La langue est une plume...Comme l'arme. ◊ Louis A. De Montmargue [Done]

« Louis tu m’as promis ! Je suis majeure désormais ! »

La voix féminine s’élevait dans le bureau. Le visage du fameux Louis se leva des documents éparpillés pour se poser sur la détentrice de la voix. Un soupire s’échappa de ses lèvres tandis qu’il se leva. Il contourna son bureau et regarda légèrement dehors, le soleil étant à son zénith, avant d’aller s’asseoir sur le canapé en face de son bureau. Il croisa une jambe au-dessus de l’autre et indiqua d’un mouvement lent et gracieux l’autre canapé en face de lui. Souriante, la jeune femme s’assit –ou plutôt se laissa tomber- sur le divan anthracite.

« Soit. Il est vrai que je te l’avais promis. Bien que je ne comprenne pas ton engouement pour ma vie…
- Quand cela te concerne si ! »

Un fin sourire se dessina sur le visage de l’homme. Il regarda l’elfe qui était son majordome et lui intima de leur apporter du thé et des biscuits. La discussion serait longue. Il passa sa main sur son menton nu de barbe et réfléchit. Par où pouvait-il commencer ? Bah, autant commencer par le commencement.

Fermant les yeux pour se replonger dans ses souvenirs, il ouvrit les lèvres et commença son conte qui était loin du conte de fée.

Il est née en printemps Drakonis 9:09. Sa mère avait mis énormément de temps à le mettre au monde –d’après les dire de son père et des servants-. Il était leur premier fils, sa mère ayant fait une fausse couche des années avant. Le début de son enfance, il ne s’en souvenait pas, jusqu’à ses Sept ans. Ce fut à partir de cette période-là que son éducation commença.

Ce n’était au début que des cours sous forme de jeu : l’épée, sa plus grande ennemie. Il n’aimait pas cette arme et celle-ci ne l’aimait pas non plus. Il découvrit donc l’arc et il adora cette arme. Il tirait sur tout et n’importe quoi, les flèches ayant une pointes en sac avec de la poudre de couleur dessus. Lui permettant de voir où il touchait. Sa mère lui parlait antivan pour qu’il parle cette langue depuis sa plus tendre enfance et son père l’orlésien, si bien que ce dernier ajouta la langue commune.

Lors de ses 10 ans, ses cours s’intensifièrent et la dureté aussi. Il ne pouvait pas se coucher tant qu’il n’avait pas fini ses devoirs. Son père lui faisait apprendre des livres entiers en plusieurs jours sur la géographie et les cultures. Louis se perfectionna à l’arc et se mis à la manipulation des dagues à ses 11 ans. Il ne précisa pas à sa sœur le passage des engueulades et des sévices psychologiques de son père. Elle n’avait pas besoin de savoir tout cela. Sa mère, plus tendre, faisait preuve de pédagogie envers lui et lui expliquait plus ce qui n’allait pas. Elle lui apprenait les cours d’étiquette et de bienséances. Ainsi que l’allocution et le pouvoir des mots.

Il en profita pour raconter sa découverte du maquillage lorsqu’il avait vu sa mère se maquiller. Un soir, il s’était infiltré dans leur chambre pour lui prendre le maquillage et il est retourné dans sa chambre pour essayer le tout. Il découvrit une passion pour le mélange des couleurs et des textures sur les yeux, les dégradés possible et les différents reliefs qu’il pouvait faire. Bien sûr, à la découverte du… spectacle à leur réveil, il s’était bien fait enguirlander et avait été puni, mais cela n’avait pas brisé la passion qu’il avait eu pour tout cet attirail.

Prenant une gorgée de thé que le servant lui avait apporté, il se lécha les lèvres avant de continuer et de parler de la naissance de sa sœur adoré. De la joie qu’il y avait eu dans la maison et du fait que sa mère avait mis moins de temps que lui à lui donner naissance. Louis avait alors 12 ans. Comparé à lui, sa sœur avait plus de liberté. C’était une fille, ce qui était normal, malgré leur rang de noble –et plus particulièrement de Comte à cette époque là-. Ce qui était tant mieux pour Louis qui préférait qu’elle soit libre.

Lorsqu’il arriva à ses 20 ans, il regarda sa tasse et décida de passer la mort de leurs parents qui avait été traumatisante pour la petite qui avait alors 8 ans. D’autant qu’il venait tout juste de revenir de ses études dans l’université d’Orlais où il avait étudié le commerce, la finance et où il s’était perfectionné dans le maniement des armes. C’est aussi là-bas qu’il avait entendu parler du « Noble Jeu » qui le passionnait. D’ailleurs, il était très doué lorsqu’il était à l’université. Si bien qu’il c’était déjà fait un petit réseau de connaissance.

A son retour donc à ses 20 ans, il avait pris possession du titre de Comte à la place de son père et il avait repris en mains l’entreprise de ce dernier : la vente d’objet du quotidien tel que des accessoires, des bijoux et de pipe. Utilisant son réseau, il rajouta la vente de tissu de haute qualité et de tabac pour aller avec les pipes. C’est d’ailleurs là qu’il avait commencé à fumer la pipe longue.  

Lors d’une fête où il était invité, suite à la perte d’un pari, il dût se maquiller et s’habiller en femme. Ce qui devait être humiliant pour certains hommes amusait Louis. Il arriva donc à cette fête masqué –comme toutes les fêtes orlésiennes-, mais habillé en femme et maquillé. Cela avait laissé bouche bée ses camarades car que ce soit en homme ou en femme, cela ne ternissait en rien sa beauté. Ce fut d’ailleurs à ce moment-là qu’il commença à vouloir utiliser ses atouts pour autre chose que simplement les fêtes et autres. C’est ainsi qu’avec l’aide de 2 amis, il commença un réseau d’informations où il usa de son charme pour avoir plus de carte dans sa main. Bien sur toute cette partie, il ne le dit pas à sa sœur qui ne connaissait pas ce côté caché.

Il lui cacha aussi le fait que, lors d’une mission, il s’attaqua à plus gros que lui : Florianne de Chalons. Elle lui proposa un deal : travailler pour elle ou se retrouver en prison. Le choix ne fut pas difficile pour Louis qui voulait protéger sa petite sœur et travailla pour elle. Il fit plusieurs missions qui réussirent à 85% mais devant de tels efforts et la réussite de 85% de ses missions, elle usa de ses relations pour le faire devenir Marquis auprès du Conseil d’Orlais.

La version qu’il lui raconta et la version officielle fournit par Florianne fut le succès de son commerce de tissus et d’objets. Néanmoins, la loyauté de Louis envers Florianne n’était pas  totale et elle le savait très bien, si bien qu’elle utilisa le chantage pour le garder en laisse. Elle connaissait sa faiblesse et l’utilisait : sa sœur. S’il ne lui obéissait pas, elle mourrait. Cela suffisait au Marquis pour se faire discret. Il suivait ses ordres, non sans chercher à côté une ou plusieurs cartes de secours.

«  Louis ? Tu as arrêté de parler, il y a un souci ? »

Revenant au présent, il sirota une nouvelle fois son thé avant de secouer négativement la tête.

« Non, nullement… Où en étais-je ?
- De la fête où tu étais en femme…
- Ah oui ! »

Son sourire s’étira et il lui déclara que lors de cette fête, tout le monde n’y avait vu que du feu et personne ne l’avait pris pour un homme. En même temps avec un masque, du maquillage et une tenue approprié, cela n’était pas bien compliqué. DU coup, il avait continué ce stratagème à plusieurs autres fêtes. Cela faisait partie de son jeu dans le « Noble Jeu », il profitait de ses fêtes pour accroitre son pouvoir et ses relations, ainsi que les cartes pour avoir plus de personne dans sa poche. Certes, une partie des cartes venaient de Florianne, mais ils en avaient aussi à son compte et il n’hésitera pas à les utiliser s’il en avait besoin un jour ou l’autre.

* Surtout qu'il était en train d'ajouter une nouvelle carte à sa main. Depuis deux ans -donc depuis qu'il a 31 ans- il est en train de se spécialiser en tant qu'assassin. C'est son groupe Night Owl qui a trouvé le maître et qui entrainait Louis depuis ce temps. Le temps était long et Louis savait qu'il était encore loin d'obtenir le niveau pour cette spécialisation. Néanmoins, il ne comptait pas abandonner, loin de là. L'entraînement serait fastidieux, le temps long, mais peu lui importait, car les résultat serait à la hauteur de toutes ces années de travail acharné.

Avec ce maître, il apprenait -sur des mannequins pour le moment- à bien tuer et à avoir les bons gestes. Cela faisait deux ans qu'il était dans la théorie et bientôt il passerait à la pratique. Ce serait un pas de plus vers sa spécialisation, mais c'était encore loin, car il savait qu'il lui faudrait des années de pratique. On ne devient pas un assassin du jour au lendemain, mais cela l'enivrait plus qu'autre chose. Il était prêt à donner de lui pour finaliser son entraînement. Il voulait réussir d'ici 5 ans maximum et il ferait tout pour réussir... S'il est toujours vivant d'ici là. *

Il chercha quoi lui raconter d’autres, puis parla de comment il avait commencé à cuisiner, lorsqu’il avait vu les yeux de sa sœur briller après avoir mangé une pâtisserie venant d’Orlais. Il avait commencé à cuisiner le soir en secret avec un livre de recette pour tenter de lui faire plaisir. Cela n’avait pas été facile, il avait bon nombre de fois brûlé ou raté ses recettes et pour une recette, il avait dû réessayer une dizaine de fois avant de réussir. Mais avec l’aide d’un professeur de cuisine, il avait réussi à s’améliorer.

Il lui parla aussi de son intérêt pour les langues et notamment la langue tévène avec qui il voulait commencer un commerce. Il savait que cela serait compliqué avec les tensions qu’il y avait entre les deux nations, mais il ne perdait pas espoir. Louis était un optimiste après tout ! Il continuait un peu la langue antivan pour ne pas tout perdre, mais comparé à avant, il avait bien perdu, ne parlant plus que la langue commune et l’orlésien couramment.

Finissant sa tasse de thé, il leva son regard sur sa petite sœur.

« Veux-tu savoir autre chose ?
- Non, je crois que tu m’as tout dit ! Merci beaucoup en tout cas ! Je te laisse travailler désormais ! »

Elle se leva rapidement et partit du bureau, laissant Louis seul. Il soupira et posa la tasse désormais vide, prenant un mini cupcake avant de se lever et d’aller vers la baie vitré donnant sur un balcon. Il l’ouvrit et sortit dehors, avant de voir une chevêchette sur le bord. Sa chouette, Arijhuna, comme son deuxième prénom avec une missive. Il l’ouvrit et la lu avant d’aller la brûler à l’intérieur.

« La chouette va être de sorti ce soir… »

La chouette ? C’est lui, c’est son surnom dans l’ombre…