Juste un petit peu d'encre

Cher journal,

Cela faisait longtemps que je n’avais pas ouvert ces pages, bien que je garde toujours ce carnet près de moi. Il faut dire que ces dernières semaines ont été très mouvementées et je ne trouvais guère l’occasion pour me retrouver avec mes pensées, et ces lignes. Mais ce soir, alors que la nuit est claire et que je semble encore faire une crise d’insomnie, je me dis qu’il est sûrement temps pour une petite introspection.

Par le Souffle du Créateur, comme je parais sombre dans mes mots d’avant… si négatif, si pessimiste !

Enfin, je venais de perdre quelqu’un de très cher, il est normal que j’ai été déboussolé. Cependant, avec le recul d’aujourd’hui, j’ai davantage le sentiment que tous ces malheurs étaient des étapes pour parvenir à bâtir des jours nouveaux comme ceux que nous sommes en train d’ériger.

Nous allons créer une école de Magie. La première académie indépendante de la Chantrie, qui rassemblera toutes les cultures de ce continent sous une seule et même volonté : celle de transmettre. Le projet est ambitieux, certes, mais quand j’en parle avec Anders, tout a l’air si… limpide ! Comme si nous avions déjà notre académie, qu’il suffisait de tendre la main ! Mais… oh, comme ce serait formidable ! Un lieu d’harmonie et de partage, de respect et d’apprentissage, sans laisser le moindre préjugé dicter nos vies. Plus de Cercles. Plus jamais.




Je pense… que Quellcrist aurait approuvé. J’ignore ce qu’elle projetait de faire des Libertaires, mais j’ai le sentiment qu’elle aurait été ravie de voir qu’un tel projet unit ses protégés.

Cela dit, d’après Anders, un tel projet nécessite que je devienne une sorte de directeur, que je sois officiellement le chef de tout ça. Il avait un grand sourire en me le disant d’ailleurs, sans me laisser le choix ! Par le Souffle du Créateur… moi, un directeur… ! A-t-il seulement réalisé que je n’ai que seize ans ? Certes, si c’était lui, ce serait délicat. Et que cela reste entre nous (Anders, tu n’es pas invité à lire) (C’est un journal intime : n’oublie pas ce que ‘‘intime’’ signifie) je ne suis pas convaincu qu’il puisse s’occuper de toute une académie, administrativement parlant. C’est un gamin, bloqué dans le corps d’un adulte ! Même si, je l’avoue… je l’aime beaucoup. Fut un temps où je croyais aux descriptions qu’on faisait de lui, le terroriste, le possédé, le destructeur de chantries, mais rien de tout ceci ne correspond à l’image que j’ai de lui. C’est mon ami. Un très cher ami. Un peu idiot et immature, certes, mais je lui dois énormément…