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Lun 23 Sep 2019 - 10:23

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée.  


Servis médita un instant sur la portée des paroles du Magister. Se pouvait-il qu'il ait raison ? Que seul le don de magie le séparait lui-même des hommes parqués et agités des autres tribunes . Le bas peuple. Les citoyens anonymes. Tout juste bon aux tâches les plus ingrates. Parfois plus misérables que les esclaves eux-mêmes. Pour être tout à fait honnête, Servis ne pensait que très peu à eux. Il était bien trop focalisé sur sa passion sur l'histoire. Sur le creux dans son ventre, qu'agrandissait tous les jours un peu plus son avidité. Petit à petit, il en était arrivé à s'enfermer dans un monde à une seule dimension, à sentir ses pensées se tourner vers un seul et unique sujet : la poussière et ses mystères. Et c'était justement pour détruire cet enfermement qu'Ulio s'évertuait à le traîner à toute autre activité sociale. Comme ce présent tournois. Alors non, aux yeux de Servis, ce n'était pas la magie qui le séparait de ces hommes en bas, en train de se déchirer. Mais bien la passion. Prenant appui sur la rambarde et tournant le dos à la scène de combat, il promena un regard inquisiteur autour de lui dans la tribune. Oh comme ces hommes avaient le visage fermé ! Le regard éteint ! Certes, ils n'étaient pas des animaux. Mais plutôt des machines, mécanismes aux rouages complexes. À peine mieux élevées.

La rage qu'il sentait le distraire un instant de sa propre avidité fut rapidement dissipée lorsque les paroles suivantes d'Albucius furent prononcées. Bien. Ainsi il aurait à la fois le beurre, ainsi que l'argent du beurre. La visite du stade et un pied, ô combien minuscule, mais un pied tout de même, dans cette société où toutes les folies semblaient êtres possible. Pourtant il ne sourit pas. Son sourire était noyé quelque part au milieu des paris des puissants et des vies perdues inutilement dans son dos.
“Viens, retournons nous asseoir.„

Le pria Ulia de sa voix douce, une main ferme et compatissante se plaquant entre ses omoplates. Le poing droit de Servis se serra lorsqu'il décolla son dos de la balustrade pour venir rejoindre sa place. Albucius poursuivit. *Je veux juste poser mes propres yeux sur ces structures plus que centenaires, superposer les plans gravés dans ma mémoire aux dommages causés par l'usure du temps. Je souhaite juste sentir le poids des pierres sur mes épaules, dénombrer les milliards de pas qui ont parcouru l'édifice et esquissé l'allure de ses premiers occupants dans mon imagination. Je dois sentir la poussière.* Pensa Servis en réponse, tout en s'inclinant sagement devant les excuses mondaines du Magister. Non, Servis n'avait à vrai dire que peu besoin d'un guide, à peine avait-il besoin d'une entrée officielle.

Perdu dans la poussière, le sort de ses concitoyens ne l'atteignait plus. Pourtant, sous ses yeux, un nouveau projectile en feu fût lancé. Il vint s'écraser et répandre ses flammes jusqu'au pied des combattants qui mirent un terme à leur affrontement chorégraphié. Le mage lâcha un bref rire involontaire en les voyant fuir, apeurés comme des enfants par les flammes, en direction du centre de l'ovale. Servis se concentra alors sur la propreté de ses ongles, sur la bonne inclinaison de ses bagues et chevalières, et sur l’absence de toute poussière sur sa tenue colorée. Ce faisant, il laissait son attention dériver sans jamais se fixer, ni sur les conversations nombreuses l’environnant, ni sur les bruits de lutte et les cris, parfois d'agonie, provenant de l'autre partie du stade. La sécurité était à l'oeuvre, sans aucun doute. Lorsqu'il redressa la tête, satisfait de son allure à présent irréprochable, les fauteurs de troubles avaient été jetés dehors, en même temps qu'une bonne partie des Laetans. Servis en apprendrait certainement plus sur la situation et sur les pertes occasionnées par la rixe dès le lendemain, en parcourant distraitement les principaux journaux de la ville. Quelques corps restaient dans les gradins. Des corps qui seraient réclamés par les familles pouvant leur offrir une sépulture, ou bien revendus à L'Académie pour étude. Finalement ils n'étaient pas morts pour rien.

Le combat avait déjà repris.
“Si je ne me trompe pas, l'issue de ce tournoi va se jouer au combat suivant ?„
Hasarda Servis en fixant un point aléatoire du ciel assombri au-dessus de sa tête. Puis, après un léger silence, il poursuivit. Courtois :
“Êtes-vous confiant quant à la performance de votre qunari?„


Lun 30 Sep 2019 - 18:05

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée



*** Albucius ***
Le Magister Albucius n’avait pas bougé de sa place durant tout l’incident. Il semblait légèrement irrité du comportement des soporati mais n’y prêtait pas plus attention que cela. Attendant que la cohue se dissipe et que les gardes fassent évacuer les fauteurs de troubles présumés. Ses accompagnants avaient trouvé dans la tribunes des gens qu’ils connaissaient et discutaient allègrement du tumulte occasionné par la foule sans vraiment y prêter attention et l’avant dernier combat se termina sans encombre.

Albucius eut un sourire satisfait et quelque peu amusé, comme s’il racontait une plaisanterie qu’il était le seul à comprendre.

- « J’ai confiance en sa connaissance des conséquences s’il venait à humilier son maître avec une défaite en finale à la fin de la saison. »

Et pour une plaisanterie, s’en était une. Il avait vite compris que ni les récompenses ni les punitions ne motiveraient jamais Katari. Il ne craignait pas la douleur, ni la privation, encore moins les réprimandes. En fait, la seule chose qui motivait réellement le Qunari était la sensation d’avoir rempli son rôle dans la société à laquelle il appartenait. De leurs longues conversations devant la cheminée du grand salon, Albucius avait fini par comprendre que Katari avait peur du chaos. Il avait besoin de connaître sa place dans l’univers et de s’y tenir à tout prix.

Son rôle de gladiateur, et de Champion de son maître consistait selon son interprétation – et Albucius reconnaissait volontiers la perspicacité de cette dernière- Etait à la fois celle d’être l’acteur et le guerrier. Oui son rôle était de gagner des combats en l’honneur de son acquéreur, mais il avait également un devoir envers la foule. Il s’était donc créé un personnage muet, sauvage, n’obéissant en publique qu’à des ordres simples et la plupart du temps signés.

Ce que les gens ignoraient c’était que Katari était capable de parler et de lire plusieurs langues, qu’il discutait aisément, littérature, algèbre et musique avec son maître derrière les portes closes et qu’il poussait son art de gladiature autant pour lui plaire que pour se sentir à sa juste place.

Les Qunari étaient décidément des créatures fascinantes dans la construction de leur esprit.


***** Katari *****

L’avantage du bordel qui avait eut lieu dans les gradins c’était que chacun avait pu prendre son temps pour se mettre en place. Les deux derniers combattants avaient pris position devant les portes de fer, deux immenses portes à chaque extrémité de l’ovale du stade, plus imposantes et plus lourdes que celles en bois qu’ils avaient passées jusque là. C’était un honneur que de pousser les Portes de Fer, c’était une entrée réservée aux finalistes du tournoi de Minerathie, le fracs des gonds centenaires s’ouvrant dans l’écho du Colisée arrivaient même à se faire entendre par dessus les cris de la foule.

Le calme était revenu dans les gradins, on entendait maintenant des murmures d’excitation , comme le bruissement des feuilles dans le vent précédant un coup de tonnerre. L’énergie était grisante, de temps en temps on entendait, crié par dessus les conversations, le nom d’un des deux champions. Adecan combattait à Domicile, il n’était pas étonnant que son nom soit scandé plus souvent et avec plus de ferveur. Car en effet, si Albucius avait ses quartiers à Minerathie pour les cessions du Magisterium, il n’en était pas moins originaire d’Asariel et c’était à Asariel qu’il avait fait faire ses débuts en arène à Katari.

Les cris isolés se transformèrent peu à peu en clameur, les noms des deux finalistes scandés dans le stade montèrent et se mêlèrent au rythme des clappement des mains et au martèlement des pieds sur les gradins. De là où il se trouvait, Katari pouvait sentir le plafond trembler sur les murs. Une ovation, des cris de joie qui laissaient deviner que le crieur avait repris sa place pour annoncer le dernier combat. A travers les portes, il entendit le nom de son adversaire, la vague d’encouragements et de huées des supporters, et par dessus, le grincement tonitruant de la porte de métal.

Puis vint l’annonce de son propre nom. Les deux mains posés sur les portes, Katari se prépara à se donner en spectacle. Il mit bient plus d’effort qu’il n’en fallait pour pousser les Portes de Fer, juste pour qu’on puisse voir jouer sa musculature de plus loin. Il foula le sable du stade sous les acclamations et fit tournoyer sa hache.

- «  Kadanshok defransdim vashedan! »

Adecan réprima de justesse un sourire. Le guerrier riveini était suffisamment familier avec le Qunlat pour savoir que Katari venait de crier quelque chose en rapport avec le fait d’envoyer son pied dans les parites intimes de quelqu’un, et voir la foule répondre en hurlant avec enthousiasme avait quelque chose de profondément risible.

Le combat en lui même commença au son de la cloche en bronze qui avait retenti chaque fois que l’on entamait un nouvel affrontement. Il était de coutume que les Gladiateurs s’accordent entre eux pour faire durer un peu les combats de final, pour que les spectateurs en profitent, Adecan et Katari n’avaient même pas eut besoin de se mettre d’accord, ils savaient ce qu’ils avaient à faire pour distraire le public.

Il y eut quelques minutes d’attaques ratées où la hache de Katari rencontrait le bouclier d’Adecan dans de grands fracas. Les coups étaient destinés à faire du bruit plus qu’autre chose mais la vibration affaiblirait tout de même le bras de l’humain et Katari n’était pas contre l’handicaper un peu. Puis e Riveini lanças son filet sur le Qunari ce qui lança de vraies hostilités. Le filet se prit dans la hache, la rendant inutilisable.

La laissant tomber dans le sable, le géant mit un point d’honneur à faire craquer ses articulations de façon visible. Adecan fonça, bouclier levé, épée en avant. Contre toute attente, Katari l’esquiva et lui asséna un coup de coude derrière la tête qui le projeta en avant. Desequilibré, l’humain posa un genou à terre avant de se retourner pour combattre.


***** Albucius *****

Le magister semblait bien s’amuser. Loin de s’inquiéter que son champion ait perdu son arme, il regardait avec attention le déroulement du combat. Un sourire aux lèvres il regarda Katari attendre que son opposant se remette de ses émotions et l’attaque à nouveau. La seconde attaque fut sanctionnée par la percussion du bouclier et des deux poings joints du Qunari. Si le son était moins impressionnant que lorsque la hache s’était abattu dessus, le choc n’en renvoya pas moins l’humain en arrière.

Albucius émit un petit rire.

- « Je vais pouvoir taquiner Arthurus, Si Katari gagne sans arme il va en entendre parler jusqu’à la fin des temps. »

Et la victoire n’était pas loin. Il était peut être étonnant de voir le Qunari dominer l’humain sans arme mais ses quelques soixante centimetres de plus en hauteur et sa carrure impressionnante lui permettait d’atteindre l’humain par dessus son bouclier sans trop de probleme. Il prit quelques estafilades sur les cotes et les cuisses dans la manœuvre mais il continuait de harceler le Riveini. Frappant violemment sa tête, la faisant rencontrer son bouclier par moment. Quelques minutes de ce traitement furent suffisantes pour que Katari passe derrière son adversaire, lui torde le bras jusqu’à récupérer l’épée d’Adecan et la passe sous sa gorge en attendant que l’on annonce sa victoire.

Il y eut un petit temps d’attente, le commentateur espérant peut-être qu’Adecan se débattrait. Mais il fallut annoncer la victoire de Katari après quelques instants. Encore une fois, Albucius fit signe de relâcher son adversaire, et le Qunari s’avança pour recevoir les acclamations de la foule avant de récupérer sa hache et de disparaître dans le vestiaire.

- « Je vous ai promis une visite des coulisses je crois. » dit Albucius d’un ton joyeux. « Allons y avant que tout le monde ne se mette à remuer dans tous les sens. »

Il se leva et se dirigea vers une petite porte qui sortait sur le côté de la tribune officielle et descendait un couloir de pierre vers les entrailles du Stade.

Lun 30 Sep 2019 - 22:31

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée.  


Albucius lui répondit avec un sourire amusé et Crassius l'écouta avec application.
Oui... Oui Servis avait déjà entendu quelque chose d'approchant. La peur des coups est plus efficace que les coups eux-mêmes. C'était un formateur qui lui avait énoncé ce simple fait, à lui et à une dizaine d'autres, lors d'un atelier pratique de gestion d'employé. Bien sûr, le terme d'"employé" servait à recouvrir un certain nombre de possibilités, allant des esclaves de famille aux subordonnés hiérarchiques. Ils avaient passé en revue un certain nombre de cas pratiques, et Servis c'était alors souvenu avec nostalgie de l'époque où certaines de ces techniques avaient étés appliquées à sa personne. Mais ce temps était révolu. Aujourd'hui c'était bien lui qui avait suivi cette formation dispensée par l'Académie. Lui qui s'apprêtait à se hisser au plus haut rang hiérarchique du petit monde des expéditions archéologiques. Et il avait pris des notes. Avec amusement.
Ainsi, en entendant la stratégie adoptée par Albucius pour maîtriser son Qunari, Crassius acquiesça en connaissance de cause. Il se retourna encore une fois vers l'arène, et sa voix se perdit quelque peu lorsqu'il prononça, presque pour lui-même :
“Tout de même, pouvons-nous réellement parler d'humiliation lors d'une défaite en phase finale ?„

Ses yeux bleus, plissant sous l'effort, avaient dérivé en direction des portes de bois par lesquels les combattants avaient jusque-là fait leur entrée sur le terrain. Ulio, toujours attentif quant au comportement social de son ami, lui asséna un coup de coude discret avant de lui désigner d'autres portes, bien plus décorées, et en fer cette fois-ci. Ah oui, les portes en fer. Les portes réservées aux finalistes. Pensa honteusement Crassius en massant ses côtes douloureuses. Petit, il ne parvenait jamais à s’intéresser aux combats jusqu'au dénouement final. Un tournoi complet durait bien trop longtemps pour un enfant : Crassius finissait invariablement au sol pour jouer dans la poussière avec son frère, et ce dès le troisième affrontement. De mémoire, il n'avait d'ailleurs jamais vu personne franchir les portes de fer. Personnes avant ce soir. Car grâce à Ulio, et averti par les cris de la foule et du présentateur, il vit apparaître le grand Qunari, poussant de toutes ses forces les lourdes portes, le jeu des muscles de ses épaules visibles même à cette distance. La foula acclamait Adecan, l'autre finaliste, originaire de la ville. Son champion, en quelque sorte. Il arrivait souvent aux amies de Crassius de radoter au sujet de ce combattant. Des étoiles pleins les yeux, elles évoquaient ses performances physiques, et en imaginaient d'autres tout en s'éventant avec ferveur. La fiancée d'Ulio ne dérogeait pas à la règle. Oh bien sûr, jamais en présence de ce dernier. Elle le savait sensible à toute comparaison. Une nouvelle fois distrait par ses propres pensées, Crassius rata les premiers échanges de la finale.

Le fracas provoqué par la hache en heurtant le bouclier le ramena brièvement vers le match. Il fut témoin, comme un millier d'autres, de la chute du qunari dans le sable du stade. Lorsqu'il esquiva au dernier moment l'attaque de son adversaire, les ongles longs d'Ulio se plantèrent dans la cuisse de Crassius, lui arrachant un sursaut. Il décala sa main et massa son muscle endolori, tout en promenant de nouveau son regard sur le public, plutôt que sur le combat. Il était en liesse. Certains, à l'image d'Ulio, se contractaient et se relâchaient en fonction des mouvements des gladiateurs. *Ils participent.* Pensa avec amusement le mage en observant encore cet étrange manège.
Le nouveau commentaire d'Albucius fit enfin remarquer à Crassius la perte de l'arme du monstre cornu. Il continuait de se battre, à mains nues, récoltant au passage de nombreuses blessures. Crassius pensa encore aux soldats, aux diverses geures ayant lieu dans le monde, puis aux sensations désagréables que ne devaient pas manquer d'occasionner ce genre de plaies. Enfin, le combat prit fin, et Crassius applaudit avec ferveur, plus pour saluer la fin de son calvaire que pour acclamer la performance des combattants.
“Je vous ai promis une visite des coulisses je crois. Allons y avant que tout le monde ne se mette à remuer dans tous les sens.„

Déclara joyeusement le magister victorieux de ce tournoi. Ce à quoi Crassius bondit de son siège avec bien trop d'entrain, bousculant sans le vouloir son voisin immédiat, au grand dam d'Ulio. Avec des gestes toujours empressés, il s'excusa avant de suivre le magister en direction d'une petite porte discrète de la tribune officielle. Englobé par l'obscurité du petit couloir de pierre, Crassius ne put étouffer le petit cri de joie qu'il sentit lui monter depuis les profondeurs de sa gorge. Il toussa, cherchant à faire oublier son écart. Mais déjà, ses yeux se promenaient sur les pierres centenaires.


Lun 14 Oct 2019 - 17:34

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée



*** Albucius ***
Après la victoire de son esclave et avec un sourire indulgent, Albucius expliqua le raisonnement derrière son affirmation précédente en descendant les marches qui menaient à l’intérieur du stade.

- « Ce n’est pas une question de Finale, c’est une question de fin de saison. Voyez vous, les Gladiateurs qui ont le plus de victoires à leur actif sont mieux cotés, mais les matchs de fin de saison sont ceux dont les gens se souviennent le mieux, car ce sont les plus frais dans la tête du publique. Même si un gladiateur ne fait pas une saison extraordinaire, s’il se rattrape vers la fin il sera mieux coté car les spectateurs l’attendront d’avantage à la prochaine saison. A l’inverse, si Katari avait perdu son dernier match on se souviendrait d’avantage de son adversaire, il serait moins bien côté. Mais je vous ennui avec mes pronostiques. Allons plutôt admirer le stade. »

Sous le bruit du roulement des pas des spectateurs quittant le stade, au pied de l’escalier se trouvait un couloir large de trois bon mètres, dont les murs anciens se voûtaient en hauteur jusqu’à un plafond stylisé. Les gravures et sculptures dataient au moins de l’âge des Tours, certaines avaient été retouchées pour que l’usure ne fasse pas disparaître leur splendeur. Des torches enflammées léchaient les murs entre les tentures qui les décoraient. Le tout criait l’empire Tevintide, évidemment.

Les tentures dépeignaient les combats les plus célèbres de l’Histoire de la Gladiature. Certaines d’entre elles dataient de quelques siècles, d’autres, plus récentes illustraient des champions des tournois exceptionnels de ces dix dernières années. Alternées en raison de leurs composition plutôt que de leur âge, elles donnaient un ensemble éclectique mais harmonieux.

Le sol dallé faisait résonner leurs pas alors qu’ils parcouraient l’ovale encerclant la piste, Au bout d’un moment d’autres escaliers, plus larges, s’enfoncèrent encore jusqu’au niveau du sol de l’arène. Le sol de terre battu soulevait sa poussière sous leurs pas et la décoration, plus antique encore et plus spartiate.

- « Nous arrivons aux portes des vestiaires, je vous préviens, l’ambiance peut parfois être un peu vulgaire. Ces gens là ont tendance à fêter la fin des tournois dans le stupre et la luxure. Peut-être souhaitez vous rencontrer mon champion une autre fois ? »

***** Katari *****

Comme à chaque fin de tournoi, les Gladiateurs qui en avaient le choix restaient dans le plus grand des vestiaires, cela leur servait de lieu de célébration. Les maîtres les plus généreux fournissaient l’alcool et les esclaves corporels, généralement l’organisateur du tournoi organisait tout pour eux. On les laissait mariner dans l’alcool et les femmes -ou hommes- en fonction des préférences, et on leur ouvraient les portes le lendemain pour qu’ils rentrent chez eux.

Katari savait que s’il le désirait, son maître le laisserait aller fréquenter les maisons de plaisirs, mais il faudrait alors qu’il prétende ne pas connaître la langue commune et qu’il fasse la fête tout seul. Ce n’était pas vraiment dans l’esprit de camaraderie entre lui et les autres combattants.

Lorsqu’il entendit la voix de son maître derrière la porte des vestiaires, il regarda la jeune humaine brune à la beau hâlée qu’il avait sur les genoux et soupira. Ce n’était pas la première fois qu’Albucius se servait de ce genre de moments pour impressionner – ou dégoûter- des gens. Il espérait que ça n’allait pas durer longtemps. Eireen et lui se connaissaient bien, il aimaient passer du bon temps ensemble… Il avait envie d’elle et pas de jouer les sauvages domestiques.

Il attendit la réponse de l’invité pour connaître la direction que prenait sa soirée.

Lun 14 Oct 2019 - 22:33

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée.  


À peine s'étaient-ils enfoncés dans le premier couloir qu'un silence quasi religieux s'était abattu sur eux. Servis, qui était secrètement privé de toute croyance d'ordre spirituel, n'éprouvait ce genre d'état de béatitude qu'en découvrant pour la première fois un édifice chargé d'histoire. Alors seulement il ne trouvait plus rien à dire. Alors seulement les astres de son ciel intérieur semblaient s'aligner correctement et sa vie trouver toute sa valeur. Il était né pour les contempler. Pour en admirer les détailles, pour en aimer les failles. Pourtant, et ce dès les premiers mètres dans ce couloir, il eut envie de briser le silence de ses questions badines. L'heure n'était pas à la béatitude : il venait de remarquer que les fresques d'origine peintes au plafond avaient étés repassés. Son cœur se serra dans sa poitrine, et il se mit à craindre pour la suite de la visite.
Ulio, qui connaissait bien l'aversion de son cadet à l'encontre de cette technique de valorisation, tenta de tempérer à mi-voix :
"Crassius, souviens-toi que cette partie du bâtiment est encore utilisée. Et régulièrement même. Les gens n'aiment pas se promener dans un musée. Ils aiment que le décor reste frais.„

Crassius soupira malgré lui. L'argument présenté par Ulio était parfaitement recevable. Il en était conscient. Et pourtant son cœur ne s'en resserra que plus. Les modes d'hier ne sont pas celles de demain. Ce qui semble important aujourd'hui sera oublié dès la prochaine aurore. Voilà comment les merveilles du passé finissaient par disparaître totalement, noyées sous une tonne de retouches, réactualisées à chaque génération jusqu'à sembler neuves. L’œil expert de Crassius, tout comme celui d'Ulio, était capable de déceler en un cillement les endroits ayant fait l'objet de retouches : les matériaux n'étaient plus les mêmes, les couleurs ne représentaient plus rien. En voulant forcer la survie de la peinture, ils n'avaient fait que la travestir, la dénaturer. Elle en avait perdu son message, et n'était plus que décoration. Plus que décors.
"Je m'inquiète grandement pour les étages au-dessous. S'ils ont subi le même traitement, alors...„

Il laissa sa phrase en suspens. La finir lui était trop douloureux. Ils évoluaient présentement dans les étages les plus récents de l'amphithéâtre. Plus ils allaient s'enfoncer vers le sol, plus ils allaient arpenter des couloirs anciens. Mais il leur restait encore du chemin : l'amphithéâtre était tout bonnement colossal. Pourtant, Crassius n'appréciait déjà plus sa chance à sa juste valeur. L'architecture du site tout entier lui semblait à présent factice. Il aurait largement préféré voir, comme il arrivait souvent à Minrathie, les parties de la structure détériorée retenues par magie, plutôt que véritablement restaurées avec des techniques modernes. À ses yeux, une véritable restauration devait être faite avec les matériaux de l'époque, et en usant des savoirs d'autre-fois. Ce n'était qu'à ce prix que l'on pouvait conserver l'âme d'un monument. Ici, c'était son aspect que l'on avait voulu conserver. Et il allait avoir besoin de temps pour le digérer. Au fond, Crassius était un idéaliste. Pas un rationnel.
Profitant d'une nouvelle volée de marches, Ulio se précipita vers lui, se pendant à son cou pour murmurer dans son oreille. Son haleine était chaude, et son conseil avisé.
"Ne laisses pas passer ta chance. Allez savoir pourquoi ce magister anormal à l'air d'être fou de toi. Ne va pas le froisser en critiquant tout haut son aire de jeu !„

Alors Crassius essaya de retrouver sa bonne humeur en concentrant son regard uniquement sur les éléments d'origine. En un mot comme en mille : il chercha à éluder les détailles déconcertant de la scène, comme s'il avait cherché à ignorer le décolleté plongeant de la mère d'un ami l'invitant à dîner. Servis savait se tenir convenablement à table. Il pouvait également faire un effort dans ces conditions.
"Vous avez bien de la chance d'évoluer dans un tel décor. Je ne puis imaginer ceux de province. Ils ne doivent certes pas être aussi fastes mais... J'ose les croire authentiques, pleins d'une poésie propre à la pierre.„

Au regard qu'Ulio lui lança, Crassius comprit l'échec de son entreprise. Alors il se laissa de nouveau couler dans un silence précautionneux, ne laissant plus courir ses doigts qu'en de rares occasions sur les pierres les plus usées de la bâtisse. En seulement quelques minutes, ils arrivèrent au bout de la visite, et se stoppèrent devant une porte. Crassius se sentait éreinté. Nostalgique. Il aurait plus que tout aimé retrouver au plus vite la douceur de l'édredon de sa chambre. Il n'avait même plus la force de se chercher de la compagnie pour le partager. Pourtant, lorsque le magister lui fit sa proposition, Crassius hésita.

La silhouette du qunari était parvenue à le captiver, il devait bien le reconnaître. Il était un véritable monument fait de chair et d'os. Et Crassius restait curieux : il souhaitait se rendre compte, par lui-même, de sa véritable stature. De la véritable menace que pouvaient représenter les qunari. De plus, les vestiaires restaient intéressant en eux-mêmes, du point de vue historique : ils compléteraient véritablement cette visite. Et il ne souhaitait en aucun cas priver Ulio d'une plongée dans le monde sulfureux des combattants, lui qui se délectait aussi bien de la vue des corps musculeux que des corps plantureux.
"Je serais heureux de rencontrer votre champion.„


Mer 27 Nov 2019 - 13:20

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée



- «  Ah les arènes des autres grandes villes sont certes moins fastueuses mais la compagnie y est en général proportionnellement moins ennuyeuse. » Dit Albucius avec un sourire amusé. « Quoi qu’aujourd’hui soit peut-être une exception.»

Sa main se posa sur la poignée de la porte des vestiaires et l’actionna. Les bruits de la fête s’estompèrent à peine, la seule personne qui restait parfaitement immobile, c’était le géant à la peau grise qui était sa propriété. La tête baissée, le genou à terre en direction de la porte par laquelle entrait son maître, ses cornes couvertes d’or pointées vers l’entrée. L’esclave de chair qui avait orné ses genoux plus tôt s’était assise sur un banc en attendant qu’il soit à nouveau disponible, sirotant une coupe de vin.

Albucius fendit la foule naturellement, les esclaves et les gladiateurs s’écartant sur son passage jusqu’au Qunari.

- « Dominus, Maraas shokra. Anaan esaam Kost » dit Katari.

- « Je suis fier de toi Katari, tu t’es couvert de gloire ce soir. Nous verrons quelle sera ta récompense en temps voulu. » Il se tourna vers Servis. « Il ne comprend pas de phrases complexes en langue commune mais il en sait suffisamment pour savoir si je suis content de lui ou non... »

Il fit un geste de la main et Katari se redressa de toute sa hauteur pour jauger les deux accompagnants de son maître. Il faisait facilement plus de deux metres dix et sa musculature imposante lui donnait l’air d’être fait en pierre, sa peau grise, presque violette renforçant cette impression, tout comme son visage figé dans une expression neutre.

Un homme vêtu d’une robe richement décorée d’or et d’argent entra dans la pièce.

- « Aaaaah, Magister Albucius, nous vous cherchions. Le comité souhaite vous remettre vos gains, l’huissier a besoin de votre sceau pour procéder au transfert. »

- « Je comprends. Ces deux gentlemen sont mes invités, veuillez les laisser explorer le Colisée à leur guise. jusqu’à la fermeture, voulez vous ? » Il se tourna à nouveau vers Ulio et Servis. « C’est malheureusement ici que nous nous quittons, profitez de l’accès à l’édifice pour visiter à votre guise, et vous, Servis, attendez mon courrier comme prévu. Messieurs bonsoir. »

Il tourna les talons, mais juste avant de sortir, il prononça un mot en Qunlat et Katari se remit en mouvement. Il alla s’asseoir sur le banc à côté d’Eireen et continua de toiser les deux humains depuis son siège. Attendant qu’ils s’en aillent pour pouvoir abandonner son rôle de sauvage.

Jeu 28 Nov 2019 - 10:33

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée.  


Lorsque Ulio et Crassius sortirent enfin des arènes de Minrathie, le jour se levait déjà au-dessus de la cité. Les deux jeunes, hagards, esquissèrent quelques pas dans les rues, en silence. L'un comme l'autre ne parvenaient pas à reconnaître leur chance. Ils ne savaient plus quoi ajouter d'autre, de peur que le son de leur propre voix ne puisse venir mettre un terme à cette merveilleuse journée, je vienne faire passer leur nuit au rang de souvenir. Les yeux brillants, Ulio mesurait la chance qu'il avait eu d'échanger quelques mots avec les gladiateurs. Dans le vestiaire à l'odeur de fauve, il s'était senti... Supérieur en quelque sorte. Grandi. Rassuré. Il avait hâte de rejoindre ses amis, et de leur annoncer qu'il avait pu rencontrer et serrer les mains de plusieurs des gladiateurs les plus en vue de ces dernières années. Il avait hâte de deviser sur leur bêtise, sur leur crasse et leur manque de manières. Rempli d'une belle vigueur nouvelle, il était d'humeur à finir sous des draps de soies, à lutter à sa manière, avec n'importe qui.

Quant à Servis, il avançait calmement, à grandes enjambées, les bras croisés sur son torse, grelottant légèrement de froid. Suite aux brèves rencontres dans les vestiaires, il était parti explorer le moindre boyau de l'arène, au risque de se perdre. Il avait mentalement relevé chaque technique architecturale qui permettait à l'édifice de tenir debout, avait empli ses narines d'une agréable odeur de poussière et de moisis. Il avait tenté d'oublier sa déception face à la restauration ratée de la partie visible du bâtiment et se concentrant sur ses zones les plus délaissées. Mais maintenant qu'il était dehors, que ses narines respiraient de nouveau l'air chargé de particules moderne, Servis ne parvenait pas à arrêter de cogiter. Certes, en visitant cette arène, il était parti à la recherche de leur passé, mais surtout, grâce à sa rencontre avec le magister, Crassius s'était peut-être ouvert un avenir.

Les deux mages tournèrent enfin à l'angle de la rue, sans avoir rencontré la moindre âme. L'arène disparue dans leur dos, et Ulio se hâta de briser leur silence contemplatif :
"Je veux t'entendre le dire.„
"Est-ce vraiment nécessaire ?„
"Je crois que oui.„
"Très bien. Alors nous y voilà : Merci Ulio, tu as bien fait de me traîner à ces combats aujourd'hui.„
"Ah, que c'est plaisant à entendre. Maintenant mon ami, je sais où nous pouvons finir en beauté ! Je connais un endroit qui ...„

Le petit mage tenta de passer son bras autour des épaules du plus grand, et c'est dans cette position inconfortable qu'ils s'éloignèrent en toute hâte, rattrapé par leur propre désir de vivre toujours plus fort.


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