Blessed are the righteous ... [PV Joaquin]

Son âme plongée dans le doute après avoir tué trois elfes innocents de sang-froid, Béatrix avait besoin de faire le vide dans sa tête. Prendre une pause. Portant à peine l’honneur du titre de Dame, elle s’était dépêché de retourner au domaine familial pour avoir une grosse discussion à cœur ouvert avec son frère ainé. Après avoir étudié les états d’âme de la femme ainsi que les options qui ne risquaient pas de faire trop de rumeurs sur les Ménil, George accepta qu’elle prenne un bateau en direction du Rivein pour qu’elle débarque à Kirkwall pendant quelques semaines en faisant croire à des échanges diplomatiques avec les Marches Libres.

Le plan était parfait, Béatrix pouvait repenser à ses choix de vie et elle n’allait pas blesser l’honneur et la légitimité de sa famille. Il ne fallait pas qu’Orlaïs pense que la nouvelle Dame se cachait. Par contre, un évènement aussi frustrant qu’inattendu jeta ses plans à l’eau … Presque au sens propre. Le cinquième enclin avait frappé en Férelden et Ostagar était tombé. Donc, il y avait tellement de réfugiés qui tentaient de rentrer dans la Cité-État que le bateau dans lequel elle voyageait fût interdit d’accès. Génial. Et il n’était pas question de faire demi-tour maintenant ! De nombreux investisseurs avaient besoin d’arriver au Rivein dans les semaines qui suivaient. Donc le voyage continua en emmenant ceux désirant s’arrêter aux Marches Libres directement au Rivein. C’est donc l’esprit ébranlé et la frustration faisant chauffer son sang depuis de nombreux jours que Béatrix posa un pied rageur sur le premier quai auquel elle eût accès. À peine âgée de 25 ans, elle se sentait inconfortable de se retrouver dans un endroit qu’elle ne connaissait pas du tout, que ce soit au niveau géographique, culturel ou social. À la limite, elle aurait largement préféré l’Antiva et ses assassins plutôt que cet endroit qu’elle connaissait qu’à travers les nombreux contes de piraterie qui avaient habités sa bibliothèque lors de sa jeunesse.

Sa fierté refusant qu’elle affiche un air dépité ou de clairement montrer qu’elle était perdue de A à Z, elle marcha le dos parfaitement droit en circulant à travers les rues qui s’assombrissaient peu à peu au fur et à mesure que la lune montait dans le ciel. Heureusement, les Chantries n’étaient pas de lieux discrets qu’il fallait chercher bien longtemps. Elle repéra rapidement ce bâtiment aux allures rassurantes, son cœur se calmant en voyant enfin un endroit familier.

Elle n’hésita pas à rentrer dans cet endroit si calme comparé aux nombreuses conversations animant les rues à l’extérieur. Le silence presque total était si confortable, accompagné par les odeurs de l’encens qui fit sentir la Dame chez elle. Enfin, elle pouvait relaxer et essayer de remettre ses idées en place avant de se trouver un endroit où dormir ! Par respect pour ce lieu saint, elle posa son épée au sol prêt de l’entrée avant de s’avancer vers une statue représentant la prophétesse Andrasté. C’est seulement lorsqu’elle posa un genou au sol qu’elle remarqua à quel point son corps était fatigué de porter son armure lourde et si peu reposé par les piètres conditions de sommeil dans le bateau. Ignorant ses douleurs et son épuisement musculaire, elle se pencha vers l’avant en portant ses mains jointes vers son visage et tâcha de calmer son esprit avant de commencer sa prière. Elle prononça un bout du Cantique de la Lumière avant de chuchoter à l’oreille d’Andrasté, lui confiant ce qui la troublait sans filtres, ne faisant pas attention à qui pourrait tendre l'oreille pour entendre ses complaintes.

“ Votre Grâce, éclairez mes pensées qui se retrouvent troublées par mes actes. Aidez-moi à démêler le vrai du faux, aidez-moi à prendre conscience des illusions qui m’entourent et qui m’habitent. Par pitié, dites-moi sans ménagement si j’ai péché, car je suis prête à me repentir et faire ce qu’il faut pour me faire pardonner à vos yeux. … Est-ce que j’ai eu tort tout ce temps ? Est-ce que j’ai traversé tout ce calvaire uniquement pour devenir ce que j’ai juré d’arrêter ? „

Bien que, même en s’offrant à elle, Béatrix tentait de rester forte et imperturbable, la fin de son petit monologue traversa ses lèvres en faisant tremblé son corps sous un sanglot qu’elle retenu dans sa gorge, serrant ses mains encore plus fort l’une contre l’autre.

SBéatrix calma les émotions tourbillonnant dans son cœur. Maintenant qu’elle avait laissé glisser ce qui la hantait depuis plusieurs jours à la prophétesse, elle suivie une habitude qu’elle s’était donnée depuis qu’elle s’était plongée dans le monde de la prière et de la méditation, lorsqu’elle n’était encore qu’une apprentie qui ne savait se battre qu’avec un bouclier.

“ Béni soient les vertueux, Champions de la Justice. Dans leur sang est écrite la volonté du Créateur … „

Certains diraient que ce n’était que pur égoïsme, un moyen d’attirer la faveur divine sur ses problèmes, mais Béatrix prenait cela très à cœur. Ses tendances à être une femme d’action la poussait à montrer sa foi et sa valeur par des actes plutôt que par le Cantique, mais elle s’était vite rendu compte que c’était ingrat d’éponger ses peines et ses doutes sur l’épaule sans honorer Andrasté en guise de remerciement. Elle avait donc choisi cette phrase qui avait aussi un effet galvanisant sur la nouvelle Dame pour montrer à ces êtres supérieurs que, peu importe la situation et ce qu’elle pouvait demander, son cœur vertueux chercherait toujours à servir Leur volonté de son mieux.

Un cœur encore jeune qui accorde trop d’importance à la religion et pas vu fait que, dans son empire malade, elle était une arme elle était une arme d’influence plutôt qu’un guide sacré ? Peut-être. Est-ce que Béatrix était prête à affronter cette réalité ? Pas du tout. Un long soupir lourd d’émotions suivi son dernier chuchotement et elle ouvrit les yeux en contenant les larmes menaçant de quitter ses yeux humides. Une voix d’homme attira son attention et elle tourna la tête vers lui, écoutant son chuchotement encore plus étouffé que le sien.

“ Que se repose l’Azalée, que fleurisse le camélia … „

L’orlésienne reconnu ces noms de fleurs, elle en avait entendu dans ses nombreuses leçons visant à faire d’elle une noble dame respectable. Elle éloigna son regard de l’homme en pleine prière pour ne pas l’importuner, mais resta à genoux sans bouger. Elle n’était pas du genre bavarde, mais elle avait besoin de l’aide de quelqu’un jusqu’à ce qu’elle puisse retourner aux plaines Ménil. Lorsqu’il sembla sortir de sa transe, Béatrix osa lui adresser la parole d’un ton doux et effacer pour ne pas le brusquer et ne pas manquer de ce respect envers ce lieu.

“ C’était très beau votre phrase sur l’azalée. Il y a un sens profond à cela, j’imagine. „

Se levant, elle approcha calmement du Chantriste et lui offrit sa main gantelée pour l’aider à se relever.

“Je m’appelle Béatrix. Désolée de vous importuner ainsi, mais je ne suis pas censée être ici. Je devais me rendre à Kirkwall, mais l’entrée à été refusée à cause de l’Enclin en Férelden. Vous savez où je pourrais passer mes nuits jusqu’à ce que je puisse me sortir de ce petit souci ? „