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Jeu 7 Mai 2020 - 22:23

Tullia E. Von Raijer
Tullia E. Von Raijer

– Garde des Ombres –

Messages : 2520


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Retour de la Revenante revenue des rives du Sans-Retour


Le voyage en bateau n'avait pas été si désagréable que cela, au final. On pourrait presque croire que je commence à avoir le pied marin. Il faut dire que j'étais plutôt de bonne humeur. J'étais sur le chemin de retour. Partie d'Amarantine après avoir fait un tour à fort Bastel pour récupérer un uniforme de garde, j'avais tout préparer pour revenir à Térébinthe comme il se doit. Bien entendu, mon retour devait rester secret, et j'avais tout fait pour le bruit ne court pas encore. D'ailleurs, je faisais exprès d'arriver par la terre et non par la mer au campement, la bateau ayant pour destination non pas Térébinthe mais Combrelande. Fief des Gardes des Ombres depuis des siècles, ils avaient également la côte en plus d'être très nombreux. sur le bateau, j'eus donc un bon accueil et un respect qui se faisait bien plus rare en Férelden ou en Orlaïs. Le voyage dura une bonne semaine, et me voilà enfin dans cet endroit familier.

Depuis le tournoi de Combrelande je n'y avais pas remis les pieds, mais j'avais entretenu une petite correspondance avec leur Garde-Commandeur et ma victoire m'avait valu un certain dévouement local. Enfin, pour Tullia. Car maintenant, sans mes yeux étranges et mon uniforme de Garde-Commandeur, il était bien plus difficile de m'identifier. Comme pour Fort Céleste, je me faisais passer sous le nom d'Aïtlu, et je ne comptais pas ici changer d'identité. Pour que la surprise soit totale à Térébinthe, aucune rumeur ne devait courir. Car avec ma chance légendaire, il y a des chances pour qu'elle arrive là bas avant que je n'y mette les pieds. Je comptais rester un ou deux jours le temps de reprendre un peu de matériel et un cheval si possible de la garnison locale avant de continuer mon chemin. J'avais commencé mon approche de la façon la plus naturelle et instinctive: la taverne.

Je me dirigeais vers l'établissement que j'avais cotoyé après ma victoire du tournoi, un véritable repaire à Garde. Et en ouvrant les portes, je ne fus pas déçue. Rapidement je jetais mon dévolu sur un groupe qui m'avait l'air assez sympathique et bien bavard, entamant la discussion avec mon aisance habituelle. Ils étaient nombreux à combrelande, mais mon accent antivan eut vite fait de leur faire comprendre que je n'étais pas d'ici. Et c'est là que j'entrais en scène. Je me présentais, garde des ombres d'Orlaïs qui revenait d'une mission en Férelden suite à la demande du garde commande de Haute Tour. Ceci semblait les rassurer, et je fus étonnée d'entendre certains me donner leur condoléance pour ma mort. Enfin celle de Tullia. Buvant avec eux, ils évoquèrent le tournoi, la plupart d'entre eux autour de la table semblant y avoir assisté et apprécié ma prestation. Amusée et les bières aidant, je leur racontais des anecdotes sur mes expériences passées, vu qu'ils semblaient tous curieux de comment j'étais. Et plus j'en donnais, plus je recevais de capital sympathie. La troisième tournée de bière était terminée quand je finissais de raconter la dernière fois que j'avais amené quelques gardes traquer la wyvern et qu'on avait tous failli finir cramer. Les rires fusèrent, tout comme les questions.

"Ha ha ha ha !! Mais elle était si effrayante que ça ?"

Un sourire malicieux et parlant avec autant de chaleur que d'enthousiasme, je continuais d'être dans mon personnage, prenant une voix mystérieuse tout en écarquillant les yeux.

"Des yeux de démons qui brillaient dans la nuit, un sourire de prédateur comme si elle allait vous dévorer, un rire sadique à en faire frémir un Hurleur. Quand ils l'ont retrouvé la première fois dans les tréfonds, elle était couverte de sang d'engeance. Les recrues tremblaient quand elle supervisait les entrainements et les Gardes Vétérans priaient quand elle menait des "missions surprises". La dernière fois, c'était un dragon sire qu'elle les a envoyer dérouiller. Vrai de vrai ! Un vrai 6e Enclin notre ex-Garde-Commandeur. Santé ! "

Nous levions tous nos godets pour boire, une fois de plus, soupirant d'aise. Certains semblaient un peu sceptique sur mes histoires, ce que je pouvais comprendre. Toujours aussi passionnée, j'avais légèrement tendance à enjoliver les choses. Plus d'épique, plus d'entrailles qui volent et de sang qui gicle. Mais d'autres furent plus convaincus, rappelant les faits du tournoi d'un air un peu plus grave.

"Tu l'as vu au tournoi non, elle faisait quand même flipper. Heureusement qu'elle était Garde, j'aurais pas aimé l'avoir à combattre."

Il est vrai que je m'étais donnée à fond ce jour là. Autant dans ma folie que dans ma soif de sang. C'était étrange d'ailleurs d'y repenser. Je me rendais compte à présent que mes actions avaient tout d'une folle, d'une berserk qui n'avait pas peur des conséquences et qui avait le cul le plus bordé de nouille de tout Thédas. Maintenant, je ressentais les choses... différemment. Je voyais les choses autrement. Par exemple à cette tablée, il y en avait un ou deux que j'aurais bien mis dans mon lit. Avant, je n'aurais pas hésité à leur faire des propositions plus qu'ouverte, à chercher à obtenir d'eux les faveurs convoitées. Pourtant maintenant, cela s'arrêtait là. Il n'y avait plus ce besoin viscéral, cet appel animal. Une léger frisson me parcouru, mais je manquais surtout de m'étrangler en buvant ma bière quand un des gardes mentionna ce que justement je n'avais pas réussi à laisser à combrelande.

"Enfin y'en a que ça a pas gêné pour autant pour faire la 3e mi-temps avec elle, ha ha ha !"

Il y eut quelques rires gras, puis d'autres anecdotes. Ha oui, c'est vrai... Après le tournoi, j'avais presque oublié le fait que j'avais jeté mon dévolu sur un garde rouquin du nom d'Elijah. Heureusement il ne semblait pas être dans la taverne ce soir, je pouvais être sauve. Et dire que j'avais fait exprès de le faire boire pour qu'il cède... Si j'avais été un homme et lui une femme, on aurait sans doute crié au scandale. Mais bon, il ne s'en était pas plains, vu comment il me regardait avec une certaine admiration... Je posais ma chope sur la table, les quelques bières demandant leur droit de douane sur ma vessie. Je me levais, l'un des gardes me retenant cependant au passage alors qu'ils allaient commander (encore).

"Une autre tournée Aïtlu ?"

Je lui souriais, lui donnant une tape sur l'épaule.

"Pas tout de suite, je reviens. L'appel de la cascade ! "

Je m'éloignais de la table, allant vers les latrines de l'établissement. En passant devant quelques tables, je crus entendre un éclat de voix familier. Je ralentissais un instant, observant les alentours. Je ne reconnaissais personne... Etrange. Peut être la bière qui commence à me monter à la tête. Ou la faim. Ou les deux en fait. Je laissais ce problème de côté, ayant appris depuis peu à ne plus sursauter au moindre bruit qui avant m'auraient fait dégainer mes dagues. A croire que je deviens sage, ça en devient presque flippant. Je disparaissais pour me soulager, ne revenant que plus tard. Et là, alors que je rerentrais dans la salle, je fus bousculée par un garde titubant, de la bière se renversant à moitié sur moi. Je l'évitais de justesse, ne m'empêchant pourtant pas de râler.

"Hey là , attention !! Par le pti' cul des Templiers, je l'ai même pas encore baptisé avec du sang d'engeance celle là !"

Je m'époussetais comme je pouvais, soupirant devant les tâches de bières qui allaient bien sentir demain. Et dire que cet uniforme, je l'ai même pas encore tâché avec du sang ou des entrailles. Quel gâchis.

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Ven 8 Mai 2020 - 21:46

Anonymous
Invité

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Combrelande était une ville magnifique, véritable joyau soigneusement poli au fil des siècles. C'était le point de passage obligé pour tout commerçant respectable acheminant ses marchandises entre le Nord et le Sud, et toutes les cultures s'y mêlaient dans une symphonie étrange, mais pas déplaisante. Le Collège des Enchanteurs avait été établi dans la ville également, et la Garde des Ombres y était largement représentée depuis le troisième Enclin. Dans sa jeunesse, il avait surtout fréquenté les docks et les quartiers nains, où le Carta était forcément très implanté. Il y avait encore là quelques souvenirs fugaces, heureux ou atroces. Ouais, il était passé par ici. Étonnamment, ses missions en tant que Garde ne l'y avaient jamais poussé, et il n'avait jamais eu le plaisir de se mêler à ses nombreux frères et sœurs qui résidaient en ville.
Seulement, voilà qu'il entamait un long voyage, le premier depuis un moment. Il était devenu Commandeur-Garde une dizaine de jours plus tôt, et la nouvelle avait été insupportable, son terrible écho lui donnant sueurs froides et angoisses nocturnes. Il ne se sentait pas prêt pour cela. Mener. Pas prêt pour donner des ordres et en assumer les conséquences, pas prêt pour gérer des Gardes compétents et plus anciens que lui. Alors, il avait remis de l'ordre dans ses affaires, et avait laissé Ansburg un temps, au bons soins du Sénéchal. Il n'était pas compliqué de trouver une excuse pour cela, et il en avait sorti plusieurs en réalité. D'une, il rendrait visite aux Commandeurs-Gardes des autres nations sur son chemin et aiderait à renforcer les liens entre des Gardes pas forcément toujours très unies. Il en profiterait pour rester vigilants à des recrues potentielles en route. Et surtout, il digérerait la série de terribles nouvelles qui se succédaient, coup après coup, visage après visage. Cainwen. Wulf. Tullia. C'était décidément une nouvelle page qui se tournait. L'itinéraire était simple. Combrelande pour commencer, puis Térébinthe en Orlaïs, et Fort-Bastel pour finir.
Voilà qu'il se retrouvait donc à Combrelande en fin d'après-midi. Las du voyage, et anxieux d'une rencontre avec le Commandeur-Garde – où il devrait se comporter d'égal à égal, pour la première fois – Karlan décida de passer sa première nuit dans une auberge, assez grande pour s'occuper de sa monture et assez sûre pour qu'il soit tranquille. Union l'accompagnait, pleine d'innocence et de gaieté, heureuse de pouvoir enfin se dégourdir ses courtes pattes. Il n'avait pas prévu qu'une fois sur place, il réalise qu'une immense partie des habitués étaient... des Gardes des Ombres. Il se retrouva donc planté là un instant, son armure couverte de la poussière des chemins, une jeune mabari aboyant joyeusement autour de lui en faisant des petits bons. Soit. Il était cramé, mais ce n'était pas non plus très grave. Il pouvait faire profil bas, et ne rencontrer les plus gradés que le lendemain, s'ils ne traînaient pas eux aussi dans cet endroit.
Le nain se dirigea donc vers le comptoir pour se prendre une chambre, et demanda une chope de bière naine et un bol de ragoût avec du pain pour se sustenter. Il s'installa à une table en retrait, évitant soigneusement les regards des autres Gardes. De la paix, c'était possible ? Il était en deuil après tout. Pas envie de parler fort et boire jusqu'à plus soif, pas envie de rire aux éclats, pas envie de vivre trop fort. Juste, boire et manger, pépère. Donner un peu de viande à Union pour qu'elle se calme et se roule à ses pieds. Respirer un coup. Vider sa bière trop vite, et avoir soif à nouveau. Se lever alors, hésitant, pour aller en commander une autre. Ou deux. Entendre des propos étonnants, dans une tonalité qui n'avait pas lieu d'être. Un écho du passé, dont l'onde vous glace le sang.
Les yeux du nain se levèrent vers la femme et confirmèrent son intuition. Ouais, c'était Elle. Tullia. Celle qui était morte. Celle qui avait été annoncée disparue. La choppe lui échappa des mains et alla se briser en éclats à ses pieds fébriles. Leurs regards se croisèrent, et sans ne plus rien comprendre, sans vouloir vraiment comprendre, il s'approcha d'elle à grands pas pour la prendre dans ses bras. « Il va falloir m'expliquer cette blague de mauvais goût Tullia. D'où tu t'amuses à faire peur à tes frères d'armes, pour revenir les hanter ensuite ? » Son sourire soudain se mua un colère, alors qu'il envisageait une nouvelle duperie que l'Antivane aurait pu trouver rigolote. « De quel droit tu fais ça ?! »

Lun 11 Mai 2020 - 20:05

Tullia E. Von Raijer
Tullia E. Von Raijer

– Garde des Ombres –

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Retour de la Revenante revenue des rives du Sans-Retour


Le temps que j'enlève le surplus de bière qui n'avait pas réussi à imbiber l'uniforme, et me revoilà la tête levée pour regarder comment retrouver ma table. Mais là, mon regard croisa un autre qui était familier. Un nain qui tenait une bière, me faisant face avec toute la surprise que je pouvais avoir. Karlan. Il était pas sensé être à Ansburg ? Qu'est ce qu'il fiche là ? Dans ma tête j'espérais qu'il ne m'avait pas reconnu, mes yeux ayant changés après tout. Je m'étais figée comme lui un instant et n'eut pas le réflexe immédiat de me détourner comme si de rien n'était, comme si je ne le connaissais pas. Je le vis alors laisser tomber sa bière.

Et merde...

Je ne pus éviter son assaut alors qu'il marchait d'un bon pas vers vers et me prit dans ses bras. Je me crispais encore plus, ne sachant pas comment réagir. Encore plus quand il venait de prononcer mon nom à voix haute. Mais ça va, personne ne semblait vraiment avoir entendu. Je devais cependant garder mon rôle, et jouais la carte de la surprise. Je le regardais donc avec une certaine gêne, essayant de m'extirper de son étreinte.

"Hein? Mais..."

Mais c'est lui qui me lâcha en premier, pour commencer à m'engueuler d'une voix forte, attirant ainsi l'attention des autres personnes autour. Fait chier, crétin de nain ! A le voir maintenant, j'avais bien envie de l'étouffer avec sa barbe pour qu'il se taise. Je sentis dans mon dos du mouvement, et une voix qui s'éleva avec une certaine inquiétude.

"Tout va bien ?"

Je me retournais aussitôt, voyant devant moi mon voisin de tablée de plus tôt, qui nous fixait le regard froncé. Croyait il que Karlan me voulait du mal ? Je ne voulais pas mettre le nain dans une mauvaise situation (quoi qu'il le mérite un peu), mais je ne voulais pas non plus révéler qui je suis devant tout le monde. Bon, deuxième carte à jouer... J'arborais soudainement un grand sourire, le regard brillant d'enthousiasme et d'une joue feinte. Je prenais le nain par l'épaule, le serrant contre moi comme un camarade tout en répondant au garde inquiet.

"Ha ha ha ! Oui ne t'en fais pas, je le connais ! Juste une chamaillerie parce que je ne lui ais pas envoyée de lettre depuis la dernière fois ha ha ha... "

Ma main s'était saisie de la nuque de Karlan, y enfonçant mes ongles dans sa peau pour le mettre en garde. S'il ose cramer ma couverture et ne pas jouer le jeu... Je continuais de sourire, poussant Karlan devant moi en direction d'une table libre un peu plus loin. Tout en se faisant, je faisais signe à l'autre garde que tout allait bien et qu'il pouvait nous laisser.

"Je vous rejoins tout à l'heure, je dois rattraper le temps perdu avec lui. Ne m'attendez pas ! "

Un nouveau signe de la main, et je continuais de pousser Karlan vers une table. Rapprochant ma tête pour être au niveau de son oreille, je le fustigeais d'une voix froide et coléreuse, persiflant entre mes dents un murmure qui avait plus le ton d'une condamnation à mort.

"Espèce de nain borné, ça va pas la tête ? Ne crie pas mon nom sur les toits ! A moins que tu ne sois fatigué de ta langue après toutes ces années... "

Il était rare, même avant, que je sois dans ce genre de colère. Mais cela prouvait bien que je ne plaisantais pas. Nous arrivions à la petite table libre, où je m'installais à côté de lui. Il y avait des gens autour, mais ils n'avaient pas vraiment l'air de se soucier de nous. D'un geste et d'un sourire je hélais une serveuse pour lui signifier que nous prendrions deux chopes, et tout en se faisant j'essayais d'expliquer à Karlan ce qui était préférable de dire et de ne PAS dire surtout.

"Comme tu le sais, mon nom est Aïtlu et pas Tullia. Il faudrait que tu arrête de me confondre avec elle, surtout qu'elle est morte maintenant."

J'appuyais sur certains mots, pour bien lui faire comprendre que si je n'avais rien dis c'était à raison. De l'extérieur, une personne qui n'est pas dans la confidence ne verrais rien d'anormal. Je poussais suite à cela un petit soupire, essayant de me calmer. Il faut dire que maintenant que le démon n'est plus là, j'arrive pus facilement à contrôler mes émotions et mes pulsions de colère. C'est donc assez rapidement que je repris mon sourire charmeur habituel ainsi que mon regard malicieux qui était posé sur le nain. Ma voix redevint chantante et chaleureuse, comme si rien ne s'était passé et que nous avions toujours été en de très bons termes.

"Alors, ça baigne dans les Tréfonds Karlan ~ ? Ca fait un moment qu'on ne s'est pas croisé, fu fu fu fu ~.... Je suppose que tu as des questions, auxquelles je répondrais si tu ne fais pas de boulette."

Je souriais un peu plus avec malice, attendant de voir sa réaction. Est ce qu'il va de nouveau tempêter ou se plaindre que je venais de le maltraiter ? Bha, c'est un nain ! C'est plus solide que du rock et loin d'avoir des coeurs de guimauve comme Alistair. Enfin, je l'espère.

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Mar 19 Mai 2020 - 18:42

Anonymous
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Il se surprenait lui-même à hausser le ton, d'une question presque gutturale sortie des tripes. Il connaissait l'affection qu'entretenait Tullia envers la duperie et toutes sortes d'humour douteux, et sa présence palpable devant lui, dans ce lieu improbable, laissait présager le pire. Pourtant, elle semblait étonnée et désemparée, comme si sa répartie si naturelle se retrouvait coupée, faute d'avoir pu se préparer. Le nain inspira profondément, prêt à en remettre une couche, quand un Garde vint s'assurer qu'il ne lui cherchait pas d'ennuis. Il se sentit sanguin, un appel de violence cruelle et gratuite qu'il n'avait pas ressenti depuis longtemps, et l'envie pressante de lui casser le nez sur le coin d'une table en lui ordonnant de se mêler de ses affaires. Mais l'Antivane fit volte face et commença un simulacre de spectacle : un cri ? Non, le plaisir des retrouvailles ! De vieux camarades, très heureux de se revoir, hahaha. ET MON POING DANS SA TRONCHE, CA LUI DIT PAS, A CE CONNARD ? La main de Tullia se referma sur son cou, et il sentit ses ongles lui entailler la peau. Bon, d'accord... Le regard incendiaire de Karlan se mua en une moue amusée – la comédie n'était pas son fort, mais il souriait quand même un peu.
Ils s'étaient retrouvés installés à une table dans un coin. Pas comme s'il avait eu vraiment le choix : il voulait bien remettre à leur place quelques Gardes, mais il n'avait jamais eu la moindre envie de se retrouver confronté à Tullia. Alors, il écoutait ce qu'elle avait à dire, le visage neutre, hochant doucement la tête quand les propos prenaient des airs de menace. Parfois, son regard fuyait vers sa table – elle aussi dans un coin, mais laissée à l'abandon – à la recherche de la petite Union. Il l'aperçut plusieurs fois filer joyeusement entre les jambes de passants pour se ruer vers un autre endroit beaucoup plus intéressant. Bon, tant qu'elle ne s'attirait pas trop d'ennuis. Une serveuse leur apporta deux choppes de bière, et il en profite pour demander une assiette de jambon avec du fromage et un peu de pain.
Rien de ce qu'il avait vu ou écouté n'expliquait le moins du monde pourquoi elle s'était faite passée pour morte, mais c'était décidément bien elle. Outre la trahison qu'il ressentait en cet instant, il se sentait titillé par la colère et la tristesse. Ce n'était pas une bonne blague, et il n'avait pas envie de jouer. « Oh tu sais, les Tréfonds se portent toujours mal quand tu n'es pas là... » Tullia. Non. Elle avait dit quoi déjà ? Merde. «... chère amie. » Il aurait eu beaucoup de choses à raconter à Tullia. Parler de Wulf, de Caiwen et sa nomination en tant que Commandeur-Garde, d'Orlaïs... Il s'était imaginé lui dire des choses, plusieurs fois, depuis l'annonce lapidaire de son décès. Mais elle était là, sous une autre figure, et ils se retrouvaient comédiens dans une pièce qu'il ne maîtrisait pas. Il n'en tirait qu'une grande amertume, accentuée peut-être par la bière qu'il vidait à grand soif.
« Tu sais, j'ai toujours le cœur lourd de la disparition de Tullia. Elle était instable, mais c'était une amie de confiance. Étonnamment, sa disparition a fait grand bruit, et je pense que cela a bouleversé beaucoup de ses proches. Pour autant... Tu as raison. Je suis désolé de vous confondre encore à ce jour. Elle n'aurait jamais fait un coup comme ça. » Son regard se fit perçant, acéré. Il devait jouer à son jeu, soit. Mais cela le répugnait. Ses jambes s'étendirent en dessous de la table, et il accueillit l’assiette bien fournie. Au moins une bonne nouvelle dans la journée, c'était appétissant. « Cela fait longtemps, cependant, amie. Tu te plais en Orlaïs ? Vous ne vous faites pas trop courtiser par des nobles trop gourmands ? »

Mar 9 Juin 2020 - 16:08

Tullia E. Von Raijer
Tullia E. Von Raijer

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Retour de la Revenante revenue des rives du Sans-Retour


Karlan semblait d'une certaine manière se plier à mes injonctions, mais je sentais bien qu'il pouvait exploser d'un moment à un autre. Je ne pouvais pas non plus ignorer son regard noir posé sur moi. Ainsi, il m'en voulait vraiment de n'avoir rien dit. En un sens, je ne m'attendais pas à le trouver aussi proche de Térébinthe. Alors que je l'avais invité à poser des questions, il me fit plutôt un sermon à moitié déguisé sur le fait que ma mort en avait affecté plus d'un. En temps normal je lui aurais rit au nez et dit qu'il devait avoir trop bu, mais les réactions de ceux que j'avais croisé depuis ma sortie des Tréfonds appuyaient ses dires. Je regardais ma chope, touchée au fond de moi d'une telle marque de sympathie qui somme toute est assez inattendue. Je souriais légèrement, attendrie en un certain sens et reconnaissante.

"C'est ce que j'ai entendu oui, pour ma plus grande surprise. Je pensais que vu ce qu'elle était les gens allaient être bien soulagés, mais il semble qu'il y en a certains encore assez fous pour la regretter, fu fu fu ~...."

Bien sur il est difficile de changer les habitudes, et par réflexe je balayais le sérieux de cette réflexion en la tournant un peu à la dérision. Je buvais un coup ma chope, repensant à ce qu'il avait précisé peu après. Il m'en voulait toujours du fait de ne pas l'avoir contacté, mais ce n'était pas la première fois qu'on pensait que j'étais morte. Bon, peut être pas de façon aussi officielle ni pour aussi longtemps, mais quand même. Je poussais un léger soupire. Il devait croire que j'avais fait ça pour m'amuser, sans doute. Il devrait me connaitre pourtant.

"Je ne sais pas si elle l'a fait exprès ou pas, mais même si elle l'avait fait, je suis certaine que cela aurait été pour une très bonne raison. Elle était... folle et imprévisible, mais ses coups étaient toujours calculés et ses actions jamais dû au hasard. Mais bon, il n'en reste pas moins qu'elle est morte."

J'haussais des épaules, comme si ce n'était qu'un simple fait. D'une certaine manière c'était vrai, car j'étais changée depuis mon passage dans les Tréfonds. Une certaine "Tullia" était morte, et une nouvelle version venait de voir le jour. Encore incertaine d'elle-même, mais bien vivante. Comme on dit, le roi est mort - vive le roi, non ? Il fallait juste espérer que ce que m'a prit le démon en partant ne vienne pas à me mettre en situation de faiblesse. Karlan lui ne devait sans aucun doute pas se douter que le changement allait plus loin que simplement mes yeux. Mais ça, c'est difficile à raconter de façon aussi ouverte ici. Le temps de réfléchir à comment tourner la question, le nain m'avait demandé de façon assez banale comment ça se passait en Orlaïs. Je le regardais avec surprise, avant d'éclater de rire. C'est vrai que je ne lui avais pas raconté !

"Ha ha ha ! Au final c'est bien plus amusant que de rester en Férelden. Ca sent moins le chien et plus la vinasse, mais les tourmenter un peu est des plus distrayant. Et puis, ce ne sont pas de si mauvais bougres, quoi que l'on puisse en dire. Les Gardes d'Orlaïs se sont bien relevés, je peux être fière d'en faire partie. Maintenant, c'est devenu mon unique chez-moi."

Même si à la base Wulf m'avait envoyé m'occuper d'eux presque pour la blague, je m'étais attachée à ces Gardes Orlésiens qui avaient survécus à un terrible trauma. Ca n'avait pas été facile, mais ils avaient réussi. Je me sentais proche d'eux, et maintenant que Wulf était mort... Je n'avais plus qu'eux vers qui me tourner. Et si jamais on ne m'accepte plus et bien... ce sera l'occasion pour me relancer dans une carrière de garde solo qui ira faire sa petite guérilla contre les Adeptes au Ponant. Histoire de préparer le terrain et de trouver un endroit un peu plus chaud. Que de bestioles je vais pouvoir croiser là bas, ce serait amusant. Peut être que je pourrais chiper un oeuf de varghest ou de wyvern pour m'amuser tiens, depuis le temps que j'en rêve... Pensive, j'eus soudain une idée pour savoir comment raconter ce qu'il m'était arrivé dans les Tréfonds. Je me mis à sourire, le genre de grand sourire malicieux appuyé par un regard pétillant, annonciateurs de périls pour autrui.

"Ha tiens, j'ai entendu une histoire assez amusante il y a peu. Une histoire de fou. Celle de la Wyvern, de l'Engeance et du Démon. Je te la raconte ? Je suis certaine que tu l'apprécierais, toi qui aime autant les contes et légendes ~..."

Amusé par ma propre idée, j'espérais qu'il allait quand même comprendre où j'allais en venir. Et à espérer qu'il ne va pas penser que c'est encore un de mes petits tours. Sinon, ce sera perdu pour lui.

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