Un sommet à Montsimmard [PV - Béatrix]

Un geste de la tête en signe d’acquiescement remercia Léopold de son obligeance et de sa tolérance vis-à-vis de la volonté de Béatrix à rester armée. La rencontre commença sur un ton un peu sec, sûrement à cause d’elle, elle devait l’admettre. Mais l’ignorance et la vanité exaspérante de Pierreverre mit le feu aux poudres dans le cas de la Dame.

“ Bien-sûr ! Condamnons la seule organisation nous protégeant des Archidémons ! Nous avons aucune idée de ce que les Gardes traversent et, contrairement à vous, ils utilisent leur deuxième chance à merveille ! „

Heureusement, Léopold calma rapidement le jeu et fit preuve de diplomatie. Le Seigneur sembla se calmer avec une certaine satisfaction en révélant son manque de compétence. Béatrix enfouit son visage dans ses mains de découragement.

“ Évidemment que vous auriez pu faire mieux, mais vous voyez bien ce qui arrive lorsque vous supportez quelqu’un de motivé que par la guerre. Célène n’abandonne pas ses nobles, elle. „

 

Offrant des salutations d’un sarcasme parfaitement calculé, le Seigneur se retira, sûrement heureux d’avoir retiré une épine de son pied soyeux. Béatrix jura à voix basse tandis que Léopold la remerciait en assurant qu’il s’occuperait de la suite. Béatrix se leva à son tour d’un air déterminé.

“ Sauf votre respect, Garde Léopold, je vais rester avec vous et attaquer la forteresse à vos côtés. J’ai dit à de nombreuses reprises que je suis prête à vous supporter, en voici la preuve. Et ma présence vous évitera des représailles venant de Noble pensant que la Garde attaque l’Empire. „

 

Je ne savais pas vraiment quoi répondre… D’un côté, Béatrix et ses hommes faciliteraient grandement la prise de la forteresse…

« Je… eh bien… »

Je balbutiais… car d’un autre côté, nous étions proche de Montsimmard… Montsimmard qui était sous le contrôle des fidèles du Grand-Duc Gaspard… Donc, des ennemis de Béatrix… Les répercussions sur la neutralité de la Garde pourraient être terribles… Je n’étais qu’un simple Garde… Ce n’était pas à moi de prendre ce genre de décision…
Je regardais alors en direction de Xavier, à la recherche d’un soutien… que je ne trouvais pas, ce dernier étant plus intéressé par l’affûtage de ses lames que la conversation… Je vis aussi les recrues… Si le fort était aussi bien tenu que l’avait dit Pierreverre, certain d’entre eux aller probablement mourir…

Et comment pourrais-je regarder les recrues en face sachant que je n’ai rien fait pour les sauvés… Je finis par concéder.

« Très bien, Dame Béatrix. Cependant, au moindre problème, je vous demanderais de partir avec vos hommes, en nous abandonnant. Si votre mort est imputé sur le compte de la Garde, je crains que notre ordre ne se relève pas. »

J’ignorais si ma condition était acceptée par Béatrix, et honnêtement, c’était surtout pour garantir une pseudo-non-responsabilité de la Garde…

Nous allâmes alors chercher les hommes qui composaient la garde de Béatrix, et tandis que la Championne s’occupait de les briefer. Je vérifiais mes armes, ainsi que l’équipement de mes compagnons…

Une fois près, nous partîmes en direction de la forteresse…

Engrangement, tout était calme… beaucoup trop calme. Si les portes étaient détruites comme l’avait décrit le saigneur, nous ne reçûmes aucun projectile. Il ne me semblait même pas y voir de sentinelle sur les tours et sur les remparts…

Alors que le dernier d’entre nous passait la grande porte et que nous nous enfonçâmes dans la cour, un bruit se fit entendre. Une flèche se logea à quelques centimètres des pieds de Cain, qui, surpris, manqua de peu de tomber.

En quelques secondes, la cour pourtant vide de monde se changea… Sortant des bâtiments, une vingtaine de soldat nous pris en embuscade… d’une dizaine d’archers sortie des tours de guet se préparaient à nous cribler de flèche.
Pire, quatre individus semblait être des chevaliers orlésiens… les quatre portaient les couleurs du Grand-Duc…
L’un des hommes, un chevalier à la carrure digne d’un Qunari, semblant être à la tête du groupe, prit alors la parole.

« Béatrix… Je savais que vous seriez incapable de résister à l’envi de briller devant la Garde… Vous êtes tellement prévisible. »

Malgré son casque, il était évident qu’il jubilait intérieurement… Le géant se tourna alors vers moi…

« Gardes. Le Seigneur de Pierreverre nous a demandés de vous épargner, quittez immédiatement cet endroit. Vous pourrez le récupérer après que notre tâche est été accomplis… »

Béatrix haussa un sourcil en voyant l’hésitation de Léopold et comment il s’appuyait sur ses hommes. Le pauvre devrait être à ses tout débuts en tant que capitaine, chef, second, peu importe de le titre. Se disant que Tullia savait beaucoup mieux qu’elle comment gérer ses hommes et voir leur potentiel, Béatrix ne lui en porta pas rigueur. Après tout, il y avait peut-être des implications plus personnelles comme l’amitié entre les Ménil et les Haute-Tour ainsi que l’implication politique qui le faisait grincer des dents. Finalement, il finit par accepter à reculon, demandant à la femme de se retirer si les choses tournaient au vinaigre.

“ Célène n'abandonnera pas la Garde, surtout pas devant l’adversité. Si je bats en retraite, c’est parce que nous devons nous retirer, je ne vous laisserai pas seuls face à ce qu’on va devoir affronter. „

Heureusement que la rencontre fut d’une vitesse déconcertante, ce fut plutôt aisé de retrouver les hommes de la Championne. Ils n’avaient pas vraiment eu le temps de se disperser, se trouvant tous dans la même rue et ses bâtiments. Une fois hors d’oreilles autant civiles que de la garde de Montsimmard, Béatrix leur confia qu’ils devaient nettoyer le fort d’une bande de bandit. Même si le défi n’était pas de taille et que certains d’entre eux étaient sûrement déçu de devoir gérer du menu fretin, cette déception était facilement rejetée par la soif de combat qui les avaient guidé dans cette profession ainsi que le rêve de chaque soldat : pouvoir voir et combattre aux côtés de la fameuse Garde des Ombres.

Une fois sur place, Béatrix nota absolument tout. La porte était défoncée, mais aucune fortification n’était montée … À l’intérieur, aucun signe d’occupation. Connaissant les bandits, ils ne laisseraient pas la cour si propre et l’intérieur semblait anormalement propre.

“ Léopold, tout ça ressemble à un … „

 

Une flèche se planta aux pieds de l’un des Gardes et une dizaine d’archers se présenta sur la muraille et, finalement, quatre Chevaliers aux couleurs de Gaspard s’avancèrent devant eux.

“ … Piège. „

 

Termina la Championne, un sourire se dessinant sur son visage. Gaspard était donc tombé si bas. Leur chef, un vrai buffle, se présenta dans toute sa gloire, montrant Ô combien il avait déjoué la grande Béatrix de Ménil, ce qui la fit sourire encore plus, secouant la tête avec dédain.

“ Et toi tu es fidèle aux couleurs du serpent que tu portes. Si tu avais ne serait-ce que quelque chose de la taille d’une noix dans la tête, cette flèche se serait plantée dans mon crâne. Tu as raté ta chance. „

Par contre, il se tourna vers Léopold et prononça des paroles … Finement calculées. Gaspard avait beau être un lâche, la vieillesse n’enlevait rien à sa sacrée ruse. Ne vacillant pas devant le défi, Béatrix se tourna vers Léopold sans l’ombre d’une inquiétude, parlant d’un ton à ce que lui seul puisse l’entendre.

“ Tu as entendu Ser Inconnu. Si tu préfères partir, fait-le. Je ne vous en tiendrai pas rigueur. C’est mon combat, maintenant. Sinon … Si tu pouvais t’occuper des archers, ça m’aiderait beaucoup. „

Ajustant son bouclier à son bras et dégainant son épée, Béatrix se tourna alors vers ses hommes.

“ Tant qu’à nous, montrons leur la puissance de la ruche. „

L’ordre semblait sonner une cloche dans la tête des soldats. Neuf d’entre eux dégainèrent leurs longs couteaux en fonçant vers les Chevaliers, chacun d’entre eux coincés dans une situation de trois contre un, sauf celui s’affichant comme leur chef. Les trois derniers hommes de Béatrix levèrent leurs arbalètes et tirèrent sur les archers tandis que la Championne fonçait bouclier devant vers le buffle. Dès qu’elle fut à portée, ce dernier abattit sa claymore sur elle, mais elle le prit par surprise en donnant un léger coup de bouclier, déviant et guidant le coup tandis qu’elle tournait sur elle-même pour se glisser derrière lui. Utilisant sa connaissance de l’armure de chevalerie et la grandeur de son adversaire, le fil de son épée trancha l’arrière du genou de l’homme, l’une des rares endroits non-protégé, avant de faire un nouveau pas vers l’arrière et se repositionner de manière défensive.

De leurs côtés, les soldats de Béatrix entourèrent rapidement leur Chevalier respectif et, suivant un entrainement rude, ils utilisèrent leurs six lames. Deux d'entre elles attirant l'arme ennemie tandis que les quatre autres se plantant sans merci dans leur chair.

Sous le feu nourrit des arbalétriers, les archers de Gaspard se mirent à couvert et n'osèrent pas pointer le bout de son nez, protégeant ainsi la fuite ou l'attaque de Léopold.