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Ven 28 Aoû 2020 - 23:45

Elvire
Elvire

 

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Le buffle et le chat sauvage


9:40
Elvire a 35 ans. Elle est Hissrad.
Depuis des années, elle parcourt les contrées.
Mercenaire Tal-Vashoth


Les marches solitaires étaient un parfait terrain de jeu pour les mercenaires. Instables, dangereuses, ces contrées regorgeaient de travail. Un convoi sans escorte était certain de ne pas arriver à sa destination, c'est ce qui se disait, en tout cas, dans les tavernes. Ce n'était pas si faux, cela faisait plusieurs mois qu'Elvire avait rejoint cette compagnie mercenaire et le travail ne manquait effectivement pas. Pourquoi rester aussi longtemps ici et ne rien faire d'autre que de vivre l’existence de son mirage ? Certainement parce qu'elle s'était un peu trop fait voir au nord et qu'elle avait été relocalisée tout au sud, perdue loin de tout... ah, parfois, il naissait au coin de ses lèvres un goût amer. Il n'y avait ici ni coup politique, ni renseignements croustillants, ni intérêt quelconque. Des paysans, des ours, des bandits, cette contrée rurale où elle avait échoué n'avait définitivement rien d'intéressant à proposer. Si au moins elle avait pu se trouver à Golefalois...

Pourtant l'Hissrad n'avait pas même pensé protester. Oui, c'était absolument normal qu'elle consolide son rôle et s'éloigne. Il ne pouvait être que profitable de faire gagner en proportion sa réputation de mercenaire. Plus son rôle était important, plus elle devenait Elvire, plus elle aurait de facilité à passer inaperçue. Et ce, malgré sa taille impressionnante, dépassant les deux mètres. Elle avait même changé son apparence, laissé pousser ses cheveux en une lourde masse blanche qu'elle torsadait en une tresse. Elle avait décidé d'orner ses cornes de bijoux de métal, percé une oreille. Son vitaar était également diamétralement différend, une forme étudiée, compliquée de rouge et blanc. Des motifs géométriques dont elle-seule, et les siens, connaissaient le sens.

Leur camp principal se trouvait non-loin de Golefalois, à une journée de cheval, au sud-est. Il avait été adroitement choisi, non-loin d’un petit village paysan qui leur assurait un ravitaillement constant. Elvire observa les fortifications de bois, rondins de bois hérissés aux pointes affutées. Ils s’étaient appliqués et c’était suffisant. Cette compagnie était puissante, nombreuse et sans une petite armée, il était impensable de s’y attaquer. Les mercenaires étaient trop intéressés par l’argent pour se quereller entre eux et les bandits trop désorganiseés Quant aux autorités ? Finalement, ces troupes rendaient de fiers services et tant qu’ils se tenaient à carreaux, ils travaillent avec la bénédiction tacite du Iarl.

“Tu verras, elle peut faire un peu peur, mais elle parle très bien notre langue. C’est la première fois que tu en rencontres un ?„

Inutile de deviner que c’était d’elle qu’on parlait. Elle ne daigna lever la tête et continua à aiguiser son poignard. Sa vision périphérique lui permit de savoir que deux personnes s’approchaient d’elle. Il semblerait que sa petite pause, contre son arbre, à l’écart de la place principale, derrière un baraquement touchait à sa fin.

“Elvire. Je te présente Staska. Elle a été testée par Rupen depuis quelques semaines. On va l’engager dans les éclaireurs. Comme c’est une femelle, j’te la confie. Tu lui montre son pieu, explique la bouffe, tout ça... Elle fait désormais partie de ton équipe.„


“Hm. D’accord.„


Le poignard regagna son fourreau à sa ceinture. Un geste filé et rapide, une dextérité étonnante pour des mains aussi larges. Elle se releva et toisa de toute sa hauteur l’humain et celle qui l’accompagnait. Si l’homme était un guerrier large et impressionnant, il semblait presque chétif face à la taille et la carrure de la qunari. Le contraste était d’autant plus choquant avec Staska. Alors qu’Elvire s’approchait de quelque pas, l’homme les laissa seule sans plus de formalité. Elle observa brièvement la jeune femme qui se présentait à elle. Son accoutrement et sa chevelure était ce qui se remarquait en premier.

“Bienvenue dans l’équipe, alors.„

La voix grave égraina les mots sans peine, ni hésitation. S’il subsistait une ombre d’accent dans les intonations, elle s’exprimait bien mieux que la plupart des paysans du coin. La langue commune était une chose assimilée et parfaitement maîtrisée pour la qunari qui errait en ces terres depuis de nombreuses années.

“On va se dépêcher de t’installer, on part sous peu escorter un convoi de Golefalois à Lothering.„
 

Elle poussa la porte du baraquement qui lui faisait dos et entra en se baissant. L’endroit était petit et austère. Il y avait une pièce avec plusieurs lits, une seconde avec une table et quelques tabourets. Une cheminée contre un mur et une armoire. La visite se faisait à proprement dit en un coup d’œil. Dans le dortoir, certains lits semblaient inoccupés. Près de la fenêtre, un tas de couverture était roulé au sol.
“Je dors-là par terre. Prends le lit de gauche. La naine ronfle, il vaut mieux être loin d’elle. Les autres lits sont inoccupés si tu préfères. Prépare un sac pour le voyage, je t’attends dehors.„
 
Sans lui laisser réellement le temps de réagir, la créature cornée sortit, sans oublier de se baisser et referma la porte derrière elle. Tout ceci promettait d’être intéressant, songea-t-elle.



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Dim 13 Sep 2020 - 15:48

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Le buffle et le chat sauvage


Il y a des souvenirs qui s’effacent quand le corps prend le pas sur l’esprit. De sa fuite, Staska ne se souvenait presque rien, si ce n’était son souffle qui se perdait, la douleur dans les membres, le froid de la boue.. Il y avait bien eu cette rencontre, sur le chemin, un homme en armure, mais là non plus, elle avait l’impression de ne pas s’en souvenir réellement. Comme un rêve qui s’évapore une fois revenu à la réalité. Et cette réalité, c’était la chaleur soudaine, douillette de paille et de foin, où les bêtes, mises à l’abri, l’avaient acceptée sans rechigner. Elle avait dormi longtemps, peut-être trop, avant de s’éveiller. Le son des oiseaux et la lueur du soleil étaient venus caresser ses oreilles et son visage, l’extirpant de cette quasi mort pour la faire revenir à la vie. Elle sentait ses membres cassés, brisés, par la course forcée. Tout son corps qui lui réclamait du repos, des soins, et elle obtempéra. L’effet d’urgence était comme dissipé, et elle avait pu se laver, soigner ses brûlures, jeter certaines frippes au feu, aller chercher quelques baies et petits animaux pour se sustenter, et surtout, dormir, encore et encore, dans le moelleux du foin, contre les flancs des bêtes. Ce ne fut que le lendemain qu’elle fut débusquée, chassée, ses pieds nus foulant le sol à toute vitesse. Elle avait alors commencé le vagabondage, tirant ce qu’il lui fallait ci et là, dans ces terres qu’elle ne connaissait en rien.

Elle était ailleurs, un autre monde, celui dont Grazyna lui avait beaucoup parlé : le monde des habitats de pierre et des villes. Pour autant, de la pierre, elle en avait peu vu, si ce n’était des ruines, des remparts, et des châteaux lointains. Le reste lui paraissait parfois semblable à son ancien village, et en même temps, si différent. Ici, ce qu’elle était, elle le savait, n’était pas la bienvenue. Les hommes de la pierre détestaient ceux qui avaient le pouvoir de la sorcellerie, et les enfermaient comme des monstres, loin de la lumière du soleil.

Le temps de la belle saison, elle avait pu vivre ainsi, sillonnant les routes sans de mêler à qui que cela soit, prenant ce qu’il lui était utile, vivant à l’écart de tout. Mais bien vite, le temps s’était dégradé assez rapidement, arrosant la chasind de trombes d’eau, tant et si bien qu’elle avait finit par se résoudre à approcher ces hommes.

Ce fut la perspective d’un toit et d’une soupe chaude qui la mena à sa première taverne, non loin d’un lieu appelé “Golefalois”. En entrant, ses si fragiles oreilles furent immédiatement vrillées par les cris et chants des hommes. C’était un groupe hétéroclite, particulière bruyant, dont les rudes tenues laissaient penser à des hommes d’armes. Staska ne savait ce qu’ils fêtaient, mais elle présumait que cela avait à voir avec le jeune garçon dont ils tapotaient tour à tour le dos.

A son entrée, la chasind sembla comme faire impression sur quelques uns d’entre eux qui désignaient les multiples colliers de la jeune femme avant qu’elle ne s’assoit à même le sol devant le feu. Elle ne sut jamais trop ce qui les attira vers elle, si c’était les rumeurs sur la sauvagerie de son peuple, ou la perspective d’un bras en plus en période maigre. Toujours était-il que l’un d’eux finit par l’apostropher, plus amicalement qu’elle ne l’aurait escompté, se penchant même pour tendre une main. Rupen, c’était son nom, lui apprendrait plus tard que c’était un signe habituel de salut, mais à cet instant, elle n’en savait rien. Si elle le fixa très longuement avec l’air de vouloir le déchiqueter au moindre faux pas, pour autant, elle l’écouta lui parler longuement, jusqu’à tard dans la nuit, d’une perspective qu’elle avait préféré ignorer, celle d’un nouveau foyer, d’un groupe qui s’entraidait, et allait chercher sa pitance ensemble, peu importe la provenance. Lui-même, lui décrivit-il non sans un certain brio, était orphelin de l’Enclin, promu à rien, si ce n’était la mendicité, mais avec le groupe, il pouvait aspirer à autre chose. Et elle aussi, peut-être ?
“… Quoi c’est le piège ?„

La question avait été prononcée avec hésitation par une voix cassée, à l’accent roulant des terres sauvages du sud. Un sourire se dessina sur le visage filou de Rupen
“Tu dois être débrouillarde pour rester en vie quand on fera nos boulots. Mais je doute pas que tu le sois, ma grande.„

Sa réponse aurait pu la refroidir, mais étrangement, elle n’en eu pas peur. Elle se laissa le temps de réfléchir, somnolant un peu au coin du feu. D’une part, l’idée d’être entourée d’inconnus, potentiellement menaçants, lui donnait comme une angoisse, de celles que l’on avait quand on avait vécu seul trop longtemps. De l’autre, lui était venue la nostalgie de son foyer d’origine, de l’odeur des feux, du confort des toits, de la douceur de la conversation… C’était cette dernière chose qui lui noua un peu l’estomac, et lui fit accepter la proposition de Rupen le lendemain.

A son grand désappointement, il n’y avait pas qu’elle qui devait apprendre à avoir confiance. Les mercenaires ne la menèrent pas tout de suite à leur camps, préférant la joindre plutôt à quelques petites opérations. Un simple arc et un carquois de flèches lui furent vite donnés. Elle n’avait aucun talent à le manier, mais préférait passer sous silence ce point. Elle pouvait toujours user discrètement de sa sorcellerie pour que les flèches atteignent leur cible. Elle les accompagna ainsi quelques temps, chassant, partant en éclaireur à leur demande, ou se mettant discrètement en embuscade quand on le lui demandait. Elle s’entrainait un peu dans le même temps à tirer, au moins pour faire illusion, ne se mêlant jamais trop aux autres hommes. Jusqu’à ce qu’enfin, on décide qu’elle avait prouvé ce qu’elle valait.

Ils avaient fini par rejoindre le campement principal de la bande. Rupen avait manqué de lui tapoter l’épaule alors que les portes se fermaient derrière eux. La jeune femme avait sifflé entre les dents avec agressivité, faisant rire à gorge déployée le loustic. Il ne manquait jamais une occasion de passer sa main dans ses cheveux roux, à la volée, se placer devant elle avec un sourire soit disant ravageur, tant et si bien qu’elle avait dû le malmener une ou deux fois de croches pattes ou de clé de bras qui l’avait laissé abasourdi à chaque fois, le cul par terre, sous les rires gras de ses hommes. Dieux, qu’elle avait détesté ça et manqué de partir en trombe… Mais de l’autre, Rupen pouvait aussi être plus calme et attentionné, quand il ne se comportait comme le dernier des abrutis. Leurs quelques discussions, ou plutôt, monologues du blond, l’avaient aidées au moins à retrouver cette confiance qui s’était perdue pour les hommes. Et il y avait aussi les autres de la bande, qui si elle ne leur parlait jamais, étaient une présence devenue rassurante avec le temps.

Rupen la confia au chef des lieux, un homme solide au crâne rasé, qui se mit à lui expliquer pas mal de banalités, avant de finalement se rendre avec elle jusqu’au lieu où se trouvait apparemment sa nouvelle meneuse. L’étrangeté prit une nouvelle dimension quand elle vit alors la silhouette se déplier, ses cornes prenant la lueur du jour dans le même temps que les fils d’argent de sa chevelure. Elle en avait que vaguement entendu parler, de la part de Rupen, ou même à l’instant, du chef mercenaire, mais… Staska ne savait que dire, et songeait qu’il n’y avait rien à dire, seulement regarder avec fascination cet être incroyable, qui possédait tant de l’animal que de l’humain. Un être qui ressemblait, et ce parfaitement, aux sculptures qui étaient façonnées par les gens de son village d’origine, afin d’y figurer les dieux.

Les deux finirent par être seules, sans que la chasind n’ai décroché un mot. Elle avait toujours cet air immanquablement renfrogné, farouche, mais ses yeux clairs étaient braqués sur la qunari, signe de son attention. Elle inclina rapidement la tête au mot de bienvenue de la mercenaire, avant de la suivre jusqu’au baraquement. Sur ses indications, elle installa ses affaires, venant planquer comme à son habitude, le baluchon de Grazyna. Du reste elle n’avait que peu de choses. Ses vêtements, elle les avait sur le dos depuis des jours et des jours, elle avait toujours son outre, de quoi grignoter sur elle, ainsi que quelques petites affaires personnelles emportée du village, son arc, et évidemment, son couteau rituel et son bâton. Ce dernier avait beaucoup attiré la curiosité, mais du fait de sa courte taille, personne n’avait jamais songé au fait qu’il pouvait s’agir d’un bâton de mage. Et c’était tant mieux.

Elle finit par rejoindre Elvire après un certain temps. Elle avait placé sur son visage les habituels dessins ocre qu’elle se faisait avant n’importe quelle chasse, rabattant sur sa tête sa capuche en peau, comme si elle cherchait à se grimer. Les cristaux de son sceptre s’entrechoquaient un peu à chaque pas jusqu’à ce qu’elle vienne se placer près de la Qunari, élevant la voix enfin, après tout ses silences.
“Je suis là. Les… Gens de Rupen, ils viennent ?„

Elle pointait un peu les yeux hors de sa capuche, sous une bonne tignasse rousse. Ainsi parée, elle ressemblait presque à un esprit des sous bois venu s’aventurer sur les terres des hommes. Elle claqua la langue, la passant sur ses lèvres sèches, avant de reprendre.
“Et quoi que c’est.. L’escorte, du coup ?„

Mer 23 Sep 2020 - 0:38

Elvire
Elvire

 

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Le buffle et le chat sauvage


Les feuilles ondulent sous son souffle
Il n’est de vent silencieux
Ephémère


“Rien d’important. Un marchand ou un noble assez fortuné pour se payer une sécurité de qualité. Nous ne serons pas seules, si c’est ça le sens de ta question. Je crois que c’est l’escouade de Naltag. Ce n’est pas très important, puisque tu vas travailler avec moi. En éclaireur.„
 

Elle aurait certainement généralement  été plus fainéante dans ses explications, sa qualité de créature humaine la rendant assez peu intéressante. Cela dit, son accoutrement et son accent lui chantait une histoire inédite. A moins qu’elle n’ait simplement été d’humeur assez positive. Elvire s'était donc appliquée à communiquer. Il n’y avait après tout, pas de raison à chaque chose.

“Mon dernier binôme est décédé dernièrement. Et il te fallait quelqu’un capable de te former, paraît-il.„
 

Elle baissa sa lourde tête dans la direction de la chose encapuchonnée. De haut, le regard en coin, de son œil jaune luisant, semblait exprimer quelque chose de très cruel ou intimidant. A moins que ce ne soit l’étrange sourire en coin qui révélait insidieusement une dentition pointue. Elle peut faire un peu peur, avait-il dit. Elvire s’en gaussait intérieurement. Elle pouvait être terrifiante. Surtout pour ses humains qui ne comprenait pas ses expressions. Il était édifiant comme la différence pouvait rendre la vie compliquée en société humaine. Un postulat que la créature encapuchonnée devait indéniablement avoir vérifié. Elle secoua légèrement sa tête, faisant osciller ses lourdes cornes. Elle continua à parler, mais cette fois en marchant.
“Si tu fais ce que je te dis et que tu n’es pas trop bête… tu t’en tireras.„
 
Inutile de lui préciser que l’éclairage dans ce genre de cas relevait plus souvent de la mission suicidaire pour des personnes insuffisamment qualifiée. Cela n’avait rien à voir avec une organisation militaire à proprement parlé. Leur tâche était d’anticiper et déjouer les tentatives d’embuscade, pièges et autres complications organisationnelles. Lorsque l’escorte arrive trop lentement, généralement, les plus faibles n’y survivent pas. Malgré sa formation et son expérience, la qunari n’était pas force de miracle. Cela faisait déjà trois gamins qui crevaient devant ses yeux dans ce genre de contexte. Staska serait peut-être la quatrième.

Elles arrivèrent à une charrette tirée par deux chevaux. Plusieurs hommes d’arme s’affairaient à le charger. Elvire y ajouta son sac et laissa à Staska le temps de l’imiter. Quelques-uns regardèrent l’humaine avec méfiance, d’autres avec indifférence. Le chef de l’escouade, le dénommé Naltag était un nain plutôt acariâtre. Il grogna un, encore avec un boulet dans les pattes. Quand vont-ils me fournir une équipe valable, qui énerva légèrement Elvire. Premièrement, parce que Naltag, était un nain. C’était en soi, une raison en elle-même de ne pas l’apprécier. Par ailleurs, il était particulièrement arrogant et correspond totalement à l’image du petit chiant bruyant. Aboyer était l’une de ses spécialités. S’il traitait ses hommes avec brutalité, il était bien pire encore avec les éclaireurs. Raison pour laquelle, lorsqu’elle travaillait avec, Elvire préférait rester en avant et éviter le convoi au possible.
“Et si tu lui laissais sa chance. Hm ? Et ne m’insulte pas trop, je t’ai sauvé tes fesses quelques fois… „
 
Le nain grinça des dents et haussa les épaules. Elvire, tout en parlant, avait posé sa main sur l’épaule de Staska. Une pression lourde et ferme qui lui imposa de rester droite à ses côtés. Oui, la qunari ferait ce qui était nécessaire pour éviter qu’elle se fasse trouer le corps trop vite. Deux hommes qui étaient là rirent grassement pour détendre l’atmosphère devenue tendue. L’un venta les capacités de la cornue et s’estima satisfait de sa présence. Le nain, conclut, diplomatiquement, en râlant contre leur client trop avare qui ne payait pas assez et l’obligeait à travailler avec une équipe restreinte.

Alors qu’il s’éloignait, Elvire glissa à sa nouvelle camarade un mot encourageant.

“Il n’est jamais content, ne t’en fais pas, on n’aura pas trop à le fréquenter. „
 

Ils furent rapidement à Golefalois. Le client, un marchand humain, avait préparé ses deux charrettes et attendait son escorte aux portes de la ville. Elles n’en virent donc que les toits et murailles. Durant le premier trajet, il ne se passa rien de très important. Par la suite, les deux femmes partirent en avant, laissant le convoi derrière elles. Leur mission commençait réellement. La matinée était déjà avancée et aucun temps de pause n'était prévu dans la première partie de ce trajet. Il fallait donc être attentive et observer le terrain, tout en maintenant une distance suffisamment éloignée et suffisamment proche du convoi principal. Souvent, la créature cornue, à grande enjambée, obligea l’humaine à littéralement courir derrière elle pour qu'elle ne se fasse pas distancer.

Alors qu’elles observaient le chemin en contrebas, dans une zone collineuse, la bufflonne observa l’humaine. Elles avaient bien avancé, la qunari voulait attendre le convoi. L'occasion était donc toute trouvée pour échanger un peu.
“Tu sais te servir de ton arc ? Montre-moi. Vise cette souche, là-bas. Trois flèches, le plus rapidement possible.„
 
Elle désigna un arbre mort, à une cinquantaine de mètres de là. Un tir légèrement compliqué par une brise constante, mais soutenue. C’était un bon moyen pour la qunari de tester sa nouvelle recrue et son arc. Le grand arc qui tronait dans son dos était un gage que les yeux fauves qui observaient Staska étaient indéniablement expert en la matière.



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Dim 18 Oct 2020 - 21:44

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Le buffle et le chat sauvage


Si Staska n’en laissa rien paraître, toute dissimulée qu’elle était sous sa capuche, elle était en vérité quelque peu agacée par la nouvelle. La nouveauté ne lui était pas quelque chose de particulièrement agréable quand il s’agissait d’êtres pensants. Elvire en était déjà une, mais une ô combien intéressante pour les yeux d’une chasind. Pour autant, la nouveauté en question, si elle était belle, pouvait certainement se montrer terrible, dangereuse. Alors d’autres… Elle n’imaginait même pas ce que cela pourrait être…

Pour autant, elle n'opposa pas de signe de résistance, hochant la tête tout en écoutant avec attention la qunari, qui se présentait donc comme sa binôme. Etrange chose… Quand avait-elle eu un binôme par le passé ? Elle en avait formé un, bien particulier, avec Grazyna. Le maître et son apprentie. C’était peut-être le seul que l’on autorisait pour une chamane. Du reste, on s’attendait à ce que la suite ne soit qu’un parcours solitaire, dédié au service des dieux et des hommes… Enfin, si elle était tout à fait juste, il y avait bien eu Lucjan, mais c’était différent, et elle préférait ne pas y songer.

Elle renfrogna davantage son nez devant le regard inquisiteur de sa comparse, dont l’expression était plus qu’intimidante. Elle n’avait jamais aimé ceux qui bombaient le torse pour essayer de la faire fléchir. Sa silhouette fine jouait en sa défaveur, assez clairement, et il n’y avait bien que son origine qui pouvait ne serait-ce que lui permettre d’obtenir un peu de considération.
“M’a déjà dis ça…„

Elle présumait que c’était presque une devise de mercenaire, que seuls les plus habiles de l’esprit pouvaient survivre, quelque chose comme ça. En tant que chasind, elle ne pouvait guère la contredire sur ce point. Le monde était plein de dangers, et l’on devait les contrecarrer, sous peine d’y laisser la peau. Elle resta dans les talons de la qunari, rejoignant l’escouade qui serait désormais la leur. Les regards se posèrent sur elles sans tarder, Staska grognant un peu, comme si elle espérait que cela n’écarte cette attention malvenue. Le nain qui menait l’escouade ne fut pas en reste, ronchonnant un moment en voyant arriver la silhouette encapuchonnée. Staska sentit bien vite la poigne ferme de la qunari sur son épaule, et le contact lui fit l’effet d’une douche froide. Elle s’écarta d’un geste brusque, crachant comme un chat roux et hirsute. Des hommes se mirent à rire derrière elle, tant du fait de l’atmosphère tendue que de sa vive réaction. Si le nain lui lança un regard noir, il finit pour autant par capituler face à la force de caractère de la cornue. Clairement, cette dernière en imposait auprès des autres hommes, et Staska n’aurait été surprise qu’elle finisse par mener elle-même un groupe.

Le reste du trajet se passa sans guère d’encombres jusqu’à Golefalois, la chasind demeurant pareil à elle-même, discrète et silencieuse, la corde de son arc coincée contre sa poitrine. Leur mission commença peu après, sur des chemins davantage accidentés, mais qui ne révélèrent, en premier temps, rien de particulier. Les deux femmes finirent par prendre de l’avance, du fait des grandes enjambées de la qunari. Staska, elle, suivait sans trop de mal, habituée à courir, sauter et grimper depuis l’enfance. Les espaces plus étriqués firent place à une plus large hauteur, d’où elles avaient une vue bien plus dégagée. La qunari l’apostropha alors, désignant une souche proche. Trois flèches. La nouvelle rembrunit davantage la chasind, si cela était possible. Pas qu’elle n’en était pas capable… Enfin, en vérité, elle n’en était pas capable. Pas sans la magie du moins. Et c’était cela le problème. Elle préférait garder cela pour elle. Pas ici, du moins. Elle eu un léger soupir, n’opposant une nouvelle fois aucune réponse, alors qu’elle empoignait son arc, se tournant vers la souche. Trois flèches. Rapides, précises. Bien…

Elle extirpa sa première flèche de son carquois, ses yeux se concentrant sur sa cible. Elle sentait le vent lui fouetter la joue, chose qu’elle devait prendre en considération. Il s’agissait de faire mine de dévier un peu son tir, pour qu’Elvire ne ressente pas l’impulsion magique qu’elle y donnait. Et rester calme surtout. La chasind se plaça comme il le fallait, prenant l’attitude qu’elle avait vu tant de fois sur le visage des chasseurs de son village. Lucjan, par le passé, lui avait déjà fait manipuler un arc, même si elle s’était toujours révélée bien piètre. Ces dernières semaines à s'entraîner sans relâche pour y adjoindre sa magie ne pouvaient que porter leurs fruits.

Elle fit partir son premier tir, se sentant comme mue par l’instinct d’une vie passée à parfaire son art de la télékinésie. Pas de mots, pas de gestes, seulement son esprit devenu pure volonté, celle qui déviait le tir pour qu’il atteigne exactement le point prévu sur la souche. Elle n’eu qu’une fraction de seconde pour quitter cet état, reprendre son mouvement plus terrestre d’attraper une nouvelle flèche afin de la décocher, avant de s’attaquer à ce nouvel exercice. Ce fut un peu plus fastidieux, mais le projectile se ficha juste à côté de sa sœur, sans qu’on y décèle seulement l’artifice utilisé. Peut-être sa pose pouvait elle paraître gauche, ou bien peu professionnelle. Pour autant, elle présumait que cela pouvait être vu comme une fantaisie de chez elle. Elle reproduit les mêmes gestes, les mêmes pensées, sa dernière flèche suivant un chemin similaire. Elle abaissa son arc, levant un visage aussi farouche qu’à l’habituel, sans mot dire. Elle se contenta d’aller prendre ce qui était récupérable sur ses pointes, avant de revenir près de la qunari, prête à continuer avec elle.
“… Ca te va ?„

Lun 19 Oct 2020 - 0:11

Elvire
Elvire

 

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Le buffle et le chat sauvage


Le son sourd de la corde qui vibre
Est un chant profond et envoûtant
Flèche


Elle observa sa posture. La concentration qu’elle y mettait était très perceptible et presque touchante. Cependant, la qunari anticipait la finalité et sa déception était déjà consommée lorsque la flèche heurta la souche. Ah. Les sourcils se haussèrent d’une surprise qu’elle ne chercha pas à cacher. Elle reporta son attention sur la petite qui visait pour la seconde fois. Certainement la chance. Finalement… non. A la troisième flèche, c’est un rire qui conclut l’exercice. Bref, mais sincère, il éclata contre la roche de la pente et raisonna imperceptiblement.
“Eh. Je pensais à voir ta position, que je finirais avec une de tes flèches dans les fesses en combat… mais je dois admettre que tu es redoutablement précise. C’est vraiment épatant ton style... Même si je voulais l’imiter je n’y arriverais pas….„
 
L’archère tira son arc et une flèche de son carquois. Son arme, plus grande et adaptée à la taille son propriétaire était de belle facture. Même simple, la poignée travaillée et reliée de cuir ne pouvait mentir sur son prix et sa qualité. Elle tira sans plus de protocole une flèche, deux, trois. Les mains allaient et venaient avec une rapidité terrible. Elvire tirait depuis qu’elle avait rejoint les Ben-Hassrath à l’âge de douze ans. Depuis lors, elle avait été formée et façonnée pour ce but. Les Tamassrans ne s’étaient pas trompées. Si Elvire n’était pas la meilleure archère du lot, l’expérience et l’entraînement en avait fait une utilisatrice experte. Un tir comme celui-ci ne lui demandait pas d’effort particulier. Elle se concentra tout de même un minimum pour garantir un résultat parfait. Un peu d’orgueil mal placé, n’est-ce pas ? Mais il n’était pas dit que cette gamine ferait mieux qu’elle avec pareil style. Oui, les Tamassrans avaient toujours dit qu’elle avait trop de fierté et elle n’avait jamais su se détacher totalement de ce travers. Surtout si loin des siens… loin des yeux, loin du cœur, qu’importe tant qu’elle accomplissait son travail.


Elle rangea son arme et se tourna vers sa nouvelle compagne. Chassant une mèche de cheveux blanc comme neige que le vent avait délogée de sa natte, elle lui sourit.
“Il n’aurait pas été très juste que je te demande de faire tes preuves, sans te rendre la pareille. N’est-ce pas ?„
 
La question était rhétorique, elle continua.
“Dans ma vie d’avant, j’étais soldat. J’étais Karashok pour le Beresaad. Ce qui veut dire dans votre langue… que j’étais un éclaireur de l’avant-garde de l’armée qunari. Et je suis mercenaire depuis des années. Donc… je peux te garantir que je sais ce que je fais. Je n’aime pas donner d’ordres, mais si je te demande quelque chose, tu le fais sans discuter. C’est tout ce que je demande. Pour le reste, à toi de voir ce que tu veux. Si tu veux rester dans ton coin, ça m’est égal. Si tu veux causer, ça me va aussi. L’essentiel c’est que le boulot soit fait, que toi et moi on s’en sorte entière et qu’on touche notre paie à la fin… voilà, comme ça les choses sont claires. Est-ce que tu as quelque chose à dire à ce sujet ? ou autres ?„
 

Rupen et ses hommes avaient parlé d’Elvire à Staska. Elle savait donc que c’était une Tal-Vashoth. Ce qui correspondait à une sorte d'exilée qui travaillait comme mercenaire pour gagner sa vie. Même s’il était réducteur de la résumer à cela, il était généralement important de la présenter ainsi. Après tout, le Qun inspirait la crainte à beaucoup de personne. Ce n’était pas que sa taille et ses cornes qui faisaient peur, mais ce qu’elles représentaient. Lorsqu’on apprenait à la connaître, de prime abord, la musculature impressionnante, la force et son efficacité achevait ce tableau. Si elle appréciait cet avantage pour faire taire les imbéciles, elle déplorait que cela impose une barrière. Elvire n’avait, fondamentalement, rien d’une brute. Consciente de ces faits, elle avait donc tenu à clarifier les choses. Même si l'invitation était un peu autoritaire... ce qui n'était pas forcément la bonne approche avec Staska. Je verrai bien comment elle réagit et j'ajusterais le tire, pensa-t-elle. C’était après tout très important si elles devaient travailler ensemble.

Pour le reste, elle ne tenait pas à se faire une amie de cette gamine. Staska avait simplement éveillé un brin de curiosité, en raison de ses origines. Jusqu’à présent, la qunari n’avait jamais rencontré de chasind. Ce qu’elle en savait se résumait à des récits de tavernes et autres croyances. Autant dire, que ce n’était pas très flatteurs pour des gens que l’on qualifiait de sauvages, sorciers ou autres petits parasites. L’homme craint ce qu’il méconnait, par définition. Ce n’était pas son cas, bien que … niveau sauvagerie, ce petit spécimen semblait correspondre en tout point à l’image exotique des chasinds.



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Lun 26 Oct 2020 - 18:46

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Le buffle et le chat sauvage


Avec attention, Staska laissait ses yeux aller et venir sur la qunari, alors qu’elle prenait son long arc en main. Au delà de la démonstration technique, qui était ce qu’elle était, elle avait vu bien des archers de son peuple le faire, à commencer par Lucjan, bien qu’aucun n’arrivait à la cheville d’Elvire, elle appréciait simplement l’instant. Il y avait quelque chose de reposant à voir une personne, au sommet de son art, faire démonstration et sentir toute la satisfaction qui pouvait animer un être de cela. Comme regarder un sculpteur créer la plus belle figure de déesse. Grazyna avait eu le mot pour cela, être en “conscience”. Ce genre d’état facilitait la transe et le travail magique le plus délicat, mais également le simple repos de l’âme, avec l’esprit qui n’avait qu’à se concentrer sur le moment plutôt que sur l’avant et l’après.

Quand l’arc fut rangé et la qunari lui sourit, Staska acquiesça la tête d’une manière docile qui tranchait avec l’expression toujours aussi profonde et fière qu’elle pouvait avoir. Elvire lui partagea alors un peu de son savoir, et les oreilles rougies de la chasind se dressèrent, curieuse qu’elle était, toujours. En vérité, Rupen ne lui avait guère dit grand chose à propos d’Elvire, seulement qu’elle était certainement l’une des femmes les plus redoutable et inaccessible qu’il ai connu. Ce qui voulait dire beaucoup et rien à la fois. Aussi, c’était une nouvelle découverte que faisait la jeune chamane, celle des coutumes d’un peuple, mais aussi du passé de sa nouvelle partenaire. Bien sûr, à dessein, mais elle appréciait, sans en dire mot, que cette dernière ne lui propose ce petit pan  d’elle-même.

La chasind eu un léger raclement de gorge, puis releva ses grands yeux bleux sur la qunari, s’exprimant à nouveau de cette voix hésitante et trébuchante sur les mots, à l’accent chantant, mais qui avait la force de celle qui a vécu de manière sûre de sa valeur :
“Je ne ferai pas défaut. C’est toi la chef. Pour ce jour.„

Pas qu’il y ai la moindre once de menace dans sa voix, bien au contraire. C’était juste un fait, qu’elle énonçait. Elle replaça son arc autour d’elle, se plaçant ensuite derrière Elvire, comme prête à la suivre. Les cristaux à son bâton s’entrechoquaient toujours légèrement à ses mouvements, alors qu’elle entamait sa marche, histoire de reprendre un peu d’avance.

Un bois se dressait un peu plus loin, formant comme une gueule béante vers laquelle la piste se dirigeait.Elle pouvait distinguer, en contrebas, le convoi qui avançait à bon rythme, comptant sur ses deux éclaireurs pour leur ouvrir la voie. Le ciel était particulièrement dégagé, d’un bleu particulièrement lumineux, mais le vent fort laissait présumer que cela ne serait que de courte durée. Staska pouvait le présumer assez rapidement, la pluie allait arriver durant le voyage, gênant mouvements et visibilité. De fait, passer par des sentiers plus forestiers, à même d’offrir une protection contre les éléments, pouvait s’avérer appréciable… Mais dangereux. C’était après tout davantage ce genre de terrain qui devenait le jeu des brigands embusqués.

Les petites jambes de la chasind s’activèrent alors qu’elle essayait de rejoindre les lieux, quitte à dépasser la qunari, ce qui, hélas, ne se ferait sans doute pas. Elles n’étaient toutes deux décidément pas dans la même cour…

Jeu 29 Oct 2020 - 12:18

Elvire
Elvire

 

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Le buffle et le chat sauvage


Le feu embrase vos entrailles.
Le sang chaud coule.
Rage


“Et tu peux t’exprimer sans autre. Il fut un temps où je ne comprenais rien à ce langage commun…„
 

Elle agita une main à hauteur de son visage, nonchalamment. Puis, elle suivit la femme qui redescendait en direction d’une zone plus boisée. Le regard fauve se promena calmement sur le paysage. En effet, le vent soufflait et les nuages au lointain ne pouvait présager qu’une chose, la pluie. C’était une chose que la qunari détestait. Il n’y a rien de pire que de se sentir mouillée jusqu’à l’os. Cependant, si la visibilité devenait mauvaise, au moins, les traces étaient limpides à lire sur les sols après une belle averse. Ce qui n’était d’aucun intérêt pour quelqu’un habitué au pistage. En maugréant en qunlat, elle rattrapa sa partenaire.

La zone boisée les obligea à suivre de près la route. La qunari ne semblait pourtant pas décidée à l’emprunter et la chasind dû enjamber troncs et broussailles, sans parler des roches et pentes à escalader. Un trajet fastidieux, car il se faisait à rythme soutenu pour ne pas perdre de terrain sur le convoi qui suivait lui un itinéraire simplifié par la route. De temps à autre, la qunari jetait un œil à la créature encapuchonnée, mais cette dernière avait le mérite de suivre la cadence. Ce calvaire s’interrompit lorsqu’après de nombreux kilomètres, Elvire nota un élément troublant. Il y avait eu les traces au sol, puis le sentiment un peu intuitif qu’elles allaient se heurter à un obstacle. La main de la cheffe de file intima l’arrêt et la discrétion. A la faveur d’un contrebas, un archer était assis et observait la route. La qunari sorti de sa poche une longue vue, un objet qunari peu courant dans ces contrées. Le Qun, dans sa sagesse, limite la magie. Les qunari ont donc naturellement développé sciences et technologies. Elle avait pu constater que les peuplades régionales, qui se laissaient aller à la paresse de la magie et ses facilités, n’avaient pas eu l’intelligence de développer leurs esprits et techniques. Il avait été choquant de constater cela, horrifiant, même. A présent, elle n’en tenait plus rigueur à ces gens, après tout, sans le Qun, ils ne pouvaient que s’égarer.

L’objet, cylindrique, était rangé dans une gaine de cuire qu’elle gardait précieusement sur elle. Elvire ouvrit l’objet, faisant coulisser les tubes métalliques et porta le bout le plus fin à son œil. Elle pointa l’objet dans diverses directions. Après quelques instants d’intense observation, elle rangea l’objet soigneusement. Ce serait vraiment fatiguant d’en trouver une autre dans ces contrées primitives…


“Mauvaise nouvelle, c’est une embuscade. Et ce ne sont pas des paysans affamés, mais de vrais brigands. Reculons.„
 

Sans attendre de réponse, elle recula et partit dans la direction inverse. Il fallait maintenant prévenir le convoi. Idéalement, de la manière la plus discrète possible. Une fois une distance favorable gagnée, la qunari cessa de marcher à pas de loups et entama une course endiablée. Elle prêta tout de même attention à son entourage et sa partenaire. De fait, elle ne courait pas à pleine vitesse. Le terrain boisé et accidenté ne s’y prêtait guère de toute manière. La seconde mauvaise nouvelle de la journée s’annonça par une flèche vibrante qui vint se planter dans un tronc, manquant de peu sa tête cornue.

“Teth a !„
 
Freinant sa course d’une glissade au sol, elle manqua de finir contre un arbre, tout occupée à observer où pouvait être le tireur. La contre-observation était évidemment le danger le plus grands pour elles. Cela confirmait sa première observation, ce groupe armé était préparé et organisé. Le genre de bandit qu’on préfèrerait éviter dans ce genre de mission. Elle avait le léger sentiment de courir avec un vêtement coincé dans les cornes. Surtout qu’une seconde flèche siffla. Deux tireurs ? ou un seul très rapide… elle penchait pour la première hypothèse. Et s’ils les avaient attaquées, c’est qu’ils avaient très certainement repéré le convoi. La rapide réflexion qui s’imposa à elle porta sur une conclusion rapide. Prenant le petit cor à sa ceinture, elle souffla. Un long et uniquement cri nasillard. Il signifiait au convoi l’attaque imminente ou en tout cas, l’attaque dont elles souffraient. Si elles ne devaient espérer aucun secours, au moins, les mercenaires auraient le temps de se préparer.

“Staska. Cinq guerriers, dont trois porteurs de bouclier. En plus deux archers. J’ai vu un putain de mage aussi. A deux kilomètres, en embuscade peu après l’arbre mort. Il y a actuellement deux tireurs, peut-être plus. Si tu en as l’occasion… tire-toi, avertis le convoi.„
 

Le regard jaune se ficha un instant dans le bleu de celui de la jeune femme, comme pour être sûre qu’elle était toujours opérationnelle et qu’elle avait saisi ses instructions.

“L’alarme, ils l’ont aussi entendue, donc ils vont bouger… on doit faire vite. Petite… Sauve ta peau, avant toute chose.„
 

Après une tape sur l’épaule de la jeune femme, la cornue bondit comme un lièvre, sans prévenir. Les flèches sifflèrent et la manquèrent de peu. La troupe armée saurait faire cas de l’embuscade. Elvire n’était pas Tallis, mais avait été formée au combat un minimum. Elle préférait cependant la distance ou le poison comme arme létale. Cependant, cette quinzaine d’années de mercenariats lui avait fait acquérir quelques compétences salvatrices. L’essentiel de sa manœuvre bondissante était justement de forcer le tireur à décocher une flèche. L’équation devenait hasardeuse quant à l’évidement du projectile, car son attention était portée sur l’origine du tir. Très sûr de lui, le tireur n’avait pas pris peine de se dissimuler. Seuls les arbres avaient favorisé son échec, car l’homme était proche, à une vingtaine de pas de la qunari. L’apparition peinturlurée eut l’air de le surprendre, car il tressauta légèrement. L’appréhension de combattre une géante, ou tout simplement, avait-il compris sa très grande erreur ? Elvire ne lui laissa pas le temps de disserter, son arc préparé, elle tira rapidement deux tirs. La faible distance lui permit d’ajuster les deux tirs en pleine tête, ce qui lui garantissait un résultat optimal. Le corps chuta avec un bruit mat.

Elle dut esquiver un second tir et s’aperçut que le second archer n’était pas seul. Deux hommes, armés d’épée et armures légères courraient dans sa direction.
“Asit tal-eb.„
 
Contre trois, ce sera compliqué. Certes, pas impossible, mais compliqué. Rupen avait dit qu’elle était redoutable, il n’avait pas menti. Cependant, elle n’était pas invincible. C’est plutôt son intelligence et sa créativité qui l’avaient toujours tirée d’un faux pas. Concernant Staska, si elle savait viser, Elvire doutait qu’elle n’ait jamais tué autre chose qu’un lapin. Elle était agile et courait bien, c’était une bonne éclaireuse, mais pas une combattante. Elle ne voulait pas compter sur sa participation, ne pouvait pas le faire.
“Katara, bas !„
 
Hurla-t-elle, rugissant, se redressant de toute sa hauteur. L’intimidation était une arme comme les autres. La volée de flèche qu’elle tira fut adressée à l’archer. Ensuite, par un glissement au sol, elle mima une chute pour ouvrir une flasque qui l’embrasa de flamme. L’action millimétrée surpris les épéistes qui l’avait rejointe. Les épées qui s’abattirent sur elle furent repoussées par l’aura. La qunari termina sa glissade en se relevant saine et sauve. Elle put donc tirer une volée de flèches alors que les flammes s’étiolèrent dans un crépitement discret. Dommages que ces produits ne soient pas assez stables pour durer plus longtemps. L’avant-garde des bandits n’était pas composée de manchots. Il fallait même admettre qu’elle avait affaire à deux combattants plutôt talentueux.

L’un d’entre eux, un empennage fiché dans le flanc, boitait sérieusement cela dit. Satisfaite de sa stratégie, elle ricana. Dorénavant plus prudent, le second reprit l’assaut. Il avait une technique aboutie et un corps robuste. Le métal tinta, deux dagues venaient de remplacer l’arc de ses mains. L’une d’entre elle, parant le coup et l’autre ayant vainement cherché à mordre la peau tendre de son cou. Elle n’était pas versée dans le corps à corps, la petite dague effilée n’avait qu’une fonction, répandre la morsure du poison chez son adversaire. L’épée reprit sa danse, elle parvint à l’esquiver une nouvelle fois. La dague mordit, au niveau de la main. C’était médiocre, car le poison mettrait du temps à le gêner et progresser dans son organisme. Son adversaire aurait suffisamment de temps pour lui poser problème. Elle essuya un coup que seule son armure amortit. Aïe. Chouina son épaule, si la lame n’avait pas percé sa chair, elle aurait un hématome, c’est sûr. Extérieurement, elle ne cilla pas. Il était vital de donner l’impression d’être inébranlable. Pourtant, il fallait qu'elle se sorte de là très rapidement si elle voulait avoir une chance de s'en tirer vivante.

Elle décocha un coup de pied peu académique à son adversaire au niveau de l’abdomen. Il recula malgré sa stature et manqua de trébucher, ces fichues racines avaient finalement leur utilité. La qunari en profita pour rompre le combat rapproché et tenter une petite manœuvre d’éloignement. Surtout que le camarade blessé, une main sur le flanc, persistait à venir participer.

Elle remua son épaule, qui ne semblait pas cassée, un bon point. Si l’armure de fer ne l’avait pas protégée, elle aurait pu compter sur son vitaar, de toute manière. Ces humains ne savent pas ce que c’est que d’affronter un qunari, pensa-t-elle en regardant ses adversaires. Elle espérait surtout que ses quelques minutes intenses aient permis à la petite de s’éloigner. Alors qu’elle dévalait la pente, elle calculait les possibilités qui s’offraient à elle, ces ennemis sur les talons. Sa poitrine se gonflait avidement, pour tenter de récupérer un peu d'énergie et de souffle.


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Dim 18 Avr 2021 - 19:06

Elvire
Elvire

 

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HRP : ma partenaire ayant annoncé son départ, je me permets de poster une petite conclusion



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Le buffle et le chat sauvage


L’oeil qui ne cille voit.


La suite du combat se déroula comme elle l’entendit. Le temps qu’elle se batte contre le blessé, le poison tua l’autre. Bientôt il régna dans la forêt un silence lourd. La qunari nettoya sa lame avant de la passer au fourreau et observa l’équilibrage de son arc. Elle récupéra les flèches qu’elle put et évidemment fouilla les corps. Ce qu’elle trouva sur eux gagna sa poche. Si elle risquait sa vie ainsi, elle n’entendait pas partager. La petite Chasind avait quant à elle galopé jusqu’au convois. Les informations transmises furent utiles et les guerriers purent se débarrasser sans trop de casse du reste de l’embuscade. Le reste du voyage se déroula sans anicroche.

La petite Chasind était réellement un petit chat sauvage. Durant d’autres missions, elle tenta de l’apprivoiser un peu, mais ses efforts ne furent guère récompensés. Elle put cela dit en apprendre plus sur cette peuplade et ses coutumes. C’était une plus-value à noter. De son côté, elle apprit à la jeune femme à être autonome et à survivre seule dans ces contrées. Après plusieurs mois, le chaton décida de poursuivre sa route. La qunari l’observa partir et lui rendit son salut d’une main. Une ombre fragile, ornée d’une couronne de feu. Elle sourit intérieurement. Si elle avait été humaine, peut-être aurait-elle senti cette nostalgie parentale. Elvire, indifférente, ne ressentit rien de tout cela et continua sa mission.

Lorsqu’elle partira elle-même les pages de cette rencontre se refermeraient. La qunari ne s’attendait pas à recroiser sa route, mais c’était une hypothèse possible. Qu’importe.

Les ombres du passé dansent.
Une agitation négligeable
Seul importe le Qun



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