je le regardais avec surprise, ne pouvant retenir quelques mots.

" Vitus, vous aurait elle mordu par hasard ? Et auriez-vous perdu l'esprit ? "

Mais assez rapidement, ma surprise se transforma en une colère froide. Mon regard glacé était planté sur lui, alors qu'il se ratatinait en se rendant compte de la bourde qu'il venait de faire. Mes yeux exprimaient tout le dédains et le mépris que j'avais pour lui à présent, ma voix s'exprimant à présent avec un froid capable de geler le sang d'un dragon.

"Le but n'est pas qu'elle puisse comprendre la magie pour l'utiliser en soi, mais qu'elle comprenne pour améliorer les pièges et les explosifs. Je pensais qu'en tant que chercheur sur le lyrium rouge vous auriez compris l'intérêt de la tâche et les avantages pour l'Ancien de développer de nouvelles armes... Mais à croire que j'ai sur-estimé votre capacité à voir plus loin que le bout de votre nez. "

Etait il si stupide et imbus de lui-même ? Je ne connaissais pas la naine, mais ce genre de réflexion montrait soit sa plus grande incompétence, soit qu'en effet la naine ne valait pas la peine de consacrer des ressources pour son maigre talent. La naine vint vers nous, m'interpellant d'une voix assez chaleureuse et enjouée. Je ne sais pas pourquoi, mais elle me rappelait un peu Servis. Foudroyant une dernière fois du regard Vitus qui recula d'un pas, je répondis à Crista par un salut poli et des excuses en bon et dû forme.

" Sera Foudresang, mes excuses pour ce retard. Un petit incident à notre campement nous a pris au dépourvu au dernier moment."

Je jaugeais d'un rapide regard la naine, qui avait l'air peu farouche et assez dégourdie. Active, elle n'hésita pas à prendre les devants en me proposant de vérifier la marchandise. Je souriais légèrement, appréciant cette proactivité et le manque de palabres inutiles. Je l'accompagnais vers ses carrioles, qui étaient chargées de caisses. Le chien de la naine, que j'avais approché sans vraiment m'en rendre compte, se mit à me grogner dessus. Je posais sur lui un regard froid et direct, ne montrant aucune peur. Les mabaris étaient impressionnants en effet, mais j'avais suffisamment vu d'horreurs et de monstres prêts à m'attaquer pour ne plus sursauter juste parce qu'un roquet me montre un peu les dents. Comme pour Vitus je le jaugeais froidement, puis l'ignorais pour continuer à suivre l'artisan. Là, elle ouvrit une caisse et m'en montra le contenu. Pensive, j'observais sans pour autant toucher.

" Je vois que vous avez plusieurs articles, la confection semble de très bonne facture. Pourriez-vous me dire à quoi correspondent les différents éléments ? Je suis curieuse..."

Je portais mon regard sur la naine, mes yeux montrant une étincelle plus vivante de curiosité. Celle de la chercheuse qui anime ma passion de la connaissance, qui me maintenait en vie même dans ce trou glacial. J'étais véritablement intriguée par ce qu'elle avait amené ici. Et puis, ce serait plus facile de le répartir si on m'expliquait à quoi correspondait chaque élément. Car avant de déléguer, il faut d'abord comprendre soit même.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Un contrat en or
Le pauvre Vitus sembla bien plus contrarié qu'il ne l'était déjà et Crista se demanda ce qui avait bien pu se dire entre les deux mages. Elle fronça légèrement le nez. Vitus était du genre grincheux de base alors comment allait-il être maintenant ? Mais peut-être allait-il faire profil bas en présence de sa supérieur... Dans tout les cas il n'avait pas répondu à la remarque d'Aesthia et s'était contenté de tout prendre en pleine poire en resserrant sa mâchoire. La mage se retrouva ensuite face à Crista, s'excusant pour son retard. « Ne vous excusez pas, il n'y a pas de mal, vraiment. » Dit-elle en agitant ses mains. Elle était compréhensive, d'autant plus qu'habituellement c'était elle qui n'arrivait pas à être ponctuelle. Et puis surtout elle ne voulait pas que sa cliente se sente embarrassée par une quelconque remarque, même si à première vue Aesthia n'avait pas l'air du genre à se sentir embarrassée par quoi que ce soit. Malgré tout, la naine prit ses précautions. Elle l'invita donc à venir jeter un œil au contenu des chariots. Enthousiaste de dévoiler le fruit de son travail, la petite rousse ne remarqua même pas son mabari réagir à l'approche de la mage. Elle était juste impatiente de voir la réaction d'Aesthia, de connaître son avis, de l'écouter poser des questions et peut-être même au passage récolter quelques compliments. Pour être honnête, elle espérait grandement que ce soit le cas pour la dernière éventualité car en vérité, Crista avait toujours été avide de compliments. Elle ne put alors que sourire en observant la petite lueur intéressée dans le regard de sa cliente. « ... Je suis curieuse... » Ses lèvres s'étirèrent davantage, satisfaite de cette phrase et d'un coup sec elle retira le drap qui recouvrait le reste du chariot, dévoilant enfin l'entièreté du chargement. La naine releva légèrement les épaules, fière. Elle grimpa sur le côté de la charrette pour prendre un peu de hauteur et avoir la vue sur tous ses articles. « Et bien dans ce cas laissez-moi ouvrir le bal avec ceci. » Elle se pencha vers une caisse et s'empara de l'une de ses sphères en verre d'où pendait une mèche. « Là vous avez une grenade de poix. Vous allumez la mèche, vous lancez la grenade et quand ça explose ça libère une jolie dose de poix sur votre cible. Ça colle et tout, c'est juste parfait pour ralentir un ennemi, en plus d'être dégueu. » La rouquine lâcha un petit rire en repensant à Vitus en train d'essayer de se défaire de cette substance après avoir eu le malheur de faire son curieux. « Je confirme Dame Amladaris, c'est plutôt efficace... » Affirma l'intéressé en se raclant la gorge. « Pour déstabiliser une cible vous avez aussi des grenades de confusion, dans cette caisse là. A l'intérieur il y a des extraits de lotus sanguin. Hallucinations garantis ! Par contre c'est bien de respecter une certaine distance de sécurité. Soyez suffisamment loin lorsque vous les lancez parce que si vous ou l'un de vos gars en respire je vous explique pas le tableau, vous allez vous attaquez entre vous, ça va pas être joli à voir. En plus après on a la tête comme un lendemain de cuite... 'Fin ça dépend des gens, je suppose... » Elle haussa les épaules en affichant une mine pensive, arrêtant là son monologue. Quand elle se lançait sur un sujet comme son travail, ce n'était pas toujours simple de l'arrêter. Puis elle posa un regard mutin sur Aesthia. « Vous voulez qu'on en essaye une sur Vitus ? » Demanda-t-elle avec enthousiasme, sur le ton de l'humour évidement, mais le mage en question ne tarda pas à protester. « Je blague, détendez-vous un peu ! » Elle reporta son attention sur sa cliente, observant chacune de ses expressions et réactions. Il y avait encore bien d'autres caisses dans la charrette et pour l'instant la naine n'avait parlé que de ce qui en soit n'était pas motel. Elle avait des choses bien plus impressionnantes en réserve.


Crista parle en #ff6666
Vitus parle en #33cc00

La naine était très au fait de ses articles et ne fut pas avare de mots pour les présenter. J'écoutais avec attention, retenant mes quelques questions pour plus tard. La naine était très motivée, n'hésitant pas à proposer de tester directement sur Vitus. Bon, pour elle c'était sur le ton de la blague, mais quand mon regard se posa sur lui, en l'observant avec un grande sérieux, je ne pus m'empêcher d'envisager cette solution pour attester de la qualité du matériel.

" Mh... ce n'est peut être pas une si mauvaise idée... "

Il semblait pâlir, reculant d'un pas. Mais rapidement mes questions me revenaient en tête. Pour le psychotrope à base de lotus sanguin ce n'était pas une nouveauté, mais la bombe de poix avait bien plus d'intérêts à mes yeux. Saisissant une de ces sphères entre mes mains, la soupesant comme pour estimer le degré de force qu'il fallait pour les lancer, je posais mes questions à l'artificier.

"Comment avez vous put calculer la résistance du verre pour la bombe de poix ? Car il ne faudrait pas que le contenu explose au mauvais moment juste pour un choc avec le sol ou sur une personne. Et y a t'il possibilité de rendre en plus la poix inflammable, un peu comme le feu grégeois ? Cela serait intéressant contre les... géants "

Je me retenais de dire "Soldat de l'Inquisition", "templier", "pécor de paysan" ou encore "crétin de Macrinus". Après tout, elle ne devait pas savoir quelles seraient nos cibles. Mais le fait de les utiliser conter des géants était tout aussi probable, car il y en avait un certain nombre dans la région. J'étudiais une manière de la capturer pour effectuer des expériences dessus, mais les maintenir en place était compliqué. Peut être que j'avais là une solution, en plus d'aider à tuer des intrus. Je regardais la naine avec intérêt, attendant de voir si elle avait déjà envisagé cette possibilité de mettre en plus l'ennemi en feu.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Un contrat en or
La naine observa le jeu de regard entre les deux mages. Aesthia ne semblait pas être une femme commode mais peut-être que Vitus l'avait juste contrariée, expliquant ce comportement. Crista était persuadée que derrière son côté autoritaire, sa cliente devait être une femme charmante. Pour elle il était inconcevable qu'une personne ait à cent pour cent un mauvais fond, il y avait toujours du bien chez les gens. L'artificier était une optimiste née. Elle suivit Aesthia du regard, s'approchant, manipulant une grenade, le yeux plein de questionnement. « Comment j'ai fait pour calculer ? A force de faire des essais, à force de persévérance. J'avoue préférer la pratique à la théorie. Et je travaille avec un verrier à Dénérim, il m'a beaucoup aidée. » Au grand dam de son entourage, Crista adorait faire des essais et mener tout un tas d'expérience, c'est ce qui rythmait sa vie. Rien ne valait la pratique et pour être franc elle y prenait un immense plaisir, à essayer. Alors pourquoi changer de méthode ? Ça ne serait plus drôle. « Alors c'est pas censé vous péter accidentellement dans les mains ou au moindre petit choc je vous rassure. Mais je vous préviens tout de suite, c'est pas une épée ou un bâton de mage hein. La manipulation reste délicate, c'est bourré de poudre, de produit inflammable, d'extrait de plante toxique... Il faut y faire attention quand même. On est d'accord ? Il faudra aussi bien le faire comprendre à vos gars. Entre les mains d'un idiot ça peut vous coûter cher. » La naine préféra mettre en garde sa cliente d’emblée. Ce qu'elle fabriquait était certes efficace mais ça n'en restait pas moins dangereux. Tout était périlleux, de la conception à l'utilisation. Parfois il arrivait même que des artificiers meurent lors de la confection de leur propre produit. On pouvait dire que jusqu'à maintenant Crista avait eu beaucoup de chance en plus de son talent. Aesthia continua ses questions et lorsqu'elle mentionnant les géants, la rouquine écarquilla légèrement les yeux, toute surprise. « Des géants ? Vous êtes sérieuse, vous voulez combattre des géants ? Y en a pas dans le coin, si ? » Elle regarda par réflexe tout autour d'elle. Des géants elle n'en avait jamais vu et par conséquent jamais combattu. Mais elle avait entendu et lu bon nombre de récit, du coup elle savait que ces monstres là c'était une autre paire de manche qu'une simple bande de brigands. « Bah là clairement je suis pas sûre qu'une grenade de confusion ou de poix soit très efficace. » Dit-elle sur un ton un peu pensif. « A la limite si, on peut rendre la poix inflammable si vous voulez mais sur un tel morceau... je crains que ce ne soit pas suffisant pour l'affaiblir. ...Par contre, si c'est le feu grégeois qui vous botte, j'ai quelque chose qui vous plaira et qui sera bien plus efficace contre un géant. » Un fin sourire étira aors ses lèvres. « Je pensais garder le meilleur pour la fin, mais dans l'autre charrette j'ai des caisses entière de feu antivan. C'est. Mon. Préféré. » On pouvait facilement avoir un animal préféré ou un plat préféré mais Crista était sans doute la seule personne de tout Thédas à avoir sa grenade préférée. Allez savoir pourquoi, la naine avait une fascination -malsaine pour certain- pour le feu. « Mais vous, vous en avez déjà combattu des géants ? Si c'est le cas peut-être que vos anecdotes pourraient m'éclairer un peu. Peut-être que ça me donnera même des idées pour de prochaines inventions qui sait. » Oui, qui sait. Mais en réalité la naine était surtout friande d'histoire. « Et sinon vous avez l'intention de vous battre contre d'autres bestiaux de ce genre ? »


Crista parle en #ff6666
Vitus parle en #33cc00

Crista semblait très certaine de sa marchandise, argumentant qu'elle avait mené de nombreux essais pour s'assurer de la résistance du verre. J'hochais de la tête, continuant d'observer avec intérêt l'objet dans mes mains.

"C'est bon à savoir. J'ai plus confiance en des techniques et méthodes éprouvées que des théories fumeuses. "

Bien que la théorie avait son importance, rien n'était plus important que la pratique. J'étais rassurée que cette naine, qui semblait plus être une femme de terrain qu'un artisan coincé dans son atelier, ait eu la bonne idée de mettre à l'épreuve ses inventions avant de les vendre. Nombre de fois nous avions des produits qui sur le parchemin est très intéressant, mais qui manque une fois utilisé de praticité ou bien de prise en compte des contraintes sur le terrain. Par ailleurs, elle continua dans cette voie, ma rassurant sur le fait que cela ne devrait pas m'exploser dans les mains. Pourtant, elle semblait comme moi peu encline à mettre ce genre d'objet entre les mains de tout le monde. Ainsi il y avait tout de même une certaine technique d'utilisation à maitriser. Et elle avait raison de me prévenir. Cela montrait également qu'elle mettait toutes les chances de son côté en évitant des plaintes par la suite si le produit est mal utilisé. Je reposais délicatement la sphère dans son contenant de base, répondant pensivement à sa

"C'est sûr, ça pourrait finir par nous coûter cher... "

Mal manipulé ... pour les hommes blessés ? Ma foi, cela leur apprendra à ne pas être maladroit et séparera le grain de l'ivraie. Une sorte de sélection naturelle en sorte. J'avais bien plus peur que cela me coûte en terme matériel et financier qu'humain. Ces choses devaient coûter bien cher. Nous avions notre partenariat avec le Carta qui nous donnait un apport financier, mais il fallait tout de même gérer le budget. Peut être que prévenir les soldats qu'ils seront sacrifiés pour les démons ou bien écorchés vifs et clouté sur une croix au bord de la route s'ils ne font pas attention au matériel serait une motivation suffisante. A tester.

Je fus soudainement surprise par la réaction de la naine à la mention de géant. N'était elle pas au courant, alors qu'elle avait fait tout le chemin ici ? La voir paniquer pour si peu alors qu'elle avait avec elle deux carrioles remplies de produits instables, hautement dangereux en étant corrosif, explosif ou inflammable était assez... amusant. Je ne pus m'empêcher de sourire légèrement, posant sur elle un regard curieux. Comment va t'elle réagir si je lui confirme sa crainte.

"Il y a quelques géants parfois dans l'Emprise du Lion. Mais n'ayez crainte, ils sont pour la plupart éloignés des routes commerciales et nous avons mis en place des leurres pour les maintenir en des endroits spécifiquement voulu. Et puis c'est simple, si vous croisez un géant, courrez le plus vite possible et laissez juste Vitus derrière. "

D'un geste de la tête je montrais le mage, qui fronça des sourcils et s'apprêtait à répondre quelque chose. Mais il se garda bien de dire quoi que ce soit. Même si de loin mes mots avaient l'air d'être une plaisanterie, il savait très bien que je pouvais être on ne peu plus sérieuse. Sacrifier les autres était le dernier de mes soucis, surtout si c'était pour m'être utile en premier lieu. Mais ici il n'y avait pas grand chose à craindre, même si on n'était jamais vraiment à l'abri d'une surprise. La naine enchaina rapidement sur un moyen de les combattre de façon plus efficace que de la poix inflammable. Dans son regard je reconnus une certaine excitation propre aux passionnés, et je me retenais de rire quand je l'entendis exulter une telle adoration au feu Antivan. Là, elle m'intéressait. Je la suivais vers le second chargement, l'écoutant toujours. Crista semblait véritablement inquiète mais également curieuse envers les géants.

"Non, les géants sont les plus ennuyeux mais heureusement ils sont peu nombreux. Il y a bien quelques loups affamés, mais nous avons réussi à les maintenir éloignés. En revanche, pour ce qui est des brigands, c'est une autre histoire. C'est pour cela que nous avons besoin d'avoir de quoi nous défendre, même à distance. La contrée n'est plus aussi sûre que ce qu'elle était avant."

Je souriais, amusée intérieurement que le danger venait plus de nous que de bandits ou d'animaux sauvages. Mais ça, elle ne devait pas le savoir. Son feu antivan était intéressant, et je voyais déjà de multiples utilisations pour confectionner des pièges à tout petit curieux de l'inquisition ou d'Orlaïs qui viendrait fourrer son nez de trop près. Cependant, je savais que c'était trop beau pour être vrai. Croisant les bras, je posais sur elle mon regard perçant et froid, parlant d'une voix méfiante.

Et ça nous coûterait quoi en plus, ce feu antivan ? Car il me semble qu'il n'est pas si aisé de le fabriquer, non ?"

Une fois de plus, l'argent aura tout de même son mot à dire. Si je devais approvisionner non seulement le campement de la Tour d'Os mais également les défenses autour de la carrières de Sarhnia, il me faudra une certaine quantité. Même si je réserve le feu antivan pour des cas spécifiques comme repousser des gens de l'Inquisition, des Templiers ou bien peut être de géants, il me faudra plus qu'une ou deux fioles. Mais à quel prix ?

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Un contrat en or
La naine fut réellement déçue de ne pas avoir eu, même une simple anecdote, à se mettre sous la dent. Elle aurait aimé ramener à Dénérim une histoire de géant à raconter autour d’une bonne chope de bière. Dans son entourage, on aimait beaucoup entendre parler de ce genre de créatures, plutôt exotiques pour des habitants de la capitale. Ça donnait goût à l’aventure, sans pour autant aller y risquer sa peau. Malgré tout, la petite rousse fut rassurée d’apprendre qu’elle ne risquait pas de tomber sur un géant, là maintenant ou sur le chemin du retour. Crista semblait assez intrépide, elle l’était dans une certaine mesure, ou plutôt était-elle inconsciente, c’était à voir… Mais depuis qu’elle était tombée nez à nez avec d’horribles engeances, lors de son expédition dans les Tréfonds il y a quelques mois, elle était devenue frileuse à l’idée de rencontrer des créatures mortellement dangereuses. Elle avait été bercée par tout un tas d’histoires, elle s’était imaginée téméraire, malheureusement, maintenant qu’elle voyait des engeances en cauchemar, elle préférait largement les histoires.

Crista dévoila ensuite la caisse contenant les grenades de feu antivan dans l’autre chariot. Il n’y en avait qu’une seule car comme l’avait si bien dit la tévintide, il n’était pas si aisé d’en fabriquer, notamment à cause des plantes rares et coûteuses qui entraient dans sa composition. De plus il fallait être suffisamment expérimenté pour éviter de s’auto-incendier à cause d’un mauvais dosage ou d’une mauvaise manipulation lors de sa conception. « D’autant plus qu’il n’a pas été facile pour moi d’acquérir la recette. Je l’ai eu de la part d’un marchand antivan très dur en affaire. Même lui faire des yeux doux n’a pas fonctionné. » Avoua-t-elle en affichant une petite moue déçue. Parfois la naine n’avait vraiment pas honte d’user de ses charmes pour arriver à ses fins. Sauf que là, elle avait plutôt dû débourser une jolie petite somme. Et en parlent d’argent, Crista ne manqua pas de remarquer l’air méfiant qui s’était installé sur le visage d’Aesthia. Le sujet de l’argent était toujours assez sensible et revenait très vite sur le tapis. Mais bien que passionnée, Crista travaillait pour gagner sa vie ou selon les mots de son père : pour faire du profit. « Cette caisse contient exactement dix grenades de feu antivan. Je vous la fait pour 9 souverains en plus du prix que nous avions convenus. Dernièrement j’ai eu beaucoup de mal à me procurer de la felandaris. » Ajouta-t-elle pour justifier son prix. « En tout cas je ne vous mentirais pas si je vous disais que ça vous procurerez un avantage considérable. » La naine haussa les épaules l’air de rien mais tentant véritablement de la convaincre. Est-ce que ça marcherait de faire les yeux doux à Dame Amladaris ? Mouais, c'était peu probable. « Alors ? Vous prenez ? » Demanda-t-elle avec assurance. Si elle disait oui, la naine allait enfin pouvoir conclure l'une de ses plus belles ventes.


Crista parle en #ff6666

La précieuse mixture était gardée à part, et contrairement aux autres elle était la seule de son espèce. La naine confirma que c'était non seulement difficile d'avoir la recette mais en plus cher. Je ne peux donc m'attendre à avoir une remise aussi facilement.

"Mhh... Et si je puis vous obtenir de la Felandaris en plus grande quantitée, seriez vous capable de me faire baisser le prix ? Nous avons nos propres sources, voyez vous..."

S'en suivit alors une plus âpre négociation. En soit le deal n'était pas mauvais, mais si je pouvais gratter non seulement quelques souverains mais également des informations en lui procurant cette matière première, cela me donnait un avantage en plus. 10 fioles de feu antivan n'était pas suffisant, et en faisant mes calculs sur nos besoins il nous en faudrait au moins le double par campement, donc 40. Je refaisais les comptes, essayant au passage de calculer la quantité de Felandaris que je pouvais lui procurer. Elle n'était pas facile à convaincre, tout comme le fait qu'elle alternait entre ses petits sourire malicieux et sa moue presque enfantine. Mais son regard, lui, était loin d'avoir la même douceur ni la même caresse. Professionnel, il montrait ce qu'elle était vraiment, alors que de mon côté toute mon expression plus dure et glacée ne cachait rien. Tout comme son marchand Antivan, j'étais insensible à ses charmes et à ses petites moues. Les faits, rien que les faits, ce que je pouvais gagner ou perdre, il n'y avait que cela pour m'intéresser.

Fort heureusement cependant, nous arrivions à un terrain d'entente. En plus du prix habituel pour le reste des marchandise, je pouvais avoir le feu antivan pour 5 souverains, en échange de Felandaris. Le contrat devait être signé plus tard, une fois que les premières cargaisons puissent être préparées et le premier lot vérifié au niveau de la qualité. Je sortais une bourse pour payer la première cargaison qui était ici, puis chacune nous partions de notre côté. Le mage resta avec elle, son travail n'étant après tout pas terminé. De mon côté je rentrais certes la bourse plus légère mais avec une cargaison de produits somme toute prometteurs, et la promesse d'être fournie en armement pour nous défendre. Au final, plutôt une journée qui se finit bien, bercée par le grincement des carrioles qui roulaient derrière nous à peine étouffé par la neige environnante.

[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]