Le Deal du moment : -39%
Ordinateur portable ASUS Chromebook Vibe CX34 Flip
Voir le deal
399 €

Dim 29 Nov 2020 - 21:07

Anonymous
Invité

Invité


tumblr_oyhzu9Hceu1qf26cpo1_540.gif
Dans ses veines coule le savoir.



9:30 du dragon, trois jours après la soirée chez les Viridi

Crassius referma lentement la lourde porte menant aux appartements de sa famille, verrouillant le plus silencieusement possible les nombreux loquets magiques. Une main encore sur le bois teinté, il stoppa sa respiration le temps d'écouter. Mais de l'autre côté rien ne bougea : il était parvenu à s'échapper sans attirer l'attention. Satisfait, il dissimula son visage dans l'ombre de la capuche de sa tenue : un ensemble en matière rêche d'un noir profond, étrangement privé du moindre ornement. Près du corps pour faciliter les mouvements, cette tenue semblait retirer au jeune mage toute l’essence même de sa personnalité : il n'était plus qu'une haute forme sombre, pouvant ainsi se fondre aisément dans toutes les foules. Seul son bâton, fixé dans son dos, le désignait encore comme mage. Après un dernier coup d’œil par-dessus son épaule, il se retourna en direction des escaliers.

L'appartement occupé par les Servis se trouvait au quatrième étage d'un bâtiment haut de sept. Les marches descendues par Crasius étaient composées d'une imitation de marbre assez convaincante, il fallait bien le reconnaître. Les dorures des murs en revanche étaient trop ternes pour êtres crédibles. Sous sa capuche, il secoua la tête. Tant d'efforts pour faire oublier aux habitants de cette tour le quartier dans lequel elle était plantée. Tant d'efforts pour essayer de leur faire croire qu'ils étaient les égaux de ceux qui vivaient à quelques rues de là. De ceux qui n'avaient pas à se contenter de pâles imitations. De ceux qui pouvaient s'offrir du personnel de maison, et dont les appartements étaient au moins dix fois plus vastes. Marches après marches, Crassius dévalait les étages pour rejoindre la rue, dont il pouvait déjà intercepter les échos. Les cris d'un vendeur ambulant de poissons frit l’accueillirent dès qu'il franchit la porte. Il accéléra le pas, sa main caressant comme d'habitude le museau élimé de l'immense statue de Zazikel dressée devant le bâtiment.

Rapidement, il prit la direction des docks, qu'il ne tarda pas à atteindre.

Sur les docks, au milieu des marins et de leurs marchandises, Crassius navigua sans trop de difficulté dans la foule. Il avait, la veille, repéré les lieux, et ne craignait donc pas de se perdre. Il marchait sans se hâter, ses longues jambes lui permettant d'avancer suffisamment rapidement. Crassius détestait être en retard. Arriver le dernier, cela revenait à perdre du terrain. À se mettre soi-même en défaut. Arriver en avance ? Cela permettait de se préparer. La vie dans cette ville n'était qu'une perpétuelle confrontation. Une lutte interminable dont on ne pouvait se soustraire. Cela n'empêchait pas Crassius de s'y essayer. Pour cela, il souhaitait n'arriver ni en retard, ni en avance. Juste à l'heure indiquée.

Sur les docks donc, au milieu des marins, Crassius repéra la petite alcôve souhaitée. Elle s'ouvrait sur un escalier, qui ne montait pas, non, mais qui s'engouffrait au contraire sous terre. Il descendit précautionneusement ces marches usées, prenant gare à ne pas heurter sa tête par mégarde, et poussa la vieille porte de fer qu'il trouva en contrebas. Il s'engouffra alors dans les catacombes de Minrathie.

Personne, dans tout Minrathie, ne pouvait réellement prétendre connaître entièrement les dédales des catacombes, tant elles étaient vastes et labyrinthiques. Il y existait bon nombre de passages secrets, de raccourcis, de corridors oubliés. Pourtant en substance, ces catacombes étaient faites pour être utilisé, comme le prouvaient aisément les montagnes de vivres y étant entassés, ainsi que les nombreux tonneaux d'eau claire. Les catacombes dissimulaient une partie des secrets de la ville. Elles offraient un refuge pour tous ceux assez braves pour s'y aventurer. Crassius, lui, les arpentait depuis plusieurs années déjà. Depuis que son frère aîné l'y avait enfermé par jeu, alors qu'il n'avait que cinq ans. N'ayant jamais cessé depuis, il se considérait lui-même comme un vétéran de l'exploration de ces galeries.

Il pressa légèrement le pas, obliquant pour quitter un couloir visiblement utilisé. Une flamme magique dansant dans sa main, il avançait en chantonnant doucement. Le silence était une règle tacite dans les catacombes, tout comme le fait de ne jamais y descendre désarmé. Si le jeune homme respectait la seconde règle, il n'observait pas attentivement la première tant il pouvait se sentir chez lui dans ces souterrains.

Il avançait d'un bon pas, passant d'un tunnel à une antichambre, d'une véritable cave aux plus incongrus des bars souterrains privés de tenanciers. Il croisa quelques promeneurs, devant lesquels il rabaissa sa capuche, dissimulant ses traits encore jeunes dans l'ombre de sa capuche. Personne ne chercha à l'arrêter, pas plus qu'il ne fit la moindre mauvaise rencontre. Il arriva alors rapidement à destination. Sur les derniers mètres, qu'il avait repéré la veille, il ralentit, maîtrisant son rythme cardiaque, se composant une attitude fière et un brin altier, dans l'unique cas où il ne serait pas le premier à arriver sur les lieux. Il avait rendez-vous dans une petite salle creusée à même la roche dont les parois formaient un arc de cercle, relativement basse de plafond. Une vieille statue complément épilée avait été oubliée là. Un dragon, évidemment, mais impossible de savoir lequel.

Crassius se faisait une joie de son avance, grâce à laquelle il pensait pouvoir étudier plus en profondeur cette épineuse question d'identité. Pourtant, lorsqu'il pénétra calmement dans la pièce presque circulaire et basse de plafond, une silhouette cloutée par une cape l'y attendait déjà bloquant la sortie opposée. Le mage se figea.

Lun 7 Déc 2020 - 16:14

Anonymous
Invité

Invité


tumblr_oyhzu9Hceu1qf26cpo1_540.gif
Dans ses veines coule le savoir.



Faisant face à une silhouette encapuchonnée, comme lui, mais très visiblement en robe de mage, Crassius hésita sur la conduite à tenir. Devait-il s'avancer encore, ou garder ses distances ?
“C'est vous ?„

La question qui avait franchi les lèvres de l'ombre ne l'aidait en rien quant à l'attitude à tenir. Qu'y répondre ? Évidemment, Crassius était Crassius. Mais n'importe qui d'autre s'étant présenté à sa place pourrait, sans mentir, affirmer par la positive : « oui, c'est bien moi. ». Cette question lui parut idiote, déplacée même, si bien qu'il finit par questionner sa résolution. Il tint bon, n'avançant pas, ne reculant pas, grandissant même sa haute stature pour faire oublier son jeune âge.
“Oui.„

Répondit-il finalement d'une voix neutre.
“Avez-vous l'argent ? „
“ Et vous, l'avez vous apporté ?„

Un court silence accueillit sa repartie, pourtant Crassius n'en regretta aucunement ses mots. S'il devait débourser la copieuse somme qui lui avait été demandée, il ne pouvait le faire sans assurance. La silhouette posée de l'autre côté de la salle n'esquissa pas le moindre mouvement.
“Non. Il n'est pas ici. Nous devons nous assurez de quelques points avant de procéder à l'échange.„

Crassius se retourna vivement, tiquant sur le pluriel employé par la silhouette solitaire. Si ses yeux ne surent déceler aucune menace visible, la désagréable sensation d'avoir affaire à un piège ne le quitta plus. Un sourire de façade dessiné sur ses lèvres, il abaissa sa propre capuche, libérant ses cheveux sombres aux boucles souples.
“Alors débutons, que souhaitez-vous me demander ? „

L'inconnu face à lui ne dévoila pas son visage en retour. L'ombre que projeté sa capuche semblait même trop épaisse pour être naturelle. Crassius déglutit, de plus en plus mal à l'aise. Enfin, que pouvait-il faire de plus à présent qu'il s'était jeté inconsciemment dans un possible guet append ? Il ne pouvait qu'attendre son destin le plus dignement possible. Et ne pas se laisser abattre sans se battre. Après un nouveau silence, l'inconnu attaqua ses questions :
“ Comment avez-vous eu vent de notre offre ?„
“ Un mot dissimulé dans un ouvrage intentionnellement mal rangé dans une étagère de la bibliothèque principale du Cerle.„
“Êtes-vous un usager régulier de cette bibliothèque ?„
“Les savoirs auxquels j'aspire ne s'obtiennent que de deux façons : par les écris et sur le terrain. Puisque je n'ai pas encore validé mon diplôme, je dois malheureusement me contenter des rayonnages de la bibliothèque. „
“Vous êtes donc un membre du collège des antiquités.„

Ce fut au tour de Crassius de garder le silence, légèrement surpris par la tournure que prenait cette conversation. À l'évidence, l'homme avait fait ses recherches, et tenait à ce que Servis le sache. Il résista à l'envie de saisir son bâton.
“C'est … Exacte. »
“Et vous vous appelez Crassius Servis, deuxième fils de … „
“À quoi rime tout cet interrogatoire ? „

Coupa finalement Crassius, laissant éclater sa mauvaise humeur. Il sentit sa main trembler, et voulut la cacher dans son dos. Mais comment faire sans avoir l'air menaçant ? Il se força à respirer lentement, chassant l'air entre ses dents serrées. D'une voix qu'il voulut aimable, il poursuivit :
“Comprenez-moi, je n'ai accepté de vous rencontrer que pour acquérir le livre, et rien de plus. Cela vous sied-il, Magister Prycis ?„

Très certainement à tord, Crassius finit sa tirade par une petite courbette satirique, quasiment automatique. Un geste qu'il regretta presque instantanément.
L'acquisition de ce bien semblait ô combien compromise.



Mer 9 Déc 2020 - 13:08

Anonymous
Invité

Invité


tumblr_oyhzu9Hceu1qf26cpo1_540.gif
Dans ses veines coule le savoir.



Servis se redressa prestement et tenta de faire oublier sa raillerie par une posture plus digne. Peut-être sa pique de fausse servitude était-elle passée inaperçue ? Après tout il faisait sombre dans ces catacombes, et la capuche portée par l'Altus ne devait en rien l'aider à y voir clair. Le mage se concentra, tentant de déceler autour d'eux une nouvelle trace de magie venant s'ajouter à celle déjà bourdonnante produite par la ville en elle-même. Mais rien, le magister ne semblait pas s'être lié à l'immatériel pour corriger son affront, mais rien n'était gagné pour autant : le silence qui s'étirait autour d'eux depuis sa rebiffade n'augurait rien de bon. Crassius jura silencieusement : la fougue de sa jeunesse avait fini par le trahir après lui avoir si souvent servi de moteur. Cette fois-ci il s'était laissé importer. Mais devait-il pour autant s'excuser de son attitude ? Non, il ne s'en sentait pas la force, et quand bien même il n'avait rien fait de mal. Et puis de toute manière, ce genre de considérations ne le frôlèrent même pas. Fort heureusement, après ces quelques instants de malaise flottant, le Magister Prycis reprit son interrogatoire comme si de rien n'était :
“Deuxième fils de Liber Servis, cadet de Marcius, lui-même marié à Diane Sulara, père de deux jeunes enfants.„
“Oui.„

Le voilà qui se mettait à parler comme Galla maintenant ! Encore un obsédé de la généalogie. Bien, en soit ses recherches sur la famille Servis n'avaient pas dû lui prendre beaucoup de temps. Ils n'étaient que des Laetans après tout. Un mauvais pressentiment s'empara de lui.
“Etes-vous le même Servis, qui semble s'adonner à des activités de contrebande depuis l'année 9:29 du Dragon ?„
“... Oui ?„

Un nouveau silence s'ensuivit. Silence que choisit d'occuper Crassius en se félicitant de l'erreur commise par le magister : il n'avait pas débuté sa carrière de contrebandier en 9:29, mais bien en 9:28. Qui que soient ses sources, elles n'étaient pas complètement infaillibles. Quant au fait de s'inquiéter d'avoir été découvert, une nouvelle fois cela ne l'effleura pas : le magister face à lui ne pratiquait-il pas l'exacte même passe-tempd en ce moment même ?
“Pourquoi cherchez-vous à acquérir cet ouvrage ?„
“Je ne possède aucun démon dans mon carnet d'adresse, alors il m'a semblé plus simple de rechercher un manuel.„

Et plus sur aussi, évidemment. Mais à peine son explication terminée, Servis réalisa qu'il n'avait pas tout à fait répondu à la question posée parle magister.
“Oh, vous vouliez savoir POURQUOI je cherche à acquérir les savoirs prétendument renfermés dans l'ouvrage que vous me proposez ?„

Il passa une main dans ses cheveux, envoyant rouler ses boucles noires sur son crâne. Cette question-ci était plus complexe car infiniment plus intime. S'il avait su qu'il allait devoir justifier son choix, se serait-il lancé dans l'aventure ? Probablement que non, cette unique brûlure d'égo lui étant trop honteuse.
Pourquoi chercher à s'initier à la magie du sang ? Pour bien des mages, elle représentait l'impossible. Interdite et condamnée, elle brillait comme un phare, attirant toutes les convoitises. Dangereuse et complexe elle pouvait aussi représenter un challenge, ou simplement le moyen le plus direct pour atteindre ses objectifs. La glorieuse Histoire de l'Empire Tevintide avait été permise par sa pratique, alors il pouvait aussi être question d'héritage... Mais pas dans le cas de Crassius.
“Ce n'est pas son potentiel que je convoite, mais bien l'alternative qu'elle offre.„
“Tu mens.„
“Probablement.„

Et pourtant, il ne mentait pas. La magie du sang représentait pour lui l'alternative. L'alternative au lyrium, substance qui lui faisait anormalement peur et dont il avait jusqu'à présent toujours réussi à se tenir éloigné. Rien que de penser au lyrium, ce minéral qui n'en était pas un, cette substance probablement vivante et connectée à l'immatériel dont on ne savait absolument rien, il en avait le tournis. Pas un tournis agréable, non, mais un de ceux qui vous donne la nausée. Et sans lyrium, Crassius resterait un mage moyen, rapidement a court d'énergie. A moins qu'il ne puisse cette énergie ailleurs. Dans ses veines par exemple. Mais ça, évidemment, il ne pouvait pas l'admettre face au magister Prycis. Jamais.



Jeu 17 Déc 2020 - 13:20

Anonymous
Invité

Invité


tumblr_oyhzu9Hceu1qf26cpo1_540.gif
Dans ses veines coule le savoir.



Crassius avait fini par s'habituer au rythme étonnant de cette conversation. Un rythme asymétrique, d'abord soutenu lors de l'avalanche de questions, puis terriblement lent lors de l'installation d'un nouveau silence. Et puisqu'il n'y avait à présent plus de surprise, Crassius ne se laissa plus importuner par des pensées parasites, ce qui lui permit de remarquer pour la première fois le léger mouvement effectué par son vis-à-vis au cours de ce nouveau temps de latence. Si son buste semblait parfaitement immobile, le bas de sa robe, elle, oscillait lentement, trahissant le mouvement de ses pieds. Un petit pas de côté, puis un autre. Un mouvement d'attente, d'angoisse ou d'impatience.  Étrange puisque le Magister semblait avoir la main mise sur toute la situation.
“ Un avis sur nos dirigeants ?„
“Pas spécifiquement, je pense qu'ils font du bon boulot.„
‌“Sur Nevarra, Orlais ou ...„
“Je vous l'ai dit : j'aspire à devenir un archéologue reconnu. On ne peut pas trouver plus désintéressé que moi par la politique. Je n'ai aucun avis d'aucune sorte sur quoi que se soit.„

Crassius commençait à y voir claire au travers des questions posées par le receleur et, puisque sa patience commençait à s'amenuir, il décida à prendre les devants.
“Je ne suis ni un espion, ni un anarchiste, ni un terroriste. Je ne fomente aucun puch : je suis juste curieux et il est dans ma nature de chercher à assouvir cette curiosité.„

Nouveau silence, plus long celui-là. Suffisamment long pour permettre aux pensées parasites du jeune mage d'affluer de plus belles. Parmi les airs de musiques fredonnées au plus profond de sa conscience, au milieu de ses pensées mutines provoqués par ses hormones en ébullition, une étrange hésitation lui était sussurrée par son instinct. Ne venait-il pas de commettre une erreur en allant au devant des craintes du magister ? N'aurait-il mieux pas valu mimer l'innocence, faire celui qui n'avait pas compris les craintes exprimés à demi-mots par l'autre ?
“ Très bien.„

Quels mots pour exprimer l'intense soulagement que Crassius ressentit alors ? Enfin, ils semblaient en avoir terminé avec cet interrogatoire grossier. Enfin ils allaient pouvoir passer à l'échange. Ces deux simples mots suffirent à raviver la flamme de son excitation : il allait sous peu pouvoir tenir l'ouvrage en main, le parcourir, et enfin découvrir ce monde qui jusque-là lui était interdit.
“ Une dernière question : quel est vôtre point de vue sur l'esclavage ?„




Lun 28 Déc 2020 - 12:29

Anonymous
Invité

Invité


tumblr_oyhzu9Hceu1qf26cpo1_540.gif
Dans ses veines coule le savoir.



“Une dernière question : quel est vôtre point de vue sur l'esclavage ?„

La silhouette noire fit un pas en avant, pressante, menaçante. Crassius ne recula pas, rien dans cette question n'était de nature à l'impressionner. Au contraire même ce petit jeu commençait à l'agacer.
“Vous avez fait vos recherches non ? Que puis-je vous apprendre de plus ? Rien d'inédit certainement.„

Il serra le poing, redressa son dos et gonfla son torse. Les mots qui se pressaient à ses lèvres lui avaient été lancé à de nombreuses reprises. Insultes bien senties, formulées pour blesser, rabaisser, écraser. La vérité qu'ils cachaient était la cause de la peur de ses parents, de la honte de son frère, et de son propre appétit inassouvi. Cette vérité était son sésame, la clé qui lui permettait d'accéder aux ombres. Grâce à elle, il n'était plus un simple Laethan parmi tant d'autres, mais quelqu'un avec quelque chose à prouver.
“Je suis petit-fils d'esclave. Alors, quel est mon point de vue à votre avis ?„

Volontairement, il laissa le silence s'abattre entre eux. Il desserra le poing. Ces mots finalement s'étaient révélés moins difficiles à prononcer qu'il ne l'aurait cru. Eculés par d'autres, ils étaient neufs pour lui, car jamais il n'avait ressenti le moindre besoin de s'en justifier. Ce patronyme qu'il arborait fièrement, à la différence de son frère aîné, était en un sens sa justification. Sa prise de position face au débat suscité par sa simple existence. Esclave, son grand-père l'était, c'est vrai, mais il était tellement plus que cela. Enfant, Crassius enviait en secret cet homme à la liberté si outrancière, allant à l'encontre des recommandations de ses parents. Ils lui disaient : "A cause de lui, nous souffrons." Mais l'enfant ne comprenait pas leur peine. Grâce à cet homme, son père était venu au monde. Grâce à cet homme et à leur père, Marcius et Crassius étaient venus au monde. Leur magie était leur héritage.
Il poursuivit alors :
“Et sans l'action généreuse d'un Altus, nous serions encore des esclaves ma famille et moi. En achetant la liberté de mon père, il a offert sa magie à notre pays, et chaque jour qui passe nous tentons de rembourser notre dette. Sans l'esclavage mes ancêtres seraient certainement tous morts de faim et je ne serais jamais venus au monde.„

Sa tirade terminée, Crassius patienta sagement. Il connaissait à présent l'étrange processus par lequel il devait passer après chacune de ses réponses, cette attente au premier regard inutile, alors que son vis-à-vis comptait ses points selon un barème inconnu mais certainement complexe. Le mage souhaitait en finir au plus vite. Il se promit de ne plus répondre à aucune réponse, quitte à devoir jeter ses pièces au visage de ce Magister bien indiscret.
“La réponse est acceptée.„

La silhouette encapuchonnée du vendeur se mit soudainement en mouvement. Il exécuta un tour sur lui-même, la main gauche disparaissant dans l'ombre de la capuche.
“Bien, je vous l'amène.„
“Ce n'est pas trop tôt !„
“Chut je ne vous parle pas !„

Le magister se retourna, abaissant sa capuche et fusillant Crassius de ses yeux... D'elfes ?
“Suivez-moi, le maître souhaite vous rencontrer.„








Sam 2 Jan 2021 - 10:42

Anonymous
Invité

Invité


tumblr_oyhzu9Hceu1qf26cpo1_540.gif
Dans ses veines coule le savoir.


Servis se retrouva abasourdi, sonné mais surtout complètement désorienté par la découverte de cet elfe qu'il avait pris pour le magister Prycis. Maintenant qu'il y voyait plus clair, il ne pouvait s'empêcher de remarquer les incohérences dans la tenue et dans le comportement de cet être qui lui ouvrait la voie. Sous sa lourde robe de mage richement brodée, enserrées par un cordon de soie sombre, les hanches du faux magister étaient étroites, trop étroites pour être celles d'un homme véritable. Quant à ces oreilles longues et effilées, comment avaient-elles pu entrer sous la capuche sans la déformer ? Fixant le sol de bien mauvaise humeur, le mage remarqua alors que la robe portée par l'elfe semblait trop longue. Elle trainait dans la poussière et les décombres des catacombes. Ce satané elfe devait certainement se tenir sur la pointe des pieds pour paraître plus grand.
“À quoi rime tout ce stratagème ? Où me conduisez-vous ?„

Maugréa le mage à l'elfe qui le devançait, n'obtenant en guise de réponse qu'un énième regard mauvais. Ils cheminaient à présent dans une suite de couloirs de terre creusés entre des pièces plus importantes aux fonctions clairement évidentes, un réseau de galeries hors la loi. Chemins de traverses souterraines, raccourcis aux allures de labyrinthes. Distrait, déconcentré, Crassius devait bien s'y avouer complètement perdu, sans autre choix que celui de suivre sagement son guide. Ce dernier ne semblait pas plus connaitre le chemin que lui. À présent débarrassé de son rôle encombrant de magister intimidant, l'elfe laissait libre cours à sa véritable nature anxieuse et remuante. À son cou pendait un appareil circulaire, semblable à un médaillon, qui répandait une faible lumière. Par intermittence, l'elfe s'en saisissait et le tenait devant lui.

Crassius n'avait encore jamais vu un tel appareil fonctionner de ses propres yeux. Ils étaient si onéreux, si rares qu'il ne soit pas commun de pouvoir en posséder un. Surtout considérant qu'ils fonctionnaient par paires, ce qui les rendait deux fois plus onéreux qu'ils ne l'étaient déjà. En parlant devant l'un de ces appareils magiques, on pouvait se faire entendre au travers de l'autre. Ils permettaient une communication en temps réel, mais à distance. Un véritable prodige.
Me magister Prycis dictait-il à son esclave la route qui conduirait Crassius jusqu'au livre ? À moins bien sûr qu'il n'y ait ni livre, ni magister, ni quoique se soit d'autres qu'une vaste blague, qu'un piège habilement tendu par un quelconque ennemi visant à lui nuire. Pourtant Crassius ne se connaissait aucun ennemi. Il n'était qu'un mage, qu'un honnête contrebandier.
Au détour d'un nouveau couloir, ils s'immobilisèrent devant une porte en bois close. L'elfe y frappa trois coups discrets en usant des jointures de sa main droite, puis se retourna vers Crassius :
“Le Maître vous attend.„
“Vous ne venez pas ?„
“Bien sur que non.„
“Évidemment„

Le mage fit un pas en avant, l'elfe recula, le laissant seul devant la porte. Cette dernière s'ouvrit d'elle-même.

Lun 11 Jan 2021 - 10:02

Anonymous
Invité

Invité


tumblr_oyhzu9Hceu1qf26cpo1_540.gif
Dans ses veines coule le savoir.


Tout en avançant, Crassius prit le temps d'examiner les lieux. La salle dans laquelle il venait de pénétrer possédait quatre murs droits et solides, et semblait servir de stockage : des barils et caisses y étaient entassés. Une cave officielle sans aucun doute, pourtant le mage ne parvenait pas à l'identifier. Au centre de celle-ci l'attendait un homme, drapé dans l'exacte même robe que l'elfe l'ayant piégé. Mais cette fois-ci, elle était à la bonne taille, dévoilant les chevilles de son propriétaire ainsi que des bottes du plus bel effet, engravées de volutes et de symboles discrets. La robe en elle-même avait été agrémenté de nombreuses broches de valeurs et d'autres décorations. Sur son buste pendait le même appareil de communication que celui détenue par l'elfe, et puisque la capuche était rabaissée, les traits de l'homme étaient visibles. En voyant Crassius approcher, il écarta les bras dans un geste voulu accueillant.
“Crassius ! Bienvenu.„
“Magister Prycis ?  À moins qu'il ne s'agisse d'une nouvelle supercherie.„

Le magister sourit et abaissa les bras. Tout dans son attitude hautaine le désignait de fait. Son port altier criait : "je suis le magister, c'est moi, Prycis!". Crassius se mit une gifle mentale, se forçant à se reconcentrer. Il délirait totalement.
“Sais-tu où nous nous trouvons ?„
“Je me posais justement la même question.„
“Au-dessus de notre tête se trouve la caserne des jardins.„

Un doigt levé en direction du plafond, le magister eut un nouveau sourire. Crassius recula, les yeux fixés sur le plafond, plus précisément sur la petite trappe qu'il distinguait nettement à présent. Au-dessus d'eux évoluaient donc les templiers impériaux, les seuls capables dans cette ville de contraindre un mage. Il se sentit pâlir : venait-il de se jeter dans un piège ? Allait-il se faire arrêter ?
“Tu connais l'adage ? "Garde tes amis près de toi, et tes ennemis encore plus près" !„

Mal à l'aise, Crassius fixait toujours le plafond.
“Oh ne t'en fait pas ! Ce n'est pas un piège ! Je me suis simplement laissé dire qu'on serait ici plus en sécurité qu'ailleurs. Cette caserne n'est pas exactement connue pour son zèle.„
“Alors vous avez le livre ?„

Les mains du magister disparurent un moment à l'intérieur des épaisses manches de sa robe, d'où elles émergèrent de nouveau, un vieux grimoire minuscule en main. Au premier coup d'œil, Crassius ne releva rien de notable, rien de particulier à cet ouvrage, ainsi il ne comprit pas immédiatement qu'il s'agissait bien du livre qu'il était venu acquérir.
“J'ai le livre. Nous allons procéder à l'échange. Mais avant... J'aurais une proposition.„
“Je vous écoute.„

Crassius s'avança, se plaçant juste sous la trappe dans une tentative désespérée de l'occulter. Le magister souriait de nouveau, un sourire doux, qui faisait danser les rides courant sur sa peau parcheminée. Son regard était pétillant, il le faisait apparaitre plus jeune que ce qu'il était en réalité.
“Je souhaite vous faire une démonstration.„


Mar 23 Fév 2021 - 11:52

Anonymous
Invité

Invité


tumblr_oyhzu9Hceu1qf26cpo1_540.gif
Dans ses veines coule le savoir.



“Une démonstration ?„

Crassius recula, sa crainte d'être tombé dans un guet append se ravivant fortement. Une démonstration, voilà une proposition que personne en Tevinter n'aimait entendre. Qu'elle dénote d'une menace ou d'un humour grinçant, peut importe, cela ne finissait jamais bien pour celui à qui elle s'adressait. Crassius, décidément bien trop jeune pour mourir aussi bêtement, sentit tout son sang quitter son usage et son teint virer visiblement au jaune. Sa peur était visible, il ne lui servait à rien d'essayer de la cacher
D'ailleurs le magister lui offrit en réponse un sourire grinçant, abominable.
“Allons allons ! Je ne vais pas vous faire de mal ! Ce que je pourrais faire en revanche c'est cibler nos petits amis, là haut.„

Il point aucun long doigt à l'ongle trop long la trappe menant à la caserne des templiers impériaux. Crassius déglutit.
“Un petit sort de contrôle des esprits me semble tout indiqué, ces marionnettes ne devraient même pas s'en apercevoir !„
Vraiment, excusez-moi si je me suis mal fait comprendre mais... Je ne suis ici que pour acheter le tome, pas pour m'affilier à un mentor. Je ne met nullement en doute la magie que vous maîtrisez, mais il me tarde de découvrir enfin par moi-même ces écrits. Comprenez-moi, c'est la simple curiosité qui me conduit sur cette voie.„

Le doigt du magister se replia lentement, manifeste de sa déception. Mais il n'ajouta rien, et s'approcha en silence, tendant le livre devant lui. L'échange fut effectué sans le moindre commentaire, livre est bourse changèrent de main avant que les deux parties ne reprennent leur place à l'un et l'autre bout de la pièce. Silencieusement, Crassius examina le tome, le tournant précautionneusement entre ses mains afin d'en examiner la tranche. Une déception gallopante lui ensera la poitrine. Il s'était attendu à un ouvrage ancien éliminé et doté de gravures colorées, mais l'ouvrage qu'il tenait c'était qu'un banal ouvrage commun dépriment.
“ Tout ça pour ça ?„
Tu es déçu ? Tu t'attendais a quelque chose de tape à l'oeil, hein ? Ça aurait été discret tiens de te promener avec ce type d'ouvrage sous le bras dans tout Minrathie !„

Honteux, Crassius baissa la tête mais ne répondit rien. Il se cala l'ouvrage sous le bras et se détourna vivement.
“ Bonsoir„
Bonne lecture !„

Lui adressa jovialement, ou peut-être ironiquement, le Magister Pricis en agitant la main. Hâtivement, Crassius repassa la porte toujours garder par le faux magister, qui salua son passage d'une courbette exagéré. Le jeune mage plissa des yeux retenant une insulté et accéléra la pas. Après tout, il avait obtenu ce qu'il désirait non ?
Son livre de contrebande calé contre lui, Crassius ne pouvait s'empêcher de penser au Cap qu'il venait de franchir, se rendant définitivement hors la loi. S'il s'était fait prendre pour ses petites contrebande, le risque encouru n'était pas si terrible... Mais ça... Lui qui n'était qu'un Laetan, que le cadet d'une famille sans renommée... Il pourrait aisément servir d'exemple. Le mage luta contre l'envie de jeter le livre, là, maintenant et tout de suite, mais il n'aimait pas se montrer froussard. Alors il le serra encore plus fort, se forçant à penser à la suite, aux possibilités que peut-être ce nouveau savoir allaient lui apporter. La magie du sang pouvait peut-être solutionner son plus profond handicape : sa peur fondamentale face au lyrium.
Il accéléra encore, remontant les catacombes en sens inverse. Il sentait de la sueur perler entre ses homoplates, résultante de sa marche rapide ou de son angoisse ? Mais déjà, il voyait la sortie, plus que quelques mètres à parcourir, et il pourrait rentrer chez lui. Plus que quelques mètres et il pourrait balayer de la main cette terrible sensation d'être suivit.


Contenu sponsorisé


Permission de ce forum:

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum