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Dim 24 Juin 2018 - 15:33

Anonymous
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Un pas de travers

"Un premier amour a tout pouvoir sur le cœur de la jeunesse." --N. Machiavel


J’avais beaucoup trop hâte. Cela faisait une semaine que nous nous étions rencontrés. Depuis, mes pensées s’étaient complètement décomposées pour lui laisser sa juste place. Je n’avais qu’une seule envie, qu’une seule impatience : c’était de le revoir. Notre dernière péripétie remontait déjà à plusieurs jours. Et puis, j’eus une idée totalement géniale : il y avait un endroit que j’avais envie de lui montrer. Je commençais à connaître Minrathie, depuis le temps.

La Place Vivazzi, un endroit toujours animé. Il y avait beaucoup de musique et de chant, et beaucoup de danses. Ce soir-là, une somptueuse fête était organisée. Evidemment, j’avais donné rendez-vous à Wulf chez Ingridd. Je l’attendais au comptoir ; j’aurais de quoi discutailler avec la farouche tenancière, qui me fixait avec un grand sourire, comme toujours.

C’est . TELLEMENT. MIGNON.

C’est pas « mignon », je .. l’invite juste pour passer un bon moment.

Ah, « un bon moment », ça tu peux le dire .. ~

Fasta vass, Ingridd !! Il ne va rien se passer de ce calibre, on va juste sur la place .. !


Et elle riait de bon cœur, et j’étais embarrassé. Je soupirai longuement avant de finir mon verre. Malgré tout, il m’avait manqué, ou il me manquait encore. Plus les jours passaient, moins je supportais son absence. Mais bon, il avait beaucoup à faire, ce marin .. Ce petit tour à cette place lui permettrait sans doute de penser à autre chose, de se changer les idées, de ..

.. Dent, hein !

Hein ?


Je sursautai, complètement perdu dans mes pensées : cela l’amusa, comme toujours. Puis, elle se rapprocha de moi en s’appuyant contre le bar, comme pour parler de façon plus intime avec moi.

Petit Dodo, vas-y mollo sur la place, avec ton amoureux.

Ce n’est pas mon am—

C’est pas ce que t’as dit l’autre fois .. ~

Uh ..

Dans tous les cas : si quoi que ce soit se passe, essaie d’être discret. J’ai pas envie d’apprendre que c’est la merde pour toi parce que les mauvaises personnes sont au courant.

O-ouais, pas faux ..


Elle n’avait pas tort. Ici, nous étions à l’abri, mais à la Vivazzi .. Il faudrait être prudent. Je n’avais pas envie que cela remonte à mon père. Brrrr, s’il l’apprenait un jour .. Je n’osais imaginer : il me tuerait !

Bref, j’attendais Wulf, à la taverne .. je m’impatientais un peu ; juste un peu .. Je soupirai avant de me lever : il commençait à se faire tard, j’allais seulement voir s’il n’était pas bêtement dehors ..

Hihi, tu tiens plus en place ! ~

Je reviens, c’est tout.


Je quittai le comptoir pour traverser le bordel. Etant un peu plus petit, ce n’était pas si compliqué ; je me glissai entre les gens, passai discrètement. Et puis, j’atteignis la sortie, passai la porte, et observai autour de moi. Mon cœur avait déjà commencé à s’accélérer ; il n’y avait personne. Il faisait frais, quoique nous fûmes en plein été. Je frictionnai un peu mes bras, ébranlé par le changement de température entre la chaleur presque étouffante dedans, et cette petite brise salée dehors. Mais aucune trace de Wulf .. Je décidai alors de marcher un peu, en direction des docs : il faisait encore un peu jour, mais on sentait très clairement que cela ne tarderait point. Je m’éloignai du bordel, des gens, tandis que je laissais mes pensées s’égarer encore un peu ; me remémorant alors son sourire, sa voix, ses yeux ; puis son visage, toutes ses tâches de rousseur, l’angle de sa mâchoire ; ses cheveux juste arrangés ce qu’il fallait pour ne pas dire que c’était n’importe quoi ; la largeur de ses épaules, la taille de ses mains, la silhouette de son cou. Et là, je réalisai que je m’étais arrêté droit devant la mer.

Elle scintillait encore de tous ses feux à une heure pareille. J’essayais de faire abstraction de la forte et quotidienne odeur de poisson entassé pour me focaliser sur celle propre à cette étendue d’eau. Enfin bon, je n’y arrivai pas. Mais de voir le ciel faire ce mélange particulier de couleurs quand le soleil se couchait, c’était quelque chose. C’était marrant de constater que je détestais un peu moins la mer, rien qu’à cause d’une seule personne. Enfin, je m’en éloignai tout de même, soudainement soucieux : si cela se trouvait, il se trouvait au bordel alors que j’étais ici !! Je me retournai alors pour me mettre en route ; j’avais peut-être un peu trop laissé mes pensées s’égarer.

Mar 26 Juin 2018 - 18:57

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Un pas de travers

L’on n’aime bien qu’une seule fois, c’est la première ;
les amours qui suivent sont moins involontaires.
J. de la Bruyère




Quelques pas sur les planches du pont résonnèrent au dessus de la tête du rouquin qui eut immédiatement un sourire, levant la tête de ses éternelles cartes. Qui dit pas sur le pont, dit matelot de retour sur le Téméraire. Le tour de garde de Wulf se terminait enfin, alors qu’il avait encore une bonne demi-heure pour rejoindre Dorian au bordel de l’elfe.
Un peu précipitamment, sans réellement oser s’avouer son impatience, il replia les précieuses cartes pour les ranger dans un sac en cuir : l’humidité était présente partout à bord d’un navire, et il fallait protéger leur unique moyen de se repérer.
Posant ses deux lames dans un tiroir, il en rangea néanmoins une plus discrète dans sa longue botte en cuir marron. Il ne voulait pas se faire repérer comme étant un étranger armé jusqu’au dents, mais ile ne voulait pas non plus se promener sans rien dans une telle capitale.
Tu sors ?

Le féreldien sourit à son amie, acquiesçant d’un signe de tête. Il voulait éviter tout sujet de conversation avec Leïla en ce moment : la marchéenne tirait une tête pas possible quand il parlait de Dorian (il en parlait peut-être beaucoup, certes). Le rouquin supposait que c’était vis-à-vis du statut d’Altus de l’adolescent, et il préférait ne pas créer de dispute avec elle : ils étaient tout deux très têtus, et cela ne mènerait à rien.
Elle devait songer à la même chose puisqu’elle se tut. Satisfait de ce compromis bancal, le voleur fila aussitôt sur le pont, respirant une bonne goulée d’air libre. Beaucoup trouvait que l’odeur n’était pas très agréable, mais le rouquin s’en fichait bien. Pour lui, la pire senteur était celle des orlésiens qui se couvraient d’un parfum artificiel et écœurant.
Il était en avance, mais il prit le parti de partir maintenant : il avait déjà deviné que Dorian était quelqu’un de très ponctuel. Ou alors c’était seulement avec lui. Cette idée lui plaisait.
Il avait rarement rencontré quelqu’un avec qui… c’était à ce point naturel. Ils s’approchaient peu à peu sans accrocs, et Wulf n’était ni impatient, ni las, juste furieusement en train de devenir addict à ce tout début de relation.
Bien évidemment, le cadre était loin d’être le meilleur : un des vieux loups de mer de son navire lui avait murmuré une phrase un peu triste :
L’amour est pas autorisé partout, gamin.

Pouvait-on parler d’amour ? Le rouquin n’aimait pas se laisser prendre par une telle impulsion : il avait l’habitude de s’engager avec prudence. Et puis, il n’était jamais tombé amoureux. Mais là, il avait parfois la fugace impression qu’il allait se noyer dans les yeux de Dorian. Et il ne savait pas s’il devait avoir peur de cette étrange sensation, où simplement jubiler.
Avec un soupir, le marin se rendit compte qu’il avait laissé ses pas le mener plus loin encore que le bordel d’Ingridd. Définitivement, toute cette histoire lui donnait un comportement étrange. Lâchant un soupir mi las, mi amusé, il fit demi tour pour mieux retrouver son chemin.
C’était la quatrième fois qu’ils se voyaient maintenant, et ce n’était pas mal pour une simple semaine. Mais le cadet des Cousland avait du mal à se passer de lui… Vishante Kaffas, il était sacrément mordu ! Et il commençait à se faire à cette vie : probablement la meilleure escale qu’il n’ai vécue. Minrathie, le Téméraire sur les quais… et Dorian…
Ouvrant la porte du bordel, le rouquin salua d’un mouvement de tête la tenancière qui lui lança simplement :
Il est sorti te trouver !

Avec un soupir définitivement amusé, le voleur s’assit sur un tabouret de bar, en hauteur afin d’être bien vu. L’elfe lui jeta un regard étrange, et le rouquin sortit un sourire poli à la tenancière. Il avait parfois l’impression qu’Ingridd était en train de l’examiner, matriarche protectrice des lieux. Comme si elle avait peur qu’il se décide à lâcher une troupe de mabaris sur les lieux pour faire honneur à son pays.

Mar 26 Juin 2018 - 19:35

Anonymous
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Un pas de travers

"Un premier amour a tout pouvoir sur le cœur de la jeunesse." --N. Machiavel


Mon pas s’était accéléré, alors que je me savais suffisamment stupide pour l’avoir manqué en cours de route. Mais quel demeuré ……. Décidément, cette situation ne me réussissait pas. C’était moi qui avais proposé à Wulf d’aller sur cette place, je lui donnais rendez-vous, et je n’étais même pas foutu de l’attendre. Ah, Ingridd allait vraiment se foutre de moi …

Je revins dans le bon quartier, sur le point d’atteindre le bordel. Ma nervosité montait déjà un cran, ne sachant pas vraiment ce que dirait Ingridd. Je tâchai de me faire un peu petit quand j’ouvris la porte, mais Ingridd ne ratait rien de son regard ambré : aussitôt, elle s’esclaffa en m’apercevant, et .. je réalisai que Wulf était au comptoir. Ah. Heu. Merde.

Les dieux quelconques savaient ce qu’elle avait dû lui raconter à mon sujet dans ce laps de temps, depuis combien de temps il était là, … Complètement stresser, je me sentis virer d’avance de couleur tandis que je m’approchai du funeste comptoir. La tenancière m’adressa un grand sourire et un regard très attentif.

Eh bien petit Dodo, on a raté son invité d’une rue ? ~

Oh, ça va toi, hein !


Et puis, mon regard se perdit un instant sur Wulf, qui du coup était toujours plus haut que moi, avant de se pencher sur le côté un peu ; j’avais une mine un peu embarrassée, un peu confuse, je glissai nerveusement en répétition un doigt contre ma pommette pour bien trahir mon ressenti du moment.

Et uh .. salut, Wulf.


Mes yeux clairs s’étaient alors ancrés en les siens à cet essai de parole, alors qu’un drôle de petit sourire léger et de travers s’était installé sur mon visage un peu cramoisi. Je m’assis sur un tabouret, histoire de pas trop paraître débile encore debout à même le sol, et m’appuyai d’un coude contre le comptoir ; mon autre bras était occupé à porter ma main dans mes cheveux pour la faire descendre le long de la nuque.

Désolé du retard, je .. pensais pas que tu serais en avance… e-enfin, autant en avance ! Enfin, je pensais te croiser, enfin .. enfin bref, ouais.


Il fallait sérieusement que j’envisage d’arrêter de prendre la parole, je me ridiculisais beaucoup trop. Je soupirai de ma connerie verbale, n’osant même pas regarder un seul battement de cil la tenancière à côté, tant elle devait exploser de rire à l’intérieur. J’avais vraiment l’air d’un idiot. Comme à chaque fois, à vrai dire. Après un instant de silence, j’inspirai un peu, histoire de ne pas mourir de ce souffle toujours autant trop court avec lui.

Bon, euh sinon .. ça va ? Mmh .. au pire on pourra toujours discutailler sur le chemin, o-on est bon pour partir ?


Je n’avais qu’une envie, c’était d’éviter ce regard oppressant qu’Ingridd avait posé sur moi. Là. Je le sentais. Elle me jugeait avec force, et analysait tout ce que je faisais ou disais. Un soupir de lassitude, quoique léger, me prenait, alors que je continuais de m’emmêler les pinceaux même rien qu’en pensant. C’était dire, ce devait être grave. Je me levai de mon siège pour retrouver le sol, avant de balayer la salle des yeux : toujours une joyeuse ambiance, ici. Mais quelque part, malgré ma nervosité, j’avais déjà la sensation que j’allais passer un moment inoubliable sur cette place.

Jeu 28 Juin 2018 - 11:55

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Un pas de travers

L’on n’aime bien qu’une seule fois, c’est la première ;
les amours qui suivent sont moins involontaires.
J. de la Bruyère




Un ricanement de la tenancière attira l’attention du rouquin qui dirigea son regard vers celui là même qui l’avait invité à venir. Un air gêné envahissait le visage du noiraud, tirant un sourire au féreldien. Attendre ne l’avait pas dérangé, surtout si c’était pour voir son cadet virer d’une telle couleur.
Il s’avança et s’approcha du comptoir, alors qu’Ingridd, mi commère mi taquine s’approcha de lui pour l’embêter. Le rouquin resta silencieux alors qu’un simple sourire flottait encore sur ses lèvres.
Mais l’air tranquille du marin fondit un peu quand le regard clair du tévintide le fixa. L’air toujours aussi stressé, le mage semblait hésiter entre tic nerveux et bégaiement, réussissant au final à faire les deux sous le regard mi amusé, mi je-suis-aussi-stressé du rouquin.
Et uh .. salut, Wulf.

Le marin prit le parti de se taire, hochant simplement la tête pour répondre au salut. Avec ses habitudes nonchalantes bien ancrées en lui, il glissa du tabouret de bar pour se retrouver au même niveau que Dorian.
Désolé du retard, je .. pensais pas que tu serais en avance… e-enfin, autant en avance ! Enfin, je pensais te croiser, enfin .. enfin bref, ouais.

Essayant de dissoudre l’instant de gêne qui semblait prendre sa place, le navigateur se frotta l’arrière du crâne, répondant d’un air dégagé :
Ouais, j’étais de surveillance sur le bateau, je suis parti dès qu’on m’a relayé.

Le mage sembla prendre l’air légèrement agacé de sa maladresse, et le marin lança un léger regard noir à Ingridd qui semblait fixer la scène avec un intérêt bien trop moqueur.
Une inspiration de Dorian le ramena à leur curieuse discussion.
Bon, euh sinon .. ça va ? Mmh .. au pire on pourra toujours discutailler sur le chemin, o-on est bon pour partir ?

Avec un sourire un peu plus confiant, ravi de balayer cet instant pour passer à un autre, le rouquin répondit avec assurance :
Parfait ! Guide-moi, je n’ai aucune idée d’où tu m’emmènes…


Et puis, le voleur se sentait moyennement d’attaquer pour continuer de discuter sous le regard inquisiteur de la tenancière, et des quelques habitués qui avaient repérés les déclencheurs de bagarre qu’ils avaient été la semaine précédente.
Sortant du bordel, le féreldien eut un sourire envers Dorian, hésitant à prendre la parole. A la place, il jeta un regard du coin de l’œil, notant les quelques détails du visage du mage pour les rendre tout à fait familiers.

Jeu 5 Juil 2018 - 0:11

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Un pas de travers

"Un premier amour a tout pouvoir sur le cœur de la jeunesse." --N. Machiavel


Wulf semblait s’amuser de la situation – étonnant – sans pour autant être insultant, il était juste .. amusé, quoi. J’avalai ma salive alors que je m’attendais à un quelconque commentaire de sa part : à la place, il préféra me regarder, son sourire aux lèvres. Il hocha de la tête pour me saluer, jouant cette fois-ci la carte du silence – à vrai dire, je faisais bien assez de bruit tout seul, davantage quand je commençai à chercher des excuses sur mon retard. Il n’y avait pas à dire, Wulf était calme, détendu, plus à son aise déjà que moi.

Ouais, j’étais de surveillance sur le bateau, je suis parti dès qu’on m’a relayé.


Ce fut à mon tour d’user de cette même carte du hochement de tête. Et puis, après un léger regard vers une Ingridd qui se riait de ma situation – je savais qu’elle n’était pas méchante, mais là elle était .. oppressante, oui –, je lui demandais à peu près si nous étions bons pour partir. Et à en voir sa réaction, lui aussi avait hâte de partir un peu plus loin.

Parfait ! Guide-moi, je n’ai aucune idée d’où tu m’emmènes…

Et je ne doute nullement sur le fait que tu vas a-do-rer.


Je pris évidemment les devants, quittant le bordel le plus rapidement possible pour retrouver un semblant d’air. Je saluai en sortant un gigolo avec qui j’avais pas mal discuté l’autre jour – forcément, à vivre sous ce toit, on apprenait à connaître les gens qui y travaillaient –, puis me dirigeai vers une rue sur un pas décidé, comme si je connaissais toute la ville et ses petits recoins sur le bout des doigts. Evidemment, je tâchai de garder le même rythme que Wulf, histoire de le garder à ma hauteur .. Et à vrai dire, j’aurais bien aimé trouver matière à discussion, mais très franchement, je ne savais pas trop, et cela avait le don de me rendre nerveux. Finalement, après quelques coups d’œil furtif – je parvins même à croiser son regard, ce qui me déstabilisa un peu –, j’inspirai un peu avant de souffler par le nez.

Sinon Wulf, ça va bien ?


J’avais également le pressentiment que la personne d’Ingridd l’avait pas mal dérangé – mine de rien, j’avais entrevu le regard qu’il lui avait lancé. J’essayai de me détendre en soupirant à nouveau, puis en roulant un peu des épaules.

Ingridd est pas méchante, disons que .. elle a ses idées, et adore les histoires. Enfin tu sais .. hum .. le genre d’histoire qu’on s’imagine et qu’une fois que tu l’as bien en tête, elle te quitte plus.


Pour être franc, je ne savais même pas si c’était compréhensible ou non. Je relevai le nez et aperçus la rue que je voulais emprunter ; je traversai alors la route pour l’atteindre, adressant un regard vers Wulf pour voir si le rouquin suivait. Et puis je repris, commençant à monter des escaliers assez larges pour pouvoir être deux côtes à côtes. Je restai à sa hauteur, observant toutes ces tâches de rousseur qu’il avait sur son visage de mon regard émerveillé. Il n’y avait pas à dire, il avait son charme. Et puis, je tournai subitement la tête à la recherche d’un sujet de conversation pour camoufler ma gêne à bêtement l’observer.

Du coup, .. tu étais de surveillance sur le bateau ? C’est pas un peu barbant, parfois ?


Ven 20 Juil 2018 - 14:34

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Un pas de travers

L’on n’aime bien qu’une seule fois, c’est la première ;
les amours qui suivent sont moins involontaires.
J. de la Bruyère




Et je ne doute nullement sur le fait que tu vas a-do-rer.

Le rouquin eut un sourire, enthousiasmé par Dorian et son envie de lui montrer la ville. Malgré tout ce que l’on pouvait dire sur Tévinter, Wulf avait réussi à comprendre en quelques jours que le mage aimait énormément l’Empire et les merveilles qu’il pouvait offrir. Le voleur avait été d’avantage convaincu par Riveïn, lors de ses voyages, mais voir le regard clair de son compagnon parcourir avec affection le décor autour d’eux, cela lui faisait aimer Minrathie.
L’aîné suivit son cadet à la sortie du bordel, saluant d’un signe de tête un type passant par là. Ensuite il continua de marcher derrière Dorian, faisant confiance à son orientation qui avait l’air très sûre d’elle. Il regardait le noiraud du coin de l’œil, s’amusant toujours de l’air anxieux de son compagnon. Il l’était un peu moins : sa nature était plus posée que celle du tévintide. Pourtant son estomac virevolta dans sa poitrine quand il croisa le regard clair du mage. Cela ne devrait pas être légal d’avoir un grain de beauté à cet emplacement précis.
Une inspiration signa le début d’une conversation que le mage hésitait visiblement à lancer.
Sinon Wulf, ça va bien ?

Le navigateur allait répondre, mais la suite s’enchaîna tout de suite, l’arrêtant alors qu’il ouvrait la bouche pour acquiescer.
Ingridd est pas méchante, disons que .. elle a ses idées, et adore les histoires. Enfin tu sais .. hum .. le genre d’histoire qu’on s’imagine et qu’une fois que tu l’as bien en tête, elle te quitte plus.

Le discours était trouble, mais le féreldien répondit directement :
Ne t’inquiète pas.

Le rouquin sembla chercher ses mots avant de continuer :
La cuisinière de mes parents, Nan, est comme une mère pour moi. Fouineuse, râleuse et incapable de me laisser tranquille, mais c’est… parce qu’elle tient à moi. Ingridd ne me pose pas de problème.

Le voleur continua de suivre Dorian, traversant la route avec lui. Il monta les escaliers juste à ses côtés, souriant, jusqu’à que le tévintide lance un nouveau sujet.
Du coup, .. tu étais de surveillance sur le bateau ? C’est pas un peu barbant, parfois ?

Oui et non ! C’est surtout l’opportunité d’avoir le navire pour soi ! Coincé à quelques dizaines sur le Téméraire pendant des jours, on est contents quand on a les quartiers tranquilles pour quelques heures !

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