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Invité
Sur le sentier, Eden se retourne brièvement pour voir si la petite Elisha suit. Ses jambes sont si petites alors elle a bien souvent du mal à suivre les pas immenses que fait le templier. La petite elfe n'a que six ans après tout. Eden s'arrête un instant pour l'attendre une fois encore. Il la regarde ramasser des fleurs sur le chemin, puis grommèle dans sa barbe de plusieurs jours. Pas étonnant qu'elle soit à la traine si elle s'arrête toutes les vingt secondes pour cueillir une fleur !
« Eli avance un peu ! » Lâche-t-il en haussant la voix.
« Oui, oui ! » Lui répond-t-elle en se baissant quand même pour ramasser une marguerite.
Elle se redresse puis court vers son protecteur pour le rejoindre. Eden soupire en fermant les yeux avant de reprendre la marche. Son regard glisse doucement vers le petit bouquet de fleurs que la blondinette tient dans sa main et il ne peut s'empêcher d'esquisser tout même un sourire. A chaque fois, Elisha lui offre une fleur, ça peut paraître anodin ou sans grande importance mais ce petit geste a le mérite de lui mettre un peu de baume au cœur.
« Tiens, c'est pour toi. »
L'elfette lui tend une fleur de pissenlit. Et voilà, comme à chaque fois, une fleur. Le sourire d'Eden s'étire un peu plus.
« Merci. Mais j'aurais préféré un bleuet. » Dit-il pour la taquiner un peu.
« Non, les bleuets c'est pas pour les garçons. » Répond-t-elle, naturelle et imperturbable.
« Mais les pissenlits si ? »
Des conversations comme celles-ci, aux Cercles, il n'en avait jamais eu et il n'aurait jamais cru tant les apprécier. Cela fait déjà un an qu'il a fui avec Elisha, qu'ils voyagent ensemble et il ne s'en lasse pas. Elle est sa lumière au cœur de cette Rébellion qui l'épuise. Sa petite mage, il la protégera d'elle-même, des autres, envers et contre tout, il en a fait le serment.
Sans vraiment s'en rendre compte, Eden finit par reprendre son rythme de marche soutenu... Dans deux minutes, il s'arrêtera de nouveau pour l'attendre. Et ainsi de suite. Mais lorsque le templier se retourne cette fois-ci, son regard se pose sur un sentier désert. Elisha n'est plus là, elle a disparu. Le cœur d'Eden loupe alors un battement.
« Eli ? Elisha ?! » Appelle-t-il toujours un peu plus fort.
La petite blonde lui avait dit de l'attendre parce qu'elle avait vu un papillon, mais à marcher aussi vite, il ne l'avait pas entendu cet idiot. Fascinée, elle a suivi ce bel insecte hors du chemin, pénétrant à l'intérieur d'un champ d'arbres fruitier. C'est la première fois qu'elle en voit un comme ça. Au Cercle, il n'y en avait pas, sauf dans les livres... Alors en voir pour de vrai, c'est toujours quelque chose avec elle. L'elfette continue à avancer dans le champ, sans réfléchir, sans s'apercevoir qu'elle s'en va bien loin de son protecteur. Le papillon s'envole un peu plus haut, jusqu'à rejoindre la cime d'un arbre et en rebaissant la tête, Elisha se rend enfin compte qu'elle n'est plus toute seule. Ce n'est pas Eden qui vient de la retrouver. Non. Il y a juste un monsieur qu'elle ne connait pas, là.
« Bonjour. » Dit-elle sur ce ton imperturbable qui la caractérise si bien.
Elle se tourne vers l'inconnu, un léger sourire étire ses lèvres. Elle n'a pas peur. C'est fou, Elisha n'a jamais eu peur des gens. Même quand Eden et un autre templier sont venus la chercher dans son bas-cloître, même après avoir réchappée à l'Oblitération de son Cercle et vu plus d'une fois Eden user de son épée pour se protéger de ces putain de bandits de grand chemin.
« Tu fais quoi là ? » Demande-t-elle d'abord. « Moi je m'appelle Elisha et toi ? »
Parce qu'il n'y a jamais de mauvais moment pour engager une conversation n'est-ce pas ? Tenant toujours son petit bouquet de fleur et ne s'approchant pas pour autant de l'inconnu, Elisha soutient le regard de l'homme comme elle le ferait avec Eden. Et elle espère bien avoir une réponse à ses questions car s'il y a bien une chose qu'elle déteste, c'est qu'on l'ignore.
Et parle ander en italique
Elisha parle en #ffff66
Fleur des champs
9:41 du Dragon
Feat. Eden Valerion
Pas encore défini - ■
J’en avais marre de ce conflit. La sensation qu’il n’aurait jamais de réelle fin, jamais de réelle justice. Dans cet affrontement, j’avais choisi un camp, même si j’aurais préféré ne pas à faire ce choix. Les templiers abusaient de l’illusion de pouvoir qu’ils pensaient posséder, mon choix était donc logique.
Mais présentement, me voilà las de toute cette merde, et blessé par mes convictions.
Je m’étais réfugié dans ce qui me semblait logiquement une propriété, qui regorgeaient de fruits en tout genre, mais surtout de pommes. Je m’assis, le dos reposant contre un tronc assez large, tandis que je sortis un roulé et mon briquet. La douleur revenait. Bientôt, elle me submergerait. Je ne pouvais pas laisser cela se produire.
Précipitamment, je tentai de produire une petite flamme pour allumer mon roulé, mais le tremblement de mes mains, ainsi leur fatigue, ne m’aidait pas. Je jurai pour moi-même, un voile de panique recouvrant mes sens.
◊ Bonjour.
Je sursautai. Confus, je redressai la tête, pour apercevoir une petite silhouette non loin de moi. La douleur me faisait halluciner, maintenant ? Dans le doute, je restais silencieux, incertain sur quel pied je devais danser.
◊ Tu fais quoi là ? Moi je m'appelle Elisha et toi ?
Lentement, je papillonnai des yeux. Un réflexe de morale me fit ranger mon roulé dans la première poche accessible, alors que je redressai quelque peu ma posture pour paraître moins misérable. Il y avait bel et bien une gamine en face de moi. A une distance raisonnable pour elle, certes. Tant mieux, d’ailleurs. Je me raclai la gorge pour chasser la douleur de mon visage.
◊ Ce que je fais là .. Je me repose, petite.
Se reposer était un bien grand mot. Mais que faisait-elle ici ? Était-elle perdue ? Mais plus important : était-elle seule ?
◊ Mais dis voir, tu es toute seule ? Tu n’as pas quelqu’un qui te cherche ?
J’avais vu de tout dans cette guerre civile, des plus beaux espoirs aux pires atrocités. Mais ça, c’était une première. J’avalai ma salive avec difficulté, cherchant à comprendre le tout. Les mômes, ça s’égarait si facilement .. Mais quelqu’un devait être à sa recherche.
Mais la douleur cauchemardesque de mon épaule gagna en intensité, me rappelant à ma peur, à mon stresse, à ma panique. Mon visage grimaça malgré mes efforts. Merde. Merde. Merde.
Toute mon attention resta sur la gamine, qui n’avait pas bougé d’un pouce, qui n’était pas une hallucination, une douleur-fantôme, un souvenir qui avait cet étrange pouvoir de briser ses victimes. Je la fixai intensément, ignorant les sensations de vertige, la sueur qui perlait de mon front, cette boule anxieuse qui croissait toujours plus vite.
◊ Si tu veux, je peux t’aider à le retrouver. On ne t’a jamais dit que c’était dangereux de rester seule comme ça à ton âge ?
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