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La Nuit des Savoirs
La nuit venait à peine de tomber sur la capitale de l’Empire du Soleil. Alors que les petites gens d’Orlaïs allaient dormir après une journée de labeur, les plus aisée allait festoyer pour diverses raisons… C’était à une soirée spéciale et annuelle : Le Grand Partage Universelle.
Officiellement, des érudits et savant de tous Thédas étaient invités… en réalité, rare était les personnes présente qui n’avait pas fait leurs études à l’Université de Val Royeaux.
J’étais dans la calèche qui m’amenai à l’Université. Il avait plu, plus tôt dans la journée et l’air était humide.
Comme souvent, lorsque j’étais invité à une réception ou à un bal, je portais des vêtement simples et discrets (pour un noble orlésien, j’entends). Un lourd manteau de cuir noirci sur les épaules et ma tenue était parfait… un peu passé de mode mais parafait.
La calèche s’arrêta de devant la porte, et le temps que je mette mon masque, un serviteur elfe m’ouvrit la porte.
À l’entrée, il y avait plusieurs gardes. La sécurité avait été renforcée depuis l’année dernière… sans doute à cause de la guerre civile. Bien que la fête se voulait apolitique, rien ne garantissait que des insidieux personnages ne profite de l’événement pour régler des comptes.
Après avoir remis mon invitation au héraut, (chose obligatoire pour rentrer,) ce dernier dit m’introduisit dans la soirée d’une voix forte.
« Sa Seigneurie, le baron Roland de Douxfoyer ! »
Cela faisait 13 ans que je me rendais à cette soirée, on aurait pu croire que certaines personnes se serai habitué à ma présence… mais ce n’était pas le cas. Mis à part le Directeur et quelques-uns de mes anciens camarades d’Université (qui prenaient soin de m’éviter), personne ne me remarquait.
C’était quelque chose de plaisant… être-là, au milieu de tous… et pourtant invisible à tous...
Presque automatiquement, je me dirigeais vers l’endroit désert de la soirée : le balcon.
Les bancs de pierres mouillés avaient fait fuir les invités, de plus aucun serviteur n’amenait de hors-d’œuvre ou de coupe de vin jusqu’ici.
Vérifiant sporadiquement que j’étais seul, je posai mes coudes sur la rambarde. De là, je pouvais voir la Chanterie qui surplombait l’Université avec ses deux dômes de bronze…
Voir pareille image me rappela mes jeunes années au sein de cette institution…
Pendant quelques secondes, je tentais de me rappeler le nom que les étudiants donnaient à cette chanterie…
Tous en y réfléchissant, je sortis une petite flasque contenant de l’alcool féreldien d’une des poches intérieures de mon manteau.
Depuis que mon beau-père m’avait fait goûter à ce breuvage, le vin me semblait un peu trop doux… De plus, avoir son propre réseau de contrebande était quelque chose d’utile, surtout lorsque la guerre fait évoluer les prix des choses simples.
Je bus quelques gorgées puis m’accoudai à la rambarde. Le regard vide vers la réception… c’était sans doute la plus grande réunion annuelle de connaissance de tous Thédas mais…encore cette année, je m’ennuyais terriblement…
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La Nuit des Savoirs.
Dans la petite échoppe du tailleur, les murs étaient tendus d'un drapé hors de prix, et un mur entier recouvert d'immenses miroirs aux cadres dorés. L'homme qui faisait face à Servis, une petite moustache soignée au-dessus de ses lèvres charnues et un coussin planté d'épingles retenu par un ruban à son bras de chemise bouffante, exorbité ses yeux tel un dément en entendant sa réponse :
Avança le mage dans un demi-sourire, alors que le tailleur, un doigt sur sa bouche charnue, exécutait une ronde autour de lui, estimant les premières mesures, imaginant les premières solutions. Servis le laissa rôder, les yeux clos. Il repoussa par une simple inspiration profonde la naissance d'une nouvelle vague de stress. Une semaine. Il n'avait plus que sept jours pour s'apprêter, sept jours avant de se présenter à l'Université d'Orlais pour leur grande soirée annuelle. C'était sa première participation, et comment aurait-il pu en être autrement ? Il était Tévène. Il ressentait une énorme fierté à l'idée que sa renommée eut pu attirer l'attention des organisateurs. Certes, sa dernière expédition avait été couronnée de succès, et ses rapports et essais avaient étés envoyés dans tous Thédas. Mais il avait depuis faire profil bas. Son expédition à la Porte du Ponant devait rester secrète.
Si seulement l'invitation lui était parvenu plus tôt, Servis aurait pu s’épargner cette entrevue. Seulement la missive, qui avait été envoyée depuis Val Royeaux, avait voyagé jusqu'au cercle de Minrathie pour ne pas y trouver son destinataire. Elle avait alors été remise en de nombreuses mains avant de finalement être renvoyé en direction d'Orlais, pour finir dans une pile impressionnant de courrier sur le bureau de Servis dans le désert. S'il avait eu plus de temps, Servis aurait fait venir l'une de ses tenues depuis sa ville natale. Il en avait une qu'il appréciait tout particulièrement, et qui le mettait correctement, sobrement même, en valeur. Elle aurait été parfaite pour la soirée à l'Université. À la place, le mage n'avait plus d'autre choix que de s'en remettre au couturier Olésien. Ce dernier avait fini sa ronde, un sourire coquin se dessinait même sur ses lèvres.
“Quoi ? Mais une semaine ?„
“Je puis vous assurer qu'il s'agit bien là de mon meilleur délai. Vous comprenez, je voyage énormément, et l'invitation ne m'a trouvé qu'au courant de ces derniers jours.„
“Mais, une semaine ? Pour broder les dentelles, pour coudre les perles ? C'est tout bonnement impossible.„
“N'est-ce pas là un défi intéressant ?„
“Je puis vous assurer qu'il s'agit bien là de mon meilleur délai. Vous comprenez, je voyage énormément, et l'invitation ne m'a trouvé qu'au courant de ces derniers jours.„
“Mais, une semaine ? Pour broder les dentelles, pour coudre les perles ? C'est tout bonnement impossible.„
“N'est-ce pas là un défi intéressant ?„
Avança le mage dans un demi-sourire, alors que le tailleur, un doigt sur sa bouche charnue, exécutait une ronde autour de lui, estimant les premières mesures, imaginant les premières solutions. Servis le laissa rôder, les yeux clos. Il repoussa par une simple inspiration profonde la naissance d'une nouvelle vague de stress. Une semaine. Il n'avait plus que sept jours pour s'apprêter, sept jours avant de se présenter à l'Université d'Orlais pour leur grande soirée annuelle. C'était sa première participation, et comment aurait-il pu en être autrement ? Il était Tévène. Il ressentait une énorme fierté à l'idée que sa renommée eut pu attirer l'attention des organisateurs. Certes, sa dernière expédition avait été couronnée de succès, et ses rapports et essais avaient étés envoyés dans tous Thédas. Mais il avait depuis faire profil bas. Son expédition à la Porte du Ponant devait rester secrète.
Si seulement l'invitation lui était parvenu plus tôt, Servis aurait pu s’épargner cette entrevue. Seulement la missive, qui avait été envoyée depuis Val Royeaux, avait voyagé jusqu'au cercle de Minrathie pour ne pas y trouver son destinataire. Elle avait alors été remise en de nombreuses mains avant de finalement être renvoyé en direction d'Orlais, pour finir dans une pile impressionnant de courrier sur le bureau de Servis dans le désert. S'il avait eu plus de temps, Servis aurait fait venir l'une de ses tenues depuis sa ville natale. Il en avait une qu'il appréciait tout particulièrement, et qui le mettait correctement, sobrement même, en valeur. Elle aurait été parfaite pour la soirée à l'Université. À la place, le mage n'avait plus d'autre choix que de s'en remettre au couturier Olésien. Ce dernier avait fini sa ronde, un sourire coquin se dessinait même sur ses lèvres.
“Avec de telles épaules, j'imagine déjà quelle coupe vous habillera le mieux ! „
“À la bonne heure mon ami ! Mais évitons au maximum les perles, voulez-vous bien ?„
“À la bonne heure mon ami ! Mais évitons au maximum les perles, voulez-vous bien ?„
Sept jours plus tard, Servis fit arrêter le fiacre devant les marches de la célèbre Université d'Orlais et en descendit. Le couple avec lequel il avait été obligé de partager le véhicule se pencha par la fenêtre, le regardant s'avancer vers la façade avec curiosité. Servis marcha lentement, laissant le temps au véhicule de disparaître avant de se retourner, un léger sourire marquant ses lèvres. Il réajusta sa nouvelle tenue : un pantalon fuselé écru marqué de rayures taupe complété par une veste lourde en velours ocre. Le tailleur, malgré la courte échéance de la commande, avait tout de même trouvé le temps d'y broder un énorme dragon, on hommage disait-il à la culture de l'homme. Mais le dragon était de forme orlésienne, et ses écailles brillaient presque autant que ses yeux : deux grosses perles du diamètre d'un ongle. Crassius soupira en y passant ses doigts. Au moins avait-il échappé aux ornements les plus excentriques de la coupe orlésienne : manches bouffantes ou col fraise. Avec de tels ornements et avec sa haute taille, il se serait senti particulièrement ridicule. Même si sa veste l'identifiait immédiatement comme un citoyen de l'empire Tevintide, elle était au moins d'une coupe classique. Le mage avait complété sa tenue par ses bottes montantes d'expédition au cuir usé et griffé par le sable, et par de très nombreuses pièces d'ornements : bagues, chevalières, chaînes et bracelets.
Il monta les marches. De nombreux gardes étaient déjà visibles, et un héraut fortement fanfreluché posa sur lui un regard vide. Servis passa devant les gardes sans leur accorder un seul regard et tendit son invitation d'une main certaine avant de se glissa dans le hall. Il avait à peine fait un pas que son nom était déjà déclamé :
Les quelques âmes présentent dans le hall se retournèrent de surprise. Servis regretta soudainement de ne pas avoir fait l'acquisition d'un masque en sentant leurs nombreux regards et en entendant leurs murmures. Mais il se reprit vite : il ne devait pas avoir honte de son origine, même si son pays n'était que peu apprécié par-delà ses frontières. Il avait mérité sa place parmi eux : c'était son travail qui primait, non son lieu de naissance. *S'il y a des templiers en civile parmi nous ce soir, je peux être certain qu'ils ne me lâcheront plus d'une semelle !* Pensa Servis non sans une certaine bonne humeur. Il n'était pas fou : il s'était présenté à la soirée sans armes. Il ne s'était même pas muni d'une petite dague sacrificielle en cas de besoin, une simple fourchette à gâteau lui serait suffisante. Mais cette soirée était une soirée d'érudits, il n'avait aucun besoin de se sentir menacé. Le dos droit il avança, quittant le hall pour pénétrer dans un premier salon richement décoré. Il chercha à reconnaître les personnes présentes, mais les masques compliquaient tout.
Alors qu'il pénétrait dans le salon suivant tout en espérant tomber sur une conversation intéressante et non sur de simples ragots, Servis fut abordé par un serviteur ployant sous le poids d'un large plateau. Il se saisit d'un verre de vin et remercia l'employé d'un simple signe de tête. Lassé de ses recherches pour le moment infructueuses, Servis s'adossa seul à un pan de mur jouxtant un balcon. Il s'agrippa à son verre, ses nombreuses bagues tintant contre le cristal et ferma les yeux, sentant l'air frais et humide provenant de l'extérieur. Autour de lui, les conversations avaient repris. L'empire en était malheureusement le principal centre d'intérêt, ainsi que la magie du sang. *Il ne reste plus qu'à espérer la venue d'un chercheur Fereldien. Si l'un d'entre eux venait à être annoncé, je serais immédiatement oublié !*
Il monta les marches. De nombreux gardes étaient déjà visibles, et un héraut fortement fanfreluché posa sur lui un regard vide. Servis passa devant les gardes sans leur accorder un seul regard et tendit son invitation d'une main certaine avant de se glissa dans le hall. Il avait à peine fait un pas que son nom était déjà déclamé :
“Crassius Servis, du cercle des mages de Minrathie !„
Les quelques âmes présentent dans le hall se retournèrent de surprise. Servis regretta soudainement de ne pas avoir fait l'acquisition d'un masque en sentant leurs nombreux regards et en entendant leurs murmures. Mais il se reprit vite : il ne devait pas avoir honte de son origine, même si son pays n'était que peu apprécié par-delà ses frontières. Il avait mérité sa place parmi eux : c'était son travail qui primait, non son lieu de naissance. *S'il y a des templiers en civile parmi nous ce soir, je peux être certain qu'ils ne me lâcheront plus d'une semelle !* Pensa Servis non sans une certaine bonne humeur. Il n'était pas fou : il s'était présenté à la soirée sans armes. Il ne s'était même pas muni d'une petite dague sacrificielle en cas de besoin, une simple fourchette à gâteau lui serait suffisante. Mais cette soirée était une soirée d'érudits, il n'avait aucun besoin de se sentir menacé. Le dos droit il avança, quittant le hall pour pénétrer dans un premier salon richement décoré. Il chercha à reconnaître les personnes présentes, mais les masques compliquaient tout.
Alors qu'il pénétrait dans le salon suivant tout en espérant tomber sur une conversation intéressante et non sur de simples ragots, Servis fut abordé par un serviteur ployant sous le poids d'un large plateau. Il se saisit d'un verre de vin et remercia l'employé d'un simple signe de tête. Lassé de ses recherches pour le moment infructueuses, Servis s'adossa seul à un pan de mur jouxtant un balcon. Il s'agrippa à son verre, ses nombreuses bagues tintant contre le cristal et ferma les yeux, sentant l'air frais et humide provenant de l'extérieur. Autour de lui, les conversations avaient repris. L'empire en était malheureusement le principal centre d'intérêt, ainsi que la magie du sang. *Il ne reste plus qu'à espérer la venue d'un chercheur Fereldien. Si l'un d'entre eux venait à être annoncé, je serais immédiatement oublié !*
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La Nuit des Savoirs
Alors que je restais dans mes pensées, j’entendis une annonce qui en surprit beaucoup, moi y compris. Un tévintide était rentrer dans la salle. Y allait-il enfin y avoir de l’animation ? Une certaine curiosité me poussa à tenter d’écouter des brides de conversations à son propos… cependant, je me fis rapidement à l’évidence : je ne pourrais rien n’entendre depuis le balcon…
Je vidais de quelques traites le contenu de la flasque et la rangeais précieusement dans la poche intérieure de mon manteau.
Une fois, cet acte accomplis, je me dirigeais vers la réception… pour tomber comme par hasard sur l’intrigant personnage… intriguant personnage qui était Tévintide jusqu’à la cape, apparemment... il savait se faire remarquer…
En même temps, vu la taille de l’individu… déjà que je suis considéré par beaucoup comme de petite taille, à coté de cet homme-là, j’avais vraiment l’impression d’être un nain...
J’ouvris le dialogue sans même vérifier qu’il m’écoutait…
« Rare sont les mages invités… et c’est encore plus rare que les mages soit des tévintides… »
En réalité, si ce n’était pas le premier mage à venir à la soirée annuelle, il s’agissait sans nul doute au premier tévintides à s’être présenté à une telle soirée depuis près de 20 ans…
L’Académie avait toujours perçu, sans jamais l’avouer, les Cercles comme des rivaux dans l’assemblage de connaissance… ainsi, il était plutôt rare qu’elle invite délibérément un mage… un tévinter qui plus est… Je me demande si le Directeur a pris du courage avec l’âge, ou s’il a juste perdu l’esprit…
Cependant, j'oubliais tous de suite l'idée d'utilisé cette étrange irrégularité contre le Directeur, nous n’étions pas dans une soirée d’érudit, pas en plein Noble Jeu… officiellement en tout cas.
Je tendis la main dans sa direction.
« Vous devez être Ser Crassius… Enchanté, mon nom est Roland. »
Inutile de me présenter outre mesure… nous ne nous reverrons, sans doute, jamais…
Sans discrétion aucune et sans scrupule, je le jaugeais du regard : sa tenue, bien que reflétant ses origines nordiques, était clairement orlésienne. Ainsi, le mage était en Orlaïs avant de recevoir l’invitation… J’abandonnais immédiatement la piste d’un soutien interne à Orlaïs en voyant les botes : aucun orlésien digne de faire ce genre de tenue n’aurait pas créé une paire de chaussures en accord… chaussures qui était vraiment sale d’ailleurs. J’en conclus que le tévintide est un homme de terrain, pas un rat de bibliothèque : un aventurier-érudit ou un archéologue sans doute…
« Sans vouloir vous paraître indiscrets : quel est votre domaine de prédilection, mon cher ? »
Non, pas que cela m’intéressait vraiment… mais bon, il s’agissait sans doute de la seule personne de la soirée dont je n’avais pas encore lu au moins une étude… et puis, toute information était bonne à prendre…
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La Nuit des Savoirs.
Servis avait eu le temps d'avaler la moitié de son vin et de lorgner sur deux plateaux de petits fours avant de se faire finalement aborder. Mais cette mesure temporelle n'avait que peu de valeur tant Servis était un buveur aguerri et entraîné. L'homme qui l'approcha apparut depuis balcon. Il était de relative petite taille et portait un manteau sombre fait de cuir. Le masque que portait cet homme était des plus remarquables. Un brasier, dont les flammes ondulaient doucement. Un travail délicat, bien que son sujet paraisse décalé. Servis se décolla respectueusement du mur, se redressant malgré lui de toute sa hauteur.
Plaisanta le mage, sans s'offusquer le moins du monde de l'injustice flagrante d'une telle situation. Pourtant, il lui semblait reconnaître dans l'air l'énergie vibrante de l’immatériel : il ne devait certainement pas être le seul mage présent dans la pièce. Tévintide en revanche, il ne pouvait que le croire.
Servis posa son verre sur le rebord de la fenêtre donnant sur le balcon, et serra avec entrain la main tendue par l'homme, Roland donc. L'emploi, si rapidement, de leurs prénoms respectifs le fit tiquer un instant : généralement un érudit était connu sous son nom complet, ou tout du moins sous son patronyme. Que cet homme choisisse de se présenter de la sorte rajoutait au mystère entretenu par son masque. À quoi pouvait bien servir une telle précaution ? Servis ne pouvait que parier sur l'origine culturelle de cette manœuvre. Au sein de l'Empire Tévintides, les masques étaient surtout métaphoriques. Il n'était pas rare pour une seule personne de cumuler plusieurs rôles dans les intrigues d'ordre politiques, ou tout simplement sociales. Servis en était en cela un bien bon exemple. Quant aux coutumes Orlésiennes, Servis devait s'admettre relativement inculte. La politique ne l'avait jamais intéressée dans son propre pays, alors les coutumes s'y raccrochant dans les autres l'avaient toujours laissé de marbre. Il avait tout juste appris l'essentiel des pratiques mondiales, pour ne pas risquer d'impaires pouvant lui coûter la vie lorsqu'il se trouvait sur le terrain de ses fouilles.
Le mage se laissa docilement détailler par Roland. Il n'avait rien à cacher, rien à regretter non plus. Il profita en revanche de ce court instant pour balayer de nouveau la petite pièce du regard. Ce Roland ne semblait pas alimenter les conversations. Servis sourit en apercevant une femme au loin détournée brusquement le regard pour s'enfoncer de plus belle dans une conversation monotone. Il récupéra son verre et en absorber une nouvelle gorgée réconfortante.
La question que lui posa ensuite Roland raviva son intérêt. Parler de son champ d'expertise était en réalité une porte ouverte à la découverte de celui de son interlocuteur. Et c'était précisément pour cette raison que Servis avait accepté cette invitation, pour se vautrer allègrement dans divers nouvelles découvertes stimulantes. Ou à défaut, se vautrer dans le vin et dans les femmes. Gérer les aspects matériels des fouilles venatori dans le désert avait ses bons côtés, mais à l'usure ce n'était pas une activité suffisamment stimulante pour le mage, qui finissait par tourner un rond.
Servis se stoppa net. Il ne voulait pas donner l'impression de se vanter. Pourtant il se devait de parler de son travail de manière factuelle. Si Roland et lui partageaient par miracle la même branche d'érudition, ils pourraient échanger plus en profondeur, en instaurant un véritable dialogue. Mais avant, Servis devait encore poser une question :
Demanda-t-il, un honnête sourire aux lèvres tout en absorbant sa dernière gorgée de vin.
“Qu'une invitation soit parvenue jusqu'à moi malgré ces deux tares impardonnables est d'autant plus miraculeux !„
Plaisanta le mage, sans s'offusquer le moins du monde de l'injustice flagrante d'une telle situation. Pourtant, il lui semblait reconnaître dans l'air l'énergie vibrante de l’immatériel : il ne devait certainement pas être le seul mage présent dans la pièce. Tévintide en revanche, il ne pouvait que le croire.
Servis posa son verre sur le rebord de la fenêtre donnant sur le balcon, et serra avec entrain la main tendue par l'homme, Roland donc. L'emploi, si rapidement, de leurs prénoms respectifs le fit tiquer un instant : généralement un érudit était connu sous son nom complet, ou tout du moins sous son patronyme. Que cet homme choisisse de se présenter de la sorte rajoutait au mystère entretenu par son masque. À quoi pouvait bien servir une telle précaution ? Servis ne pouvait que parier sur l'origine culturelle de cette manœuvre. Au sein de l'Empire Tévintides, les masques étaient surtout métaphoriques. Il n'était pas rare pour une seule personne de cumuler plusieurs rôles dans les intrigues d'ordre politiques, ou tout simplement sociales. Servis en était en cela un bien bon exemple. Quant aux coutumes Orlésiennes, Servis devait s'admettre relativement inculte. La politique ne l'avait jamais intéressée dans son propre pays, alors les coutumes s'y raccrochant dans les autres l'avaient toujours laissé de marbre. Il avait tout juste appris l'essentiel des pratiques mondiales, pour ne pas risquer d'impaires pouvant lui coûter la vie lorsqu'il se trouvait sur le terrain de ses fouilles.
Le mage se laissa docilement détailler par Roland. Il n'avait rien à cacher, rien à regretter non plus. Il profita en revanche de ce court instant pour balayer de nouveau la petite pièce du regard. Ce Roland ne semblait pas alimenter les conversations. Servis sourit en apercevant une femme au loin détournée brusquement le regard pour s'enfoncer de plus belle dans une conversation monotone. Il récupéra son verre et en absorber une nouvelle gorgée réconfortante.
La question que lui posa ensuite Roland raviva son intérêt. Parler de son champ d'expertise était en réalité une porte ouverte à la découverte de celui de son interlocuteur. Et c'était précisément pour cette raison que Servis avait accepté cette invitation, pour se vautrer allègrement dans divers nouvelles découvertes stimulantes. Ou à défaut, se vautrer dans le vin et dans les femmes. Gérer les aspects matériels des fouilles venatori dans le désert avait ses bons côtés, mais à l'usure ce n'était pas une activité suffisamment stimulante pour le mage, qui finissait par tourner un rond.
“Je suis un passionné d'histoire. J'ai la chance d'être envoyé dans de nombreux pays pour y conduire des fouilles d'ordre archéologiques. Même si évidemment la plupart d'entre elles sont tournées vers les traces laissées par notre ancien Empire, il m'est arrivé d'avoir à me pencher sur les ruines de nombreuses autres civilisations. Je crois que mon papier le plus apprécié ici, et qui me vaut d'ailleurs cette invitation inespérée, est mon travail concernant les vestiges d'un temple elfique à l'architecture anormale.„
Servis se stoppa net. Il ne voulait pas donner l'impression de se vanter. Pourtant il se devait de parler de son travail de manière factuelle. Si Roland et lui partageaient par miracle la même branche d'érudition, ils pourraient échanger plus en profondeur, en instaurant un véritable dialogue. Mais avant, Servis devait encore poser une question :
“Et vous ? Quel domaine de recherche vous tient éveillé la nuit ?„
Demanda-t-il, un honnête sourire aux lèvres tout en absorbant sa dernière gorgée de vin.