Fantôme des Tréfonds (PV Bethany)

Devant rejoindre plus tard Dorian pour boire un verre après notre première réunion, je profitais de mon temps libre pour me balader un peu dans Fort Céleste. Mon déguisement était toujours opérationnel, ma capuche sur la tête, restant muette et le regard vide pour rester dans mon personnage d'apaisé. Il était assez étrange de revenir ici et de voir les changements. En quelques mois il s'en était passé des choses. Je remarquais qu'il y avait plus de monde, mais également que la plupart des réparations étaient presque terminés. Je me retenais de sourire, pensant qu'avant je n'aurais pas hésité à répandre de nouveau la pagaille en harcelant telle ou telle personne. Mais là pour une fois je me la jouais discrète, au moins jusqu'à ce que je retrouve des vêtements plus seyant. Être une apaisée ça va bien une heure, mais au delà cela devient fatiguant. Qui l'eut cru que rester sans expression demanderait autant d'efforts ?

Pour un peu plus de tranquillité et moins de tentation, je fuyais à pas mesurés la cour principale pour trouver un lieu plus calme. De ce que je me souvenais, les remparts étaient un bon lieux mais sans doute qu'on me cherchera là bas. Les jardins étaient une bonne option, surtout que si je me débrouillais bien je pourrais trouver un endroit isolé pour faire une sieste, aka méditer. J'arrivais aux jardins, qui n'étaient pas vraiment désert vu le beau temps mais qui restaient bien plus silencieux et apaisant. Les gens venaient pour discuter sur des bancs à voix basse, ou bien s'occuper des plantes, lire tranquillement etc... C'était une toute autre ambiance que le foisonnement d'activité dans la cour. Je marchais d'un pas tranquille, comme une personne venant chercher ici une révélation quelconque ou la paix intérieure. Techniquement c'est ce que je faisais, je cherchais la révélation de l'endroit le plus confortable et discret pour faire am sieste, soit la véritable recherche de la paix intérieure selon mes critères.

Mais là, au détour d'un angle, dans un endroit un peu isolée et juste couvert par l'ombrage, je reconnu un uniforme et une silhouette familière. Quelque chose que je n'aurais pas pensé retrouver ici. L'uniforme des Gardes des Ombres, et les cheveux corbeau de Bethany. Je m'imobilisais alors que j'étais à une dizaine de mètres d'elle, n'osant presque pas respirer. La dernière fois que je l'avais vu, c'était dans les tréfonds lors de la prise du thaig orthan, quand elle a essayé de me sauver alors que je tombais dans la rivière souterraine avec l'ogre. C'était étrange de repenser au moment où j'avais (encore) failli mourir. Je me souvenais l'avoir poussé avant que l'ogre ne nous fonce dessus, et m'emporte vers la rivière. Est ce qu'elle s'en voulait ? J'espérais que non. La mort est chose courante chez les Gardes des Ombres, et puis je ne l'avais croisé que deux fois au final, donc pas une personne très proche. Mais en repensant à la réaction de Dorian... Je me pinçais les lèvres, pensant que peut être elle avait aussi ressenti quelque chose à ma mort. Et cela... me dérangeais. Je ne voulais pas que l'on s'en veuille pour ma mort, surtout que j'étais la première à me mettre dans des situations pas possibles. Je l'avais répété à Léopold maintes fois, mais Bethany n'avait sans doute jamais entendu ce discours sur ma personne.

Je me décidais à m'avancer, souriant légèrement. Maintenant que je suis là, il faut bien lui annoncer que je suis vivante au final, non ? Si avec ça son regret peut s'en aller, et moi de mon côté observer une nouvelle expression des gens qui me retrouvent vivantes, cela ne peut être qu'intéressant. Je m'approchais à pas feutré, la regardant lire son livre sans faire attention à ce qui l'entoure. Elle semblait aller bien, mais je me demandais cependant ce qui l'amenait ici. Moi qui croyait que l'Inquisition ne voudrait plus des Gardes après mes frasques, à croire que les choses changent. Ou alors c'est lié à Hawke ? Peu importe, je finirais bien par le savoir. Mais avant ça, je devais m'annoncer et célébrer nos retrouvailles. Je m'arrêtais à un mètre d'elle, ma tête toujours cachée sous le capuchon. Elle ne réagit pas de suite. Je ne pus m'empêcher de sourire, et cette fois je me laissais à parler de ma voix chantante d'antivane si nonchalante.

"Tiens, vous ici très chère ? Heureuse de voir que les Tréfonds ne vous ont pas gardé, cela aurait été dommage."

Je souriais un peu plus, savourant la tête qu'elle faisait. D'un geste je retirais ma capuche, dévoilant ainsi mes cheveux blanc, le symbole des apaisés sur mon front qui ne s'était toujours pas enlevé, mes yeux qui n'étaient plus ceux de démon, et mon sourire malicieux. Mes yeux rieurs se posèrent sur elle, et je finissais par me mettre à rire plus franchement.

"Ha ha ha ! Et quoi ? On dirait que vous avez vu... un fantôme. Je dois dire que cette expression est presque aussi bonne que celle de Dorian, fu fu fu ~...."

Et oui, je suis de retour, bien vivante. Va t'elle me frapper, hurler ou se mettre à pleurer comme Dorian ? J'avais hâte de voir ce qu'elle allait me réserver, et découvrir ce qu'elle pouvait penser de moi. Etrangement, à voir les réaction des gens je redécouvrais les émotions auxquelles je n'avais jamais fait attention avant quand j'avais le démon. Curieuse, je voulais voir le meilleur et le pire, confronter ce qu'ils ressentaient à l'effet que ça me faisait à moi. Après tout, tout me semblait étranger à présent.

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Ça fait assez longtemps que je suis à Fort Célèste pour me sentir à l’aise en ses murs ainsi que dans les milieux publics de l’endroit. Maintenant, soit les gens me croient assez sympathique, soit ils m’évitent, soit ils sont mes amis. Mise à part le manoir Hawke que je n’ai pas encore vu, mais je le sens dans mon coeur, cet endroit est le plus beau au monde. Je suis particulièrement gaga du jardin avec sa quiétude et ses bonnes odeurs. Sentir autant de vie autour de moi me fait oublier ma condition. Le seul défaut que je peux trouver à ce petit paradis est le fait que, comme à Fort Bastel, je suis obligée de garder ma robe de mage des ombres. Oui, oui, c’est dans un but diplomatique important et cette simple raison me suffit amplement pour ignorer ce léger désagrément, mais lorsque je vois des convives arriver depuis les remparts avec leurs jolies robes, je suis plutôt jalouse. Et il y a aussi le fait que, par un extrait de folie hors du commun, la Commandeur-Garde Finduilas m’a nommé Intendante. Gérer Fort Bastel à distance est difficile et demande beaucoup d’aller-retour, doublé de l’alliance avec la Couronne qui me demande aussi quelques déplacements, je ne suis pas autant au bastion de l’Inquisition que je le souhaite. Heureusement, Kaldenis semble être plus que coopérative face aux liens qui nous unis. … Ceux entre nos factions hein !! Le reste est merveilleusement accessoire (non.).

Et il ne faut pas que je commence à parler de la bibliothèque ! C’est un véritable fantasme et Dorian a eu la gentillesse de m’aiguiller à quelques reprises pour m’aider à me repérer dans celle-ci (en me disant à plusieurs reprises que les écrits traitant l’Empire Tévintide sont des ramassis de conneries). Bref, Fort Céleste fait pâlir de honte la mince collection que j’ai acquéri à Kirkwall et Golefalois, même si j’ai quelques … Exclusivités. Merci Isabela (non). Je dois admettre que mon temps à Fort Céleste est fait pour me reposer. Mon seul devoir est d’assister aux rencontres officielles et de m’entretenir avec l’Inquisitrice … Comme si ce dernier cas était un devoir. Tandis que Fort Bastel est l’endroit où mes cernes creusent tellement qu’on pourrait les appeler tréfonds. Bref, c’est pour ça qu’aujourd’hui je me prélasse dans les jardins, à l’ombre et à moitié étendue dans l’herbe, le nez plongé dans un livre d’enquête orlésien. Ce n’est pas du tout mon style de littérature, mais c’est l’oeuvre orlésienne la plus accessible que je connaisse et cet empire à tendance à me donner mal à la tête. Je prend le temps de faire une pause pour laisser libre cours face à ma consternation du chapitre que je viens de terminer - qui traite exclusivement du paysage d’automne de la demeure d’un duc dont j’ai déjà oublié le nom - lorsque j’entends une voix que je ne suis pas supposé entendre. Une voix que je pensais ne plus jamais entendre de mes 20 minces années à vivre. Je relève les yeux en croisant le regard de … TULLIA ?! Je ne sais pas c’est quoi le plus ridicule, mes yeux écarquillés ou le fait que j’utilise ma magie de Force pour la repousser tandis que je me relève à la vitesse de l’éclair, comme si c’était un hurlock me prenant par surprise. Je suis sur le point d’apostropher le démon devant moi lorsque je réalise que ses yeux sont … normaux ? Et en plus elle éclate de rire. C’est Tullia. C’est vraiment elle. Comment ? Je ? Quoi ? L’incompréhension sur mon visage la fait encore plus rire. J’ai envie de la frapper.

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“ J’ai envie de te frapper ! „

J’ai hurlé cette affirmation on dirait, vu le nombre de têtes se tournant vers nous. Dans ma tête, c’était supposé être un souffle incrédule … Oups ? Mes émotions sont intenables et je sens les larmes monter à mes yeux. Au diable les formalités et les titres, après avoir saigné côte-à-côte dans les Tréfonds, nous sommes des soeurs ! (Merde, je pense vraiment comme une Garde maintenant …) D’une foulée, je franchis la distance que j’ai mis entre nous et prend Tullia dans mes bras. Des larmes silencieuses coulant sur mes joues tandis que je retiens des sanglots.

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“T’aurais pu m’envoyer une missive ! J’sais pas un truc du genre “une chute de 1000 mètres c’est pas suffisant” avec un dessin de clin d’oeil quelque chose ! T’étais où ? Tu faisais quoi ?? Tu te rends compte que ça fait des semaines ? Voire des mois ? „

La réaction de Bethany fut presque aussi intéressante que celle de Dorian, en peut être un poil plus théâtrale et plus amusante. J'avais vraiment l'impression qu'elle allait me lancer une boule de feu, encore plus quand elle me cria dessus pour me dire qu'elle allait me frapper. Là, je ne pus m'empêcher de rire, toujours aussi provocante et malicieuse dans ma réponse.

"Ha ha ha ! Je sais, c'est ce qu'ils disent tous ! "

Je riais, cependant je n'étais pas sereine pour autant. Je me tendais légèrement quand elle bondit vers moi. Elle allait vraiment me frapper ? Y'a du monde pourtant, quoi que les Hawkes sont pas du genre à... ha ben non en fait. C'est calin et pleurs, comme Dodo. C'était intéressant de voir ce même genres de réactions, et je me demandais toujours pourquoi. Mais contrairement à Dorian, je répondis à son étreinte plus facilement, l'enlaçant à mon tour et souriant avec plus de douceur. Grâce à Dorian je savais quoi faire maintenant, comme quoi l'entrainement ça sert. Je l'écoutais me demander le comment du pourquoi, me dire que j'aurais pu au moins envoyer une lettre qui, vu le contenu, semblait très bien résumé ce que j'aurais pu en effet écrire. Je la gardais dans mes bras un moment, essayant de m'expliquer un minimum.

"Je suis désolée, mais c'était bien compliqué, et je préfère pour l'instant que l'on pense encore que je suis morte. D'où mon déguisement d'ailleurs. Mais je serais bien aise de le quitter rapidement. Parler de façon monotone sans cesse et rester sans expression, c'est plus fatiguant que ce que je pensais..."

Je m'étais légèrement écarté d'elle, pour qu'elle puisse me laisser respirer autant que me voir un peu mieux. Après tout, j'étais encore sous ce déguisement d'apaisée, avec le faux marquage au fer rouge sur mon front. Je la regardais avec une légère tendresse, me disant qu'elle avait du s'en vouloir vu sa réaction. Et j'étais bien plus disposée à répondre à tous ses questionnements, surtout que j'en avais aussi, notamment par rapport au départ de Wulf. Du temps s'était passé, trop peu ou pas assez selon les points de vue, mais je gardais les comptes pour tout le monde.

"Pour être précise, cela fait un peu plus d'un mois et demi, presque deux en fait. Je peux tout t'expliquer, je te dois au moins ça. Mais peut être... dans un endroit plus calme du jardin. Là, tu viens de faire peur à tout le monde. "

Je jetais un regard vers les autres personnes dans le jardin, qui nous regardaient comme des animaux exotiques. Oui, parler de la suite va demander un peu plus d'intimité, surtout que cela concerne les gardes des ombres.

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