Vin rouge et tâches de vinaigre - Eloïse

Étrange va et vient que celui de deux corps qui s’égarent, se cherchent, s’éloignent pour mieux se contempler. L’orlésienne semble beaucoup s’amuser dans ce jeu où elle domine, inaccessible, contemplant de son regard amusé l’étranger se débattre avec les règles étranges qu’il lui faut assimiler, lentement. L’éventail se dresse, et elle s’éloigne, mur de verre qui se dresse entre eux, en dissimulant peut-être un autre. Si proche, et pourtant si inaccessible.

Il ne parvient pas à dissimuler la déception qui perce à son regard, ni l’agacement de la voir virevolter à nouveau, oiseau de proie défiant la gravité. « Votre curiosité, si tout à votre honneur, est bien compréhensible. Qui ne le serait pas en découvrant pour la première fois notre magnifique empire … »



« … et ses richesses ? »

Sa posture l’invite mais son éventail le repousse, dualité pénible pour le prédateur qu’il sent battre dans ses veines. Un sourire poli se dessine sur son visage, et il tente de changer de cap, une fois encore, pour la tester elle aussi.

« L’attrait de votre empire est indéniable, ma Dame, et je suis ému de pouvoir en être l’humble témoin. La curiosité me dévore, vous le voyez, et je suis certain que vous auriez fort à gagner à vous pencher vers d’autres terres, d’autres inconnus, qui sauraient très probablement vous être tout aussi profitables. »

Il lève la main pour interpeller une serviteur elfe à l’embrasure de la porte, et s’empare d’un verre de vin à son plateau d’argent. Il la congédie d’un geste de la tête. Ses lèvres se plongent dans le liquide carmin, et son regard se fait plus insistant, plus pressant, comme pour rompre le lac de glace.