Le deal à ne pas rater :
Cdiscount : -30€ dès 300€ d’achat sur une sélection Apple
Voir le deal

Page 1 sur 3 1, 2, 3  Suivant

Jeu 7 Nov 2019 - 15:18

Anonymous
Invité

Invité


How I wooed your father by accident  



En voulant amortir le choc qu'il voyait arriver, Lathbora rata sa réception. Son épaule frappa le sol de plein fouet, suivit de sa tête, puis il roula misérablement sur le côté. Il finit sur les dos, et ses yeux rougis par la fatigue fixèrent un instant le ciel. Il avait beau être entraîné, il n'y voyait rien dans cette purée de poix. La nuit était noire, sans lune. Il se força à prendre une grande inspiration. Malgré la douleur. Il sentit sa cheville palpiter. Celle-là même qui s'était dérobée sous son poids alors qu'il avait tenté de se réceptionner en douceur, après qu'il se soit jeté du haut d'un arbre pour passer au-dessus d'un large trou. Mentalement, il tenta d'isoler sa souffrance, de la museler. Mais le dalatien s'était déjà suffisamment blessé, au cours de ses trente années de vie, pour savoir ce que ce genre de douleur trahissait : il s'était certainement foulé la cheville. Pourtant, ni cette blessure ni la fatigue, ni même l'obscurité impénétrable ne pouvait justifier qu'il s'arrête maintenant. Pas alors qu'il touchait au but.

Pas maintenant, plus tard.

Confirma Lathbora à voix haute, brisant momentanément le silence qui l'entourait. Et pourtant, malgré sa propre détermination, l'elfe ne parvint pas à se relever. Il ne parvint pas à empêcher ses paupières de se refermer sur ses pupilles brillantes dans la pénombre. Il s’endormit, et son sommeil fut secoué de cauchemars. Il entendit la voix d'Argonia. Elle lui disait :

Lathbora, je ne savais pas. Je ne suis pas comme ça. Mais ce qui m'horrifie le plus, c'est que depuis le début je t'envoie des petits cadeaux. S'il te plait, ne me hais pas.

Lorsqu'il se réveilla, le jour ne s'était pas encore levé. On pouvait deviner certaines formes au milieu du brouillard grisâtre qui recouvrait tout. Lathbora roula et se remit en chemin, ignorant la douleur qui le tiraillait à chaque pas. Il tira de cette douleur la force de continuer selon son plan.

Il s'était mis en tête de retrouver Argonia dès la réception de sa première lettre. Comme s'il avait pressenti que quelque chose n'allait pas. Sa propre culpabilité lui avait serré la gorge au moment de se mettre en route. * Je vais en parler plus longuement avec l'archiviste, de ce que tu me dis cela a l'air important. * Il avait tiré partit de son ignorance, et ce depuis leur première rencontre. Il lui avait menti, avait profité d'elle pour obtenir un peu de chaleur. Mais cela, il ne l'avait compris que dans cette lettre. Avant elle, il avait préféré croire qu'elle savait parfaitement ce qu'elle faisait.

Le premier présent qu'il lui avait envoyé, il l'avait choisi naturellement. Alors qu'il continuait sa recherche apparemment sans fin de « ceux qui aident les elfes », son regard s'était posé sur ce bout de roche d'apparence classique. Mais en le retournant, il avait découvert cette inclusion de quartz, et dans le quartz, un je-ne-sais-quoi de flamboyant qui lui avait immédiatement fait penser à sa nouvelle amie. Au début, cette pensée le surpris, mais en haussant les épaules il choisit de l'accepter, et d'envoyer honnêtement ce petit présent à Argonia. Après tout, cela ne l'engageait à rien. Enfin, c'était ce qu'il croyait jusqu'au moment de recevoir la réponse de la barde. Elle lui avait envoyé un petit bracelet fait de fils colorés et de breloques en or. Il l'avait tenu longtemps dans ses mains, ne sachant trop comment réagir. Ils s'étaient échangé des présents. Et tous deux reconnaissaient le manque de l'autre. Mais il ne pouvait y croire. Alors il avait récidivé, et avait de nouveau envoyé un cadeau. Leur surenchère s'était ainsi poursuivie, pour le plus grand bonheur de Lathbora, qui se surprenait à être de plus en plus à l'aise avec l'idée... Avec l'idée de tenir à Argonia. Pour de vrai.

Mais les trois dernières missives de sa belle avaient tout changé. Elle s'était établie dans un nouveau camp dalatien, et avouait à son ami être la cible de toutes leurs attentions. De loin, entre les lignes, Lathbora comprit les véritables motivations de ses compatriotes, mais pressentit également qu'il était en passe de la perdre, elle. Alors il avait pris le temps de réfléchir. Et de décider qu'il était impossible pour lui de laisser ainsi lui échapper la seule belle chose qui ne lui était jamais arrivée. Il avait alors pris le temps de confectionner à Argonia la chose qu'elle semblait vouloir le plus : un arc. Par cet arc, Lathbora souhaitait lui offrir la protection et l'indépendance qu'elle méritait, mais également un lien ténu avec les dalatiens. Car si la forme générale de l'arc n'était pas celle traditionnelle utilisée par le peuple nomade, sa fabrication, elle, en avait suivi tous les codes. Lathbora s'en été assuré. Puis il le lui avait envoyé. Et les choses s'étaient dégradées. Drastiquement. Jusqu'à ce qu'il reçoive sa dernière lettre. Alors qu'il était déjà en chemin pour la retrouver.

Dans cette dernière lettre, il n'y avait plus ni présent, ni fleurs dessinées. Elle lui annonçait qu'elle avait compris. Qu'elle savait ce que pouvait vouloir dire ces échanges de présent, et qu'elle comprenait à présent les vues qu'avaient les dalatiens sur elle. Mais elle n'avait pas renvoyé de présent à Lathbora. Elle ne lui avait rien renvoyé. Ce simple fait été devenu pour le dalatien une véritable obsession. Au début, sa déception s'était changée en peur, puis en peine. Elle ne lui avait rien renvoyé mais avait compris. Elle souhaitait briser leur entente. C'était trop tard : il l'avait perdu. Alors il avait hésité : à quoi bon la rejoindre ? Il n'avait rien à lui expliquer, rien de plus que ce qu'elle avait déjà compris d'elle-même. Mais comme bien souvent dans son inconscient, sa peine et sa peur se muèrent en haine et en désir de revanche. Cet Eldris lui avait volé son Argonia. Il se mit à imaginer le pire. * Et si elle lui avait offert un présent en retour. Si elle avait compris et qu'elle avait... Accepté? * Cela expliquerait qu'elle ai cessé de lui en envoyer, à lui... S'en était trop. Lathbora s'était rageusement mis en route. Il n'avait plus une seconde à perdre.

Fenedhis lasa ! Stupide elfe. Stupide, stupide petit dalatien. Incapable de se tenir à sa propre promesse.

Se reprocha Lathbora, pour la énième fois depuis qu'il s'était mis en tête de se venger. Il était supposé suivre la voie des ombres. Il n'était pas supposé s'arrêter avant d'avoir vengé le sort de son peuple, ou avant que la mort ne le cueille. À l'époque, il n'avait eu aucun mal à faire cette promesse : il n'avait rien à perdre. Il avait pris cet engagement devant les dieux, volontairement, tout en comprenant bien sa réelle signification. Lathbora s'envoyait lui-même à une mort certaine. Il n'avait aucun moyen d'éponger à lui seul l'affront que des siècles d'Histoire avaient fait subbir à son peuple. Lui, un artisan, n'avait aucune chance de réussir. Son seul moyen de mettre un terme à son engagement était donc clair : il devait y succomber. Mais même en sachant cela, il était parvenu à tomber amoureux. Et ce peu de bonheur inattendu, encore secret, on venait de le lui voler. Lathbora avait officiellement tout perdu, et c'était justement les siens qui occasionnaient sa peine. Lui qui avait promis de sacrifier sa vie pour leur cause, il était trahi par eux. Et il ne pouvait supporter l'ironie de cette situation. Il n'allait pas les aider. Eux, qui lui avaient volé son bonheur, il allait les tuer.

Lathbora marqua enfin une pause. Une nouvelle pensée haineuse l'avait distrait. Il ne pouvait plus se le permettre : il approchait du campement de ses ennemis et il était temps pour lui de lancer ses premiers préparatifs. Il jeta son sac au sol et e fouilla sans ménagement jusqu'à trouver l'objet tant convoité. Ses mains sortirent un journal, journal dans lequel il avait rangé les lettres d'Argonia, qu'il n'avait plus besoin de relire puisqu'il les connaissait par cœur, et dans lequel il avait planté le couteau offert par Argonia. Le couteau qui lui avait d'abord été offert par Eldris. Ce couteau, il avait hésité à le renvoyer à la barde avec sa dernière lettre. Mais il l'avait gardé et avait passé sa colère en poignardant son propre journal intime. Métaphoriquement, il avait poignardé son propre cœur avec le couteau de son rival le plus préoccupant. Il le retira, à grand peine tant il l'avait enfoncé loin au travers de la couverture de cuir, et en examina avec attention l'état de la lame. Ce couteau, il allait s'en servir pour tuer Eldris. Ainsi il allait avoir sa revanche. Mais pour ça, il allait lui falloir entrer discrètement dans le camp, sans éveiller l'attention. Coinçant le couteau contre son torse, dans l'une des nombreuses sangles de son plastron, il rangea son journal et referma son sac. Il se remit en route.

Le dalatien était dans un état pitoyable. Ses yeux étaient injectés de sang, que des cernes profonds accentuaient. Il était couvert de terre et de poussière et ses cheveux étaient collés par la crasse. Un mince filet de sang, maintenant noir, avait séché en partant de son front pour couler le long de sa tempe jusqu'à sa pommette. D'autres éraflures étaient masquées par la terre qui le recouvrait. Il avait perdu un ongle sur sa main gauche, et son boitement s'était aggravé depuis sa chute. Mais il touchait au but. Une fois son méfait accomplit, Lathbora songeait à se laisser mourir. Sa vie ne lui convenait plus. Il n'avait plus la force de maintenir son engagement. Il n'était pas taille pour aider les autres, ne l'avait jamais réellement été. Mais maintenant en paix avec lui-même, il était prêt à rejoindre l'autre côté, même sans y être guidé par Falon'Din.

Ven 8 Nov 2019 - 16:19

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

Messages : 159

How I wooed your father by accident


La matinée était brumeuse, légèrement humide et annonciatrice de l'automne. Le clipotis de l'eau au bord de la rivière était, en temps normal, source d'apaisement et de rêverie. Et pourtant... J'étais là, accroupie au bord de l'eau, à frotter et laver ce qu'il me restait de ma tunique de barde, effectuant les gestes machinalement. Cela faisait plusieurs jours que j'étais inquiète, anxieuse, que je sentais mes entrailles se tordre et mon coeur palpiter pour des raisons futiles. Le timbre d'une voix me semblant familière, des cheveux blonds que je crois apercevoir derrière une caravelle. Lathbora était dans mes pensés, bien plus que je ne l'aurais imaginé, et cela me torturait autant que cela me perturbait.

Depuis que j'avais reçu l'arc de Lathbora, les choses s'étaient compliquées. On s'intéressait beaucoup plus à lui, me posant des questions sur qui il était, ce qu'il faisait, de quel clan il venait. J'étais heureuse qu'on me demande ainsi de ses nouvelles, heureuse que l'on reconnaisse son travail d'artisan, mais je me retrouvais d'un coup devant un gouffre d'angoisse. Je ne pouvais pas répondre à leurs questions. En fait, je ne savais rien de lui. A part me dire qu'il venait de la forêt de Bréciliane, je ne savais rien de sa vie d'avant, de son clan, de beaucoup de choses en fait... C'était étrange, au point que les autres remettaient en question son existence, et ils ne pouvaient comprendre que je ne sache rien de lui, alors que je venais de recevoir un arc. Ce doute... Je frottais un peu plus fort le tissus, le tordant pour essorer l'eau glacée qui coulait entre mes mains rouge de froid et bardée d'ampoules. Cela faisait un moment que je m'entrainais à l'arc, et le résultat de tous mes efforts se trouvaient dans des doigts ravagés par la corne et la peau déchirée. Mais cela ne m'avait pas embêté, au contraire. J'étais heureuse de le faire, car je voulais faire la surprise à Lathbora, lui qui adorait les traditions de son peuple et leur art de vivre. Je m'étais entrainée avec les chasseurs, avec Eldis notamment...

Pauvre Eldis. Rien que d'y penser, je sentais le malaise me serrer la gorge. Sans le savoir, il m'avait courtisé à la manière des dalatiens et m'avait offert plusieurs présents. Je les avais acceptés, ne voyant là que des échanges amicaux, mêlé à de la curiosité et une volonté de vouloir faire plaisir à une inconnue. Mais que cela signifie que j'accepte sa cour et considère de l'avoir comme compagnon de vie, jamais je n'avais vu ça sous cet angle ! C'est en parlant avec l'archiviste Sehel que je me rendis compte de ma terrible erreur. Je lui avais demandé ce que Lathbora entendait par "reconstruire le clan", et avec un certain étonnement mais une grande patience il m'éclaira. Ils souhaitaient, du moins pour certains, que je reste pour faire partie du clan, m'intégrer à leur mode de vie et... épouser l'un des soupirants qui étaient à mes pieds. Son premier apprentis Yevin et le jeune chasseur Eldis avaient été ceux qui me couvraient d'attention, me donnant quelques cadeaux. Et dans mon ignorance j'avais accepté. Rien que de penser à la honte... Je serrais les lèvres fronçant des sourcils et remettant une mèche sauvage qui tombait sur mon visage, ma natte se défaisant un peu. Si seulement j'avais su... Je n'aurais pas eu à voir le visage déconfit de Yevin, ni les regards désapprobateurs de la vieille Pavera et du chasseur Harian. Eldis s'était montré un peu en colère, mais avait continué à lourdement insister, malgré le fait que je lui explique que je ne comptais pas m'installer dans leur clan, dans aucun clan d'ailleurs. Et cela durait depuis des jours... Je poussais un léger soupire, enfoncée dans mes remords et des émotions dont j'avais très peu l'habitude d'éprouver.

"A......nia.... Argonia ! "

Une voix féminine et fort venait de me sortir de ma rêverie bien malheureuse. Je tournais la tête, ayant l'air un peu hagard et surprise alors que je voyais une jeune elfe blonde être devant moi, croisant les bras avec impatience?

"Oui ? "

J'avais répondu de façon automatique, même si je ne savais pas vraiment ce que Tania m'avait demandé. C'était l'une des rares filles du campement, encore une adolescente mais qui m'avait pris joyeusement sous son aile. C'était également la petite soeur d'Eldis, mais contrairement à lui elle n'était pas là à m'imposer sa présence, et malgré mon refus de rester avec eux elle s'était toujours montré aussi amicale. Cependant, elle semblait un peu excédée, posant sur moi ses yeux vert piqué d'impatience.

"Tu m'écoutes au moins ? Ca fait plusieurs fois que je t'appelle. T'es vraiment ailleurs en ce moment... "

Je faisais un petit sourire, sans vraiment répondre. Qu'est ce que je pouvais répondre à cela, si ce n'est que c'était la vérité ? Je n'étais plus vraiment moi-même. Je poussais un simple soupir, appuyant mes vêtements mouillés contre la roche pour en extirper ce qui restait d'eau. J'étais lasse, mes yeux légèrement cernés à force de ne pas vraiment avoir dormi ces dernières nuits. Inquiète, Tania s'installe à côté de moi, me jetant un regard inquiet et parlant avec plus de douceur.

"C'est le dernier message qui te tracasse ? Ou Eldis qui t'embête encore ?"

Mes oreilles se mirent à rougir de nouveau, pensant soudainement à Lathbora. Encore. Tania connaissait le contenu de mes lettres, et je lui avais confié la dernière très inquiétante et expéditive de Lathbora. A part l'Archiviste, personne ne savait qu'il allait venir, et surtout pas Eldis. Je ne voulais pas qu'il fasse une scène, surtout qu'il pensait avec l'arc qui m'avait été envoyé que Lathbora était mon autre soupirant sérieux, et donc un rival. Lathbora... rien qu'à penser à lui, à ses yeux dorés et à sa mine hésitante, ne demandant qu'affection... Je tremblais légèrement, sentant de nouveau ces étranges papillons dans mon ventre et ma gorge qui se nouait. Depuis tout ce temps je lui avais envoyé des présents... Et ils les avait accepté. Pensait il pendant tout ce temps que j'avais tenté de le séduire, que je savais ? Il les avait accepté et m'en avait envoyé en retour, preuve selon Sehel qu'il me considérait comme sienne, ou du moins qu'une entente tacite existait entre nous, pour notre relation.

Et pourtant... Je n'avais envoyé ces cadeaux que par gentillesse, parce qu'ils m'avaient fait pensé à lui, qu'il était mon seul ami Dalatien. Je pensais que cela lui faisait juste plaisir, que cela le rendrait un peu plus joyeux, lui redonner un petit sourire alors qu'il possède toujours cet air triste comme si le monde était sur ses épaules. Il n'avait jamais rien voulu me dire sur lui, et j'avais respecté ce silence. Je ne pouvais qu'essayer de le soulager à ma manière, je voulais l'aider. Du moins, au début... Dans un premier temps, je fus horrifiée à l'idée que Lathbora pensait que nous étions en couple, qu'il se soit imaginé que je souhaitais vivre comme lui, comme une dalatienne, ou d'intégrer un clan. Mais ce n'était pas mon rôle, ce n'était pas le chemin que j'avais choisis. Je lui avais répondu, car je devais lever le voile et lui faire comprendre que je n'avais pas envoyé de cadeau pour le séduire. C'était un accident, par le Tisserand je le jure ! Et sa réponse expéditive... Quand je l'eus reçu, je me souviens avoir ressenti comme un grand vide, une sueur froide me traverser le dos et une peur terrible me saisir le ventre. Il était furieux, cela ne faisait aucun doute. Il devait penser que je m'étais jouée de lui, et il venait peut être prendre sa revanche contre moi, ou au mieux demander des explications.

Les jours suivants je n'étais pas moi-même, et pour cause. A penser de ce que Lathbora avait put penser de ma lettre, de ce que tout cela signifiait pour notre relation. Et moi dans tous cela, qu'est ce que j'en pensais ? Je me retournais la question dans la tête pendant des heures, et plus ça allait, plus je me rendais compte à quel point j'étais confuse, et que j'avais été aveugle. Au début j'avais en effet envoyé des cadeaux à Lathbora par amitié, mais je me rendais compte qu'il avait été le seul à qui j'avais envoyé de telles choses, de toute ma vie. J'avais envie de lui écrire souvent, même si je savais que ce n'était pas un poète, j'avais envie de le voir et de lui parler même s'il n'était pas un grand bavard. Je voulais le voir sourire, lui qui était si souvent accablé de tristesse et de tourment, je voulais qu'il se tienne juste à côté de moi quand je jouais même s'il ne disait rien et n'était là que pour écouter. Sa présence me manquait, même s'il était souvent discret et se tenait en retrait. Je voulais son bonheur, et être la source de celui-ci. Cette simple vérité me tomba dessus comme une enclume. Moi, vouloir rester avec quelqu'un ? Rechercher sa compagnie ? Il me fallut bien des heures et des moments de mortification pour me rendre compte de la nature de ces sentiments, et de les accepter. J'étais... amoureuse ? Cela me tourmentait depuis, et je ne savais comment en parler à Lathbora quand il viendra. Pourra t'i accepter que j'ai des sentiments réciproques, mais que je ne suis pas capable de le suivre totalement dans ses traditions dalatiennes ? Est ce qu'il me rejettera pour ces raisons là ? Est ce que tout se finira de cette façon ?

Alors oui, pour répondre à Tania, l'un et l'autre me causaient bien des soucis. Je fronçais des sourcils, pinçant mes lèvres pour finir par répondre de façon hésitante.

"C'est... un peu des deux... Je me sens coupable d'avoir accepté les présents d'Eldis, et je ne sais pas ce que je vais dire à Lathbora quand il viendra. "

C'est vrai qu'eldis ne démordait pas et tentait de me persuader, malgré ce que les autres adultes pouvaient dire, ou ce que moi je pouvais vouloir. Je continuais de m'entrainer à l'arc avec lui, mais ses fréquentes allusions devenaient difficiles à ignorer de façon gentille. Ce matin même, avant d'aller à la rivière pour laver mes affaires de barde, je m'étais entrainée avec lui et lui avais pour une fois fait clairement comprendre que ses avances étaient déplacées. D'autant plus que maintenant que je savais que j'avais des sentiments pour un autre, c'était totalement impossible. J'étais partie, l'arc de Lathbora et un carquois avec quelques flèches dans le dos, laissant un jeune elfe frustré et marmonnant des choses sans doute peu amènes en dalatien. Je m'étais donc retrouvée à la rivière, Eldis étant retourné au campement sans doute, et Tania venait de me rejoindre. Bien que ce soit son frère, et qu'elle l'ait soutenu dans un premier temps pour me séduire, elle restait mon amie et me défendait à présent contre les assiduités têtues de son frangin. Elle soupira d'ailleurs, levant les yeux vers le ciel et me faisant comprendre que je n'avais pas à m'en faire.

"Eldis est une tête de cochard, c'est bien connu. Il est froissé dans son égo alors il insiste, mais ça lui passera. Tu es certaine que tu dois partir ?"

Je sentais une pointe de tristesse dans sa voix. Elle n'avait pas vraiment d'autres amies féminine de son âge, Risia était certes encore jeune mais en couple et jeune mariée avec Camdis. Elle tenait plus le rôle de mère que de confidente et de camarade de commérage. C'était Tania qui m'avait apprit bon nombres de choses, comme savoir comment se coiffer avec des tresses ou des nattes à la façon dalatienne. Je n'étais pas très douée, comme le montrait ma chevelure rouquine nattée de façon un peu levée-du-lit. Mais bon, pour l'instant ça m'allait, et ils me gênaient moins. Je me levais, la regardant avec douceur et comprenant sa déception.

"Oui. Je sais que ma présence rend les choses maladroites, et je dois bien reprendre la route pour aider les gens. J'ai également promis à l'Archiviste Sehel de parler de votre clan à d'autres elfes citadins. Je sais que cela peut en intéresser certains. "

J'avais en effet parlé avec l'Archiviste quand le "scandale" avait éclaté, et du besoin de leur clan de se reconstruire. Cela m'avait fait pensé à cette affaire à Val Royeaux, où nous avions aidé des elfes citadins suite à une attaque. Plusieurs d'entre eux avaient fui dans des clans dalatiens proches, et bien que le leur soit un peu plus éloigné j'étais certaine que certains seraient intéressés. J'avais proposé d'envoyer quelques missives au hahren pour lui en toucher quelques mots, et d'y retourner pour quérir un peu d'aide. Il avait accepté, étant une petite consolation au fait que je ne resterais pas. Tania elle fit une mine boudeuse, mais son esprit joyeux et optimiste avait tôt fait de trouver un autre avantage.

"Je comprends.. Mais choisi les plus beaux hein ! Je compte sur toi !"

Elle me fit un clin d'oeil, et je me mis enfin à rire avec un peu plus de chaleur.

"Ha ha ha ! C'est pas moi qui décide... D'ailleurs merci de m'avoir prêté tes affaires, le temps que les miennes sèchent. "

Ayant mes affaires de barde mouillées enter les mains, je portais en effet une tenue typiquement dalatienne, convenable pour une chasseuse. Je portais un pantalon en cuir sombre, aux motifs entrelacés de vert couleur mousse. Le corset vert me paraissait un peu court au niveau du ventre, laissant voir mon nombril, mais il semblait que c'était normal ici. Des manches en tissus beige et en cuir couleur noisette, ce qui me tenait un peu plus chaud. J'avais gardé cependant mes chausses en cuir, ayant du mal à marcher pied nu, surtout avec le froid qui arrivait. Je marchais avec Tania en direction du campement, qui était à quelques centaines de mètres de là, souriant en l'entendant parler avec volubilité et bonne humeur.

"Aucun soucis, de tout façon celles de Risia sont trop grandes pour toi, et celles de Pavera trop démodée..."

Nous marchions un moment, parlant de choses et d'autres, de tout ce qui pouvait en fait m'arracher l'esprit de ce qui me tourmentait depuis un moment. Je retrouvais le sourire, un peu plus d’insouciance également. Tania était une excellente compagne dans ce cas là, très intuitive et sensible. Nous approchions du campement, discutant agréablement de noter dernière petite compétition d etir à l'arc ensemble, quand nous entendîmes des éclats de voix. D'abord interdite, je vis cependant à l'air soudain plus tendu de Tania que quelque chose n'allait pas. Parfois on pouvait entendre les plus vieux se disputer, mais ces cris ne semblaient pas habituels.

"C'est quoi ce... Argonia, vient vite !"

Tania m'avait fait signe de la suivre, se mettant à courir. Je faisais de même, serrant toujours contre moi mes habits. Est ce que le campement se faisait attaquer ? Des humains ? Pourtant ils sont sensés être loin d'ici. Nous contournions une caravelle pour arriver sur la petite "cour" centrale du campement, tombant sur un spectacle des pus étrange et inquiétant.


Ven 8 Nov 2019 - 20:42

Anonymous
Invité

Invité


How I wooed your father by accident  



La fureur de la traque lui avait redonné des forces. Dès qu'il avait repéré dans le décor les premiers signes pouvant indiquer le passage d'un clan dalatien, son mental s'était renforcé. Il en oublia ses douleurs, ses peines, sa colère et ses doutes persistants. Seul son objectif subsistait : celui de se glisser à l’insu de tous dans ce clan, de découvrir l'identité de cet Eldris, et de lui rendre son couteau. D'un grand coup dans le thorax. S'il le fallait, il était prêt à tout prêt à ne laisser que des cendres derrière lui. Mais il allait rendre ce couteau, et débarrasser la surface de la terre d'un dalatien. Eldris, ou lui. L'un ou l'autre. Les deux issues possibles lui semblant tout autant satisfaisantes.
Il avait ralenti son approche en trouvant les premières traces laissées par les roues des aravels. Comme il s'y était attendu, ces traces étaient anciennes, preuve que l'installation du clan datait de quelque temps déjà. Une information qui corroborait les dires d'Argonia dans ses lettres. Lathbora ne marchait plus, il faisait couler son corps de cache en cache. Bas sur ses appuis, il disparaissait dans la végétation dense. Les yeux grands ouverts, il guettait les chasseurs du clan. Ceux chargés de quadriller leur territoire et de déceler toute approche malveillante. Mais il ne croisa qu'un duo. Un homme jeune, la tête plutôt ailleurs, son arc passé en bandoulière, accompagné d'un vieillard. Ils ne prêtèrent aucune attention à l'étranger tapis derrière un tronc, et le dépassèrent. Craignant d'être débusqué par un autre duo, Lathbora accéléra son approche. Il se hissa dans les branches de l'arbre contre lequel il s'était dissimulé, étouffant un cri de douleur au moment d'utiliser sa cheville blessée. Il escalada un étage supplémentaire, cherchant à dissimuler sa progression à la faveur des rameaux lourds en feuilles des premières branches. Mais en se hissant encore, il frappa avec dureté sa tête, et se mordit la langue.

D'autant plus énervé par sa propre maladresse, Lathbora rampa dans les branches en se faisait le plus léger possible. Au travers des feuilles, il entendit le ronflement constant d'une rivière, mais ne dirigea pas son avance dans cette direction. De l'autre côté s'était élevé le cri d'un halla. Et ce cri lui indiquait la position du camp tout entier. Il ferma les yeux un instant, à genoux sur une branche, et reconstitua ses dernières forces. Il caressa, presque affectueusement, il couteau passé dans une sangle de son plastron. La bosse qui s'était créée lors de sa collision avec une branche palpitait sur le sommet de son crâne. Elle avait fini de pousser, et rendait toute la zone sensible, spécifiquement lorsqu'il fronçait les sourcils. Il ouvrit les yeux et continua son approche, le plus calmement possible. À présent, il pouvait entendre des conversations. Deux voix d'hommes. Serrant les dents, il accéléra encore, avant de se figer complètement : il était arrivé au bout du chemin offert par les arbres. S'il devait continuer, il lui faudrait emprunter une autre route. Et redescendre. Alors qu'il cherchait déjà des yeux la meilleure approche, il entendit distinctement :

Je te dis que tu vas arrêter immédiatement.
Mais de quoi tu parles Eldris ?
Je vois bien la manière dont tu la regardes !

Depuis ses branches, Lathbora exultait. Il ne s'était jamais imaginé trouver aussi facilement ce maudit Eldris. Et maintenant qu'il le voyait, au travers des feuilles, il ne parvenait plus à contrôler sa rage. C'était donc lui, lui qui lui avait volé son Argonia. C'était à cause de lui s'il avait perdu tout espoir, si le feu qui couvait en lui l'avait de nouveau consumé. Ce feu, celui de sa haine, il allait le lui offrir. Eldris allait pouvoir s'y réchauffer, depuis l'au-delà. Sous Lathbora, le second elfe se mit à rire. Un rire bref mais léger. En s'étirant, Lathbora remarqua qu'il tenait un bâton de mage. Il grimaça devant cette complication. Il ne pouvait pas risquer de les attaquer tous les deux de front. Pas si ce jeune était l'Archiviste du clan, ni même son second.

Ce n'est pas de moi dont tu devrais te méfier. Mais de l'autre.

Lathbora s'allongea sur sa branche. De surprise, il cessa de respirer. Il y avait quelqu'un d'autre ? En plus de ces deux-là ? Le camp tout entier était-il à la poursuite d'Argonia ? Ses bras entourant la branche, il sentit son front et ses joues rougir, cuir même. Ses oreilles le brûlaient, mais il entendit tout de même la suite :

Tu es bien naïf. Il n'y a pas d'autre.
Qui lui a envoyé cet arc alors ? Et tous les autres présents ?
Tu vois quelqu'un d'autre ici ? Non ! Il n'y a que moi. Alors laisse tomber. Elle est déjà mienne.

L'autre. L'autre c'était lui ! On lui retirait tout, jusqu'à son nom. Il n'était plus qu'une ombre, elle-même floue. Pourtant, il se sentait bien vivant, là perché au-dessus d'eux. Puisqu'ils ignoraient jusqu'à sa présence, Lathbora sentit son pouvoir grandir sur ces deux elfes. Il pouvait les tuer. Il était assez rapide pour cela, même blessé. Même face à un mage. De nouveau, celui qui portait un bâton émit un léger rire. Il semblait mettre en doute les dires de son compagnon. Mais Lathbora était trop aveuglé par sa colère, il ne parvint pas à saisir cette subtilité. À présent, il était assis, ses jambes pendaient de chaque côté de la branche. Il passait nerveusement sa main contre le couteau. Puis contre ses dagues, dans son dos. Non. Plus il regardait cet Eldris, moins il avait envie de le tuer, simplement comme ça. Non, il devait savoir pourquoi ce couteau allait être planté sans sa poitrine. Il voulait l'entendre le supplier. Le voir pleurer. Peut-être même se faire dessus. *Je vais devoir attendre qu'il soit seul. * Pensa à regret Lathbora, s'immaginant déjà devoir localiser la tente de sa victime, et s'y glisser dans la nuit.

Bouge pas, je vais pisser et je reviens.

Un sourire sauvage se dessina sur le visage du vengeur. Il se retourna, griffant ses bras sur l'écorce, et rampa en sens inverse, suivant la progression de l'inconscient, qui s'était enfoncé sous les bois pour trouver un peu de solitude. Lathbora arracha le couteau de sa prison, coupant au passage l'une des sangles de son plastron. Il coinça l'arme entre ses dents et jubila : s'il parvenait à agir sans le moindre bruit et à cacher le corps convenablement, personne ne se douterait jamais de ce qui s'était produit. Eldris aura simplement disparu de la surface de la terre, emportant avec lui une partie de la haine qui brûlait en Lathbora. Personne ne saura alors jamais à quel point il avait été faible. Lui reprendrait comme si de rien n'était sa propre quête. Il continuerait d'aider les elfes. Et plus jamais il ne se laisserait aller au jeu de l'amour. Jamais.

Il agit lorsque Eldris s'arrêta, à seulement quelques mètres de l'endroit où l'attendait toujours l'autre elfe. Il avait posé son arc au sol, ne gardant que son carquois sur le dos, et cherchait à défaire une partie de sa tenue. Ne lui laissant pas le temps de se soulager, Lathbora voulut rejoindre le sol en glissant le long du tronc. Mais sa cheville blessée lui joua un nouveau tour et le fit trébucher avant même qu'il ne parvienne à se mettre en position. Il tomba alors simplement comme un fruit bien mûr, à deux mètres d'Elris, dans un bruit sourd. Ce dernier sursauta avant de rattacher précipitamment sa chausse.

Mais qu'est-ce-que ? Qui êtes-vous ?

Lathbora ne se releva qu'à moitié, il poussa sur ses jambes pour se propulser contre son adversaire, qu'il tenta de plaquer au sol. Il parvint difficilement à l'entraîner dans sa chute, et eut bien du mal à lui passer dessus. À califourchon sur son torse, Lathbora dressa le poing, visant le visage d'Eldris, il lui assainit un premier coup un peu faiblard dans la tempe. Le couteau gisait au sol, quelque part dans les herbes. Il lui avait échappé pendant sa chute, et lui avait par la même occasion entaillée une partie de la lèvre. Une goutte de sang s'écrasa sur le visage d'Eldris pendant qu'il tenta de lui mettre un second coup de poing. Mais, la surprise passée, le jeune homme se révélait être un adversaire de taille. Il para le coup et désarçonna Lathbora dans un même mouvement. Il l'envoya rouler plus loin et se remit debout. Mais avant qu'il n'ait le temps d'appeler à l'aide, Lathbora s'était déjà rué sur lui, en hurlant toute sa colère. Un cri animal.

Bellanaris Din'an Heem !

Ven 8 Nov 2019 - 21:41

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

Messages : 159

How I wooed your father by accident


Arrivées au campement, Tout n'était que Chaos. Le groupe entier était rassemblé, Harian et Camdis tenant par les bras un elfe qui semblait tout droit sorti d'un marais, gesticulant et prononçant des mots colériques en dalatien. Il tenait presque à peine debout, mais ses mouvements étaient brusques et chaotiques, donnant du fil à retordre aux deux autres elfes. En face se trouvait Eldris et Yevin, le premier ayant l'air furibond, portant des traces de coup et de sang pendant que l'autre le guérissait avec sa magie. Mais ce qui me choqua le plus, c'était cet autre elfe. Je tressaillis en reconnaissant la silhouette, le timbre de sa voix... Je me figeais, le sang quittant un instant mon visage.

"Lath ? "

Il cria de nouveau, et je reconnus cette fois définitivement sa voix. Sans plus réfléchir, ne comprenant pas pourquoi il était aussi agressif, je me précipitais vers eux en courant, lâchant les vêtements que je portais dans mes bras.

"LATHBORA !!"

Tiana me jeta un regard surpris, ses yeux alternant entre lui et moi.

"Quoi... c'est lui ? "

Mais je n'entendais rien, car j'étais déjà presque arrivée au milieu de l'attroupement. Je me retrouvais là, devant ce qui était Lathbora. Il était sale, du sang coulait de son front, masquant une partie de son Vallaslin et collant ses cheveux contre son crâne. Il avait l'air fou, hors de lui, si misérable. Mon coeur se brisa en le voyant ainsi. Je ne pensais même plus à ces lettres, à toute cette histoire de cadeaux. LAthbora était blessé, il n'était pas lui même. Je me précipitais vers lui, essayant de convaincre Camdis et Harian de le lâcher.

"Arrêtez, lâchez le !! "

Ils me regardèrent avec surprise, hésitant. Je le connaissais ? J'essayais de faire barrière, Lathbora ayant l'air de vouloir se jeter sur Eldris. De son côté le jeune elfe n'en menait pas large niveau colère, aussi furieux et pointant un regard meurtrier sur Lathbora, le pointant rageusement du doigt.

"Il a essayé de me tuer ! C'est un assassin !"

Je jetais un regard étonné à Eldris. Lathbora, essayer de le tuer ? Mais... jamais il ne ferait de mal à un dalatien, cela n'avait aucun sens ! Mais je devais me rendre à l'évidence... Eldris était blessé, et Lathbora n'avait cessé d'essayer de lui sauter à la gorge. Réellement inquiète, ayant presque peur, je me disais quelque chose n'allait vraiment pas, que ça ne pouvait pas être une histoire de lettre. Etait il possédé ? J'étais face à Lathbora, que les deux autres elfes continuaient de tenir. Il n'avait pas l'air de m'avoir vraiment reconnue. Je devais faire quelque chose au moins le calmer. Tant bien que mal, je lui parlais, ignorant les fustiges du prétendant courroucé.

"Par le Tisserand... Lath, que s'est il passé ? Pourquoi tu... tu es blessé !! Lath, regarde moi ! "

Je lui pris soudainement la visage entre mes mains, lui tenant la tête pour qu'il me regarde. J'étais à quelques centimètres de lui, essayant d'enlever du bout de mes doigts la boue et le sang qui couvrait en partie ses yeux. Mon coeur était sur le point d'exploser tellement j'étais anxieuse, que j'avais peur pour lui. Et s'il ne me reconnaissait pas ? Et s'il n'arrêtait pas de vouloir tuer d'autres elfes, qu'allais je pouvoir faire ? Je voulais l'aider, mais je ne savais pas comment. Et cela me faisait perdre tous mes moyens, mon calme, ma bonne humeur. Je n'étais qu'une elfe terrorisée à l'idée que celui qu'elle aime ne soit plus qu'une ombre, qu'il soi grièvement blessé dans sa chair et dans son âme.


Ven 8 Nov 2019 - 22:23

Anonymous
Invité

Invité


How I wooed your father by accident  



Il avait fini par réussir à le blesser un peu. En se jetant sur lui une seconde fois, Lathbora avait empoigné le bras d'Elris, et l'avait tordu dans son dos. Mais alors qu'il pensait profiter de ce court répit pour se saisir de ses dagues, Eldris lui avait asséné un violent coup de tête mal maîtrisé qui lui ouvrit le nez. Lathbora lui reçut le coup en plein front, et son arcade sourcilière explosa. Au cœur de cette nouvelle vague de douleur, Lathbora hurla de nouveau des mots, des insultes, le tout en langage dalatien. Il ne s'entendait plus crier, il n'entendait plus sa propre voix. Lui qui était parvenu à survivre dix années seul en plein cœur de l'une des forêts les plus dangereuses de Thédas, pendant ses temps les plus troublées, lui qui avait survécu à la guerre contre l'enclin, qui avait vaincu des templiers rouges et des mages de sang, ... peinait à présent à mettre à terre un jeune chasseur. Dans un nouveau cri il lança sa main vers l'arrière, a la recherche de ses précieuses dagues, du prolongement naturel de ses bras.

Mais il ne parvint pas à s'en saisir. On l'attrapa pas derrière et on l'immobilisa assez brutalement. Il ne les avait pas entendus venir, il avait été bien trop aveuglé par son envie de vengeance. Il rua, se débattit comme il pouvait, cherchant à rompre cette étreinte qui l'empêchait d'enfin mettre un terme à cette bagarre ridicule. Il appela les dieux, les implora inutilement, et chercha à griffer quiconque pouvait passer près de ses mains. Sa propre voix, ainsi que les battements de son cœur l'empêchaient d'entendre quoique se soit, mais il sentait à présent les présences autour de lui. Leur altercation avait fait accourir tout le clan. Ils devaient le dévisager, voir son vallaslin, voir sa tenue. Ils devaient tirer des conclusions. Lathbora priait à présent pour que personne ne le reconnaisse. Pour que personne ne soit jamais passé par son clan. Mais il était trop tard. Il devait en finir, il devait tuer Eldris.

Lorsqu'il parvint à voir au travers du voile de sa colère, il vit le mage soigner son opposant. Et lui remuait encore, essayait toujours de retrouver sa liberté. Ses mouvements étaient devenus automatiques, presque comme des spasmes : Lathbora ne pensait plus. Il ne respirait plus que pour se venger. Pourtant une voix parvint à l'attendre. Une voix lointaine, comme dans un songe. La voix d'Argonia qui l'appelait, comme elle avait l'habitude de le faire, avant. Lath. Mon amour. Bien sûr, elle ne connaissait pas la signification de ce mot. Et Lathbora c'était bien gardé de la lui révéler. Il aimait entendre ce mot dans sa bouche. Il aimait croire qu'un jour quelqu'un le lui dirait pour de vrai. Mais là, immobilisé et aveuglé par son désir de vengeance, Lathbora cru que cette voix sortait tout droit de son inconscient. *Pas maintenant. Je ne suis pas encore mort.* Pensa-t-il rageusement en envoyant un nouveau coup dans le vide. Mais la voix réitéra, appelant à présent son nom complet. * Je ne suis pas encore mort ! Je ne suis pas encore mort ! * Répéta Lathbora croyant entendre la voix de ses désirs refoulés. Mais Argonia était bien là. Elle écarta les curieux choqués devant toute cette scène, ignorant les nombreux regards qui s'étaient tournés vers elle. Elle s'était placé en face de Lathbora, mais il peinait à reconnaître cette elfe en tenue traditionnelle, coiffée à la va-vite.

Les yeux ronds, Lathbora eut du mal à rester focaliser sur cette personne. Il cherchait à anticiper les réactions d'Eldris, qui lui n'était pas immobilisé. Il pouvait à tout moment venir l'achever. Et bien que prêt à cette éventualité, Lathbora souhaitait se laisser mourir en pleine connaissance de cause, en fixant son adversaire dans les yeux. En l'empoisonnant de sa haine. Mais Argonia en appela aux Tisserand. Argonia ! C'était Argonia devant lui ! Alors, il s'immobilisa. Une terrible tristesse l'envahit. Celle qu'avait remplacée sa haine d'Eldris. Argonia, celle qu'il avait perdue. Celle qu'il aimait en secret. À bout, Lathbora se laissa pendre, à présent aussi mou qu'une poupée de chiffon. Des larmes coulèrent le long de ses joues, nettoyant la boue et la crasse. Il sentit la pression sur ses bras lâcher, et il tomba à genoux, sous les murmures de la foule. Il ferma les yeux, serra les poings et se laissa emporter par sa peine.

Il n'avait jamais pensé que son nouveau nom puisse un jour devenir prophétique. Lathbora. Amour perdu. L'amour d'Argonia.

Ven 8 Nov 2019 - 23:34

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

Messages : 159

How I wooed your father by accident


La situation était critique. J'eus du mal à le faire revenir à moi, mais quand son regard croisa enfin le mien, quand je sentis qu'il m'avait reconnu... Je vis dans ses yeux que quelque chose se brisait, qu'il abandonnait. Des larmes se mirent à couler de ses joues, son corps cessant de se battre et se laissant aller, sans aucune volonté. Il se laissait tomber au sol, ne se soutenant plus du tout. Surpris, Camdis et Harian le lâchèrent, laissant Lathbora s'écrouler au sol sur ses genoux, son visage restant face au sol. Surprise également, je ne le lâchais pas, l'accompagnant au sol pour me retrouver les genoux dans la terre, à lui tenir les épaules.

"Lath !! "

J'étais terrifiée. Jamais je n'ai vu Lathbora dans un tel état. Dos aux autres, protectrice, je regardais autour pour chercher de l'aide. Mais dans le regard des autres, je ne trouvais qu'incompréhension, crainte, et même colère. Instinctivement j'entourais Lathbora de mes bras, le surplombant pour le protéger et tenant sa tête contre moi. J'avais l'impression d'être la seule à vouloir l'aider, et cette sensation d'être son dernier rempart me rendait plus sensible. Des larmes coulaient également sur mes joues, sous le regard médusé des autres. Le petit attroupement se dispersa un peu, laissant arriver l'archiviste, cet homme au regard sage et pourtant visiblement troublé. Il regardait la scène avec inquiétude, cherchant du regard des explications.

"Allons, que se passe t'il ici ? Pourquoi tant d'agitation ? "

Aussitôt, Eldris se mit en avant pour parler, faisant face au Hahren et lui parlant avec autant de verve que de férocité, pointant Lathbora du doigt.

"Archiviste Sehel, ce dalatien m'a sauté dessus et a essayé de me tuer! C'est un ennemi ! Yevin, tu l'as vu toi aussi non ?"

Il s'était tourné vers Yevin, le foudroyant presque du regard. Un moment décontenancé qu'on lui demande soudainement son avis, Yevin me jeta un regard inquiet, presque de pitié. Mais il ne pouvait aller à l'encontre de ce qu'il avait vu.

"Je... C'est vrai que quand je suis arrivé, je l'ai vu se battre contre Eldris... Camdis et Harian l'ont ensuite tenu."

Eldris semblait conforté dans son droit d'être en colère, se tournant vers nous avec un air de défi autant que de fureur. Je serrais Lathbora un peu plus contre moi, autant par instinct de protection que pour la peine d'entendre la vérité. Ainsi, Lathbora l'avait bel et bien attaqué... Yevin n'avait aucune raison de mentir, c'était un jeune elfe honnête et droit. L'Archiviste posa ses yeux bruns sur moi, fronçant des sourcils. A ma posture, il sembla comprendre une partie de la vérité, celle qui n'était pas dite. Et ce qu'il savait de mes lettres. Avec fermeté, mais en même temps un certain calme pour apaiser les tensions, il me demanda ma version des faits.

"Argonia... Est ce ton ami dont tu nous as parlé ? Est ce que tu peux t'expliquer ? "

Agitée, j'essayais de trouver de quoi le justifier. Mais je ne l'avais pas vu arriver, je n'avais rien vu de la scène. Il m'avait à peine reconnu quand je lui avais fait face. Je réfléchissais rapidement, mes mots s'étranglant un instant dans ma gorge avant de pouvoir sortir.

"Archiviste, je suis désolée... Oui c'est bien lui, mais ce n'est pas normal. Il n'est pas comme ça d'habitude, jamais il ne ferait de mal à un autre dalatien. Quelque chose ne va pas ! "

Ou du moins, est ce le cas ? Je m'étais rendue compte que je ne savais pas grand chose de lui au final, et si ça se trouve, je ne connaissais qu'une partie de ce qu'il était. Peut être qu'il était tout à fait capable de tuer un des siens. Peut être qu'il était aussi violent que ce que j'avais cru entrevoir parfois, et cela tout le temps. Peut être que là, devant moi, se trouvait le véritable Lathbora. Mais il était effondré au sol, à pleurer et à avoir abandonné tout combat. Est ce vraiment le comportement d'un vrai meurtrier au sang froid ? Quelque chose en moi était persuadé qu'il y avait autre chose, que toute cette gentillesse et cette sensibilité qu'il avait montré n'étaient pas des illusions. Eldris, de son côté, avait bien en travers de la gorge la manière dont je défendais Lathbora. Il serrait ses poings, se montrant de nouveau virulant et vitupérant auprès de Sehel.

"Il a essayé de me tuer archiviste ! Vous êtes tous témoins, non ?"

Il s'était tourné vers les autres, et chacun hochait de la tête. Des murmures en dalatien, dont je ne comprenais presque pas un mot, s'élevèrent. Même Tania, dans le cercle, je pouvais la voir poser un regard désapprobateur. Je n'avais aucun allié. Désespérée, je regardais l'Archiviste, trouvant quelques mots en dalatien pour appuyer ma supplique.

"Sehel... Mana. Ma halani ! Il a besoin d'aide, il n'est pas dans son état normal.... S'il vous plait... "

Sur mes joues roulaient de nombreuses larmes, mais mon regard était cependant porteur de conviction. Je croyais véritablement qu'il y avait quelque chose. L'Archiviste regarda Lathbora, voyant son état pitoyable. Il réfléchit pendant de longues secondes, qui me semblèrent être une éternité, puis poussa un soupire.

"Nous ne connaissons pas la raison pour laquelle il s'en est pris à l'un des nôtre. Nous ne pouvons pas le punir avant d'en avoir le coeur net. Argonia, tu es notre invitée et tu le connais, tu es responsable de lui. Risia, aide la à s'occuper de lui et à ce qu'il puisse s'expliquer."

Je fermais les yeux, soulagée d'avoir un répit. Il pouvait être sauvé... Du moins, pour le moment.

"Ma serannas... Ma serannas Sehel...."

L'Archiviste fit un signe de la tête à une elfe adulte, qui était la guérisseuse du clan. Elle s'avança, Camdis m'aidant à relever Lathbora. Je me levais également, tenant une épaule de celui-ci pour le soutenir. Je n'entendais pas la nouvelle tempête de colère d'Eldris, qui s'était à parler avec l'archiviste en dalatien. Thaethorn et Pavera, les deux autres anciens du clan, s'étaient rapprochés pour parler avec eux. Je n'avais aucune idée de leur conversation, tout ce que je faisais c'était soutenir Lathbora avec l'aide de Camdis, suivant Risia vers sa caravelle et parlant d'une voix apaisant à mon elfe blessé.

"Ca va aller... Ca va aller Lath...."

Il fut amené près d'un lit de fortune, à même le sol et juste à coté d'un feu de camp. Je restais à côté de Lathbora, lui ayant pris la main et attendant que Risia revienne avec de quoi s'occuper de lui. Camdis restait là, en surveillance, pour être certain qu'il n'allait pas faire de mal à sa femme dans une soudaine crise de rage. Tout en gardant dans ma main celle crasseuse et blessée de Lathbora (je remarquais qu'il lui manquait un ongle), de l'autre j'essayais d'enlever de son visage les croutes de boue et de sang qui avaient coulés sur son visage. Les larmes continuaient de couler doucement sur mes joues, mais j'essayais de rester maitresse de moi-même. Tout n'était pas perdu. Il pouvait être soigné, et on pourra enfin comprendre ce qu'il s'est passé. Du moins, je l'espérais...


Sam 9 Nov 2019 - 10:52

Anonymous
Invité

Invité


How I wooed your father by accident  



C'était une véritable bulle qui s'était formée autour de Lathbora. Ses pensées, incessantes et confuses, l'isolaient du monde extérieur. À genoux, les poings serrés et la tête inclinée vers le sol, il n'était plus capable de réagir. Plus même capable de savoir si ses larmes avaient cessé de couler ou non. Il avait échoué. Il n'avait pas tué Eldris. Il n'avait pas aidé les elfes, il n'était pas devenu un bon artisan et il n'avait pas vengé Zathrian. Méticuleusement, il s'était arrangé pour échouer dans chacun de ses engagements. Il fuyait. Il n'avait jamais cessé de fuir. Son détachement face aux autres, son incapacité à ressentir la moindre émotion positive et son incapacité, physique cette fois-ci, de ressentir le moindre plaisir fondamental, ... Toute son histoire n'avait au final servi qu'à paver le chemin de sa fuite en avant. Il fuyait la vie. Tout simplement.

Argonia avait été le premier véritable obstacle que sa fuite avait rencontré. Comme la brèche trouant le ciel, elle avait réussi à fissurer sa carapace. Lorsqu'elle le touchait, il ressentait quelque chose. Sa chaleur, sa douceur. Lorsqu'elle lui prenait le bras ou la main, il n'avait pas envie de la repousser, de retirer ses doigts comme s'ils étaient recouverts d'un acide corrosif. Avec elle ses barrières naturelles s'abaissaient. Comme à présent où, bien qu'à genoux et dans sa bulle misérable, Lathbora sentait le corps d'Argonia contre le sien. Il sentait sa main englober sa tête, la pousser contre son buste. Il aurait voulu renforcer cette sensation. Il aurait voulu lever ses bras et entourer à son tour Argonia, former avec elle une nouvelle bulle plus agréable. Mais il n'y parvint pas. Il n'arrivait plus à bouger. Plus à entendre. Sa respiration lui faisait mal. *Je suis désolé.* Pensa-t-il sans parvenir à l'articuler. *Agonia je suis désolé. Je vais disparaître, je vais te laisser.* Les mots le brûlaient à l'intérieur, mais il n'arrivait pas les libérer.

Il sentit la détresse d'Argonia dans la manière dont vibrait sa cage thoracique. Dans son brouillard, il eut conscience des discussions qui étiraient leurs fils au-dessus de sa tête. Il avait l'habitude d'être ainsi jugé, questionné et repoussé par les autres. Mais la détresse d'Argonia contre lui le toucha. Était-il bien la cause de sa peine ? Se rangeait-elle de son côté ? *Je l'ai attaqué, et je ne le regrette pas. Je suis un monstre Argonia. J'ai été égoïste, j'ai voulu te l'enlever. J'ai voulu t'enlever le bonheur d'être avec ce clan.* Sa main s'était comme réveillée. Elle avait atteint son autre bras et en tirait les poils pour les arracher. Des gestes rapides, que Lathbora exécutaient toujours lorsqu'il ressentait un stress intense. *J'ai été égoïste, je ne mérite pas ton pardon.* Une voix plus grave, plus posée aussi, parvint elle aussi à fissurer la bulle de Lathbora. La tête toujours pressée contre le buste d'Argonia, il entendit l'Archiviste. Il allait devoir s'expliquer. Il allait devoir retrouver sa voix, pour justifier l'impardonnable.

Avant qu'il ne comprenne comment, Lathbora se retrouva allongé sur une couche à même le sol, proche des flammes d'un feu. Il avait été porté au cœur du camp des dalatiens. Là où ils se réunissaient pour écouter des histoires, là où les anciens prenaient leurs infusions et où les femmes faisaient jouer leurs nouveau-nés. On l'avait installé là où la vie du clan était la plus forte : au pied du feu de l'un des aravels. Un clan. Jamais il n'aurait cru se retrouver un jour au milieu d'un clan dalatien. Il avait toujours été extrêmement méfiant : s'il avait déjà croisé d'autres de son espèce, il ne les avait jamais suivi jusqu'à leur campement. Il se le refusait. Pour préserver le secret qui le liait à son passé. Pour préserver la promesse qu'il avait faite à Lanaya, aussi. Et pour se préserver, lui. Son ancienne archiviste avait très bien pu passer le mot aux autres clans. Elle avait pu officialiser son bannissement. Une nouvelle vague de stress l'inonda. Mais il ne put pas attendre son bras : sa main était retenue par celle d'Argonia. *Elle est toujours là. Elle ne m'a pas quitté.*

Les minutes passant, Lathbora sentit son calme revenir. Sa colère se vider, sa peine s'apaiser quelque peu, se recroqueviller dans un coin de son cœur. Il ouvrit alors les yeux pour découvrir Argonia, vêtue d'une tenue traditionnelle, et coiffée vaguement comme une dalatienne. Son visage exprimait toute sa tristesse et son inquiétude. Un peu brusquement, Lathbora repoussa la main qui tentait de décoller une croûte de son visage. Ce n'était pas Argonia. La Argonia qu'il avait connue, son épaisse chevelure rousse volant au vent et un sourire en toutes circonstances plaqué sur son visage. Il était la cause de sa transformation. Il l'avait rendu triste. Il avait, d'une manière ou d'une autre, poussé dans le bras des dalatiens, pour qu'elle s'y perde. Il se redressa, prenant pour la première fois conscience des autres elfes présents. De la femme occupée à mélanger une décoction dans un petit pot de terre, et du chasseur qu'il avait passé plus tôt dans la forêt. Accroupis, sa cheville blessée traînant au sol, Lathbora les dévisagea d'un regard vide. Il détecta le mouvement subtil du chasseur en direction de son couteau. Il soutint son regard trois secondes, puis se retourna vers Argonia. Il lui parla d'une voix très enrouée.

Je suis désolé. Je vais partir. Je voulais rendre le couteau. Mais je vais partir. Je vais te laisser ... vivre ... Vivre ton bonheur et simplement partir.

Il essaya de se redresser, et y parvint à moitié. La couche sous ses pieds était instable, elle fit trembler sa cheville foulée, ce qui lui causa une nouvelle grimace de douleur. Il se laissa alors retomber à genoux mais chercha à éviter le regard d'Argonia. Il savait que s'il la regardait, il allait encore la voir triste. Il savait que son cœur ne pouvait plus se permettre de se briser, une nouvelle fois.

Je suis désolé.

Dit-il aux trois elfes présents. Le visage obstinément tourné vers l'orée des bois.

Sam 9 Nov 2019 - 14:55

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

Messages : 159

How I wooed your father by accident


Je le regardais allongé, se calmer peu à peu. Mais à un moment il ouvrit les yeux, et repoussa sèchement ma main. Son regard était de nouveau lucide, mais il semblait extraordinairement las et fatigué. Il se redressa, restant silencieux. Il détournait la tête. J'essayais de capter son regard, mais rien n'y faisait. Je connaissais cette stratégie. En général, il ne me regardait pas dans les yeux quand il se sentait honteux ou coupable. Accroupie, évitant de se tenir sur un de ses pieds, je le vis observer les alentours. Harian se tendit, gardant une main sur son couteau. Mais Lathbora resta calme, comme si le déchainement de haine et de folie n'était jamais arrivé. Puis il se tourna vers moi, mais garda le regard baissé et s'exprima d'une voix enrouée, presque rauque. J'écarquillais les yeux, ne comprenant pas où il voulait en venir.

"Hein... quoi ? "

IL avait voulu rendre le couteau, donc il avait... essayé de le tuer ? Je repensais soudainement à cette histoire de cadeau, et une vague de gêne me prit. C'est vrai que j'avais offert le présent d'Eldris à Lathbora. Je ne savais pas à l'époque ce que cela signifiait, mais je pouvais comprendre un peu mieux. La colère de Lathbora, tout comme celle que le jeune elfe pourrait éprouver s'il avait appris que j'avais envoyé son présent à un autre. J'avais honte maintenant... Lathbora voulait partir en plus de ça, parlant de mon bonheur ou je ne sais quoi. Il était debout, mais retombait bien rapidement au sol. Ce qu'il pouvait être têtu. Je fermais les yeux, poussant un léger soupire. C'est bon, il était de retour. Le même Lathbora maladroit, sensible et trop ngatif pour son propre bien. Je souriais légèrement, retrouvant un terrain connu et sachant comment agir.

"Lathbora... ça suffit...."

Je lui avais posé une main sur l'épaule, l'autre allant vers son visage. Je lui prenais le menton, le forçant avec douceur à relever la tête pour me regarder. Je souriais, pleine de douceur, parlant avec autant d'affection que de fermeté comme pour donner une leçon à une enfant. Et c'est qu'il en avait besoin à présent, et ce n'était pas la première fois que je le faisais. Comme pour le coup du bain et du savon...

"Je t'ai déjà dis que ça ne servait à rien de te morfondre comme ça. Maintenant au lieu de dire des bêtises, tu vas rester ici, te faire soigner et ensuite nous expliquer le pourquoi du comment. D'accord ?"

Je souriais un peu plus, me voulant rassurante, sous le regard intrigué de Risia et d'Harian. La guérisseuse s'était d'ailleurs rapprochée, amenant avec elle deux bols et du linge propre. Le premier bol contenait de l'eau fumante, et le deuxième une mixture liquide légèrement chaude et jaunâtre. Risia semblait hésitante, presque apeurée d'approcher Lahbora. Elle se tourna d'ailleurs vers moi pour parler.

"Il faut d'abord nettoyer son visage et ses plaies avec de l'eau, pour enlever la boue. Ensuite nous pourrons tamponner avec de quoi empêcher les blessures de s'infecter. Et il faut s'occuper de sa cheville aussi."

Elle jeta un rapide coup d'oeil inquiet à Lathbora, puis à Harian. Il était clair qu'elle n'avait pas envie de l'approcher. Je souriais avec douceur, prenant le premier bol d'eau chaude et un linge propre.

"Très bien, je vais le faire Risia, merci. Lath, tu permets ?"

Je m'étais tournée vers lui, le linge imbibé d'eau en main, attendant qu'il soit d'accord pour que je le touche. Lathbora était un être sensible, et je savais que les contacts n'étaient pas évidents pour lui. Il était encore... fragile. Je devais le considérer avec autant de douceur que possible, le temps qu'il reprenne son aplomb. Du moins, je l'espérais. Est ce qu'il allait se laisser soigner ? Au moins le laisser le temps de le calmer ?


Sam 9 Nov 2019 - 15:46

Anonymous
Invité

Invité


How I wooed your father by accident  



Mais pourquoi cherchaient-ils à le soigner ? Pourquoi la guérisseuse avait-elle seulement pris la peine de préparer sa mixture ? Il s'en était pris à l'un des leurs. Il les avait attaqués, et pourtant ils voulaient le soigner. Lui laisser le temps de s'expliquer. Pour ensuite le juger . Était-ce pour cette raison qu'ils employaient les services de la guérisseuse, et non pas du Mage qu'il avait vu soigner son adversaire ? Lui laissait-il une simple chance, où faisaient-ils ça en signe d'amitié et de respect pour Argonia ? En réprimant un nouveau tremblement, Lathbora ne parvint pas à trancher. Il avait subitement froid, mais l'air était pourtant chaud. Il transpirait même. Ce frisson ne pouvait rien dire de bon, mais Lathbora ne pouvait pas se permettre de rester une minute de plus.

Il fit un nouveau mouvement pour se mettre sur les pieds, mais Argonia l'avait interrompu en posant une mais sur son épaule. De l'autre, elle lui pressa sous le menton, doucement, de manière à lui faire relever la tête, de telle sorte qu'il ne puisse plus éviter de la regarder. Elle souriait, mais son regard demeurait troublé. Sa voix, à la fois ferme mais attentionnée, avait retrouvé ses accents maternels d'autres fois. Son regard à lui était toujours aussi vide. Il n'était plus le même qu'autrefois, du moins avec elle. Il ne pouvait plus agir comme alors. Il... Il aimait. Il ne voulait pas qu'elle le materne. Il voulait qu'elle l'aime. Mais Argonia continua, lui expliquant toujours doucement ces attentes. *Je ne peux pas Argonia. Je ne peux pas expliquer ce qui m'a poussé. Pas à toi. Pas maintenant. * La guérisseuse s'était rapprochée, ce qui avait permis à Lathbora de rompre le contact visuel avec Argonia. La regarder lui donner espoir. Il sentait son cœur battre plus fortement dans sa poitrine. Mais à présent, il savait que c'était impossible. Argonia était heureuse parmi eux. Elle ne l'aurait jamais été avec lui. Lui était vide, il n'avait rien à lui offrir. Rien de plus que l'arc qu'il lui avait façonné, et qu'une manière d'entrée en contact avec les siens.

La guérisseuse semblait avoir peur de s'approcher de lui. Son attitude était suffisamment explicite pour qu'il le comprenne. Il sourit doucement, presque mélancoliquement. Les derniers jours de sa présence dans son propre clan, avant qu'il ne soit gentiment poussé dehors, certains enfants partageaient la même peur. Ils s'éparpillaient lorsqu'il approchait, se cachaient derrière les aravels ou derrière les troncs des arbres. Grâce au sixième sens, si propre aux petits, ils avaient saisi que cet elfe n'était déjà plus des leurs. Qu'il était loin, si loin d'eux et de leurs préoccupations. Lathbora dirigea son sourire vers la guérisseuse, mais elle s'était tournée vers Argonia. *Je en suis pas des vôtres, mais je ne te blesserais pas.* Pensa-t-il avant qu'Argonia se ne décide à soigner elle-même son ami.

Non, Argonia. Je ne veux pas que tu me soignes.


Il tendit une main en direction de son visage, voulant l'effleurer pour adoucir son refus. Mais ses doigts s'arrêtèrent avant qu'ils n'aient atteint sa peau. Il avait vu l'état de sa main. Il avait vu à quel point il pouvait être sale, et misérable. Une telle main ne devait jamais toucher la peau d'Argonia. En baissant son bras, le dalatien se saisit du bol d'eau chaude et claire ainsi que du linge y trempant. Il se nettoya rapidement le visage, en frottant le linge contre sa peau, contre ses plaies. À chaque passage, l'eau se troublait, des dépôts flottaient à la surface. Il n'arrêta que lorsqu'il sentit sa peau retrouver sa souplesse. Il plaqua les cheveux qui avaient été mouillé vers l'arrière et appuya un instant sur sa lèvre, où la plaie s'était légèrement rouverte. Au regard que posaient sur lui les deux dalatiens inconnus, Lathbora en déduisit que son vallaslin était de nouveau bien visible. Ainsi que les traits poupons de son visage pourtant adulte. Il posa le bol au sol, mais pas sur le matelas, et s'adressa au chasseur, évitant une nouvelle fois de croiser le regard d'Argonia.

J'ai attaqué l'un des vôtres, je ne mérite donc pas d'être soigné. Mais je souhaiterais m'expliquer auprès de votre archiviste, voir s'il peut m'autoriser à vous quitter.

Involontairement, il regarda Argonia. Il hésita. Doucement, il ajouta :

Pardonne-moi mais j'ai perdu le couteau. Il doit être quelque part dans les herbes, là où nous nous sommes battus. Le sang sur la lame est le mien. Je ne sais pas si tu voudras le récupérer, mais ...

Il laissa sa phrase en suspens, et trouva cette fois-ci le courage de caresser le visage d'Argonia de sa main encore humide. Doucement, du pouce, il suivit le contour de sa pommette, jusqu'à l'angle de sa mâchoire. Il ne l'avait encore jamais touché de la sorte. Sans que le geste ne soit motivé par aucune raison utilitaire. Il se releva et s'inclina devant la guérisseuse.

Je vous remercie pour l'eau propre. Et je suis prêt à vous suivre jusqu'à votre archiviste.

Sam 9 Nov 2019 - 16:43

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

Messages : 159

How I wooed your father by accident


Je ne m'attendais pas du tout à la réponse de Lathbora. Je le regardais avec surprise. Pire, je me rendais compte que j'étais piquée par son refus, vexée qu'il n'accepte pas mon aide. Pourquoi me rejetait il ainsi, alors que je voulais l'aider ? Est ce qu'il avait décidé que je ne ferais plus partie de sa vie ? Je sentis un terrible pincement au coeur. Ou plutôt, un déchirement. Être rejetée ainsi, par Lathbora en plus... Il avait tendu une main vers moi, mais s'arrêta en cours de chemin en voyant l'état sale de celle-ci. Semblant prendre enfin conscience qu'il était crasseux, il se mit en quête de se nettoyer un peu. Il prit le bol d'eau, commençant à se nettoyer. JE poussais un léger soupire de déception, reposant le linge humide qui était entre mes mains à côté du bol. Il ne voulait pas que je le touche, sans doute que c'était la fin... A mesure qu'il se nettoyait, il reprenait enfin une forme "elfique". Son tatouage et ses tâches de rousseurs étaient visibles, ainsi que les coupures et les quelques bleus. Ses yeux étaient toujours aussi rouge et fatigué, mais il avait l'air beaucoup plus normal que tout à l'heure. J'entendis derrière les deux dalatiens chuchoter entre eux. Ils parlaient dans leur langue, je ne comprenais pas trop, mais ils avaient l'air troublés et ne cessaient de fixer le visage de Lathbora.

Quand il eut fini, il se tourna vers eux, exprimant calmement son refus d'être soigné mais sa volonté de rencontrer l'archiviste. J'étais soulagée de voir qu'il était assez calme et lucide pour faire une demande aussi raisonnable. Il se tourna enfin vers moi, à me regarder. Il était hésitant, toujours un peu fuyant du regard. Il s'excusa d'avoir perdu le couteau, qu'il avait utilisé pour s'en prendre à Eldris. Sa dernière phrase fut en suspens, sans que je puisse comprendre où il voulait venir. Puis il fit un geste inattendu. Lui qui depuis tout à l'heure ne voulait pas que je le touche, qui depuis tout le temps avait évité les contacts directs, voilà qu'il tendait une main vers mon visage, me caressant les pommettes avec délicatesse. Ce simple contact... Un frisson me parcouru, alors que je me raidissais et que mon coeur se mit à battre la chamade. Trop d'émotions d'un coup passèrent dans mon corps si frêle. Surprise, joie, tendresse, gène, l'envie de m'enfuir en courant et de me cacher, le désir de lui sauter dans les bras pour l'enlacer et avoir plus de contacts. Ces multiples pensés et sensations m'empêchaient de fonctionner normalement, et je ne pus même pas réfléchir. Non, à la place je devenais rouge pivoine, détournant à mon tour le regard des yeux dorés de Lathbora. L'endroit où sa peau légèrement rugueuse avait touché mon visage, c'était comme si un picotement le parcourait, ou plutôt le brûlait. Ma confusion n'échappa pas à Risia, qui commençait à mieux comprendre la relation compliquée entre nous deux. Lathbora s'était levé, remerciant Risia avec politesse et lui demandant de la conduire à l'Archiviste.

Elle souria légèrement et lui fit signe de le suivre, sans dire un mot. Je m'étais relevée et les accompagnais, plus par réflexe que par réelle volonté. J'étais perdu dans le flot d'émotions et de questions qui me traversaient, essayant de comprendre pourquoi il me rejetait autant pour ensuite avoir un geste aussi tendre et affectueux. Je ne savais plus quoi penser. Je les suivais, Harian fermant la marche. Les autres dalatiens avaient repris leurs activités habituelles, mais sur notre passage donnaient des regards à la fois curieux et anxieux à notre convois. Nous arrivions enfin à un aravel un peu plus grand, et derrière se trouvait un petit feu de camp. Des malles et d'autres objets étaient entassés, formant une sorte de cercle plus intime. Autour du feu se trouvait l'Archiviste, mais également une vieille elfe du nom de Pareva et l'artisan Taethorn. Ils formaient une sorte de cercle d'anciens, de sages du clan. Il y avait également Eldris, qui à notre arrivé jeta un regard courroucé à Lathbora, et plus anxieux vers moi. Mais je n'y prêtais même pas attention. La tension était revenue, et je m'intéressais uniquement à ce qui allait se passer. L'Archiviste Sehel regarda Lathbora, ayant un léger sourire sur le visage.

"Ha, te voilà... Et tu ressembles enfin à quelque chose. Tu as l'air calmé également."

Sa voix était toujours aussi posée et calme, presque apaisante. Mais l'ambiance était loin d'être aussi bénéfique. La tension régnait, et Eldris semblait sur le point de cracher sa colère à la moindre occasion. Sehel parla de nouveau, sur un ton un peu plus ferme, comme il convenait pour une interrogation et un jugement.

"Par égard pour notre invitée, Argonia, qui semble te connaitre et qui sans doute est la raison de ta visite dans notre clan, nous avons décidé de te laisser t'exprimer. Parle, explique nous pourquoi tu as agressé Eldris. "

Comme tout le monde, je regardais Lathbora, attendant enfin de connaitre ces différentes raisons.


Contenu sponsorisé


Page 1 sur 3 1, 2, 3  Suivant

Permission de ce forum:

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum