Dans les ténèbres, l'aveugle est le meilleur des guides [PV. Aden ; +18 violence]

« Merci pour tes informations, sac à merde. »

Du sang perlait par la bouche et le nez de l’homme attaché. L’homme suppliait, priait le Créateur, demander de l’aide en Antivan. Il avait coopéré, il allait s’en sortir, non ?
L’interrogatoire c’était bien passé. Mieux que le précédent même. Celui là n’a pas eu le temps de se manger la langue pour se suicider... ou avait été trop lâche. Vu sa résistance à la torture, c’était sans doute la seconde option. À peine deux petites heures.
Un rapide coup de main gauche au niveau du cou, et le bourreau le laissa se vider de sang. Tel un pourceau, il couina alors que son sang bloquait ses voies respiratoires.
Il aurait pu le tuer rapidement, mais il a préféré le faire méditer sur ses crimes passés alors que le Corbeau se noyait dans son propre sang.

Ses informateurs ne lui avaient pas menti. Ces parasites étaient de retour dans la cité. Il avait pensé que son… ancien précepteur avait réussi à les chasser en massacrant leurs… recruteurs, mais apparemment, ils n’avaient pas compris le message. Pire, ils comptaient s’associer avec d’autres orphelinats. La jeunesse de Starkhaven allait être souillée par le traître et le félon.

Du sang allait couler. Ça, Il en était sûr.

Le héraut soupira. Encore une fois, Il était allé trop loin. Le corps devait disparaître comme tant d’autre avant lui.

Cependant, les informations lui seraient utiles… il devait enquêter.

***

Lukan déambulait dans les couloirs de Fort Eden. Souriant et aimable, il se paya même le luxe de parler affaires et approvisionnement avec le quartier-maitre du Fort. Entre deux ou trois dialogues, il apprit qu’un aspirant avait vécu dans l’orphelinat attaquer par le Déicide. C’était exactement ce qu’il cherchait.

Après une enquête aussi courte que fructueuse, il se rendit à l’endroit où logeaient les recrues. Il cherchait un.e certain.e Aden. Il avait appris quelques petites choses sur son compte. La plupart des templiers le connaissaient. Lui, le héraut de Starkhaven. Ils avaient vu la lumière du personnage, la propagande mit en place par Sebastian semblait avoir fonctionné. Les recrues le saluèrent, et il répondit par un sourire. Lorsqu’il fut interloqué par l’un d’entre eux. Il ressemblait à la description d’Aden.

Il s’approcha alors du jeune templier à la chevelure d’or.

« Tu es bien Aden ? »

Une fois que lea jeune confirme son identité. Le héraut continua.

« C’était bien toi qui étais à la Dernière Chance ? »

Attendant encore une confirmation. Le héraut se mit à sourire. Un sourire poli, presque compatissant. Ses proches auraient dit un sourire de façade. Ils auraient raison.

« J’imagine que tu sais ce qui s’y est passé ? Tu aurais des informations supplémentaires ? »

L’orphelinat était enfin libre.

Après toutes ces années à prier, à espérer et à soutenir les petits de toutes les façons qu’Aden le put, il apprenait enfin que l’orphelinat était libre de leur jouc. Il se souvenait encore de la réaction mitigée de ses collègues aspirants lorsqu’ils lui apprirent la nouvelle : ils ne s’attendaient sûrement pas, après avoir dit mot pour mot « Un terroriste s’en est pris à l’orphelinat de la Dernière Chance, quel raclure », qu’Aden ne pleure de joie. Ce ne fut que quelques instants après qu’il put enfin parler des saloperies qui s’y faisaient. Quel bonheur. Quelle merveilleuse nouvelle.

Il attendit la fin de la journée pour se rendre à l’orphelinat.

Quelques gardes civils s’occupaient temporairement de l’endroit, le temps de trouver une meilleure solution, ou de nouveaux bénévoles. La blondine trouva rapidement les petits, tout autant rassurés qu’elle .. et à regret, Milie avait déjà disparu, avec Michael et les autres. Si son cœur se brisa à ce déchirant constat, elle privilégia la bonne nouvelle qu’enfin, ces activités atroces connaissaient enfin une conclusion. Ces enfants étaient libres. Enfin.

Revigoré de cette visite, plus longue et plus insouciante, à la Dernière Chance, Aden reprit ses entraînements avec davantage de vigueur et de détermination encore. Il progressait vite, à vrai dire, ce qui était très bon signe pour lui.

Après l’entraînement, le petit groupe partit manger, puis en direction des dortoirs. Cela lui faisait encore drôle, de dormir dans un lit – un vrai lit. Si certains se plaignaient du manque de confort, le blondin ne comprenait pas trop leurs raisons. Comment le pourrait-il, lui qui vivait à la rue depuis des années ?

Cependant, ce soir était particulier. Quelqu’un entra dans la pièce, alors que le jeune se changeait. Rabattant subitement son haut le long de son corps, son regard graphite analysait le nouveau venu, avec qui il croisa le regard. Aden ravala son souffle quand l’homme s’approcha de sa personne, méfiant au possible.

- « Tu es bien Aden ? »

Les yeux plissés, palpant le silence de la chambre sans trop de difficulté, il ne tarda pas à répondre.

- « C’est moi, oui. »
- « C’était bien toi qui étais à la Dernière Chance ? »

Et là, une forme de malaise s’installa, sans que le jeune puisse comprendre pourquoi. Comme si ses camarades prenaient ce sujet pour quelque chose de délicat. La question était intrigante, mais Aden n’en tint pas directement rigueur : il haussa des épaules en guise de réponse.

- « On m’a placé là-bas assez jeune, ouais. .. .. Pourquoi ? »

Il ne put empêcher cette réponse de franchir ses lèvres. Pourquoi maintenant ? Si cela concernait sa récente libération, ils détenaient déjà leur sauveur, non ? Chose que n’approuvait Aden qu’à moitié. Ce criminel semblait avoir des antécédents avec la Chantrie, mais dans ce cas de figure, il avait commis une très bonne action. Pas très légale, mais une très bonne action.

L’inconnu lui sourit, un sourire qui ne l’aidait pas dans son aise. Les autres camarades se contentaient de se changer et de faire dans leur coin ce qu’ils avaient à faire, mais ils ne regardaient pas par politesse. Son interlocuteur reprit avec sa drôle de conversation.

- « J’imagine que tu sais ce qui s’y est passé ? Tu aurais des informations supplémentaires ? »

Aden croisa des bras, n’aimant pas la tournure de cette conversation. Des informations ? A quel sujet ? Tout n’avait pas été dit déjà ?

- « J’ai quitté l’orphelinat depuis quelques années déjà, messere. Les souvenirs sont lointains, mais nos bourreaux comptaient nous vendre. On n’a jamais su à qui, je pense pas qu’ils voulaient qu’on le sache. »

Puis, le blondin haussa des épaules, pour montrer qu’aujourd’hui, cela ne lui faisait plus rien ; pour montrer que ce n’était pas une conversation inconfortable avec un inconnu qui allait l’effrayer, même s’il revoyait déjà les outils, la cave, et le fouet.

- « Et ce criminel qui a abattu les bénévoles .. il doit sûrement être mieux renseigné sur le sujet non ? On dit par ici que c’est un professionnel, un tueur à gage ou quelque chose du style. »

Les rumeurs restaient des rumeurs, mais on ne savait jamais. Peut-être que l’inconnu ne l’avait pas encore consulté ? C’était vrai, il ne l’avait jamais vu à Fort Eden avant. Il fallait aussi dire qu’Aden n’était pas du genre à se promener n’importe où, particulièrement ici : il semblait d’ailleurs le seul dérangé par sa présence.

Après un petit silence gênant, Aden reprit la parole, sur un ton incertain, mais néanmoins pas sur la défensive.

- « Vous .. avez besoin d’un coup de main ? »

« Ne t’inquiète pas. C’est juste pour une enquête au nom de Starkhaven. Tu n’as rien à craindre si tu n’as rien à te reprocher. »

Dit le héraut avec un petit rire. Il ne s’attendait pas à ce qu’un jeune de Starkhaven soit intimidé par sa présence. Surtout un jeune de la basseville, eux qui étaient parfois si arrogant. Était-iel tellement traité comme un rat qu’iel en avait acquis la couardise ? Une triste pensée. Lukan regretta sincèrement de ne pas avoir agi pour eux lorsqu’il fut conseiller, trop occupé à sauver la cité pour voir qu’elle était malade.

« Où sont mes manières, j’ai oublié de me présenter. Je suis Lukan Rancelion, actuellement allié ‘‘freelance’’ de l’Ordre des templiers de Fort Eden. Mais je travaille en réalité pour la ville de Starkhaven… oh et tu peux me tutoyer, je ne suis qu’un fils de marchand. »

Pour essayer de mettre plus en confiance Aden, il fait pris soin de paraître plus sympathique. Il mima même avec ses mains les guillemets de sa phrase. Après tout, même s’il avait rejoint l’Ordre officiellement de son plein gré, c’était bien le Prince Sebastian qui lui avait demander de les rejoindre. Ça se savait.

L’apprenti templier donna les informations qu’il possédait sur son ancien logis. Pas grand-chose, en réalité… quel dommage… Il ne savait rien de plus que Lukan avait lu dans les rapports de la garde civile.

« ‘‘Bénévoles’’ est un terme plutôt mélioratif, tu ne trouves pas ? Je pense qu’‘‘esclavagistes’’ ou ‘‘foutriquets’’ leur iraient mieux. »

Ces enfoirés ne méritaient pas moins que ce qu’il avait subi. Lukan aurait bien aimé les tuer lui-même. Mais pas de suite. D’abords, ils souffriraient.

« Pour ce qui est du criminel… »

Le héraut repensa à l’interrogatoire qui avait eu lieu quelques jours plus tôt. Évidemment, le traitement infligé à Reece n’avait pas été trop ébruités. Pas aux oreilles des recrues en tout cas.

« Disons que nous possédons des antécédents communs. Nous avons le même but, mais pas les mêmes méthodes… »

« … la plupart du temps. » Préféra ne pas préciser Lukan.

« Il ne me parlera pas. Pas plus qu’aux templiers qui le garde enfermé. »

Bien sûr, il pouvait le faire parler. Avec un peu de temps, il pensait même pouvoir le faire chanter. Cependant, pas sûr qu’il survive à une nouvelle séance. Il était aux portes de la mort la dernière fois qu’il avait vu.

C’est alors qu’Aden fit une proposition qui surprit quelque peu le héraut.

« Tu veux m’aider… hm ? »

Lukan réfléchit. Des renforts ne serait pas de trop. Il pourrait faire appel à la garde civile, mais s’il avait envie d’une enquête… avancée, il ferait mieux de ne pas les déranger. L’aspirant-templier était… tristement sacrifiable. Bien sûr, Lukan n’aimerait vraiment pas en arriver là.

« Ça te dit de partir en patrouille, aspirant ? Ne t’inquiète pas pour tes supérieurs, je m’occupe de les convaincre. Mais il me faut ton accord. »

Le templier en-devenir ne pouvait s’empêcher de se méfier de son interlocuteur : quelque chose le chiffonnait. Il avait enquêté sur son orphelinat, mais ne réagissait qu’une fois le travail fait. Et il disait agir au nom de Starkhaven.

Malgré tout, Aden conserva son calme, même si une soudaine émotion révoltée parcourait ses poumons. Il ne savait pas encore toute l’histoire derrière, il ne pourrait se permettre de juger un homme aussi rapidement. Un homme qui se présenta enfin.

- « Où sont mes manières, j’ai oublié de me présenter. Je suis Lukan Rancelion, actuellement allié ‘‘freelance’’ de l’Ordre des templiers de Fort Eden. Mais je travaille en réalité pour la ville de Starkhaven… oh et tu peux me tutoyer, je ne suis qu’un fils de marchand.  »
- « Si vous le dites .. »

Aden ne comptait pas tomber dans le piège, le regard plissé : si ce Lukan était un allié du Nouvel Ordre, il était évident qu’il s’agissait là d’un supérieur. Par conséquent, le jeune templier en formation ne se risquerait pas à ce qu’on lui reproche de l’insubordination.

Il écouta ensuite en silence les propos de Lukan. Déjà, se faire brosser dans le sens du poil en cherchant des termes plus forts pour qualifier ces monstres était une belle tentative de le mettre plus en confiance. Même si en soi, il avait raison : malgré leurs actions et leurs torts, Aden était bien trop tendre avec leurs mémoires.

Puis, il parla du criminel qui mit un terme une bonne fois pour toute à ces horreurs. Apparemment, ils se connaissaient, et en plus il admettait que Déicide ne parlerait pas. Ainsi, il avait déjà essayé ? Etonnant. Peut-être était-il ici temporairement à cause de cette problématique ?

Une chose était certaine pour le jeune homme : Lukan était bloqué. Sinon, il ne serait pas venu le voir, n’est-ce pas ? Il n’aurait pas pris la peine de venir consulter un simple orphelin qui cherchait encore sa voie dans le monde. Aussi, dans un réflexe naturelle pour le jeune homme, Aden lui proposa son aide, chose qui sembla illuminer son visage.

- « Tu veux m’aider… hm ? »
- « Bah .. »

Et il haussa des épaules, sans réellement savoir quoi répondre. Avait-il réellement envie de l’aider ? Cela se discutait. En revanche, si la chose touchait à ses origines et à tous ses frères et sœurs, alors il aiderait volontiers, mais ne le ferait pas pour le supérieur à proprement parler.

- « Ça te dit de partir en patrouille, aspirant ? Ne t’inquiète pas pour tes supérieurs, je m’occupe de les convaincre. Mais il me faut ton accord. »

Partir en patrouille, à cette heure ? Le blondin réfléchit, le regard plissé. Après, si madame de Cautraux ou de Blanchecroix n’avaient rien contre cette petite mission, s’il tenait réellement parole, alors rien de bien terrible devrait lui retomber dessus. Du moins, il l’espérait.

- « J’accepte, vous avez mon accord. »

Lui qui rêvait de mettre un terme à ce merdier lié à son orphelinat, il ne manquerait pas une si belle occasion.

Lukan joignit ses mains. Visiblement heureux de la proposition du gamin.

« Alors c’est entendu. »

Il regardait. Le blondin. Jeune et innocent, mais prêt à se battre. Il n’avait jamais promis de le protéger. De plus, ce serait un renfort appréciable. Il ne pouvait pas toujours solliciter Prudence, surtout qu’elle était occupée.

« Je reviens, prépare ton équipement… » Alors qu’il commençait à partir, il s’arrêta. « Oh, et quelque chose pour cacher ton appartenance à l’Ordre, sait-on jamais. »

Lukan se dirigea vers le bureau de l’intendante, se demandant quel levier tirer pour en tirer un meilleur profit.

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Les ghettos étaient le meilleur endroit de la ville pour être égorgé, ou pour trouver des informations. La garde civile ne passait pas souvent par-là, et les malfrats était légion. C’étaient les guerres de gangs qui régulaient la population locale et la criminalité. Ça et les équipes de mercenaires…
En plus d’Aden, Gustave s’était joint au groupe. Le vieux mage était présent. Le secrétaire de Lukan maîtrisait la magie de guérison, il serait forcément utile après les quelques combats qu’il risquait d’y avoir entre l’équipe anti-Corbeau et les gangs de la sous-ville.

« Nous sommes sur le territoire d’un gang, les Caballeros, Aden. On pourrait trouver des informations que l’on cherche ici, si mes… » victimes ne m’ont pas menti ?« …sources sont bonnes. »

Les Caballeros étaient un gang originaire du Rivaïn spécialisé dans l’enlèvement et la chasse d’esclave. Les Corbeaux les payaient, car on pourrait s’attendre à ce que les Corbeaux s’allient avec un gang antivain.

« Tu ferais mieux de cacher l’épée de Justice. Et de mettre la main sur celle à ta ceinture. »

Le héraut, bien trop connu dans la cité, fit en sorte que sa capuche couvre suffisamment sa tête pour qu’il soit méconnaissable.

« Prêt ? »