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Ven 4 Mai 2018 - 13:51

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Faire tomber le masque


La Sénéchale était installée dans son bureau de fortune, un coin de table aménagé dans la bibliothèque de Fort-Céleste. La paperasse s'accumulait de plus en plus ces derniers jours, et la situation précaire de la Garde Orlésienne n'arrangeait rien. En effet, tout était à faire, les anciens traités se devaient d'être renouvelés, les archives étaient à reprendre entièrement, et c'était sans compter la recherche désespérée de fonds et ressources pour refonder l'Ordre. Emery n'était pas habituée à tout cela, et les Gardes des Anderfels le savaient très bien. Elle était faite pour le terrain. Mais ils savaient aussi qu'elle ne flancherait jamais devant son Devoir, aussi pénible qu'il puisse être.
« La Commandeur demande si les accords avec les dalatiens sont à jour, pour une mission de Conscription. » L'anders leva les yeux pour fixer son frère d'armes, un rude guerrier d'une quarantaine d'années. Elle laissa planer un silence d'une dizaine de secondes avant de répondre, les yeux toujours figés dans ceux du Garde : « De recrutement vous voulez dire ? Je ne pense pas que notre Commandeur souhaite se mettre à dos notre alliance précaire avec les clans dalatiens. » « Eh bien... Je voulais dire que... » Elle le coupa sèchement. « Garde Garren, vous pouvez disposer. J'irai voir la Commandeur dès que j'aurais du nouveau. » L'agacement se lisait sur le visage du guerrier, qui hocha la tête et disparut rapidement dans l'escalier tortueux. Emery tenta de se replonger dans ses notes, mais cette entrevue l'avait agacée, et elle sentait la frustration bouillir en elle. Tullia commençait à la connaître pourtant, et elle savait qu'elle lui fournirait toutes les informations dont elle avait besoin en temps voulu. Simplement, elle ne pouvait pas faire de miracles, et certaines choses prenaient du temps. Surtout avec les dalatiens, qui par nature, étaient mobiles et difficiles à trouver.
Un groupe de mage passa à côté d'elle, discutant avec bien trop d'animation à son goût. Elle se retint de leur faire une remarque cinglante. Elle ne pouvait pas se mettre tout le monde à dos. Viendrait un jour prochain où une conversation s'imposerait avec l'Inquisitrice sur l'enrôlement de mages. La Sénéchale poussa un profond soupire et rangea ses documents dans sa petite boîte ouvragée, qu'elle glissa ensuite dans son sac. Elle se leva, prenant soin de bien faire grincer sa chaise contre la pierre glacée qui servait de sol, et s'éloigna de son habituel pas vif pour rejoindre les remparts. Une petite balade la calmerait probablement, avant de rejoindre le campement pour un petit entraînement et de longs débats avec sa supérieure.

Elle se tenait là, raide, appuyée contre un créneau massif. Ses yeux tentaient de percer les épais nuages qui s'étaient amassés au dessus de Fort-Céleste depuis plusieurs jours, pour que le soleil perce à nouveau. Sans grand succès. Ses cheveux volaient, rebelles, dans le vent d'hiver, et ses pensées vagabondaient vers Hossberg et l'atelier de son père, son cocon bien à elle. Par le Créateur, Hossberg lui manquait. Elle était à sa place là bas, comme à Weisshaupt, et elle était utile. Ici, elle avait l'impression d'être un insecte face à une montagne, de ne pouvoir rien faire, et de ne protéger personne. L'inaction, celle des combats, la rendait folle. Pourtant, il faudrait bien des semaines ou des mois avant que les Gardes traumatisés d'Orlaïs ne soient à nouveau en mesure de faire face. Il n'était pas rare de voir les larmes monter dans leurs yeux.
« Je sais que vous êtes là. Montrez vous. » Sa voix était forte et sûre, et était adressée à la silhouette qui se tenait dans l'ombre de l'après midi, derrière la porte d'une des nombreuses tours abandonnées. Emery s'était sentie suivie plusieurs fois pendant la journée, et s'isoler était la meilleure chance de révéler cette présence. « Je vous préviens, je ne suis pas très patiente avec les personnes qui me prennent en filature. Sortez donc, ça m'évitera d'aller vous chercher. Pas certaine que ma méthode vous convienne. »

Dim 6 Mai 2018 - 12:23

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Lorsque Kaldenis reçu la missive de dame Rossignol lui intimant de rejoindre son bureau à l'instant, elle fut d'abord surprise, elle recevait ses ordres de Charter habituellement. Puis elle se fit suspicieuse, allait-on l'a jeter dehors après ces mois de bons et loyaux services?
Elle avait tendance à imaginer le pire évidemment.
Il était tôt, les oiseaux commençaient à peine à chanter, et le chat qui logeait sur le bord de la fenêtre de sa chambre à la taverne ronronnait bruyamment, il venait de rentrer après une longue nuit de chasse.

Tehvenan jaugea du regard la missive et le corbeau qui lui avait apporté, si ses souvenirs étaient bon son nom était Baron Plucky, et c'était une teigne. Prudemment elle avança un doigt plié vers lui pour lui caresser le plumage. Il poussa un croassement à réveiller les morts, et lui piqua violemment le doigt avant de se percher sur une étagère.
Avec un cri de douleur Kaldenis retira sa main en vitesse, une goutte de sang perla sur la peau foncée, elle suçota son doigt en lançant un regard de haine au satané piaf.
Elle envisagea furtivement de réveiller Sysy pour déchaîner sa vengeance sur le volatile, mais en pensant à la vengeance de dame Rossignol elle se résigna à laisser cette offense impunie.

Elle se leva avec difficulté et fit sa toilette avant de s'habiller, elle glissa ses deux dagues sous sa cape et descendit dans la salle commune. Maryden accordait son luth dans un coin et quelques brioches de la veille trônaient encore sur le comptoir, elle s'en saisit d'une et du se résigner à aller voir sa supérieure sans son café matinal.
Puis elle s'était rendue au bureau de la volière, le regard glacé de Leliana lui fit office de réveil. La discussion fut brève, Kaldenis n'eut pas le temps de s'incliner ou de prononcer un mot que la rousse lui déclara prestemment:

"Nous avons au Fort en ce moment la sénéchal des Gardes d'Orlais, Emery Rane. Je vous sait familière avec l'organisation des Gardes...Tehvenan ne prenez pas cet air surpris je suis au courant de tout"

Elle avait hoché la tète, c'était logique.

"Bien, vous savez sans nul doute que les Gardes se reforment petit à petit. Mais nous avons encore des réserves, nous devons nous assurer qu'ils sont exempt de tout contact avec de la magie du sang".

Kaldenis frissonna en repensant à l'Inébranlable, qu'elle catastrophe cela avait été.

"Oui exactement" Avait fait Leliana, comme si elle lisait dans ses pensées. "Nous avons un ami commun Tehvenan, et il me faut une personne de confiance pour s'acquitter de cette mission d'observation. Vous suivrez Rane, dites lui la vérité sur votre présence et faites moi un rapport quand vous serez certaine de vos résultats. C'est bien clair?"

"Oui ma dame, observer la sénéchale et ses recrues, et repérer tout comportement suspect".

"A la bonne heure, maintenant vous pouvez y aller".


Et Kaldenis s'en était allée sans demander son reste et sans courbette. Ainsi Rossignol était en contact avec Wulf? Cela faisait des années qu'elle n'avait pas revu son mentor, au dernière nouvelles il était parti dans une quête pour un obscur remède. Il lui manquait, elle espérait que lorsque tout ce bordel de démons se tarirait elle pourrait lui rendre visite.
Enfin, la mission, elle n'avait que rarement aperçue la sénéchal, et encore, de loin, elle était toujours en mission à l’extérieur quand Rane était à Fort Celeste.
Kaldenis s'interrogea sur l'utilité véritable de cette mission, cela allait probablement être ennuyeux à mourir, et elle doutait sincèrement de la présence de magie du sang dans les rangs des Gardes restants. Mais si l'impressionnante maître espionne jugeait bon de s'inquiéter, c'est qu'il fallait suivre son instinct.

Alors elle passa la journée à enquêter sur la garde, elle était du Cercle d'Hossberg, une mage guerrière, redoutable en combat à ce que les témoignages laissaient croire, pas étonnant qu'elle soit l'une des seules à avoir survécu à tout ce fatras démoniaque. En creusant un peu plus elle se rendit compte que la garde n'était en fait pas avec ses camarades lorsque les événements s'étaient produits. Bon à savoir.

Elle décida de l'aborder le lendemain, mais d'abord, elle la suivrait un peu, histoire de jauger ces capacités d'observation, car si elle s'avérait être une observatrice aiguisée cela serait une information des plus décisives.
Dès le matin elle l'a suivit, d'abord elle déploya toute son inventivité et ne sembla pas être repérée, puis elle décida de baisser la difficulté au fur et à mesure des heures. En milieu de matinée elle cru déceler une marque de suspicion chez la garde. Bien, elle était douée.
Elle s'en tint à cette difficulté.

L'après midi vint bien vite, et Emery sembla se décider à aller prendre l'air sur les remparts, Kaldenis se masqua dans l'ombre de la porte de bois. Elle observa véritablement la garde, elle était d'une grande beauté il fallait le reconnaître, ses cheveux lui donnaient un air princier et le bleu nuit de son uniforme complimentait sa carnation, ses traits étaient dignes et soucieux, on sentait son esprit aux proies avec quelques problèmes de la plus haute importance, enfin c'est l'impression que Kaldenis avait.

Soudain, elle s'exprima, avec ce ton impérieux qu'une Sénéchal se devait de posséder:

"Je sais que vous êtes là. Montrez vous. Je vous préviens, je ne suis pas très patiente avec les personnes qui me prennent en filature. Sortez donc, ça m'évitera d'aller vous chercher. Pas certaine que ma méthode vous convienne"

En gardant un air impassible Kaldenis sortit doucement de sa cachette, elle se posta sur le bord de pierre faisant face à la garde et lui adresse un hochement de tète pacifique.

"Ne prenez pas ombrage de ce petit jeu dame Rane, je voulais simplement faire plus ample connaissance avec vos aptitudes avant de collaborer avec vous"

Puis, se rappelant qu'elle n'était probablement pas au courant de la mission qu'on lui avait confié, elle compléta ses paroles ainsi:

"Mon nom est Kaldenis Tehvenan, je suis envoyée par dame Rossignol pour établir un rapport sur la reconstruction de la Garde, ma supérieure souhaite s'assurer qu'il ne reste aucune trace de magie du sang pouvant compromettre votre travail".

Amener la chose de manière diplomatique pour ne pas froisser la fière garde, voilà l'approche que Kaldenis avait choisi.

Jeu 17 Mai 2018 - 14:55

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Faire tomber le masque


La silhouette se détacha de l'ombre discrète des murs pour s'avancer de quelques pas et se révéler à la lumière. Emery l'observa avec attention, mais ne parvint pas à remettre un nom ou une fonction sur ce visage. C'était sans doute normal, si elle était habituée à prendre des personnes en filature. La jeune elfe semblait sûre d'elle et calme, et elle s'installa posément à côté de la Sénéchale, en appui sur un énorme créneau de pierre froide. Le visage fermé, elle attendit que l'agent prenne la parole. Ce qu'elle ne tarda pas à faire. « Ne prenez pas ombrage de ce petit jeu dame Rane, je voulais simplement faire plus ample connaissance avec vos aptitudes avant de collaborer avec vous » Emery tiqua quand l'elfe écorcha son nom, mais ne dit rien, et pencha la tête pour l'inciter à en dire plus. Les gens du Sud semblaient avoir beaucoup de mal avec les sonorités anders. « Mon nom est Kaldenis Tehvenan, je suis envoyée par dame Rossignol pour établir un rapport sur la reconstruction de la Garde, ma supérieure souhaite s'assurer qu'il ne reste aucune trace de magie du sang pouvant compromettre votre travail. »
Emery hésita un instant entre la colère et l'amusement, et finit par éclater de rire en réalisant ce que cette femme venait de lui annoncer. Elle laissa se dernier résonner un moment dans l'air frais, avant de se ressaisir et de retrouver son souffle. Sa voix était calme et chantante quand elle parla, amusée. « Ainsi donc, la Maître-Espionne de l'Inquisition s'amuse à faire suivre la poignée de Gardes qui dorment dehors. C'est charmant. Un entretien aurait aussi fait l'affaire, ne croyez-vous pas ? » Elle laissa planer un silence, les yeux fichés dans ceux verdoyants de l'elfe à la peau mâte. « Je ne peux pas vous jeter la pierre. Vous suivez des ordres, à priori. J'ai du mal à croire qu'une personne aussi talentueuse que... Dame Rossignol c'est ça ? - soit assez crédule pour penser que je m'amuse à me livrer à des rituels de magie du sang dans la forteresse de l'Inquisition après ce qu'il s'est passé à l'Inébranlable. Quand bien même, la magie du sang n'est pas employée à la légère, même parmi ses pratiquants, et je ne vois pas quel but elle pourrait servir dans la situation actuelle. » Elle ne connaissait d'ailleurs pas les bases de cette magie occulte, qui n'avait aucune attrait à ses yeux. Mais elle se sentait d'humeur taquine, et n'avait nullement envie de se justifier pour que le rapport à venir soit facilité. On la mettait sous surveillance ? Fort bien. Elle n'avait donc pas à collaborer.
« Savez vous, Kaldenis, que la magie du sang est autorisée au sein de la Garde des Ombres ? Il s'agit d'un concept qui dépasse de nombreuses personnes, mais cette forme de magie est intimement liée à notre condition. De plus, elle est pour le moins... efficace. Dois-je donc comprendre par là que l'Inquisition souhaite la prohiber à l'avenir au sein de la Garde d'Orlaïs ? Il aurait été judicieux de le spécifier lors de notre accord à l'Inébranlable je pense. » Elle marqua une pause, pensive. « Une belle elfe comme vous sait de toute évidence éviter de se faire voir, ce qui en soit, est une certaine prouesse. Je veux bien répondre à vos questions si vous répondez à la mienne pour commencer : qu'avez-vous donc appris, lors de votre filature ? Je suis à peu près certaine que vous êtes là depuis un moment. »

Jeu 17 Mai 2018 - 18:02

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Kaldenis ne s'attendait pas à un éclat de rire aussi franc de la part de Rana, bon, voilà qui était étonnant, mais était-ce un rire jaune?

"Ainsi donc, la Maître-Espionne de l'Inquisition s'amuse à faire suivre la poignée de Gardes qui dorment dehors. C'est charmant. Un entretien aurait aussi fait l'affaire, ne croyez-vous pas ?"

La jeune elfe haussa les épaules, on ne l'employait pas pour croire ici.

"Je ne peux pas vous jeter la pierre. Vous suivez des ordres, à priori. J'ai du mal à croire qu'une personne aussi talentueuse que... Dame Rossignol c'est ça ? - soit assez crédule pour penser que je m'amuse à me livrer à des rituels de magie du sang dans la forteresse de l'Inquisition après ce qu'il s'est passé à l'Inébranlable. Quand bien même, la magie du sang n'est pas employée à la légère, même parmi ses pratiquants, et je ne vois pas quel but elle pourrait servir dans la situation actuelle."

L'espionne resta pensive, est ce que quelque chose dans son discours avait laissé penser à l'Anders qu'elle était suspectée? Peut être s'était-elle mal exprimée, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas eu à user de diplomatie.

"Savez vous, Kaldenis, que la magie du sang est autorisée au sein de la Garde des Ombres ? Il s'agit d'un concept qui dépasse de nombreuses personnes, mais cette forme de magie est intimement liée à notre condition. De plus, elle est pour le moins... efficace. Dois-je donc comprendre par là que l'Inquisition souhaite la prohiber à l'avenir au sein de la Garde d'Orlaïs ? Il aurait été judicieux de le spécifier lors de notre accord à l'Inébranlable je pense."

Heureusement que Kaldenis ne rougissait pas facilement, car elle sentait sa température augmenter de plus en plus en entendant ses dires. Elle n'avait certainement pas prévu de causer un incident diplomatique avec une maladresse de langage, Andraste toute puissante, si elle ne réparait pas ça de suite elle allait se faire hacher menue par Josephi...dame Montilyet.

"Une belle elfe comme vous sait de toute évidence éviter de se faire voir, ce qui en soit, est une certaine prouesse. Je veux bien répondre à vos questions si vous répondez à la mienne pour commencer : qu'avez-vous donc appris, lors de votre filature ? Je suis à peu près certaine que vous êtes là depuis un moment."

Belle? Kaldenis resta méfiante, la flatterie était toujours suspicieuse, et si elle ne l'était pas...elle l'était quand même d'une manière ou d'une autre.

"Ma dame, permettez moi de corriger un malentendu..." Commença t-elle en se redressant et en se plaçant à un bras de la garde, les bras croisés dans le dos.
"Je ne suis pas ici pour vous surveiller vous, mais pour m'assurer que rien ne viendra mettre en péril la reconstruction de la garde, et par là, la vie de vos futures recrues. Ce qu'il s'est passé à l'Inébranlable en a choqué plus d'un, Rossignol en fait partie j'imagine, je ne suis pas porteuse de menace, simplement d'une aide et d'une assurance que si quoi que ce soit venait présager une nouvelle mésaventure, les gardes seraient protégés sur le champs. En ce qui concerne vos accords à l'Inébranlable, personne ne m'a informé d'un tel revirement de situation, je ne pense pas que vous ayez à vous inquiéter à ce sujet".

Elle se força à sourire légèrement, afin d'appuyer la sincérité de son discours, elle ne savait pas pour Leliana bien sûr, mais en ce qui la concernait, le bien être des gardes l'importait sincèrement, rien que par amitié pour Wulf Cousland.

"Pour répondre à votre question, au cours de cette journée, j'ai pu constater que vous étiez remarquablement organisée, je vous envie pour cela, et que ceux sous vos ordres respectent votre parole. Je comprends pourquoi vous êtes sénéchal. J'ai pu aussi constater que vos capacités d'observation sont bien plus aiguisées que celles de la plupart des gens, même certains espions, ce n'est pas donné à tout le monde de me repérer aussi vite".

C'était à peu près tout, elle n'allait pas mentionner ces dernières impressions plus personnelles sur le physique de la garde, elle doutait que cela soit des plus correct.

"J'espère vous avoir répondu de manière satisfaisante".

Et elle attendit patiemment, elle était bien sûr inquiète de la réaction de la sénéchal, mais elle n'en laissait rien paraître, préférant garder son masque de calme absolu.

Ven 25 Mai 2018 - 11:16

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Faire tomber le masque


De toute évidence, les propos de la Sénéchale déstabilisèrent un petit peu l'espionne, qui se ressaisit cependant bien plus rapidement qu'elle ne l'aurait escompté. Cette dernière endossait le costume de ses fonctions et le faisait prévaloir sur sa propre personne, et elle se comportait comme une digne représentante de la Maître-Espionne. C'était une bonne chose en soi, une qualité certaine, même si Emery aurait bien aimé voir ce masquer tomber quelques minutes, pour avoir une idée de ce qu'il cachait. La Garde des Ombres restait méfiante cependant, car l'elfe tentait visiblement de lui passer la pommade. Quoi qu'elle dise, qu'elle soit convaincue de ses propos ou non, elle avait tout de même été dépêchée pour la surveiller, et cela signifiait que Dame Rossignol s'attendait à des déviances de sa part. Elle était toujours la seule mage au sein de l'Ordre d'Orlaïs, et de fait, les risques ne pouvaient venir que d'elle. Et du soin qu'elle accorderait à la formation des prochaines recrues. Ce qui signifiait, quoi qu'on en dise, qu'on se méfiait d'elle.
« Pour répondre à votre question, au cours de cette journée, j'ai pu constater que vous étiez remarquablement organisée, je vous envie pour cela, et que ceux sous vos ordres respectent votre parole. Je comprends pourquoi vous êtes sénéchal. J'ai pu aussi constater que vos capacités d'observation sont bien plus aiguisées que celles de la plupart des gens, même certains espions, ce n'est pas donné à tout le monde de me repérer aussi vite ». Emery lui adressa un maigre sourire et inclina la tête. Il y avait du vrai dans ces paroles, mais une fois encore, elle avait l'impression que la jeune femme faisait tout pour arrondir les angles. Elle l'observait depuis un moment de toute évidence, et elle avait analysé plus que cela. Elle l'espérait du moins, pour la pérennité de l'Inquisition. « J'espère vous avoir répondu de manière satisfaisante ». La dénommée Kaldenis se mit en position d'attente, le visage neutre. Elle attendait donc une réponse. Bien. Tant pis.
« Ma Dame, vous avez pensé que j'avais envie d'entendre certaines choses, et vous me les avez servies sur un plateau. Je voulais du franc parler, je voulais savoir si vous pensiez que je puisse recourir à la magie du sang, je voulais avoir une idée claire du rapport que vous allez adresser à votre supérieure une fois que vous aurez fini ici. Cependant, vos propos étaient instructifs, et je peux me consoler en pensant que je suis plus apte à vous cerner désormais. Vous ne baissez pas votre garde. Vous restez froide et professionnelle. Et vous parvenez presque à faire passer une filature comme un geste de courtoisie. J'imagine que vous avez été à bonne école pour cela. » Le ton de la Sénéchale était calme et posé, chantant et presque de bonne humeur. Elle parlait avec aisance et légèreté. « Encore une fois, je ne peux pas vous jeter la pierre. Il est normal que l'Inquisition prenne certaines précautions avec mon Ordre compte tenu des événements récents et de notre passif. » La Garde des Ombres aurait toujours besoin de mages de sang, Emery le savait très bien. Elle ne pouvait simplement pas en expliquer clairement les raisons, déterminée à emporter le secret de l'Union dans la mort. « Si je faisais ce genre de magie ici, ou si j'encourageais de nouvelles recrues à le faire, j'attends de votre Inquisition que vous preniez les mesures nécessaires à notre encontre. Mais je pense qu'il est important que vous soyez en mesure de me comprendre mieux, pour avoir la meilleure vision possible de la situation présente et de ma relation avec la magie. Venez, marchons un peu ».
Emery tendit le bras sur le côté pour inviter l'elfe à la suivre. Elle se sentirait mieux en marchant un peu le long des remparts, le mouvement lui permettait toujours de réfléchir de manière plus fluide. « Dites moi, Kaldenis, pour quelles raisons avez vous rejoint l'Inquisition ? S'agit-il d'un besoin de vous rendre utile, ou croyez-vous en quelque chose d'autre, de plus grand ? Le Créateur ? Les Dieux de votre peuple ? Suivez-vous l'Inquisitrice pour son aura, ce qu'elle représente, ou parce qu'il s'agit de la bonne chose à faire, la chose juste, au bon moment ? » Ces questions pouvaient paraître déconcertantes, mais Emery savait très bien ce qu'elle faisait et la démonstration qu'elle souhaitait faire. Tout en marchant, ses yeux bruns se posèrent sur le visage de l'agent, oscillants entre contemplation, amusement et analyse. Elle n'avait pas rencontre beaucoup de personnes si... comme cela depuis son arrêt dans les forêts d'Orlaïs, au sein d'un clan d'elfes dalatiens.

Ven 25 Mai 2018 - 14:59

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"Ma Dame, vous avez pensé que j'avais envie d'entendre certaines choses, et vous me les avez servies sur un plateau. Je voulais du franc parler, je voulais savoir si vous pensiez que je puisse recourir à la magie du sang, je voulais avoir une idée claire du rapport que vous allez adresser à votre supérieure une fois que vous aurez fini ici. Cependant, vos propos étaient instructifs, et je peux me consoler en pensant que je suis plus apte à vous cerner désormais. Vous ne baissez pas votre garde. Vous restez froide et professionnelle. Et vous parvenez presque à faire passer une filature comme un geste de courtoisie. J'imagine que vous avez été à bonne école pour cela. "

Kaldenis se morigéna intérieurement, décidément elle manquait de pratique, ou bien la garde était tout aussi méfiante qu'elle. Ce qui ne serait pas étonnant vu la position dans laquelle elle se trouvait. Cela ne devait pas être évident d’être plongée dans une collaboration quasi forcée avec la toute dernière puissance religieuse. Elle comprenait sa réserve dans ce cas, et elle comprenait que la sénéchal se sentit quelques peu insultée par la mission. Elle tiqua aussi sur l'utilisation du "Dame" à son encontre, elle répugnait à se laisser appeler ainsi, après tout, elle n'avait plus le statut de "Dame" depuis bien longtemps.
La partie plus personnelle intrigua l'elfe, la garde avait effectivement réussi à cerner ses intentions de présentation, mais après tout, quoi de plus normal d'agir ainsi quand on officiait en tant qu'espionne? Elle ne voyait pas l’intérêt de le relever, à moins de vouloir volontairement créer une confusion chez son interlocutrice.
A cela elle répondit doucement avec un haussement d'épaules, comme si cela expliquait tout:

"Je suis antivienne"

Dans la suite de son discours, Rana fut de bonne volonté, elle reconnu la légitimité des suspicions, et l'espionne nota avec soulagement qu'elle ne s'opposait pas, bien au contraire, à ce que l'Inquisition intervienne en cas d'incident. Cela dit, elle songea que si intervention il devait y avoir, elle ne désirait vraiment pas y participer, l'entreprise lui paraissait bien trop lugubre.

"...mais je pense qu'il est important que vous soyez en mesure de me comprendre mieux, pour avoir la meilleure vision possible de la situation présente et de ma relation avec la magie. Venez, marchons un peu "


Cela était curieux, la garde l'invita à marcher à ses cotés d'un digne geste, c'était louable, et apprécié:

"Avec plaisir" Répondit gracieusement Kaldenis en lui retournant un sourire similaire à celui que la garde lui avait adressé plus tôt.

Elle ne voulait pas que son attitude froide vienne décourager la garde dans sa bonne nature. C'eut été une faute professionnelle des plus regrettables.
Les deux femmes commencèrent ainsi à écumer les remparts, d'un pas léger et attentif, enfin, Emery lui adressa une série de questions portant sur ses propres motivations. L'elfe songea que la garde voulait probablement savoir comment orienter ses propres explications à partir de ses réponses, aussi, elle lui répondit après avoir pris un moment pour collecter ses pensées:

"J'ai rejoint l'Inquisition car je savais que j'y serais utile, et honnêtement, voir tout ses démons assaillir les civils sans pouvoir rien faire d'autre que tirer quelques flèches...c'était insupportable. J'ai des talents, ils serviront mieux en aidant l'Inquisition qu'en réglant une énième querelle d'héritage entre nobles".

Et elle en pensait chaque mot.

"En ce qui concerne le divin..." Commença t-elle en jetant un coup d’œil à la garde afin de s'assurer qu'elle ne fasse pas de bévue : "...Je ne me considère pas comme un dévote particulièrement assidue. Sinon, je n'ai pas eu une éducation m'amenant à considérer les dieux elfiques comme miens ".

Elle préférait garder pour elle le fait qu'elle doutait fortement de l’existence du Créateur, et que les dieux elfiques ne lui avaient jamais fait grand bien si ils existaient. Le seul dogme dont elle était certaine était que si l'on faisait du sur-place on pourrissait. Allez savoir ce que cela voulait dire.
Enfin, elle termina en abordant la question de l'inquisitrice:

"L'inquisitrice Trevelyan est très agréable dans l'exercice de ses fonctions, j'ai ouie dire, mais je ne l'ai personnellement jamais rencontrée, et je préfère me dire que je participe à l'effort pour le "bien commun" ..."


Et elle mima les guillemets avec un léger sourire, elle n'était plus assez naïve pour croire que l'Inquisition était faite de roses et de sucreries.

"...plutôt que suivre un chef religieux".

Ses réponses données, elle attendit patiemment que Rana les passe en revue et lui dise enfin ce qu'il retournait de sa relation avec la magie. Elle était véritablement curieuse du sujet et souhaitait en savoir autant que possible, les livres ne donnaient pas beaucoup d'informations là dessus, et les mages étaient rarement bavards sur leur activité.
Le regard que lui lançait la sénéchal pendant qu'elle répondait l'inquiéta un peu, avait-elle quelque chose contre les elfes? Si cela était le cas elle ferait avec, mais il était toujours préférable de collaborer avec des humains sans préjugés.

Ven 25 Mai 2018 - 16:09

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Faire tomber le masque

Kaldenis se prêta au jeu, et elle répondit aux questions étonnantes de la Sénéchale avec une certaine facilité. Bien entendu, cela ne la surprit pas, car elle savait qu'elle avait face à elle une elfe citadine, qui n'avait à tout le moins pas grandi avec les dalatiens, sans quoi elle porterait probablement quelques uns de leurs tatouages faciaux traditionnels. Rares étaient les elfes citadins qui étaient pieux, particulièrement envers le Créateur, et il était fort peu probable donc qu'elle ait ressenti un appel divin, ou quelque chose de la sorte. Ses réponses étaient donc sensées, pragmatiques mais aussi mesurées, car elle devait penser ne pas être en position de clamer trop fort des idéaux. La chose serait probablement malvenue pour quelqu'un en sa position, de toutes manières. La Garde des Ombres l'observait donc tout en marchant, conservant un silence respectueux et une mine attentive. Oui, elle l'écoutait malgré tout, même si ses pensées vagabondaient parfois ailleurs.
Finalement, l'espionne conclut, et sembla attendre patiemment que l'Anders prenne enfin la parole. « J'admire les personnes de votre peuple qui parviennent à se ranger, pour le bien commun, aux cotés de personnes qui les ont exploitées par le passé. Vous elfes, avez subis le courroux de la Chantrie à maintes reprises, et cela vous a valu de perdre votre nation, votre culture, et de finir marginalisés ou asservis. Et pourtant, quand le Chaos arrive en Thédas, vous laissez votre juste rancœur pour lutter à nos cotés. » Elle marqua une pause, et finit par s'arrêter pour s'asseoir dos à un mur en pierre. Ses yeux s'étaient perdus dans un monde qu'elle seule pouvait voir. « Vous vous battez, vous prenez des risques pour nous tous, nains, humains, elfes citadins, elfes dalatiens, nobles hautains, racailles de bas fonds, moralisateurs chantristes. Pourquoi ? Parce que c'est votre appel, votre place, c'est le sens que vous voulez donner à votre souffle, à votre passage. Parce que vous savez que quand l'ordre reviendra, on se souviendra peut-être de votre implication, que, peut-être, les choses s'amélioreront si vous nous ouvrez les bras au lieu de lever le couteau. Vous pensez peut-être que je divague, mais j'y viens. Dans un sens, je me reconnais en vous. Nous avons nos divergences. Je suis une shemlen, je porte sur moi mes origines de la lointaine Riveïn, et je suis mage. Les mages, vous le savez très bien, sont à la fois respectés et craints, et ce, à juste titre. Nous avons fait beaucoup de mal. Nous avons fait beaucoup de bien. Nous sommes tous différents cependant, et nous généraliser est une terrible erreur, tout comme elle l'est pour les elfes ou les humains. Personnellement, je crois au Créateur. Je crois en Andrasté. Je sens la main divine au dessus de nos gestes, dans les mystères du monde et dans sa logique. Cela ne m'empêche pas de penser que la Chantrie a fait de grandes erreurs par le passé, ou qu'elle en fait encore, à supposer qu'on puisse lui donner encore du crédit à l'heure actuelle. Une mage chantriste donc ? Étonnant. Nous avons été oppressés par la Chantrie de nombreuses fois. De nombreux croyants vous diront ceci : la magie doit servir l'homme, et non l'asservir. Je suis d'accord avec cela. La magie, comme toute arme ou outil, doit être maîtrisé, et servir de grands dessins plutôt que de bas gestes égoïstes. Seulement, pour prouver cela, pour que cela soit un jour reconnu, pour que les mages soient d'avantage reconnus pour leur bonne volonté que pour leurs dérives, il est de mon devoir d'appliquer cette doctrine à moi-même avant de la prêcher. Je me dois d'être une mage exemplaire, et de mettre mes dons au service du plus grand nombre. D'où mon enrôlement au sein de la Garde. Cela ne changera probablement rien pour nous autres. Le monde m'aura oublié à ma mort. Mais il s'agit de ma vision, et je me dois d'être cohérente avec moi-même, avec ce que je crois et avec ce que je suis. C'est ma raison pour laquelle je ne pense pas que vous me verrez un jour pratiquer un jour la magie du sang, même si je ne la condamne pas fermement. Pour moi, il s'agit d'un outil, plus dangereux, plus tranchant, mais qui peut aussi être utilisé pour le bien de tous. De ce fait, si un jour, vous me voyez en pratiquer, sachez que j'en assumerait pleinement les conséquences. Sur ma vie, et sur la place de la Garde en Orlaïs. » Elle se tut enfin, et releva les yeux vers Kaldenis avec un léger sourire. « Je pense que cela éclairera votre rapport. »

Sam 26 Mai 2018 - 15:24

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L'elfe écouta avec attention la longue réponse de la garde, c'était une habile présentation, les rapprocher par leurs oppressions respectives pour ensuite aborder la magie du sang.
Sur ce dernier point, Kaldenis voulait bien croire la sénéchal. Elle lui paraissait une femme d'honneur et son instinct l'a trompait guerre en ces temps-ci. Voir la magie du sang comme un outil ne lui paraissait pas si saugrenu, après tout, elle même utilisait les lames pour tuer, alors qu'elle aurait simplement pu les utiliser pour déjeuner. Elle ne connaissait que peu les arcanes, seulement ce qu'elle avait pu lire dans les livres, mais elle était bien au courant que la patte chantriste avait beaucoup influencé les régulations de la pratique de la magie.
"la magie doit servir l'homme, et non l'asservir" Il semblait surtout qu'elle devait particulièrement servir la Chantrie et ses desseins. Elle garda cette remarque pour elle même et décida de répondre la garde après l'avoir observée un instant d'un air songeur, la tète légèrement penchée sur le coté.

"C'est une vision intéressante, bien qu'idéaliste à mes yeux mais je respecte les idéaux, on en a besoin pour améliorer le monde..." Commença t-elle en insistant particulièrement sur la nécessité des idéaux, "Mais j'ai bien peur que la plupart des elfes ne pensent pas ainsi dans ce cas présent. Voyez-vous, les Brèches touchent tout le monde, les démons ne distinguent pas leurs cibles entre elfes et humains. Les elf...nous, nous prenons des risques pour tout le monde, mais l'intention est dirigée à nos familles et amis aux oreilles pointues".

Elle avait parfois quelques soucis linguistiques à s'associer avec les elfes, si elle en était une physiquement, elle avait beaucoup de mal à se reconnaître chez les dalatiens ou ceux des bas-fonds. Toutefois elle s’efforçait de ne pas s'en écarter, elle savait ce qu'elle était et ça on ne pouvait pas lui enlever.

"Rester les bras croisés pour nous, se serait aussi illogique que si les humains ou les nains ou mêmes les qunaris le faisaient. L'Inquisition a cela qu'elle regroupe tous sous la même bannière, regardez le cercle intime de l'Inquisitrice. Et son but premier nous sert tous, refermer les brèches".

Elle fit une pause et s'installa aux cotés d'Emery, puis elle reprit:

"L'espoir que l'on se souvienne de nous...j'imagine que certains l'ont, vous avez raison, mais en ce qui me concerne, je sais bien que les vieilles rancœurs et préjugés survivent de longues années durant aux alliances, il suffit d'un problème pour qu'elles ressortent et se déversent à nouveau".

Elle lui lança un regard amical et ajouta:

"Vous êtes sous une pression des plus grandes dame R..ana , cela ne doit pas être aisé tout les jours de composer avec tant d'espoirs sur vos épaules, de devoir être l'exemple dont beaucoup de décisions vont dépendre... C'est admirable à vous d'endosser ce rôle, c'est dommage qu'il y en ai besoin cela dit.
Je vous crois concernant votre bonne attitude face à la magie du sang, et j'en prends bonne note pour mon rapport final.
Mais j'ai une question, que pensez vous du système des Cercles? Les mages y sont soumis à une grande suspicion, enfin, pas dans tous à ce que j'ai ouïe dire, mais je suis curieuse de votre opinion, sachant à présent que vous êtes chantriste".

Mar 29 Mai 2018 - 16:04

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Kaldenis n'était pas une idéaliste. Elle était pragmatique dans l'âme, ce qui n'était pas un tort. Thédas avait grand besoin de gens comme ça, moins prompts à certaines dérives. La jeune elfe avait du grandir dans des conditions difficiles, et être confrontée à des faits plutôt qu'à de grandes pensées. Emery ne pouvait aucunement juger de cela, tout comme il ne semblait pas que cela soit l'optique de l'espionne. Finalement, elles se comprenaient sans se comprendre, et respectaient le cheminement de pensée l'une de l'autre. Et c'était agréable d'avoir une personne à son écoute. C'était une des premières fois même depuis son arrivée. Bien sûr, il avait ces personnes qui écoutaient pas politesse, ou pour trouver une faille sur laquelle rebondir, mais ce n'était pas son cas. Elle ne cherchait pas à tirer profil de cette conversation d'aucune manière. Raison pour laquelle, probablement, Emery s'était retrouvée suffisamment en confiance pour parler de quelque chose qui lui était aussi intime, qu'elle partageait peu de manière générale. Finalement, l'espionne lui posa une question sur les Cercles. La mage esquissa un sourire attristé et baissa les yeux pour fixer une pierre fendue à quelques pas.
« Vous savez Kaldenis, vous avez le droit d'espérer aussi, de faire des projets et de croire au bonheur. Il existe bien, même s'il n'est souvent que fugace. Le pragmatisme qui sied à votre fonction, et qui semble être prôné par votre supérieure, est admirable et utile, mais ce n'est pas incompatible. Nous pouvons faire mieux. Nous pouvons rendre le monde meilleur. Nous pouvons nous accorder des moments de plaisir, même pendant une guerre. Il le faudrait même. Pourquoi se battre, si ce n'est pas pour cela ? Soyez égoïste, juste quelques minutes de temps en temps, juste pour voir. » Sa voix se fit murmure, et elle se tut, tandis que les premières gouttes de pluie commençaient à tomber sur Fort-Céleste. Sans oser reporter son regard sur Kaldenis, Emery rassembla ses esprits pour répondre à sa dernière question. « La place des mages au sein des Cercles est une question très délicate, et je n'ai pas de réponse claire à votre question. Ce qui est étranger et incompréhensible fait peur, et les utilisateurs de magie font globalement peur, dans de nombreuses cultures, à raison et à tort. La Chantrie, vous avez raison, n'a pas aidé à arranger cette image, mais c'est, je pense, en réaction à ce qu'il s'est passé en Tevinter. Simplifier et éluder des faits, c'est une chose courante au sein du Clergé, qu'il s'agisse des mages ou des elfes d'ailleurs. Nous sommes dangereux pour plusieurs raisons, et ce, d'autant plus quand un enseignement approprié nous fait défaut. Et pour autant, nous devrions avoir le droit de vivre libres, comme n'importe qui, dans un monde idéal. Sans Cercles, plusieurs problèmes se posent. D'une part, qui contrôlera les mages pour éviter une prise de pouvoir, et qui les protégera de certaines dérives de la magie ? Car oui, nous avons besoin d'être protégés aussi. De nous et des foules qui nous lapideraient sans hésitation. D'autre part, comment former efficacement des mages sans une structure adaptée, dans un climat où ils n'ont justement pas peur ? Vous voyez le problème ? Nous ne pouvons pas être libres dans des sociétés où nous sommes des menaces. Les mages qui prônent cela ont de bonnes raisons, mais ils n'ont souvent pas pensé à cela. Si tout revient un jour dans l'ordre, alors je serais en faveur d'un retour aux Cercles, avec plus de libertés cependant pour nous mages, et des mesures pour sanctionner les dérives des templiers. Après tout, tous les Cercles ne se valaient pas. Kirkwall était une horreur absolue, et c'est souvent celui qui reste en mémoire. Mais à côté de ça, il y avait Dairsmuid en Riveïn, où les mages pouvaient aller voir leur famille, et où les femmes mages pouvaient même parfois vivre en dehors, pour conseiller leur communauté. Il y avait Hossberg aussi, où j'ai grandi, où nous pouvions aussi voir nos familles, où nous nous entraînions beaucoup physiquement et où nous aidions parfois les Gardes des Ombres dans leurs missions. Dans ces deux Cercles, nous vivions bien, et nous étions utiles et respectés. Ce serait mon modèle à appliquer à l'avenir, dans un monde idéal. » Encore une longue tirade. Emery releva enfin ses yeux pour les plonger dans ceux de l'elfe. Des gouttes d'eau dégoulinaient désormais de partout, elle n'y avait pas fait attention jusqu'alors. « Auquel je crois. » Lèvres noires qui se tordent en un sourire. Main dans les cheveux pour juger de l'humidité. Perdition dans des abysses inconnues.

Jeu 31 Mai 2018 - 10:47

Anonymous
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"Vous savez Kaldenis, vous avez le droit d'espérer aussi, de faire des projets et de croire au bonheur. Il existe bien, même s'il n'est souvent que fugace. Le pragmatisme qui sied à votre fonction, et qui semble être prôné par votre supérieure, est admirable et utile, mais ce n'est pas incompatible. Nous pouvons faire mieux. Nous pouvons rendre le monde meilleur. Nous pouvons nous accorder des moments de plaisir, même pendant une guerre. Il le faudrait même. Pourquoi se battre, si ce n'est pas pour cela ? Soyez égoïste, juste quelques minutes de temps en temps, juste pour voir."

Si Kaldenis n'était pas déjà déconcertée par les précédents discours de la garde, elle l'était assurément après celui-ci. C'étaient des mots si...francs, et intimes, il n'y avait pas de doute là dessus. L'elfe ne put répondre tout de suite, regardant Emery avec un air indéchiffrable, d'ailleurs, cette dernière continuait de fixer le sol, peut être avait-elle ressenti le trouble de l'espionne?
Celle-ci ouvrit la bouche à plusieurs reprises, se donnant l'impression d’être un poisson considérant un hameçon, oui elle était désarçonnée. Bien joué Rana.

Et que pouvait-elle répondre? Qu'elle avait goûté au bonheur, et qu'elle avait eu des projets par le passé, mais qu'à chaque fois qu'elle s'était laissée allée elle en avait chèrement pâti? Qu'à chaque fois qu'elle goûtait au plaisir une lourde boule de plomb s'enfonçait dans ses tripes et elle retrouvait l'amère fragrance de l'inadéquation qui emplissait son palais?
Non, rien de tout cela ne pouvait être exprimé, pas maintenant en tout cas, alors elle ne put que sourire légèrement, hausser ses sourcils et lever les épaules vers le ciel d'un geste qui signifiait "Ah qui sait, on peut toujours espérer".

Elle écouta avec attention la réponse de la sénéchal, oui, tout cela était raisonnable et faisait totalement sens à ses yeux, mais il était clair que cela ne serait pas un avis partagé par tous.
Quand elle plongea subitement son regard dans le sien, en prononçant ses mots " Auquel je crois." avec une lenteur et un charisme assumé, Kaldenis compris que la garde était très au courant du pouvoir qu'elle possédait, qu'il soit dans son charisme ou ses aptitudes magiques, et elle savait en jouer.
Sous ses yeux noirs ombrageux l'elfe se sentait cernée, pas d'une mauvaise manière cela dit, il y avait de bien plus déplaisantes façons de l’être, eut-ce été une autre vie la fière garde aurait été une joueuse puissante du Jeu.
Les gouttes de pluie mouillaient progressivement le visage de l'elfe, un frisson vint briser le moment, elle essuya son visage et fit:

"A titre personnel j'estime que les mages seraient moins sensibles à la possession démoniaque si on ne leur imposait pas une pression énorme, que ce soit par la culpabilité d'office qu'on leur attribue, la suspicion constante, ou la restriction quasi systématique de leurs droits. Je partage votre vision des choses dame Rana, et j'espère qu'elle se réalisera".

Puis elle soupira et termina ainsi:

"Cela dit ce n'est pas en attrapant froid que vous pourrez faire quelque chose, et si nous rentrions au chaud et vous pourrez ainsi me montrer la suite d'une journée typique d'une sénéchal?".

Elle frissonnait visiblement et...et bien elle détestait l'humidité. Andraste seule savait comme le soleil antivan lui manquait.
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