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Jeu 30 Juil 2020 - 13:39

Anonymous
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A Tevinter, on parlait peu de Ferelden. Cette nation n’avait jamais été au centre des préoccupations de l’Empire, trop éloignée, moins encline que sa voisine orlésienne à leur envoyer des hordes de templier au nom de la bonne parole contre l’hérésie et la décadence. Oratius n’était pas homme inculte, il en savait à son sens assez, mais il n’avait jamais encore eu l’occasion de venir visiter ces terres qui portaient encore haut leur héritage tribal et leur système politique unique en son genre. Le voyage par la mer avait été long mais sans accroc, et il découvrait donc enfin Denerim, la cité qui avait résisté au dernier Enclin, siège du Roi, Alistair le Garde des Ombres, bâtard héros de guerre. Il devait reconnaître que la cité était plutôt impressionnante, bien que délabrée, et qu’elle vibrait d’une vie différente de celle de Val Royeaux ou des cités marchéennes. Plus authentique, plus franche aussi. C’était là une caractéristique tout à fait remarquable, et très plaisante.
La Main Gauche du Divin n’avait pas été en mesure d’anticiper le temps qu’elle resterait sur place. Elle avait la ferme intention de faire la rencontre d’Anora, la conseillère royale, mais ne pouvait anticiper ce qui allait en découler. Ses agents étaient restés en Orlaïs, et il se retrouvait sans filet de sauvetage. C’était moins sûr, certes, mais beaucoup plus excitant de la sorte. Et Capheus ne viendrait pas empiéter sur son terrain de jeu ici.

Il n’avait pas eu trop de mal à trouver une auberge, pas très loin du marché central et du palais royal, et il avait passé ses deux premiers jours à arpenter la ville, goûter à ses plaisirs, dans l’attente d’une réponse de la part d’Anora, maintenant qu’il lui avait signalé de sa présence. A vrai dire, cette attente le rendait anxieux, car il était conscient d’avoir grandement compromis sa posture diplomatique en répondant si impulsivement à sa dernière missive. Chien de garde, il pouvait être fier et mordant, mais il aurait du surmonter son égo pour le bien de sa mission. On parlait d’enjeux sérieux ici, de vraie diplomatie, face à une femme rompue à cet art et tout aussi habile que les grands Joueurs d’Orlaïs. C’était la Main Gauche, et il devait faire preuve de maîtrise là où celle de la Main Droite était déficiente. Décevoir le Divin serait un échec cinglant, et il avait donné toutes les cartes à Anora pour dominer l’échange selon ses termes.
Au troisième jour, il reçut une réponse positive de l’intéressée, et fut invité à se présenter au palais dans l’après-midi, sans armes. C’était une précaution logique, et il était prêt à faire preuve d’un peu de bonne volonté. Il restait mage bien sûr, mais il soupçonnait que la Couronne ait gardé quelques templiers sous son aile au cas où, et qu’on ait pris les mesures pour faire face à ses prédispositions en cas de besoin. Bien entendu, cette entrevue pouvait se révéler être un piège et lui pris en otage, mais il ne pensait pas que Ferelden se résoudrait à ce genre de diplomatie face à Tevinter dans le contexte actuel. Il savait aussi que si cet affront était fait, Capheus serait mis au courant rapidement, et qu’il n’était pas bon de le voir débarquer sur place pour régler un différent.

On l’escorta dans une successions de couloirs. Il s’était habillé pour l’occasion, portant une tunique en soie rouge et un pantalon en velours brun : sobre, le but n’était pas ici de faire débauche de richesses, mais de se comporter en diplomate. Être présentable, mais un peu en dessous des standards d’une personne de stature. Il n’avait pas apporté d’armes, et n’en avait donc pas laissé à l’entrée – malgré une fouille de circonstances. Finalement, il arriva dans un riche bureau. Anora était présente – ce qui était rassurant en soi – et Oratius posa genou à terre.
« Ma Dame, très noble Anora, je me présente humblement à ce jour pour que nous puissions échanger sur l’avenir de nos deux nations. Je vous remercie du temps que vous aurez à m’accorder. » Il déglutit un instant, tant les mots qu’il avait préparé pour la suite avaient du mal à franchir ses lèvres. « Et je tiens à vous présenter mes plus sincères excuses pour la tonalité de mon avant dernière missive, qui a pu, je le crois, être offensante. Parfois, certains mots échappent à la pensée. »

Mar 18 Aoû 2020 - 18:36

Anonymous
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Mots bleus et Crocs Rouges


Au milieu des contrées de Ferelden considérées comme sauvages et inhospitalières par les étrangers, Denerim avait tout du petit miracle de vie. La cité se faisait joyau de la civilisation sur la façade Est de ce bout de terre du Sud, dernier phare avant les contrées barbares. Du moins, c’était l’idée qu’Anora se faisait de la cité, SA cité, quand bien même n’en était-elle pas la reine. Elle l’avait été, aussi le restait-elle, d’une certaine manière. Certains avaient du dédain pour elle, mais se souvenaient bien vite, par sa seule présence, de ce qui avait été son statut… Et de ce qui demeurait encore son rôle : celui de gouverner. Après tout, ce n’était pas suffisance de sa part de le croire, elle le prouvait, jour après jour. C’était bien la seule raison qu’elle était encore là, et pas la tête plantée sur une pique. Elle était gênante, elle le savait que trop bien, mais on la maintenait en vie pour ses talents, ceux qui avaient fait perdurer son royaume au milieu du chaos. Cette place, c’était ce qu’il lui restait, et qu’elle refusait qu’on lui arrache. Elle lui revenait de droit.

De ses mains longues et pâles, dont la robustesse prouvait pourtant le maniement de bien autre chose que la plume, elle venait apposer sa signature à la fin de son écrit. Un des nombreux qu’elle rédigeait tous les jours, destiné à la reconstruction de son royaume, lequel ne semblait ces derniers temps exister que pour subir les assauts d’un malencontreux destin. L’Enclin, les guerres civiles, les guerres entre mages et templiers… Ca n’en avait plus fini, mais le Créateur soit loué, les dernières pagailles étaient désormais derrière eux. Les routes, jusqu’ici danger mortel avec les affrontements entre ces deux bandes de scélérats, allaient pouvoir être défendues sans craindre de tomber sur quelques dangereux jeteurs de sorts. Certes, elle avait entendu parler de ces rumeurs concernant les atrocités des templiers renégats, mais la force de l’Inquisition semblait décidée à lutter contre. Chose qui ne lui plaisait qu’à moitié, d’ailleurs…

Elle s’interrompit en entendant frapper à la porte, relevant son regard sévère pour intimer le nouveau venu d’entrer. Une silhouette longue, parée d’un costume précieux, s’avança dans la pièce. Il s’inclina face à elle, présentant un sourire courtois au dessus d’une barbiche taillée soigneusement. Anora ne prit pas la peine de se relever, et si elle répondit à son expression par politesse protocolaire, ses yeux demeuraient glacés.
“Salutations à vous, sir Herman. Que puis-je pour vous ?„

Ses mots auraient pu paraître aimables aux oreilles profanes, ou presque. Il y avait toujours un je ne sais quoi de menace pesante, comme si la tempête n’était jamais loin. Pour Herman, habitué à la chose, il savait que trop bien qu’il était plus prudent de ne pas s’amuser à trop la titiller, sous peine d’y voir son bras arraché. Quand ce n’était pas autre chose.
“Un message de la part d’un visiteur étranger, qui souhaiterait s’entretenir avec vous. Il a insisté, comme quoi vous auriez eu une correspondance et que vous aviez accepté de le recevoir.„

La Main Gauche du Divin, je présume ?„

Il était plus que rare que les ambassadeurs s’adressent directement à elle. En général, c’était directement le roi que ceux-ci s’escrimaient à vouloir contacter. Elle était plus discrète, même si ses propres qualités de représentante étaient connues. Et Alistair, malgré toutes ses méconnaissances, avait le contact facile, à défaut du savoir protocolaire. Les gens s’attendaient donc plus aisément à ce qu’il leur soit favorable, contrairement à la reine veuve. Mais hélas pour eux, et heureusement pour le royaume, Alistair n’était pas complètement stupide. Idéaliste, certainement, mais pas un parfait idiot, fait rare pour être mentionné.

Anora tapota de ses longs doigts sur la table, produisant un son mat et discret, comme si elle réfléchissait. Le visiteur attendit poliment qu’elle s’exprime, gardant les mains dans son dos d’une manière toute militaire, bien droit.
“Je présume que notre invité ne connaît pas encore bien le protocole pour s’annoncer à la dernière minute.„

“Je lui ai précisé que vous étiez occupée aujourd’hui. Il n’a pas réclamé de traitement de faveur particulier. „

Anora acquiesça, se redressant sur son siège.
“Alors il attendra.„

Mots bleus et crocs rouges - Anora - SMJ Ligne11

Ce ne fut que deux jours plus tard qu’elle accepta de recevoir l’ambassadeur tévène. Comme il avait été conclu, ce fut dans son bureau que la Main Gauche du Divin fut accueillit.

La salle, de forme octogonale se trouvait dans une des tours, éclairée par quelques fenêtres à volets. Les murs étaient tapissés d’étagères, où s'entassaient les rouleaux de parchemins et documents, tous soigneusement classés, rangés, mis parfois sous clé dans des placards aux vitres de verre opaque et gondolé. Certains, se trouvaient dans un imposant coffre marqueté placé sous la fenêtre. Sur sa table de travail, on pouvait y constater un écritoire, avec collection de plumes et d’encres, toutes aussi impeccablement placées, de manière quasi maniaque.

Elle ne se leva pas quand on frappa à la porte,, se contentant de relever la plume qui grattait contre le papier, venant la reposer tout en prononçant un “Entrez.” sec. Herman ouvrit la porte pour introduire auprès d’elle le diplomate tévène, sur lequel elle promena un regard égal. Ce dernier mit immédiatement genou à terre, présentant les hommages coutumières, avant, elle le nota, de s’excuser pour sa dernière lettre, à laquelle elle n’avait même pas pris peine de répondre. Elle eu un rictus intérieur, un de ceux qu’elle n’affichait pas. Elle se releva enfin, venant incliner le port de la tête avec une élégance toute calculée, un sourire aimable sur les lèvres.
“Merci, sir Herman, vous pouvez vous retirer.„

L’homme s’inclina de bonne grâce avant de fermer la porte derrière lui. Les deux étaient désormais seuls, Anora restant debout derrière son bureau, toisant de sa hauteur l’ambassadeur. Ses longs doigts tapotèrent la table, comme à son accoutumée, le son étant le seul à ponctuer le silence.
“Vous pouvez vous satisfaire que je sois la seule à avoir lu ces lignes, et que ma curiosité a été suffisamment piquée au vif. J’aurais pu tout aussi bien porter ces lettres à des yeux beaucoup plus irrités par vos propos, ce qui, vous comprenez, aurait été très indélicat pour une quelconque entente.„

Ses yeux vinrent se porter un instant sur la fenêtre, avant de revenir à l’ambassadeur.
“Du reste, quand bien même vous savez vous vendre, j’ai ouïe dire quelques rumeurs que vous avez eu l’intelligence de taire, mais que je serai ravie d’évoquer. Pour autant, j’apprécierai vous entendre avant cela. Qu’est-ce qui vous amène à songer à cette entente, quelles sont vos raisons ? Après tout, nos pays n’ont jamais réellement eu à faire l’un à l’autre, jusque là, pourquoi ce soudain revirement de votre part ?„




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