Dim 29 Sep 2019 - 10:39

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Bethany Hawke

L'audace est
une royauté sans couronne



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L'impuissance est la forme la plus courante
de résignation.
-  Yvan Audouard


   Fort Bastel s'était présenté comme une figure salvatrice. Un amant courtois, fantasmé dans les récits croisés de son enfance. Ses pierres avait brodé pour Branwen une armure, quand ses poutres fixait d’inébranlable sa propre ossature. Requiem d'une âme qui avait faillit, l'imagerie du fort s'était faites dans celle de ses convictions. Il était son bastion, lorsque sa magie explosait. Son père, lorsqu'il la reniait. Sa mère... plus souvent qu'elle ne l'admettrait. Sa puissance tranquille, lui offrait l’espérance d'une place pour son âme. Et au-delà de cela, il était sa foi. Son espérance. Son arme et son épée. Son âme et son corps. Sa destiné et sa fin. Lorsque le Créateur la rappellerait à lui, qu'il ai pitié d'elle. De ce corbeau qui ne fantasmait ni la mort, ni le paradis, mais n'aurait souhaité être que Fort Bastel. Se rassembler dans la pierre. Se découvrir inébranlable, quant elle n'était qu'écroulement. Sur cette terre penché vers la mer, Branwen voulait être la stabilité qui lui avait tant manqué.

Targuer d'inconscience son engagement, c'était lui en retirer toute sa force. Son abnégation. C'était nier une fois encore la nature profonde de Bran, pour l'enfermer dans l'enfance et reproduire ce qu'elle avait connu de son père. Infantilisé sa vie durant, elle était un oiseau qui s'encageait seul, dans l'auto-censure, devenu seconde nature. Prisonnière d'une enfance qui n'en finissait plus, elle se protégeait de la réalité, avec cette même enfance qui la tordait, jusqu'à ne plus devenir, que la seule chose qui la caractérisait. La seule personnalité qu'on lui tolérait. Sa seule façon de se définir.  Se taire sous l'image qu'on lui apposait, lui était devenu naturelle. Vitale. Protecteur. C'était la garantit de ne décevoir davantage. C'était ainsi que les NicCinnaed l'avait enchaîné au domaine: dans cette prison qui n'avait jamais eu, ni barreau ni frontière tangible.

Mais si son esprit était ainsi emprisonné, son âme n'avait jamais cessé de grandir et  mûrir. Dans le secret de son cœur, elle s'inventait. Se déployait. Étendait une personnalité qui, si elle ne pouvait encore l'exprimer, n'en existait pas moins. Sa nature profonde n'était pas faite pour demeurer ensommeillé. Elle était trop tenace. Trop fougueuse. Trop éclatante et forte, bien que Branwen elle-même, ne se soit jamais défini que par la faiblesse. Ses années de souffrance lui avait apprit la patience et l'importance des secrets. La façon dont il pouvait préserver et garantir une accalmie intérieur, où se reconstruire. La volonté seul d'autrui ne pouvait la contenir. Le garde n'avait été que l'élan manquant pour déployer des ailes qui savait déjà voler. Qui avait toujours su voler. Simplement elle l'ignorait.

Son inconscience avait préparé le départ, bien avant qu'elle ne le choisisse. Si fort Bastel n'avait pas toujours été une évidence, il reposait en son cœur depuis bien longtemps. Caprices ou conviction. Désespoirs ou espérance. La réponse était la frontière d'une complexité humaine, sur laquelle l'on refermait volontairement les yeux. Son voyage était hérétique. Une folie de plus, pour celle qui ne semblait bonne qu'à décevoir. Branwen n'était pour eux que Bran. Le corbeau déshonorant, d'une famille qui ne pouvait accepter sa magie.

Elle avait 17 ans, lorsque ses lectures mentionnèrent, pour la première fois, les fantômes de Fort Bastel. Des figures héroïques, qui faisait fit de la mort pour offrir à la vie, leur sacrifice dans une cause plus grande encore. L'enclin imposait à ces justes, l'abnégation sacerdotale. Un héroïsme au goût des serments templiers. « Hommes et femmes, guerriers et mages, barbares et rois... » Sous l'ombre du griffon, ils n'étaient plus qu'un. Égaux dans le geste. Unis dans la foi. La magie n'était plus qu'une arme qui se brandissait comme une épée. Une simple épée. Tel était la promesse des épitaphes qui accompagnaient les récits. Tel était ce que fantasmait véritablement Branwen : la déshumanisation de son don. La Garde des Ombres en repentir.

Beaucoup parleront là d'un caprice, bien moins mesureront la valeur réel de son engagement, plus ancien encore que ne le laissait présager ses silences. Cela faisait dix ans qu'elle attendait. Dix ans qu'elle souhaitait s'engager. Dix ans qu'elle combattait ses peurs et démons intérieurs, pour trouver le courage de joindre ses pas aux leurs. Et puis le garde était venu et Bran l'avait suivit.

Mais Fort Bastel, n'était que Fort Bastel : le refuge d'âmes enrôlés bien plus par la force, que l'engagement sincère du juste. Elle devinait dans certains regards, des passés aussi sombre que malvenue. La rédemption semblait avoir déserté ,autant les sourires que les visages. Il n'y avait pas de héros ici. Pas de reliques d'un autrefois. Seulement des crapules à qui l'on n'avait laissé d'autres choix. La Garde n'était que le frère cautèle, la partie obscur et décharné, de l'armée templier. Relégué à l'ombre, elle était celle que l'on sacrifiait, que l'on oublierait. Celle dont l'abnégation n'avait jamais totalement existé, pour qui lisait vraiment dans l'âme des recrues, qui s'entraînait là, dans la cours.

Aucun des fantasme de Branwen ne prenait chair ici. Il n'y avait pas de beaux visages. Pas de belles paroles. Seule une fierté aussi mal placé que la sienne, semblait persister dans les rangs. Sa propre situation était risible. Elle venait de sacrifier le peu qui lui restait, sur une promesse d'héroïsme et de grande famille. Mais il n'y avait que le froid et l'indifférence ici. Des crapules et bandits, que l'on évitait poliment d'appeler mercenaires, pour le titre plus creux mais élogieux de Garde des Ombres. La prestance des contes et légendes était inexistante. Branwen venait de s'engager dans une belle armée de vauriens.

Les larmes n'arrivaient pas à couler, mais Créateur qu'elle haïssait sa bêtise. Son avenir lui apparaissait aussi pathétique, que ses espoirs avait été grand. Dans la nuit tombée, le rire silencieux de Fort Bastel, se joignait aux ricanement qu'inspirait la frêle Branwen. Sous la pluie battante, la pierre du bastion n'était que gris et froide. Évidée de sa chaleur humaine. Elle n'était pas la dame revenant à sa forteresse. L'âme trop longtemps partie, d'un fort qui l'avait désiré. Rien ne l'attendait ici. Rien ne l'invitait à demeurer. Elle n'était qu'une mage sur un cheval de labour, qui découvrait une forteresse où l'on avait jamais vraiment eu besoin d'elle. Fort Bastel semblait l'avoir oublié. Ne l'avoir jamais attendu. Et cette découverte était trahison, pour la frêle qui s'efforçait, de ne pas vaciller.

Branwen était demeuré silencieuse, lorsque tout deux avait mis pied à terre. Le corps endoloris par un voyage, auquel ses muscles n'avait jamais été préparé, elle peinait à tenir debout. Et bien que la fierté l'empêcha de vaciller, sa démarche n'avait rien d'assuré. Elle était devenu aussi grossière que risible sous la douleur. L'idée de repartir avait caressé un temps son esprit, mais elle ne s'y était pas abandonné. L'apostasie n'était qu'une façon de mourir injustement. Et son corps refuserait de toute façon, de chevaucher davantage. Il n'y avait eu que quelques jours de voyage entre le domaine et la forteresse. Mais c'était déjà trop, pour ses jambes qui criait grâce. Et face à elle, le garde qu'elle aurait suivit jusqu'en enfer, ne semblait remarquer son désespoir. Ce n'était pas qu'il lui inspirait une quelconque loyauté. Seul un fond de reconnaissance l'habitait, pour avoir été l'élan manquant. Mais elle n'avait plus personne. Plus personne d'autres que lui. Dans cette immense forteresse son univers se limiterait à sa silhouette. La peur d'une solitude trop vécu, l'empêcherait de s'éloigner de cette unique figure connu.

***

BRANWEN.


Je m'abritais à la chaleur de ton ombre, dans la mélancolie de tes récits. Nourris à l'héroïsme de ce qui avait été et affamé de ce qui n'était plus. Je me métissais de ta mémoire, pour réécrire mon avenir. Et plus tu parlais, plus je me déployais d'imagerie en concept, révélant dans ta bienveillance maussade ce que je m'ignorais. Abreuvé à ta vie, je survolais, tes paysages mille fois lu mais jamais conté. Je remplissais tes silences, dévoilait tes noms dits, dans la clarté des récits que je redécouvrais. Rebâtissais dans la candeur et l'espérance, ce qui t'étais morne errance. Et toujours je marchais dans l'ombre de tes pas, sous l'insatiable insigne de ton armure; faisant de ton griffon vorace, l’étendard de ma fraîcheur espérance. Étrange couple que nous formions alors: ni homme, ni femme, mais une vieille enfance dévoué à ton ancienne âme. Moitié de l'un et demi-mesure de l'autre. Nous écrivions le silence fantomatique de nos existence, au mensonge fantasmé de nos souvenirs.

Et pourtant. A peine emporté, déjà délaissé. Ton éclairance (1) se refusait, s'étiolait dans l'ouverture d'une simple porte; pour abandonner ce qui ne t'étais déjà plus personne. "Où allez-vous  ? Ne me laissez pas, s'il vous plait." Pas comme ça ! Pas seule ici ! Dans ce fort qui vous est tombeau. Dans ce bastion que je ne reconnaissais plus. Et mon cœur hurlait dans le tremblement du timbre, le "m'abandonnez-pas", que je n'avais sû prononcer ni pour un père ni pour un frère. Cette peur avoué à la chaleur d'un feu, en écho de ton errance et oublié dans ce geste sans courtoisie ni chaleur. Simplement militaire. Je n'étais plus que recrue. Chair. Sang. Morte en devenir. Un poids de plus pour ta mémoire alourdit par le non sens de ta tâche. Une fantomatique présence, pour l'ombre de tes pas alourdit de ces morts que tu n'oubliais pas. Alors tu m'avais refermé ton cœur avec cette porte de dortoir, en étranger. En silence éthéré.

Moitié de ce qui n'était déjà plus, je me tenais dans l'eau coulante de mes vêtements, face à celle que tu avais nommé pour moi "camarade".

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(1) Néologisme entre "éclairage" et "rance"
 

AVENGEDINCHAINS

 

Lun 7 Oct 2019 - 4:09

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L'audace est une royauté sans couronne


Oh Andrasté, Oh divine lumière éclairant nos vies, éclairant nos pas, guidant notre destin. Pourquoi ne pas illuminer le monde de ténèbre dans lequel notre Créateur à tous m’a plongé ? Pourquoi ta flamme s'amoindrit ? Pourquoi laisses-tu mon espoir vaciller encore plus ? Est-ce notre corruption qui ne cesse d’augmenter ? Ne méritons-nous plus ta valeur ? T’ai-je déçu ? Je t’en prie, je t’en prie à genou, éclaire ton humble et dévouée mortelle qui n’a vécu que pour le bien de tous. Celle qui a porté avec malheur beaucoup trop de fardeau. On m’a appris à ne pas me mettre sur un piédestal, mais pourquoi tous mes efforts pour propager le bien, ta lumière, se conclue avec toujours plus de souffrance, toujours plus de regrets ? Pourquoi le Créateur m’a-t-il refusé le repos si c’est simplement pour me laisser vivre une vie à l’échec inévitable ? Pourquoi m’avoir interdit cette pitié ? Pourquoi me laisser vivre avec cette corruption, comme si celle de la magie n’était pas suffisante ? Dans cet ordre prêt à égorger ses membres pour invoquer les créatures les plus impies dans votre création qui avait pour réputation d’être si digne ? Je n’ai jamais voulu un tel pragmatisme. Ma vie n’est que souffrance et je dois vivre mon dernier jour à chaque heure, vivre cette agonie sans fin en devant me répéter que ce n’est que torture, que ce n’est qu’illusion …

… Quoi ? Vous vous attendez à ce que je me dise naïvement que ça va bientôt se terminer ? Que je dois simplement faire preuve de courage ?

Vous m’avez simplement retiré le droit à la vie tout en me la laissant, suçant jusqu’à la moelle la moindre goutte de confort auquel je pouvais aspirer.

Mes sanglots se calment lentement, la gorge serrée et l’esprit toujours éploré par les dernières paroles du faux appel de Corypheus résonant dans mon esprit. Mon désespoir est tel que, même en meilleure forme, je n’aurais même pas le courage de rejoindre moi-même Andrasté. C’est donc ça ma vie maintenant ? Mon nom se retrouvera aux côtés de ceux ayant commis l’un des crimes les plus graves. La belliqueuse Garde des Ombres ... Cette dernière pensée crée une nouvelle complainte tandis que je resserre les doigts sur mon crâne, mon corps se recroquevillant encore plus. Je veux juste que ça arrête …

La porte de ma chambre s’ouvre et se referme quelques secondes plus tard et, à ma grande surprise, ça me met VRAIMENT en colère. Une chaleur comme celle de mes flammes s’avive dans mon corps et je me relève à moitié, tournant un regard farouche vers la porte.

“ Putain … „

Je grogne ce gros mot, me préparant à hurler tout mon désespoir sur le connard qui ose envahir l’infime reste d'intimité me restant, mais je m’arrête sec en voyant une femme perdue, toute aussi triste et désespérée que moi et à l’air perdu. Comme un feu d’artifice, ma colère disparaît aussi vite qu’elle est apparue et je me force à m'asseoir sur le bord de mon lit.

“ Hey … „

Prenant une grande respiration, je me lève et j’offre ma main à l’inconnue, l’invitant à s’ouvrir un minimum et à me remettre le peu d’effets personnels qu’elle a. Je la guide sur la couche vide, regrettant énormément la solitude que je viens de perdre. Une fois l’inconnue assise, je prends ma propre couverture pour la laisser à ses côtés et je retourne sur mon lit, dos au mur et genoux contre la poitrine, mon regard ambré l’évitant soigneusement. Je suis incapable de regarder quelqu’un en ce moment. Je renifle avec aucune grâce en m’essuyant le nez.

“ T’es … T’es une nouvelle recrue ? Une conscrite ? Moi, c’est … C’est Bethany ... „

« L’horrible Garde des Ombres » Je relève la tête vers le plafond et sert fort les yeux pour ne pas me remettre à pleurer devant elle.


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