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Mar 21 Avr 2020 - 20:36

Anonymous
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La Nuit, Tous les Chats Sont Gris


De quoi pourrait-elle douter ? Elle n'a que ce qu'elle invente.  ~Violette Leduc





Silencieusement, l'oiseau fendait les cieux.
Un battement d'aile ponctuait périodiquement sa progression, lui permettant de conserver une trajectoire rectiligne et sans heurts. Il jetait néanmoins de bref coup d'œil vers le sol, s'assurant de la présence de l'elfe qui marchait à sa suite. Mais entre le brouillard qui donnait l'impression de s'épaissir a chacun de ses pas et l'obscurité qui engloutissant peu à peu le corbeau, Sahren éprouvait de plus en plus de difficulté à suivre sa trace. De plus, ce climat inhospitalier et inhabituel la fatiguait bien plus que de raison. En effet, la neige ne tombait qu'en de très rares occasions à Rivein, et le doux climat méridionale dans lequel elle avait baignée durant toute sa vie ne l'avait aucunement préparée à affronter les rudesses de l'hiver Orlésien. Pourtant, on ne pourrait pas lui reprocher son manque d'anticipation ou de préparation : elle avait superposée tellement de couches de vêtements qu'elle en ferait pâlir un oignon. Elle éprouvait d'ailleurs une certaine difficulté à se mouvoir, entre le terrain escarpé, la neige qui lui arrivait presque au genoux et ses braies trempées qui entravaient ses pas.

Le souffle court, elle posa ses mains sur ses genoux tandis qu'elle tentait éprouvait une certaine difficultée à chercher son souffle. Pourtant en bonne condition physique, elle profita de cette courte pause pour s'adonner à une brève introspection : pourquoi s'infligeait-elle tout ceci déjà ? Pour l'argent ? L'amour ? Les deux ?
Mais ainsi isolée à des lieux de Rainerio, elle sentait que la flamme qui l'animait s'etiolait peu à peu, alors qu’elle contemplait la vacuité de ses actions. Pourtant demain elle devrait retrouver une potentielle future collaboratrice, auprès de laquelle Servis l'avait recommandé. Et si elle ressentait peu d'amour propre en cet instant, il en allait différemment de ses sentiments à l'égard du Tévintide. Au fond d'elle même, elle ne voulait pas décevoir le mage qu'elle affectionnait, tant pour sa générosité que pour cette aura paternelle et rassurante qu'il dégageait.

Lentement, elle se redressa tout en réajustant grossièrement son poncho en laine sur ses épaules. Ses moufles ne lui permettaient pas de réaliser des mouvements des précis mais au moins, ses mains étaient au sec.
En tout cas, elle ne savait pas combien de temps elle était restée ainsi pensive, mais son corbeau avait fini par redescendre et se poser sur une branche à hauteur d'elfe. Sahren devina sa fatigue, et peut être projettait-elle ses propres sensations sur lui car il lui sembla même déceler une lueur de reproche dans le regard du corvidé. Après tout, si elle souffrait du froid, elle ne voyait pas en quoi le sort de l'animal serait différent. Car lui aussi avait toujours vécu à Rivein.
A vrai dire, elle aurait tout de même préférer être sûre de son itinéraire avant de faire une halte, et connaître la distance exacte qui la séparait du lieu de son rendez vous. Mais il serait contre-productif de continuer de nuit : le risque de se perdre était trop important.

Alors Sahren leva son bras droit. Et comme les animaux n’ont pas besoin des mots : a peine eût elle le temps d'ébaucher ce mouvement que l'oiseau décollait de son perchoir pour s'y poser. Elle le mena ensuite sur son épaule avant de faire quelques pas à l’extérieur du sentier, en quête d'un lieu pour passer la nuit.


Codage par Libella sur Graphiorum

Mer 22 Avr 2020 - 11:33

Anonymous
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La nuit, tous les chats sont gris.



L'elfe épuisé se laissa tomber dans la neige, sa poitrine se soulevant et s'abaissant largement au rythme de ses respirations forcées. Ses yeux jaunes tournés en direction du ciel gris sombre, il se mit à maudire son initiative, peut-être pour la trentième fois déjà ce jour-là. Sur son plastron d'écorce de fer maintenue par de nombreuses sangles élimées et rafistolées, du sang noirâtre et encore poisseux refusait de sécher. Ce sang, ce n'était pas le sien. Pourtant Lathbora ne pouvait assurer avec certitude ne pas avoir été blessé au cours des dernières heures.

Toujours à la recherche de ceux qui comme lui voulaient aider les elfes, Lathbora avait profité de son passage en Orlaïs pour se rendre en Dalatie. Il s'était glissé jusqu'à Halamshiral, constatant amèrement que le palais s'y dressant ne constituait plus la fin du voyage d'aucun elfe, si ce n'était celle des serviteurs limites esclaves qui se tuaient à la tâche dans l'indifférence la plus totale.
La Dalatie, Lathbora la découvrait réellement pour la première fois. Il y avait tant d'arbres qui poussaient ici, tant de ruines depuis profanées par ces shemlens. Tout un chapitre de l'histoire de son peuple c'était écrit sur ce sol. Un chapitre sanglant, comme bien d'autres. Ces arbres et ces ruines attisaient la colère qui grondait dans le cœur du petit dalatien, tout comme les rares elfes qu'il avait croisés jusque-là. De frêles figures muées par la peur. Alors, pourquoi avait-il continué sa route jusqu'à l'Emprise du Lion ? Pourquoi s'était-il retrouvé coincé dans ces plaines gelées au lieu de simplement continuer en direction du nord ?

Fenedhis lasa !

Cria Lathbora, le dos toujours dans la neige. Lui-même n'avait aucune réponse à apporter à cette question : il ne savait pas. Et si le reste de la Dalatie c'était montrée décevante, rien ne l'avait pourtant préparée à l'Emprise du Lion. Recouverte d'un épais manteau de neige, la région semblait paralysée, coupée du monde à cause de sa large rivière, complètement gelée. D'abord amusé, Lathbora s'était laissé glisser sur cette patinoire accidentelle. Il avait remonté son cours, observant de loin les ruines humaines, les ruines elfes, les silhouettes des dragons fendant le ciel et ces cristaux rouges lumineux qui semblaient pousser un peu de partout.
Il s'était caché des hommes, se dissimulant derrière des mottes pour observer leurs moindres faits et gestes. Si les villageois semblaient affaiblis, anxieux et profondément tristes, les hommes en armures étaient bien plus agressifs. Des templiers rouges, pour la plupart. Lathbora, qui s'était déjà frotté à eux, espérait pouvoir les éviter à l'avenir. Mais les templiers étaient nombreux. Trop présents. Ils semblaient monter la garde, étendre leur territoire. Lathbora n'avait que faire des trésors couvés jalousement par les templiers. Il souhaitait juste se mouvoir librement. Mais à plusieurs reprises, ils lui barrèrent la route, le forçant à rebrousser chemin comme un vulgaire fennec en panique. Pour se venger de cet affront, il avait traqué et descendu l'un de leurs éclaireurs. D'où le sang sur son plastron. Et ses plus que possible blessure.

Lathbora se releva difficilement. Cet éclaireur n'était pas le seul animal à être tombé sous le coup de ses dagues au cours de ces dernières heures. Emporté par sa rage, Lathbora avait ensuite poursuivi un bélier auguste, ces sortes de chèvres au pelage bleu. C'était cette dernière chasse, nécessaire celle-là s'il souhaitait un jour se nourrir, qui l'avait laissé complètement épuisé. Ses pieds nus s'enfonçant dans la neige, il s'approcha du corps du bélier et le toisa un instant. Le sang de l'animal avait teinté la neige alentour, pourtant Lathbora se décida à dresser son campement tout contre elle : cette zone de forêt lui semblait suffisamment calme et préservée, et de toute manière il n'avait plus la force de continuer plus loin. Il alluma un feu et s'assit sur la carcasse de manière à se soustraire à la neige. Les mains et les pieds tendues en direction des flammes, il se mit à chantonner doucement un air que la barde Argonia lui avait appris. Ne se souvenant plus précisément des paroles exactes, il dû improviser :

Trop longtemps j'ai voyagé, bientôt je le reverrai,
Le grand chêne, et son gland à retrouver.
Des fleurs dans les branches, de l'amour dans les yeux,
Il attend patiemment de me posséder.

Je rêve de l'écorce volé sur son tronc.
Je rêve de la promesse faite, le Vir Banal'ras.
Des fleurs dans les branches, de l'amour dans les yeux,
Il attend patiemment de me posséder.

Un dernier ruisseau, une dernière colline,
Avant de revoir cette forêt enchantée.
Des fleurs dans les branches, de l'amour dans les yeux,
Il attend patiemment de me posséder.

Mais pour ça faudrait déjà que je survive à toute cette neige. Créateurs qu'il fait froid !

La voix faible du dalatien, légèrement a contre temps sur sa propre mélodie, se laissa porter dans la lande autour de lui. Les flammes de son feu, elles, étaient avalées par le brouillard qui s'était levé. De loin, elles pouvaient ressembler à un feu follet.

Mer 6 Mai 2020 - 9:59

Anonymous
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La Nuit, Tous les Chats Sont Gris




Depuis ses premiers pas en direction des sommets enneigés, Sahren s’était bien aperçu que l’endroit semblait… Anormalement visité. Son corbeau l’en avait avertie à maintes reprises, alors qu’elle avait dévié sa trajectoire dans un premier temps, avant de se résigner à simplement se tapir sous les basse branches des conifères tandis que des silhouettes à l’allure déconcertantes semblaient mener des rondes dans les environs. Méfiante, elle n’avait guère osé faire un seul geste en direction de ces gens, qui faisaient naître en elle un sentiment d’étrangeté, sans même qu’elle ne sache vraiment pourquoi. Devait-elle remercier un soubresaut d’instinct elfique primordial pour cette intuition salvatrice ? Ou devait-elle au contraire se maudire d’être aussi timide envers ce qui pouvait être de simple templiers en pèlerinage ?

Quoiqu’il en soit, son rapace était à présent fatigué d’avoir volé toute la journée sans discontinué et il demeurait résolument figé sur l’épaule de sa maîtresse, refusant d’explorer les environs depuis les cieux.
De toute façon, maintenant qu’elle s’écartait suffisamment du sentier, l’elfe ne craignait plus vraiment les rencontres importunes. En effet, pour quelles raisons qui que ce soit s’enfoncerait ainsi dans les bois ? De plus, sa journée d’observation lui permit de constater que les Templiers ne s’éloignaient jamais des chemins. Elle se sentait donc d’avantage en sécurité, alors qu’elle s’enfonçait encore davantage dans les bois, eux même engloutis peu à peu dans l’obscurité naissante.
Sahren réajusta un pan de son poncho autour de son cou, ce qui ne plu pas vraiment au volatile perché sur son épaule, qui le lui fit savoir en poussant ce qui ressemblait vaguement à un croassement agacé. Ce qui arracha un léger sourire à la jeune femme, qui s’inquiéta un peu moins de trouver un abri avant la tombée de la nuit, l’espace d’un instant. Mais la silhouette brillante de la Lune, de plus en plus visible, la ramena à la réalité. Elle n’était pas encore assez loin du sentier à son gout et elle aurait apprécié de trouver un endroit abrité du vent par un gros rocher où au mieux directement dans une grotte, ça aurait été l’idéal. Dans un soupir, elle poursuivit sa route.

Il faisait presque nuit noir, il devenait de plus en plus difficile de se déplacer parmi les branches et les racines noueuses des sapins. Mais l’air nocturne qui agitait les branchages portait dans son sillage des notes inconnues de la jeune femme. Elle connaissait bien la mélodie du vent et jamais elle ne l’avait entendu produire ce genre de sons. Elle se figea immédiatement, en tendant les deux oreilles et en fermant les yeux.
Elle rouvrit ses paupières, une lueur de panique animant ses pupilles : elle avait bien reconnue une voix humaine, chantant une mélodie qu’elle ne connaissait pas. Elle prit cependant le temps de regarder autour d’elle, lorsque ses yeux s’arrêtèrent enfin sur ce qu’elle cherchait : la lumière vacillante d'une flamme brillait au loin.
Sahren fut prise d’un élan d’hésitation qui ne dura guère : soit elle mourrait de froid ici, soit elle mourait au pire sous la lame d’un inconnu. Mais étrangement, la chanson lui procurait un sentiment de sécurité qui atténuait ses doutes. Elle décida de s’avancer en silence, vers le feu de camp et plus elle s’approchait, plus elle se rendait compte qu’elle n’entendait qu’une seule voix. Il devait très certainement s’agir d’une personne seule, d’un homme, d’ailleurs. Désireuse de montrer patte blanche, l’elfe ne se cacha pas, elle ne voulait pas lui faire croire qu’elle voulait le prendre par surprise. Elle attendit néanmoins poliment la fin de sa chanson, avant de sortir des ténèbres de la forêt, luttant intérieurement pour ne pas poser sa main sur son cimeterre car cet acte pourrait être mal interprété.

-Hum… ex-excusez-moi de vous déranger, Ser. Commença t-elle timidement. Seriez-vous d’accord pour partager votre feu avec une voyageuse égarée ?



Codage par Libella sur Graphiorum

Jeu 7 Mai 2020 - 13:34

Anonymous
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La nuit, tous les chats sont gris.



Son attention, focalisée sur la création de nouvelles paroles, et sur la survie plus globale de son intégrité physique, ne lui permit pas de détecter l'avancée de l'inconnue. Il ne la remarqua que lorsqu'elle s'extirpa des ombres de la nuit tombante, se présentant à lui et formulant à l'oral sa demande. Le dalatien sursauta, glissa de sa chaise improvisée. Les fesses dans la neige, il chercha à localiser la position de ses dagues. Heureusement pour la nouvelle venue, la peur et le froid lui avaient fait oublier les étuis dissimulés dans son dos, où les deux dagues reposaient comme à leur habitude.

Derrière la carcasse intacte du bélier auguste, Lathbora examina cette nouvelle venue. Il repéra sa silhouette menue sous son gros poncho, et l'oiseau inconnu perché sur son épaule. Cette elfe ne portait pas de vallaslin et l'accent faisant danser ses mots lui était inconnu. Il se redressa doucement. À présent, ses gestes se faisaient lents, soucieux de ne pas effrayer sa proie. Comme lui, elle devait avoir froid. Comme lui, elle était armée.

Andaran atish’an. Mon feu est ouvert à tout les elfes.

L'invitation lui avait échappé en elfique. Son explication, en langue commune. En une phrase, l'inconscient de Lathbora le poussait à exprimer ses doutes face à cette nouvelle venue. Des doutes qu'il étendait de plus souvent à toutes les oreilles pointues qu'il croisait, conscient à présent que tous n'étaient pas ses alliés. Les vues dalatiennes n'étaient pas admises par tous. Et les siennes encore moins.

Il se replaça sur la carcasse, essuyant hâtivement la plante de ses pieds de nouveau gelés. Les flammes de son feu brûlaient encore avec force, mais viendrait un moment où le bois en son cœur ne serait plus suffisant. Il adressa un nouveau signe de tête à la nouvelle venue, mordant d'angoisse l'intérieur de sa joue.

Tu peux t'assoir sur mon sac si tu le veux. Ou s'il n'est pas très confortable, nous pouvons échanger !

Déclara-t-il en se levant avec empressement, tapotant la fourrure bleue à peine tiède de sa dernière victime. La fatigue, combinée avec son anxiété sociale plus complexe, le forçait à osciller entre un comportement serein et de brusques éclats empressés. S'il ne parvenait pas à se reprendre, Lathbora allait passer pour fou. Il se rassit, se forçant à reprendre le contrôle sur sa respiration. Il ferma les yeux un court instant. *De la compagnie te fera du bien. En plus elle a l'air perdu. Peut-être que tu peux l'aider ?* Lui souffla sa conscience, blottie au milieu de sa cervelle. Lathbora acquiesça, remuant réellement la tête avec conviction. Il ouvrit de nouveau les yeux.

Comment t'es-tu égaré ?

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