Jouer avec les nerfs des inquisiteurs n’était peut-être pas l’option la plus fine ou diplomatique mais depuis quand était-il capable de finesse. Il avait parlé, beaucoup parlé, c’était déjà bien. On aurait au moins pu prendre cela en considération non ? Non, même pas. A la place, sa seule récompense fut une lance projetée dans sa direction. A bien y réfléchir, comment leur en vouloir ? Alidun Pinewood représentait une menace doublée d’un symbole honni. Il avait tué bien des inquisiteurs lors d’escarmouches et d’affrontements. S’en était-il délecté ? Difficile à dire, il ne serait même pas capable de s’en souvenir avec émotion. De fait, qu’un adversaire perde patience et tente de planter une lance dans la tête du templier déchu, quoi de moins étonnant ? Ce qui fut sans doute plus étonnant fut…
Que la lance s’arrête brusquement à quelques pouces du colosse, la pointe de fer si proche qu’elle pouvait presque toucher la visière d’Aldiun. Pourtant elle ne pouvait pas aller plus loin car le colosse avait tendu sa main libre à la dernière seconde et avait bloqué l’arme qui tremblait comme celui qui le tenait. Ce geste aurait dû être impossible mais n’oubliez pas une chose : le templier rouge n’était presque plus humain à l’heure actuelle, le Lyrium continuait de booster ses réflexes, sa force tout en diminuant ses réactions face à la douleur. Tirant brusquement la hampe par-dessus son épaule pour attirer le soldat, le soldat de choco l'empale sur sa lame précipitamment relevée. Le sang gicle sur le sol puis une torsion de lame tranche profondément le flanc du lancier qui regrette sans doute d’avoir prit la tête de l’assaut.
Cependant il n’est pas seul et le templier rouge se rend vite compte qu’il est encerclé par des hommes en armes qui veulent sa mort. Cela ne pouvait se terminer que d’une façon à présent : sa mort ou celle de ses adversaires. D’autres personnes auraient tenté la fuite en désarmant ses ennemis mais ce temps était depuis longtemps revolu et à présent la soif de sang du guerrier corrompu pouvait se libérer. Ce fut comme si Adliun sentait un poids se libérer et comme si une voix lui soufflait à présent de tuer. Tuer et tuer encore. Une lame siffle vers son cou, mais cette fois le colosse est chargé d’adrénaline et conscient de la présence de ses ennemis. Donc il lève sa lame et s’en sert de bouclier. L’épaisse lame de son épée large intercepte le slash et c’est avec effroi que l’inquisiteur voit sa lame se casser net. Attrapant l’impudent de sa main à présent libre maintenant que le cadavre du lancier git au sol, Aldiun lance le petit idiot aux pieds de Dorian, d’un geste presque dedaigneux.
La voix du monstre d’acier retentit :
-Et après c’est moi le monstre, ne suis-je pas venu en paix ? Et bien la PAIX EST REVOLUE !
Et dans un grand rire semblable au rugissement d’un ours alcoolique en plein délire ventriloque, le soldat de choc bouge enfin. Il donne raison à sa réputation de soldat de choc et charge. Le premier à se dresser sur sa route meurt, l’épée lourde d’Aldin s’enfonçant si profondément dans son plastron et sa chair qu’on pourrait penser qu'il a été coupé en deux. Le sang gicle sur le casque du templier rouge qui se débarrasse du corps et relève légèrement la tête, son regard se plantant dans celui de Dorian. Ses pupilles s’élargissent sensiblement comme un prédateur repérant sa proie pour la première fois puis se calment.
Et, comme on pouvait s'y attendre, Aldiun parti dans le tas, cherchant à rompre le cercle non sans avoir lancé un regard lourd de sens au sorcier de l’Inquisition. Venait-il d’agir comme un animal traqué ou par logique ? Et ce regard signifiait-il qu’il épargnait Pavus ou bien qu’il le tenait pour responsable de tout ça ? Et pourquoi est-ce que l’ex templier vertueux avait un goût de cendre et de fumée dans la bouche...
– Inquisition –
Le fracas des épées va-t-il retentir ?
Gardien, 9:42 du Dragon
Feat. Aldiun Pinewood
Complexe némésis – ▲ ▲ ▲ ▲
Je pouvais revoir ce village en proie aux templiers rouges, il y avait de cela quelques mois. Cet échange de regard, cette brûlure contre ma peau – causée par ma propre magie, de surcroît. Les effusions de sang, la panique qui martelait mon crâne.
Nous y étions une fois de plus.
Un garde mourut alors avec facilité, mais notre groupe pensait encore avoir l’avantage, de par notre nombre. Peu d’entre eux étaient présents dans ce village en Frimnaire, et je savais mieux qu’eux ce qui nous attendait. Mais je ne pouvais pas laisser les choses se faire, cette fois. Je ne pouvais pas hésiter. Je chargeai ma magie, contemplant mon adversaire avec cette rage dans le regard. Ignorant ses accusations.
◊ ALDIUN PINEWOOD !
Il forçait la barrière humaine, mais je n’allais pas le laisser faire : chargeant une boule de feu, je la lançai avec force contre son plastron pour attirer son attention. Cette fois, c’était entre lui et moi, et personne d’autre. Croisant son regard assombri par son imposant heaume, je gardai la posture la plus droite, l’œil le plus implacable.
◊ Ce combat est entre toi et moi. Vous autres, reculez !
Chacun m’adressa un regard à moitié tétanisé, à moitié perplexe. Evidemment que c’était de la folie, mais je n’autoriserai pas plus d’effusion de sang qu’il y en avait déjà. Mais me voyant alors m’avancer vers le colosse qui voyait désormais rouge, ils se reculaient. Ils avaient l’habitude de ma personne désormais, mais certainement pas de ma magie. Certains profitaient de l’attention détournée pour ramasser les corps inconscients et les traîner plus loin que la zone conflictuelle. Je chargeai à nouveau ma magie.
◊ Ton adversaire ici c’est moi, TU M’ENTENDS ?!
J’envoyai alors deux autres boules de feu, tandis que j’aiguillais mes pas dans la direction opposée au campement. Il me fallait éloigner le conflit, pour mettre mes hommes en sécurité. Pas après pas, je reculai sans le quitter des yeux, prêt à esquiver son prochain assaut. Tant que je ne perdais pas le contrôle, j’avais une chance de gagner cet affrontement.
 
Un défi ?! On osait le défier ? On le trahissait et puis on l’invitait à un duel comme si il y avait encore de l’honneur dans cette rencontre. Cela l’enrageait au plus haut point. On pouvait même dire que le colosse d’acier voyait rouge. Ca ou alors c’était le sang des gardes mit en pièces qui venait de couler dans ses yeux. Après tout il n’avait pas un parapluie pour se protéger des giclées de sang alors qu’il moulinait avec cette énorme épée. C’était d’ailleurs toujours aussi surprenant que cette lame ne se soit pas brisée. Certes il essayait de l’entretenir durant ses périodes de lucidité, la lavant et l’huilant en récitant des prières à moitié vide de sens mais tout de même. Ce morceau de métal tranchant et lourd était bon à écraser et couper, c’était tout ce qu’il devait faire, il devait être juste assez en état pour faire l’un ou l’autre. Le reste serait caché sous des couches et des couches de sang qui empêcheraient la lame de renaître, ne finissant plus que par être un bloc de métal rouillé imbibé de sang caillé.
La dite lame vrombit encore dans l’air, brisant un bouclier et entamant la chair du bras en dessous. Cependant la voix de Dorian retentit une nouvelle fois et la tête du soldat de choc pivote brusquement, tel un animal qui entend quelqu’un tenter de le distraire de sa proie et en ressent de la colère. Le pire, c’est que ça marche et d’un mouvement d’épaule brutal, le guerrier en armure cabossée retire son arme, évitant ainsi d’arracher le bras du malheureux soldat de l’inquisition qui n’en demandait pas tant. L’homme de stature bien moindre qu’Aldiun tombe à genoux en serrant son poignet qui est bien entamé, remerciant déjà le créateur de sa bonne fortune. Alidun l'assomme d’un brusque coup du dos du gantelet dans la face… Ce n’est pas le moment d’implorer un dieu alors que ton adversaire est toujours juste à côté de toi, crétin. De fait, en plus de perdre l’usage d’un poignet, il avait des dents en main alors qu’il s’il avait juste fermé sa gueule ce pauvre type… bref.
A présent l’ex templier regarde droit en direction du magicien et ce dernier parvient peut-être à apercevoir le regard vert-de-gris du colosse qui semble dilaté par la soif de sang… Ou quelque chose de pire ? En tous cas le colosse se met à courir, suivant Dorian qui décide de l’attirer ailleurs. Une grossière erreur car en un contre un, il risque de pouvoir faire mal au sorcier avant de succomber. Les pas très lourd du colosse d’acier s'accélèrent mais était-ce son imagination où bien Dorian allait sacrément vite ? Cela ne fit qu’augmenter la colère du soldat de choc qui rugit comme un animal. La course poursuite semble enfin s’engager. Le poids du colosse et cet impression de se déplacer dans de la gêlée fait en sorte qu’il n’arrive clairement pas à égaler la vivacité de sa ‘’proie’’ mais qu’à cela ne tienne. Même si Dorian allait se cacher jusqu’à Orlaïs, il l’y pourchasserait… À condition de ne pas se perdre en route.
Les deux adversaires arrivèrent sous une pluie battante et un orage de fin du monde dans les ruines d’une vieille tour. Les éclairs zébrent le ciel, fureur élémentaire qui reflète celle visible dans les yeux d’Aldiun. A plusieurs reprises des boules de feu ont fait rougir sa cuirasse heureusement encore imprégnée de l’anti-magie des templiers. Malgré les brûlures, l’odeur de cochon brûlé et les autres maléfices qui blessent sa chair, le colosse de métal a continué comme une brute. A plusieurs reprises sa propre épée à claqué contre les pierres ou déchiré le manteau de Dorian si près de sa chair qu’elle a du sentir le tiraillement de la pointe de sa lame. Cependant aucun ne semble avoir réussi à progresser sur la neutralisation définitivement d’un des deux adversaires.
Et le climat semblait vouloir conspirer à ce qu’aucun des deux personnages ne remporte une victoire...