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– Garde des Ombres –
Ma foi, un tel spectacle, ça ne se rate pas ! Présente à fort Céleste depuis quelques semaines et faisant régulièrement le tour pour comprendre comment l'Inquisition fonctionnait. La première fois que je vis cela je pensais que c'était une bonne surprise et la chance du destin. La deuxième fois, je me disais que c'était trop beau pour être vrai. Et la troisième, et bien... Me voilà installée sur les remparts intérieurs, assise sur le mur et adossée contre un des créneaux, un bol de viande séchée dans les mains et une bouteille de vin non loin. Cela durait en général moins d'une heure, mais quelle heure de repos pour l'esprit et de plaisir pour les yeux. Toute folle que j'étais, je n'en restais pas moins gourmande et savais apprécier la nudité. Même si ce n'était que le haut du corps. J'ignorais complètement les regards que l'on me jetait, sachant très bien ma réputation. Au moins on n'osera pas me déranger ou me questionner, sous peine d'attirer mon attention et sans doute le malheur sur eux.
Pourtant, le spectacle n'avait pas commencé depuis longtemps (les premières chemises tombaient à peine) que je sentis une présence dans mon dos. Pas simplement quelqu'un qui passe non, mais quelqu'un qui s'approche d'un peu trop près. Je fis mine de l'ignorer, mais n'appréciant par que l'on regarde par dessus mon épaule je tournais la tête pour m'adresser sans détour à cette personne. D'une voix nonchalante, roucoulante et chantante d'antivane, sans aucune retenue ni même de dignité compatible avec mon statut de garde-commandeur.
"Quelle vue imprenable, ne trouvez vous pas ? Ces murs sont si... si... robustes."
Je souriais à cet homme, mes yeux étranges posés sur lui avec curiosité. Ces habits tévintides, ce bâton de mage, cette moustache et cette coupe de cheveux qui semble tenir que par la force de la magie du sang... Ce serait pas le Pavus de l'Inquisitrice par hasard ? Qu'est ce qu'il me veut ?
– Inquisition –
What a view my dear, what a view...
Démétra, 9:41 du Dragon
Feat. Tullia E. Von Raijer
Partenaire contemplative de murailles - ■ ■
Comme toujours dans cet atroce fort, il faisait monstrueusement froid. Le pire devait être que l’hiver venait à peine d’arriver, donc le climat sudiste se montrait encore gentillet. J’aurais dû prévoir des vacances au chaud pendant toute la durée de la saison, histoire de ne pas MOURIR si jeune et si beau. Mais non, j’étais à l’Inquisition, perdu au milieu de nulle part, avec des clampins qui me regardaient sans arrêt de travers. Grosse ambiance, somme toute.
Mais des choses sommes toutes surprenantes se produisaient dans cet étrange fort – hors le fait que ses occupants survivaient sans problème, et normalement. Par moments, les soldats de l’Inquisition s’entraînaient – chose normale, me diriez-vous, mais détrompez-vous ! Ces soldats ne faisaient pas juste s’entraîner, oh non ; ils déambulaient dans leur tenue moulante et à moitié dévêtus ! Ma foi, mon regard se devait d’enquêter sur ces sacs de bonbons pour les yeux. Au bout d’un certain temps, ils commençaient à avoir leur routine, et lorsque les jours étaient vides de sens, ma foi, une nouvelle routine débuta alors.
Aujourd’hui était une de ces journées. La bibliothèque était vide, ses étagères de même, et il me fallait sortir le nez des petites anecdotes magiques que je bidouillais dans mon coin en attendant de pouvoir réellement être utile dans cette institution. J’avais besoin d’air frais – mais pas trop –, mais surtout de me changer les idées, de m’aérer l’esprit – mais pas trop. Ainsi, je quittai mon antre plantée dans la bibliothèque, et me rendis sur les remparts les plus proches. De là, on pouvait avoir une vue imprenable sur l’entraînement de ces musculeux soldats. Mais aujourd’hui était une journée très différente, et pour cause : je n’étais pas seul, à ce spot.
Avec sa bouteille et sa viande séchée, une femme était assise. Son apparence singulière ne m’était pas inconnue, essentiellement son regard, qu’elle posa sur moi avec un certain malice en me voyant arriver. Je pouvais déceler dans son accent qu’elle venait très clairement du nord-est de Thédas, et clairement pas d’ici.
◊ Quelle vue imprenable, ne trouvez vous pas ? Ces murs sont si... si... robustes.
Je lui souris, m’accoudant au rempart.
◊ Des murailles prometteuses, si je puis ajouter.
Mon regard scruta un instant les bleus qui s’échauffaient à peine, avant de reporter mon attention sur la curieuse présence avec moi en ce jour.
◊ Eh bien, si je m’attendais à ce que le Sixième Enclin soit présente pour me chauffer la place .. Tu parles d’une journée anodine !
Terrifiant surnom, il allait de soi : sa réputation au sein de ce fort était très connue. Une folle aux cheveux blancs et aux yeux démoniaques, qui mettait Fort Céleste sens dessus dessous. Je ne pensais pas la rencontrer si vite, et dans une telle situation.
– Garde des Ombres –
"Ho my, il semble que ma réputation me précède ha ha ha ! Mais y prêter foi ou pas, telle est l'amusante question ~..."
Je reprenais pensivement un peu de mon snack, jetant un coup d'oeil sur les soldats qui continuaient de s'entrainer. Désinvolte et prenant peu cas de ce que l'on pensait de moi dans le Fort, je préférais largement utiliser cela à mon avantage. Et puis, si l'on parle de réputation, ce mage n'était pas en reste. Après ma rapide inspection, mon regard se posa de nouveau sur le mage, plus perçant et inquisiteur qu'amusé. Je souriais toujours, mais de ce sourire sauvage qui peut mettre mal à l'aise bien des gens.
"Et vous devez être le fameux mage tévintide que certains prétendent être un espion de Tevinter, ou encore à pratiquer de sombres rituels. Ne faisons nous pas la paire ? Fu fu fu ~..."
Le sous entendu était évident, tout comme la mise en garde. Cela m'amusait de voir s'il allait s'offusquer d'une telle comparaison, ou bien s'offenser de ce que l'on racontait sur lui. Pourtant je n'y réfléchissais pas plus, oubliant aussi vite le pourquoi de ma question. Non, nous avions des choses bien plus importantes à faire. Je me bougeais légèrement de ma place, et avec familiarité tapotait la pierre à côté de moi tout en invitant avec un sourire le mage.
"Je vous en prie, installez-vous. Ce genre de spectacle est fait pour être partagé, n'est il pas ?"
Et en effet, le spectacle continuait son cour. Ha, ces muscles luisant sous le soleil et la sueur de leurs efforts, ces grognements alors qu'ils poussaient la limite de leur endurance. Des sons plus familiers qu'on le croit, bien qu'entendus dans un endroit dirons nous... de nature différente. Et je comptais bien en profiter, vu qu'il n'y avait pas un seul bordel à des kilomètres à la ronde. Triste situation que celle de l'Inquisition... Les yeux perdus dans le vague, je me tendais soudainement en me rappelant qu'au final aucune présentation n'avait été faite. Enfin il devait sans doute connaitre mon nom, mais n'est il pas plus poli de se manifester ? Surtout si l'on partage des intérêts communs. Je me tournais légèrement vers le mage, souriant sourit et parlant avec chaleur.
"Ho, et par ailleurs je me nomme Tullia Estrama Von Raijer. Non pas qu'être appelée 6e Enclin me déplait, mais je préfère réserver ce surnom pour certaines occasions. "
Réservée pour secouer un peu la bleusaille ou faire peur à des mauviettes, il n'y avait ici pas de raisons de le considérer comme tel, non ? Du moins, l'avenir nous le dira.
– Inquisition –
Ft. Tullia E. Von Raijer – Partenaire contemplative de murailles ☆☆
What a view my dear, what a view...
24 Démétra 9:41
Ainsi j’avais vu juste, même si reconnaître le Sixième Enclin de la Garde des Ombres n’était pas si difficile : son physique des plus atypiques faisait une large partie du travail d’analyse. Elle semblait même flattée de se faire interpeller par un surnom si peu agréable de prime à bord.
"Ho my, il semble que ma réputation me précède ha ha ha ! Mais y prêter foi ou pas, telle est l'amusante question ~..."
Elle m’offrit cependant son plus beau – et atrocement large – sourire, tandis qu’elle joua aussi la carte de la réputation pour me répondre. Ah, nous étions ainsi deux individus bien visibles au cœur de ce regroupement hétéroclite d’apparence, charmant.
"Et vous devez être le fameux mage tévintide que certains prétendent être un espion de Tevinter, ou encore à pratiquer de sombres rituels. Ne faisons nous pas la paire ? Fu fu fu ~..."
"Mince alors, il me faudra songer à mieux cacher les corps la prochaine fois !"
Quel duo. Je m’amusai à plaisanter là-dessus car je savais qu’elle ne prendrait nulle offense, chose bien rare au cœur de ces murailles gelées. Les Sudistes étaient toujours si .. littéraux. C’en était effrayant parfois.
"Et donc, auriez-vous un peu de place pour moi pour profiter d’un tel spectacle ?"
"Je vous en prie, installez-vous. Ce genre de spectacle est fait pour être partagé, n'est il pas ?"
"Ah, enfin une autre personne de culture, dans ce fort !"
Je pris donc place sans me faire prier davantage, aux côtés de la jeune femme. Ils commençaient à peine à se chauffer. Parfait : j’arrivais pile à l’heure. Nous nous perdîmes ainsi en contemplation pendant un certain temps, sans rien échanger de particulier, avant que la folle aux cheveux clairs ne m’adresse une fois de plus la parole.
"Ho, et par ailleurs je me nomme Tullia Estrama Von Raijer. Non pas qu'être appelée 6e Enclin me déplait, mais je préfère réserver ce surnom pour certaines occasions."
"Oh, je comprends tout à fait. "
J’inclinai ma tête dans sa direction pour croiser son regard, souriant de plus belle.
"Appelez-moi donc Dorian, même s’il s’agit sûrement d’un nom que vous connaissez déjà."
Finalement, pourquoi se perdre en mille tournures ? Je reportai mon attention sur notre centre d’attention du jour, songeur.
"Il n’empêche que l’Inquisition aurait pu faire un effort, et faire venir des courtisans .. En plus d’y faire un froid de morts, il n’y a pas grand-chose à faire ici."
Je marquai une pause, avant de prendre un air soudainement dramatique.
"Regardez-nous, Tullia, contraints de reluquer trois culs qui se courent après pour soulager la faim ! Ils pourraient au moins nous faire la décence de nous offrir une danse exotique de temps à autre, je ne sais pas .. "
"J’en connais une pas mal qui ne nécessite pas d’avoir beaucoup de matériel, seulement de quelques foulards, et je leur apprends bien volontiers pour animer un minimum l’endroit."
Nous n’étions pas à Fort Céleste depuis si longtemps que cela, mais même à Darse il n’y avait rien. Pas de bordel, pas de courtisans, rien. A la ronde. J’avais une espèce de bon espoir avec l’arrivée de certains dignitaires, mais bon : diplomatiquement, ce n’était pas très vendeur, tout ça.
Et puis, parler de tant de choses soudainement me donnait l’envie de rentrer à Minrathie, rien que pour me prélasser dans un bal mondain et au moins bon enfant. Même si ce n’étaient clairement pas mes favoris. Mais bon.
"Eh bien, je crois que j’ai déjà besoin de vacances."
– Garde des Ombres –
"Ha ha ha ha ha ! Si vous voulez on peut mettre un peu d'action dans ce fort. Vous m'apprenez ces mouvements et moi je vous apprends à comment cacher un corps."
Allait il se rendre compte que j'étais sérieuse dans mon offre, ou bien croire que je ne faisais que rebondir sur sa blague. Pourtant pour ce qui est de cacher des corps, je suis une professionnelle. Ou les mettre au bons endroits au bon moment aussi... Mon expertise dans ce domaine n'a pas de valeur autant qu'elle est incomprise. Un jour peut être mon talent sera reconnu, comme celui de faire peur aux jeunes recrues et de leur faire manger de la terre lors des entrainements.
Quoi qu'il en soit, notre mage moustachu semblait avoir le mal du pays. Je le regardais avec surprise, non sans sourire avec malice et le taquiner là dessus.
"Hooo, l'Inquisitrice vous tire autant sur la couenne que ça ~ ? Qui l'eu cru .... "
J'avais cru comprendre qu'il était resté autant parce que son ancien maitre était responsable d'une partie du fiasco, mais aussi parce qu'il se sentait concerné pour son pays. Mais est ce là tout ? Pourquoi venir dans un endroit aussi froid et ennuyeux ? Pourtant nos racines nous rappelles toujours à elle. Et je n'y étais pas étrangère, aussi folle et indépendante que je puisse être. Je poussais un léger soupire, mon regard se posant sur les muscles en action devant nous.
" Mais je comprends. Même en n'étant ici que depuis quelques semaines, je commence à regretter la boue et la pluie de Férelden. Et le bordel de la Perle. Vous y croyez ça ? "
L'odeur de chien mouillé, le temps pourri, les rues remplies de boue... Dire que le froid pouvait me donner envie d'un bain de boue. Je suis vraiment devenue folle alors, non ? Tout en mangeant mes quelques graines, je repensant à la présence du mage. Il était comme moi, un genre de cheveux dans la soupe, ou de pigeon dans la ragoût qui n'a pas vraiment sa place mais que bon... il est là. Tout comme moi, même si nos objectifs diffèrent. Je lui jetais un nouveau regard, mes yeux étranges se posant sur lui avec curiosité.
"Je me pose une question cependant, Dorian. Si vous avez envie de rentrer, qu'est ce qui vous en empêche ? Après tout, ce n'est pas votre pays qui est directement concerné. L'Inquisitrice vous aurait elle mit un fil à la patte ? Fu fu fu ~... "
Un petit ricanement, l'image de la naine qui pouvait mettre au pas un mage qui faisait au moins 2 fois sa taille. Oui, il n'y a rien de plus amusante que cette image. Pourtant il devait bien y avoir autre chose qui le maintenait ici. Autre chose que simplement le faire pour " le bien de tous et sa mère patrie". Car s'il y a bien une chose en laquelle je ne croyais absolument pas, c'était la pure bienfaisance.
– Inquisition –
Ft. Tullia E. Von Raijer – Partenaire contemplative de murailles ☆☆
What a view my dear, what a view...
24 Démétra 9:41
Rencontrer Tullia fut une bonne surprise, une très bonne, même. Enfin quelqu’un dans ce fort qui ne se vexait pas face à mon humour un peu piquant, ou alors qui écoutait jusqu’au bout ce que beaucoup ici considéraient comme du nonsense. Mieux : la voilà à rentrer dans mon jeu, et à porter ma blague encore plus haut. Que demander de plus ?
"Ha ha ha ha ha ! Si vous voulez on peut mettre un peu d'action dans ce fort. Vous m'apprenez ces mouvements et moi je vous apprends à comment cacher un corps."
"Volontiers, je commence à manquer de cachettes."
Je ne pus m’empêcher de rire tant cette conversation était absurde au possible. Nous étions là, à nous connaître à peine et à parler de cacher des cadavres. Le pire dans tout ça était qu’elle pourrait très bien être sérieuse, ce qui en disait long sur le personnage. Mais bon : il fallait bien que sa réputation naisse de quelque chose, n’est-ce pas ?
La conversation se poursuivit, et elle sembla déceler mon conflit interne sans trop de mal. En même temps, me voilà coincé dans un fort laid et vieux où il fait froid toute l’année. Ce n’était sûrement pas dur à déceler mon manque de soleil chaud et de bals sanglants.
"Hooo, l'Inquisitrice vous tire autant sur la couenne que ça ~ ? Qui l'eu cru .... Mais je comprends. Même en n'étant ici que depuis quelques semaines, je commence à regretter la boue et la pluie de Férelden. Et le bordel de la Perle. Vous y croyez ça ? "
Tullia venait de Férelden ? J’aurais dit bien plus au nord, de par son accent .. Ou alors elle vivait à Férelden depuis quelques années, au point de s’y être habituée ? Difficile à dire, je ne la connaissais pas après tout. Je haussai des épaules, nonchalant.
"Vous savez, on en vient à manquer les petits riens de notre vie d’avant .. ne serait-ce que le soleil."
Les bras croisés, je savais qu’il n’était pas dur de voir ma frilosité au sommet des montagnes enneigées des Dorsales de Givre. Si je pouvais rentrer, je l’aurais fait depuis si longtemps ..
"Je me pose une question cependant, Dorian. Si vous avez envie de rentrer, qu'est ce qui vous en empêche ? Après tout, ce n'est pas votre pays qui est directement concerné. L'Inquisitrice vous aurait elle mit un fil à la patte ? Fu fu fu ~... "
Mon regard se posa sur elle un instant, et le sérieux de sa voix se reflétait soudainement sur son visage. Je réfléchis un instant, avant de répondre.
"Oh non, l’Inquisitrice ne m’a pas non plus muselé, j’ai juste un problème de Venatoris à régler avant. Ça, sauver le monde, ce genre de banalités."
Puis, mon regard s’arrêta sur les hommes musculeux qui s’entraînaient sous nos yeux. Il y avait aussi bien d’autres choses, mais je n’allais pas m’étaler, encore moins devant une étrangère, aussi sympathique fût-elle. On ne savait jamais : mon père était capable d’engager n’importe qui.
"Aussi, un peu de vent nouveau forge l’esprit. Après des années folles à Minrathie, faire une pause un certain temps fait du bien. C’est aussi une bonne opportunité pour apprendre d’autres visions du monde, d’autres philosophies, faire de nouvelles rencontres, .."
Mes épaules se haussèrent encore, avant de reporter mon attention sur elle.
"Vous comptez rester longtemps à Fort-Céleste ? Ou bien la garnison a déjà de sympathiques projets en perspective ?"
– Garde des Ombres –
"Ha ha ha ! On dirait presque que vous racontez le quotidien d’un Garde des Ombres avec tout ça ! Mais je comprends… Nous avons aussi un certain compte à régler avec cette plaie que sont les Venatoris. Et j’en fais une affaire personnelle… "
Rien qu’à penser aux venatoris, je pouvais sentir mon sang bouillir, et la Bête gronder en moi de façon féroce. Leur sang sur mes mains, entendre leurs cris de douleurs et leur demande de pitié. C’est tout ce que je désirais. Mes yeux s’étaient posés sur les soldats en entrainement, sans pour autant les voir. Mon regard brillait d’une lueur malsaine, et je ne fus sortie de mon entrevue avec mon démon intérieur qu’à la nouvelle question de Dorian. Je clignais des yeux, me reconcentrant sur le présent focalisant de nouveau mon attention sur le mage. Avec un léger sourire je lui répondis, mais il était clair que je n’étais pas satisfaite de la situation pour autant.
"Nous resterons le temps nécessaire pour qu’ils se remettent, car il y a eu des dégâts. Mais juste ce qu’il faut, car je ne compte pas laisser ce qu’il reste des Gardes d’Orlaïs à la botte de l’Inquisition. Sans vouloir vous offenser, fu fu fu ~… "
Un petit rire, tout simple qui montrait bien que peu importe ce que pense l’Inquisition ce n’est pas cela qui va m’empêcher de penser comme je le veux. Ni même d’agir comme je l’entends. Je reprenais quelques snacks dans le bol, appréciant la vue qui s’offrait à nous en me demandant si mes Gardes arriveront rapidement à ce stade là, ou jamais.
"Mais rien que les remettre d’aplomb avec l’entrainement, ça va mettre plusieurs semaines. Et je compte bien en même temps trouver un moyen de chasser et massacrer quelques venatoris. C’est que j’ai la rancune tenace et plutôt sanguinaire, vous voyez… Mais c’est toujours amusant ! Enfin pour moi, cela va sans dire ha ha ha !"
Je riais de plus belle, sincère dans l’excitation que j’éprouvais à l’idée d’en écorcher vifs quelques uns. Je n’avais nulle envie de cacher ce que j’étais et ce que je ressentais, surtout de cette nature. De toute façon, je ne pense pas grand-chose de ce que les autres en pensent, ce n’est pas aujourd’hui que ça va changer. En revanche, ce que les autres comptent faire des agneaux que j’ai récupéré, ça c’était dans mon rayon d’intérêt. Je jetais un coup d’œil au mage, me demandant s’il avait peut être quelques infos.
"Et par ailleurs, sauriez vous ce que notre bonne inquistrice Cadash veut faire de ce qu’il reste des Gardes ici ? Car je doute que ce n’est pas juste pour les exposer comme trophée à la vue de toute le monde qu’elle les garde à Fort Céleste….non ?"
Il n’avouera pas les secrets de l’Inquisitrice, ça j’en ai conscience, mais l’attitude des gens et les sous entendus révèlent bien plus que ce que l’on pense. Et pour agir, j’ai besoin de pistes.
– Inquisition –
Ft. Tullia E. Von Raijer – Partenaire contemplative de murailles ☆☆
What a view my dear, what a view...
24 Démétra 9:41
C’était rafraîchissant de pouvoir converser avec la tant redoutée « sixième Enclin », c’était comme démystifier une légende pour enfin s’en faire son propre avis. Fascinant.
La garnison ne comptait donc pas rester par ici, et encore moins à la merci de l’Inquisition. Tant mieux qu’elle ne fût pas assimilée à notre organisation, il était toujours bon d’avoir des amis et alliés en ces temps compliqués. Mais bon, je n’étais pas l’Inquisitrice. Mais, peut-être que de suggérer l’idée au cas où n’était pas une si mauvaise idée.
En tout cas, les explications et intentions de Tullia me confirmèrent une chose essentielle : nous avions des buts communs. Chasser du Venatori était notre spécialité, il était donc tout naturel d’envisager de l’entraide sur le sujet.
"J’espère que nous aurons l’occasion d’en cramer quelques-uns ensemble, à l’occasion."
"Et par ailleurs, sauriez vous ce que notre bonne inquistrice Cadash veut faire de ce qu’il reste des Gardes ici ? Car je doute que ce n’est pas juste pour les exposer comme trophée à la vue de toute le monde qu’elle les garde à Fort Céleste….non ?"
Je pris le temps d’y réfléchir. Je n’avais pas la science infuse, loin de là, puis je répondis ce qui me paraissait le plus logique.
"Il n’y aurait aucun intérêt à vous garder comme trophées, je pense que c’est une forme de compensation vis-à-vis de ce qui s’est passé. Vous aider à vous redresser, vous fournir un abri temporaire, se faire des alliés, .. Vous voyez où je veux en venir."
Je regardai alors toujours l’entraînement qui se déroulait sous nos yeux, et la conversation se poursuivit sans accrocs. Nous discutâmes de l’état de l’Inquisition, de la garnison, de techniques de combat comme de positions sexuelles. Oui, la conversation avait dérapé à plusieurs reprises, mais cela faisait du bien de parler de n’importe quoi avec quelqu’un. Puis, une fois l’entraînement – tristement – terminé, nous décalâmes au chaud à la taverne, pour boire sans réellement compter. Et le reste n’était que mystère, car ma mémoire me faisait défaut. Ça m’apprendrait à me prendre la cuite de ma vie.
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