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Jeu 16 Avr 2020 - 11:13

Anonymous
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Une lune qui sentait le miel.


La Princesse gâtée, Lac Calenhad, 9:42 du Dragon.

Assit seul à une table de l'auberge, Lathbora se sentait nerveux. Il venait de quitter précipitamment la chambre qu'il occupait avec Argonia, au premier étage de ce petit établissement, laissant sa moitié encore endormie finir tranquillement sa nuit. Il avait fui cette chambre, cédant au cri incessant qu'il avait senti monter du fond de son cœur tout au long de cette nuit sans sommeil. Une nuit de terreur véritable. Une nuit passée à fixer le plafond, sentant le corps chaud de sa femme peser à l'autre bout du lit. Cette nuit avait été la première qu'ils passaient ensembles, en tant que mari et femme. Et pour faire plaisir à sa femme, Lathbora avait proposé qu'ils s'arrêtent dans une auberge. Sa femme. Il s'était marié. Et s'il ne regrettait en rien cette démarche, il commençait en revanche à réaliser toute l'étendue de cette décision. Le dalatien attrapa sa tête de ses mains, et emmêla ses doigts dans ses cheveux en bataille.

En matière d'amour, les dalatiens sont ouverts à tout. Tant qu'une seule et unique règle était respectée : un couple devait produire une descendance. Des enfants. Loin d'être niais à ce sujet, Lathbora savait ce qu'on attendait de lui : il connaissait la marche à suivre pour produire une descendance. Mais son corps ne lui facilitait pas la tâche. Il laissa échapper un râle, arrachant un sursaut de la part de la serveuse : une naine aux hanches lourdes, entourées d'un tablier à froufrou.

Et bah alors mon chou, ça ne va pas ?
Tu t'es disputé avec ta copine ?

Elle s'approcha, se levant sur la pointe de ses pieds pour frotter de son chiffon la surface de la table occupée par Lathbora. Par réflexe, il lui adressa un regard noir, croisant ses bras devant son torse étroit comme pour protéger son espace vital. Ses doigts effleurèrent un tissus rêche, et il baissa les yeux.  Dans sa fuite, il avait quitté la chambre uniquement vêtu de sa tunique, heureusement assez longue pour sembler décente. Passé ce premier réflexe défensif, l'elfe se radoucit. Peut-être tenait-il là une oreille attentive à laquelle exposer son problème ? Il fit un rapide calcul : Dénérim, Brécilianne, et maintenant les côtes du lac Calenhad. Tant de choses s'étaient produites en si peu de temps. Il en avait le tournis rien qu'en y repensant. Pourtant, sa voix se fit douce lorsqu'il répondit :

C'est ma femme. Nous nous sommes mariés avant-hier.
Alors c'est votre lune de miel ? Et vous vous êtes déjà fâchés ?

Le dalatien tiqua. Lune de miel... Pourquoi ce terme lui disait-il quelque chose ? Il décroisa les bras, et se penchant un peu en avant, en direction de la naine. Il chuchota presque, prononçant chacun de ses mots suivants comme s'il s'agissait de secrets.

Nous ne nous sommes pas disputés. C'est juste que... Je ne suis pas à l'aise dans le lit à haut.

Son regard dériva depuis le visage jovial de la tenancière, allant de nouveau se perdre sur le mur décrépi lui faisant face. Depuis combien de temps n'avait-il plus dormis avec un toit au-dessus de sa tête ? Entouré par ces quatre murs, ce sol et ce plafond, Lathbora se sentait enfermé dans une boîte. Pourtant son malaise ne provenait pas de là, mais plutôt d'un tumulte d'ordre plus interne. Sans le vouloir, son visage du afficher son tourment : la naine lui sourit avec beaucoup de gentillesse avant d'ajouter avec précaution :

Oh! Je vois : c'est la première fois c'est ça ? ... ça va aller mon petit. Ces choses-là se font naturellement. Essaye juste de ne pas trop y penser, ok ?

Lathbora acquiesça vigoureusement alors que ses taches de rousseur se faisaient avaler par le rouge qui lui montait aux joues. Il acquiesça encore, bien qu'ignorant complètement de quoi voilait bien parler cette naine. Après tout, c'était bien la première fois qu'il dormait dans une chambre à côté d'Argonia... Lui qui jusqu'à présent avait toujours trouvé mille prétextes pour sortir dormir au grand air. Pensant avoir soulagé le dalatien d'une partie de ses tourments, la naine le laissa seul, s'en retournant à ses tâches quotidiennes.

Perdu, mais légèrement plus calme, Lathbora laissa son regard se perdre au travers de l'unique fenêtre de l'auberge. De là, on pouvait apercevoir les rives sombres du lac Calenhad. De fines vaguelettes en ridaient la surface, témoin d'une activité dissimulée à ses yeux. Une quelconque barque devait être en train d'y évoluer. Des pécheurs certainement.

Il ne pouvait décemment pas fuir tous les matins, et rester paralysé toutes les nuits. Argonia était sa femme à présent, et il devait trouver le moyen de l'honorer. Et d'honorer les siens par la même occasion. Distraitement, l'elfe s'arracha quelques poils de son avant-bras. Parfois, parfois seulement, il souhaiterait se sentir plus fort. Plus masculin. Il s'arracha encore un poil, nerveusement, le regard tourné vers cette fenêtre. Il n'allait pas pouvoir fuir éternellement.

Elle était sa femme à présent. Lui était son mari. Il n'était plus Lathbora.

Je vais devoir me trouver un nouveau nom. Encore.

Murmura l'elfe entre ses dents, tordant le bas de sa tunique entre ses doigts. Lassé de devoir sans cesse de réinventer. Peut-être que s'il disait la vérité, toute la vérité, il n'aurait plus jamais à le faire ?



Lun 27 Avr 2020 - 17:45

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

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Une lune qui sentait le miel


Le lit était confortable, l'auberge relativement propre et il ne faisait pas froid. Dans le lit avec mon "époux", toutes les conditions étaient réunies pour passer une bonne nuit douillette en cet hiver. Et pourtant, me voilà réveillée, parce que la place à coté de moi était vide, et froide. Je poussais un soupire, me relevant pour regarder autour.

Depuis notre départ de Dénérim, après notre mariage, nous avions écumé la route en direction d'Orlaïs avec l'aravel et notre poney. J'étais heureuse, non seulement parce que j'étais enfin mariée au yeux du Tisserand avec Lathbora mais également parce que j'étais enfin en sa compagnie. La dernière fois, c'était lorsqu'il m'avait accompagné en dehors de la forêt dalatienne et qu'il m'avait avoué ses sentiments. Mais nous n'étions restés que quelques jours ensembles, chacun devant repartir selon ses obligations. Là pour une fois, nous avions l'occasion d'être ensemble pour plus longtemps. Rien que de l'avoir à côté de moi dans l'aravel je me sentais bien, et quand nous nous tenions la main je pouvais me sentir rougir de plaisir et mon coeur battre comme un papillon. Et cette nuit, c'était notre première nuit ensemble en tant que jeunes mariés. J'avais été touchée par son attention de passer la nuit à l'auberge. Sans doute voulait il faire un effort pour être dans un endroit un peu plus confortable qu'à la belle étoile, sachant qu'il détestait à la base ce genre d'endroit.

Nous nous étions couchés, et je dois dire qu'une certaine tension était palpable. C'était notre première nuit ensemble, et il est vrai que j'avais senti une légère tension. Pour ma part, j'avais une légère appréhension, car en général c'est lors de la première nuit ensemble que les couples sont... enfin...trouvent le paroxisme de leur intimité. Rien que d'y penser j'en devenais rouge pivoine. Mais je devais rester calme et aussi patiente que possible. L'acte en lui même avec Lathbora ne me faisait pas peur, et je dois avouer que j'étais un peu ... plutôt heureuse et impatiente. J'avais envie de me rapprocher de mon mari, et pas uniquement dans notre relation platonique. Je voulais pouvoir le serrer dans mes bras, sentir sa peau chaude contre la mienne, son odeur de sous bois et de cuir. Rien que pour cela, j'étais heureuse de pouvoir passer la nuit avec lui, même s'il ne se passait rien d'autre.

Et en effet, il ne se passa rien d'autre, si ce n'est moins que ça. La tension était palpable, mais si pour moi elle était dans l'impatience de pouvoir enlacer mon aimé, pour Lathbora elle semblait tout autre. Je savais qu'il n'aimait pas le contact physique, mais je m'attendais à ce qu'il tente quelque chose, même minime. Pourtant quand nous nous couchions, il resta de son coté, figé et presque le plus éloigné possible de moi. Je n'osais rien dire, attendant qu'il fasse le premier pas. Certes j'étais timide à ma manière, mais je savais également que si je faisais le premier geste je risquais de le braquer et de lui faire peur. Non, je devais attendre qu'il soit prêt. Et j'attendis, un moment. Rien ne se passa. Je réfrénais un soupire, me résignant à mon sort. Ce sera pour une prochaine fois. Au moins, nous étions dans le même lit. Je fermais les yeux, cherchant le sommeil d'une façon ou d'une autre. Mais plus tard dans la nuit, me voilà réveillée, sans personne à mes côtés. Je m'étais donc relevée, déterminée à savoir où il était parti. Est ce qu'il allait bien ? Y avait il quelque chose qui le tracassait ? Je regardais autour, et je m'étonnais de voir ses affaires sur la chaise. Comment, il était sorti... en tenue de nuit ?

Cela ne fit qu'aggraver mon inquiétude. Où avait il put bien aller ? Je prenait mes affaires, mettant rapidement un pantalon et une chemise. Non, là dessus je ne le suivrais pas dans cette mode de descendre voir les gens en tenue de nuit. Une fois cela fait, je quittais la chambre, cherchant dans les couloirs sa présence. Rien. Je descendais voir s'il y avait encore quelqu'un dans la salle de la taverne, et leur demander s'ils avaient vu Lathbora. Mais je n'eus pas beaucoup à chercher, car un elfe en tunique de nuit dans une taverne où il y a principalement des humains, ça se remarque. Il était assis à une table, l'air morose et à regarder la fenêtre. Je poussais un soupire de soulagement. Je m'approchais de lui, posant une main sur son épaule et le regardant avec inquiétude.

" Lathbora, tout va bien ?"  

J'avais parlé avec douceur, espérant ne pas le faire sursauter. Je jetais un regard à son bras nu, où la rougeur de la peau montrait qu'il s'était encore arraché des poils de bras. J'avais remarqué ce tic chez lui, en général quand il était stressé. Il y avait donc bien bien quelque chose qui n'allait pas. Je tirais la chaise à côté de lui, m'installant pour lui parler.

" Tu n'arrives pas à dormir, quelque chose te tracasse ?"  

J'avais pris ses mains entre les miennes, caressant le dos de celles-ci comme pour le réconforter. Je ne cherchais à ce qu'il m'explique tout de but en blanc, même si j'aurais aimé à ce qu'il se confie un peu plus à moi, qu'il me fasse confiance. Helas, je devais lui laisser du temps, et me montrer patiente. chaque chose viendra en son temps quand il sera prêt, mais si au moins je pouvais lui faire dire qu'il y avait en effet un problème et non pas juste éluder la question, ce serait un grand progrès.


Mar 28 Avr 2020 - 14:48

Anonymous
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Une lune qui sentait le miel.


Une main sur son épaule le sortit de ses rêveries. Il se retourna, s'attendant de nouveau à faire face à la serveuse naine qu'il trouvait finalement sympathique, tout en redoutant d'être dérangé par l'un des nombreux humains grossiers occupant bruyamment le reste de la salle de l'auberge. Mais il se retourna sur le visage d'Argonia, ce qui le fit sursauter. Bien sûr il ne s'était pas attendu à la voir là alors qu'il l'avait laissé endormie dans la chambre un étage au-dessus, sinon il se serait épargné la peine de fuir au beau milieu de la nuit à demi-nu. Pourtant Lathbora devait son sursaut à un tout autre type de surprise : il oubliait aisément à quel point il pouvait trouver la barde Orlésienne jolie, un fait qu'il semblait redécouvrir à chaque fois qu'elle se tenait devant lui. L'absence manifeste du vallaslin sur son visage ne le dérangeait plus, c'est à peine s'il y pensait à présent.

Mais Argonia serait encore plus belle si seulement ce regard inquiet quittaient enfin ses yeux. Lathbora déglutit. Il le savait bien : elle était inquiète à cause de lui.

Pardon.

S'excusa-t-il immédiatement tout en fixant ses mains, à présent plaquées sur la table. Mais Argonia avait parlé en même temps, exprimant ses angoisses. Il secoua la tête d'une manière un peu molle, soucieux de lui faire comprendre qu'il allait bien. Il tourna alors ses yeux d'or en direction du beau visage de sa femme, et eut envie de la prendre dans ses bras, comme elle le faisait parfois. Mais une sorte de pudeur l'en empêcha. Ses gestes, bien que familiers grâce à elle, ne lui venaient pas encore tout à fait naturellement.
Profitant inconsciemment de son hésitation, elle s'était installé à sa table, sur une chaise vide.
Tu n'arrives pas à dormir, quelque chose te tracasse ?
Les mains douces et chaudes d'Argonia caressaient les siennes. Il ferma les yeux, se laissant aller sous ces caresses rassurantes. Elle était sa femme à présent. Ses mains pouvaient caresser les siennes tous les jours. Et ses mains à lui pouvaient faire de même. Si seulement il hésitait moins.
Oui.

Répondit-il en toute sincérité et sans éprouver la moindre honte. Ses épaules étroites se soulevèrent alors qu'il soupira, attrapant les mains d'Argonia pour les immobiliser.


Argonia, je sais que tu as des questions. Et avant je ne pouvais pas y répondre. J'avais fait une promesse. Et je ne comprenais pas tout. Mais Alistair m'a permis de comprendre certaines choses, alors je crois qu'il est temps que je te parle d'avant. D'avant que je sois Lathbora. Si tu as toujours des questions, et si tu veux toujours savoir, parce que sinon je....

Il s'interrompit, voyant brusquement la naine approcher, un immense sourire à ses lèvres, et deux choppes dans les mains. Elle déposa les deux contenants sur leur table, et s'adressa à Argonia, parlant d'une voix suffisamment forte pour se faire entendre de tous :

Oh ! Alors c'est vous la fiancée ? Faut pas lui en vouloir, s'il s'est échappé c'est simplement parce qu'il a un peu peur à cause de votre nuit de noce !
Oui, il y a ça aussi. Promets-moi de ne pas me crier dessus si jamais je ne fais pas correctement.

Cette fois-ci, puisqu'elle s'était montrée plus directe, Lathbora compris naturellement l'allusion de la naine. Il ne rougit pas devant l'aveu de sa propre faiblesse, qui, il fallait bien le reconnaître, était effectivement l'objet de son inquiétude de la nuit.
Les cris, la honte et les pleurs, voilà ce que redoutait Lathbora pour cette première nuit. Et il ne souhaitait plus pleurer devant Argonia. Du moins pas cette nuit-là, et pas pour cette raison précise.



Mer 29 Avr 2020 - 22:07

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

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Une lune qui sentait le miel


Je regardais mon pauvre elfe soucieux, assis à sa table et semblant encore indécis. Mais j'étais heureuse qu'il ne repoussait pas mes mains. J'étais heureuse que cet elfe aux mains d'artisans m'avait accepté. J'étais heureuse qu'il soit mon époux, et que je puisse faire partie de son monde. Il avoua ne pas être à l'aise, et j'étais étrangement contente qu'il me le dise. Il se confiait, ce qui n'était pas une chose évidente pour ce dalatien un peu renfermé, je le savais. Mais il me surprit par sa soudaine prise de décision. Il s'était saisit de mes mains, me parlant avec une assurance que je lui avais rarement vu prendre. Je le regardais en rougissant légèrement, et pour cause. Il disait enfin vouloir parler de son passé. Le roi Alistair semblait avoir été un élément déclencheur, il faudra que je le remercie par lettre plus tard... Depuis le temps que je voulais savoir qui il était avant, ce ... Taven.

Je connaissais en partie le Lathbora de maintenant, mais rien sur le Taven qu'il essayait de me cacher depuis le début. Je n'avais jamais essayé d'aborder la chose, car bien que je sois pleine de curiosité je ne voulais pas le repousser dans ses retranchements. Pas quand il commence enfin à s'ouvrir à moi. Je l'écoutais, essayant de réfréner le sourire de joie d'être enfin dans la confidence. Mais nous fûmes interrompu par la serveuse qui apporte des chopes, et une information des plus... intéressantes. Là je rougissais comme une pivoine, trouvant soudainement la tâche de gras sur la table très intéressante et fascinante. En avait il parlé avec quand il était descendu ici tout seul ? J'étais gênée, mais également flattée qu'il se soucie de ce genre de chose, malgré le fait que le contact l'incommode autant. J'avais très chaud, et d'une voix hésitante je répondis un peu vaguement.

" Ha, c'est donc ça qui te tracasses, je vois..."  

Je ne sais même pas si je devais rire ou m'attrister du fait qu'il pensait que j'allais lui crier dessus si les choses se passaient mal. Qu'avait il pu vivre pour penser qu'on lui crierait dessus ? Ou alors est ce que je lui donnais cette impression... J'essayais de voir les choses positivement, voyant là plus son inquiétude sur le fait de ne pas combler, et son intention de bien faire. Je le regardais de nouveau, toujours un peu hésitante au début, mais serrais légèrement ses mains entre les miennes, comme pour me redonner confiance.

" Pour ce qui est de...enfin, de... la nuit de noce. Je n'ai aucune raison de te crier dessus, et ça n'arrivera jamais. Nous ferons les choses à notre rythme, à tous les deux."

Je lui adressais un doux sourire avant de prendre une de ses mains pour l'approcher de mon visage. J'y déposais un baiser sur le dos de sa main, léger et doux comme un papillon, avant de la reposer sur la table. De nouveau par réflexe, ou pour me rassurer inconsciemment, je me remis à caresser doucement ses mains de mes doigts. Je reprenais la conversation, un peu plus assurée et confiante sur l'autre sujet de son trouble.

" Concernant ta vie d'avant, bien sûr que j'ai envie de savoir. J'ai envie de mieux te connaitre, de faire connaissance avec tout ce qui fait toi. Présent, futur, et même le passé, aussi douloureux puisse t'il être. Mais je ne veux pas te forcer. Si tu ne te sens pas prêt, je peux attendre. Je pourrais toujours attendre pour toi."

Je le regardais avec douceur, comme pour le rassurer. Ce n'était pas une décision facile pour lui, et j'espérais qu'il ne pensait pas que je l'aimerais moins pour ne pas me dire son passé. Chacun avait ses secrets après tout. Je regardais alors les chopes, toujours devant nous. C'est vrai que nous sommes dans la salle de la taverne. Parler de ces choses ici n'étaient peut être pas le plus approprié. Mais serait il pour autant plus à l'aise dans la chambre, là où la nuit de noce étant sensée se passer ? Hésitante, je décidais de lui laisser le choix, de choisir l'endroit de ses confidences.

" Est ce que... tu préfères rester ici pour en parler, ou tu veux monter ? On peut d'abord terminer cette chope de bière avant, ça peut nous rafraichir les idées ~ ."  

Je terminais sur une note un peu plus légère, souriant et riant avec cette même légèreté insouciante qui faisait mon caractère. Non pas que je prenais cette conversation à la légère, mais il était préférable qu'il se détende un peu plus et prenne le temps de bien rassembler ses idées, sans pression.


Jeu 30 Avr 2020 - 12:13

Anonymous
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Une lune qui sentait le miel.


Le visage d'Argonia ne cessait de rougir, comme si le sujet abordé avait quelque chose... De honteux. Mais l'acte débattu était naturel : tous les hommes et les femmes présents dans la pièce devaient y songer fréquemment, et devaient le pratiquer aussi, le plus souvent possible. Seul Lathbora échappait à cette règle générale, ce qui parfois lui donnait justement l'impression d'être une machine plutôt qu'un homme. Une machine à laquelle il manquait des pièces pour fonctionner correctement. Mais Argonia lui avait déjà appris qu'il pouvait aimer. Peut-être sa différence n'était-elle pas si honteuse que cela au final.

Alors qu'Argonia semblait fixer son attention sur une tâche de gras, Lathbora remercia la naine d'un simple signe de tête pour ces deux bières, qu'il n'avait pourtant jamais commandées. Il n'était pas encore tout à fait au fait des coutumes des gens civilisés. Il n'avait d'ailleurs pas de quoi payer ces consommations, s'il s'avérait qu'elles n'étaient pas offertes. Lorsque Argonia parla de la nuit de noce, répondant aux craintes de Lathbora, la naine eut la décence de partir s'occuper d'autres tablées. Le dalatien la vit discuter avec certains clients, désignant la tablée des jeunes mariés du pouce. Il refréna une grimace devant le regard amusé des humains.

Notre rythme. Hum hum, Oui. Banal nadas.

Grommela-t-il pour lui-même, tout en songeant froidement à son propre rythme : celui du néant. *J'irais au rythme que tu me donneras. Je peux faire ça pour toi.* Pensa-t-il en cherchant à croiser son regard. Le baiser qu'elle déposa sur le dos de sa main lui fit un frisson. Le genre de frisson agréable, qu'on aimerait avoir toujours. Il rougit discrètement alors que les doigts de la barde caressaient de nouveau ses paumes. Il l'écouta attentivement lorsqu'elle lui parla de sa vie d'avant, contant finalement de passer à un autre sujet.

Tu ne me force pas. Jamais.

Commença-t-il à dire avant de sentir sa voix s'éteindre dans sa gorge. Jusqu'à assez récemment, Lathbora avait sur sa propre histoire un regard assez confus. Les dix dernières années étaient passées comme s'il s'agissait d'un rêve. Il avait traversé un tiers de sa vie en complet somnambule. Il se trouvait à présent bien réveillé, mais parfaitement désorienté. S'être lié à Argonia était la meilleure décision qu'il avait prise depuis un long moment. Ce mariage le poussait vers plus de stabilité, vers le futur aussi, lui qui il y a peu avait flirté avec l'idée d'en finir définitivement.

Je peux parler ici.

Il se saisit d'une des deux choppes, et fit couler le liquide froid, amer et bulleux dans son estomac. Il fronça les sourcils alors qu'il tentait de vider la choppe d'une seule traite. À court d'oxygène, il dût baisser le réceptacle, et enfin répondre aux questions d'Argonia.

Je sais que tu as compris. Je ne m’appelais pas Lathbora à l'origine. On m'appelait Taven. Et tu le sais, j'étais l'apprenti de l'artisan.

Il toucha par réflexe le losange formé par son vallaslin au niveau de son front. Un geste qu'il effectuait à chaque fois que ces pensées s'orientaient en direction de June, ou de son ancien métier. Il abaissa de nouveau sa main, et la posa, un peu lourde, sur l'avant-bras de son épousée.

Mon maître était Varathorn. Une promesse m'empêche d'évoquer le nom de notre clan. Mais je crois que si tu dois me comprendre, je ne peux pas ne pas parler d'eux. Et de ce que nous avons vécu ensemble. Toi, tu as une famille. Comment tu me parlerais d'eux ?

De la main qu'il avait laissée, jusque-là inerte, sur la table il frôla de l'index les côtes d'Argonia, juste au-dessus de son cœur.



Dim 3 Mai 2020 - 19:57

Eleanore de Jader
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Une lune qui sentait le miel


J'attendais la réponse de Lathbora, avec patience. Il semblait assez ouvert, et ne me portait aucun jugement ni mépris. J'étais soulagée que pour lui je ne le poussais pas trop. C'était l'une de mes grandes inquiétudes, de trop en faire par rapport à lui, de le faire se retrancher dans sa coquille au lieu qu'il s'épanouisse et s'ouvre un peu plus. Je l'écoutais, il semblait prêt à parler ici, dans cette taverne. Je le regardais boire un peu de bière, ce que je fis également. Pour me donner un peu de contenance autant que pour me rafraichir un peu. Avec toute cette tension, je commençais à avoir la gorge sèche.

Il commença son histoire, parlant en effet de son passé, qu'il avait un autre nom et qu'il était artisan. Ca oui, j'avais bien compris. Pour le côté artisans cela faisait un moment, depuis qu'il avait travaillé à la forge en fait à Halamshiral. Pour ce qui est de son nom... Il l'avait mentionné une fois lorsque nous avions quitté le clan dalatien, mais ce n'est que grâce à la rencontre avec le roi Alistair que j'en avais appris plus. Entre temps, Lathbora semblait en avoir profiter pour "oublier" sa promesse de me donner son vrai nom en guise de cadeau de mariage. Enfin, peu importe. Une fois de plus, je ne suis pas là pour le pousser. Quoi qu'il en soit, la suite était bien plus intéressante. Un maitre artisan, un secret concernant son clan, une promesse... On dirait presque un des livres de Varric Thetras, en mode dalatien. Cependant, Lathbora lui semblait quand même contourner le problème et me parler un peu plus de son clan, de ce qu'ils avaient vécu. J'étais suspendue à ses lèvres, aussi je me figeais un peu de surprise quand il me pointa du doigt et mentionna mon expérience avec ma famille. Je le regardais avec étonnement, hésitant un instant.

" Ma famille ? Mh..."  

C'est vrai ça, ma famille... cela faisait un moment que je n'avais pas pensé à eux. Pour me laisser le temps de réfléchir à ce que je pouvais dire, je buvais une nouvelle rasade de bière. Ma famille était un peu spéciale, dans le sens où elle ne correspondait à aucun des critères standard de vie et de composition que l'on pouvait rencontrer majoritairement à Thédas. Nous n'avions pas le même mode de vie que les sédentaires, que ce soit pour de grandes villes ou de petits villages, et même en tant que nomade nous étions dans un style de vie bien différent de celui des dalatiens qui cherchaient pour la plupart à rester loin des autres. Non, pour nous c'était bien différent, et cela avait forcément impacté ma propre relation à la famille, qui était en fait un mot très large dans mon vocabulaire. Heureuse que Lathbora souhaite en savoir plus sur moi, sur d'où je venais, je reposais ma chope pour me préparer à parler. Et à parler longtemps.

" Je suis née dans une troupe de ménestrels ambulants en Orlaïs. Un mélange hétéroclite d'elfes et d'humains, vivants ensemble sur la route. Mon père est mort quand j'étais jeune, et je n'ai que ma mère et ma grand mère. Mais tout le reste de la troupe est comme ma famille, qu'ils soient elfes ou non. Ainsi des oncles, des tantes, des frères, des soeurs, des cousins, j'en ai une dizaine ! Même si nous ne sommes pas reliés par le sang, nous nous entendions tous plutôt bien et prenions soin les uns des autres."

J'eus un petit sourire, repensant à cette jeunesse insousciente. Ce n'était pas non plus le paradis, il y avait eu des moments dur où parfois la faim nous tenaillait le ventre, où l'on nous jetait des pierres pour nous éloigner des villages ou encore quand des bandits venaient nous attaquer. Non, ce n'était pas toujours rose, mais je ne regrettais en rien cette vie sur les routes qui sommes toute fut assez joyeuse. Je continuais, essayant d'expliquer en quoi consistait notre vie.

" Nous vivions une vie différente de celle des citadins, mais également différente de celle des dalatiens. Tous rassemblés autour de l'art du spectacle, nous bougions souvent pour divertir les nobles autant que le peuple dans les villages que nous traversions. Danse, chant, musique, tour de force, acrobatie et diseuse de bonne aventure... Nous vivions dans une communauté soudée, mais nous étions également très libres. Nous pouvions accueillir des personnes, tout comme partir. Pour preuve, cela fait plus de 10 ans que je ne les ais pas revu."  

Je poussais un léger soupire. C'est vrai, j'aurais pu leur envoyer des lettres un peu plus souvent. Je savais que ma mère était en vie, que le groupe continuait d'exister, mais je n'avais jamais cherché à les retrouver, bizarrement. Etait ce mon besoin d'indépendance ? Ou alors la peur que si je les rejoignais je ne pourrais plus repartir ? Je tenais à mon travail de barde et d'Amie de Jenny. Retourner à cette vie n'était pas une bonne idée, et sans doute instinctivement j'avais mis une barrière, même si mon coeur était toujours avec eux.

" Je les aime et parfois ils me manquent, mais je suis partie de mon plein gré pour suivre mon chemin. Je ne les ais pas revus car ils n'étaient pas sur mes routes, et mon travail est parfois dangereux. Peut être que je devrais y retourner, une fois. Pour te les présenter peut être. Tu pourrais voir à quel point c'est... différent."  

Il est vrai que maintenant que j'étais mariée, je pourrais toujours leur rendre visite pour leur présenter Lathbora. Et puis avec lui et son caractère, j'étais certaine que je ne pourrais pas rester avec la troupe trop longtemps. En un sens, il serait mon garde-fou. Moi, manipulative et opportuniste ? Ma foi... Je suis quand même une barde, cela fait aussi partie de mes compétences. J'avais fini ce que j'avais à dire, regardant Lathbora pour voir si cette réponse lui convenait. Est ce que c'est ce qu'il attendait ? Ou voulait il savoir autre chose ? Pour lui, je pourrais bien tout dévoiler sans aucune hésitation.


Lun 4 Mai 2020 - 17:36

Anonymous
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Une lune qui sentait le miel.


Sans vraiment hésiter, Argonia se mit à parler. Le flot de ses paroles, presque ininterrompus, berça Lathbora quelque peu. C'était comme si les paroles venaient germer directement dans son imagination. Lorsqu'elle évoquait sa "famille", il voyait des couleurs, de belles matières légères soufflées au vent comme des rubans. Il entendait une légère musique sans parvenir à la comprendre totalement. La barde était-elle consciente du pouvoir qu'avait sa voix ? *Certainement pensa Lathbora depuis le milieu de ses limbes colorés, sinon elle ne serait pas barde*.

Il fut ravi d'apprendre la vision qu'avait Argonia de la famille. Car c'était motivé par la recherche de cette information qu'il avait évoqué ce délicat sujet. Argonia était née dans un clan. Un clan peuplé uniquement de conteurs, danseurs, devins et musiciens. Elle avait eu beaucoup de chance. Aucune amertume ne semblait tâcher les souvenirs qu'elle évoquait légèrement, avec une certaine hâte même. Comme s'ils étaient encore très présents pour elle. Pourtant, jamais elle ne les avait évoqués. Ils s'étaient d'ailleurs mariés seuls, sans témoin pour valider leur union. À part évidemment Alistair, et le Tisserand, qui qu'il soit. Et s'il existe.

Le soupire de sa bien-aimée le ramena à terre. Elle n'avait pas vu les siens depuis dix ans. Lui non plus. Il pouvait partager sa peine. Pire, y remédier, si seulement il parvenait à localiser pour elle ce clan d'itinérant. Il pouvait peut-être l'y conduire, sous un faux prétexte. Mais d'elle-même Argonia proposa de les lui présenter. Le dalatien frissonna légèrement. S'il serait heureux de conduire Argonia jusqu'à eux, il ne se sentait pas prêt à les rencontrer, lui. Mais à quoi s'attendait-il ? À pouvoir se cacher sous une fougère ? À fuir en direction des bois les plus proches. Dix ans. Dix ans à vivre comme une bête. Cela laissait des traces indélébiles.

Me les présenter ? Ta famille ?

Sa voix mourut dans sa gorge. Lui aussi était de sa famille à présent. Un mariage, c'était bien différent d'une union. En acceptant de suivre Argonia dans une partie de ses pratiques, en écoutant et en répétant les mots du roi de Férelden, Lathbora en était devenu moins... Dalatien. Ne se trouvait-il pas au milieu d'humain, dans la salle vivante d'une auberge ? Il sentit une forme de panique menacer de le submerger. Mais il la repoussa. Mettre en mots son histoire, son passé, permettrait peut-être d'en partager le poids avec Argonia. Il savait qu'il ne pouvait pas tout lui dire. Qu'elle ne pourrait pas tout comprendre. Mais il pouvait essayer.

Je comprends ta vision de la famille. Chez nous, les dalatiens, c'est un peu la même chose. En différent. Nous sommes un clan. J'ai un père et une mère. Mais j'ai été élevé avec les autres petits de mon âge. Notre éducation a été faite par tous, et le Hahren se chargeait de nous transmettre l'histoire et les voie de notre peuple. J'aimais les histoires de notre Hahren, vraiment. Plus que les autres enfants je crois. Et lorsqu'il ne voulait plus rien me raconter, j'aller déranger Zath....

Une quinte de toux brusque l'interrompit. Il toussa, sentant la bière dans son ventre onduler lentement. Il ravala le pincement de son cœur, refusa les larmes à ses yeux. Il n'avait plus prononcé ce nom depuis des années. Et si les raisons de ce silence n'étaient aujourd'hui plus les mêmes, la douleur n'avait elle pas changé. Essuyant une larme, il se força à poursuivre, sa voix tremblant complètement.

Zathrian. C'était notre archiviste. J'allais l'embêter. Tout le temps. Et il me parlait des elfes. Des vrais elfes je veux dire. Pas de ce que nous sommes devenus. Il ... Je le croyais immortel. Il était très très vieux tu sais.
Il joua un moment avec son verre, sans intention d'en boire une nouvelle gorgée. Sa voix pourtant était de plus en plus rauque.
Bizarrement, on choisit pour moi la marque de June, et un apprentissage auprès de maître Varathorn. J'avais un père et une mère, mais je ne cherchais qu'à plaire à ces deux hommes-là.

Par l'échancrure de sa chemise de nuit, le trait rouge et droit terminant son vallaslin ressortait fortement contre sa peau dorée. Ce trait, qui chez la plupart des porteurs de la marque de June se stoppait dès le bas de la gorge, poursuivait sur lui sa route jusqu'au bas de son sternum. L'apposition du vallaslin était un processus extrêmement douloureux. Une forme de test de la foi pour ces jeunes dalatiens passant à l'âge adulte. Lathbora s'était montré résistant, si résistant qu'un vallaslin plus complexe était né de sa douleur. Mais Lathbora n'en avait jamais éprouvé la moindre fierté. N'avait-il pas cherché au contraire à tourner le dos à sa vocation ?

Contrit, il marqua une pause, resserrant les pans de cette échancrure sur son torse. Il caressa alors, étonnement doucement, le beau visage de sa femme. Une dernière larme, coincé par ses cils, roula sur sa joue, lavant dans son sillage le ressentiment de Lathbora envers cette figure paternelle, l'ayant finalement trahis, post mortem.

Perdu dans sa propre explication et dans ses souvenirs, Lathbora marqua une pause.



Ven 8 Mai 2020 - 19:09

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

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Une lune qui sentait le miel


Ma proposition pour venir voir ma famille semblait le surprendre. Ou plutôt, il ne s'attendait pas à celle là. Il avait l'air pensif, un peu inquiet, mais j'étais rassurée qu'à aucune moment il ne refusa tout net de les rencontrer. A la place, il utilisa ce que j'avais partagé pour rebondir sur sa propre famille. Ou plutôt son clan. J'écoutais, suspendue à ses lèvres. Il avait l'air ému, ses paroles s'écoulant avec une étrange émotion qui faisait penser à quel point c'était compliqué pour lui d'en parler. Pourtant, rien de ce qu'il disait pour l'instant n'était vraiment de nature à me choquer. Il y avait sans doute quelque chose derrière qu'il ne pouvait pas encore me dire. Après tout, comment peut on résumer toute une vie en quelques mots ? Ceux s'étranglèrent même dans sa gorge, et il lui fallut un petit instant pour se reprendre.

De ce que je comprenais, il avait deux personnes importantes dans sa vie. En premier ce Zathrian, et en deuxième Varathorn. De ce qu'il racontait au sujet de June, il semblait montrer qu'au début il était déçu de ce choix. Ne voulait il pas être artisan ? J'avais un peu de difficulté à comprendre la strate hiérarchique chez les dalatiens. Pour moi, le statut d'artisan était quelque chose d'important, autant si ce n'est plus que d'être un chasseur. Mais peut être que le jeune Taven de l'époque avait d'autres aspirations. Cependant, j'étais heureuse à l'entendre parler avec émotion de Varathorn et avec respect. Cela voulait dire qu'il s'était tout de même retrouvé dans ce métier, dans cette voie. Mais ce vallaslin... A voir comment il resserrait le pan de sa tunique tout contre son torse, il devait y avoir autre chose dedans. Etait ce trop lourd à porter ? Mais pourquoi ? Il se mua de nouveau dans le silence. Sa main vint caresser mon visage, un geste tendre qui n'était pas sans signification. Rares étaient les fois où Lathbora me touchait ainsi, avec tendresse. Ou me touchait tout court en fait. Mon coeur se serra d'autant plus que je voyais une larme rouler le long de sa joue. Que ne pourrais je donner pour entrer dans sa tête, partager sa douleur et son fardeau. J'étais triste de le voir ainsi. Mais c'était un premier pas pour alléger son coeur, se dévoiler. Pressant sa main contre mon visage, je l'aidais à éviter un silence embarrassant en parlant de mon propre "varathorn". Un léger sourire sur le visage, je me remémorrais ces jours paisibles et fascinants de quand j'étais enfant.

"A l'époque, il y avait une personne dans mon groupe de nomade que je tenais en grande admiration. C'était Tante Izmaya, une elfe d'Antiva. Elle tirait les carte de Tarot pour prédire l'avenir, ou tout simplement pour faire passer certains messages à ceux qui voulaient entendre quelque chose. Je l'aimais beaucoup, et j'étais fascinée par ces cartes."  

D'ailleurs le jeu de carte que j'utilisais était un de ses cadeaux de départ, avant que je ne parte de la troupe de nomade pour effectuer ma formation de Barde. Un cadeau précieux, qui avait bien plus de sens que simplement lire la bonne aventure.

"C'est elle qui m'a apprit à utiliser la divination par les cartes, mais également donné la foi envers le Tisserand. Elle n'était aucunement relié à moi par le sang, et pourtant j'avais la plus grande admiration pour elle. C'est Izmaya qui m'a prédit que je parcourais le monde et aiderais les gens, mais d'une façon différente que notre groupe. En un sens, elle a eu raison sur toute la ligne."

Je prenais l'autre main de Lathbora dans mienne, la pressant avec douceur.

"Nous avons tous eu dans notre vie des modèles. Même si le temps passant notre vision d'eux peut changer un peu, ils font partie de nous."

Je déposais un baiser sur cette main, lui souriant tout ne le couvant des yeux avec douceur. Je ne savais pas pourquoi le souvenir de son mentor semblait si douloureux. Mais peut être allait il me le dire ? Je tentais de le relancer, lui posant une question sur son maitre artisan qui semblait lui avoir tout appris.

"Et ton maitre Varathorn... C'est lui qui t'as appris à confectionner des objets, c'est ça ? De l'arc à l'aravel, mh ?"

Je souriais un peu plus, car ces deux objets étaient si différents l'un de l'autre qu'on pouvait se demander comment il avait pu apprendre à faire l'un ou l'autre. Mon elfe était doué de ses mains, c'était indéniable, et je l'aimais pour ça. J'espérais qu'il appréciait également ses propres talents à leur juste valeur, tout comme moi.


Sam 9 Mai 2020 - 16:13

Anonymous
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Une lune qui sentait le miel.


SUne nouvelle fois, Argonia vint à sa rescousse. Probablement pour rendre les choses plus aisées, pour muer ce monologue en véritable partage, elle dévoila à Lathbora des bribes de son propre passé. Il l'écouta parler de cette diseuse de bonne aventure, se demandant si de simples mortels pouvaient réellement dévoiler quoi que ce soit sur l'avenir des autres. S'il rencontrait cette Izmaya, chère au cœur de sa femme, que lui dévoilerait-elle sur son futur ? Serait-elle capable de lire en lui ? Le verrait-elle comme l'assassin, ou comme l'enfant apeuré ? Cette éventualité fit naître un frisson le long de son échine, qui lui glaça le sang. Les mais d'Argonia pressant contre les siennes lui semblèrent alors comme un fer, déchirant de sa lumière les ténèbres de la nuit.

Il voulut la prendre dans ses bras, oublier ses troubles dans la douceur de cette embrasse. Mais Lathbora se connaissait : s'il cédait à cette pulsion, les mots s'éteindraient dans sa gorge, sa voix se briserait, et il ne parlerait plus. Il devait s'ouvrir. Il devait raconter, jusqu'au bout. Et cela même si l'exercice lui était pénible. Une fois cet exploit réalisé, il n'aurait plus à y penser. Alors il repoussa l'idée d'attirer Argonia contre lui, et profita de sa question directe pour rebondir. Nouer de nouveau le fi de la parole au torrent de ses souvenirs.

Varathorn et moi étions les seuls artisans du clan. Ce que l'échange ou le troc ne nous procurait pas, nous devions le produire de nos mains. J'ai vu que dans les bas-cloîtres, les tâches étaient séparés : certains sont charpentiers, d'autres forgerons. D'autres encore tailleurs, c'est ça ? Nous nous n'étions pas nombreux. Surtout dans notre clan. Alors s'il fallait façonner le bois, forger l'épée ou recoudre la voile d'une aravel, on venait nous voir. Notre roulotte se trouvait au cœur du campement. Nous ne nous arrêtions jamais.

Ces souvenirs-là, échos d'un temps lointain marquant le début de son apprentissage, n’eurent aucun mal à se lier à son flot de paroles. C'était des souvenirs heureux, avant que la situation de son clan ne dégénère.

Mais Varathorn n'était pas qu'un simple artisan tu sais. Il cherchait à retrouver le savoir perdu dans les âges. les anciennes façons de nos ancêtres. Notre clan était réputé parmi les autres pour notre savoir-faire concernant l'écorce de fer.

Par réflexe il dégagea sa main, et du poing frappa assez violemment son torse. Mais sa coque de bois ne le protégeait pas : il était en chemise de nuit. Ses côtes sonnèrent sous ce coup et le dalatien lui-même grimaça de douleur, avant de rire doucement.

Alors notre clan ne s'éloignait jamais vraiment de la forêt de Brécilane, où pousse cette écorce en grande quantité. On y retournait dès que nos réserves s'épuisaient. Et c'est en y retournant que...

Voilà. Il était arrivé au point critique. Au moment où ces souvenirs cessaient d'êtres joyeux. Taven, dans ses souvenirs, vivait ses dernières heures. Des heures terrifiantes. Il se jeta sur son verre, mais ne bu pas. Il pouvait en finir, cracher son histoires en seulement quelques mots.

Ils nous attendaient. Nous avons tout juste eu le temps de monter notre camp avant la première attaque. Les loups ont...

Il ferma les paupières, et dans l'obscurité de son crâne, vit évoluer ces silhouettes de cauchemars, sorties de toute part. Leur fourrure danse, leurs yeux injectés de sang. Leur bouche, tordue dans un rictus, d'innombrables dents pointues brillant au soleil. Ces apparitions se mouvaient rapidement, encerclant le jeune dalatien, devenu le conteur de sa propre histoire. Sa respiration c'était faite haletante, de la sueur s'était formée sur son front. Il ouvrit les yeux alors qu'ils s’apprêtaient à bondir sur lui. Ses yeux virent en premier Argonia, puis la salle pleine de l'auberge derrière elle.

J'ai besoin d'air. Je suis désolé. Je ne peux pas !

Et comme il l'avait fait, dix ans plus tôt, Lathbora prit la fuite, bousculant sa chaise, les jambes tremblantes sous son propre poids. Il se rua sur la porte, la poussa d'un rude choc de l'épaule, et fut aspiré par la nuit. Les fantômes de ses souvenirs hurlaient à ses oreilles, et lui ne pouvait que battre des mains pour tenter de les faire fuir. Dans l'obscurité de la nuit bien avancée, Lathbora, se croyant redevenu Taven, avança vers le lac. Il tomba à genoux sur sa rive, plantant son front dans le sol de terre humide. La lune faisait danser ses reflets sur le ballet des flots tranquilles. Pas un bruit ne perturbait cette nuit. Son cri désespéré retentit dans l'obscurité avec d'autant de force.



Lun 22 Juin 2020 - 19:28

Eleanore de Jader
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Une lune qui sentait le miel


Lathbora semblait avoir été encouragé par mes paroles et se mit à parler. Enfin. Je l'écoutais attentivement, voyant passer sur son visages de multiples expressions que je n'avais pas encore vu. Un léger sourire heureux, un regard nostalgique, une petit grimace de douleur suivis d'un rire. Cela me plaisait de le voir ainsi s'exprimer, paraitre plus vivant et moins à broyer quelque sombre chagrin. Cependant cet instant de souvenirs heureux disparut bien rapidement. D'un coup Lathbora sembla se recroqueviller, s'affaisser sur lui même alors que ses traits se durcissaient comme s'il souffrait terriblement. Inquiète je restais figée, attendant de voir ce qu'il allait dire, exprimer. Il ne fallait surtout pas que je l'interrompe. Ses mots finirent cependant par s'étrangler dans sa gorge, ses yeux se fermèrent pour rompre tout contact avec le monde extérieur. Puis soudainement il s'excusa et s'échappait de la situation. Il se leva précipitamment de la table, me faisant sursauter alors que j'essayais de le rappeler à moi d'une voix surprise.

"Mais... Lath..."

Mais trop tard, il la porte s'était refermée derrière lui, me laissant seule à la table avec deux chopes. Je me trouvais un peu bête, surtout que j'entendis derrière les murmures des autres clients qui n'avaient sans doute par perdu une miette du spectacle. Je me retournais vivement pour les foudroyer du regard, les fixant comme pour les défier de continuer à me fixer aussi ouvertement. Ils furent légèrement surpris, tout comme la serveuse, mais chacun se retourna à sa table, continuant leur conversation sans doute sur nous, mais au moins avec un peu plus de discrétion. Je poussais un soupire, regardant la chope devant moi. J'avais envie de courir après Lathbora, mais je savais que ce n'était pas la chose à faire. Pas de suite. Dans sa fierté il ne voudra sans doute pas que je le vois ainsi craquer. Pour une lune de miel c'est...quelque chose. Loin d'être orthodoxe c'est sûr, mais je n'allais pas lui en vouloir pour autant. Je l'aime, pour le meilleur et pour le pire, je savais que c'était mon rôle d'être compréhensive, patiente, de l'aider à surmonter cela comme il se doit. Plus que mon rôle, c'est ce que j'avais envie de faire. Soigner ses blessures du passé, l'aider à retrouver le sourire, un peu plus d'insouscience aussi, peut être. Quoi qu'il en soit, ce n'était pas en restant là que je pouvais l'aider.

Je me levais, prenant ma chope pour en boire quelques gorgées avant de marcher d'un pas rapide vers l'escalier et le monter en sautant des marches. Je suis une barde, j'ai un moyen d'apaiser les coeurs et les douleurs. Si les mots ne sont pas suffisants, j'avais bien d'autres moyens. Je rentrais dans notre chambre, prenant mon luth posé dans un coin ainsi que la cape un peu plus épaisse de Lathbora. Il était sorti en tenue de nuit, il allait sans doute pas tarder à avoir froid. Ainsi prête je sortais de la chambre, verrouillais la porte et quittait l'auberge pour me lancer à sa recherche. Je regardais autour, essayant de voir où il avait bien put aller. Au bord du lac il n'y avait pas beaucoup d'endroits où se cacher à part une ou deux bâtisses. Et connaissant Lathbora je doutais grandement qu'il se soit caché là bas. Je m'avançais vers le lac, me demandant s'il ne se serait pas exilé dans ce coin. Puis je vis une silhouette au bord de l'eau, à genou et recroquevillée. C'était lui.

Je souriais légèrement, rassurée qu'il aille bien. Dans le sens ou au moins je savais où il était et pouvais le rejoindre. C'est ce que je fis d'ailleurs, marchant d'un pas tranquille, mes pieds faisant à peine un bruit sur l'herbe et sur le gravier. Juste derrière lui je m'arrêtais, observant cette silhouette qui semblait à présent sur frêle, si fragile. Sans dire un mot je prenais la cape en main pour la déposer avec douceur sur ses épaules, puis m'asseyais à ses côtés en tailleur. Là, sans le regarder, fixant juste les reflets du ciel sur l'onde, je cherchais mon inspiration. Sans même m'en rendre compte j'avais déjà basculé mon luth devant moi, mes doigts effleurant les cordes dans l'attente d'une mélodie à interpréter. Je cherchais un instant une idée, une sensation, un souvenir, puis pinçais les cordes de l'instrument. Un son doux, presque imperceptible au début s'en dégagea, comme une douce brise qui effleure l'onde pour la faire frémir. Je ne chantais pas, jouant simplement une mélodie légère, réconfortante, comme une berceuse pour rassurer un enfant dans la sombre forêt. Pour le guider en douceur vers la lumière, sans peur, pour le réconforter. Je jouais ainsi sans rien dire, laissant la musique s'exprimer pour moi et tenter de sécher les larmes et les craintes de celui que j'aime.


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