[FINI] La pomme tombe-t-elle toujours près de l'arbre ? [PV Tiberius]

Tiberius ne dormait jamais très tard le matin, même s’il en avait l’occasion, pour la simple et bonne raison que son sommeil était troublé et mauvais. Alors tant qu’à rester dans sa tente jusqu'à ce que le soleil se lève, il s’était levé et avait commencé sa journée dans le calme du campement encore endormit. Il était à Fort Céleste pour une simple mission de reconnaissance, Tiberius se disait que c’était une belle occasion de faire le tour du terrain, puisque les poules n’allaient pas lui courir entre les pieds et que les gens étaient encore, pour la plupart, endormi.

Il s'était gardé les jardins pour la fin. Un bel endroit paisible pour se ressourcer était comme un café le matin. L’odeur des plantes, le bruit du vent dans les feuilles des arbres avaient quelque chose de calmant pour lui. Tiberius prit également pour acquis qu’il était complètement seul dans les jardins, donc il prit vraiment son temps. Il admira et prit le moment de sentir les fleurs, qui celles-ci poussaient malgré la froideur de l’air. Il regarda les arbres fiers, encore vêtus de leurs feuilles. C’était surprenant comment le soleil et les murs encerclant le jardin faisait cette bulle de chaleur qui l'entourait et le maintenait à une température parfaite.

Le silence se brisa par un grognement grave. Tiberius quitta sa contemplation de la nature pour regarder d’où pouvait venir ce bruit menaçant. Est-ce que le fort était en danger? Un animal sauvage était parvenu à se frayer un chemin jusqu'ici? Tiberius gardait son calme et adopta une position défensive.  Il avait porté sa main à son épée, mais ne l’avait pas sorti.

C’est alors que le grand loup blanc s’avança assez pour que Tiberius le remarque. Son visage ne changea pas d’un poil, mais dans sa tête, un sentiment de surprise et d’émerveillement était très présent. En voyant que l’animal n’avait pas de position d’attaque, il ne dégaina pas son épée. Son regard resta fixé dans celui du loup, il avait l’impression que ce loup pouvait le lire complètement, c’était étrangement  fascinant. Il s’adressa directement au loup en chuchotant, sans s’apercevoir qu’une jeune fille s’approchait au loin.

- Tu es propre pour un loup blanc perdu.

Quand elle fut plus proche, Tiberius arrêta de parler à l’animal, mais continua de le fixer, puisque le loup le fixait également de son regard perçant.

- Snow, arrête.

Il fut surpris quand elle caressa le museau du loup sans être gênée. Cette fois, son expression faciale avait légèrement changé, il n’avait pas pu contenir son étonnement. Le loup, de son nom Snow, ne détachait toujours pas son regard de sur lui, donc Tiberius regardait peu la jeune fille. Ses regards étaient rapides, pour rester sur ses gardes. En voyant qu’elle le regardait de haut en bas et que Snow était plus calme, il fit de même. La beauté de cette fille était frappante malgré son jeune âge, pour une fraction de seconde, il eut l’impression de connaître son visage, mais ce sentiment s’en alla aussi vite qu’il était apparu. Il ne savait pas exactement ce qu’elle faisait dans l'inquisition, elle ne portait rien qui pourrait le guider pour trouver son poste. Sa douce voix ramena son attention sur le visage de la jeune fille.

- Je suis désolé. Normalement il fait pas ça.

Tiberius reprit une posture détendue et retira sa main du manche de son épée. Il gardait un oeil sur Snow en lui parlant.

- C’est comprenable. J’espère ne pas l’avoir effrayé. Par les grognements qu’il faisait, j’ai dû avoir eu un comportement qui lui déplaisait.

Tiberius n’était vraiment pas le meilleur pour faire la conversation, surtout quand il rencontrait quelqu’un de nouveau. Par contre, c’était la première fois qu’il voyait un loup docile et il avait plusieurs questions concernant l’animal.

-J’espère ne pas avoir dérangé votre matinée, mademoiselle. Si je peux m’le permettre, êtes-vous celle qui a élevé ce loup?

Même si l’atmosphère était plus calme depuis que la jeune fille était arrivée, Tiberius n’osait pas se déplacer pour marcher ou juste changer de position. Il ne voulait pas surprendre Snow, c’était un animal sauvage après tout et il ne savait pas comment agir pour éviter un problème. De plus, avec les grognements que Snow lui avait faits, Tiberius n’avait pas trop ce qu’il avait fait de menaçant, si sentir des fleurs était menaçant pour ce loup, bouger l’était peut-être aussi. C’est donc pour cette raison qu’il resta sur place en parlant et qu’il avait l’air nerveux.

Lorsque la jeune fille indiqua que le loup n’aimait peut-être pas son odeur, sans pencher la tête, il prit quelque respiration avec le nez pour essayer de se sentir lui-même. C’était vrai qu’il s'était lavé la veille, mais il était tôt pour aller prendre un bain. Il ne sentit rien de dégoûtant. Il espérait que la fille ne sente pas une odeur bizarre.


- Oui, j’ai élevé Snow depuis qu’il est louveteau. Sa famille a été tué par des fermiers, il ne restait que lui. Ne vous inquiétez pas, il attaque juste sous mon ordre. Il ne va pas mordre si je ne lui dis pas.

Quand elle commença à lui expliquer sa petite histoire, il regardait le loup aussi, encore incertain de ses intentions. Il avait tout de même un regard très attentif à la conversation. TIberius avait toujours aimé les animaux, personne ne le savait vraiment parce qu’il avait un air indifférent à propos de tous les sujets. Quand elle lui fit son beau sourire rassurant, il resta de glace. Par contre, il fut plus rassuré. Il savait que le loup n’allait pas lui sauter dessus.

- Il est entrainé à la chasse ainsi qu’au pistage, mais il est très intelligent et connaît plusieurs commandements. Il est un allié redoutable en forêt.

- Je n’ai aucune difficulté à vous croire. Il parait fort et rapide. Vous avez l’air d’être une excellente maîtresse pour lui.

Quand Snow s'avança pour le sentir, Tiberius retira son gant et avança sa main nue. Il voulait que le loup sente son odeur corporelle au lieu de sentir l’odeur de l’armure qui avait plusieurs senteurs mélangé les unes avec les autres.  La main de Tiberius ne tremblait pas, il avait confiance en ce qu’elle venait de lui dire et c’était le moment de le prouver. Il approcha sa main très doucement tout de même pour que Snow ne confonde pas son geste comme une attaque. Tiberius ne l’avança pas complètement et tourna sa paume vers le ciel pour avoir une position plus invitante. Le loup avait encore du chemin à faire pour y toucher.

- Vous n’avez jamais vu de loup d’aussi près Garde des Ombres ?

Tiberius releva le regard quand elle parla, détachant ses yeux de Snow, qui était proche de sa main.

- J’ai déjà vu des loups d’aussi proche, mais ils étaient morts. J’ai vécu beaucoup de choses et laissez-moi vous dire que jamais j’aurais cru voir un loup apprivoisé dans ma vie. Je n’y avais jamais même pensé.

Il retourna son regard sur Snow et ramena sa main vers lui.

- Je m’appelle Tiberius. On m’appelle cependant plus souvent par mon nom de famille, Barker. Vous pouvez m’appeler un des deux, c’est à votre discrétion. L’un ou l’autre fait l’affaire.

Il remarqua le livre qu’elle avait en main, il l’avait sûrement dérangé dans sa lecture. Avec l’accent qu’elle avait et ces oreilles pointues, elle était probablement en train d’apprendre la langue. Il ne voulait pas la déranger plus que ça, mais il était encore fasciné par sa rencontre inhabituelle et ne voulait pas partir non plus. Autant d'intérêt de sa part n’arrivait pas souvent, même lui était surpris du sentiment qu’il avait. C’était étrange, il voulait rester seul habituellement, mais quelque chose lui disait de rester avec elle et ce loup.  

- Je n’veux pas prendre de votre temps plus qu’il ne le faut ce matin. Je devrais continuer ma visite.

Même si son coeur lui disait de faire le contraire, Tiberius ne put s’empêcher de lui dire une excuse pour se retrouver seul. La pensée qu’il la dérangeait revenait sans cesse. Il se mettait dans la peau de la jeune fille, le fait de parler à un vieux bonhomme en armure à propos de son loup devait être très redondant et ennuyant pour elle.

Même après avoir dit qu’il devait partir, ses pieds restèrent plantés au sol. Il attendait de voir si elle avait besoin de son aide pour n’importe quoi ou qu’elle voulait continuer leur discussion, malgré le fait que ça devait être ennuyant.    

Lorsque Snow lui sentit la main, Tiberius se retenu pour ne pas le caresser. Il ne voulait pas surprendre l’animal et se faire mordre par accident. Cependant, ce n’est pas l’envie qui manquait. Son poil était propre et avait l’air très doux au toucher. Quand Snow quitta pour retourner à ses occupations, la tension dans l’air se dissipa complètement. Tiberius était bien conscient qu’un loup n’était pas un animal de compagnie ordinaire et qu’une partie de lui restait sauvage. Tiberius l’écoutait attentivement. Snow le fascinait et le fait qu’elle ait réussi à l'apprivoiser était spectaculaire. Il reconnaissait que la majorité d’efforts mis pour cet exploit venait surtout d’elle et non du loup.  

- Il est difficile d'apprivoiser un loup. Ce ne sont pas des chiens, leur nature sauvage est très forte, il faut savoir la gérer. Je plains le pauvre qui tentera sans avoir idée dans quoi il s'embarque.

Il haussa légèrement des sourcils quand elle compara le loup au chien. Il avait eu la même pensée. Peut-être que les gens avaient le réflexe de  penser qu’ élever un loup était facile.

- C’est justement ce que j’me disais. L’avoir eu bébé a dû faciliter la tâche pour vous.

Remarquant qu’il ne savait pas son nom et qu’elle ne savait pas le sien non plus, il se présenta et l’écouta se présenter. Il portait attention pour bien entendre ce qu’elle disait. Son accent n’était pas si pire, mais il n’avait pas envie de la faire répéter. Il avait déjà eu l’habitude d’entendre cet accent, il savait comment bien la comprendre sans la faire répéter.

- Eliwendï. C’est rare que je partage ce que je pense, mais j’aime beaucoup votre nom.

Eliwendï, c’était un nom elfique, qui accompagnait ces oreilles pointues. Un très beau nom d’ailleurs. Ça ressemblait à Elisabeth, c’est comme ça qu’il aurait voulu que sa fille s’appelle. Il l’avait dit à Evelyne la dernière fois qu’il l’avait vue. Tiberius avait si peu d’espoir de retrouver sa fille que ce genre de pensée trainait au fond de son esprit et ne faisait pas vraiment surface. Jamais il ne se permettait d’avoir de faux espoirs et de vivre la tristesse de se tromper. Il l’avait déjà vécu auparavant et maintenant, dès qu’il avait un doute sur une fille, il se disait que c’était impossible. Eli avait l’air tellement jeune. Beaucoup trop jeune pour être sa fille. Ce n’était pas elle, c’était certain.

-Vous faites la visite du fort ? Je peux vous accompagner, je suis ici depuis un bon moment, je sais où sont les plus beaux endroits. Vous êtes dans un des endroits les plus calmes, les jardins sont magnifiques.

Tiberius regarda les arbres autour d’eux. Son regard était doux, malgré qu’il ne souriait pas et que son expression faciale en général avait l’air d’une roche.

- Oui, je suis arrivé hier soir. Il faisait trop noir pour faire le tour et puis j’avais besoin de me reposer.

Tiberius la regarda quand elle regarda ailleurs. Il n’avait pas pris la peine de bien la regarder, le loup avait pris toute son attention. Maintenant qu’il s'était éloigné, il pouvait se concentrer sur Eli. Elle était dans l’inquisition depuis longtemps, même à son jeune âge? Il ne voulait pas être impoli en lui demandant son âge. Peut-être qu’elle allait s’en foutre, mais il préférait se mêler de ses oignons. Il n’allait probablement pas la revoir de toute façon.  

- La vue des remparts est spectaculaire, il y a aussi les écuries, avec les plus belles montures de l'Inquisitrice. Si vous voulez bien, je peux tout vous montrer. Vous ne me dérangez point, ma lecture n'est pas si importante.

- Ce serait un plaisir de vous suivre, Eliwendï. Vous avez l’air de savoir les meilleurs endroits à ne pas manquer.

Tiberius fut surpris qu’elle lui propose de lui faire la visite. Il ne se considérait pas comme quelqu’un d'intéressant, mais elle laissait tout de même sa lecture de côté pour passer du temps avec lui. Eli ne lui tapait pas sur les nerfs, pour le moment, donc il n’était pas contre l’idée, de plus, il sentait qu’il voulait rester avec elle, donc c’était bien. Il ne le montrait, pas, mais il était bien content qu’elle l'ait proposé.

Quand elle commença à marcher pour lui faire la visite, il se plaça à ses côtés pour la suivre. Il regardait droit devant lui, comme s’il regardait au loin, malgré qu’il n’y avait aucune vue incroyable devant lui. Pour Eliwendï, Tiberius était probablement très imposant physiquement avec son armure. Par contre, même si physiquement il prenait de la place, son énergie et non verbale n’en prenait pas du tout.

- Vous êtes ici depuis combien de temps?

Tiberius regardait davantage devant lui en marchant, que de la regarder parler. Cependant, il l’écoutait sans être distrait. Lorsqu’elle parla vaguement des événements récents, il avait compris le lien qu’elle avait fait concernant la situation des gardes, même si à l’intérieur il ressentait un malaise, il ne le fit aucunement paraître. Tiberius resta de glace et regarda droit devant.

- Oui, on a également été occupé ces derniers temps.

Sa réponse avait été sèche et courte. Il ne voulait pas en parler et avait fait en sorte que ce sujet était maintenant clot. Par chance, elle n’était stupide et avait compris le message. C’était un soulagement de ne pas à avoir à aller plus loin pour demander de changer la conversation. Certaines personnes ne comprenaient pas tout de suite les messages.

- Je vous amène aux écuries en premier. Il y a toujours quelques marchands si vous avez besoin de quelque chose.

- Je vous suis, mademoiselle Eliwendë

Puisqu’elle allait vite et bondissait partout, il la regarda plus faire que de suivre son rythme. Elle pouvait prendre de l’avance si elle le voulait, ça ne le dérangeait pas. Il se disait qu’elle était une adolescente avec un trop-plein d’énergie. Il n’allait pas commencer à lui courir après et essayer de garder la bonne vitesse, tant qu’il pouvait voir où elle était et dans quelle direction elle était partie, pas de trouble. Par contre, ça coupa leur conversation, puisqu’ils n’étaient pas tout à fait au même niveau pour discuter tranquillement. Tiberius en profita pour observer l’architecture et le fort qui reprenait doucement vie avec le soleil montant.

Quand elle commença à lui montrer des choses, il se rendit à ses côtés pour qu’elle ne soit pas obligée de parler fort. Il observa ce que les marchant proposaient, sans rien acheter pour le moment.

Durant la présentation des chevaux, Tiberius resta calme. Il était beaucoup plus détendu qu’avec Snow. Il savait comment s’occuper d’un cheval, c’était des animaux beaucoup plus commun, moins sauvage et il savait très bien comment les gérer. Même s’il connaissait bien les chevaux en général, il ne les caressait pas et ne faisait que les observer. Il regardait également l’écurie, si c’était minimalement propre et fonctionnel.  Il ne fut pas très bavard, il laissait plus de place à Eliwendë qui lui faisait la visite. Quand elle s’arrêta à la jument noire, il s’approcha un peu pour mieux la voir.

C’est un nom qui lui va bien. C’est une très belle monture, en fait, tous les chevaux ici sont impressionnants. Vous avez l’air de bien en prendre soin.
Elle ne parlait pas d’elle nécessairement, mais de l’inquisition en général. Il ne voulait pas trop porter de jugement sur son rôle.

- Le nom Blackwall me dit quelque chose, mais je pense ne jamais l’avoir officiellement rencontré.

Tiberius la la regarda quand elle chercha le garde, sans la suivre. Il ne voulait pas être le pot de colle. Quand elle s’arrêta, il vint voir. Il regarda le garde dormir, d’un sommeil qui semblait ma foi paisible et profond. Sachant à quel point il valorise lui-même le peu de fois que ça arrivait, il fit le moins de bruits possible et chuchota au lieu de parler à voix haute. Il ne voulait pas le réveiller.  

- Nous ferons les présentations ou les retrouvailles une autre fois.

- Bonne idée, allons plus loin pour éviter de le déranger.

Il s’éloigna avec elle pour retourner voir Étoile. Il la regarda et ne lui retourna pas son sourire. Son regard s’éloigna du sien, mais tiberius ne regarda pas le sol. Il n’avait pas honte et n’était pas gêné.

- Les gardes ont des courtes nuits quelques fois ...

- J’aimerais que ce soit seulement quelquefois. Ça arrive trop souvent à mon goût.

Il se racla la gorge un peu, encore une fois pour changer le sujet. Il n’allait pas aller plus loin, elle pouvait se compter chanceuse, il était à l’aise avec elle, il partageait beaucoup plus qu’avec les autres.

Il se permit de caresser le museau d’Étoile et de la laisser sentir sa main, puis il regarda la jeune demoiselle avec un regard amical.

- Les écuries sont belles, les chevaux ont l’air bien d’être ici. Ils sont calmes. Je prends en compte que votre cheval préféré est celui d’un autre, donc vous n’en avez pas sous votre possession?

Qu’elle connaisse les chevaux pouvait montrer qu’elle travaillait dans les écuries, elle était jeune et malheureusement, les elfes n’avaient, en effet, pas les tâches les plus importantes. Mais Snow et d’autres petits détails, comme le fait qu’elle lise le matin au lieu d’être présente dans les écuries lui indiquait qu’elle faisait peut-être autre chose. Puisqu’il essayait de ne pas porter de jugement, valait mieux poser la question et d’être certain dès le départ.

- Si je peux me le permettre, quel est votre rôle dans l’inquisition?

Tiberius regarda la semi-elfe lorsqu’elle lui répondu à sa question. Il fut légèrement amusé quand elle lui disait qu’elle préférait avoir un cheval sauvage. Il la regarda caresser le cheval à son tour. Elle avait l’air de vraiment aimer les animaux, comme lui.

- Ça ne me surprend pas, après un loup sauvage, je ne vous aurais pas imaginé avec un cheval élevé par un inconnu. Vous avez l’air de vouloir un bon lien avec votre l’animal et un bon contrôle. Les chemins les plus longs qui requièrent le plus de persévérances sont souvent eux qui sont les plus prometteurs.

Tiberius lui avait demandé son rôle pour justement ne pas porter de jugements trop rapide. Il fut agréablement surpris en l’écoutant. Il n’avait pas non plus la posture ou l’énergie supérieure à elle. Certaines personnes devaient surement la prendre pour acquis et se sentir supérieur à elle, mais il ne faisait pas ça. Il parlait avec une autre personne simplement. Quand elle se compara à lui cependant, il fronça un peu des sourcils, pas de colère, mais bien parce qu’il n’était pas d’accord.

- Votre rôle est trop différent du mien pour les comparer. Même si votre travail est administratif, je suis certain que l’inquisition a besoin de vous. Vous faites partis de la chaîne.

Tibérius regarda le garde arriver proche d’eux pour parler à Eliwënde. Il n’y accordait pas tant d’importance, jusqu’à ce qu’il dise le nom complet. Eliwënde Katlyz. Katlyz. Le nom de famille d’Evelyne. La mère de sa fille. Sa fille qui était une pure inconnue. Venait-il de mettre un visage sur la personne mystère qu’il avait dans son esprit? Était-elle vraiment la bonne? Impossible, elle était trop jeune. Mais c’était vrai qu’elle était sem-elfe, peut-être que le mix avait fait en sorte qu’elle garde sa jeune beauté et grandeur?

Les questions et pensées se bousculaient dans l’esprit de Tiberius, en un instant sa raison d’être était devant lui, ou pas? Il ne le savait pas complètement. Son coeur s'accélérer, sa respiration aussi, c’était comme si son corps venait de relâcher une dose d’adrénaline. Il avait tant attendu de la rencontrer, il s'était imaginé ce moment tellement de fois dans sa tête, dans ses rêves. Il n’en revenait pas qu’il avait passé autant de temps sans se rendre compte que c’était sa fille.

Eliwëde put remarquer le regard d’alerte que Tiberius avait soudainement eux. Sa bouche était entre ouverte et lorsqu’elle commença à marcher pour quitter, il fit un pas hésitant vers elle et releva une main, mais l’arrêta quand elle fut au niveau de ses hanches. Il s’arrêta de faire une scène dramatique et creepy. C’est également à ce moment que son cerveau lui envoya les doutes et seconde pensée, pour le protéger. Son mécanisme de défense était de se contredire lui-même et de se convaincre qu’elle n’était pas sa fille.

Le moment que le garde mentionna le nom et qu’Eliwënde fut hors de vu, paraissait très long dans l’esprit de Tiberius, mais en réalité, ça se passa en un claquement de doigt. Un lourd silence tomba, le garde des ombres entendait seulement sa respiration rapide, c’est comme si le reste des bruits était camouflé. Il resta debout à regarder la sortie en espérant de voir Eli retontir. Plus les minutes avançaient et plus le bruit autour de lui devenait un sourd bourdonnement. Il fit quelques pas vers l’arrière et sortit, il devait respirer, sa respiration était trop rapide, il commençait à voir des pico noir. C’est ce qui le ramena un peu à la réalité, il n’avait pas le goût de perdre connaissance et d’attirer l’attention. Il sorti de l’écurie rapidement et retourna à sa tente en ignorant toute personne qui lui parlait. Il était pâle et voulait simplement retirer son armure et s’isoler pour se calmer.

Tiberius s'assura de fermer la porte de sa tente et retira son armure avec difficulté, il était pressé de le faire, ce qui l’handicapait plus qu’autre chose. Une fois retiré, il s'asseya et prit de grandes respirations. Les pensées se bousculaient encore dans son esprit, une seconde il était convaincu que c’était elle, l’autre il se disait que c’était impossible. Il attendit d’être plus détendu avant de retourner faire le tour du site. Le regard nerveux et fuyant, l’esprit ailleurs, il fit le tour sans parler à personne d’autre.