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Mar 3 Nov 2020 - 14:49

Anonymous
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Parmi les flocons et les cendres


Un message était rapidement venu aux oreilles des conseillers de l’Inquisitrice, porteur de mauvaises nouvelles. Récemment, une patrouille de l’Inquisition avait été attaquée sur les terres orlésiennes. Il y avait à peine quelques morts à déplorer, deux tout au plus sur la dizaine d’individus qu’avait formé le groupe. C’est celui-ci qui donna l’alerte, passant le relais alors aux vifs agents de Dame Rossignol.
Les propos de leur rapport avait de quoi susciter des interrogations. Des cadavres de Venatoris avaient été retrouvés sur place, brûlés d’une manière qui n’avait rien de naturel. Les victimes quant à elles venaient des deux camps, mais une se distinguait en particulier : une prisonnière gardée dans une cage. Les survivants disaient d’elle qu’elle était une femme suspecte qu’ils avaient enfermé dans le but de l’interroger ultérieurement. L’identité de la personne qui avait commandité cette attaque, quant à elle, était toujours inconnue.

On commanda prestement une enquête mêlant un agent du commandant et un membre de la Cellule de Recherches Occultes, espérant récolter des indices supplémentaires qui auraient échappés à l’œil attentif des éclaireurs.

C’est pour cette raison que, sous un ciel aussi blanc que les terres qu’elle chevauchait, Lynne s’était retrouvée à traverser le fin fond de la campagne orlésienne pour rejoindre le lieu de l’attaque. Elle n’était pas seule, cependant ; trottant à coté d’elle sur un cheval isabelle se tenait une jeune elfe à la chevelure blanche dans laquelle on discernait à peine les flocons de neige qui s’y déposait à intervalle réguliers.
Si elle connaissait Ewie de manière encore superficielle, la guérisseuse admettait aisément que sa compagnie lui était agréable. Cela lui faisait presque oublier la douleur de ses cuisses à force de galoper, ou encore le froid qui lui brûlait les joues.

En revanche, elle était insuffisante pour lui faire oublier ses préoccupations. Cette enquête qu’on leur demandait de réaliser ne l’enchantait en rien. Outre son pessimisme sur la probabilité que leur duo trouve quoi que ce soit qui puisse faire avancer l’enquête de manière significative – car l’essentiel de cette dernière ne s’était-il pas déjà déroulé ? -, l’écriture des messages retrouvés par les agents de Léliana lui apportaient un sentiment de familiarité qui ne lui plaisait guère. Ces belles lettres formées avec un soin particulier, elle les avait déjà vu quelques part, elle en était sûre. Cependant, elle ne parvenait pas à savoir où ; des lettres sur le bureau de Cullen ? Celles de ses collègues ? Ou même les siennes ? Elle ne saurait le dire, et cela l’emplissait d’agacement et d’une nervosité coupable.
Pour tromper ces ennuyeuses émotions qui venaient la titiller, Lynne décida de reprendre un brin de conversation avec sa compagne.

« Dis-moi, Ewie … Est-ce que tu es déjà venue en Orlaïs ? »

Tandis qu’elles parlaient, Lynne remarqua un arbre tordu sur le bord du chemin. D’après ses souvenirs, c’est à cet endroit qu’elles devaient quitter la voie pour rejoindre la forêt. Au milieu de cette dernière, suffisamment loin des sentiers battus, devait se trouver le campement qu’elles recherchaient.
Lynne tira les rennes de son destrier à la robe grise pour le faire tourner.

« Suis-moi, on ne devrait plus être très loin. »

Parmi les flocons et les cendres (pv Ewie) Latest?cb=20150523145513

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Mer 4 Nov 2020 - 1:11

Anonymous
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Parmi les flocons et les cendres
De la neige
Des frissons sur le monde
Qui viennent en cortège
Le froid faisait rougir les extrémités exposées du corps d'Ewie. Elle était pourtant bien emmitouflée sous plusieurs couches bienvenues et nécessaires de vêtements, mais malgré tout elle sentait les brûlures et picotements familiers du froid. La pointe de ses oreilles et de son nez étaient les plus touchées, elle les devinait gelés au toucher. Presque de vrais morceaux de glace. Elle n'avait pas pris le risque d'exposer ses pieds à l'épaisse couche de neige qui recouvrait le paysage. C'est qu'elle ne tenait pas à perdre un orteil ou deux, ça n'avait rien de plaisant à voir ni à vivre. La jeune elfe appréciait particulièrement la chaleur de sa monture dans cette situation, elle aimait passer ses mains dans la robe isabelle de l'encolure de la bête. Sentir ses muscles chauds bouger sous sa main gantée, le sang chaud circuler, l'air entrer et sortir au rythme de ses pas sur le sol. Cela valait bien les courbatures et crampes dans ses cuisses, les frayeurs à répétition qu'elle avait eu au cours du voyage. Les joies de débuter l'équitation, mais Ewie ne le regrettait pas. C'était même quelque chose qu'elle appréciait, ça avait été une chance d'apprendre à monter. Même si ses jambes la lançait, le voyage était plus rapide et même plus confortable d'une certaine façon.

Ewie n'était pas inconnue aux longues errances sur les routes d'Orlaïs. Que ce soit lors des jours les plus cléments du printemps, sous les pluies les plus diluviennes de l'automne, le soleil de plomb le plus ardent de l'été ou bien le blizzard le plus tranchant de l'hivers. Alors ce voyage n'avait au fond pas grand chose de dépaysant. Le souffle blanc et vaporeux des montures montait et s'évanouissait au milieu des flocons en même temps que celui de leurs cavalières. La jeune elfe ne connaissait pas encore très bien Lynne, mais jusqu'ici elle avait surtout appris à l'apprécier. Le courant passait bien entre les deux mages, le fait qu'elles avaient des caractères plutôt semblables devait jouer. Elle ne s'en plaignait pas, mieux valait avoir des compagnons de voyages agréables et faciles à vivre qu'autre chose. Quant à la raison de leur voyage…

La jeune femme ne savait pas encore trop qu'en penser, tout dépendrait de ce qu'elles pourraient trouver ou non. A supposer qu'elles trouvent quelque chose, mais Ewie préférait garder un certain optimisme sur ce sujet. Après tout, un regard nouveau sur les choses pouvait renverser des situations entières. Et puis elle ne considérait pas cela comme une perte de temps, il y aurait toujours quelque chose à retenir et exploiter de cette expédition. Ne serait-ce que l'entraînement fichtrement intensif et efficace en équitation ! Pour le moment elle estimait le bilan positif, elle profitait du grand air, améliorait son niveau de cavalière (il était passé de limite médiocre à acceptable, il y avait de quoi se réjouir) et la compagnie de Lynne était somme toute fort agréable. En plus elle n'avait pas perdu d'orteil malgré le froid !

Ewie sourit à la question de sa camarade. Un sourire chaud qui venait trancher avec la neige tout autour d'elles. Cela lui faisait plaisir de discuter un peu avec la mage, elle sentait bien qu'elle était préoccuppée.

-J'ai passé la majorité de mon vie en Orlaïs. Mon clan voyage principalement sur les routes de l'Empire.

C'est qu'elle en avait vu des paysages de l'Empire. Elle avait fait ses premiers pas sur son sol, elle y avait même vu le jour. Elle était dalatienne, c'était un fait, mais peut-être était elle aussi Orlésienne au moins tout autant. Ou pas, c'était une question complexe.

-Et toi Lynne, tu as déjà voyagé en Orlaïs avant cette mission ?

Elle était curieuse d'en apprendre plus sur la mage.

Ewie s'éxécuta sans discuter, chevaucher entre les arbres était un peu plus délicat que sur une voie bien dégagée, mais elle pouvait parfaitement s'orienter dans la forêt. Pas de désorientation particulière, elle suivait docilement la guide mais elle se savait parfaitement capable de s'orienter sans elle. La jeune elfe pourrait sans soucis retrouver la route au besoin. La position du camp, dans les profondeurs des bois, lui semblait intéressant.

(c) sweet.lips

Mer 4 Nov 2020 - 17:25

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Parmi les flocons et les cendres



« J’y suis déjà passé, mais je ne peux pas dire que je connais bien le pays. » sourit-elle à l’adresse de l’elfe, « J’aimerai bien m’y attarder plus si j’en avais l’occasion, cela dit. On dit que Val Royeaux est une très belle ville, l’une des plus grandes de Thédas d’ailleurs. »

Ne s’interrompant que pour signaler qu’elles devaient changer de direction, Lynne poursuivit la discussion alors que le chemin battu par les traces des animaux et des hommes se faisait remplacer par un épais tapis de neige.

« Ça doit être bien, de pouvoir parcourir le pays de la sorte. C’est une chance que tout le monde n’a pas. »

En faisant ce commentaire, elle repensait à cette époque pas si lointaine où elle était encore une mage de Cercle à l’autre bout de la mer. Être condamné à errer dans les mêmes pièces pendant toute son existence, ce n’était pas une vie peu importait toute l’éducation et le savoir que cela impliquait. Elle se rappelait même d’un temps où elle aurait volontiers échangé sa situation avec la vie d’une paysanne ou d’une servante si cela signifiait qu’elle pouvait sortir de ces murs et vivre à son gré, loin de tout le malheur qu’ils renfermaient. Mais avec la perspective, après avoir vécu libre pendant trois années, elle s’était également rendue compte que la vie des gens du commun avait ses limites. Sédentaires et attachés à leur terre, c’était uniquement pour de bonnes raisons qu’ils quittaient leurs terres pour s’installer ailleurs. Elle-même était ainsi faite. Pourtant, cela ne l’empêchait pas de rêver lorsqu’elle songeait au mode de vie des dalatiens, s’imaginant un instant ce que cela devait être de pouvoir vivre au grand air.
Une pensée en amenant une autre, soudainement, elle lui demanda :

« ... Au fait, ton clan ne te manque pas trop ? »

Elle espérait ne pas avoir touché une corde sensible en laissant cette question filer de son esprit. Il ne s’agissait que de curiosité et d’une simple réalisation : Ewie avait dû laisser son clan derrière elle pour rejoindre l’Inquisition, de la même manière qu’elle avait dû délaisser sa vie d’apothicaire et son train train quotidien pour le bien commun. Excepté que l’un était bien évidemment plus dur que l’autre, et elle comprenait cette douleur qu’elle avait vécu il y a très, très longtemps.

Sous la protection des grands sapins qui se dressaient autour d’elles, les deux mages s’enfonçaient de plus en plus profondément dans la forêt alors que le chemin qu’elles avaient quitté disparaissait progressivement derrière les branches et les troncs figés des conifères. Le son régulier des sabots des bêtes qui s’enfonçaient dans la neige rythmait leur avancée en ces terres si peu familières. Puis, finalement, Lynne aperçu les premiers vestiges du camp qu’elles recherchaient.

Le spectacle se dévoilait au fur et à mesure qu’elles se rapprochaient. C’était comme une ruine, un vestige d’un passé pourtant encore récent. L’endroit semblait avoir été le théâtre d’une brusque guerre qui s’était terminée aussitôt qu’elle avait commencé, dans une attaque éclair qui s’était spontanée arrêtée.
Dressé devant les deux femmes se trouvait les restes du camp. On devinait autour des pierres que formaient le feu de camp uniquement composé de pierres, de charbons et de cendres le souvenir des tentes qui devaient s’être dressées là si le spectateur savait faire preuve d’un peu d’imagination. Mais surtout, ce qui attirait l’œil, c’était les figures noircies de ce qui semblaient avoir été quatre êtres humains, figées dans la mort et dans la glace. Trois d’entre elles étaient dispersées sur le sol, à quelques pas des uns et des autres. La dernière, quant à elle, était emprisonnée derrière une solide cage.

Par réflexe Lynne détourna son visage de la scène, portant une main à sa bouche alors qu’elle sentait sa gorge se serrer horriblement. Elle avait accepté cette mission en savant dans quoi elle s’engageait ; mais sa peur des flammes était plus forte qu’elle. Être témoin des conséquences de ce pouvoir destructeur la mettait terriblement mal à l’aise - pour ne pas dire malade.

Parmi les flocons et les cendres (pv Ewie) Latest?cb=20150523145513

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Jeu 5 Nov 2020 - 16:06

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Parmi les flocons et les cendres
De la neige
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-C'est ce qu'on dit, c'est vrai. Mais je crains ne pas pouvoir te dire plus que ce que d'autres m'ont rapporté. Mon clan ne s'est jamais approché de la capitale.

L'Archiviste avait toujours jugé qu'il valait mieux éviter. Les Dalatiens faisaient tâches dans le tableau du Noble Jeu, un clan ne serait pas le bienvenu à proximité du joyau de l'Empire. En vérité un clan dalatien n'était accueilli à bras ouvert que rarement.

-C'est vrai, cela a des bon côtés parfois, approuva Ewie sans pour autant se montrer très enthousiaste ou développer le propos.

Elle se garda bien de rappeler que ces voyages perpétuels étaient avant tout une errance. Une misère contre une autre, misère sur les routes changeantes ou bien misère entre les murs d'un Bas-Cloître. Elle tût la douleur d'être privé d'un endroit que l'on pourrait vraiment appeler "maison", elle tût la douleur de la perte encore vive dans nombre des coeurs de son peuple. Elle tût la faim familière lorsqu'il n'y avait plus rien à chasser ou cueillir et qu'il fallait faire tenir les réserves. La dalatienne ne tenait pas à s'épancher là dessus. Elle ne regrettait pas la vie nomade qu'elle avait vécu avec son clan. Ewie savait se montrer reconnaissante de tout ce qu'elle avait pu lui apporter, mais elle ne l'idéalisait pas pour autant. Elle savait à quel point c'était une vie dure et âpre, le prix de la liberté pour son peuple.

Ah, son clan, sa famille. Honnêtement elle évitait de trop y penser. La blessure était encore récente dans sa poitrine. Rien que les quelques mots de Lynne réveillèrent les derniers souvenirs qu'elle avait de son père. Sa chevelure brune déjà parcourue de mèches grises, ses yeux clairs qui retenaient mal les larmes qui reposaient contre la peau brune et ridée autours de ses iris. La chaleur et la force de sa dernière étreinte alors qu'il s'apprêtait à la laisser partir sur une route qu'il n'emprunterait pas avec elle. Ewie avait senti à quel point il avait été dur pour lui de la lâcher, elle savait qu'il aurait voulu ne jamais le faire. Elle aussi aurait voulu rester indéfinément dans ses bras. Ces bras qui l'avait porté depuis le jour de sa naissance, qui l'avait bercé lorsqu'elle faisait des cauchemars, qui l'avait consolé doucement. Oui, ça avait été le plus dur dans son départ.

Laisser derrière elle tous les visages qui avaient peuplés sa vie, sa petite communauté soudée et solide, avec seulement l'espoir de les revoir un jour. Juste l'espoir, aucune certitude.  Ils lui manquaient, c'était certain, mais elle était partie volontairement et elle savait pourquoi. Pendant quelques instants cependant, la jeune elfe se perdit dans ses pensées et ses souvenirs.

-Il me manque toujours, certains jours plus que d'autres. C'était vraiment dur au début, maintenant c'est bien plus gérable au quotidien. Et puis… Je sais que je suis partie pour une bonne raison, pour une bonne cause, ça aide. Je suppose que c'est le cas pour beaucoup de monde dans l'Inquisition. Et toi, Lynne, ce n'est pas trop dur pour toi aussi ? Tu as toujours des contacts avec ta famille ?

Arriver sur le camp, c'était comme entrer dans la carcasse d'un cauchemar. On devinait encore trop bien l'horreur qui s'était déroulée ici. Les restes délabrés du camp sous la neige, les marques encore présentes des tentes sur le sol. La neige et le givre donnait une allure fantomatique à l'endroit. Un malaise prenant l'accompagnait, on sentait la désolation et la mort avant de voir les corps.
Les corps, Ewie n'aurait pas cru qu'ils ressembleraient à ça. En réalité elle ne les avait pas vraiment imaginés, elle n'avait pas voulu y penser. Mais maintenant le concept abstrait et éloigné de ces morts, la façon dont ils avaient perdus la vie, elle l'avait devant les yeux. Elle ne pouvait ignorer ces sinistres traces. Ils étaient recroquevillés, en position foetal dans la neige comme s'ils avaient cherchés à prendre le moins de place possible dans leurs derniers instants. Pour donner moins de prises aux langues de flammes qui avaient dévoré leur chair ? Est-ce que cela avait une tentative désespérée de réduire la douleur insupportable de leur fin ? Un réflexe purement physique ?

La souffrance était lisible partout, sur leur chair suppliciée, tendue sur leurs os, dans une teinte brunâtre dont la simple vue donnait la nausée. Mais le pire… le pire c'était les rictus macabre qu'affichaient les corps. Les sourires tordus et suppliciés qui révélaient l'ivoir des dents. Ils avaient tous quelque chose de malsain.

Ewie s'approcha avec sa monture de Lynne, elle sentait et voyait bien que la jeune femme n'allait pas bien. Et elle comprenait bien pourquoi, ce genre de spectacle aurait rendu malade n'importe qui. Pour sa part elle l'était juste moins que l'humaine, il n'y avait aucune honte à avoir là dessus. Chacun avait ses sensibilités, ses limites et son passé. La jeune elfe posa doucement une main sur l'épaule de la mage.

-Est-ce que ça va aller ? Si tu veux je peux me charger d'inspecter les corps.

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Dim 8 Nov 2020 - 13:08

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Parmi les flocons et les cendres


La réplique d’Ewie face à son commentaire n’avait rien de froid et de toute évidence ne prenait pas les traits du reproche. Pourtant, pour une raison qu’elle ne parvenait à expliquer, Lynne sentait qu’elle avait dit quelque chose qui n’était pas tout à fait correct.
Elle réalisa subitement son ignorance sur certaines réalités donc elle n’était qu’à demi consciente. Elle s’en voulu un peu d’avoir parlé un peu trop vite, mais se tu malgré tout. Il était inutile de laisser le sujet traîner de la sorte, d’autant plus qu’il ne devait pas être agréable pour sa collègue.

La discussion suivit tranquillement son cours jusqu’au moment où Ewie lui renvoya sa question. Quoi de plus normal, puisque la plupart des membres de l’Inquisition ont traversé l’ép1reuve de la séparation. Pourtant, Lynne semblait saisie. Ses traits restèrent figés dans dans un léger étonnement avant qu’elle ne se reprenne, détournant son visage de l’elfe pour regarder devant elle.

« Euhm … Non. Disons que … nous ne nous sommes pas quitté en de très bon termes. »

Ce fut à présent son tour de ne pas développer ses propos. Elle ponctua tout de même ses paroles d’un sourire, espérant rassurer sa compagne de voyage. Le sujet étant particulièrement délicat, elle préférait le clore sur une note positive. Bien que l’évoquer ne la dérangeait pas, elle doutait que le moment fut approprié pour parler de ses regrets.

Son père et son frère lui manquaient-elle, eux qu’elle n’avait plus vu depuis ses six ans ? Non. Le temps, dans sa marche inévitable, avait fait son œuvre. Comme le disait le proverbe : « loin des yeux, loin du cœur » ; ainsi, elle avait apprit à vivre sans eux. L’enfant terrorisé était devenue une adulte qui avait du vivre sans autre figure parentale, s’adaptant non pas par envie par nécessité. Sa vie séparée de ceux qu’elle aimait avait à présent peu d’importance. Même avec sa liberté d’aujourd’hui, elle ne voulait pas revenir auprès d’eux. Ou plutôt, elle n’osait pas retourner à leurs cotés.
Car qu’elle l’ait voulu ou non, c’est sa magie qui avait englouti sa mère dans les flammes. C’est sa magie qui lui avait léché la chair de sa langue de feu et de charbon, telle une bête affamée. Derrière elle, elle n’avait laissé qu’un corps défiguré par la douleur et la puissance incendiaire de l’école de l’Instinct.

C’est pourquoi elle avait tant peur du feu, et c’était également la raison pour laquelle la vue des corps brûlés lui était si pénible. Elle ferma les yeux, se forçant à ralentir sa respiration pour se calmer.

Un léger sursaut l’anima quand elle sentit la main d’Ewie sur son épaule. Instinctivement, elle ouvrit les yeux pour tourner son regard vers elle. L’elfe avait cette expression douce qui lui était propre tandis qu’elle lui proposait de fouiller les cadavres toute seule ; mais cela rappelait à Lynne sa propre faiblesse. Il était frustrant d’être un poids, alors qu’elle s’était préparée à cette mission. Elle voulait justement affronter ce démon qui sommeillait encore elle.
La mage secoua la tête négativement :

« … Je ne peux pas te laisser faire ce sale travail toute seule, ça ne serait pas normal. Ça va aller, je … je peux le faire. »

Elle soupira silencieusement, tentant de se reprendre alors qu’elle portait son regard sur le corps le plus proche d’elle qui reposait sur le ventre.

« Je vais m’occuper de celui-là en premier. »

A la parole suivi le geste ; elle s'agenouilla près du cadavre, combattant sa peur et son dégoût. Elle referma ses poings, plantant ses ongles dans sa paume pour s'ancrer dans la réalité et ne pas détourner ses iris de l'objet de son observation.

La chair était complètement noircie, témoignant de la température extrême à laquelle elle a été soumise ; un simple feu créé à la va vite n'aura pas eu le même résultat et, surtout, il aurait été plus simple d'empiler les corps au lieu de les brûler un par un. Il n'y avait nul doute sur le fait que la personne qui était passé par ici avait utilisé de la magie .
Le tissus et le cuir avaient naturellement été désintégrés, il y avait donc nulle poche à fouiller. Un tremblement de dégoût secoua le corps de la mage alors que la pensée de retourner le corps sur le dos traversa son esprit. Refusant d'abord d'y toucher, son devoir la rappela à l'ordre. Prenant une inspiration, elle porta ses mains tremblantes sur le cadavre, essayant d'ignorer le contact répugnant de la chair calcinée. D'un geste sec et empli de la force de la peur, elle poussa le corps de telle sorte à le renverser dans la bonne position.

Le malaise qu'elle ressentait laissa bientôt place à de la curiosité ; car sous le ventre des restes de l'homme se trouvait, tassé profondément dans la neige, se trouvait une enveloppe de cuir partiellement brûlée. Prestement, elle s'empara du butin protégé.
L'homme avait dû partiellement fait bouclier et la neige avait empêché le feu de se propager, ce qui avait dû expliquer la survie fortuite du petit paquet. Lynne remercia intérieurement le hasard et la chance, n'attendant guère plus longtemps pour découvrir le contenu de sa découverte.

Il s'agissait d'une fleur séchée au bourgeon blanc et à la tige fort épaisse, mais elle ne disait malheureusement rien à la guérisseuse - ou du moins, elle n'était pas suffisamment commune pour qu'elle la reconnaisse. Une seule chose était sûre : elle n'avait jamais vu un plante pareille à Ferelden.
Immédiatement, elle interpela l'herboriste :

« Ewie, j'ai trouvé une plante bizarre ... tu pourrais y jeter un oeil ? »


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Dim 8 Nov 2020 - 13:08

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Jeu 12 Nov 2020 - 15:24

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Ewie comprit très vite qu'elle avait mis les pieds dans le plat. Chacune son tour on dirait. Clairement la relation de Lynne avec sa famille était un sujet sensible, et certainement pas qu'un peu. Tout le langage corporel de la mage le criait, durant un instant son corps entier sembla se statufier. Comme si elle venait de recevoir une violente gifle en travers du visage ou bien un puissant coup de poing dans le ventre alors qu'elle s'y attendait le moins. La jeune elfe n'avait pas voulu mettre sa camarade mal à l'aise, absolument pas, mais elle se rendait bien compte qu'elle avait fait une belle bourde. Quoi qu'il ait pu se passer entre Lynne et sa famille, clairement cela n'avait rien d'agréable et la dernière chose que son interlocutrice voulait, c'était en parler.

Ewie n'insista pas, respectueuse du souhait de sa camarade. Si elle ne tenait pas à en parler, alors on n'en parlerait pas. C'était aussi simple que celà. C'était bien une maladresse innocente de la part de la jeune elfe, elle n'avait voulu en aucun cas blesser ou réveiller de vieilles douleurs chez la mage. Pourtant, quand bien même ne pouvait-elle pas savoir, Ewie ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de culpabilité. Lynne, ne semblait pourtant pas lui en tenir rigueur, lui adressant de son mieux un sourire rassurant. L'apothicaire y répondit de son mieux.

Rapidement cependant il ne fut plus du tout question de ça. Des sujets plus urgents et graves demandaient leurs attentions. Lynne refusa, gentiment mais fermement la proposition d'Ewie. Elle tenait à accompir sa part dans la fouille des corps, et Ewie n'insista pas. Après tout la mage était une adulte responsable de ses propres décisions. Elles laissèrent donc leurs chevaux pour aller examiner de plus près les corps.

Tandis que Lynne s'occupait de son premier, Ewie en fit de même. Le sien était recroquevillé sur le flanc, les genoux repliés contre son torse, presque sagement, mais ses bras et ses doigts par contre… Ils s'étaient figés en plein mouvement, tendus vers une salvation inexistante qu'iel avait pourtant cherché désespérément. L'elfe se demanda si elle pourrait tirer quoi que ce soit de ces restes tourmentés, le feu semblait avoir tout dévoré, cependant elle s'agenouilla dans la neige et entrepris de dégager le corps afin de mieux pouvoir le fouiller. Et elle eut bien raison de le faire, sous la hanche enfoncée dans la neige des lambeaux de tissus subsistaient, l'eau gelée avait empêché le brasier de s'étendre à leur fibre. Le tissus lui paraissait étrange, mais peut-être n'était-ce rien. Elle n'en reconnaissait pas le tissage mais ce pouvait très bien être une technique courante chez les humains. En observant plus attentivement les morceaux de tissus récupéré elle remarqua des poils.

Ewie fronça les sourcils en les récupérant entre ses doigts pour mieux les observer à la lumière. Pour elle ça ne ressemblait pas à des poils de loup. La couleur était trop étrange pour cela. Elle était plongée dans sa contemplation de ce petit élément lorsque Lynne l'appella.

-Oui, bien sûr. J'ai aussi trouvé quelque chose, je ne sais pas ce que tu en penses mais ça ne ressemble pas trop à des poils de loup.

Elle échanga son indice contre celui de sa compagne, ce qui la laissa encore plus perplexe. Effectivement il y avait quelque chose de bizarre avec cette plante, elle n'avait absolument rien à faire ici. Et certainement pas avec ce temps.

-C'est de l'Amrita, c'est une plante rare. C'est même plutôt recherché, elle permet de faire beaucoup de potions de qualité supérieure, expliqua l'elfe. Mais… Elle ne pousse que dans les déserts, et pas au bord mais bien au centre, je ne vois pas comment quelqu'un aurait pu en cultiver à proximité. Et certainement pas par ce temps.

Ewie fit tourner songeusement la longue tige entre ses doigts fins. Il y avait vraiment quelque chose qui ne collait pas.

-Ils n'ont pas pu s'en procurer à proximité, surtout que regarde moi ça. C'est de la conversation d'amateur ! Une moue dépitée s'afficha sur le visage de la jeune femme alors qu'elle montrait la plante à sa camarade comme si c'était l'évidence même. Aucun apothicaire digne de ce nom ne se laisserait fournir avec une aussi piètre qualité, surtout pas avec un produit si recherché. Non, ils ont dû l'apporter avec eux.


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Dim 29 Nov 2020 - 10:40

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Parmi les flocons et les cendres


Ses genoux baignant d’abord dans le froid cristallin de la neige, Lynne se releva à l’approche de la jeune herboriste. Sa cape épaisse laissa tomber quelques flocons accumulés sur le tissus bordé de fourrure tandis qu’elle tendit la plante délicatement coincée entre ses doigts pour l’offrir à sa collègue.
Se faisant, Ewie lui fit don d’une pincée de poils de bêtes, qu’elle prit avec de prudentes précautions afin de n’en laisser échapper aucun. Ses yeux se plissèrent alors qu’elle examinait l’indice, tournant la petite touffe entre ses doigts pour l’observer sous différents angles.

« Tu penses ? » la questionna t’elle, relevant son regard interrogatif vers l’elfe. « J’aimerai pouvoir confirmer ce que tu avances, mais malheureusement je ne m’y connais pas trop en animaux …  »

Sa connaissance de la faune s’arrêtait à des savoirs très élémentaires. Si elle savait faire la différence entre la fourrure d’un lapin et celle d’un loup comme n’importe quel paysan, elle était bien incapable d’identifier un animal à partir d’un simple ensemble de poils.  
En revanche, elle était plus à l’aise avec les plantes et les remèdes – c’est pourquoi les mots d’Ewie éveillèrent des souvenirs enfouis de ses études en botanique. La fleur qu’elle avait trouvé, il s’agissait bien évidemment de la rare et précieuse Amrita. C’était un végétal que l’on ne voyait pas tous les jours, et encore moins dans la contrée dans laquelle elles se trouvaient actuellement comme l’avait si justement pointé Ewie.

« Ils ne viennent donc pas de cette partie de la région. Peut-être plus vers l’ouest ? » suggéra Lynne en réponse à la remarque de sa collègue.

Elle observa tour à tour leurs deux indices, qui semblaient pointer vers une direction similaire. Ces hommes provenaient d’un endroit différent – visiblement chaud, comme le suggérait l’Amrita- ; ce seraient des éléments qui intéresseraient leurs supérieurs respectifs.

« Bon. En tous cas, on ferait mieux de garder ces choses précieusement. Si tu veux, je peux m’en occuper.  »

Lynne s’éloigna pour se diriger vers son cheval, qui tourna sa tête à son approche, les naseaux laissant échapper une brume chaleureuse. Elle gratifia l’animal d’une caresse avant de fouiller les sacoches accrochées à sa selle.
Elle était venue parée, sachant qu’il lui faudrait peut-être prélever des éléments de la scène. Des tissus propres, des morceaux de cuir grossiers, quelques flacons … voilà le sommaire attirail qu’elle possédait pour conserver leurs trouvailles.

« Au fait, que penses-tu de la manière dont les cadavres ont été brûlé ? » demanda t’elle à sa compagne tandis qu’elle glissait précautionneusement les poils dans une petite fiole, les sourcils froncés sous l’effet de la concentration.

Elle tendit un tissus à Ewie tandis qu’elle écoutait son avis sur la question. Sa propre conviction était que ces cadavres avaient été victime d’un feu créé magiquement ; l’état avancé de calcination des cadavres état en soit un bon argument, en plus du fait que les flammes semblaient avoir été localisés sur un périmètre bien déterminé – autrement dit, pile sur les restes de chaque individus. Sa compagne confirmerait peut-être ses suppositions, ou en avancerait de nouvelles qu’elle n’avait pas pris en considération.

Quand Lynne eut terminé avec le flacon, elle le replaça dans la sacoche et en profita pour poursuivre ses recherches sur un autre cadavre gelé situé non loin de leurs chevaux. Tout écoutant Ewie, elle réprima l’anxiété et le dégoût qui lui serraient une fois de plus la gorge à cette vision d’horreur alors qu’elle s’affaira à observer et manipuler les restes. Elle ne trouva cependant rien qui n’était digne d’intérêt ; juste des dagues quelconques et des bouts de cuirs brûlés.

Son regard se porta de lui-même vers les restes de la femme emprisonnée dans la cage. Avait-elle encore quelques secrets à partager avec elles?

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Dim 29 Nov 2020 - 10:40

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