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Dim 1 Déc 2019 - 14:56

Cullen Rutherford
Cullen Rutherford

– Inquisition –

Messages : 286

Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.


Les neiges sur les Dorsales de Givre étaient éternelles. C’était une constante du monde : L’eau mouillait, l’elfe avec de longues oreilles, et les monts qui formaient la frontière naturelle entre Férelden et Orlaïs étaient perpétuellement blancs. Après autant de temps passé à déambuler en haute altitude, même les bottes ferrées de Cullen étaient trempées jusqu’à la fabrique. La neige qu’il avait piétiné encore et encore avait imprégné la fourrure et une bouillie de flocons concassés et à moitié fondus avait envahi ses pieds.

Il aurait dû avoir froid. Ses pieds auraient dû geler, devenir bleu d’engelures. Son pouls aurait dû se ralentir. Ses yeux devraient trembler de sommeil. Mais alors qu’il s’échappait des ténèbres des Cavernes de Darse, suivi par une longue colonne de fidèles de l’Inquisition, il se rendit compte qu’il n’avait jamais autant été éveillé. Il se rendit compte que son coeur battait la chamade, qu’il martelait contre sa cage de chair et d’os et menacer de s’échapper entièrement. Et il se rendit compte qu’il bouillonnait de colère. Une colère infernale, qui secouait tout son être et réchauffait par sa puissance tous les interstices de son corps éphémère. Il était intéressant de voir à quel point ce sentiment l’avait enserré dans un étau impitoyable, qui emprisonnait son esprit et son coeur, .fonctionnant comme un filtre qui bloquait tout autre émotions au plus profond de lui. Et alors que le vent familier des Dorsales de Givre l’accueillit avec une bourrasque qui fit frémir ses boucles blondes, Cullen eut le malheur d’escalader un rocher.

Le haut de ce rocher donnait une vue intégrale sur la vallée du dessus. Et là, à travers l’air saturé de cendres et d’échec, il fit face à toute l’étendue du désastre qui était la source de sa colère.

Darse brûlait. Non, ce qu’il restait de Darse brûlait. L’endroit n’était que les ruines des ruines, le tombeau d’un rêve tué dans l’oeuf et le chant du cygne d’une victoire qui avait semblé trop belle. La ville brûlait avec une telle intensité qu’elle était un Soleil en comparaison à la passion destructrice du coeur de Cullen.

Le Commandant n’avait rien pu faire. Leur victoire contre la brèche avait semblé totale. Il ne restait plus qu’à refermer les multiples failles grâce au pouvoir de la marque, et le monde aurait retrouvé un semblant de normalité. Enfin, si cela pouvait encore exister avec les évènements de l’âge de Dragon. Mais tout était terminé.

Créateur. Il aurait dû savoir. Il aurait dû être prêt. Il aurait dû le prévoir ! Les Templiers avait été trop silencieux après que l’Inquisition ait décidé de contacter les mages, et le coupable de l’explosion du Conclave n’avait toujours pas été trouvé. Mais Cullen avait préféré se concentrer sur la Brèche. Son esprit embrouillé par le manque de Lyrium et embrumé par les constants mal de crâne avait décidé de s’éviter la surcharge de penser à l’après. Il aurait dû en prendre.

Il en avait besoin. Maintenant plus que jamais. Alors que ses ses yeux pleuraient sous l’assaut de la fumée acide de Darse, ses mains tremblèrent sans qu’il ne puisse les contrôler. Elles tremblèrent bien plus qu’avant. Il dû raffermir sa prise sur le pommeau de son épée, mais cela ne fit que stabiliser son bras. Cullen avait envie de vomir, de s’arracher les cheveux, de revenir sur ses pas pour faire énacter la Juste rétribution qui attendait ceux qui avaient osés envahir son chez-lui, et cela tout en même temps. La surcharge était presque trop pour ses nerfs, mais au lieu de la combattre, il l’embrassa. Son dos était courbé sous le poids des dizaines, des centaines de morts calcinés sous les décombres. Beaucoup de ses soldats étaient tombés sans même avoir dégainé leur épée. Et ça… tout ça à cause de lui.

Jamais le passé n’avait autant frappé le Commandant au visage. Il avait perdu des précieuses secondes à tenter de comprendre le pourquoi du comment de la présence de Samson à la tête des monstres qu’étaient devenus les templiers traîtres. Comment est ce que Cullen avait pu le laisser approcher sans préparer ses propre défenses ? La somme de ses erreurs avaient mené Samson et son… son Ancien aux portes de Darse, et aux lèvres d’une victoire phénoménale. Leur objectif avait été de couper les jambes de l’Inquisition. Et il étaient sur le point d’en amputer la tête. Le Héraut, ainsi que Cassandra, étaient encore en bas, en train de se battre contre les sbires de Samson et de l’Ancien. Ils avaient un plan, un plan quasiment suicidaire mais qui apporterait la Justice à Samson. Si l’Inquisition devait mourir aujourd’hui, ce serait sous un tonnerre éclatant qui rallierait les nations derrière leur mémoire. Samson était venu pour le sang, mais il se noiera dans le sien.

Etrangement, la pensée de la mort de Samson prochaine ne lui apporta pas le souvenir ni la joie qu’il aurait espéré en tirer. Son esprit tentait de rationaliser cette débâcle en une victoire, mais dans son coeur, il savait que ce coup porté à l’organisation était presque fatal. Mais il restait des survivants. Ils n’étaient pas tous morts. Cullen était toujours l’un des piliers dirigeant de l’Inquisition, ainsi que Joséphine et Léliana. Il saurait les aider à restaurer leur grandeur passé. Et pour cela.

Il devait en prendre. Il devait en prendre. C’était une simple solution. Il avait essayé d’arrêter et de continuer à exercer ses fonctions, mais il avait échoué. La débâcle de Darse était autant sa responsabilité que celle de Samson, et c’était insupportable. Le tremblement de son bras s’estompa, et ses lèvres s’humidifièrent. Une vague de joie -le genre de joie du subconscient, qu’on ne ressent pas vraiment mais qui s’opérait en arrière plan de la pensée- déferla sur Cullen alors qu’il savait qu’il allait en reprendre. Sa main se porta dans sa poche droite, là où il gardait toujours une fiole sur lui. Il tâta la fabrique pour la retrouver. Son coeur se serra en horreur.

Vide.

Horrifié, il enfourna sa main dans la poche de la fabrique qui se trouvait au dessus de son plastron. Toujours vide. Par une multitude de geste fébriles, il chercha partout. Sa poche intérieure était vide. Il avait peut-être laissé dans son bureau.

Mais comment allait-il faire sans lyrium ? COMMENT ? Il n’allait pas pouvoir continuer. L’Inquisition avait un pied dans la tombe, et allait mourir par sa faute. La frustration commença à monter en lui. La colère qu’il ressentait depuis maintenant dix ans refit surface. Dans un sursaut de rage, il prit le vêtement qui recouvrait son armure et l’arracha. La délicate fourrure rousse qui était devenu son apparat de choix après Kirkwall s’écroula lourdement dans la neige à côté de lui.
Comme attiré par l’inertie de sa cape, il s’écroula lui aussi au sol. Ses genoux atterrirent dans la neige, qui fondit autour de ses jambes. Le Commandant de l’Inquistion, si fier dans leur victoire contre les démons de la Brèche, était désormais à genoux dans sa propre défaite.

Derrière le rocher, il entendit les fidèles de l’Inquisition qui sortait peu à peu des tunnels. Ils commençaient à s’organiser. Quand il serait tous sortit, c’était au tour de Cullen d’envoyer le signal au Héraut, qui se chargerait d’ensevelir Samson et ses misérables sous des kilomètres de neiges.

Mais pour l’instant, le Commandant se morfondait. Il enfouit son visage dans ses mains pour cacher les ruines encore fumantes de Darse. Il murmura :

“Créateur… Que vais-je faire ?”

Dim 1 Déc 2019 - 19:00

Anonymous
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Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.



Ils marchaient à pas pressés, sans discontinuer ; pourtant, leur avancée leur semblait infiniment lente. Des chuchotements urgents parcouraient de temps à autre le long cortège d’individus effrayés, les incitant à ne pas ralentir. Leurs chargements, des bricoles qu’ils pressaient hâtivement contre leur coeur, mais aussi quelques trésors sauvés par l’attaque éclair qu’ils avaient subis, venaient pourtant entâcher cet effort commun. Mais ce n’était rien comparé aux nombreux blessés qui parcouraient les rangs, les plus en état aidés par leurs compagnons, boiteux et faibles, tandis que les plus malchanceux étaien transportés. 
Sur leurs visages, les mêmes yeux emplis de fatigue et pourtant complètement éveillés autant par l’effroi que la détresse. Ils n’avaient plus rien. Ils n’avaient nulle part où aller. 

Derrière eux , les réminiscences de leurs maisons devenues cendres et ruines, gardés des êtres qui n’avaient plus rien d’humains. Ils n’étaient que des bêtes enragées aux corps dévorés par des gemmes écarlates, comme nourris du sang qu’ils avaient versés et rougis par les flammes de la destruction. 

Devant eux, les tunnels que composaient les cavernes de Darse, froids et ombreux, où tous ensemble , plus que jamais, ils se sentaient proie.

Parmi cette masse d’individus, marchant aux cotés des premières rangées de survivants, Lynne ne pouvait s’empêcher de chercher avec empressement des visages connus, tournant sa tête vers tel ou tel individu à la recherche d’un regard familier, ralentissant parfois légèrement pour dévisager des êtres anonymes la renvoyant à sa propre solitude. Ainsi ne pouvait-elle que constater l’horrible absence des personnes chères à son coeur, la mettant face à l’incertitude de leur destin. Telle une maladie son angoisse se propageait au fur et à mesure de ses recherches pressées et infructueuses, la harcelant à chaque échec de questions dont elle n’avait pas la moindre réponse. Qu’adviendrait-il du Héraut ? Où allaient-ils aller, maintenant ? Edwin avait-il réussi à survivre à l’attaque ? Est-ce que ses amis allaient bien ?
Où était tout le monde ?

Elle se résigna progressivement mais non sans douleur, suivant docilement le rythme qui lui était imposé. Sa respiration, saccadée, retenait tant bien que mal ll’émotion qui lui serait horriblement la gorge. Machinalement, évitant le regard de quiconque, elle passa sa main sur ses yeux pour y essuyer l’humidité qui s’y était logée. Elle voulait hurler sa colère contre les Templiers, déverser ses pleurs pour ceux qu’elle ne retrouvait plus et tous ceux qui avaient été laissés derrière. 

Mais celui était impossible. Elle n’avait pas le droit de céder à la terreur et au deuil. Elle ne devait pas perdre son sang-froid malgré l’absence de ses compagnons qui nourrissait ses pires cauchemars. Elle s’interdisait l’idée d’enterrer ses amis sans avoir constaté leur mort. Et surtout, elle devait se tenir droite et forte pour ceux qui vivaient encore.
Pourtant, malgré ses tentatives de se raisonner et ses nobles résolutions, la tristesse, la peur et l’angoisse ne quittèrent pas son être transis de fatigue pendant tout le voyage. Seul un imperceptible réconfort l’envahit lorsque enfin, après un temps qui lui semblait incalculable, elle vit un semblant de lumière au bout du tunnel.

Le ciel des Dorsales de Givre, d’un bleu profond et emplit d’étoiles, l’accueillit alors qu’elle sortait du refuge souterrain. Elle sentit bientôt ses pas quitter le sol dur des cavernes pour s’enfoncer dans la neige immaculée. Ses cheveux sombres, légèrement détachés après la tumulte des combats, flottèrent brièvement lorsqu’une bourrasque glacée vint souffler sur elle et ces âmes qui avaient tout perdu.

La jeune femme se mit d’elle-même à l’écart afin de pouvoir mieux observer les personnes qui sortaient petit à petit de la grotte. Elle en reconnut une poignée, comme par exemple une mage de soin du nom d’Ophélie avec laquelle elle avait souvent travaillé, ou encore le forgeron qui s’était établis à l’entrée du village, même quelques badauds qu’elle avait déjà aperçu à discutailler à la taverne de Darse. Mais l’absence de certains la rendait de plus en plus nerveuse, renforçant son agitation qui lui devenait graduellement insupportable.

C’est en s’efforçant à regarder ailleurs qu’elle vit finalement, plus haut sur un rocher à quelques mètres d’elle, la silhouette caractéristique du commandant se détachant du ciel nocturne. Sa figure, habituellement droite et fière, s’était affaissée plus proche de la neige dans une affliction que Lynne n’avait vu que sur trop de visages aujourd’hui et qu'elle, malheureusement, ne comprenait que trop bien.

Lynne le rejoint silencieusement, sans mot dire, s’arrêtant quelques secondes derrière lui dans un mutisme respectueux avant de se diriger vers son tissus bordé de fourrure parsemé de flocons de neige. Ses doigts attrapèrent l’étoffe, douce et chaude, pour finalement la soulever afin qu’elle ne s’en empare délicatement. Son regard s’attarda sur le vêtement, allant ensuite jusqu’à Cullen avant de se diriger vers la vallée en contrebas, capturé  par les flammes qui embrasaient les ruines de l’endroit où elle avait à peine eu le temps de s'installer. C’est là où le héraut livrait bataille à cette instant précis, seule avec une poignée d’individus, pour leur donner assez de temps pour fuir.

Doucement, après avoir déposé la fourrure sur les épaules de son propriétaire, elle prit place à côté de lui, se mettant elle-même à genoux sur la neige glaciale.

La brune ne fit d’abord aucun commentaire, ses mots restants encore logés dans sa gorge. A l’heure actuelle, rien ne lui semblait juste et approprié à exprimer sur le moment. Rien, aucun mot, ne serait une consolation suffisante face à l’horreur qu’ils venaient tous deux de vivre. Elle-même combattait avec le désespoir que lui inspirait le plan suicidaire de son amie, une étincelle de vie dans un enfer rouge qui ne demandait qu’à l’avaler.

Pourtant, elle devait croire.

Elle devoit croire que le héraut vivrait malgré les faibles chances de la revoir. Elle devait croire en elle et à son retour, envers et contre tout. Elle devait croire qu’elle la reverrait en vie, elle mais également tous ses amis.
Elle devait croire que ce pourquoi elle s’était battue n’était pas vain. Une nouvelle vie pour son meilleur ami, un moyen de le voir redevenir lui-même. Mais également l’Espoir de construire un monde dans lequel cela serait possible, peu importait l’issue de leur fuite actuelle.  

Baisser les bras … elle n’en avait pas le droit. L’Inquisition n’en avait pas le droit.
Après quelques instants de silence, pour elle-même mais également pour Cullen, sa voix s’éleva finalement, résolue, mais teintée d’une douce détermination. 

« Ce n’est pas encore finis. »

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Mer 18 Déc 2019 - 19:37

Cullen Rutherford
Cullen Rutherford

– Inquisition –

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Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.


Il était étrange de voir les parallèles entre sa vie d’avant et ce qui se passait maintenant. Alors que l’étoffe qui cachait le sobre acier de son armure gisait dans la neige, il restait agenouillé dans l’humidité, recouvert de fer et de regret. En effet : En rejoignant l’Inquisition, il avait tout de même gardé le fer qu’il portait à Kinloch et à Kirkwall. Depuis son initiation, il l’avait porté. Elle représentait son histoire. Là où une abomination l’avait trainé dans les couloirs de Kinloch, le fer s’était étiré. Là où un mage de sang l’avait transpercé, le fer avait perdu de sa couleur. Le sang qu’il avait manié avait oxydé le métal, pour n’en laisser qu’une couleur terne, bien loin de l’habituel brillant qu’il avait tenté maintes fois de restaurer. Et désormais, tâche bien plus récente : Les coups du marteau qui avait restauré les marques de griffe du démon d’orgueil dans les marches solitaires brisaient le plan incliné du plastron, et formait des petites collines imparfaites qui trahissait l’harmonie du métal.

L’Histoire de Cullen était longue et traîtresse. Malgré son jeune âge relatif, il avait beaucoup fait et beaucoup vécu. Mais le plus important était qu’il avait été capable de se relever à chaque fois. Mais les moteurs de cette détermination n’avaient pas toujours été très… Noble. La haine qui l’avait embrasé après Kinloch l’avait redressé, et le désir de se racheter après Kirkwall l’avait poussé en avant. Comment allait-il faire désormais ? Ils avaient réparé. La Brèche était fermée, bien qu’une cicatrice restait menaçante dans le ciel. De moins en moins de failles s’ouvraient chaque jour, et la tendance voulait que cela s’arrête totalement. Mais avec la chute de Darse… Que leur restait-il ? La promesse d’une guerre longue et potentiellement désespérée. Cet Ancien avait dévasté les efforts de Cullen en quelques heures, et malgré le fait que le Commandant avait été pris par surprise, il ne pouvait s’enlever de l’esprit qu’ils combattaient contre quelque chose qui les dépassait totalement.

Et ce mal de crâne, oh ce mal de crâne. La sensation était bien pire que toutes celles qu’il avait eues depuis qu’il avait arrêté le Lyrium. Est-ce que c’était la vision d’une horde d’ex compagnons distordu sous l’effet du Lyrium rouge qui lui avait fait ça ? En voyant Samson à leur tête, il ne s’était dit qu’une chose : Ça aurait pu être lui. Cela aurait dû être lui si Cassandra ne lui avait pas proposé l’alternative de l’Inquisition. Si l’Ancien avait réussi à corrompre l’une des institutions les plus anciennes et les plus disciplinée de Thédas, quelle chance avaient-ils avec une armée de paysans et de pariahs ? Cullen n’était qu’un Commandant en nom. Sans le Lyrium, il n’avait pas les épaules nécessaires pour endosser ce rôle.

Un autre tressaillement de douleur le fit retourner à ce besoin primaire. Il devait en prendre. Il devait en prendre. Lysette, la Templière, avait survécu à l’assaut. Elle était forcément dans la colonne des réfugiés, et stockait forcément une fiole avec elle. Son cœur dominait désormais totalement son esprit. Plutôt, l’envie de Lyrium était tellement forte que son esprit changeait pour pouvoir laisser passer l’idée qu’il devait aller voir Lysette. C’était une chose terrifiante, et il s’en serait rendu compte s’il n’avait pas autant mal. Les muscles de ses jambes commençaient à se tendre. Il allait se lever, la trouver, et récupérer son Lyrium. Il la tuerait s’il le fallait.

Il devait en prendre. C’était une question de survie. La sienne, et celle de l’Inquisition. Ces pensées continuèrent à s’accumuler.

Jusqu’à ce que doucement, délicatement, quelqu’un vint déposer le reste de sa tunique sur ses épaules. Tout de suite, une chaleur indescriptible enserra son cœur. Comme si le vent froid des Dorsales de Givre avait soudainement décidé de s’écarter pour l’épargner de leur morsure. Quelqu’un était à ses côtés, et plongés dans ses pensées et ses remords comme il l’était, Cullen ne l’avait pas entendu arriver.

Il ne leva même pas la tête pour savoir qui était là. Car instinctivement, il avait appris à reconnaître sa présence. C’était comme si elle émettait quelque chose que son esprit pouvait détecter. Peut-être était-ce la douceur de ses pas sur la neige. Peut-être était-ce la délicate attention qu’elle avait eu de remettre sa cape sur ses épaules. Ou bien peut-être était-ce la projection tranquille de ses propres pensées qui appelait à l’ordre et au calme les ébullitions de Cullen.

Quand elle parla, sa voix confirma tout cela. Ce qu’elle disait aurait pu être qualifié d’insupportables platitudes. Mais le ton de la voix, le silence respectueux qu’elle avait laissé, comme pour laisser le temps à Cullen de s’habituer à sa présence… Tout cela transformait ces paroles simples en le plus puissant des discours.

Car après tout, si Cullen n’avait pas de haine pour le redresser, s’il n’avait pas de culpabilité à racheter… Pouvait-il se battre pour lui-même ? A quel point avait-on besoin de détermination pour gagner une guerre ingagnable ? Sans Lyrium, il était certain de ne pas pouvoir le faire. Mais l’envie pressante d’aller menacer Lysette pour qu’il puisse en récupérer avait totalement disparu. Les douces paroles de Lynne avaient agis comme un baume sur l’esprit échauffé de Cullen. Alors, même si Cordélia mourrait de la pire des morts, même si la victoire de l’Ancien était totale ce soir… Il devait se battre.

« Ce n’est pas fini en effet. Mais… Ne t’es-tu jamais demandé si ce serait mieux si cela avait été le cas ? »


Dim 22 Déc 2019 - 15:39

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Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.


Les flocons de neige se déposaient petit à petit sur leurs silhouettes agenouillées, fondant au contact chaud de leur peau. Quelques éclats immaculés restèrent coincés sur les cheveux sombres de la mage, qui observait son supérieur avec inquiétude alors que ce dernier lui faisait part d’une sinistre interrogation.

« Tu veux dire … Si nous avions simplement perdus face à eux ? »

Son regard passa de lui jusqu’à la cité en ruines située en contrebas. Des silhouettes rouge rubis s’agitaient parmi les flammes et les cendres, parfois masquées par les bâtiments et la fumée des incendies. Pour l’instant, l’immense dragon qui avait accompagné l’arrivée de l’Ancien était hors de vue, ce qui n’atténua que légèrement son anxiété vis-à-vis du sort de l'inquisitrice et de ses compagnons. Ils étaient seuls, une flamme de bougie face à une obscurité qui menaçait de les avaler tout entier à chaque seconde.
Elle ne croyait pas en le Créateur. Pourtant, à ce moment précis, elle ne pouvait s’empêcher d’invoquer en silence son nom dans l’espoir que cela les aide, d’une manière ou d’une autre. Que pouvait-elle faire d’autre pour eux, à part s’en remettre au hasard et à la chance ? Pour la suite des évènements … cela ne dépendait que de ce que les rescapés de l’Inquisition feraient. Pour sa part, elle refusait d’abandonner.

« C’est … difficile de survivre à quelque chose de pareil. » admit-elle, laissant son regard traîner sur la neige à ses genoux avant de se raccrocher au commandant. « Je me sens coupable de savoir que des personnes sont mortes pour me protéger, et j’ai cette voix dans ma tête qui n’arrête pas de me dire que j’aurai pu faire mieux. C’est la culpabilité du survivant et je ne peux que vivre avec. »

Il y avait de l’acceptance dans sa tonalité de voix, même si elle n’était pas dénuée de douleur. Elle avait vécu quelques choses de similaire en réchappant de Kirkwall. Nombre de mages sont morts ce jour-là, parmi lesquels elle avait compté connaissances et amis. Pourtant, vivre cela une seconde fois n’allégeait en rien sa peine et son angoisse lacinante. C'était pire, bien pire que Kirkwall. C'était vivre un cauchemar éveillé, sans qu'elle ne puisse rien faire.
Et elle ne pouvait rien faire d'autre que de réfreiner ses émotions alors qu'elle tentait de raisonner son supérieur :

« Bien sûr que tout cela est douloureux et que j'aurai préféré ne jamais avoir à vivre cela - mais si tout s’était arrêté maintenant, ces salauds auraient gagnés. Je ne sais pas pourquoi ils nous ont attaqués, mais je suis sûre d’une chose : j’aurai détesté ne pas pouvoir personnellement leur faire payer ce qu’ils nous ont fait et les empêcher de recommencer. »

La vengeance et la justice étaient deux sentiments qui s’entremêlaient en elle, émotions jumelles et pourtant distinctes. Elle ne cherchait cependant pas à les séparer pourtant, à rationaliser ses pensées. Elle était fatiguée et épuisée, aussi bien physiquement que mentalement. Pourtant elle poursuivit.

« Personne n’aurait pu anticiper la nature de l'attaque qu'on a essuyé. Mais on a vu ce qu'ils peuvent faire, maintenant ... on peut travailler avec ça. » déclara t’elle finalement. Sa mine se fit pourtant soucieuse malgré sa note positive, le souvenir de la bataille ressurgissant dans son esprit : « Ces … ces Templiers que nous avons affrontés ... Ils n’ont plus rien d’humain. Tu as vu leur regard ? Et ces cristaux rouges sur leurs corps ? C’est comme une sorte de parasite … Je n’ai jamais vu une chose pareille. »

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Jeu 26 Déc 2019 - 22:50

Cullen Rutherford
Cullen Rutherford

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Rage, enrage contre la Lumière qui se meurt.


Lorem Ipsum Le futur est une chose terrifiante. Chacun devait apprendre à accepter son inévitabilité. Cullen détestait cela. Il aimait prévoir et il désirait contrôler chaque chose qui arrivait et qui arriverait. En tant que Commandant, cela était l'une de ses tâches principales. La capacité à improviser et à prévoir était peut être plus importante encore que l'art de la guerre. Car le mythe d'une bataille décisive écrasant toute résistance n'était que cela : Un mythe. Une guerre était gagnée au bout d'un long processus d'écrasement de toute volonté de combat.

Malgré ce qu'il disait à propos de leur écrasante défaite, l'Inquisition pouvait toujours se relever. Des recrues fraîches pouvait être levée, chacune désirant verser leur sang contre les hordes de démons prête à se déverser hors de l'Immatériel. La confiance qu'ils venaient de perdre pouvait être regagné, les ressources pouvaient être accumulée à nouveau. Mais ce qui désespérait Cullen, c'était la promesse que cette bataille venait de faire au monde.

Tout ce que Lynne disait n'accrochait simplement pas. Les paroles semblaient glisser sur une toile cirée, comme si ses paroles entraient par une oreille et sortaient par une autre. Il résonnait avec ce qu'elle disait, mais... Comment pouvait-il lui dire que c'était déjà terminé ? Le futur qui s'annonçait était si sombre et si terrible qu'il en tremblait. Cette fois, il en était certain. La pression que le manque de lyrium exerçait sur sa tête lui laissait quand même le luxe de cette lucidité.

« Oui, Lynne... Ils sont monstrueux. Je me rends compte qu'il y a peu que j'aurais pu faire pour prévenir cette défaite. L'Ancien et Samson semblent tout deux sortir d'un mauvais rêve, et je n'ai que le sang versé pour me rappeler à la réalité. »


Il tourna la tête, et la regarda dans les yeux.

« Mais... Te rends-tu compte de ce que cette défaite clame au monde ? L'Inquisition, la seule entité qui s'était pour l'instant dressé face aux failles, annihilé en quelques heures. Tout notre travail contre la brèche, dispersés aux quatres vents. »

Le commandant tendit une main maculé de neige, et aggripa la manche de la mage.

«J'ai vécu le cinquième enclin. Lorsqu'il a été confirmé que les ailes noires qui flottaient à l'horizon appartenaient bien à celle d'un archidémon, le moral a touché le fond. Dénérim, le joyaux de Férelden, a été rasé. Et maintenant, non seulement nous nous retrouvons face à un autre archidémon, mais celui ci semble contrôler les hordes infernales qui poussent contre le Voile ? Que pouvons nous faire Lynne ? »

Il lâcha la manche, et laissa sa main tomber contre son flanc.

« La chute de Darse aujourd'hui n'est que le premier acte. Même si nous nous reformons, même si nous nous battons... Ce ne sera pas assez. Regarde ! REGARDE ! Des hordes et des hordes de monstres, chacun valant dix hommes au combat ! Le Héraut est en train de se battre en bas, attendant que nous nous reformions pour les enterrer sous une montagne. Mais elle combat une bataille perdue d'avance face à la puissance millénaire d'un démon. Il a rasé une montagne par le Créateur ! »


Ses poings se serrèrent sous le coup de la frustration.

« Je ne peux m'empêcher de penser au futur. Ces Templiers Rouges sont une menace atroce, cet Ancien renverse tout ce que nous avions pensé de pire. Orlaïs est au bord d'une guerre civile. Les Qunaris ne pensent qu'à une chose, et c'est d'observer les faiblesses du continent. Et moi, moi je n'ai rien trouvé de bon que de me lancer dans mon baroud d'honneur contre le Lyrium. »

Ses mains se portèrent à ses épaules, où Lynne avait reposé sa cape.

« Sais-tu le mal que le Lyrium fait aux Templiers ? Si l'on en prend trop, on en oublie nos propres vœux. Et si l'on en prend pas du tout, l'envie d'en reprendre devient une douleur constante, un pieu bouillant enfoncé dans l'esprit qui se cache, et attends tout moment de faiblesse pour se rassasier. Comment puis-je avoir accepté la position de Commandant avec cela à l'esprit ? COMMENT ? Ne dois-je donc pas assez à l'Inquisition ? »

Le Commandant commença à respirer rapidement, comme si il s'époumonait.

« C'est ma faute si les défenses de ce soir n'était pas si bien organisée. Après notre victoire, j'ai jugé bon de baisser ma garde. Mon mal de crâne s'était intensifié, et j'ai négligé les patrouilles. Si seulement j'avais eu quelques heures de plus... Si seulement... si seulement... »

Si seulement il en avait eu sous la main.

« Oh Créateur, je dois en prendre. Je dois en prendre, et tout faire pour nous sauver de ce destin brutal. Je dois en prendre, Lynne. »

Ven 27 Déc 2019 - 18:04

Anonymous
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Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.



L’espoir était-il un concept naïf, quand l’homme faisait face à autant d’horreur que de haine ? Tendre vers la lumière était-il permis alors que l’on peinait à s’arracher à l’obscurité ? Autant de questions que la mage se posait alors que son commandant, l’homme le plus combattif et courageux qu’elle connaissait, dessinait l’ébauche d’un terrible avenir. Lynne réagit à peine quand il lui prit la manche. Effarée, ses yeux demeurèrent fermement plantés dans les siens, comme si elle parvenait à voir le spectacle des morts futurs danser au fond de ses prunelles brunes. Sa gorgée, nouée, n’émettait plus aucun son, alors qu’un vide glacial venait peser sur son abdomen.  

Elle avait peur. Evidemment, qu’elle avait peur. Peur de ce que le destin leur cachait encore. Peur des Templiers Rouges aux yeux de rubis, peur de l’Archidémon et de son existence corrompue, peur de l’Ancien et de la mort qui suivait ses pas. Mais surtout, à ce moment précis, c’était son ami qui la faisait trembler.

Il avait abandonné. Dans son esprit, l’Ancien avait déjà gagné. Pourquoi n’aurait-il pas gagné ? L’Inquisition avait été balayée presque sans efforts, et le restant des survivants avait été obligé de fuir afin de ne pas se faire massacrer. Beaucoup de ressources avaient été perdues, et plus important encore, des hommes. Leur base d’opération allait bientôt disparaître sous des tonnes de neige et de glace. L’Inquisition pourra-t-elle seulement renaître de ses cendres ?
Malgré son optimisme voulu, elle-même doutait sans vouloir l’admettre. Pourtant, si elle ne s'efforçait pas à se relever la première, elle ne pourrait pas aider les autres à se remettre sur pied.

C’est seulement quand les paroles de son ami dérivèrent vers son abstinence de Lyrium qu’elle comprit l'origine de son pessimisme.

Au-delà de tout ce qui avait pu se passer, qui démoraliserait n’importe quel homme, son angoisse provenait également de ce manque et de ses implications. Il pensait qu’il devait porter l’Inquisition, mais il ne pourrait pas sans en reprendre. Un verbe qu’il répéta comme un mantra, des mots auxquels il se raccrochait comme pour ne pas perdre pied.

« Cullen. »

Sa voix claire trancha le dernier impératif qu’il avait formulé. Bien que son ton fût déterminé, un léger tremblement vint animer ce seul mot qui le rappelait à l’ordre.
Son regard demeura dans le sien alors qu’elle reprit, plus doucement :

« Je suis vraiment désolée, je ne savais pas que c’était … que c’était si dur pour toi. Si j’avais su je … j’aurais pu t’aider. »

C’était la vérité. Elle pouvait peut-être alléger ses souffrances, d’une manière ou d’une autre – magiquement ou non. Elle avait, après tout, voué son existence à cela. Mais qu’importait ses compétences, la culpabilité s’insinua en elle ; être habile dans ce domaine ne l’avait pas empêché de ne pas réaliser ce que son ami avait traversé, et subissait toujours.
Mais maintenant qu’elle n’était plus dans l’ignorance, elle ferait de son mieux pour que sa douleur cesse.

La guérisseuse se pencha vers lui de telle sorte à ce qu’il reste face à elle, posant sa main sur son épaule, bien décidée à lui faire entendre raison.

« Mais avec ou sans Lyrium, cela n’aurait rien changé au résultat. Tu n’avais aucune raison de penser qu’on se ferait attaquer à ce moment précis, et certainement pas par ces … ces choses ! Personne n’aurait pu le prévoir, ni toi, ni moi, ni Cassandra, ou le héraut ! »

Elle secoua doucement la tête pour ponctuer ses paroles. Pendant qu’elle poursuivait, son autre main vint rejoindre l’épaule vacante du blond.

« Ecoute moi. J’ai bien compris tout ce que tu as dit, et oui, c’est difficile d’en voir le bout – pour tout le monde. Il y a tellement de choses qui nous dépassent et moi aussi, ça me fait peur et je doute. Je ne sais même pas si on réussira à arrêter cet enfer » admit-elle, « Mais si on abandonne maintenant, si on décide de tourner le dos à tout ça, qu’est-ce qu'il va nous rester ? Est-ce qu’on doit se cacher et attendre que le monde se plie face à l’Ancien, sans même essayer de nous battre pour ceux qui sont tombés aujourd’hui ? »

Malgré la force qu’elle mettait dans ses paroles, son visage se fit plus triste. Elle avait beau avoir la détermination de changer son esprit, l’incertitude quant à la portée de ses paroles était pesante. Ses mains se crispèrent légèrement sur les épaules de son ami.

« Je t’en prie, Cullen. Ne cède pas à cause de cette défaite. Tu es vivant, tu es là avec moi et les autres. Tout n’est pas perdu. Pas tant qu’il y aura des personnes pour se battre. »  le pria t’elle, « Et, surtout, ne gâche pas ta promesse pour ces horreurs, sinon elles vont prendre bien plus que ta vie. Et je ne le permettrai pas. »
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Mar 28 Jan 2020 - 18:47

Cullen Rutherford
Cullen Rutherford

– Inquisition –

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Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.


Soudainement, la neige qui maculait ses jambes et ses mains atteignit enfin ses nerfs. Suivant les paroles de Lynne, un grand froid se répandit dans tout son corps. Cullen ne pouvait dire si ce froid venait de la neige elle-même ou simplement si c'était à cause de la réalisation qu'il venait d'avoir. Ce que disait Lynne faisait du sens Quand une avalanche arrivait, n'était-ce pas pure arrogance de penser qu'on pourrait l'arrêter de ses propres mains ? Il y avait certaines choses dans la vie qui étaient inéluctable. La mort. La maladie. L'Amour. Est-ce que Cullen pensait réellement pouvoir stopper ce début d'apocalypse ? Cela était peut être encore plus terrifiant que la chute de Darse. Il ne pouvait même pas se blâmer lui même. C'était la fin de l'Histoire.

Ils faisaient face à quelque chose d'inéluctable. Quelque chose que le monde n'avait jamais vu auparavant. Le froid n'était désormais plus supportable. Si ses nerfs avaient été endormis par le combat et la longue marche, ils étaient maintenant plus que sensible. Ses tendons craquèrent lorsqu'il se leva lourdement. Il rattrapa sa cape. Lynne n'avait fait que la poser sur ses épaules. En faisant cela, elle l'avait probablement sauvé d'une méchante crève. D'un habile tour de poignet, il fit un nœud là où il avait déchiré sa cape de fourrure. Quel idiot. Il ne devrait pas agir aussi vite.

Le Commandant de la désormais détruite Inquisition se posta face à celle qui faisait tout pour lui redonner du courage. Il la regarda longuement, faisant attention à chaque détails. Le vent sifflait toujours autour d'eux, détruisant l'ordre méticuleux des cheveux de Lynne. L'entropie était totale : Sa tresse était décousue, et chaque brins semblaient posséder une volonté propre. Son visage était maculé de poussière de mortier, de sueur et de crasse. Son habit était déchiré en quelques endroit. Elle devait probablement avoir terriblement froid.

Et pourtant. Elle se tenait droite, éternellement fière. Eternellement déterminée. Son visage était sale, mais jamais la grâce et la noblesse ne quittèrent son visage. Jamais ses yeux bruns, si francs et si forts, ne changèrent d'expression. Alors, en regardant la perfection du visage de Lynne malgré le chaos ambiant, une pensée qui ne lui était pas venu à l'esprit depuis qu'ils avaient combattu le démon d'orgueil refit surface.

Elle était belle. Lynne était belle. Il voulait se noyer dans ses yeux bruns. Il voulait puiser dans sa force. Il voulait créer un monde où plus jamais quelque chose comme ça ne se passerait.

Elle était belle. Et plus jamais cette pensée ne lui quitterait l'esprit.

En cet instant, c'était comme si les cendres de Darse et les choeurs des envahisseurs avaient disparu. Ils n'étaient que deux, isolés dans l'altitude des Dorsales de Givres. Cullen ouvrit la bouche, les lèvres tremblantes.

« Lynne. Je... Merci. Je veux dire... »

Un éclair soudain, illuminant la nuit d'une lumière salvatrice, le coupa. C'était le missile magique lancée par le mage posté à l'arrière de la colonne. Cullen lui avait demandé d'envoyer ce signal au Héraut lorsque le dernier serait sortit des tunnels. Créateur. Leur plan avait fonctionné. Un craquement de bois lointain lui indiqua que le chaos qu'ils venaient de voir n'était que du petit lait. La Nature allait reprendre son cours, arasant tout ce qui avait osé se dresser contre elle.

« Mettons nous à l'abri. Vite ! »

L'avalanche allait se produire sur un versant opposé de la montagne, et ils étaient assez éloigné. Mais Cullen avait eut assez de malheur dans sa vie pour s'attendre à du malheur là où il ne risquait pas d'en avoir.

Il attrapa la main de Lynne, et il commença à s'éloigner du versant de la montagne d'un pas rapide. Profitant du mouvement, il détacha sa cape de son dos, et l'entoura autour des épaules de Lynne. Avec son habit dans un état pareil, il fallait qu'elle se réchauffe.

L'avalanche allait commencer. Créateur. Faites que le Héraut s'en sorte.

Dim 2 Fév 2020 - 20:25

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Les doigts de la mage se glissaient dans la douceur de la fourrure, affermissant sa prise sur les épaules du commandant. Ses prunelles attentives scrutaient son visage grave, espérant y discerner un changement même subtil dans la tension de ses traits, ou peut-être même attraper une fugace lueur d’espoir au fond de ses iris. Autour d’eux, d’innombrables flocons de neiges virevoltaient au rythme du vent glacial, la faisant frissonner dans ses vêtements abimés par la fureur des combats et la faim insatiable des flammes, passant au travers de la fabrique autrefois intacte.

Elle ne bougerait pas, cependant. Pas tant qu’il n’aurait pas retrouvé ne serait-ce qu’une once de paix en lui. Elle ne nourrissait pas l’espoir insensé qu’il parviendrait à mettre tout cela derrière lui dans l’instant. Il avait souffert autant que le reste, et même bien plus face à l’ennemi invisible qui ne cessait de le torturer jour après jour. Sa soif de lyrium dépassait son imagination, et elle ne pouvait que deviner ce qu’il traversait chaque jour depuis qu’il lui avait admis sa résolution à ne plus en consommer. La manière dont il lui avait part de sa promesse, son attitude, l’avait induit en erreur : il avait été si calme, si résolu, qu’elle en avait oublié les rumeurs au sujet de Samson à l’époque. Lui aussi avait connu cette soif, même avant que celle-ci ne lui coûte son statut.
Lynne avait initialement pensé cela serait différent pour son ami. Elle avait émis l’hypothèse que la tolérance face à cette abstinence dépendait des Templiers. Mais ce n’était rien de plus que de l’ignorance. Et malheureusement, l’ignorance pouvait être réconfortante, mais elle finissait toujours par rattraper les imbéciles – tôt ou tard. Ce n’est que maintenant qu’elle se rendait compte de l’étendue de l’impact de son sevrage, et cela la désolait.

En le regardant, une impulsion soudaine la prit. C’était une envie étrange, justifiée, et pourtant qu’elle se refreina de mettre en application. En le voyant ainsi, prit au piège avec ses propres démons, elle voulait l’attirer doucement près d’elle. Elle voulait passer ses bras autour de son cou, et le laisser reposer sa tête sur son épaule. Le bercer doucement, une main caressant ses cheveux pour l’assurer de sa présence et de son soutient. Lui apporter un réconfort qui allait au-delà de simples mots.

Mais Cullen était fort. Une vérité qu’il n’avait jamais eu à prouver auprès d’elle, mais qu’il réaffirma une fois de plus en cet instant. Tandis qu’elle repoussait son propre instinct protecteur, lui se releva doucement. Les mains de la jeune femme le quittèrent, laissant le commandant pleinement se redresser. Elle-même imita immédiatement son geste.

Les yeux du blond rencontrèrent alors les siens. Ils semblaient avoir retrouvé la calme flamme qui brillait habituellement en lui. Leurs regards s’entremêlèrent un instant dans un silence qu’elle n’osa briser, attentive à la réaction de son ami.
Finalement, c’est ce dernier qui finit par prendre la parole. Il entrouvrit ses lèvres, balbutiant quelques remerciements qu’il ne parvint pas à finir car il s’interrompit brusquement, tournant sa tête en direction d’un éclair qui brisa le ciel obscur.

« Mais qu’est-ce que-- ?! »

Les questions la submergeaient mais déjà, elle sentit une forte poigne se refermer sur sa main, la tirant prestement vers l’avant pour l’obliger à s’éloigner alors que Cullen manifestait son impératif de se mettre à l’abris. Mais de quoi ?
L’idée d’une nouvelle attaque naquit dans son esprit. Au loin, elle aperçu le groupe de rescapés s’éloigner tout comme eux, guidés par des soldats. Elle cru apercevoir Edwin parmi la foule qui se pressait, mais elle n’en était pas sûre ; tout allait vite, bien trop vite.

Un poids chaleureux sur ses épaules la fit reporter son attention sur son ami, maintenant délesté de sa fourrure. La brune s’en saisit de sa main libre pour l’empêcher de tomber alors que brusquement, derrière eux, l’enfer semblait se déverser sur terre.

Ils ne s’arrêtèrent pas pour constater ce qui se passait exactement. La montagne tremblait pendant qu’un boucan de tonnerre émanait de la vallée toute entière. Lynne n’osa pas regarder derrière elle, serrant fort la main de Cullen qui ne s’arrêta qu’une vingtaine de mètres plus tard.

Haletante, elle n’articula pas un mot alors que son regard se portait vers l’endroit qu’ils avaient délaissé auparavant. Au loin, la troupe de survivants semblait également s’être arrêtée : de là où ils étaient, elle pouvait les entendre se questionner et s’inquiéter à voix haute au sujet de ce qui venait de se passer.
La brune ne prononça pas un mot alors qu’elle remettait les évènements en ordre dans sa tête. Il ne pouvait s’agir d’une attaque de la part des Templiers Rouges – ils n’auraient jamais pu connaître leur localisation précise et ne devaient pas être au courant pour les tunnels. Non, ce qui devait s’être passé ne pouvait qu'être …

« Une avalanche. » murmura t’elle pour elle-même.

Pourtant, elle n’était pas accidentelle. L’éclair … Cullen savait. L’avalanche avait été prévue, planifiée. Il s’agissait d’un véritable tombeau de glace dans lequel ils avaient dû enfermer une bonne partie des forces ennemies, dont l’Ancien lui-même.
Mais il y avait des personnes qui étaient restées derrière, à Darse.

« Et … Et le Héraut ? »

Elle tourna son visage inquiet vers celui de Cullen. Elle savait parfaitement quelle allait être sa réponse. Pourtant, l’idée était difficile à avaler. Ce n’était pas qu’une personne qui avait été ensevelie, mais un symbole.

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Sam 7 Mar 2020 - 14:51

Cullen Rutherford
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Le plan avait été décidé pendant les quelques minutes de planification, avant que les potes ne tombent. La machine bien huilée de la Garnison s'était mis en place, l'entraînement rigoureux que Cullen leur avait infligé les poussant à agir vite et à agir bien. En quelques minutes, les civils avaient été évacués, et les premières lignes de défenses érigés. La réalité avait frappé les têtes pensantes de l'Inquisition avec sévérité.

Darse était perdue. Au delà des murs de bois, un océan de torche s'était dessiné, et avait pollué les Dorsales de Givres, tandis qu'au dessus d'eux avait flotté les ailes noires de leur fin. La décision était donc finale. Si ils devaient abandonner Darse, l'ennemi allait en payer le prix fort. Sur un suggestion du Héraut, une petite troupe de guerrier allait rester derrière les lignes pour préparer les trébuchets, tandis que Cullen et ses soldats guidait les survivants dans les tunnels expansifs du Temple de l'Urne Cinéraire.

Le Commandant avait ordonné à un mage de se mettre en dernier, et de signaler par un missile magique le Héraut pour que leur plan puisse commencer. Si Corypheus était venu mettre Darse à feu et à sang, ses forces allaient terminer dans une tombe froide. Et le Héraut... Le Héraut avait dit qu'il trouverait un moyen. Comme elle l'avait toujours fait jusqu'à présent. Cullen l'avait cru. Et il regretterait son choix si cette action n'avait pas vengé les innocents massacrés par Samson.

La réaction de Lynne était normale. Presque personne n'avait été mis au courant. Cela n'aurait rien changé, et ils n'avaient simplement pas eu le temps. Gardant la main de Lynne dans la sienne -sans aucune raison rationnelle-, Cullen observa le boulet qui venait d'être lancé par le trébuchet.

« Et … Et le Héraut ? »

En attendant le moment fatidique avant que l'avalanche ne se déclare, Cullen continuait d'observer le boulet, qui venait d'atteindre son apogée.

« Je ne sais pas. »

Dans un tremblement exponentiel, l'armée de Templiers Rouge vit arriver la vengeance de l'Inquisition. Les tonnes et les tonnes de neige, de caillou et de glace se déversèrent du versant ouest de la montagne, et dans un fracas ensevelit Darse, une bonne partie des Templiers Rouges, et leur victime. En un mouvement, les flammes s'éteignirent, et les cendres qui voletaient dans l'air disparurent. Le son s'éteignit lentement, l'écho se balançant entre les hauts monts des Dorsales de Givre. Mais c'était terminé.

C'était terminé. Et l'Inquisition, ainsi que Cullen, ne seraient plus jamais les mêmes.

Pendant toute la catastrophe, Cullen serrait la main de Lynne avec force, sans même s'en rendre compte. Sortant de sa torpeur, il relâcha son emprise, ne voulant pas lui faire de mal. Elle avait été là lorsqu'il aurait voulu tout abandonner. Se retournant, il la regarda. Elle était toujours aussi sale, son habit déchiré, son visage maculé de poussière et de sueur. Mais elle était toujours aussi belle à ses yeux. Ce fait était ancré dans son esprit, et en la regardant il ne pouvait plus le mettre à l'écart.
Obéissant à un élan de son cœur, il l'enlaça. Il l'enlaça délicatement, sans la force qu'il avait employé en serrant sa main auparavant. Le Commandant l'amena à lui, et il posa son front contre son épaule.

Entouré par la paix et le silence, profitant du fait qu'il l'avait emmené derrière un rocher, là où personne ne pouvait les voir... Il lui murmura un seul mot.

« Merci. »

Mar 24 Mar 2020 - 16:50

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Rage, enrage contre la lumière qui se meurt.



Le visage entaché de la mage était tourné vers celui de son commandant, qui semblait observer quelque chose au loin. Le regard de l’homme glissa vers l’horizon, comme suivant une trajectoire précise.
Ses yeux s’agrandirent légèrement à sa réponse emplie d’incertitude, dans un mélange de réalisation et d’inquiétude alors que les éléments s’emboitaient dans son esprit . Le Héraut n’était pas restée derrière que par simple bravoure ou pour leur permettre tous de fuir. Elle voulait attirer l’attention de l’Ancien, et le faire disparaitre avec elle. Mais elle n’eut pas le temps de réfléchir aux conséquences d’un plan si désespéré car déjà, la montagne entière s’était mise à trembler.

La masse enneigée qui recouvrait cette dernière se déversa en seulement quelques secondes sur Darse, ensevelissant ses ruines dans un tombeau glacial d’où il serait impossible à sortir. En un instant, les flammes des maisons furent soufflées, et le tonnerre infernal de la neige roulant le long des monts cessa aussi brusquement qu’il avait commencé.

Un calme étrange plana alors que le duo contemplait ce qu’il était advenu de leur ancien campement. Le cri primordial de la nature s’était enfin tu, ne laissant place qu’à un silence cristallin.

Lynne se remit soudainement à respirer, ne s’étant pas rendue compte qu’elle avait retenu son souffle pendant l’intégralité du spectacle. Sa gorge était toujours serrée face à la conclusion de la scène qui s’était déroulé devant leurs yeux. Le Héraut d’Andraste n’était plus, et avait emporté avec elle, dans son sacrifice, l’Ancien et les Templiers. Nulle trace de l’Archidémon ne venait troubler la neige immaculée.
Cependant, le doute demeurait en elle. Était-ce véritablement bien terminé ?

La forte poigne de son compagnon la ramena à la réalité, lui rappelant qu’elle lui tenait toujours la main et qu’il avait fait de même. Il sembla s’en rendre compte en même temps qu’elle car soudainement, il la relâcha.

En temps normal, son geste l’aurait fait sourire. Mais la situation actuelle était trop grave pour que Lynne se laisse aller à la légèreté, le cœur encore lourd des sacrifices de cette journée. Les soldats et les innocents qu’elle n’avait pas pu sauver durant la tourmente des combats, leurs visages marqués par l’effroi et la douleur gravés dans ses prunelles. Darse, enterrée à jamais avec les souvenirs du passé. La Messagère d’Andraste, morte dans un dernier sacrifice.
La foi entachée des survivants. Leur détermination.

A cet instant précis, elle ne pouvait ignorer la gravité de la situation. Cependant, la présence de Cullen à ses côtés était un étrange réconfort. Ils croisèrent leurs regards presque en même temps alors qu’ils tournaient mutuellement leurs visages vers l’autre. C’est là que Lynne réalisa pleinement qu’ils s’étaient tenus ensembles, à deux reprises, face à un ennemi commun. Malgré ce qu’ils avaient vécus par le passé. Malgré leurs différends.
Cela avait de la signification pour elle.
Lynne ne recula pas quand il la ramena doucement contre lui, d’une étreinte dont la douceur et la délicatesse la surprit. Les bras de la jeune femme vinrent entourer son ami, ses mains se reposant sur le dos de son armure, tandis que le front de ce dernier se reposa contre son épaule. Dans un murmure qui la fit légèrement tressaillir, il la remercia.

Sa bouche s’entrouvrit légèrement, comme si elle s’apprêtait à lui répondre. Mais, après quelques secondes d’hésitation, elle se ravisa. Un léger sourire parcouru ses lèvres alors qu’elle fermait ses yeux, s’autorisant de s’abandonner un instant à l’étreinte de celui qui, petit à petit, faisait chanter son cœur.

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