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Sam 3 Aoû 2019 - 23:40

Anonymous
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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée.  


9:37 du Dragon
“Ulio ! Sommes-nous réellement obligés de nous y rendre ce soir ?„

Servis observa, impuissant, son ami tâtonner les nombreuses poches de sa redingote à la recherche de ses clés. Rassuré, il claqua alors violemment la porte conduisant à ses appartements. Dans le couloir, les deux amis se dévisagèrent un instant. Ils s'étaient connus au cercle et, bien que les occasions s'étaient faites plus rare depuis la fin de leur formation, ils continuaient d'apprécier leur compagnie mutuelle. Ulio, légèrement plus âgé que Crassius, avait naturellement pris la tête de leur duo, imposant souvent à son comparse de nombreuses sorties mondaines, qui d'habitude suffisaient à l'enchanter. Pourtant cette fois-ci, quelque chose semblait ternir l’enthousiasme du cadet. Le visage soudainement sombre, Ulio s'écarta de la porte et exécuta un rapide tour sur lui-même, les bras écartés :
“Comment me trouves-tu ?„
“Très élégant j'imagine, comme toujours. Voir peut-être même légèrement trop habillé pour la sortie de ce soir, non ?„

Ulio soupira et dépassa son cadet en secouant la tête. Oui, Crassius doutait que la tenue complexe et tape à l’œil revêtue par son ami ne soit particulièrement adapté à leur destination. Ses couleurs particulièrement : mauve et pourpre, qui semblaient bien trop guillerets. Enfin, il pouvait aisément se tromper : il n'avait que très rarement mit les pieds aux arènes. Encore plus rarement depuis qu'il était adulte, et presque jamais sobre. Les cheveux noirs et fins d'Ulio effleurèrent ses épaules alors qu'il descendît rapidement les marches le conduisant finalement à la rue, Crassius sur ses talons. Une fois dans une atrière plus large et passante, ils arrêtèrent un coche et se hissèrent à l'intérieur. Une partie de leur trajet s'effectua dans le silence le plus complet. Crassius, les deux mains bien à plat sur ses cuisses, caressant de ses doigts distraits le velours bleu roi de sa veste longue, observait les rues défiler au travers de la vitre souillée du véhicule.
“Crassius, je ne comprends pas pourquoi tu rechignes autant ! Sais-tu seulement à quel point il m'a été difficile d'obtenir de telles places pour ce soir ?„

Tout en restant focalisé sur la rapide progression du paysage, Crassius acquiesça. Il ne pouvait pas le nier, l'un des combats ayant lieu ce soir à la grande arène de Minrathie avait occupé bon nombre de conversations mondaines de la dernière semaine. Seulement, bien que l'expérience ait pu être plaisante, elle tombait également au plus mauvais moment : quelque part de l'autre côté de la ville, dans un salon décoré avec goût, une conférence était sur le point de commencer. Une conférence donnée par l'un des plus grands érudits de tout l'empire. Rien qu'en y pensant, Crassius mordit sa lèvre inférieure et serra ses poings. Enfin, tout n'était pas tout à fait perdu. Bien que les plus passionnés se rendraient effectivement à la conférence, bon nombre de la haute société de la ville se dirigerait plutôt en direction des arènes.

La mains en visière devant ses yeux et sa veste déboutonnée, Crassius Servis détaillait le lieu avec attention avant de se rasseoir sur les marches de pierre, dans un soupir.
“Nous sommes effroyablement haut..„
“Certes, mais regarde autour de nous ! Nous voilà entouré de la plus belle de toutes les sociétés : Altus, Magistères et autres hommes d'influence ! Je te l'ai dit ! Avoir ces places s'est révélé être un enfer. Mais cela valait le coup ! „

Effectivement : autour d'eux quelques visages lui étaient familiers. Mais enfin, il s'agissait plutôt de "fils de" et de simples parvenus assoiffés de grandeur, à l'image d'Ulio et dans une moindre mesure à l'image de Crassius. Tout de même, certains de ces hommes et de ces femmes marquaient subtilement leur supériorité sur le reste de la population en étant perchés sur de somptueux coussins, et non pas à même les marches de cet amphithéâtre. Le froid de la pierre passant déjà au travers de ses différentes couches de vêtements, Crassius n'eut d'autres choix que d'envier ces élites. Plus bas, les premiers combattants avaient fait leur entrée sous les applaudissements modérés de la foule.
“Ils se réservent pour la suite !„

S'amusa Ulio tout en applaudissant mollement avant de sortir d'une autre de ses poches une belle poignée de pièces neuves. Autour d'eux, les paris avaient déjà commencé. Mais là encore, ils ne concernaient pas le combat ayant cours au même moment. Ni même celui qui devait lui suivre. Là encore, tous n'avaient qu'un nom sur les lèvres. Crassius sourit. La soirée se promettait finalement d'être intéressante. Il se repositionna, trouvant enfin une position plus confortable, et soupesa sa propre bourse de cuir. Mentalement il réserva une proportion plutôt honnête des pièces qu'elle contenait à sa consommation de vin pour la soirée, qu'il espérait soutenue. Le reste, il pouvait se permettre de le dilapider en paris inconsidérés : c'était de l'argent facile, qu'il avait récolté des mois plus tôt en revendant des antiquités prélevées sur le terrain d'une fouille à laquelle il avait participé. Il regarda distraitement le combat, suivant en même temps les conversations l'environnant. Enfin, lorsque le premier combat fut terminé sans qu'il n'ait pu dire qui l'avait gagné, une petite vendeuse fit son apparition à leur étage, portant sur son épaule un lourd plateau. Crassius lui fit signe et commanda deux verres d'un vin plutôt correct : un pour lui et un pour son ami. Voilà qui lançait enfin officiellement le début des hostilités.



Mer 7 Aoû 2019 - 20:10

Anonymous
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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée




Albucius n’avait pas pris la peine de s’installer dans les gradins pour les premiers tours, cela ne l’intéressait pas de voir quel genre de menu fretin se faisait éliminer. Après quelques tours de pistes de gladiateurs mineurs se faisant mettre une correction par des gladiateurs plus expérimentés et plus puissants qu’eux, il suivit ses amis jusqu’aux places qui leur étaient réservées dans la tribune officielle. Darian et lui s’assirent de chaque côté de Sargas avec un sourire, sur les places ornées de coussins juste à derrière Servis et Ulio.

- « J’imagine qu’ils ont gardé Katari pour les derniers rounds, Albucius ? » dit un homme blond aux cheveux raides tombant gracieusement sur sa poitrine

- « Il a gagné le grand tournoi de Vyrantium, on ne lui oppose plus l’ivraie des arènes. » Annonça Albucius, un homme sur la fin de sa cinquantaine, les cheveux poivre et sel et le visage strié par les rides. Une barbe taillée à la règle ornait sa mâchoire carrée.  « Et puis s’ils montrent un Qunari dès les premiers rounds, le public ne sera plus impressionné d’aucun gladiateur à venir. »

Le troisième homme eut un petit rire. Il était brun, dans la trentaine et arborait un bouc impressionnant sur le menton. Les trois hommes étaient très clairement des magisters. Ils arboraient tous des toilettes sobres, dans des tons foncés mais lourdement brodées d’or ou d’argent. Sur leurs plastrons trônaient fièrement l’amulette de leur droit de naissance, à leurs mains brillaient des joyaux.

- « Il semblerait que les tribunes ne soient plus si bien fréquentées que fut un temps. « ricana à voix basse le troisième homme en cachant son sourire derrière un éventail de bois précieux.

- « Il suffit, Sargas. » lui intima Albucius.

Jusqu’ici les combats s’étaient enchaînés sans vraiment d’annonces, les quelques vainqueurs de la première lice s’étaient alignés pour saluer le public. Ils sortirent ensuite par de lourdes portes et un homme entra dans la tribune officielle. Son accoutrement était relativement modeste, surtout en comparaison de la belle société qui l’entourait. Il se posta sur un petit carré de pierre blanc et sa voix résonna dans le stade.

- «  Dominae, Domini ! Bienvenue au magna torneamentum de Minerathie. Le comité espère que les premiers tours vous ont diverti. Place maintenant à nos gladiateurs! Premier combat! Erik Poings d’Acier contre Ramio la Dague.»

Le public applaudit avec nettement plus d’enthousiasme alors qu’un nain en armure lourde armé d’un marteau de guerre rentrait dans l’arène du côté droit et qu’un elfe au visage peint, en vêtements de cuir léger, portant deux dagues longues dans les mais et un air confiant.

----- Dans les vestiaires -----

Dans l’antichambre, Katari se livrait à sn rituel habituel. Debout devant la porte qui devait s’ouvrir pour le laisser entrer en lice au prochain tour, il se tenait droit, les yeux fermés, sa hache plantée dans le sol, ses mains posées à son sommet avec calme. Ce tournoi était aussi prestigieux que celui de vyrantium et il savait qu’il ne devait pas sous-estimer ses adversaires, son corps était toujours prêt au combat, maison esprit demandait un petit temps de calme pour aborder sa mission. Il devait faire honneur à son maître, parvenir à gagner le combat sans blesser mortellement son adversaire.

Telles étaient les règles des duels de gladiature professionnels. Dans les arènes illégales et les établissements de bas étages, la mort était courante, mais dans les hautes sphères, les comabattants rapportaient des milliers de souverains à leurs mécènes ou leurs maîtres. Ils étaient beaucoup trop precieux pour être sacrifiés. De plus à force de combattre les uns contre les autres, Katari se retrouvait souvent à combattre des gens qu’il appréciait profondément. Des amis.

Ses oreilles captaient les bruits de la mêlée de l’autre côté de la porte. Les sons métaliques du choc des dagues contre le métal de l’armure du nain. Les cris de la foule à chaque belle action. Le spectacle avait l’air de satisfaire grandement la foule, bien au delà des combtas préliminaires.

Il avait fait parti de ces gladiateurs il y avait quelques années de cela. Envoyés pour chauffer la foule car trop peu connus pour être annoncés convenablement. Certains avaient des maîtres, d’autres étaient des hommes libres cherchant un mécène et voulant se faire remarquer. Une fois que Katari avait cessé de lutter contre sa condition, il était rapidement sorti de cette condition pour rejoindre les rangs de ceux dont les spectateurs attendaient la venue.

---- Dans les Gradins ----

Albucius applaudit gracieusement la victoire de l’elfe qui était parvenu à défaire son adversaire d’une partie de son armure et qui l’avait handicapé de son bras en lui plantant une dague dans l’épaule, le rendant incapable de soulever son marteau. Le perdant se faisait conduire vers les mages guerisseurs tandis que le vainqueur restait se faire acclamer quelques minutes. L’annonceur revint prendre place sur sa dalle et fit à nouveau retentir sa voix dans le stade.

- “Le Pourfendeur contre Katari, celui qui amène la mort!”

Les portes s’ouvrirent à nouveau sur un humain de grande stature avec un bouclier, une lance et un filet, dan sune armure souple... Et sur un gigantesque Qunari aux cornes recourbées comme celles d’un bélier, la peau d’un gris foncé qui paraissait presque bleue, un air sévère, les cheveux longs et noirs tombant sur ses épaules. Il portait à la main une lourde hache à deux mains qui semblait presque aussi grande que lui.

Albucius ayant remarqué que les jeunes hommes devant lui avaient pris part aux paris se pencha.

- “J’espère pour vous que vous avez parié sur Katari, sinon vous allez perdre gros. Le pourfendeur n’a encore jamais gagné aucun combat contre lui, le pauvre garçon.”

Il se permit un petit rire joyeux alors que l’énorme homme cornu s’avançait jusqu’au centre de l’arène et s’agenouillait face à la tribune. Il semblait attendre quelque chose. Son maître fit un geste de la main et Katari se releva, faisant face à son adversaire. L’humain frappa sa lance sur son bouclier, Katari, répondant à la provocation fit tournoyer sa hache en hurlant quelque chose en ce qui était vraissemblablement du Qunlat.

- “Je l’ai acheté après sa capture à Seheron. J’ai cru comprendre qu’il était ... Saatari? Je crois que c’est le mot dans leur langue barbare pour désigner les premières lignes lourdement armées.” Continua-t-il alors que le combat s’engageait mal pour le pourfendeur qui devait esuiver des frappes violentes à la mesure de la taille de son adversaire. “Il m’a fallut quelques temps pour le soumettre mais comme vous le voyez, ces bêtes là savent obéir une fois qu’elles ont reconnu leur maître.”

Il y eut quelques passes supplémentaires et la hache se planta dans la cuisse du pauvre humain , puis le manche de l’arme heurta sa tempe et il s’écroula à terre. Katari posa théatralement le pied dessus et se tourna à nouveau vers la tribune, sa hache levée, prête à tuer. Un geste négatif de la part de son maître et le Qunari vint faire tournoyer sa hache sous les gradins pour déchainer les acclamations de la foule.

- “Je vous l’avais bien dit.”


Mer 7 Aoû 2019 - 23:13

Anonymous
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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée.  


La petite vendeuse au lourd plateau était à présent hors de vue. Elle avait parcouru le restant de la tribune, collectant au passage d'autres demandes, puis s'était hâté de rejoindre les coulisses. L'endroit magique où, selon l'imagination débridée de Servis, une armée de petites mains invisibles devait œuvrer dans une cadence insoutenable, soucieux d'accéder au moindre désir du peuple des gradins. Il soupira d'aise et s'étendit quelque peu vers l'arrière, jusqu'à ce que ses lombaires viennent se caler contre la marche supérieure. Sans qu'aune cérémonie n'ait été prononcée, un nouveau combat s'était engagé. Deux hommes manquant terriblement de panache et de personnalité se donnaient des coups de glaives dans des gestes outrageusement chorégraphiés. Le spectacle manquait décidément d'intérêt. Servis passa la main dans ses cheveux courts, défaisant au passage quelques-unes de ses boucles serrées. L'une des griffes retenant l'émeraude de la bague qu'il portait à l'index se pris dans une de ses mèches. Il tira avec précaution. Sa crinière noire était l'une de ses plus grandes fiertés. Il aimait lorsque ses boucles soyeuses tombaient sur son front. Il aimait lorsque ses conquêtes y passaient leurs doigts fins, le complimentant de leur voix la plus suave. Mais bientôt il devrait les couper de nouveau, et au plus court. Il en allait ainsi à chaque fois qu'il repartait sur le terrain. C'était un sacrifice qu'il faisait sans aucun regret tant il aimait son métier. Il fit pivoter son émeraude autour de son index, tout en observant distraitement le combat qui ne semblait pas vouloir s'engager réellement.
“Il semblerait que les tribunes ne soient plus si bien fréquentées que fut un temps.„

La voix, venant de l'arrière, le fit se redresser, mal à l'aise. Servis, qui en aucun cas ne prit la remarque pour lui, jeta un rapide coup d’œil par-dessus son épaule. Son œil ne parvint à capter que quelques insignifiants détails : les coussins sur lesquels les hommes étaient assis ainsi que leurs tenues sombres et richement décorées. Il chercha ensuite discrètement à évaluer l'attitude de son camarade, tout en espérant qu'il n'ait rien entendu des propos précédents. Ulio était plus susceptible que Servis, moins patient. Et contrairement à lui, il faisait encore grand cas de l'avis des puissants sur sa personne. Aux yeux de Servis, tout le monde avait un rôle à jouer dans la grande pièce qu'était la vie. Les faibles comme les puissants. Seul comptait le bénéfice que l'on pouvait tirer de ces différents rôles. Ainsi, peu lui importait d'être considéré comme un être inférieur par un Altus. Tant qu'il reconnaissait ses talents. Ulio avait toujours possédé un ego plus grand que le sien. Mais pour l'heure, il ne semblait pas avoir entendu les propos du dénommé Sargas. Bien, Servis éviterait donc la longue litanie plaintive et revancharde qu'il aurait été forcé d'écouter à la fin des combats, lorsqu'ils se seraient suffisamment éloignés pour ne plus être entendus.
“Combien as-tu parié ?„
“Voyons, entre gentlemen cela ne se demande pas !„
“Alors pioche simplement de quoi m'aligner à ta propre mise.„

Riposta Servis tout en présentant, dans sa paume ouverte, une bonne partie de ses pièces. Ulio se pencha en avant et certains de ses longs cheveux raides roulèrent de ses épaules pour venir pendre devant son visage, alourdis par les ornementations qu'il y portait. Il allégea la paume de Servis et plaça son pari pour lui. De savoir s'ils allaient gagner ou perdre importait peu aux deux jeunes hommes. Seul le frisson du jeu et le prestige d'un tel pari en public motivaient leurs décisions. Le Laetan rangea le restant de ses pièces et se surprit à guetter de nouveau l'apparition de la petite vendeuse.
En bas des gradins, sur le terrain, le combat c'était enfin clos dans l'indifférence quasi générale. Un homme vêtu modestement se faufila entre les rangs jusqu'à se trouver au centre exact de la tribune. Là il se percha sur un petit carré de pierres blanches, que Servis n'avait jusque-là pas remarqué, et s'adressa à l'ensemble du stade :
“Dominae, Domini ! Bienvenue au magna torneamentum de Minerathie. Le comité espère que les premiers tours vous ont diverti. Place maintenant à nos gladiateurs! Premier combat! Erik Poings d’Acier contre Ramio la Dague.„

Des applaudissements suivirent cette allocution claire, et Servis les suivit mécaniquement. Ses yeux bleus étaient maintenant fixés sur la terre battue de l'arène, où la petite silhouette trapue d'un nain muni d'un marteau s'avançait. Face à lui, un elfe fin et souple, une dague dans chaque main.
“Pourquoi les nains ont-ils toujours un marteau et les elfes des dagues ? C'est d'un cliché tu ne trouves pas ?„
“Les nains ont des membres courts mais des muscles développés. Ils sont lourds et ne peuvent pas rivaliser en matière de rapidité face à n'importe quelle autre race. Leur seule chance est d'user à leur avantage de leur force et leur puissance. Quant aux elfes ils sont au contraire dénué de muscles solides mais compensent avec leur souplesse. Des armes légères sont plus adaptées. De plus ils sont généralement lâches et ne rechignent pas à attaquer dans le dos de leur adversaire.„

Répondit Ulio le plus sérieusement du monde, trop absorbé par le combat pour saisir le sarcasme de son camarade. Servis leva malgré lui les yeux au ciel et se cala de nouveau au fond de son assise. À cette heure-ci, la conférence devait avoir terminée son introduction. Il raccrocha le combat, juste à temps pour voir le marteau du nain frapper le sol de l'arène, ayant manqué l'elfe qui déjà tentait de le contourner. Servis réfléchit alors aux paroles d'Ulio. Les choses étaient-elles toujours aussi simples ? lui-même était très grand, ses bras pouvaient atteindre une bonne allonge. Pourtant sa taille avantageuse lui conférait également une certaine lenteur, lenteur dont Ulio par exemple, ne se privait pas de tirer avantage lors de leurs duels réguliers. Taille, allonge, puissance, tactique et technique, tout cela n'avait au final que peu à voir avec la nature même de l'espèce de l'individu. Ou peut-être que Servis était simplement un combattant médiocre. Il sourit à cette pensée des plus justifiées tout en observant l'elfe embrocher le bras du nain et mettre ainsi fin au combat.
“Ce n'était pas terrible.„

Regretta Ulio alors que l'annonceur prenait de nouveau place au centre de la tribune.
“Le Pourfendeur contre Katari, celui qui amène la mort!„
“Enfin ! Les choses sérieuses commencent !„

L’excitation de son camarade finit par contaminer Servis. Son regard se fixa sur la créature qui venait de faire son entrée, sous une véritable ovation de la part du public. La main en visière devant les yeux, Servis plissa pour essayer de voir au-delà de la vague figure bleutée qu'il était capable d'observer. Un Qunari, à n'en pas douter. *“Le titre est un peu pompeux„* ne put-il s'empêcher de noter, en laissant retomber sa main, déçue de ne pas parvenir à discerner correctement les traits de cette bête. L'énorme hache qu'il tenait était néanmoins impressionnante. Servis se mis à s'imaginer, lui aussi, chargé d'une arme aussi intimidante. Un bâton en forme de lance, peut-être ? Il ne lui manquerait alors plus que les cornes pour rivaliser avec cette figure lointaine, floue et bleuté, qui faisait à présent face à un homme muni d'une lance et d'un bouclier. Servis fut alors surpris par la voix qui s'éleva alors dans son dos. Cette voix qu'il avait distraitement entendu converser quelques instants plus tôt avec deux autres hommes. À présent il était évident qu'il s'adressait à eux :
“J’espère pour vous que vous avez parié sur Katari, sinon vous allez perdre gros. Le pourfendeur n’a encore jamais gagné aucun combat contre lui, le pauvre garçon.„

Servis se retourna et, de trois quarts, il observa l'homme qui s'était adressé à lui. Le visage strié de rides profondes, il semblait incroyablement sûr de ses faits. Servis sourit à l'Altus, mais ne répondit rien. Il ne savait même pas sur qui Ulio avait misé leur argent. Il se retourna rapidement, passant nerveusement son doigt de long de l'arrête busquée de son nez et alors qu'Ulio commentait l'action pour lui-même, la mâchoire serrée, Servis se pencha :
“Pour qui avons-nous parié ?„
“Toujours parier sur l'éxotique !„

Lâcha Ulio entre deux exclamations de surprises crachées au gré des mouvements des combattants. Servis sourit, sachant bien que l'injonction de son camarade ne se limitait pas uniquement à la situation suivante. Dans son cas, c'était même presque devenu un mantra. Dans l'arène, le monstre était tourné vers eux. Dans la direction exacte où ils se trouvaient. Servis en eut la chair de poule. Heureusement qu'il n'était pas soldat. Il ne se sentait pas de taille pour affronter ce genre de créatures, même pour le bien de l'Empire. L'Altus émis un petite rire et Servis se tourna de nouveau vers lui, alors qu'en bas le Qunari avait poussé un cri de guerre des plus menaçant.
“Je l’ai acheté après sa capture à Seheron. J’ai cru comprendre qu’il était ... Saatari? Je crois que c’est le mot dans leur langue barbare pour désigner les premières lignes lourdement armées. Il m’a fallut quelques temps pour le soumettre mais comme vous le voyez, ces bêtes-là savent obéir une fois qu’elles ont reconnu leur maître.„

Impressionné, Servis suivit de nouveau le combat. Il était évident, même à ses yeux de profanes, que le monstre avait le dessus. D'ailleurs, en un mouvement plutôt fluide, le Qunari planta sa hache dans la cuisse de l'humain et l'assomma à l'aide de son manche. En un battement de cœur, le combat était joué. Satisfait, Ulio fit éclater sa joie en levant le poing lorsque le Qunari appliqua son pied sur le torse du perdant. Son cri se mêla à ceux s'élevant de toutes les tribunes. Servis, silencieux, ne quittait plus Albucius des yeux. Il fut alors l'un des seuls à le voir signer par la négative. Et répondant à cet ordre muet, le Quinari laissa aller sa victime, sans l'abattre.
“Je vous l’avais bien dit.„

Servis eut un léger rictus involontaire. Il desserra les poings et tendit la main en direction de l'homme :
“Je me présente : Crassius Servis. Ravi de faire votre connaissance mais... Que se serait-il passé si vous l'aviez laissé faire son propre choix ?„

En entendant les paroles de Servis, Ulio se retourna à son tour. Il prit seulement alors conscience de la présence de l'Altus, et de la main tendue de son camarade. Un sourire s'étendit à son tour sur ses lèvres lorsqu'il reconnut l'homme en question : Albucius.


Sam 24 Aoû 2019 - 1:20

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée



La victoire de Katari avait déclenché une ovation assez impressionnante et ce n’était clairement pas pour déplaire à Albucius. Ses deux camarades étaient à présent occupés dans une conversation compliqué qui comparait les statistiques de victoires des différents gladiateurs locaux et leurs cotes aux paris, ce à quoi le Magister grisonnant ne semblait pas porter beaucoup d’attention malgré le fait qu’il soit directement concerné par l’issu des combats. Il regarda Katari saluer une dernière fois et disparaître derrière la même porte qui s’était ouverte à son entrée.



*** Dans les vestiaires***


Katari repassa la porte des vestiaires et l’elfe du premier tour vint s’asseoir près de lui.

- « T’as encore mis une sacrée branlée au Pourfendeur, ahah le pauvre gars va finir par partir en hurlant quand il te voit. »

- « Il n’a toujours pas compris comment se servir de son allonge, tant qu’il tiendra sa lance comme si c’était sa queue, il ne gagnera pas beaucoup de combats. »

Les quelques personnes présentes dans la pièce éclatèrent de rire. Un elfe dalatien vient lui taper l’épaule et lui apporter une gourde de vin.

- « C’était quoi le cri de guerre cette fois ? Ce truc que tu as hurlé en Qunlat avant le combat ? »

- « Grosso modo j’ai dit que l’archonte allait recevoir des fraises pour satiliana…. C’était assez hilarant de voir la foule hurler sa joie après ça. »

- « Ah si j’avais eut l’idée de ne pas montrer que je parlais la langue commune quand on m’a jeté dans l’arène la première fois…. j’aurais pu hurler n’importe quoi en Dalatien et ça aurait été…. » Il leva le visage vers le plafond d’un air inspiré.

Une nouvelle salve de rires s’interrompit à l’annonce des combattants suivants. Le Dalatien se précipita devant la porte avec son bouclier sous les encouragements de ses amis.


*** Dans les gradins ***




Le couple de gladiateurs suivants furent annoncés. Deux elfes, dont un portait des tatouages faciaux symétriques. Ils étaient tous deux à l’épée et au bouclier et leur duel se suivait à l’oreille, tant le fracas de leurs armes résonnait dans le stade.

Albucius se pencha et serra la main de servis avec calme et un sourire s’étendit à nouveau sur son visage. Le nom ne lui disait rien, il doutait fortement que l’homme fut un Altus, mais un soporati n’aurait pas pu se payer de telles places. Un laetan peut-être.

- « Magister Edeon Albucius. Ravi également, ne faîtes pas attention à mes amis, ils ne viennent ici que pour se livrer à des duels de probabilités. » Il leva les yeux au ciel avec un sourire. « Pour répondre à votre question, il aurait attendu ma réponse jusqu’à ce que son adversaire meurt de sa blessure et il aurait probablement fait siffler sa hache vers quiconque aurait essayé de le faire bouger de là où il se tenait. Ne faîtes pas l’erreur de croire que ces animaux ont du libre arbitre. Le Qun est peut-être une culture barbare et obscène mais il savent apprendre à leurs sous-fifres à obéir aveuglément. »

Il eut un petit rire pour lui même. L’un des deux elfes terrassa son adversaire, puis ce fut le tour de deux humains. Pendant que les deux hommes se battaient Albucius tourna à nouveau son regard vers Servis.

- « J’imagine que vous n’avez pas l’habitude des arènes, une fois les jeux finis souhaitez vous visiter le stade et rencontrer Katari ? Votre ami est évidemment le bienvenu. »


*** Dans les vestiaires ***



L’elfe Dalatien repassa la porte et laissa la place à un humain aux cheveux roux et à la peau laiteuse. Il lui tapa dans le dos en passant pour l’encourager.

- « Vishante Kaffas » Laissa échapper un homme brun et à l’allure musculeuse. « J’ai hâte que ce tournoi se termine, qu’on puisse aller picoler. C’est le dernier pour moi cette saison, mon maître ne sera pas à Asariel pour le tournoi des -tres spicas- …. J’en ai marre de me faire taper dessus pour amuser les foules… »

Katari haussa les épaules.

- « Je viendrais bien avec vous mais vous savez comment est Maître Albucius, il va sûrement vouloir me montrer un peu partout si j’arrive à bien me classer ce soir…. Ce sera sans moi. »

- « Je ne comprendrais jamais pourquoi tu joues les barbares devant ces singes de magister… Sérieusement... »

Le Qunari répéta son geste avec nonchalance. Le combat suivant fut annoncé et il se leva pour répéter son rituel. Il se posta devant la porte, les mains sur sa hache. Il savait que le prochain combat était pour lui, les second rounds allaient commencer.


*** Dans les gradins ***


Albucius portait peu d’attention aux combats, préférant se concentrer sur Servis et son ami en attendant que Katari revienne sur la piste. Après les deux humains, un guerrier chasind et un voleur riveini s’affrontèrent …. ou plutôt se dansèrent autour pendant quelques minutes jusqu’à ce que le Riveini plante une de ses dagues dans les reins de son adversaire. Son visage noircit par le soleil, recouvert de peintures vives se leva vers la foule et il brandit le poing pour encourager les spectateurs à l’acclamer. Une fois satisfait par l’enthousiasme du stade, il s’en retourna dans son vestiaire.

- « hmmm cet assassin est le seul véritable adversaire de Katari aujourd’hui. De ce que j’ai pu comprendre son maître l’a récupéré alors qu’il avait été laissé pour mort après un entraînement chez les corbeaux… Espérons que mon Qunari soit en forme aujourd’hui. » il s’amusa un instant du tumulte grandissant de la foule. « qu’est ce qui vous a amené ici, si je puis me permettre ? Si vous n’êtes pas connaisseurs des combats ? »

Sam 24 Aoû 2019 - 10:50

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée.  


Aux sons qui s'élevaient de la foule, Servis fut averti de l'entrée de nouveaux combattants. Presque immédiatement, des bruits de métal entrechoqués retentir. Deux elfes, dont un visiblement dalatien, se battaient à l'épée et au bouclier. Le combat était plutôt agréable à regarder, assez équilibré bien que les deux adversaires se différencient sensiblement au niveau du style. Mais Servis n'en profita pas : il tournait le dos à l'arène, à présent agenouillé sur sa marche alors que l'Altus se penchant dans sa direction, main tendue. Servis saisit cette main tendue et la serra avec une gravité toute professionnelle. La lourde amulette de l'Altus pendant dans l'espace laissé entre eux. Une amulette que Servis détailla bien malgré lui, admirant sa finesse et son opulence. Ce n'était pourtant pas la première fois qu'il en voyait une d'aussi près. Mais Servis était toujours attiré par les belles choses, c'était plus fort que lui.

L'Altus se présenta alors que leurs mains se délièrent. Comme l'avait déjà compris Ulio, il s'agissait du Magister Edeon Albucius, un nom qu'aurait dû connaître Servis. Mais il ne s’intéressait toujours que très peu à la politique actuelle de sa patrie. Les deux hommes accompagnant le magister Albucius étaient penchés dans son dos, débattant de calculs probalistique sans s'intéresser le moins du monde à Servis et à Ulio. Une attitude que sembla dénoncer Albucius dans un commentaire mondain lourd de sens. Servis détailla de nouveau les deux hommes, et plus précisément le plus jeune, qu'il trouvait parfaitement antipathique, avec sa pilosité faciale exubérante digne seulement des Orlaisiens. Alors que le Laetan se reprenait, Albucius répondit à sa précédente question. Servis l'écouta avec intérêt, mais s'étonna tout de même. Le magister semblait plutôt dresser le portrait d'un chien de garde particulièrement bien dressé, et non plus d'un combattant entraîné. Mais après tout, Ferelden s'était bien rendu célèbre pour ses canidés à l’intelligence ultra-développée. Certains assuraient même qu'elle pouvait excéder celle de certains maîtres. Il ne fallait dès lors plus s'étonner de rien. Portant Servis réprima un frisson : une telle arme entre les mains d'un seul homme ? C'était impressionnant.

lorsqu'un bruit de bouclier plus intense que les autres retentis, Servis se retourna en direction du combat. Mais son regard était vague, tant il était absorbé par ses pensées. L'elfe dalatien triompha finalement de son adversaire sous quelques acclamations sincères en provenance du public. Ulio, qui depuis quelques minutes jouait avec l'une de ses longues mèches de cheveux, remarqua :
“Un dalatien ! C'est une marchandise rare, même par ici. Son maître doit être particulièrement influant, ou riche, si ce n'est pas les deux !„

Son ami avait formulé sa remarque de manière à être bien entendu par toute la belle compagnie environnante, juste au cas où. Depuis les premières heures du jour, jusqu'au plus profond de la nuit, Ulio était en représentation. Servis sourit avant d'observer l'elfe disparaître derrière la lourde porte de l'arène. Si Ulio voyait en lui une marchandise délicate, Servis ne parvenait pas à se détourner de son principal sujet de préoccupation : les temps anciens. Et à ce niveau-là, les elfes et leur Dalatie n'avaient rien à envier à l'Empire. Certaines rumeurs parmi les érudits affirmaient l'existence dans le Sud de ruines n'attendant qu'à être explorées. Des rumeurs d’aventuriers en manque de frisson, rien de plus. Tout de même, le sujet n'en demeurait pas moins passionnant.
le Magister Albucius fit alors une proposition alléchante à Servis, soulignant dans un premier temps son manque d'expérience des arènes. Visiter le stade et rencontrer le guerrier vedette ? Une offre qui ne pouvait être refusée, rien que pour avoir la possibilité d'admirer l'architecture des entrailles du bâtiment, architecture conservée depuis les premiers jours de l'Empire. De plus une rencontre avec ce guerrier Qunari ne pouvait-être qu'une expérience fascinante : assister aux mécaniques de la relation entre le maître et son limier ? Malgré tout, Servis coula un regard prudent en direction de son ami. Un regard qui aurait pu être mépris de l'extérieur : on aurait pu croire que Servis attendait l'aval de son aîné. Mais en réalité, le cadet cherchait à évaluer en quelles proportions une telle proposition allait affecter leur présente amitié.
“Votre ami est évidemment le bienvenu. „

Avant que Servis n'ait pu remercier la générosité de l'Altus, Ulio avait repris la main, se présentant dans une courbette :
“Veuillez excuser l'ignorance de mon ami : il ne sort pas beaucoup. C'est un honneur de vous rencontrer enfin, Magister Albucius. Je me présente : Ulio Lucanus, fervent admirateur de votre combattant depuis son entrée en lice.„

En faisait-il trop ? Servis ne parvint pas à se positionner. Néanmoins, il commençait à ressentir la désagréable sensation de se faire piétiner par son ami. Il en arrivait même parfois à oublier le propre son de sa voix.
D'humeur brusquement sombre, Servis focalisa son attention sur le nouveau combat engagé sur la terre battue : deux compatriotes légèrement vêtus expédièrent un combat sans grand entrain avant de laisser place à deux autres hommes. L'un était un chasnid, ethnie reconnaissable entre toutes par leur accoutrement folklorique d'apparence rustique et leur corpulence imposante. L'autre avait la peau bronzée sous des peintures vives, et des lames courtes en mains. Albucius appris à Servis qu'il s'agissait d'un ancien corbeau, cette secte de meurtriers très influente en Rivein. Apparemment le seul adversaire digne du Qunari. On aurait presque pu croire déceler du respect dans la voix du magister. Après quelques pas d'échauffements, le voleur à la peau sombre planta sa dague dans le dos du guerrier chasnid, et Servis ne put s'empêcher de détourner le regard. Bien sûr, il savait que des guérisseurs attendaient la victime dans les coulisses de l'arène, mais tout de même : la douleur résultant de la blessure demeurait la même. Suite à ce coup, Servis ne parvint pas à prendre part à la joie ambiante. Son esprit restait accaparé par des considérations d'ordre pratique : mais où était passé son verre ? Les choses se passaient-elles aussi rapidement au-dehors ? Combien de combattants pouvaient tomber lors de combats réels, même de manière honorable, alors qu'il attendait toujours son rafraîchissement. Oh ! Voilà son verre, enfin !
Alors qu'il recevait à peine son verre ainsi que celui d'Ulio, Servis retint la petite vendeuse par la manche vaporeuse de sa tenue alors qu'il s'adressait au Magister :
“Souhaitez-vous consommer quelque chose ? C'est le moins que je puisse faire pour vous remercier de votre prévenance.„

En libérant la jeune femme et en savourant sa première gorgée bien méritée de vin, il réfléchit aux paroles du magister :
“Il est vrai que je ne sors plus suffisamment au gout de mon ami Ulio, ici présent. En vérité, lorsque je ne voyage pas pour les besoins de mon travail, j'aime de plus en plus m'enfermer dans la grande bibliothèque ou participer à des conférences aux sujets divers. Ces places aujourd'hui étaient un cadeau de la part de Lucanus, pour rappeler à mon bon souvenir une manière d'être plus hédoniste, que je néglige éhontément depuis quelque temps.„

Jouant avec le liquide pourpre de son verre, Ulio embraya : songeur.
“Des places comme celles-ci ne sont pas faciles à obtenir pour des hommes tels que nous. Nous mesurons notre chance, croyez-moi !„

Le sourire de Servis s'évapora en un instant. Il savait se montrer humble, lorsque la situation le requérait. Mais tout de même, de là à s'écraser volontairement aux pieds d'un magister, dans l'espoir d'obtenir une meilleure position sociale en retour . La manœuvre lui semblait quelque peu déshumanisante. N'était-ce après tout pas ce que faisaient ces hommes, au cœur de l'arène ? Son vin eut soudainement un goût plus amer.

Mar 27 Aoû 2019 - 17:45

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Albucius était bien loin d’être idiot et le petit manège d’Ulio le laissait indifférent. Il n’était pas passé inaperçu que le jeune homme ne s’intéressa à leur conversation que lorsqu’il se sentit invité à faire le tour du stade. De plus il entrait en matière en dénigrant Servis, ce qui ne lui faisait pas vraiment une présentation glorieuse. Servis ne savait peut-être pas qui Edeo Albucius était mais il ne s’était pas caché de son ignorance et il ne braillait pas tout fort des inepties sur les combats.

« toujours parier sur l’exotique » et son commentaire sur les dalatiens prouvait qu’il ne connaissait pas grand-chose des arènes, ni des mécènes des gladiateurs. En effet, le peu de présence des dalatiens n’était pas vraiment un signe d’exception. Les dalatiens n’étaient pas formés au combat comme l’étaient d’autres races, ils étaient des chasseurs et des artisans, ils se révélaient souvent être de la chair à canon dans les arènes. Ils avaient généralement beaucoup plus de valeur dans un lit que sur le sable. Le maître du Dalatien en question était un petit magister qui avait eut de la chance, il s’était trouvé un gladiateur convenable après un achat mal avisé.

Il se garda pourtant de commenter l’attitude d’Ulio pour le moment. Il lui adressa un petit signe de tête en guise de salut et lui répondit qu’il était enchanté sur un ton plutôt morne.

- « C’est très aimable à vous, mais je ne bois pas. »

En public tout du moins. Pas si près des réunions du sénat, non plus. Mais il se concentra de nouveau sur la conversation. Encore une fois, Ulio alternait entre souligner son infériorité sociale et la vantardise, Albucius soupira intérieurement, il valait mieux pour ce garçon qu’il ne s’élève jamais au dessus de sa condition où il finirait dévoré par les loups.

- « Chacun ses plaisirs. Lorsque je ne suis pas forcé d’aller m’asseoir au Magisterium, il se trouve que je suis moi même plutôt casanier. Oh bien sûr, vous vous doutez bien que je me dois de recevoir régulièrement mes pairs chez moi et de les visiter mais pour tout vous dire, je préfère rester chez moi à lire. J’avais une grande passion pour les ventes aux esclaves il y a quelques années, mais j’ai cessé de les fréquenter depuis que Katari a commencé à faire ses preuves. Quel est votre métier, mon ami ? »


*** Katari ***


Les combats se succédaient à un rythme régulier, bientôt ce fut de nouveau son tour d’entrer en lice. Il entra sur le l’ovale de sable en faisant tournoyer sa hache. Il pouvait entendre le tumulte de la foule qui s’égosillait autour de lui. Son retour annonçait que tous les premiers matchs étaient terminés, les vainqueurs allaient maintenant s’affronter et chaque tour verrait son nombre de guerrier se réduire.

Le pauvre elfe qui lui fut envoyé comme adversaire se prit le plat de sa hache dans le torse et partit voler contre le mur le plus proche pour s’y écraser avec violence après seulement quelques passes. Il quitta à nouveau l’arène après avoir répété son rituel et attendu le signe de son maître.

Une fois dans les vestiaires, il se dépêcha de passer par une porte située sur le côté et fila le long du stade en courant pour atteindre les vestiaires de l’autre côté. Arrivé sur place, l’elfe en question était en train de se faire rafistoler par l’équipe médicale.

- « Hey, Ether, ça va ? »

- « Ouais…. Attend qu’ils aient finit de me recoller les côtes et je te botte le cul…. »

Le Qunari s’agenouilla près de l’elfe.

- « Vous allez pouvoir arranger ça ? » demanda-il au guérisseur.

- « Oui, mais il va falloir rester hors des combats pour les six prochaines semaines. »

- « Ton maître va te laisser récupérer ? »

- « Compte là dessus…. Tu sais comment il est, il se fout de savoir si je tiens debout où pas... »

- « Je vais faire tourner le mot aux gars que personne ne te refasse un coup comme ça… je suis vraiment désolé... »

- « Pff retourne dans ton vestiaire, idiot, sinon ils vont passer ton tour. » dit l’elfe avec un sourire exaspéré.

***Albucius***


Un petit rire échappa au magister après que Katari soit de nouveau caché par les portes des vestiaires.

« Encore deux round et on saura si quelqu’un va finalement tenir plus de quelques minutes face à mon Qunari. Ce pauvre elfe doit avoir des côtes brisées. »


Mar 27 Aoû 2019 - 21:44

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Servis finit son verre. Il l'avait bu plus rapidement que d'habitude, presque sans le savourer. La compagnie du Magister était à blâmer : elle était bien trop stimulante. Impossible dès lors de se concentrer sur les plaisirs simples de la vie, qui apparaissaient immanquablement fades en comparaison. *Il doit avoir cet effet-là sur beaucoup de monde.* Pensa le jeune homme en jouant avec son verre vide, le faisant rouler entre ses deux paumes. Ses bagues et chevalières tiquaient contre sa surface, mais il ne le remarqua pas, méditant sur les paroles d'Albucius. Il n'était pas rare, parmi les élites de la nation, de se livrer avec passion aux spéculations du marché aux esclaves. Certains cherchaient le profit direct, d'autres la perle rare. Il était possible de tirer de très nombreuses parallèles entre le marché aux esclaves et le marché aux œuvres d'Art, ou bien encore celui des antiquités, lorsque ces deux-là ne se recoupaient pas.

La question du magister le prit de court. Ce n'était pas un sujet qu'il aimait particulièrement aborder dans ce genre d'événements mondains. La glorieuse Histoire de l'Empire était primordiale au cœur d'une grande majorité de citoyens, pourtant assez peu s'intéressaient véritablement à ceux qui travaillaient à la dépoussiérer. Lorsqu'il expliquait ses activités, Servis ressentait assurément le désintérêt de ses paires, à moins bien sûr qu'il ne se trouve en compagnie d'érudits férus du sujet. Mais ces genres de rencontres étaient rares en dehors des symposiums. S'expliquer était bien trop souvent une véritable perte de temps. Pourtant, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même : il avait été le premier à évoquer ce sujet précis, alors qu'il aurait dû le taire. Il se gratta la peau au niveau de sa jugulaire et se lança :
“Moi ? Je suis archéologue, formé à l'Académie. Actuellement je ne suis qu'une paire de mains s'agitant dans les expéditions menées par d'autres, mais j'espère sous peu réunir suffisamment de fonds pour me lancer à mon tour dans le vaste monde.„

Il marqua une pause avant d'ajouter, presque pour lui-même :
“Je crois que j'aimerais aller en Rivain en premier : c'est un pays où peu des nôtres s'aventurent alors que doivent y exister de très nombreux résidus de notre passé. Je n'aurais qu'à acheter un lopin de terre prometteur, un terrain en friche, et à m'y rendre avec une équipe réduite.„

Il pensait également à Llomerryn et à sa large plaque tournante de contrebande. Aux merveilles qui y sommeillaient après avoir été volé sur tout le continent... Et aux affaires juteuses qu'il pourrait y mener. Néanmoins, il ne divulgua pas ce pan de ses projets au Magister. Il n'avait aucun intérêt à se montrer à ce point-là honnête, et ne souhaitait pas connaitre le point de vue d'Albucius concernant son manque de loyauté à leur glorieux héritage commun. Froisser cet homme revenait à se mettre à dos son chien de garde. D'ailleurs, l'impressionnant Qunari déroulait de nouveau son énorme carcasse au centre de l'arène. Le combat cette fois-ci fut expédié rapidement. Rapidement n'était d'ailleurs pas le mot qui convenait le mieux : il n'exprimait pas tout à fait avec quelle vitesse avait été expédier l'affrontement. L'elfe s'écrasa contre le mur le plus proche, et le qunari avait déjà disparu lorsque son corps inerte fut sorti de l'arène. Non, Servis ne souhaitait pas se retrouver face à ce qunari-là. Face à aucun qunari d'ailleurs. C'était pourtant une éventualité qu'il devait conserver à l'esprit s'il décidait de mener à bien son projet de fouilles en Rivain : des villages entiers de qunaris peuplaient la péninsule.

Le magister rit à la sortie de son champion. Un rire auquel Ulio se joignit mécaniquement. Servis c'était déjà habitué au brouhaha de la foule, et ne l'entendait plus exploser à chaque victoire du Qunari. Décidément, il n'avait pas parié assez pour porter un quelconque intérêt à ces jeux. Ou pas assez bu. Il sentait encore l'extrémité de ses doigts, qu'il pinça tout de même de ses ongles soignés. De même que ses joues, qui n'étaient que modérément endormies par le froid.
“C'est tout ce que méritent les esclaves si mal préparés !„

Lança Ulio. Servis se tourna vers lui, le regard sombre.
“Il semble que tu oublies un peu vite la première manche ? Cet elfe ne s'était pas trop mal débrouillé contre son autre adversaire. Je me demande combien de temps je serais capable de tenir face à ce monstre. Pardon, sans vous manquer de respect, Monsieur !„

S'excusa Servis en direction du magister Albucius. Il reporta son attention sur le combat suivant.
“Avec ou sans magie ? Croyez-vous Monsieur que votre protégé puisse être de taille face à un mage, même moyen ?„

Servis se frappa le front du plat de sa main. Décidément, il lui faudrait tenir un rapport complet des agissements d'Ulio Lucanus à sa promise, en espérant que celle-ci soit à même de lui faire entendre raison. Fort heureusement, elle était plus sortable que lui. Le jeune homme se permit un instant de penser au corps délicat de la fiancée de son ami. Un corps qu'il lui était arrivé de posséder par le passé. Peut-être même qu'il lui ferait plus qu'un simple rapport, qui pouvait savoir ?


Dim 8 Sep 2019 - 14:33

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*** Albucius ***
Malgré les probabilités de trouver dans une arène quelqu’un pour discuter d’archéologie, il se trouva que sans être particulièrement versé dans le sujet, Albucius avait un intérêt sincère pour leur conversation. Il semblait écouter Servis avec attention et hochait la tête régulièrement pour indiquer son intérêt ou son approbation. Lorsque le Laetan eut fini de s’expliquer, il hocha à nouveau la tête avant de prendre la parole.

- « Ce qu’il vous faudrait ce serait un mécène. Quelqu’un qui s’intéresse suffisamment à votre projet pour le financer mais pas le temps pour venir traîner dans vos jambes une fois que vous serez sur place. Aussi fascinant que soit Rivein j’ai peur que vous ne trouviez pas beaucoup de gens qui veuille financer une expédition là bas. Je crois que la mode en ce moment est aux artéfacts des Anderfels. Mais c’est seulement ce que j’ai entendu dire dans les soirées où je me rends. C’est peut-être une tendance limitée à mes connaissances directes. »

Apparemment peu affecté par l’intervention d’Ulio, Albucius hocha la tête à la réponse de Servis et émit un nouveau rire en l’entendant traiter Katari de monstre.

- « Il n’y a pas de mal. Il est impressionnant mais je me suis laissé dire qu’il y en avait de plus gros encore. Enfin, la taille ne fait pas tout, Katari ne gagne pas seulement par son amas de muscles. C’est un guerrier accompli et entraîné par le Qun. Ces gens là ne plaisantent pas sur leur éducation militaire. »

Sa tête se tourna alors vers Ulio avec un sourire satisfait.

- « Katari n’est pas qu’une bête de stade. Il se trouve que je me sers également de lui comme garde du corps. Il s’est trouvé tout à fait capable de repousser des tentatives d’assassinats avec et sans magie. Une chance d’ailleurs qu’il ne soit pas effrayé par les Arcanes. Les gens de son peuples ont tendance à se méfier. Mais j’imagine qu’après avoir combattu notre armée sur Seheron, les peureux de font pas long feu. »

Il reporta son attention sur l’arène. Le nombre des guerriers encore debout au fil des rounds se réduisait, bientôt Katari fut de nouveau en piste, face à un nain armé d’un bouclier et d’une épée.

*** Katari ***

Il y eut deux combats avant que Katari soit de nouveau de retour. Sans faillir à son rituel, il salua son maître et se mit en position. La différence de taille lui posait des soucis, il n’avait pas souvent l’occasion de se battre contre des nains et celui ci n’était pas assez bête pour s’approcher de lui en pensant que sa petite taille lui permettrait de se faufiler sous sa hache.

Pendant un moment il ne se passa rien, les deux adversaires se tournèrent autour sans se quitter des yeux. Puis Katari eut une idée. Il feignit d’attaquer trois fois à la verticale, laissant le nain esquiver aisément ses assauts trop violents. Pensant avoir pris le rythme, le nain risqua de s’approcher de lui, ce fut le moment que choisit Kat pour faire tourner sa hache autour de lui à l’horizontale, suffisamment bas pour heurter le bouclier de plein fouet.

L’arme défensive sonna presque comme une cloche et on put la voir vibrer depuis les gradins. A n’en pas douter, la prise du nain sur sa défense devait s’en trouver bien affaiblie. Le temps que le métal cesse de vibrer, le Qunari s’était retourné et lançant presque son arme contre celle de son adversaire, il heurta la même cible dans l’autre sens. Le choc fut tel que son opposant se résolut à lâcher complètement sa protection et à la laisser tomber sur le sol. Les quelques échanges suivants furent rapides. En quelques coups le cornu fit planter son épée dans le sable au nain et lui asséna un coup de pied dans le menton qui l’envoya au tapis. C’était l’avant dernier round pour le géant. S’il gagnait le prochain combat, il remportait le tournoi.

*** Albucius ***

Albucius donna le signe pour que Katari épargne son adversaire et ce dernier rentra dans les vestiaires. Avec le rire satisfait d’un homme à qui on vient de raconter une plaisanterie particulièrement délicieuse, il se joignit à la foule en applaudissant son champion.

- « Concernant le mécénat que j’évoquais tout à l’heure, peut-être souhaiteriez vous en discuter plus avant lorsque nous ne serons plus entourés de tout un stade occupé à perdre sa voix sur les combats ? Si cela vous intéresse je pourrais faire circuler l’information de votre recherche et nous verrions ce qui en ressort ? »



Mar 10 Sep 2019 - 13:50

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée.  


La mâchoire d'Ulio se décrocha lorsqu'il se rendit compte, malgré les acclamations soutenues de la foule, que le Magister Albucius conversait avec le plus grand sérieux. Une conversation qu'il nouait avec son ami, et non avec ses égaux l'ayant accompagné, ou bien encore avec lui-même. Après tout, Servis et lui partageaient bien les mêmes qualifications. À ses yeux, la situation était des plus injustes... Quoi qu'elle soit en réalité parfaitement justifiée. Ulio et Servis avaient beau suivre le même cursus, cela n'empêchait pas leurs aspirations de différer autant que leurs caractères. Ulio visait une place élevée dans la bonne société de l'Empire, il souhaitait même peser de son poids dans sa politique. Mais il avait conscience du lourd boulet attaché à sa cheville, un boulet qui risquait de lui compliquer la tâche : son rang de naissance. S'élever pour un Laetan n'était pas impossible, mais le nombre de places était des plus réduits, et la compétition ardue. D'un autre côté, Servis ne semblait se mouvoir que par passion... Et avec honnêteté. C'était impossible : il devait certainement avoir un plan secret. Ulio ne pouvait croire à sa bonne foi, il ne pouvait croire à son désintérêt total pour la politique du pays. Jour après jour, il se méfiait de son cadet, et la conversation se déroulant devant ses yeux lui servirait à jamais de preuve. Lui, Ulio, c'était démené pour obtenir ces places. Il s'était endetté, compromis auprès de nombreuses relations dans l'unique espoir de pouvoir ne serait-ce qu'adresser la parole à l'un des puissants. Pour espérer parvenir à glisser son nom dans une conversation. Et voilà que Servis discutait allègrement avec un Magister. Pas d'égal à égal, certes, mais c'était tout comme. Il récoltait même des conseils !

C'était donc avec mauvaise humeur, bien qu'en cherchant à la camoufler, qu'Ulio avait tenté de discréditer son ami. De le tacler en quelque sorte. De lui faire au pire perdre ses moyens face au Magister. Mais Servis n'avait que peu de fierté. C'était d'ailleurs aux yeux d'Ulio sa plus grande force. Ainsi, en le voyant se frapper le front de la main, Ulio comprit qu'il n'était pas parvenu à ses fins. Pire, qu'il commençait à se montrer ridicule. Mais il n'était pas trop tard. Il pouvait encore se reprendre. Reprendre le dessus sur son cadet.

Fort heureusement pour Servis, Albucius ne se formalisa pas devant son choix d'adjectif pour qualifier son champion. Il sembla même en rire avec honnêteté, avant de nuancer les propos du jeune homme. Servis était grand et son corps était plutôt bien fait. Il pouvait parfois se sentir à l'étroit au milieu de la foule, ou face à ses amis de tailles plus... Normale. Pourtant, Katari l'inquiétait, même de loin. Imaginer qu'il puisse en exister de plus imposants encore n'était pas tout à fait plaisant. Néanmoins, il hocha nonchalamment la tête en entendant le maître féliciter la dextérité et la tactique de son esclave. Il souhaita néanmoins ne jamais être témoin des ravages qu'une armée de "ces gens-là" pouvait être capable de déverser sur l'Empire.

“Je loue tous les jours la grandeur de notre armée ! De grands hommes, à n'en pas douter.„

Pour une fois, Servis ne mit pas en doute la sincérité de son ami. Ils avaient déjà évoqué un tel sujet en de nombreuses occasions. Ulio était un fervent admirateur de l'armée et de ses mages. Il aimait à lire leurs exploits contés dans les différentes gazettes populaires de Minrathie. Et il était en première ligne lors des célébrations offertes aux nouveaux départs en direction du front. Il avait eu un frère, dans le temps. Un frère qui avait appartenu à l'armée. Qui s'était battue pour la tranquillité des citoyens. Sa disparition n'avait en rien entaché son admiration pour les soldats

Puis, comme s'il avait pressenti l'approche du Qunari, le magister se mura de nouveau dans le silence, concentrant toute son attention sur le combat qui allait devoir se mener contre le guerrier nain. Crassius se tourna lui aussi vers l'arène pendant un court instant. Il remit un peu d'ordre dans sa tenue et tapota la cuisse d'Ulio avec entrain. Il la gratifia d'un sourire comblé, le remercia silencieusement d'avoir tant insisté pour venir assister à ces jeux. Puis il fixa son attention sur les autres tribunes, plus bas. Quelque chose y avait attiré son regard. Parqué comme des animaux, il devina les Soporati assez chanceux pour se permettre d'assister comme lui à ce divertissement. Il n'y avait aucune place assise dans leur tribune, à moins qu'ils ne soient trop nombreux pour se permettre d'en profiter. Tous bougeaient au gré du combat se déroulant devant leurs yeux. Certains serraient les poings, d'autres les tenues loqueuses de leurs camarades. Servis caressa la fabrique noble de sa propre tenue tout en promenant son regard plus bas encore. Sous la tribune des Soporati, plus proche du combat, il pouvait distinguer la foule hétéroclite des Laetan. Car il s'en souvenait maintenant : c'était dans cette tribune, proche du sol, qu'il avait plus jeune assisté à de rares combats. Parmi ces spectateurs, des orbes bleu pâle étaient visibles. Des lueurs fantomatiques. Des barrières magiques, protégeant quelques spectateurs de la chute des détritus occasionnée par les Soporati, au-dessus. Ce coin-là du stade était agité. Une révolte couvait, s'en était presque palpable. Une révolte dont Crassius se tiendrait éloigné tout comme Ulio, comme si ce combat n'était pas aussi le leur. Il soupira.

L'avant-dernier combat du Qunari venait de prendre fin, sur un nouveau geste discret du Magister. Crassius ne se retourna pas immédiatement. Tournant le dos au Magister, il se permit un sourire béat, les yeux clos.
Une nouvelle fois la mâchoire d'Ulio se décrocha. Non, décidément le destin souriait à Servis, et de son sourire le plus avenant.
“Je serais honoré de pouvoir discuter avec quiconque plus en avant de mon sujet de recherche. Néanmoins je dois avouer être présentement plus intéressé par la visite du stade. Je crois que si je laisse passer cette chance aujourd'hui, jamais plus elle ne se représentera. Je me demande de quelle forme sont les fondations, est ce qu'elle...„

Mais il n'eut pas le temps de se questionner plus en avant. Alors que les prochains guerriers faisaient leur entrée sur l'arène, un projectile de flamme vint s'écraser sur la terre battue. Servis suivit du regard la courbe de la colonne de fumée laissée dans son sillage, jusqu'à remonter au niveau de la tribune des Soporati. L'agitation qu'il avait su y déceler quelques minutes auparavant en était à son paroxysme. De nombreux affrontements avaient éclaté, des insultes et menaces fusaient dans l'air. Plus bas, certains Laetan étaient pris à partie et c'était l'un d'eux qui avait été l’instigateur du projectile de flamme. Un projectile qui avait été dévié au moyen d'un bouclier de fortune. Oui, la violence n'avait pas lieu qu'au niveau de l'arène... Autour de Servis, les paris avaient repris. Ils en concernaient plus les résultats des combats, mais le nombre de morts qui viendraient solder la répression exercée par les gardes du stade. Dans une ambiance joyeusement macabre, Ulio et Crassius se précipitèrent en avant, jusqu'à la rambarde de la tribune privilégiée. Un frisson d'horreur parcourut l'échine des deux amis lorsqu'ils assistèrent à la suite de la scène.



Jeu 19 Sep 2019 - 15:24

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Le monde est un théâtre, mais la pièce est mal distribuée



*** Albucius ***
Albucius sembla une fois encore n’accorder qu’un intérêt très limité aux paroles d’Ulio. Satisfait de l’issu du combat, il tourna son attention vers les soporati qui s’agitaient et leur adressa un regard à la fois exaspéré et dénué de surprise.

- « Il faut toujours que le bas peuple se fasse remarquer... » dit-il presque pour lui même alors que ses deux amis s’étaient rapproché de la barrière de la tribune pour regarder ce qui se passait. « Ce n’est pas parce qu’on naît sans magie qu’il faut se conduire comme des animaux. »

Il concentra à nouveau son attention sur Servis.

- « Très bien, vous recevrez bientôt de mes nouvelles dans ce cas. Et ne vous inquiétez pas, je vous ai promis une visite des coulisses, vous l’aurez. » il paraissait amusé par l’enthousiasme de son interlocuteur. « Pour ce qui est de l’intérêt historique du stade, cependant j’ai peur de ne pas être d’une grande aide. Je peux cependant nous mander quelqu’un pour vous renseigner si vous avez des questions. »

Alors qu’il parlait un projectile enflammé finit par frapper le sol de l’arène, stoppant net le combat. Les Gladiateurs se reculèrent au centre de l’ovale que formait la piste pour se mettre à l’abri et attendirent que les gardes fassent leur travail. Il ne fallut pas longtemps pour que ces derniers fendent la foule, arrêtant un peu tout le monde et n’importe qui car ils n’avaient aucun moyen de savoir qui exactement avait lancé le projectile. Le carré de spectateurs d’où était parti l’objet fut emmené fers aux poignets jusqu’en dehors du stade, non sans lutter violemment.

- « Ils vont finir par interdire au peuple d’assister aux tournois s’ils continuent à déranger les combats. » soupira Albucius avec lassitude. « Je crains que la démocratisation des jeux d’Arènes ne soit pas un bénéfice pour le spectacle en lui même. »

Le combat reprit dans l’arène, non sans que quelques morts soient à déplorer dans les gradins.

*** Katari ***

Regardant Adecan revenir dans les vestiaires en jetant son épée à terre, Katari haussa un sourcil. Ils avaient pourtant annoncé sa victoire alors pourquoi était-il énervé ?

- « Quoi ? Tu ne voulais pas disputer la finale contre moi ? » plaisanta-t-il.

- « Non, le combat a été interrompu par une putain de boule feu…. Fin je sais pas ce qu’ils faisaient cramer mais ça a rebondi dans les gradins jusqu’à la piste il a fallut qu’on s’arrête le temps qu’ils foutent toute la tribune numéro deux dehors… Les mages s’en sont mêlé, c’était n’importe quoi. »

- « Tu crois qu’ils sont assez calmés pour nous laisser combattre notre finale tranquille ? »

- « J’en sais rien, mais je dis que si c’est pas le cas on monte les calmer nous même…. Merde quoi, nos combats sont pas assez intéressants pour garder tous ces ploucs concentrés ou quoi ? »

Katari émit un petit rire grave. Le tout avait probablement démarré à cause d’un des nombreux ivrognes qui peuplaient la foule. Cela n’avait probablement rien à voir avec leur performance . Ils attendraient que le tumulte s’arrête pour annoncer la finale avec un peu de chance.


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