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Sam 20 Juin 2020 - 22:37

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La pluie fine s'infiltrait dans son armure. Ses vêtements, imbibés d'eau, lui collaient à la peau, et alourdis, rendaient chaque mouvement plus douloureux encore. Sa lame dévia celle d'un cadavre, et il en profita pour reculer d'un pas, prêt à faire face à nouveau. Le monde autour de lui cessait d'être, son champ de vision rétrécit dans la réalité d'une bataille dépassant toutes les autres. Les crocs acérés de Maferath se refermèrent subitement sur les jambes d'un assaillant qui tentait de le prendre au flanc, et la jambe arrachée fut envoyée au loin alors que le chien de combat s'en prenait à la tête. Le craquement des os résonna dans l'air sombre, et le nain ne pu s'empêcher de faire une grimace. ''Ne mange pas ça, malheureux, tu vas être malade''. Une flèche vint se planter à ses pieds. Quoi, ils avaient des archers en plus ?
« Karlan dégage de là ! » Oh. Il plongea au sol, le plus loin possible de ses assaillants, et s’aplatit dans l'herbe humide. Le sol trembla sous une explosion, des gerbes de flamme illuminant soudainement l'obscurité environnante. Le Garde pivota sur le dos, haletant, et découvrit les corps inanimés, rongés par des flammes. Du joli travail. Une seconde explosion incendiaire le surprit, un peu plus loin, même spectacle, mais en temps réel cette fois. Très joli travail. Deux petites fioles, et la bataille était finie. C'était quand même vachement pratique ces trucs, la Garde devrait faire commande. Avec un peu de chances, dans quelques années, ils n'auraient même plus à prendre des risques en patrouille. Bon, ça ne réglait pas vraiment le problème des Enclins en soit, ni des Archidémons. Et le budget d'Ansburg ne supporterait certainement pas de telles coupes.
Soudain, la nuit, redevenue silencieuse quelques instants, fut secouée de cris de détresse. Crista ? Merde. Karlan pivota sur le côté le plus vite possible, puis se leva laborieusement, le souffle toujours court d'une bataille qui avait trop duré. Il voyait à présent la silhouette de la naine au sol, en dessous de ce qui devait être un rescapé. Un cadavre survivant. Drôle de concept. Il était loin, trop loin pour pouvoir la rejoindre rapidement, trop loin pour pouvoir prendre ce risque. Ils étaient épuisés tous les deux, et la détermination de cette bestiole pouvait suffire à la tuer en un instant. Pas le temps. Maférath était derrière lui, et sa masse de muscle se mit en mouvement vers sa maîtresse, mais il pouvait lui aussi arriver trop tard. Une angoisse nouvelle lui enserra le ventre, angoisse qui l'avait à peine quitté, et une sueur froide s'empara de son corps. Il savait ce qu'il avait à faire, mais ne le voulait pas. C'était très risqué dans son état, dans ces conditions, et pourtant... C'était sa seule carte. Sa main empoigna la dague à sa ceinture, ses yeux se plissèrent, son souffle se retint. Expiration. La dague fila dans la nuit en direction des corps en lutte, promesse de mort à sa victime. Pourvu que ce soit la bonne.

Jet de dé : Appel au Destin.
Echec.

La dague alla se planter dans l'épaule de la naine, non loin de la tête du cadavre. Karlan, tétanisé, entendit son cri résonner dans la nuit, et les ombres de son passé commencèrent à sortir de la brume. Ses camarades, ses hommes, étendus au sol, les yeux grands ouverts, la main tendue désespéramment en quête d'aide, de son aide. Ils étaient tous morts oui, comme des chiens, et il les avait laissé crever, tapis dans l'ombre, tétanisé. Il avait toujours failli aux moments les plus critiques, quand on avait le plus besoin de lui, lui le meneur d'hommes, lui, le Garde exemplaire. Il faiblissait ce soir encore, privant Crista de ses dernières précieuses forces pour se sortir de cette situation.
Maférath était fidèle et fiable, lui, et il arriva fort heureusement, à pleine puissance, quelques secondes plus tard. Le corps fut emporté au loin, et la mâchoire puissante du canin mit fin au combat. Crista bougeait encore, au sol, et elle était donc... encore en vie ? Un soulagement immense s'empara de Karlan, qui fondit en sanglots. Ses jambes se dérobèrent, et il se recroquevilla sur lui même, la main enfouie dans ses grandes mains caleuses. Il n'avait pas de mot pour exprimer sa désolation, son angoisse, son mépris envers lui même. Maférath, à ce jour, était le plus grand des êtres.

Sam 20 Juin 2020 - 22:37

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L'Intendant
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'Destin' :
Aux petites gens les grands exploits ~ Crista - Page 2 Eachec11

Mer 24 Juin 2020 - 2:13

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La naine et le Garde
Aux petites gens les grands exploits

Des cris de terreur s'envolèrent devant les portes du village. Crista se débattait comme une folle face au cadavre qui l'écrasait presque, non pas à cause de son poids mais à cause de sa force et de sa brutalité. Elle essayait de se dégager, de le repousser jusqu'à en perdre son souffle. Elle tenait bon, il le fallait. La naine tenait à la vie, plus que tout au monde et c'était fou à quel point on ne s'en rendait compte que lorsqu'on se trouvait en danger de mort. Cette nuit, la mort lui tendait littéralement les bras. Ses multiples appels de détresse suppliaient que quelqu'un lui vienne en aide, son chien, Karlan, les villageois de Boscret, n'importe qui... Puis soudain, une horrible douleur à son épaule lui arracha un cri encore plus strident qui lui brisa les cordes vocales. Les larmes qu'elle avait déjà au bord des yeux roulèrent sur ses joues tandis qu'elle relâcha d'un coup la prise qu'elle avait sur le visage du mort-vivant. La naine ne comprit pas tout de suite ce qui venait de se passer, sa préoccupation première restait de ne pas se faire planter par l'épée de son ennemi. Mais c'était trop tard, elle n'avait désormais plus la force de résister et elle lâcha la dernière prise qu'elle avait sur lui. Elle ferma les yeux, persuadée qu'elle n'allait plus jamais les rouvrir. Mais son fidèle Maférath intervint à temps. Il bondit sur le cadavre ambulant et referma sa puissante mâchoire sur sa gorge, l'emportant avec lui pour le démembrer plus loin. Ainsi dégagée, Crista se redressa lentement et resta assise dans la boue. Ses yeux glissèrent jusqu'à son épaule douloureuse et elle y trouva une dague plantée dans sa chair. Toute tremblante encore de peur et de fatigue, sa main empoigna l'arme pour la retirer de son épaule. Un gémissement de douleur s'échappa de sa bouche et elle laissa le poignard tomber au sol. Maférath revint en courant vers sa maîtresse. Elle tendit les bras pour s'agripper à lui et enfouit son visage mouillé par les larmes dans le pelage ensanglanté de son compagnon, à la recherche d'une once de réconfort. Elle avait mal, elle était épuisé, son cœur encore écrasé par la peur, elle ignorait si d'autres de ces créatures se manifesteraient et son ânesse avait disparut dans la nuit... A cet instant, la naine était désespérée. Puis d'un coup, l'image de Karlan lui revint en mémoire. Elle releva subitement la tête et le chercha du regard. La dernière fois qu'elle l'avait aperçu, il s'écartait en vitesse pour ne pas se prendre une déflagration. Elle le trouva un peu plus loin, dans la boue, recroquevillé sur lui-même. Il était vivant. Mais soudain, le doute s'empara d'elle. Ses yeux glissèrent ensuite sur la dague au sol. Elle ne ressemblait pas aux armes que possédaient les morts-vivants. Non. C'était la sienne, celle de Karlan. Son esprit était si embrumé qu'elle ne pouvait comprendre ni même se rendre compte que s'il l'avait blessé, ce n'était pas pour lui faire volontairement du mal. Elle était prête à imaginer tant de chose. Une boule se coinça alors dans sa gorge. Tout se bousculait dans sa tête. Depuis l'expédition dans les Tréfonds, le Garde s'était avéré être un allié malgré leur passé commun compliqué. De lui elle se serait attendu à tout sauf à ça. Est-ce qu'ils se détestaient à ce point ? Est-ce que lui la détestait au point de la poignarder dans un moment aussi critique ? Elle l'avait, certes, déjà menacé de le tuer mais elle, jamais elle ne serait passé à l'acte. Jamais. Toutes ces mauvaises pensées la firent pleurer davantage.

Les voix des gardes de Boscret la firent sortir de sa torpeur. Elle ne s'était même pas aperçue qu'ils étaient enfin sortis de leur cachette et qu'ils l'avaient rejointe. « ...va ? Mademoiselle, vous m'entendez ? Est-ce que tout va bien ? » Questionna le premier. « Ils étaient bien plus nombreux que les fois précédentes, on a bien cru que vous alliez y rester ! » Fit le second. La colère gagna la naine qui était à fleur de peau. Comment osait-il lui dire ça alors que eux étaient bien à l'abris derrière leur barricade. Elle avait presque envie incendier la bourgade avec du feu antivan pour leur faire payer. « Oui on a bien faillit y rester ! Vous nous avez abandonnés dehors ! Vous n'êtes qu'une bande de lâches ! » Rien de tout ça ne serait arrivé s'ils avaient pu rentrer à l'intérieur du village, tout aurait été si différent. « Nous sommes désolés d'avoir agi ainsi mais... » « Notre devoir est avant tout de protéger le village... » Bien sûr, ils n'étaient que des étrangers. Pourquoi prendre le risque de laisser les portes ouvertes pour deux nains sortis de nul part ? Crista se leva, ignorant les humains qui tentaient de se justifier. Là, maintenant, ça lui importait peu, car il y avait plus urgent. Ses jambes étaient toutes flageolantes mais son souffle était revenu. Elle marcha lentement en direction de Karlan, en se tenant l'épaule. Il était replié sur lui-même, blessé -bien plus qu'elle ne l'était- mais son visage était caché entre ses mains. La naine se mit à sa hauteur puis laissa tomber la dague devant lui. « Je comprends pas. » Dit-elle finalement de sa voix cassée. C'est tout ce qu'elle sut dire sur le coup. Elle était complètement perdue, déboussolée par tout ce qui venait de se passer. « C'est pour te venger ? » Demanda-t-elle ensuite presque dans un murmure. Et si c'était le cas, que ferait-elle ? Est-ce qu'elle pleurerait encore ou bien est-ce qu'elle prendrait les devants pour éviter que cela se reproduise un jour ? Elle n'en avait aucune idée, elle voulait juste une réponse, une explication. Tandis que derrière eux, les gardes continuaient à parler dans le vide et réfléchissant notamment à leur laisser la clé de l'auberge fermée pour les remercier.


Crista parle en #ff6666



Mer 8 Juil 2020 - 14:14

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Il aurait voulu partir. Ne plus être, au fond, se refuser au monde. L'exil était une option honorable pour disparaître vraiment dans les têtes et les cœurs, pour tenter de muer, se refaire une peau, se refaire un être. Il ne méritait rien de plus que le néant, en réalité, et la lumière sur lui était toujours trop vive, insistante, pressante, en tant que Garde des Ombres. Commandeur-Garde alors ? Ha, quelle blague. Voilà qu'il s'agenouillait face au monde, l'humilité imposée par la vivacité d'un chien de combat, plus habile et vif que lui, plus apte. Maférath, prochain Commandeur-Garde d'Ansburg ? Pourquoi pas, après tout. Il brillait dans ce qu'il savait faire lui. Crista aussi, elle brillait, à sa manière. La Dame de Feu.
Il la savait présente, à côté de lui, droite et digne. La dague – sa dague – était tombée dans l'herbe fraîche, le sang de la naine se mêlant probablement à la terre et aux pleurs. « Je comprends pas. » Voix enrouée, cassée, puis silence à nouveau. Immobile contre lui-même, Karlan osait à peine respirer, comme si redevenir statue, Pierre, était la seule chose à faire à cet instant. Bouger, c'était vivre, et affronter les choix passés, et les erreurs. Accepter les blessures, celles qui ne guérissaient pas. C'était porter un poids trop grand. « C'est pour te venger ? » Ses muscles frémirent. Instinct de survie ? Fierté ? Besoin d'hurler la vérité ? Quelque chose battait en lui en tout cas, une force pressante lui intimant de faire quelque chose, maintenant. Il n'était même plus certain que cela soit réel, tout ça, tant le murmure semblait venir de loin, tant il était incertain de l'avoir entendu, d'avoir bien entendu. Cela ne faisait pas sens. Si elle était en colère, elle ne serait pas en train de parler à voix basse, non, à moins de s'éteindre elle aussi, crépitements incertains dans l'humidité de la terre.
Ses jambes s'étendirent, et ses mains, à son visage, se trouvèrent soudainement sans appui. Elles retombèrent le long de son corps, dévoilant un visage déformé par la douleur et le chagrin. Elle se tenait bien là, la naine à la crinière flamboyante, debout au dessus de lui. « J'ai essayé de te sauver Crista, mais... Je crois que j'en suis incapable ? Mauvaise prise de conscience des risques, la dague t'as touché plutôt que le... truc. Heureusement, tu as un chien habile et fidèle. » Les mots avaient du mal à sortir de sa gorge crispée. Ils faisaient mal. Le nain inspira profondément, et leva la tête pour regarder l'artificière. « J'étais trop loin. Un poids inutile, juste bon à te voir te faire déchiqueter. Parce que je ne suis bon qu'à ça, voir les personnes que je veux protéger mourir sous mes yeux, tu vois ? Pourtant, on pense que je suis doué, on pense que je vais trouver une solution. Je suis un Garde, après tout. Je suis un... meneur. C'est pas si loin de menteur, au fond. Ouais, un menteur. Là je pouvais pas. Je pouvais pas te laisser à ton sort, c'était trop pour moi, mais j'étais trop loin. Même en courant, avec mes blessure, j'allais arriver trop tard. Alors, j'ai tenté de faire face au Destin, de faire ce qu'on attend de moi, j'ai tenté de te tirer de là. » Il poussa une grimace  grotesque. Les mots avaient coulé plus vite que ses larmes, mais elles étaient toujours là, au bord de ses yeux. « Et le Destin, ce vieil ami, m'a aidé à toucher. Mais pas le mort. Je suis... désolé. » Un râle s'échappa de ses lèvres, son torse se tordant douloureusement sous la tempête silencieuse, la respiration saccadée des sanglots qu'on tente de retenir sans le pouvoir, et qu'on cherche à masquer le mieux possible. « J'aurai voulu briller... »

Ils étaient tous les deux dans une chambre de l'auberge déserte. Les gardes de la ville n'avaient pas tardé à arriver à leur hauteur et il avait décroché. La pression, ça lui avait ravagé la tête, et il n'avait rien suivi de ce qui avait suivi. Il reprenait à peine ses esprits, assis en silence sur un lit trop grand, les yeux dans le vide. Il avait mal, des douleurs saisissantes l'assaillant de partout, alors il commença à retirer son armure pour pouvoir les regarder de plus près. Le processus était lent, mais cela lui faisait du bien, comme s'il se retirait petit à petit un fardeau qu'il ne pouvait plus supporter pour le moment. En tunique, il n'était plus vraiment le Commandeur-Garde, juste un nain égaré et épuisé. C'est fou de penser à quel point un uniforme peut faire des choses étonnantes.
Ses yeux se posèrent sur Crista, silencieuse elle aussi. « Tu veux que je regarde ta blessure ? » Il s'y connaissait bien pour soulager les peines physiques, après tout. Un bon bain l'aiderait probablement, d'ailleurs. Il avait cru l'entendre en remplir un un peu plus tôt.

Dim 12 Juil 2020 - 17:06

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La naine et le Garde
Aux petites gens les grands exploits

Encore tremblante, Crista glissa ses mains le long de ses épaules puis de ses bras. Elle suivait silencieusement un des gardes qui les menait vers l’auberge du village. Des gens s’étaient occupés de son chariot en le mettant à l’abris de la pluie. Elle n’avait eu pas la force de les aider, ni même de vérifier que personne ne se permette de se servir comme un voleur. Elle avait perdu son ânesse et là encore elle se sentait incapable de faire quoi que ce soit. La naine se sentait impuissante, ce sentiment était horriblement dur à accepter. Tout en marchant, elle se laissa aller à ses pensées, se remémorant cet instant où le visage meurtri de Karlan s’était dévoilé à elle. Elle était restée la bouche entrouverte sans pouvoir prononcer le moindre mot. Jamais elle n’aurait imaginé voir un jour cet ancien nain du Carta verser la moindre larme. Dans son esprit, ça lui avait toujours paru inconcevable. L’artificière avait finalement posé sa main sur sa bouche pour réprimer un sanglot. Elle était bouleversée, à la fois parce qu’elle avait frôlé la mort et parce qu’elle avait cru si fort qu’il avait voulu la tuer. C’était normal, d’être secouée après tout ça. Mais elle s’était également sentie bouleversée par les mots déchirants du Garde des Ombres. Des paroles venant de ce nain, encore une fois inconcevables jusqu’à présent. Cependant, elle était incroyablement soulagée d’apprendre que cette dague n’avait pas eu pour but de la supprimer, loin de là. Ça faisait sens maintenant, dans son esprit qui essayait de tout remettre en ordre. Du revers de la main elle avait essuyé ses propres larmes avant de la tendre vers le Garde en soufflant un unique mot : « Viens. » Parce que tout ce qui leur restait à faire c’était de se relever.

Dans l’auberge vide et silencieuse, la naine avait pris quelques instants pour sécher ses larmes et reprendre ses esprits au calme, assise dans un coin. Maférath c’était couché près de sa maîtresse. Elle n’avait pas réadressé la parole à Karlan, pas encore. Ce dont elle avait besoin c’était d’un moment, seule, tout comme lui certainement. Crista se leva finalement. Elle aurait pu rester encore longtemps, recroquevillée sur elle-même, à se morfondre et à pleurer mais ce n’était certainement pas dans sa façon de faire. Crista savait prendre sur elle-même, ça lui avait constamment paru être la meilleure chose à faire et elle l’avait toujours fait, après la Bataille de Dénérim, lorsqu’on l’avait mariée à l’héritier des Foudresang, lorsqu’il avait fallu mener l’expédition vers la Surface… Les exemples ne manquaient pas. Elle avait beau paraître insouciante et irresponsable, la naine ressemblait terriblement à son père. Tous les deux, ils prenaient sur eux pour le bien de leur Maison et de leur entourage, tout comme lui l’avait fait après avoir été agressé par les hommes de main du Carta. Malgré tout, beaucoup étaient ceux qui voyaient en Crista, et non en son frère, celle capable de prendre la tête du clan Haut-Roc lorsque l’heure serait venue. L’artificière souffla longuement. Elle retira alors ses chaussures pleine de boue, puis son manteau qui dégoulinait d’eau. Elle garda sa chemise en lin, pourtant humide et tachée de sang au niveau de son épaule blessée. Elle noua maladroitement un morceau de tissu autour pour essayer de faire pression sur la plaie en attendant. Puis elle alluma un feu dans la cheminé de la chambre. Se reprendre en main, ne pas rester sans rien faire, c’était sa solution. Parce qu’il le fallait, pour elle et peut-être pour Karlan, et parce que c’était aussi ce qu’on attendait d’elle, d’une Haut-Roc.

Dans la pièce d’à côté, il y avait une salle de bain assez sommaire et la petite rousse en profita pour faire chauffer de l’eau et préparer un bain. Elle avait trouvé un petit flacon près de la baignoire et sans trop réfléchir elle l’avait entièrement vidé dans l’eau, créant involontairement une montagne de mousse. La naine grimaça puis leva les épaules car cela avait finalement peu d’importance. Et lorsqu’elle retourna dans la chambre pour mettre à sécher ses vêtements auprès du feu, Karlan brisa enfin le silence. Elle tourna la tête vers lui, le parcourant du regard l’espace d’une seconde. « Oui. Je veux bien… » Elle fut surprise en entendant sa propre voix, encore brisée par ses récents cris et appels au secours. Crista se posa alors sur le lit tout en déboutonnant sa chemine, suffisamment pour découvrir son épaule, puis elle se laissa faire. Elle resta silencieuse un moment avant d’inspirer profondément pour prendre la parole. « Merci. D’avoir essayé de me sauver. C’était foiré mais… enfin je veux dire… » Se reprit-elle tout de suite en se rendant compte que ce n’était peut-être pas la meilleure chose à dire devant quelqu’un qui s’en voulait terriblement. « Ça aurait pu être pire… » Ouais il aurait pu l’achever carrément. « Enfin c’est l’intention qui compte… » Arf ! Elle s’adressait pas non plus à un gamin ! Il ne manquait plus qu’un l’important c’est de participer pour bien remuer le couteau dans la plaie de ce pauvre Garde… Crista posa sa main sur son visage, visiblement agacée de ne pas réussir à trouver les bons mots. « Bref ! Merci ! » Conclut-elle finalement. La naine soupira longuement. Il avait tenté de lui sauver la vie, parce que ça lui importait et même s’il n’avait pas réussi, il en souffrait réellement. Une fois de plus Crista était force est de constater que Karlan n’avait rien à voir avec le souvenir qu’elle en avait lorsqu’il était apparu pour la première fois dans sa vie. Ce n’était pas toujours simple dans la tête de la jeune femme. Elle avait passé toute sa vie à l’imaginer cruel, froid, lâche, insensible, être le pire des hommes et d’un coup elle se rendait compte que c’était loin d’être le cas. Ça l’avait tellement frappée dans les Tréfonds. Ça n’excusait absolument pas ce qu’il avait fait subir à son père mais ça changeait beaucoup de chose… « J’ai préparé un bain chaud si tu veux. On en a tous besoin d'un, même Mafy mais je veux bien te laisser la première place... Car c'est toi le plus crado. » Elle se redressa légèrement, fière de sa petite pique. Mais c'était vrai, c'était lui le plus sale des trois. « Tu veux que je t'aide à décrasser et démêler tes cheveux ? » En contrepartie d'avoir était soignée.


Crista parle en #ff6666



Jeu 30 Juil 2020 - 11:18

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Karlan s’approcha doucement de la naine, et ses doigts se posèrent doucement sur son épaule découverte. La blessure, juste en dessous, était franche et nette, et elle ne se soignerait pas facilement. Du moins, il y avait des chances qu’elle prenne quelques semaines avant de se résorber entièrement. Par chance cependant, il n’avait pas touché de muscle ni d’articulation. Il ne faisait pas partie de ces Gardes qui aimaient empoisonner régulièrement leurs lames, et c’était là encore une bonne chose.
Il s’empara de son onguent et de quelques bandages, et commença à en appliquer lentement sur la plaie, prenant bien soin de la recouvrir complètement et de faire un bandage propre et solide. Il prenait maintes précautions pour tenter de la faire souffrir le moins possible, parce qu’il savait que son manque habituel de délicatesse et la force qu’il avait dans les mains avait tendance à faire tiquer les Gardes qu’il épaulait de ses premiers secours sur le terrain. Son pronostic vital n’étant pas engagé, et étant responsable de son état de toutes façons, il devait faire mieux que ça. Crista prit la parole alors qu’il finissait de nouer son bandage, silencieux et concentré.
« Merci. D’avoir essayé de me sauver. C’était foiré mais… enfin je veux dire… » Karlan serra le bandage un peu plus fort que prévu et marmonna des excuses. Les mains tremblantes, il tenta de reprendre son nœud, les yeux fixés sur l’épaule de la naine. Il ne savait pas où se mettre. Il ne méritait certainement pas qu’on le remercie, et le fait de reparler de l’incident alors qu’il était parvenu – chose étrange pour quelqu’un qui panse une blessure – à ne pas trop y repenser, le mettait mal à l’aise. « Ça aurait pu être pire… » Le nœud allait tenir. Karlan le lâcha et commença à reculer lentement, évitant soigneusement de croiser le regard de Crista. Elle n’avait pas à faire ça. Il aurait pu la tuer, ça c’était joué à pas grand-chose. « Enfin c’est l’intention qui compte… » Elle semblait gênée elle aussi. Elle tentait au mieux de présenter les choses sous le meilleur jour, alors qu’ils savaient tous deux que ce n’était pas possible. Il avait failli la tuer, c’est tout. « Crista... » « Bref ! Merci ! »
Un silence pesant s’installa. Les yeux fixés au sol, Karlan avait du mal à comprendre les propos de la naine aux cheveux de feu. Elle avait hésité à le tuer à la première occasion, pour des faits qui dataient d’une dizaine d’années. Elle avait hésité à le laisser sombrer dans un marais un peu plus tôt, avait tenté de profiter de sa supériorité momentanée. Elle ne l’aimait pas – et il y avait de bonnes raisons à cela. Il ne cherchait pas à être aimé d’ailleurs, il ne pouvait juste pas se résigner à voir mourir des personnes qui étaient sous la protection, celle que lui imposait sa fonction. Mais, ce soir, alors qu’il avait chié dans la glaise, elle le remerciait pour son geste, pour sa tentative ratée de la sortir d’une mauvaise passe ? Elle allait porter ses séquelles plusieurs semaines, cela allait lui faire mal, cela allait l’handicaper dans son travail et sa vie quotidienne. Et elle le savait. Elle était loin d’être née d’hier. Cependant, les mots lui manquaient pour le souligner, il n’avait pas la force de remettre les choses à leur place. Alors il acquiesça en silence, les yeux rivés au sol.
« J’ai préparé un bain chaud si tu veux. On en a tous besoin d'un, même Mafy mais je veux bien te laisser la première place... Car c'est toi le plus crado. » Un petit rire nerveux s’échappa. Il releva le regard et croisa le sien, un instant, avant de détourner les yeux. Un léger sourire, cependant, c’était installé sur ses lèvres. Ils étaient quitte alors ? A charge de revanche, sûrement. La prochaine fois, elle pourrait manquer de le tuer par explosifs. « Tu veux que je t'aide à décrasser et démêler tes cheveux ? » Le nain secoua la tête de gauche à droite, commençant à reprendre ses esprits. « Certainement pas. Je suis le plus crasseux, tu l’as dis, donc la logique veut que je passe en dernier. Mes blessures sont superficielles pour la plupart, l’armure a aidé j’imagine, et si on laisse ta plaie baigner dans la boue, je ne pense pas que ça aidera. Tu es probablement encore la plus propre de nous trois, donc à toi l’honneur, Salroka. »
Il n’allait pas lui laisser le choix de toutes façons. « Ordre du soigneur. Estime toi chanceuse que je ne te conscrit pas pour t’y obliger. » Ouais, encore heureux. Il était mort s’il tentait ça, ils le savaient tous les deux. « Je vais monter la garde derrière la porte. Hurle si tu as besoin de quoi que ce soit. » Il la poussa gentiment dans l’autre pièce et se posta à la porte – ou l’ouverture plutôt, la porte était absente, le dos tourné. « J’suis un vrai nain de toutes façons, tu sais ? J’ai peur de l’eau, moi. »
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