Carys Baxter Courrier Ordinaire

A l'attention de Carys Baxter,

oble inconnue, je me dois de vous remercier humblement de m'avoir fait parvenir ce document sensible, fort utile à la Garde des Ombres. C'est en effet un de mes Gardes qui l'avait en sa possession, et étant le seul dépêché à Denerim avec une telle tâche ces dernières semaines, je n'ai pas de doute quant à son identité. Cependant, je salue votre honneur, et je vous donne ma parole que les remontrances ne seront pas trop sévères. Il arrive à tout le monde de chercher du réconfort, et l'entreprise que vous gérez n'est pas plus répréhensible qu'une autre.
Je peux vous assurer que ce genre d'accident ne devrait pas se reproduire - pas rapidement en tout cas. Il est relativement rare que nous soyons en mission en Ferelden, nous, Gardes des Marches. Vous trouverez cependant ci-joint une compensation pécuniaire pour le mal que vous vous êtes donné.
Respectueusement, blablabla,




PS : Je dois avouer être assez curieux de l'intérêt que peut porter une personne comme vous à la gestion d'un établissement comme la Perle. Je serais curieux d'en apprendre plus à l'avenir, si toutefois vous vous décidiez à m'envoyer une nouvelle missive, pour une raison ou une autre. Je promets de la lire un jour, et d'y répondre quand mon chat me le permettra.

Très chère Carys,

a fait un moment que je cherchais à t'écrire pour prendre de tes nouvelles : les affaires tournent bien, j'espère ? Et toi, comment vas-tu, après autant de temps ?

Pour ma part, ça va comme ça va, toujours le même cycle infernal. J'essaie d'achever un recueil dans l'espoir de faire quelques ventes sans qu'on me pourrisse mes textes. Je suis emmerdé de rester cloîtré à Val Royeaux à devoir le terminer au plus vite, mais ça serait dommage de ne pas réussir à remplir mes fins de mois. Le monde peut être rude.

Saurais-tu par hasard s'il se passe des choses en Férelden en ce moment ? Des ragots, des rumeurs, des faits, quelque chose qui pourrait m'inspirer éventuellement. Avec les tensions actuelles, je ne serais pas surpris d'entendre des pépites dans ton établissement incontournable.

Au pire, j'aurai essayé de demander.

J'espère avoir rapidement de tes nouvelles. Cette ville peut être d'un ennui mortel sans trois meurtres dramatiques à la minute.

Noble dame Carys

J'ai l'honneur de vous annoncer que j'ai su récupérer votre lettre avant que mon doux félin ne pose ses imposantes pattes dessus. Il semble frustré de ne pas avoir pu encore la recouvrir de poils épais, mais j'en suis très heureux.
Je suis honoré que ma dernière missive ait pu apporter une quelconque joie à vos ouailles, cela me change de mes habitudes. C'est probablement d'ailleurs une des raisons qui me pousse à m'empresser de vous répondre, alors que j'aurais probablement du commencer par quelques missives plus formelles pour telle ou telle personne. Soit, c'est ainsi.
Je n'ai malheureusement pas grand chose d'intéressant à dire sur moi. Je suis un nain, né à Orzammar, et je suis devenu Garde des Ombres il y a une dizaine d'années, dans notre bastion des Marches Libres : Ansburg. C'est une ville assez terne en comparaison avec Denerim, mais nous n'avons pas besoin de plus en réalité. Je viens de devenir Garde-Commandeur, et je suis donc maintenant responsable de cette partie de l'Ordre. Et franchement, je m'en serai bien passé.
Mon chat est beaucoup plus intéressant. C'est un matou imposant, à la forte corpulence. Son visage est rond, ses yeux très grands, surtout quand il est effrayé. C'est un grand peureux d'ailleurs, et il ne se bat jamais, quand bien même un autre chat s'en prendrait à lui, quand bien même il pourrait le dominer sans efforts. Finalement, c'est mon compagnon le plus proche, réconfort dans les temps sombres, et je l'autorise donc à se comporter comme il le souhaite, en dormant souvent sur mon bureau. Je suis sûr, cependant, qu'il apprécierait vos attentions ou celles de vos employés, grand câlin qu'il est.

Vous l'aurez compris, je ne suis pas ici par choix, même si je pense que la Garde m'a sauvé la vie, et que je dois tout à mon Ordre. Qu'en est il de vous, qui avez eu le choix ? Qui avez le choix ? Avez vous toujours eu envie de gérer un établissement comme la Perle ?
Dans l'attente d'une réponse de votre part, veuillez agréer noble dame, blablabla,

Très chère Carys,

e suis peiné d'apprendre que je te dois des excuses pour ce jeunot un peu naïf. Allons, il faut bien qu'il apprenne que ce monde est sans coeur un jour, n'est-ce pas ? Si tu veux, en signe de dédommagement, je peux t'apprendre deux-trois astuces et techniques pour te détendre à coup d'elfidée, même si je ne recommande pas de le faire trop souvent.

Des démons du désir, hein ? Pourquoi je ne suis pas surpris, finalement. Et je te ferai remarquer que je suis désirable dans n'importe quoi, particulièrement sans rien, mais cela va de soi.

J'apprécie cependant l'offre de venir habiter en Férelden, mais je ne peux pas me le permettre en ce moment. Je suis déjà à la limite de finir vagabond, alors si en plus je dois voyager autant pour officiellement ne plus avoir de demeure, je préfère mon petit coin champêtre digne d'une tour abandonnée. Cela, sans parler de ce recueil que je dois absolument finir pour espérer gagner un minimum de blé.

Que te dire de plus .. Il fait moche par ici ces derniers temps, les tensions entre les Pro-Célène et les Pro-Gaspard montent toujours, c'est interminable ; mais bon, ça fait du spectacle pour la noblesse, remarque. Ce que je déteste cet endroit par moments.

J'espère pouvoir passer prochainement du côté de Férelden, ça fait un moment que je n'y suis pas retourné, en y repensant.

Dame Carys,

Visiblement, mon chat vous interpelle beaucoup, et il mériterait toutes les cajoleries du monde à vous lire. Ne vous laissez pas duper : il est vicieux et manipulateur, égoïste, déterminé, sans pitié, et il fera tout pour arriver à ses fins. Cependant, il vous a lu et je n'ai pu le priver de maquereau séché et de quelques caresses. Attention à ce que vous lui promettez la prochaine fois, car il demandera son du !
Je ne peux que saluer votre détermination à en apprendre plus sur une étrange personnage comme moi, mais je dois avouer que vous vous êtes malheureusement bercée d'illusions en pensant en apprendre plus à Denerim. Je suis flatté, mais je tiens à préciser que, Commandeur ou pas, je suis bien loin d'être aussi connu que le Roi Alistair ou l'Héroïne de Ferelden ! Les nains surfaciens sont encore assez nombreux, semble-t-il, et nous nous ressemblons tous aux yeux des humains, n'est-ce-pas ? Cependant, il est de ma responsabilité de vous conseiller de ne pas crier mon nom partout, car j'ai en ce monde des ennemis qui cherchent à me nuire, et qui pourraient s'en prendre à vous si vous pouvez les mener à moi. Je n'ai pas peur de ces ombres du passé, mais je n'ai aucune envie d'être responsable d'une situation tragique vous concernant, ou l'un ou l'une de vos employés.
Vous savez, la vie de Garde n'est pas aussi palpitante que l'on veut faire croire dans les histoires pour enfants et les chansons de bardes. Nous ne sommes que quelques sentinelles discrètes ayant fait vœu de contrer les Enclins et de ralentir la progression des engeances. Notre vie de Garde se résume bien souvent à cela : pas de jeu politique, pas de quête romantique, juste la boue et la douleur, des batailles dans le noir et dans des situations de chaos. Cependant, nous avons conscience du bien fondé de nos actions, mais j'ai peur de ne pas avoir d'histoire très réjouissante à vous conter ici.
La vie dans la Garde est plaisante parfois, parce que nous vivons ensemble et que nous nous connaissons tous, dans toutes les Gardes en dehors des Anderfels. Nous rêvons ensemble, mangeons ensemble, nous entraînons et nous battons ensemble, et nous partageons tous le même Destin. Cela crée des liens très forts entre nous, et pour ce qui est d'Ansburg, donne une franche ambiance de camaraderie. Rien ne m'est plus cher en ce monde que les Gardes des Ombres, et personne ne m'a jamais non plus apporté plus de réconfort que ces derniers. Je ne crois pas qu'il y ait en Thédas de tels exemples de fraternité. (Je ne serai pas étonné d'ailleurs que vous ayez pu assister à certaines formes de cette fraternité dans votre établissement). Rassurez-vous donc en passant : nous n'avons pas d'établissement tel que le votre à Ansburg même, mais il y en a dans la plupart des cités marchéennes, et nous ne manquons jamais d'alcool lors de nos repas ou de nos fêtes. On n'est quand même pas la Légion des Morts.
Je pense comprendre ce qui vous a dérangé dans la Chantrie, et je respecte cela. J'admire même votre dévotion, telle qu'elle n'était en mesure de faire un compromis. La Foi, lorsqu'elle est encadrée par une organisation, peut parfois s'éloigner de sa nature même, et ne plus être ce que les fidèles viennent y chercher. La Chantrie a fait certains choix ces dernières années, et si l'on ne peut pour moi pas tout leur reprocher, on peut facilement comprendre une prise de distance. Je pourrai m'attarder là-dessus, et comparer la Foi Chantriste avec la Foi en la Pierre des nains, mais j'ai peur de manquer de temps, ou de vous étouffer sous une missive bien trop conséquente. Ce n'est que partie remise.
Orzammar est une ville immense, que vous devriez essayer de visiter un jour tant j'ai peur que les descriptions que vous pouvez en avoir ne refléteront jamais sa réalité. C'est très grand en effet, aussi bien en superficie qu'en hauteur, et il y réside une immense beauté comme la plus grande des misères. Étant né d'une Caste modeste, je n'avais pas accès à la totalité de la ville, notamment les quartiers de la noblesse et du Façonnat, nos gardiens de mémoire, mais j'en garde des souvenirs marquants. Il y a bien, en effet, des fontaines de laves, mais je vous déconseille d'y boire pour vous rafraîchir, cela ne réussi guère à ceux qui essayent. Quant aux statues dont vous parlez, nous en avons beaucoup, car elles sont la représentation de nos ancêtres glorieux, nos Hauts, et sont le fondement de notre société. Je serai curieux de savoir si vous avez un endroit qui vous tient particulièrement à cœur, que vous aimez beaucoup et dans lequel vous allez vous ressourcer ? Nous en avons tous, n'est-ce-pas ?
Je vous laisse, mes devoirs m'appellent,
Cordialement, blablabla




PS : Voltrai et moi approuvons grandement votre idée d'avoir un chat à la Perle, et nous attendons avec impatience d'en apprendre plus.

Très chère Carys,

’ai vu tardivement que tu m’avais répondu, j’espère que tu pardonnera ce petit silence de ma part. J’étais parti dans les Marches Libres pour des raisons professionnelles, et j’ai eu quelques contretemps en cours de route, certains si absurdes que tu ne me croirais jamais.

Je suis donc rentré dans mon petit coin loin d’être confortable très récemment, mais je pense que je vais devoir bouger encore tout bientôt. A force de déplacement, je ne finirai donc jamais ce recueil ! Mais le travail n’attend jamais vraiment, je suppose que je ne t’apprends rien.

J’espère que tu vas bien, ces temps. Rien n’est jamais vraiment évident, il faut dire, surtout avec le chaos qu’il y a en ce moment dans le Sud. La Perle arrive à tourner dans des conditions pareilles ?

Au sujet de mes petites recettes, je ne pense pas que je pourrai en tirer un commerce digne de ce nom : très rapidement, que ce soient des opposants ou de nouveaux concurrents, on tenterait de me mettre de bâtons dans les roues. Et ne t’en fais pas pour mon image : tu serais surprise du nombre de gens qui la trouvent séduisante, .. pour une raison que je n’explique pas vraiment.

J’apprécie ton intérêt à me proposer des endroits viables pour ma plume et moi, mais Orlaïs me va : j’ai cette amour-haine inexplicable avec ce trou à rats que, je pense, je ne trouverai nulle part ailleurs. Essentiellement car j’aimerais beaucoup les autres nations en comparaison.

Egalement, je suis ravi de constater qu’une pensée adressée à ma personne te fait songer à connaître le prix pour en finir avec la Guerre qui secoue Orlaïs. Je suis charmé par une telle association biscornue d’idées.

Quant au responsable de l’explosion de la Chantrie de Kirkwall, je l’ai vaguement rencontré il y a quelques années en arrière .. Il semble très instable, sans pour autant manquer de lucidité : tu te doutes, je suppose, que je retrouve certaines de mes opinions en sa personne, et que je suis assez admiratif de sa prise d’initiative. Mais cela reste évidemment entre nous, j’ai déjà assez de scandales liés à mon aversion pour cette institution empoisonnée sur le dos.

Au plaisir de te revoir un jour, jolie petite chatte.





PS : Je ne vais pas te dire que le polyamour ou la polygamie est la meilleure option possible dans une société comme la nôtre. Je ne te dirai pas non plus le fait que l’idée du mariage est de toute façon une tradition obsolète mise en place par la Chantrie pour asseoir son pouvoir et manipuler les riches comme les moins riches. Et je ne te dirai pas non plus que le libertinage n’est pas si mal, sans prise de tête, sans choix que tu regrettes à la fin.