I find in every mirror a ghost [PV Dorian]

Cette journée là, on lui avait demandé de ramener un certain livre de la bibliothèque. Eliwendë avait voulu se rendre utile pour une gentille soeur de la chantrie. Elle n’appréciait pas spécialement les enseignements de la chantrie, mais elle disait rarement non lorsqu’on lui demandait quelque chose avec un sourire. Gravissant les nombreuses marches pour se rendre à la bibliothèque, elle regarda d’abord autour d’elle. L’endroit lui était jusqu’alors inconnu. Lire n’était pas son activité favorite … et l’endroit était rempli de mages. Exactement ce qu’elle essayait d’éviter. Les mages lui rappelaient beaucoup trop l’Archiviste. Autant faire le plus rapidement possible avant qu’elle se fasse aborder par l’un d’entre eux. Elle s’avança vers les rangées de livres en se grattant l’arrière de la tête. Elle n’était pas certaine d’avoir vraiment compris le titre. Elle aurait dû la faire répéter, mais elle était partie trop vite et maintenant elle aurait l’air d’une sotte à retourner demander. Encore la petite Dalatienne qui ne comprenait pas leur langue. Elle passait son doigt sur les reliures des bouquins en répétant les titres qu’elle voyait. Peut-être que de les dire à voix haute allait l’aider, mais pour le moment elle avait simplement l’air de parler une nouvelle langue inconnue de tout Thédas.

- Fenedhis.

Elle n’avait pas l’habitude d’utiliser des jurons, mais elle n’arrivait vraiment pas à trouver ce bouquin. Cela faisait déjà plusieurs minutes qu’elle se tenait là comme une imbécile à chercher un livre sans connaître son titre. Elle était presque certaine qu’il commençait par un «e». Ou bien elle avait dit un «a». Elle eu la soudaine envie d’aggriper les étagères et de les balancer au sol en hurlant. Elle prit une grande respiration. La violence ne ferait pas apparaître le livre qu’elle cherchait par magie. Elle ressentait rarement des envies de violence de la sorte, et elle se raisonnait assez rapidement. Son but était de passer complètement inaperçu et jeter des centaines de livres au sol en hurlant était bien l’effet inverse qu’elle voulait créer. Elle ne pouvait qu’être en colère après elle-même, pas après ses pauvres livres. Elle se sentait plus à cran ses derniers jours et elle dormait de moins en moins bien. Elle sentait une lourdeur sur ses épaules. Garder le secret n’était pas aussi facile qu’elle le croyait.

En y repensant, n’importe quelle livre ferait l’affaire. Elle n’aurait qu’à lui donner rapidement et déguerpir avant que la bonne soeur réalise qu’elle n’avait pas le bon livre dans les mains. Elle avait du talent pour disparaître rapidement, alors autant l’utiliser dans ce genre de moments. Ça lui apprendrait à vouloir rendre service à tout le monde. Surtout à une soeur de la chantrie. La chantrie … Elle agrippa le premier livre qu’elle vu, mais elle se senti pousser contre l’étagère par derrière. On l’avait accroché au passage. Rien de bien mesquin ou de trop fort, mais l’instant d’un moment, elle s’était sentie en danger. Qu’on venait encore l’intimider et que cette fois-ci, on s’en prenait physiquement à elle. La peur s’était envahi d’elle à une vitesse fulgurante, mais aussi … une grande colère.

En un instant, le livre qu’elle avait dans la main prit feu violemment. Aussi vive et aussi grosse fut la flamme, elle disparu également en un instant. Ce qu’elle redoutait tant venait d’arriver, elle avait perdu le contrôle d’elle-même pendant quelques secondes, mais ses secondes étaient déjà de trop. Le livre qu’elle avait précédemment tenue dans ses mains n’étaient qu’un tas de cendre et tombaient tranquillement au sol. Eliwendë agrippa son poignet droit avec sa main de gauche. Elle ressentait une vive douleur à la main. Elle venait de se brûler comme une vulgaire apprentie, mais c’est bien ce qu’elle était ...Si le commandant avait su dès le départ qui elle était et ce qu’elle avait fait avec ses pouvoirs, il ne l’aurait jamais amené ici. Elle n’avait pas sa place ici, parmi tous ces gens. Elle avait passé un bon moment à rêver, mais elle devait redescendre les pieds sur terre … Si elle avait été honnête dès le départ, qu’elle était une mage exilée de sa tribu et qu’elle avait déjà agressé volontairement quelqu’un à coup de flamme dans le visage … Ce pauvre garçon.

Tournant les talons le plus rapidement possible, elle couru jusqu’à être certaine qu’il n’y avait plus personne autour d’elle. Tout ce qu’elle espérait, c’est que personne n’avait rien remarqué. On verrait bien un tas de cendre au sol à un moment ou à un autre, mais avec l’endroit rempli de mage, ce ne serait pas suspicieux. Elle arrêta sa course au écurie de Fort Céleste, près des grandes abreuvoirs à chevaux. C’était un réflexe naturel chez elle de courir vers les animaux lorsque quelque chose la tracassait. Elle enfonça sa main dans l’eau tiède. Ce n’était peut-être pas la meilleure des options, mais pour le moment c’était la seule qu’elle voyait. Si elle enfonçait sa main assez creuse, personne ne verrait ce qu’elle avait fait ou mieux encore, son don allait disparaître. Si seulement c’était si simple, qu’il ne suffisait qu’à enterrer quelque chose assez profondément pour qu’elle ne refasse plus jamais surface.

Au-dessus de l’abreuvoir, elle fixait son reflet dans l’eau. Son reflet trompeur ... Mi-elfe, mi-humaine. Elle retenue un reniflement et frappa l’abreuvoir de sa main valide. Pourquoi était-elle née avec un don qu’elle ne savait pas contrôler ? Pourquoi était-elle née tout court ? Lorsqu’elle entendit un bruit derrière elle, elle tourna la tête avec les yeux rougis par la honte et la douleur.