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Échec et Mat
Je n’aimais pas Halamshiral… Cette ville n’était rien de plus qu’une poudrière. Les inégalités entre les elfes et les humains étaient visibles, même depuis ce balcon, et il suffisait de comparer les deux mondes de cette grande ville : la ville basse aux elfes, et la haute aux humains. Pas que je pensais faire quelque chose pour tenter de changer ça… en réalité, cette inégalité m’était favorable. Acquérir la loyauté d’un paria est bien plus facile que celle d’un noble…
Néanmoins, la dualité visible me mettait mal à l’aise, et je haïssais ça.
Cependant, ce n’était pas par choix… servir Celene avait du bon mais surtout du moins bon… devoir travailler dans des lieux à la fois merveilleux et horrible faisait partie des moins bons...
Quand quelqu’un me fit sortir de mes songes.
« Monseigneur, la Duchesse de Castelnaud est arrivés. »
Un des serviteurs… un elfe qui rentrait à peine dans la vie adulte. Lorsque Celene m’avait prêté un endroit où loger à Halamshiral, elle ne m’avait pas prévenu que j’aurais des domestiques… l’un d’entre eux était sans doute un informateur de l’Impératrice, faisant des rapports à Celene…
Mais peu m'importais, chercher un espion parmi les serviteurs seraient inutile.
« Bien, prépare ce que je t’ai demandé, et que personne ne nous dérange. »
Tout en mettant mon masque, je me rendis à la porte de la résidence. Lorsque j’aperçus enfin Béatrix, je m’approchai tranquillement de la dame. Avec une petite révérence, je dis.
« Dame Béatrix… ou devrais-je dire Votre Grâce ? C’est un honneur de vous revoir… »
Puis je continuai avec une formule de politesse qui pourrait presque paraître sincère.
« Mes condoléances pour votre fiancé, sa perte à dû vous attristez… »
Bien sûr, c’était faux au plus haut point, après tous, c’était Béatrix qui avait ordonné son assassinat…
Je ne lui jette pas la pierre, j’aurais agi de la même manière à sa place…
Je conduisis la Championne sur un balcon, où j’avais fait demander deux chaises et une petite table avec un jeu d’échec…
« Eh bien, vous êtes prêt pour cette partie ? »
Le serviteur elfe qui c’était occupé de préparer la partie se retira discrètement.
Je m’assis et attendis que la Duchesse fasse de même. Le cadre avait été choisi avec soin : qui oserai déranger la Championne de l’Impératrice et un baron à la sombre réputation dans une partie d’échec ?
« J’imagine que vous avez su déchiffrer la lettre… »
Bien sûr… sinon elle ne serait pas là… nous avions tous les deux des choses bien plus importantes que jouer une stupide partie d’échec. En tout cas, c’était mon cas.
« L’Impératrice veut que nous convenions à un plan tous les deux avant de lui soumettre… »
Tout en faisant avancer l’un de mes pions, je continuai.
« Sa Majesté Impérial en a sans doute eu assez de nos disputes… »
Ironisais-je avec un léger sourire. Nous ne nous disputions pas tant que ça. Nous avions deux visions différentes de beaucoup chose, et tentions de régler les problèmes à nos manières.
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Halamshiral … Là où tout avait commencé. Berceau de nombreux drames, mais également celui de ce qui, Béatrix l’espérait, était le premier signe d’une entente de renouveau. Elle avait hautement apprécié le message cryptique de Roland, il faisait ce travail bien mieux qu’elle et c’était pour cela qu’elle avait préféré se mettre en route directement plutôt que de prendre le risque de lui répondre par missive. L’Ombre de l’Impératrice avait de la difficulté à s’entendre avec son Bouclier lorsqu’il était question de stratégie. Le premier pensait efficacité, tandis que la deuxième restait toujours trop ancrée dans ses méthodes et, surtout, dans ses valeurs de noblesse. Le seul point où ils se mettaient facilement d’accord, c’était la finesse dont ils devaient faire preuve avec chaque mouvement diplomatique, politique et militaire. Cela faisait un moment qu’ils s’étaient rencontrés, Béatrix étant trop préoccupée par les nombreuses variables de la guerre pour rester sagement à Val Royeaux très longtemps. Ils n’avaient pas encore eu la chance de discuter de plusieurs sujets récents auxquels la Comtesse avait participé.
À force de bâtir sa mauvaise réputation de sans-masque, Béatrix ne pouvait pas camoufler sa visite, sauf si elle osait à nouveau emprunter l’apparence de Jenifaël, ce à quoi elle était très réticente. Moins elle utilisait son identité d’emprunt, plus elle était solide. Elle se rendit donc à Halamshiral en portant une tenue confortable et seulement son épée. Le trajet se faisant sans embûche, elle arriva en moins d’une journée de chevaucher au domaine d’emprunt de Roland. Elle se présenta et l’Ombre se présenta rapidement, portant son fidèle masque sur le nez. Il accueilli Béatrix de la manière la plus courtoise possible et cette dernière répliqua avec une révérence pleine de grâce et un sourire en coin amusé.
Le sujet se voulant difficile tomba des lèvres de l’hôte. Continuant à jouer le jeu pour ceux qui écoutaient la rencontre des deux nobles, Béatrix pencha la tête vers l’avant et soupira, sa voix prenant une teinte de tristesse.
Roland semblait satisfait de l’image jetée par l’échange, puisqu’il invita la Dame à l’intérieur. Béatrix s’installa en face de son partenaire le plus proche en admirant ses préparations. Le balcon, l’installation, les breuvages et la nourriture … Absolument rien n'était laissé au hasard, il était beaucoup plus consciencieux qu’elle.
À sa place, la Championne aurait préparé une salle digne d’un conseil de guerre avec une carte gigantesque sur une table toute aussi gigantesque, des jetons, des rapports et tout l’attirail nécessaire pour développer des stratégies surdimensionnées. Répondant au premier geste de Roland, Béatrix répondit avec un léger amusement.
Ils continuèrent de jouer, Béatrix étant bien consciente que ce qu’elle proposait allait bien à l’encontre de l’idée de Roland.
En prenant un pion à Roland, Béatrix compléta son rapport sommaire de ses activités récentes.
À force de bâtir sa mauvaise réputation de sans-masque, Béatrix ne pouvait pas camoufler sa visite, sauf si elle osait à nouveau emprunter l’apparence de Jenifaël, ce à quoi elle était très réticente. Moins elle utilisait son identité d’emprunt, plus elle était solide. Elle se rendit donc à Halamshiral en portant une tenue confortable et seulement son épée. Le trajet se faisant sans embûche, elle arriva en moins d’une journée de chevaucher au domaine d’emprunt de Roland. Elle se présenta et l’Ombre se présenta rapidement, portant son fidèle masque sur le nez. Il accueilli Béatrix de la manière la plus courtoise possible et cette dernière répliqua avec une révérence pleine de grâce et un sourire en coin amusé.
 | “ Ça fait plaisir de vous revoir, Votre Seigneurie. Je croyais que seulement les Chevaliers avaient une fierté sans bornes, vous vous êtes sûrement entraîné avec acharnement pour avoir une chance de me vaincre aujourd’hui. „ |
Le sujet se voulant difficile tomba des lèvres de l’hôte. Continuant à jouer le jeu pour ceux qui écoutaient la rencontre des deux nobles, Béatrix pencha la tête vers l’avant et soupira, sa voix prenant une teinte de tristesse.
 | “ Cela me va droit au coeur … Je pensais pouvoir enfin trouver une part de sérénité avec Florian, les conséquences de la haine de son frère me hantent toujours la nuit … „ |
Roland semblait satisfait de l’image jetée par l’échange, puisqu’il invita la Dame à l’intérieur. Béatrix s’installa en face de son partenaire le plus proche en admirant ses préparations. Le balcon, l’installation, les breuvages et la nourriture … Absolument rien n'était laissé au hasard, il était beaucoup plus consciencieux qu’elle.
| “ Je suis prête à jouer, ça fait longtemps que j’ai été soumise à un exercice de stratégie en temps réel et, ne t’inquiète pas, j’ai compris les nuances. Je suis surprise de toute cette mise en scène, je dois te l’admettre. „ |
À sa place, la Championne aurait préparé une salle digne d’un conseil de guerre avec une carte gigantesque sur une table toute aussi gigantesque, des jetons, des rapports et tout l’attirail nécessaire pour développer des stratégies surdimensionnées. Répondant au premier geste de Roland, Béatrix répondit avec un léger amusement.
 | “ Je ne sais pas si je dois nous féliciter ou si je dois être vraiment inquiète qu’on ait réussi à venir à bout de la patience de Célène. Cela relève d’un exploit que je croyais être inatteignable. Toutefois, je reste sur ma position. La meilleure méthode de gagner, c’est de faire tomber chaque pièce une à une pour libérer notre chemin vers le roi, en concentrant nos effectifs sur des prises bien précises, une évolution marquée et méthodique sur le champ de bataille. „ |
Ils continuèrent de jouer, Béatrix étant bien consciente que ce qu’elle proposait allait bien à l’encontre de l’idée de Roland.
| “ J’ai réussi à obtenir un rendez-vous avec les Mages d’Onterre et Célène continue sa pêche à l’est. J’ai quelques pistes sur les Elfes, sinon … On devrait parler de Castelnaud, de la personne que nous devons choisir pour diriger le Taureau des Mers et de ce qui s’est passé au Bascloître de Val-Royeaux. „ |
En prenant un pion à Roland, Béatrix compléta son rapport sommaire de ses activités récentes.
| “ Et grâce à un contact, nous entourons de mieux en mieux le Lac Célestine. Vous savez très bien où je veux en venir. „ |
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Bien, la "partie" avait commencer. Béatrix réaffirma sa position, et j’attendis qu’elle eût fini pour faire de même…
« Une fois de plus, nous sommes d’accord sur la forme… mais pas sur le fond. » Mon cavalier prend un pion. « Parfois attendre qu’un chemin se libère est inutile… parfois, tricher et faire du… ‘‘hors-piste’’, peut être particulièrement profitable… et après tous, nul champ de bataille ne pardonne moins que celui de la Cour… »
Ce n’était pas la première fois que je proposais de faire simplement assassiner Gaspard, et ça ne saura sans doute pas la dernière…
Bien sûr, il n’y avait aucun honneur à ça. Mais c’était le Grand-Duc qui avait fait naître cette rébellion… il me semblait logique qu’elle meure avec lui…
Pourquoi perdre mille vies quand une seule peut mettre fin à ce chaos ?
Tous en écoutant l’ordre du jour, et sans détourner le regard du plateau, je pris une des carafes de vin et servi deux coupes, puis en déposa une du coté de la Championne.
« Mages et elfes… cela ne va pas plaire à la noblesse et à la Chanterie… »
Dis-je alors avec un large sourire, que je cachai rapidement en portant à mes lèvres le vin… Je n’avais que faire de ces deux institutions en réalité… bien qu’officiellement je fasse partie d’une d’entre elle… cependant : le Baron de Douxfoyer n’était pas grand-chose, contrairement à l’Ombre de l’Impératrice, qui n’appartenait à aucun ordre, à aucun parti…
Cependant, en se montrant totalement pragmatique, il faudrait faire attention. L’alliance serait particulièrement profitable dans un premier temps… puis elle risquait d’être totalement indésirable… surtout celle avec les elfes, qui avait des chances de se retourner contre nous.
« J’imagine que vous avez des idées pour le capitaine du Taureau des Mers… Mais si vous me demandez mon avis, c’est qu’il y doit y avoir un problème… »
Après tous, je n’étais pas vraiment un noble social. Aucune personne dans ma connaissance n’avait les compétences ou la loyauté requise pour posséder un tel poste. Cependant, Béatrix avait bien plus de contact que moi : je la pense capable de trouver quelqu’un qui répond à tous les critères… alors me demander mon avis est… étrange…
« J’ai lu certains rapports sur ce qui c’était passer à Chastelnaud, je vous félicite de votre victoire sur Dame Evelyn… j’aurais adoré assister à ce duel… cependant j’aimerais entendre votre version des faits plutôt que celle de mes… contacts. »
J’écoutai tranquillement ce qu’elle racontait, je voulais être sûr que mes agents n’avaient oublié ou omis aucun détail…
« Eh bien, il est évidant, que vos pions ont entouré Velun… et je suis d’accord avec vous. Cette tache dans au milieu de notre territoire n’a plus de raison d’être… »
Une fois l’est sécurisé, nous pourrons nous lancer dans une attaque dans des territoires plus important… comme par exemple Verchiel…
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Comme Béatrix s’y attendait, Roland lui sert la même réponse lorsqu’elle lui présente le bourgeon de sa stratégie militaire. En soi, l’Ombre avait raison. Ce serait très efficace de simplement assassiner Gaspard. Ils avaient plein de choix avec la Maison du Repos ou les Corbeaux, mais quid de la légitimité de Célène ? Comment pouvait-il être sûr que les nobles ayant juré allégeance à Gaspard courberaient l’échine plutôt que de se révolter ? Comment pouvait-il être sûr qu’ils n’utiliseraient pas cette ruse orlésienne, certes, mais de bas étage de la part de leur protégée ? Gagner contre Gaspard ne suffisait pas, il fallait montrer à ses supporteurs que c’était une erreur de s’opposer à Célène et que la gloire triomphale de son règne était impossible d’ignorer ni d’arrêter. Passant quelques doigts dans ses longues mèches brunes, elle lâcha un soupir las.
- Roland, tu sais très bien que je suis réticente. Je suis d’accord pour dire que mon idée est beaucoup trop coûteuse en ressource et que tout peut arriver avant qu’on atteigne le bout de cette route, mais ce que tu proposes n’est pas suffisant. Et mon honneur m’en défend le plus possible … Mais si on ne trouve rien de mieux, je devrai m’y plier, j’imagine. L’honneur est un synonyme de mort dans cet Empire, c’est pour ça qu’il n’est qu’une couche dorée cachant l’orgueil de mes confrères de l’académie.
Enchaînant sur les idées jetées par le Bouclier, son acolyte et ami soupira avec un grand sourire ce que Béatrix s’était déjà dit en choisissant les axes sur lesquels elle devait travailler. Imitant le geste de l’homme, elle laissa l’alcool frais lui caresser le gosier tout en lui lâchant un regard pétillant.
À vrai dire, elle avait une idée là-dessus, mais rien d’assez consistant pour présenter à Roland ou Célène. Elle ne savait même pas si sa bergère dalatienne faisait vraiment partie de la rébellion. Soit son innocence était la preuve de son manque d’implication, soit c’était la preuve qu’elle était née du bon côté des Dorsales. Elle devait cependant se préparer à avoir une solution de rechange, avec Halamshiral et Val Royeaux, convaincre les elfes allait être plus compliqué qu’une joute verbale avec la Conseillère de l’Occulte. Roland posa ensuite ses suppositions pour l’identité du Capitaine de leur navire de guerre. Cherchant où commencer, les joues de Béatrix prirent une légère teinte rosée et elle détourna un regard triste.
C’était l’une des premières fois qu’elle osait parler de Yémir, souriant à elle-même en se souvenant comment elle avait failli égorger la Qunari lors de leur première rencontre. Distraite par ce doux souvenir, elle fit un coup maladroit et jura sous son souffle en voyant Roland en profiter. Néanmoins, elle baissa gracieusement ses épaules pour remercier son adversaire amical pour ses félicitations face à son duel. Ce combat lui avait fait du bien, elle n’avait pas testé sa lame ainsi depuis un moment et ça faisait du bien à sa confiance de voir qu’elle avait toujours la main sûre sur son fidèle bouclier.
Béatrix était sincère. Elle était si près de terminer la guerre interne de Castelnaud sans effusion de sang. Elle avait réussit à s’en sortir avec un duel et avait accepté la noble requête de Florian d’épargner la famille de son frère et elle s’en voulait d’avoir planté un couteau dans le dos de son allié, mais c’était soit ça, soit l’observer souffrir jusqu’à ce qu’il fasse une connerie ou qu’il ne se réveille pas de son sommeil. Elle portait le poids de ses décisions, mais les véritables fautifs restaient cette vipère et cet alchimiste. Ils se penchèrent ensuite sur Velun, mais était-ce vraiment utile de se pencher sur ce sujet sans pouvoir profiter des voies maritimes et sans être sûr qu’ils allaient exploiter la guerre ouverte ?
Repositionnant son fou, Béatrix planta son regard dans celui de Roland.
- Roland, tu sais très bien que je suis réticente. Je suis d’accord pour dire que mon idée est beaucoup trop coûteuse en ressource et que tout peut arriver avant qu’on atteigne le bout de cette route, mais ce que tu proposes n’est pas suffisant. Et mon honneur m’en défend le plus possible … Mais si on ne trouve rien de mieux, je devrai m’y plier, j’imagine. L’honneur est un synonyme de mort dans cet Empire, c’est pour ça qu’il n’est qu’une couche dorée cachant l’orgueil de mes confrères de l’académie.
Enchaînant sur les idées jetées par le Bouclier, son acolyte et ami soupira avec un grand sourire ce que Béatrix s’était déjà dit en choisissant les axes sur lesquels elle devait travailler. Imitant le geste de l’homme, elle laissa l’alcool frais lui caresser le gosier tout en lui lâchant un regard pétillant.
| “ La Chantrie est au plus bas. Sans Templiers, sans Mages et sans Divine, ils peuvent cracher un peu, peut-être assassiner un membre de la basse-noblesse, mais rien qui ne me force à détourner mon regard de mes objectifs actuels. Pour ce qui en est de la noblesse, j’admets négliger cette partie de l'échiquier. Disons que je me concentre sur tout le reste en faisant confiance à Célène pour les tenir en laisse. De toute façon, je comptais garder la rébellion elfique comme carte secrète, la pièce de résistance qu’on révèle au dernier moment … À supposer que je réussisse à les trouver. „ |
À vrai dire, elle avait une idée là-dessus, mais rien d’assez consistant pour présenter à Roland ou Célène. Elle ne savait même pas si sa bergère dalatienne faisait vraiment partie de la rébellion. Soit son innocence était la preuve de son manque d’implication, soit c’était la preuve qu’elle était née du bon côté des Dorsales. Elle devait cependant se préparer à avoir une solution de rechange, avec Halamshiral et Val Royeaux, convaincre les elfes allait être plus compliqué qu’une joute verbale avec la Conseillère de l’Occulte. Roland posa ensuite ses suppositions pour l’identité du Capitaine de leur navire de guerre. Cherchant où commencer, les joues de Béatrix prirent une légère teinte rosée et elle détourna un regard triste.
| “ J’ai eu une … Aventure, il y a un an. Avec … Une pirate. Elle m’avait parlée d’une amie de haute mer du nom de « Sang Noir ». Une personne inarrêtable, se donnant toujours corps et âme dans ce qu’elle faisait. Une as de la navigation et de la vie sur un pont. Les rumeurs disent qu’elle a traverser le pire et ce à plusieurs reprises. Je sais, je sais. Les pirates c’est pas bien. Mais c’est tout ce que j’ai. „ |
C’était l’une des premières fois qu’elle osait parler de Yémir, souriant à elle-même en se souvenant comment elle avait failli égorger la Qunari lors de leur première rencontre. Distraite par ce doux souvenir, elle fit un coup maladroit et jura sous son souffle en voyant Roland en profiter. Néanmoins, elle baissa gracieusement ses épaules pour remercier son adversaire amical pour ses félicitations face à son duel. Ce combat lui avait fait du bien, elle n’avait pas testé sa lame ainsi depuis un moment et ça faisait du bien à sa confiance de voir qu’elle avait toujours la main sûre sur son fidèle bouclier.
| “ Merci. Il n’y avait pas grand chose à voir malheureusement. Tu me connais, j’ai exploité la première faiblesse que j’ai vu, ça s’est terminé rapidement. Pour ce qui en est de Castelnaud … J’aurais aimé pouvoir sauver tout le monde. Mais l’alchimiste qui empoisonnait Florian depuis des lustres m’a confié dans la confidence qu’il était impossible à guérir. Vue sa situation et ce que j’ai observé chez mon fiancé, j’ai prit la décision que je jugeais la plus juste et la plus humaine. Son frère et sa vipère sont toujours en résidence hautement surveillée dans les campagnes les plus éloignées de l’ouest. „ |
Béatrix était sincère. Elle était si près de terminer la guerre interne de Castelnaud sans effusion de sang. Elle avait réussit à s’en sortir avec un duel et avait accepté la noble requête de Florian d’épargner la famille de son frère et elle s’en voulait d’avoir planté un couteau dans le dos de son allié, mais c’était soit ça, soit l’observer souffrir jusqu’à ce qu’il fasse une connerie ou qu’il ne se réveille pas de son sommeil. Elle portait le poids de ses décisions, mais les véritables fautifs restaient cette vipère et cet alchimiste. Ils se penchèrent ensuite sur Velun, mais était-ce vraiment utile de se pencher sur ce sujet sans pouvoir profiter des voies maritimes et sans être sûr qu’ils allaient exploiter la guerre ouverte ?
| “ Pour l’instant, on pourrait se mettre d’accord sur des mesures draconiennes qui n’impliquent pas l’assaut. Je pense à des blocus séparant Velun et Val Forêt du reste de l’Empire. Il faudrait être d’accord sur notre ligne principale d’action avant de prendre une décision sur ce sujet. „ |
Repositionnant son fou, Béatrix planta son regard dans celui de Roland.
| “ Et toi, tu as quoi comme informations ? Comme idées ? „ |
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Beatrix défendit sa position : nous devions agir avec honneur pour garantir la légitimité de l’Impératrice… bien sûr, je m’y attendais… et bien, j’attendrais… ce n’était pas moi qui risquait ma vie au cœur des combats après tous.
Après tous, bien que je ne l’avouerais jamais, c’était l’humanité et l’honneur de la Championne qui faisait d’elle une personne auquel j’avais toute confiance, ainsi qu’une parfaite rivale politique.
Il fallait de tous pour mener un empire : l’idéalisme, chose que je n’ai jamais vraiment eue, était une composante essentielle.
« Ne vous inquiétez pas de la noblesse… si c’est que l’Impératrice veut, elle l’aura. Ce n’est pas quelques noble qui devraient l’arrêter… »
Pour être honnête, cela se relevait complexe… Je n’aurais aucun mal à faire disparaître ou à faire taire les nobles. Cependant, un tel changement social ne saurait être bon pour l’Empire… Nous risquerions de rentrer dans une nouvelle rébellion de la part de la noblesse…
Je fus dérangé dans ma réflexion profonde par un mouvement de Beatrix.
Lorsque je demandais si la Championne avait des candidats en tête, je fus surpris de sa réaction. Elle semblait… embarrasser ? Cette réaction était rare dans les cours orlésiennes, et cela attisais ma curiosité. Cependant, je me retins d’en demander plus : ce n’était pas mes affaires, ni celle de l’Impératrice.
Alors qu’un faux mouvement, me donnera une faille à exploité. Je profitais de la situation, mais perdu légèrement mon sourire.
« Vous savez que vous parlez avec un homme qui traite avec bandit et assassin ? »
Dis-je avec un ton entre le sérieux et l’ironie. Bien sûr, jamais je ne me serais abaissé à parler directement avec pareille racaille, mais l’idée était là.
Lorsque finis son exposé, elle me demanda si j’avais des informations ou des idées à soumettre. Prenant une mine faussement embarrassée, je répondis.
« J’ai bien peur de ne rien n’avoir de n’avoir aucune information qui pourrait nous intéresser… hélas… »
Gaspard ne semblait pas vouloir bouger ses cartes… cet homme est d’un ennui… je préférais voir le Roi de Férelden sur notre trône plutôt que ce prétendu Grand-Duc Orlésien…
« Cependant, j’ai bien une idée… Vous avez entendu parler du conflit qui se prépare entre Kal Sharok et Orzammar ? »
Je n’attendis pas la réponse… la question était totalement rhétorique.
« Bien que je ne connaisse pas grand-chose aux arts de la guerre, je crois que l’acier des nains nous serait particulièrement utile. »
Après tous, c’était Beatrix qui menait les armées de l’Impératrice, pas moi. La guerre était quelque chose qui ne m’avait jamais passionné lorsqu’elle était hors des livres d’histoire…
« Néanmoins, soutenir l’une des forteresses ne finirait que d’une seule façon : Gaspard sera soutenu par l’autre, et les nains risqueraient de rentrer en guerre totale… »
Après tous, si beaucoup considéraient Orlaïs comme le pays des intrigues, c’était uniquement parce qu’ils ne cherchaient pas à comprendre la politique naine… cette dernière étant bien plus sanglante et avait tous autant de rebondissement que celle d’Orlaïs.
« Ainsi, un plan pour que nous puissions recevoir l’acier des nains, mais sans soutenir aucun des deux camps… » Je fis une pause dans ma phrase pour mettre à l’abris ma reine « Que pensez-vous d’un accord avec le Carta ? »
Je laissai un temps pour répondre à Beatrix. Après tous, nous étions censés discutés.
« Cependant, j’ai, bien sûr, une idée de comment notre chère Impératrice pourrait garder les mains propres dans cette affaire… »
Je laissais le rythme du parti l’emporter sur celui de la discussion, et fis ainsi une pause.
« Nous devrions créer notre propre organisation criminelle… Une sorte d'écran de fumé... Bien sûr, cette organisation disparaîtra avec la Guerre civile… sur ce point, vous pouvez compter sur moi pour ça… »
Après tous, la disparition d’un groupe d’assassin, de mercenaire et de contrebandier ne devrait pas être trop compliqué… et puis, qui les pleuras ?
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Cela fit du bien à Béatrix lorsque Roland lui assura que Célène s’occupait elle-même de la Noblesse, sous-entendant sûrement qu’il s’en occupait aussi. La Dame était tellement concentrée sur les manoeuvres guerrières et la diplomatie avec les nombreuses factions peuplant le sud de Thédas qu’elle ne pouvait pas garder un oeil clair sur ce qui se passait derrière elle, dans les bals et autres réceptions. Elle restait informée de son mieux et Célène y veillait, mais c’était loin d’être une priorité. En plus, le Baron la rassura en lui mentionnant qu’il traitait avec mercenaires et assassins. Le connaissant, il faisait sûrement tout cela de manière indirecte, contrairement à Béatrix qui n’avait pas du tout le temps ni les ressources pour gérer un réseau.
Une légère mine déçue traversa son visage lorsque le Maître-Espion annonça ses “déboires” de son côté. Ce n’était pas de sa faute, cela faisait partie du Jeu. Les informations n’apparaissaient pas magiquement et la Championne faisait totalement confiance en la méthodologie de son allié. Elle reprit rapidement un certain intérêt lorsqu’il se pencha sur la question des Nains qu’elle avait complètement oublié, malgré la missive de Tullia. Elle avait beau rien n’y connaître en politique naine, elle était au courant qu’elle était beaucoup plus complexe et sanglante que celle d’Orlaïs et que tout ça était un piège à ours géant. Roland proposa de s’allier l’acier nain sans supporter de camp, mais Béatrix voyait les choses autrement. Elle trouvait cette technique trop fragile et peu sûre.
éatrix se tut immédiatement à la proposition de Roland. Le Carta ? C’était de la folie ! Mais … C’était une suite très prometteuse de leur idée initiale … La brune n’avait pas les mots, c’était énormément risqué et, malgré l’assurance de Roland quant au manque d’implication de Célène, Béatrix restait réticente. Il en ajouta une couche en proposant leur propre réseau criminel. Comme quoi, chaque politique devait en financer un pour arriver à ses fins … La Duchesse aimerait tellement pouvoir éviter ce merdier. Appuyant l’offensive sur le jeu d’échec, elle sacrifiait stratégiquement chaque pion pour prendre les pièces importantes de son adversaire tout en protégeant de son mieux ses meilleures, la ruse de l’homme rendant ces échanges très serrés. Elle enfouit son visage dans ses mains pendant quelques secondes avant de relever le menton.
Elle soupira longuement. Elle ne voulait pas considérer Roland comme un sacrifice et elle ne voulait pas lui faire sentir qu’il était sacrifiable, mais s’il voulait jouer à ce jeu très dangereux, il fallait également s’assurer qu’il y ait des mesures de sécurité. Elle ferait pareil si elle se mettait dans une situation compromettante.
Une légère mine déçue traversa son visage lorsque le Maître-Espion annonça ses “déboires” de son côté. Ce n’était pas de sa faute, cela faisait partie du Jeu. Les informations n’apparaissaient pas magiquement et la Championne faisait totalement confiance en la méthodologie de son allié. Elle reprit rapidement un certain intérêt lorsqu’il se pencha sur la question des Nains qu’elle avait complètement oublié, malgré la missive de Tullia. Elle avait beau rien n’y connaître en politique naine, elle était au courant qu’elle était beaucoup plus complexe et sanglante que celle d’Orlaïs et que tout ça était un piège à ours géant. Roland proposa de s’allier l’acier nain sans supporter de camp, mais Béatrix voyait les choses autrement. Elle trouvait cette technique trop fragile et peu sûre.
| “ Ou nous supportons un camp dans l’autre ou on attend qu’il n’en reste plus qu’un. S’allier à une forteresse avec l’autre de détruite nous donne un avantage qui ne s’offrira pas à Gaspard. „ |
éatrix se tut immédiatement à la proposition de Roland. Le Carta ? C’était de la folie ! Mais … C’était une suite très prometteuse de leur idée initiale … La brune n’avait pas les mots, c’était énormément risqué et, malgré l’assurance de Roland quant au manque d’implication de Célène, Béatrix restait réticente. Il en ajouta une couche en proposant leur propre réseau criminel. Comme quoi, chaque politique devait en financer un pour arriver à ses fins … La Duchesse aimerait tellement pouvoir éviter ce merdier. Appuyant l’offensive sur le jeu d’échec, elle sacrifiait stratégiquement chaque pion pour prendre les pièces importantes de son adversaire tout en protégeant de son mieux ses meilleures, la ruse de l’homme rendant ces échanges très serrés. Elle enfouit son visage dans ses mains pendant quelques secondes avant de relever le menton.
| “ Je ne peux pas t’en empêcher, hein ? Il y a sûrement de nombreux avantages, mais je me dois de le mentionner … Et ça ne me fait pas plaisir du tout, mais … Il vaudrait mieux que ce genre d’organisation soit liée qu’à toi … Comme ça, si jamais Gaspard à la chance absurde de le découvrir, nous pouvons facilement contrôler les dégâts. „ |
Elle soupira longuement. Elle ne voulait pas considérer Roland comme un sacrifice et elle ne voulait pas lui faire sentir qu’il était sacrifiable, mais s’il voulait jouer à ce jeu très dangereux, il fallait également s’assurer qu’il y ait des mesures de sécurité. Elle ferait pareil si elle se mettait dans une situation compromettante.
| “ Et comment veux-tu utiliser un tel groupe de toute manière ? Quelle serait leur utilité ? Je suis désolée, mais je suis incapable de voir les bienfaits d’une telle stratégie, c’est hors de ma compréhension. Si tu peux me montrer que le jeu en vaut la chandelle, tu auras facilement ma bénédiction. „ |
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La présence d’esprit de Beatrix était admirable, cependant ses idées, bien que semblant bien plus sûr omettait quelques points de détails… les nains ne devaient pas rentrer en guerre, surtout pas entre eux.
« Pensez-vous que Gaspard attende bien gentiment qu’un camp l’emporte sur l’autre ? Bien sûr, mon plan comporte des risques, beaucoup de risques, cependant, il faut être pragmatique… Vous qui êtes si proche de la Garde, vous devez savoir qu’affaiblir les nains n’est pas, et ne sera jamais, une bonne idée si nous voulons continuer à vivre sans craindre l’engeance. »
Mon avis sur la Garde des Ombres était tranché : j’ai un immense respect pour ces gens. De plus, l’aspect apolitique de leurs organisations et leur envie de se sacrifier pour une cause réelle étaient l’une des raisons de pourquoi je n’avais jamais rien tenté pour les espionner. Hélas, les événements de l’Inébranlable ont montré que je me trompais. Néanmoins, je pense qu’ils ont compris leurs erreurs, de plus, ils attirent déjà trop les regards et tant qu’ils seront aussi exposés nous ne pourrons rien faire pour les espionner efficacement.
« Bien évidemment… Après Son approbation, l’organisation n’aura plus aucun lien avec Sa Majesté Impériale. Si Gaspard réussi à apprendre et à remonter aussi, ce ne sera pas de la malchance, uniquement de l’incompétence de ma part. Dans ce cas-là, je ne mériterais plus de servir l’Impératrice, je serais jugé pour mes crimes… rien de plus normal. »
En disant ça, je plaçais mon fou de telle sorte qu’il soit sacrifié. Je pensais ce que je disais. Après tous, lorsque j’ai accepté ce poste, je savais qu’un jour, si je ne mourrais pas avant ce serait l’Impératrice de prendre ma vie. Bien sûr, je n’étais pas pressé de mourir, mais bon… certaine chose sont inévitable, non ? et que valait la vie d’un Baron administrant le coin le plus paumé d’Orlaïs ?
« Si nous voulons gagner la paix, il nous faut les mains propres. Nous ne pouvons nous permettre qu’il y ait des soupçons sur notre camp, sinon j’ai bien peur que nous devions rendre des comptes à la fin de cette guerre. Mettre place un tel réseau peut nous permettre de nombreuses opportunités, la première étant de diriger la criminalité contre les fidèles du Grand-Duc. De plus, ils pourront agir là où l’honneur de vos confrères serait bloqué : attaque de convoi de ravitaillement civil, soutien aux mouvements elfes violant par contrebande d’arme, il pourrait même servir de bouc-émissaire… » Je fis une courte pause pour nous resservir en vin. « De plus, cela nous permettra peut-être de remplacer les troupes impériales qui ont rejoint les hommes libres de Dalatie. Pour ces malandrins, nulle idéologie, seulement des promesses de richesses et de plaisir éphémère. Et ça, nous somme facilement capable de leurs en donner… »
Préfère ne pas risquer de froisser la Duchesse, je décidais de laisser un peu tomber le masque pour faire preuve d’un peu plus de diplomatie.
« Je peux comprendre que vous ne voulez pas utiliser ce genre de méthode, moi-même, j’ai quelque réticence à mettre en place un tel plan. Et si vous pensez que cette idée est trop dangereuse et met en péril la légitimité de l’Impératrice, je me rangerai dans votre avis. Cependant, je crois réellement qu’une telle entreprise pourrait nous être profitable. »
