Une lune qui sentait le miel [Pv Argonia]

La gorge serrée après ce hurlement où se mêlaient rage et désespoir, Lathbora redevenu Raven garda son front baissé à terre. Si elle avait pu l'avaler tout entier, le recouvrir et le dissimuler aux yeux de tous, il en aurait été amplement satisfait. Les yeux clos, sentant le sang courir dans la veine de son cou, il songea avec douleur à ceux qu'il avait perdus au moment de l'attaque. Il se souvenait de tous leurs visages, comme s'ils s'étaient gravés dans sa mémoire. Ils étaient sa famille. Et ils étaient morts. D'autres avaient suivi pendant la guerre de l'Enclin, et d'autres suivraient encore. Qu'avaient fait les Dieux pour les aider ? Rien. Emprisonnés, ils avaient dû assister impuissants à la déchéance de leur peuple. Leurs Dieux s'étaient montrés incapables de les protéger.

La colère du Dalatien chassa un instant ses souvenirs terrifiants : à quoi bon vénérer leurs Dieux, continuer de leur offrir leur vie, s'ils étaient incapables de les protéger ? En rejetant la faute sur les Evanuris, Lathbora refusait de voir la réalité en face. Zathrian ne les avait pas protégé. Leurs chasseurs avaient échoué, le clan tout entier méritait son sort. Il n'y avait alors rien d'étonnant à ce que des vautours viennent picorer leurs restes, les envoyant au front contre les engeances, contre la mort elle-même, sans aucun e reconnaissance, sans aucune dignité. Il n'y avait rien d'étonnant à ce que...

Les yeux toujours clos, le front contre la terre, Lathbora sentit les pas légers approcher de lui. Un poids, rassurant, se mis à peser sur ces épaules : celui d'une cape, de sa cape. Puis, après quelques instants de silence, une douce musique s'éleva, chassant ses mauvaises pensées, noyant sa colère dans les eaux calmes du lac. Il n'eut pas besoin de lever la tête pour reconnaître Argonia : son parfum flottait dans l'air. Argonia sentait les fleurs, et le coton. Elle sentait aussi parfois le fer, à cause des cordes qu'elle grattait et des blessures qu'elle pouvait en récolter.La musique d'Argonia lui donna du courage. Ce n'était pas le genre de musique jouée par les dalatiens. Cette musique lui le ramena au présent, l'arrachant définitivement à ses souvenirs.
Dans un premier temps, il parla le front toujours collé à la terre. Sa voix était faible, a contre temps par rapport à la mélodie.


Lathbora redressa la tête, et s'adressa cette fois-ci directement au ciel. De la terre Humide se décolla en plaque de son front alors qu'il parlait, toujours accompagné par la musique de la barde qui était devenue sa femme.


Il lui restait encore tant à évoquer, rien qu'en y pensant, il en avait le tournis. Serra t sa cape contre ses épaules, le visage toujours le ciel d'encre, il garda le silence un moment, se concentrant sur la musique jouée par Argonia.

Chuchota-t-il doucement, en ouvrant finalement les yeux.

La musique semblait l'apaiser, et je fus heureuse qu'il ne repoussa ni mon geste doux en lui mettant a cape sur les épaules, ni ma présence en me demandant de partir. Je jouais, tout simplement, même quand il recommença à parler. Entendre sa voix me rassurait, car cela montrait qu'il essayait de s'ouvrir et non de rester enfermé dans ses sombres pensés. Je l'écoutais raconter son histoire, faisant le lien avec la présence du roi Alistair. Au début son histoire de loup garou me semblait bien étrange, mais je me rappelais avoir entendu parlé de rumeurs et des histoires du périple de l'Héroïne de Férelden à Dénérim. Il y avait bien été mentionné la présence de loup-garou, mais toute cette histoire racontée depuis l'intérieur semblait bien plus sombre et injuste.

Sa tristesse me touchais beaucoup, et je sentais ma gorge se serrer en pensant à tout ce qu'il devait ressentir. Je souriais cependant en l'entendant me dire "merci", posant sur lui un regard plein de douceur et d'amour. J'étais là pour lui, et il semblait le réaliser. Il pouvait compter sur moi, et j'espérais qu'il le comprenait petit à petit. Je ne pourrais sans doute pas le sauver d'un immeuble en flamme ou d'ogre, mais soulager son coeur meurtri et guérir un peu ses blessures du passé était dans mes cordes. Au sens propre comme figuré du terme. Il termina son histoire en parlant du présent, de son retour à la réalité. Il se mura de nouveau dans le silence, et je sentais qu'il avait fini de dire ce qu'il avait à raconter. Pensive, j'essayais de trouver quelque chose à dire, quelque chose de positif.

"Parfois.... la vie nous joue de mauvais tours... Mais tu es en vie et à côté de moi. Pour ça, je la remercie."

J'avais cessé de jouer, basculant mon instrument dans mon dos. Il m'était impossible de pouvoir comprendre tout ce qu'il ressentait, me mettre à sa place. Jamais je n'avais vécu de choses aussi traumatisantes que lui. Jamais. Et je n'essayais pas de le faire. Tout ce que je pouvais faire, c'était montrer mon soutien, ma présence à ses côté.

"Merci de m'avoir raconté tout cela. Je comprends mieux maintenant..."

Toutes ses réactions violentes, sa tendance à détester les humains qui l'avaient sans doute forcé à participer à une guerre qu'il ne voulait pas. La mort de siens, être obligé de faire ce dont il n'était pas formé pour. Je me rapprochais de lui, caressant doucement son dos.

"Je sais que je ne peux pas faire grande chose, mais je suis là. Et je ne partirais pas."

Je souriais avec douceur, puis l'enlaçait tout aussi doucement. Je continuais de lui caresser doucement le dos, comme on réconforte un enfant après avoir fait un cauchemar. Car oui, tout ce qu'il avait raconté... cela ressemblait à un terrible cauchemar.

Son silence, sa fatigue, furent mal interprétés par Argonia. Elle cessa de jouer sa douce mélodie consolatrice alors même qu'il lui restait à évoquer le plus douloureux de son passé. Il n'avait pas encore évoqué la voie qu'il avait choisi d'arpenter, les erreurs qu'il avait commises, les décisions qu'il avait prises. Un brin paniqué, il retourna la tête vers sa femme, croisant son regard pour la première fois depuis qu'il avait fui leur table. Argonia avait fait basculer son instrument dans son dos, et semblait le remercier pour sa franchise. Pourtant, il n'avait encore rien dit. Une légère grimace se forma sur ses traits. Il venait de réaliser, douloureusement, qu'Argonia n'avait pas connu la guerre. Elle était plus jeune, et surtout, elle venait d'Orlais, relativement épargné par le dernier enclin. Oui, Argonia était une elfe, mais il semblait que son statut de barde ambulante née dans une troupe humaine l'ait protégé contre les violences commises contre son peuple en Orlais.

Ce statut si particulier la privait également de cette culture commune aux membres de leur race : ce deuil permanent et cette capacité à supporter l'indicible, même constant. Comment pouvait-il continuer à se dévoiler, s'il était à présent assuré qu'elle ne puisse pas le comprendre ? À quoi bon l'accabler ? L'écraser sous le poids de ces révélations ? Attristé, Lathbora sentit une nouvelle l'arme couler sur sa joue. Il réalisait sa plaine solitude : il était seul pour porter son propre fardeau. Il restait seul, même marié. Cette illusion de vie heureuse, à laquelle il s'était si fortement accroché ces derniers mois, n'était pas viable. Rien ne pouvait le délivrer du poids de ses choix, à part sa mort.
Ou la réussite de son projet. L'acquittement de la dette de sang.


Il essaya sa larme, et se reprit. Il sentit son coeur s'assécher, jusqu'à en devenir dur, comme il l'avait été pendant ses années passées dans la forêt. Maintenant, il se doutait de l'interprétation qu'allait avoir Argonia de ses paroles : elle allait certainement le croire encré dans son passé, incapable d'en relever la tête. Ce n'était pas tout à fait inexacte, mais pas tout à fait correcte non plus : Lathbora avait le regard tourné vers l'avenir. Pas le sien non, mais celui de toute leur race. Il ne vivait plus sa propre vie, mais l'avait offerte, devenant un agent au profit de cette lutte impossible.
Il regarda Argonia, celle qui était depuis deux jours seulement sa femme. Elle ne pouvait rien pour lui, mais lui pouvait toujours remplir son rôle. Son rôle de mari.
Cette nuit était leur lune de miel après tout.

Il renifla une dernière fois, et se mit sur pieds, tentant au mieux de dissimuler ses tremblements. Si son esprit avait été capable, lui, de balayer sa peine et ses peurs sous un nouveau tapis de résolution, son corps était moins sensible au rétablissement brusque de son âme. Il releva la barde, et la fit tourner sur elle-même, avec un semblant d'assurance. Il la serra ensuite de manière à ce que tous les deux puissent faire face au lac à peine troublé, dans lequel la lune et les étoiles se reflétaient. Il lui demanda, calmement :

La réponse de Lathbora était... décevante autant que triste. Je ne pouvais m'empêcher de le regarder avec ses quelques larmes, voyant cet espèce de fardeau invisible peser sur ses épaules. Je ne pouvais rien faire d'autre. Je le savais, et lui même le savais. C'était à lui de faire la suite du chemin, et je ne pouvais que lui donner mon soutien entier et dévoué, en tant qu'amie mais aussi en tant que qu'épouse. Je le laissais se calmer, regardant le lac et la lune miroitant dessus. C'était, au final, un paysage qui seyait bien à la situation. Magnifique et pourtant touchée d'une certaine tristesse.

Lathbora finit par se relever, semblant en avoir assez. Tout en se faisant il me tendit la main pour m'aider, ce que je pris avec un sourire doux. Une fois debout je fus surprise un moment qu'il me fasse virevolter, laissant un petit éclat de rire échapper de mes lèvres. Il me serra contre lui, tous les deux face au lac. Je pouvais sentir dans mon dos son corps fin et encore légèrement tremblant, mais ses bras avaient une certaine force dans leur étreinte qui n'était pas désagréable. Je me sentais bien, là comme ça avec lui. Aussi quand il me proposa de retourner à l'auberge, pour dormir ou bien pour... Je rougissais à cette simple pensé. Disait il ça car il voulait vraiment le faire ou... se sentait il juste obligé ? Avec un petit sourire et une voix un peu moins assurée que ce que je pensais, je lui répondis que j'étais bien là où nous étions.

"Nous pouvons rester ici un moment, j'aime bien cette vue... Et puis nous ne sommes obligés de rien, faisons les choses à notre rythme."

Je savais que Lathbora n'aimait pas vraiment les contacts. Et en soit, je n'étais pas non plus une experte en la matière, aussi cela m'arrangeait bien si nous étions juste à nous endormir dans les bras l'un de l'autre. A ce stade, même pour moi, c'est plus que suffisant. Et surtout, je ne souhaite pas que Lathbora le fasse par obligation, mais qu'il ait véritablement envie. Patience donc, patience...

Dans ses bras, Argonia semblait heureuse, pourtant elle refusa son offre. Le regard de Lathbora dériva de nouveau sur les flots troublés du lac où ils se fixèrent sur le reflet rond et brillant de la lune. L'astre repensait sur eux sa douce lumière, sans les juger. Pourtant, il y aurait largement matière à juger, tant Lathbora comme Argonia semblaient mal à l'aise. Quelle disgrâce, songea Lathbora en la serrant de plus belle sa femme contre lui. Tous deux s'étaient unis, mariés devant de nombreux dieux et pourtant ce n'était pas grâce à leur couple que les terres occupées par l'espèce elfique risquaient de se repeupler.

Le dalatien leva véritablement les yeux en direction de la lune. Cet astre millénaire devait dispenser la même lumière aux elfes de l'ancien temps, faisant briller leurs iris comme ceux des chats. En ce temps-là, et puisqu'ils étaient bénis par l'immortalité, les elfes ne devaient ressentir aucune pression les forçant à procréer à tout prix. Lathbora aimait à se penser proches des anciens elfes. Il attribuait son manque d'intérêt pour la reproduction à sa lignée supposée pure. À sa tête remplie de contes de l'ancien temps. S'entrainer même à procréer ne m'intéressait pas, et ceux même si ses anciens et anciennes camarades lui assuraient l'exercice agréable.
Alors, si Argonia se mettait à repousser ses faibles avances...

Il soupira, de questionnant réellement et pour la première fois sur les raisons d'un tel refus. Jusqu'à présent il n'avait été que trop concentré sur ses propres doutes, craint et déceptions. Il savait Argonia plus à l'aise que lui sur ce genre de sujet, mais jusqu'à quel point ?

 Lui demanda-t-il sans détour et sans chercher à croiser son regard.


Leur culture était différente, leur passé aussi. Leurs attentes, certainement. Si Argonia ne pouvait se mettre à la place de Lathbora, l'inverse était aussi vraie. Si elle ne lui expliquait pas ce qui lui passait par la tête, il n'aurait aucune chance de le comprendre. Cette nuit, il avait tenté de lui explique. Il était à présent son tour.

Ma réponse ne semblait pas plaire tant que ça à Lathbora. Il me serra dans ses bras, mais son silence semblait soupeser autre chose. L'avais je vexé ? Aurais je du dire oui ? Et pourtant... Je ne pouvais cesser de repenser à ce qu'il m'avait dit dans la forêt au bord de la rivière. Je ne voulais pas qu'il se fasse violence pour avoir un contact qu'il ne voulait pas, qui ne serait pas plaisant. Juste parce qu'il faut le faire pour la forme. Je n'étais moi même pas vraiment rassurée, et peut être que c'était une bonne excuse pour moi afin de repousser l'échéance, mais j'avais toujours le bien être de Lathbora en tête. Il eut un soupire, puis me demanda si j'avais peur. Je restais silencieux quelques secondes, avant de répondre avec un peu d'hésitation.

"Un peu... mais...."

Certes je n'étais pas à l'aise, mais je savais que Lathbora ne serait pas violent et brutal comme certaines femmes en parlait dans ce genre d'ébats. Je n'avais pas peur de lui. Une certaine appréhension, forcément, mais je craignais autre chose. Que cette fois ci soit celle de trop pour Lathbora, qu'il soit dégouté et ne veuille plus me toucher à l'avenir. Qu'il soit prit de nouveau d'aversion à être en contact avec moi, parce que l'expérience n'aurait pas été celle qu'il aurait espéré. J'essayais de développer et d'expliquer mon hésitation, pour éviter que mon "mari" ne se fasse des idées et pense que je le repousse pour de mauvaises raisons.

"Tu m'avais dit que tu n'aimais pas le contact avec les autres, et que pour toi c'était difficile. Je ne veux pas que tu te forces même si c'est notre... lune de miel."

Je me retournais alors pour lui faire face, mais restais dans ses bras. Je plongeais mes yeux dans les siens, le couvant du regard et lui souriant avec douceur.

"Je peux attendre, aussi longtemps qu'il le faudra. Pour toi."

Argonia réaffirma son refus et aurait pu s'en tenir là. Mais heureusement elle prit le temps de s'expliquer. Lorsque Lathbora comprit que son refus était motivé par la peur de sa réaction à lui, il scène sentit attrister. Voilà encore un secret qu'il devrait tenter de dévoiler ce soir. Se serait-il marié s'il avait réalisé toute l'honnêteté que ce lien allait comporter ? Probablement. Lorsque sa femme se retourna pour lui faire face, plongeant ses yeux dans les siens, le dalatien se retrouva dos au mur. Il déglutit un peu bruyamment en avalant sa salive avec difficulté. Il allait devoir avouer, une fois encore, qu'il était différent. Allongeant encore la longue liste de ses imperfections d'une ligne supplémentaire, souhaitant par-dessus tout que celle-ci ne serait pas plus fatale que toutes les autres à leur amour. Après tout Argonia semblait accepter le fait qu'il ait du sang sur les mains, même s'il n'avait pas encore eu l'occasion de lui avouer en totalité l'étendue de ses actes violents.
Il toussa légèrement mal à l'aise. Énormément mal à l'aise.


Il marqua une pause, peut-être un peu trop longue.


Voilà, c'était sortit, enfin. Il avait même maladroitement illustré ses propos en dressant l'index de sa main droite en allégorie de la réaction tant attendue, qui, évidemment, chez lui ne se produisait pas naturellement. Mais maintenant que ces mots si difficiles à avouer étaient sortis, une vague de soulagement le submergea, faisant couler maladroitement les mots hors de ses lèvres :


Horrifié il réalisa ce qu'il venait de rencontrer et son visage s'empourpra, complètement, égalant admirablement le carmin de son vallaslin. Il serra de plus belle sa femme, comme s'il craignait de la voir s'échapper, maintenant qu'il avait avoué avoir été touché par d'autres qu'elle, lui qui tout ce temps serait tenu loin d'elle....

Lathbora qui me serrait dans ses bras, je pouvais sentir à travers sa fine tunique son coeur qui battait la chamade, son corps qui bien que fin exhalait une chaleur mâle. C'était assez étrange mais ... agréable. Il avait l'air gêné, et à ses explications je compris pourquoi. Sans doute presque aussi mal à l'aise que lui, je n'osais pas le regarder dans les yeux et mon teint avait pris une nuance rouge vive. Je balbutiais, digérant les informations qu'il me donnait comme je pouvais.

"Ho...Je... je vois...."

Il avait donc un genre d'impotence... mais s'il disait qu'en frottant ça marchait, c'est que ça n'en était pas une non ? Mais bon, ce n'est pas comme si je comptais absolument avoir un enfant, et c'est comme ça qu'on fait un enfant. Je sentais ses bras se resserrer autour de moi, me serrant comme si j'allais fuir. Pensait il que cela allait me rebuter ? Je souriais, me sentant étrangement flattée que malgré tout il veuille rester avec moi. Je le repoussais doucement, juste de quoi avoir assez de distance pour que je puisse le regarder dans les yeux.

"C'est pas grave tu sais. Je suis déjà soulagée que tu n'es pas repoussé à la simple perspective de mon contact. Nous pouvons très bien passer la nuit juste en étant enlacé et... juste à s'embrasser et à se caresser. Cela me va aussi bien."

Je lui souriais avec douceur, posant sur lui un regard amoureux et caressant son visage d'une main avec délicatesse. Puis je lui pris les deux mains, le tirant vers moi alors que je reculais vers l'auberge.

"Aller vient, rentrons nous coucher. Tu dois avoir froid comme ça."

Je gardais l'une de ses mains dans la mienne, pensant que peu importe notre lune de miel, ce qui comptait c'est que nous étions ensemble. Même si ce n'est que pour une nuit et que le lendemain doit être une séparation, cela reste une nuit ensemble.

Main dans la main, ils s'en retournèrent à l'intérieur de l'auberge. En franchissant de nouveau cette porte, Lathbora réalisa tous les tournants parcourus par son âme en seulement quelques heures. Tout ça pour quoi ? Pour fuir la perspective de partager le même lit que l'elfe à laquelle il s'était uni . Honteux, il baissa la tête, traversant la salle au pas de course, veillant surtout à ne plus croiser le moindre regard, et surtout pas celui de la serveuse si loquace. Il entraina sa femme à l'étage, poussa la porte de leur chambre et les y enferma.


Sur la route le lendemain, le dalatien était serEin. Certes, la nuit n'avait permis aucun miracle, mais ses craintes s'étaient néanmoins assoupis, enfin. Ils avaient partagé la même couche, en tant que mari et femme, au moins une nuit avant qu'ils ne se séparent de nouveau. Car Lathbora et Argonia étaient deux voyageurs ne pouvant partager que de brèves escales, de courts tronçons de route. La voie qu'ils avaient l'un et l'autre choisi différait grandement. Lathbora l'avait totalement accepté à présent, Argonia le sentait-elle ?

Il ne jeta qu'un tout dernier regard par-dessus son épaule. Son destin l'attendait à présent, il en était conscient. Alors alors de se remettre en route, il embrassa les belles lèvres de sa femme, et glissa ses doigts dans les siens.