[Flashback] Ceux qui cherchent sous la surface le font à leurs risques et périls. [PvAesthia]

Des flammes, le mana qui grésille dans l'air, le ronchonnement incessant du professeur... Assise sur mon petit tabouret comme les autres, j'attendais mon sort. Jambe croisée et bâton en main, je regardais de mes yeux froids les différents élèves passer sur l'estrade de marbre. Plusieurs fois je soupirais, autant d'ennuis que de déception. Je n'avais pas envie d'être ici, et si ce n'était pour ces ridicules affrontements obligatoires organisés par ce mage, je pourrais être tranquillement plongée dans ma dernière petite trouvaille. Un livre superbe sur l'utilisation à travers le voile du mana et de la perception des esprits. Ma dernière petite lubie du moment, quand je pouvais pendant la nuit m'éclipser avec des gâteaux et une bougie de feu voilé pour lire à mon aise, pendant mes nuits d'insomnie.

Un nouvel élève fut expulsé en dehors de la lice, sous le courroux de notre bourreau. Quelle perte de temps. Je n'étais pas contre la compétition, mais se mesurer ainsi aux autres était pour moi... dégradant. Nous avions d'autres choses à faire, tant à apprendre ! Mais à Tévinter, la loi du plus fort existe également et il faut toujours savoir se défendre. Ou attaquer. Je détournais le regard de la nouvelle scène, un élève en tenue pimpante se tenant devant un alumni qui avait l'air plus posé et plus expérimenté. D'un coup mes ongles me fascinèrent, et ma voisine ne sembla pas le manquer de le remarquer. Ylène était une élève brillante et malicieuse, même si elle avait à mon goût un peu trop de joie à semer la zizanie sans raison. Que d'énergie gaspillée. Mais elle était d'une famille d'Altus respectée et savait se montrer plaisante lors de conversations scolaire. Très portée sur les ragôts également. De sa petite voix malicieuse elle s'adresse à moi dans un chuchotement, cachant difficilement son engouement quelque peu malsain.

" Aesthia, tu penses que tu vas être contre qui cette fois ?"

Elle était passée bien avant, parmi les premiers en fait. Elle était plutôt douée pour le combat, bien qu'un peu trop sadique et fanfaronne dans le genre. Elle avait défait un élève arrivé il n'y a pas si longtemps que cela dans le Cercle, le pauvre. Ylène était une mage de l'école Spirituelle redoutable, même moi je n'aimerais pas l'affronter. Je regardais de nouveau autour, fixant les deux élèves restant qui devaient combattre au prochain tour, comme moi.

" Je ne sais pas... Mais je m'en fiche... "

Un ton las et détaché, voir légèrement exaspéré. Les deux autres élèves, je les connaissais un peu, mais plus de loin et entre des couloirs. Il n'y en avait qu'un pour qui je connaissais ses capacités, car il trainait trop avec l'élève le plus exaspérant et frivole que tout Tévinter avait sans doute put voir. Il n'était pas aussi bruyant et encombrant que ce Dorian Pavus, mais il n'était pas moins un élément dont il fallait se méfier. Servis Crassius, ce jeune mage était dans l'ombre et restait discret, mais à plusieurs reprise je l'avais entendu parlé avec éloquence et un léger sarcasme. Je l'avais vu combattre aussi une fois sur cette estrade, magie de feu je crois, mais je n'avais pas beaucoup prêté attention à son style de combat. Je n'étais pas intéressée. Cela ne voulait pas dire que je désirais perdre, loin de là. Je mènerais le combat comme d'habitude. Avec la tête froide, de façon expéditive mais efficace. La foudre pardonnait rarement et se montrait des plus radicale. Délicate à manipuler, il fallait beaucoup se concentrer. Mais tellement gratifiante. Je posais mon regard de nouveau sur l'estrade, attirée par tout le barrouf d'insultes des derniers participants et de l'exaspération évidente de notre professeur.

" Vraiment on peut rien faire de vous... Allez descendez ! Bon, il reste qui... Toi là, et toi ! Allez on se dépêche ! "

Il m'avait pointé du doigt, ainsi que ce fameux Servis. Parfait, en avant le musique. Toujours aussi froide et sereine, je me levais calmement et posais un regard glacial sur le professeur qui nous foudroyait du regard, comme si nous n'allions pas assez vite. Digne et tranquille, je montais sur l'estrade, tenant en main mon bâton de bois et de Verre de Serault. C'était un bâton à la facture simple et élégante, faite pour l'efficacité et la maniabilité. Parfait pour la magie élémentaire de l'électricité. Mes habits étaient également de ce même genre de facture. Simples mais élégants, les tissus et cuirs étaient de couleurs sobres et foncées, mais de belles factures. Peu de fioritures, confortables et facile pour se déplacer, la simple fantaisie résidant en une broche de Véridium incrustée dans le cuir noir, représentant le blason des Amladaris. Mes parents avaient insisté pour que, à défaut de pouvoir parader avec bruit comme certains pour me faire de la place, que j'affiche au moins d'une certaine manière mon appartenance à la famille. Je me dressais donc devant Servis, tenant mon bâton en main. Je le dévisageais froidement, sans aucun sourire ni aucune animosité. Presque lasse en fait d'être ici. Une apparente distance et un côté hautain qui me plaisait d'afficher pour qu'on me fiche la paix, et ce combat n'allait pas être une exception. Mais à tout duel il faut savoir se montrer courtois, et j'accordais à mon adversaire du moment la grâce de me rappeler de son nom et de le prononcer dans un salut.

" Mh.... Servis Crassius.... "

J'inclinais légèrement la tête pour le saluer, ce qui était déjà bien. Mais mon regard était rivés sur mon adversaire, le fixant non pas comme un ennemi à abattre ou à humilier, mais comme une équation à résoudre, une énigme à surmonter. Froide et plein de calcul, j'étais focalisée sur ma tâche et me concentrais déjà pour manier ma magie de foudre. Le calme était la clé, la réactivité le moyen, la concentration mon but. mon bâton commençait à légèrement grésiller, prêt à agir pour moi. Mais je n'allais pas lui faire l'honneur de commencer. J'avais bien trop la flemme.

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Crassius se leva sans délais. Il fit rouler ses épaules pour se les délier et craqua ses doigts. Puis il se pencha pour récupérer son bâton au sol. C'était un bâton lourd en pyrophyte, dont la robuste poignée scripturale formait la seule coquetterie. Aucune lame ne le terminait, mais une sorte de pointe arrondie en verre teinté de bleue faisait écho au sommet au cristal de la même teinte, ornée maintenue par quatre griffes. C'était sommes toutes un bâton assez sobre, mais résolument massif. Maintenant qu'il était debout et qu'il se dirigeait vers l'estrade, Crassius croisa Ulio. Ce dernier, le front légèrement en sueur, attrapa un moment sa taille et lui glissa discrètement  avant de rejoindre sa place :

Crassius opina, puis allongea ses pas de manière à ne pas faire attendre plus longtemps le professeur qui s'impatientait. Il grimpa sans aucune difficulté sur l'estrade, en gardant le dos droit, et y fit face à Aesthia Amladaris. Un figea un instant, mais un instant seulement. Puis il souffla en direction de son front de manière à dégager l'une de ses lourdes boucles de cheveux noirs qui lui tombaient devant les yeux. Il exécuta ensuite le salut réglementaire en remarquant que la jeune femme, de deux ans son aînée, ne semblait pas décidée à ciller en sa présence : elle ne le lâchait pas des yeux. Pourtant, Crassius ne pouvait s'y méprendre, ce n'était point là le symptôme d'une quelconque attirance, non, mais plutôt une sorte de provocation silencieuse. Avec flegme, Crassius ne releva pas. Elle le salua par son nom complet. Au moins se souvenait-elle de lui, ce qui n'avait pas été le cas lors de leurs dernières rencontres fortuites dans les couloirs sinueux du cercle.

Sur ces paroles, il se mit en position, faisant adroitement basculer son lourd bâton vers l'avant. Il sourit à son adversaire, mais vu qu'elle était déjà concentrée sur la suite. l'énergie de sa magie emplissait déjà l'estrade. Crassius se concentra à son tour. Sa taille pouvait toujours se révéler être un atout pour ce type de combat, mais malheureusement ce qu'elle lui permettait de gagner en allonge, elle le lui faisait perdre en rapidité. Au contraire, Aesthia était plutôt menue... Et semblait attendre quelque chose. Ainsi donc il allait devoir être le premier à engager le combat. Ce n'était pas la position la plus facile.

Il jeta un rapide coup d’œil en direction du professeur pour s'assurer qu'il pouvait lancer les hostilités, puis il se concentra. Il sentit l'énergie se matérialiser autour de lui, et sa magie bouillir dans ses veines. Alors il voulut invoquer un éclair de feu, il le chargea même dans son bâton, qui en devint brûlant. Mais au moment d'initier son mouvement, ses doigts ripèrent [Dé du destin : échec]. Déstabilisé, il en finit néanmoins son mouvement. Mais aucun sort ne se lança. Aucun éclair de feu ne fila sur Aesthia... Crassius entendit brusquement les murmures de la foule. Ils n'étaient pas à son avantage.

Je lui avais laissé le temps de faire la première offensive, et alors qu’il se mettait en position et se préparait à lancer son sort, j’attendais de mon côté pour me défendre. L’air crépitait autour de moi, alors que j’assurais la connexion avec l’Immatériel. La magie de foudre était assez capricieuse et demandait autant de tact que de mesure dans son lien avec l’Immatériel. Pas assez il ne se passait rien, et trop le sort pouvait se retourner contre nous et nous foudroyer. La patience et la concentration étaient de mises, chose d’autant plus difficile lors d’un duel, lorsqu’il faut réagir vite et ne pas laisser ses pensés divaguer. Concentrée et mon regard froid rivé sur lui, j’attestais comme les autres de son échec pour lancer le sort. Parfait, je peux reprendre l’avantage. Je ne souriais même pas devant son sort raté, bien trop concentrée à pouvoir passer à mon tour à l’offensive. Je fronçais de sourcils, puisant dans toute ma concentration pour ne pas perdre le délicat équilibre du lien avec l’Immatériel.

(jet du destin : échec)

Je voulais lancer un simple sort de jet de foudre, mais je sentais le lien plus capricieux que d’habitude. J’avais plus de mal à maintenir le lien, sentant une légère résistance. Je basculais mon bâton, le faisant tournoyer avec élégance alors que son embout se chargeait dans des crépitements violets en électricité. J’allais abattre mon bâton au sort pour finaliser et lancer mon sort quand un cri fort et enjoué s’éleva de la foule d’élève, non loin de moi.

" Vas y, démonte le !!!"

C’était mon amie qui venait de faire part de son enthousiasme un peu trop grand. Son cri m’avait décontenancé un bref instant dans ma concentration, et je sentis le lien se briser avec l’Immatériel. La base de mon bâton frappa l’estrade de marbre dans un écho qui sonnait étrangement vide, alors que les crépitements d’électricité disparaissaient et que rien ne se passait. Je jetais un rapide coup d’œil à cette idiote, la foudroyant du regard. Si j’avais pu, je lui aurais envoyé un jet de foudre en pleine face. Maintenant, nous étions deux idiots sur l’estrade, sous le regard dépité de notre professeur.

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Le combat commençait au plus mal. Il n'avait pas réussi à lancer son premier sort. Mais Crassius, jeune et encore fougueux, se savait fonctionner à l'adrénaline. Ce faux départ allait au final lui permettre de frapper plus fort, s'il parvenait bien sur à parer le coup de son adversaire. Aesthia était une mage de foudre, et en conséquence Servis prit le parti de former immédiatement un sort de barrière pour évacuer en grande partie les éclairs qu'elle risquait de lui envoyer. Il était prêt, fortement lié à l'immatériel cette fois-ci, il n'attendait plus que le moment optimal pour se protéger.

Mais lorsque le bâton de son adversaire frappa le sol, il ne se produisit rien. Rien de plus qu'un gros "boum" contre le marbre. Il n'y eut pas la moindre étincelle, si ce n'était celle dans les yeux de leur professeur. Une étincelle de dégoût. Elle avait raté ? Elle aussi ? Se pouvait-il que l'immatériel, à force d'être sollicité dans cette pièce, en soit devenu capricieux ? En réalisant sa chance, Servis se mis à rire. Pas par méchanceté, non, mais de soulagement.

Avait hurlé Ulio depuis son siège, comme si Aesthia avait été à genoux. Néanmoins, ainsi rappelé à l'ordre, Crassius se concentra. Il utilisa le lien qu'il avait maintenu avec l'immatériel pour faire claquer sans plus attendre son sort.
Le bout de ses doigts gela lorsqu'il fit naître une belle boule de feu de son bâton (déstin : réussite). Il la projeta avec force vers son adversaire. *J'aurais pu mieux faire.* Pensa à regrets le mage soudainement devenu perfectionniste pendant que la boule traçait tout droit. Il avait en effet lancé un sortilège assez rustique, mais qui pouvait suffire si elle ne parvenait pas à s'en protéger.

Le fiasco commun avait fait rire Servis, et il était maintenant suivis par les encouragement d'un autre de ses camarades. Comme si on avait besoin de ça. Piquée au vif, plus par les cris de l'assistance que par le rire de Servis, je me liais de nouveau à l'Immatériel pour préparer ma défense. Mon adversaire n'avait pas attendu que je relance mon sort pour m'en envoyer un second, et je me retrouvais avec une boule de feu envoyée vers moi. Sachant que je n'aurais pas le temps de finir de me lier à l'Immatériel, et surtout par réflexe, j'évitais la boule de feu en roulant sur l'estrade, me relevant aussitôt. la boule de feu rasa quelques têtes et alla s'éclater contre un mur déjà noirci par de nombreux sorts ayant râté leur cible.

Là, relevée à nouveau, j'enchainais sous les crépitements de mon bâton pour attaquer à mon tour. Peut être que le mouvement et le fait d'avoir évité la boule de feu m'avait été bénéfique, mais je me retrouvais à présent plus liée à l'Immatériel, et bien plus à l'aise avec mon élément. Là, utilisant le bâton, je lui envoyais une boule de foudre, espérant qu'elle touche sa cible.

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