Palabres, palabres et encore des palabres. A croire que certaines personnes étaient nées pour utiliser leur langue et lécher des culs jusqu’à ce que leur œsophage prenne la couleur de la tourbe. Ça ainsi que ces fichus sarcasmes et piques. Ah, Aldiun se mettrait presque à espérer que quelqu’un le prenne extrêmement mal et se décide à se servir de son bâton dans une pièce remplie de gens préparés à se jeter à la gorge les uns les autres. Car oui, bien que tout cela aie pour l’instant l’air de discussion mondaine en attendant les choses plus sérieuses, il ne fallait pas oublier que chaque personne ici avait au moins une arme pesant plus lourd qu’une plume ou qu’une insulte bien tournée. C’était ça d’être dans un repère de méchants qui n’avaient rien à envier à ceux des contes pour enfant qui faisaient se terrer les mioches au fond de leurs draps. Toujours aussi immobile et intéressant à part pour quelques remarques dispersées, le soldat de choc jeta un bref regard aux autres gardes présents dans la pièce : rien de remarquable, ils étaient aussi détendus que lui même si leurs regards dénotent une concentration totale non pas un début d’ennui tenace.
Un soupir étouffé quitte le casque du colosse mais il finit par se recentrer sur son rôle, après tout on lui avait demandé d’être vigilant même si on pouvait bien se demander pourquoi. Devait-il surveiller les personnes apportant les rafraîchissements ou plutôt ce nid de vipères sifflant au centre de la pièce ? En tout cas, entendre un des convives proche se demander pourquoi ils étaient là lui fit hausser un sourcil… Comment ça ils n’étaient pas au courant ? Qu’on ne le dise pas à un garde passe encore mais aux invités ? Quelle organisation…
Les yeux du colosse se referment pendant un instant, le laissant profiter d’un repis dans cet étalage de couleur et bien vite il se ferme même aux sons environnants, appréciant une courte introspection. A-t-il déjà côtoyé certains des convives ? Cette question passe au second plan quand il sent un mouvement un peu trop proche de lui, une nouvelle fois. Encore un des convives qui ne l’a pas vu ? Non, plutôt un serviteur qui semble louvoyer entre les gens présents ici. Hum, suspect. Rivant ses yeux d’un vert tirant sur le gris sur l’homme, un court grognement sort de la bouche du soldat de choc. Relevant les yeux, il fixe un autre des gardes et fait son premier mouvement depuis son arrivée ici. Il est généralement fort impoli de montrer du doigt et la portée de ce geste est généralement minime. Pourtant ici, avoir une montagne de muscles et d’acier qui s’anime pour pointer précisément du doigt un serviteur au comportement louche, ça peut sonner comme une condamnation à mort n’est-ce pas ? En tous cas, ça attire l’attention de deux autres sentinelles dans la pièce qui se déplacent rapidement. Voilà problème réglé. Au pire il était innocent et se tapait la plus grande frayeur de toute sa carrière, au mieux il avait une dague empoisonnée sur lui et on allait assister à une mort rapide.
Car oui l’option ‘’arrestation sans faire de vagues’’ semblait fort compromise dans ce genre de réunions, surtout si Aldiun était le vigile. Il parait que les espadons les plus aiguisés peuvent couper un cheval en deux alors imaginez ça sur un pauvre serviteur seulement vêtu de ses frusques et même pas d’une armure…
Allait-on ajouter des petits dés de jambon au buffet en plus des petits fours ?
Invité
Déclama-t-il de sa voix puissante et autoritaire, avant de passer de nouveau les portes en sens inverse. Les invités s’ébrouèrent, s’apprêtant à le suivre alors que les conversations avaient repris, emplissant de nouveau le hall. Tous étaient intrigués par cette réunion, certainement unique parmi leur toute jeune association.
Depuis l’autre bout de la pièce, Servis sourit derrière son masque de bois. Il s’inclina avant d’étendre ses longues jambes, prêt à suivre le mouvement.
Il se mit en marche, rejoignant la cohue disciplinée formée par les Venatori et les templiers rouges. À mesure qu’ils approchaient des portes, un silence concentré s’emparait d’eux, et les plus impatients tendaient le cou pour tenter d’apercevoir légèrement en avance la configuration prise dans la pièce suivante. Cet entonnoir de silence se brisait naturellement dès les portes passées, comme put le découvrir Servis, recevant au passage un coup de coude entre les reins donné certainement par une personne trop impatiente, et gênée par sa haute taille. Une fois les portes passées, donc, le mage s’écarta, ralentissant le rythme et cherchant à rejoindre Aesthia ou Fabien, le premier en fait qui se présenterait à lui. Dans le même temps, il découvrit cette large salle de banquet, dont les longues tables appairées avec de simples bancs de bois avaient été repoussés tout contre les murs de pierre nue. Au centre de la pièce se dressait une estrade où attendaient cérémonieusement l’homme à la livrée. Un peu en arrière, trois chaises étaient visibles, dont une anormalement grande.
La salle commençait à sérieusement à se remplir, ainsi Servis choisit de s’asseoir sans plus attendre, et donc à l’une des extrémités de la table de banquet, laissant deux places libres près de lui. Intéressé, il observa le manège des serviteurs. Ces derniers apparaissaient depuis l’autre bout de la pièce, les bras chargés de plateau d’argent. Il fallait être aveugle pour ne pas remarquer qu’ils tremblaient de peur.
 
"J'espère simplement que cela en vaut la peine, je ne voudrais pas avoir fait tout ce chemin pour rien..."
Ce n'était pas contre Servis ou bien Cide, mais clairement je risquais de ne pas rester bien longtemps ici si je me rends compte que toute cette agitation ne mène à rien. Heureusement j'ai de quoi me faire patienter un peu dans mes poches, mais il me faudra être discrète. Soudain, le bruit de grandes portes qui s'ouvrent attirèrent l'attention de tout le monde, laissant un temps le bruit de fond s'estomper. Un héraut fit une annonce pour nous inviter dans la salle où se tiendrait la réunion. Heureuse que les choses avancent un peu, et les autres aussi semblaient tout aussi content, nous suivions la marche. La salle était grande avec un estrade qui mettait en valeur les principaux participants de cette réunion. Les chaises étaient vides, mais vu leur nombre et la taille de l'une d'entre elle il ne faisait pas grand doute sur leur identité. Je me demandais cependant si mon ancêtre allait vraiment nous "gracier" de sa présence. L'idée ne me plaisait pas vraiment, ayant toujours du mal à digérer qu'il se soit laissé aller à une telle difformité qui n'a d'égal que son égo. Mais bon, si au final cela sert mes desseins et que je n'ai pas à manger en face de lui, cela me convient.
Servis, loué soit sa capacité à trouver les bons endroits, s'était installé sur un endroit relativement confortable car assis, et pas trop près de l'estrade où bon nombres de personnes allaient s'agglutiner. Préférant pour une fois un peu de compagnie, surtout si celle ci peut être divertissante en cas d'absence totale d'intérêt de cette réunion, je le suivis machinalement, m'asseyant à côté de lui. Bras et jambes croisées, regardant le groupe qui rentrait avec attention, je notais les mouvements des gardes qui allaient se placer en des endroits stratégiques. Notamment un qui fendait la foule et se trouvait facilement reconnaissable par sa tête qui dépassait largement du reste des gens. Quelques serviteurs étaient là également, certains alignés comme s'ils allaient être éxécutés et portant des plateaux d'argent. Je m'étonnais légèrement de leur air effrayé et tendu. Est ce parce qu'il y a dans cette salle plus de personnes de mauvais alois que dans le reste de Thédas, ou bien parce qu'ils savaient ce qui allait se passer ? Je ne pus m'empêcher de sourire légèrement.
"Mh... Peut être que les choses seront plus intéressantes que ce que je pensais..."
Tranquillement je sortais de l'une de mes poches de ceinture un petit paquet. Délicatement emballé dans un sachet de soie, je l'ouvris en appréciant l'odeur sucrée et vanillée qui s'en échappait. Dedans, quelques petits sablés de la taille d'une bouchée, ainsi que des bonbons au miel. Mon petit trésor, parfait élément pour assister au spectacle. Car pour moi il n'y avait pas grand doute que j'allais être plus spectatrice qu'actrice dans cette pièce, et j'espérais me faire oublier autant que possible. Je prenais un petit sablé, le mangeant délicatement en appréciant toute la rondeur du beurre et du sucre. Il n'y a pas à dire, les Orlésiens sont ridicules dans leurs accoutrements mais qu'est ce qu'ils sont doués pour ces petits amuse-bouche ... Soudain, les grandes portes se refermèrent, claquant et rajoutant d'un coup de la tension dans toute la salle. Le héraut avait rejoins l'estrade, portant cette fois ci avec lui un bâton de mage. Avec il frappa trois fois à coup lent et sec le bois du plancher, faisant résonner cet appel dans toute la pièce. Le silence tomba peu à peu, tous les regards se tournant vers lui.
"Gloire à l'Ancien !"
Ainsi, le bal était ouvert. Tout le monde était devenu silencieux, leur attention portée sur l'homme en livrée simple. Il ne nous laissa pas longtemps attendre, et d'une voix somme toute solennelle il les mondanités d'usage.
"Venatoris et Templiers Rouges, merci d'être venus à Therinfal. Si vous êtes réunis à ce jour, c'est que vos rôles seront d'importances dans notre prochaine action pour déstabiliser l'ordre actuel et préparer l'ascension de l'Ancien. "
Je poussais un léger soupire. Jusque là, rien de nouveau. Je ne sais pas pourquoi, mais la notion "d'importances" me semblait trop flatteuse pour être vraie et le laissait plus que sceptique. Dans quoi est ce qu'ils vont nous embarquer encore ? J'espère que cela ne va pas compromettre mes recherches et me faire perdre du temps sur place. Mais bon, laissons la chance au produit. Derrière le héraut montèrent sur l'estrade deux figures reconnaissables entre toutes, ou plutôt les seuls figures sans doutes connues par tout le monde dans cette pièce.
"Je laisse à présent la parole à Dame Calpernia et au Commandant Samson Raleigh. "
Le héraut s'éclipsa, descendant de l'estrade avec son bâton pour laisser le commandant et dame Calpernia sur la scène. Je fronçais légèrement des sourcils en voyant le chef des templiers rouges. Il avait l'air... particulièrement fatigué et pas forcément dans son assiette. Je veux dire, il a toujours cette tête qui donne envie de rester à bonne distance et de ne pas lui parler en face, mais là c'est pire que d'habitude. Je ne pus m'empêcher d'en faire la remarque en chuchotant, seulement audible de mes deux voisins directs.
"Ho, il n'a pas l'air très frais le commandant..."
Je souriais légèrement, intérieurement amusée par ce qui allait sans doute se passer. Je repris un petit biscuit et d'un geste étonnamment altruiste en proposa également à Servis et à Cide. Comme ça au pire, je ne serais pas la seule fautive.
 
Félonie, intrigues et petits fours
Hiémarche 9:42 du Dragon
Feat. Aesthia Amladaris
Collègue - ■ ■ ■
Feat. Aldiun Pinewood
Garde - ■
Comme je me doutais, personne ne savait vraiment pourquoi nous étions réunis en ces lieux. Mes sourcils se froncèrent sous mon élégant masque, tandis que je haussai des épaules en totale contradiction. Il le fallait. Mais soudain, on attira notre attention, et chacun commença à entrer. L’archéologue fut le premier à partir, et ses longues jambes le dissimulèrent très rapidement dans la foule. Rapidement, Dame Amladaris en fit tout autant, et je ne tardai non plus.
La joyeuse foule d’antagonistes que nous étions déboula dans une grande salle de banquet, avec une imposante table. Rapidement, je repérai ma Dame, qui avait repéré l’archéologue. Heureusement, il avait eu la bonne idée de nous garder des places bien au chaud. Je me glissai donc auprès d’eux et pris place aux côtés d’Amladaris. Nonchalamment, tandis que la foule se disciplinait toujours plus, je sortis mon carnet – on ne savait jamais.
Cela dit, un détail ne put m’échapper : la tension des serviteurs. Tous tremblaient, comme si le pesant malheur s’était installé dans toute la salle. Mes yeux se plissèrent légèrement, soudainement nerveux. Cela ne présageait rien de bon.
Malgré tout, ma voisine de table savait comment se mettre à l’aise. Je ne savais pas comment elle faisait, tout dans cette salle était anxiogène. Je n’allais pas paniquer ou quoi, mais ça restait quand même agaçant. Allons, concentration.
Trois mots résonnèrent dans la salle, subitement répétés comme une proclamation sainte : « Gloire à l’Ancien ». Un frisson parcourut mon échine, tandis que je me sentis soudain dans un théâtre, prêt à écouter le plan diabolique qui causerait soit un quiproquo, soit la tragédie de la pièce complète. Attentif, j’avais sorti mon morceau de graphite pour gribouiller. On ne savait jamais.
Malgré tout, toute la salle était désormais silencieuse, et écoutait le déroulement de la journée. Super. Un petit meeting tranquille, avec des plans, des présentations de projets .. on se croirait à l’université.
Cette pensée m’amusa, jusqu’à voir arriver Samson et la femme de toute à l’heure. Samson qui avait l’air un peu .. pâle ? Créateur, j’espérais que ce n’était pas dû à la veille.
◊ Ho, il n'a pas l'air très frais le commandant...
◊ En même temps, je ne pense pas que du lyrium corrompu doit l’aider ..
L’image d’Ivahn en uniforme corrompu ne pouvait plus quitter mon crâne. Je ne l’avais pas revu depuis des décennies, tout ça pour le retrouver .. ici.
Ça aurait pu être moi.
Ça aurait dû être moi.
Si j’avais eu le zèle des Trevelyan, j’aurais terminé ma vie sous la corruption de ce lyrium. Il était difficile de conserver toute sa concentration dans un contexte pareil. Mais je ferais au mieux. Je n’avais pas tant le choix. Devrais-je les prévenir de sa présence dans l’armée de Corypheus ? Comment le prendraient-ils ? Il vaudrait mieux qu’ils le croient mort.
 
Un simple désagrément que l’altercation ordonnée par le colosse d’acier que seule la moitié des convives avaient remarqué avant qu’il ne s’anime d’un coup. Tout ça pour intimider un pauvre serviteur qui lui avait simplement semblé se comporter de manière suspecte. Quel triste destin que celui qui attendait l’inconnu vêtu simplement. Un couteau trouvé sur lui et ce fut sa fin. Entraîné on ne sait où. Enfin ça, c’est ce qui aurait dû se passer si tout s’était déroulé normalement. A la place, deux gardes l'encadrent et il part effectivement en direction du donjon. Le soldat de choc reconverti en porte-manteaux pour cultistes à moitié fou pousse un soupir. C’est probablement là tout ce qu’il va lui arriver de palpitant de la soirée. Après tout, une fois les participants enfermé dans la chapelle… Qu'est- ce qui pourrait bien se passer ? Personne n’oserait faire l’idiot en présence des plus hautes instances pas vrai ? La mort serait alors une fin bien douce et rapide par rapport aux idées sadiques fleurissant dans les cerveaux des autres adeptes plus haut gradés.
Le destin du serviteur déjà classé dans son esprit, le soldat de choc tourne les talons et se déplace pour reprendre son rôle d’armure vivante se cachant dans le décor jusqu’à s’animer pour faire ce qu’il fait le mieux : faire peur et tuer. Dommage, la seconde partie venait encore à manquer pour l’instant. Mais passons à l’étape suivante… Ou pour le dire sans filtre : revenons-en au moment où Aldiun arrive à se sortir de la mélasse de ses pensées alors qu’il fait le pied de grue à son nouveau poste. Depuis que les portes de la salle de réunion s’étaient fermées, il n’avait rien eu à faire et rien pour le stimuler. De fait, la vue de deux gardes arrivant au pas de course, l’arme prête à être tirée fut un événement assez important que pour le faire passer en ‘’mode’’ actif et arrêter de s’ennuyer.
-Pinewood, le serviteur de tout à l’heure s’est échappé ! Il est plus que ce qu’il semble être. Il va sans doute tenter de perturber la réunion d’une façon ou d’une autre. Il ne peut passer que par les passages des serviteurs, il ne va pas tenter la porte principale. Va, trouve ce félon et tue le. Plus de patience cette fois, plus d’arrestation, c’est compris ?
Le colosse grogne, hoche la tête et se met en mouvement. Tel un automate meurtrier, son intention se diffusant comme un gaz autour de lui, le grand Fereldien portant le rouge s’élança. Il avait son but, il avait-pour une fois-un assez bon sens de l’orientation pour atteindre les passages destinés aux serviteurs ; l’espion ou assassin n’avait aucune chance.
Dans la pièce, un discours qui s’annonçait important était sur le point de débuter. Dans l’indifférence générale, un simple serviteur se glissait entre les couloirs, approchant de sa destination. Sans que l’espion ne s’en rende compte , une créature aussi proche de l’homme lambda qu’un concombre avec une moustache s’approchait de lui. De fait, quand l’assassin fut dans la pièce, pensant toujours son déguisement correct, il s’approche plus près du commandant et sa main se glisse dans sa chemise toute simple. Alors que sa main jaillit et que les gardes se mettent à réagir, une sombre masse de métal est plus rapide. La main se referme sur le poignet même pas encore tendu et un craquement bruyant retentit. L’instant suivant, un bruit semblable à celui du tissu déchiré et un hurlement inhumain retentit.
Une giclée de sang souille les tapis et le cri s’étrangle quand des coups pleuvent dans un déluge de violence et même de membres arrachés à mains nues. Comme dans un état cathartique, Adliun se défoule sur l’espion.
Avec une morgue et un calme Olympien, les chefs qui avaient interrompu brièvement leur discours, prirent de nouveau la parole sur une note plus ironique :
-... Et donc comme nous le disions, nous avons trouvé un moyen d’améliorer encore plus la brutalité et l’efficacité de nos troupes mais nous vous expliquerons tout cela plus en détails par après.