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Dim 29 Mar 2020 - 1:02

Dorian Pavus
Dorian Pavus

– Inquisition –

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Souriez, vous êtes jugés !

9:30 du Dragon
Feat. Crassius Servis
Etrange et sympathique rencontre - ☀ ☀ ☀


Ainsi je ne te suffit déjà plus ! Sans vouloir passer pour un jaloux, puis-je savoir ce qui t’intéresse tant dans la compagnie de ce cher Crassius ? Maintenant que tu m’as moi, tu pourrais juste l’oublier, non ?

Puis, il rit avec une splendeur qui me captiverait si je n’étais pas autant tendu dans l’immédiat ; je posai sur sa somptueuse personne un regard soulignant mon léger inconfort. Il n’était pas Altus, et donc ne comprenait pas mon malaise à ce qu’il ait une telle attitude - quoi qu’agréable - alors que nous étions revenus au milieu de ces vautours. Je me forçai à sourire légèrement, avant de répondre sur un ton plus bas, davantage proche de lui.

Je pense qu’il nous faudra en reparler rapidement pour nous éviter des problèmes, très cher.

J’espérai qu’il comprendrait le cheminement de pensée auquel je devais faire gaffe sept jours sur sept, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. La vie d’Altus pouvait être éprouvante, particulièrement pour quelqu’un comme moi.

Je pus déceler dans son regard que cette discussion serait complexe à avoir avec lui, mais qu’il comprendrait. Au moins, qu’il sache par quoi je passais comme méfiance envers le monde pour ma propre survie, surtout si nous comptions nous revoir par après.

Là, il est là-bas. Sans sa veste et avec Galla à son bras.

Je suivis attentivement la direction qu’il pointait, et y trouva rapidement Crassius, accompagné d’une femme - Andrasté savait de qui elle devait être la fiancée. Je pressai quelque peu le pas, soudainement plus à mon aise.

Ah, te voilà enfin !

Déclinant poliment sa proposition fruitée, j’analysai brièvement du regard celle qui se trouvait à ses côtés, cette Galla. Elle semblait sympathique.

Dorian, je te présente Galla. Galla, mon très bon ami Dorian. Nous nous demandions justement : pour quel occasion avons nous tous été réunis pour ce bal ?

Comme s’il l’ignorait ! Je déclinais systématiquement ses demandes de sortie à cause de ça. Mon rictus s’élargit, tandis qu’elle me tendit la main, que je serrai sans me dire que ce salut n’était pas vraiment celui accordé à une Dame. Et à l’analyse de son rire, probablement que notre allure en disait long - surtout Ulio -, mais je priai avec force que cela allait en rester là niveau sous-entendu. Je me demandais même si Crass allait y déceler quelque chose.

Vous êtes Dorian Pavus pas vrai ? Le fils du Magister Halward Pavus ? J’ai entendu dire que vous alliez bientôt passer Enchanteur ?

Je surpris dans mon expiration un soupir à l’évocation de mon père ; je ne supportais pas que l’on pose ma famille sur la table sans arrêt, bien que cela arrivait à chaque fois. Même à l’opposé de lui, il parvenait encore à avoir cette emprise sur moi qui m’épuisait de plus en plus.

Je me permets de vous corriger, je viens d’être promu. Et il s’agit là d’une bien belle raison de célébrer quelque peu, après des semaines de travail sans réelle pause. Vous m’envoyez ravi si vous vous joignez à moi pour fêter tout cela !

Je ne savais pas vraiment comment considérer cette Galla : l’évocation de mon père m’avait grandement refroidi vis-à-vis de sa personne ; après, je faisais de bien rapides raccourcis, par précautions sans doute. Pour l’instant, je ne savais pas si je devais être méfiant ou confiant, c’était étrange comme entre-deux.

A la demande de vin de la part de Crassius, je ne pus retenir un sourire : le voir parler de vin, c’était comme moi avec la magie, en fin de compte. Et à mon avis, il n’attendait que cet instant beuverie depuis le début de la soirée. Je me demandais d’un coup s’il avait eu l’occasion de passer un bon moment, ce soir.

Histoire de lancer un sujet qui pourrait s’avérer légèrement fâcheux, je pris la parole sur un air légèrement rieur.

J’ai cru comprendre que ton frère était là, mais je ne l’ai pas revu depuis son arrivée ici, il est encore de ce monde ?

Question propre comme figurée, tant les duels à mort étaient courants dans ce genre de festivités. Il ne m’avait jamais vraiment dit qu’il avait un frère, ce que je pourrais comprendre selon son affinité avec.

Dim 29 Mar 2020 - 9:42

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Servis et Ulio possédaient de très nombreux points communs. Ils avaient tous les deux choisi de concentrer leur énergie sur la même école de magie, sur le même élément, et étaient passionnés l'un comme l'autre d'Histoire. Ils étaient joyeux, loquaces, tactiles et d'une certaine façon lumineux. C'était d'ailleurs ces similitudes qui avaient convaincu Ulio de prendre Crassius sous son aile. D'ordinaire, les frères cadets de ses amis ne l’intéressaient que très peu, mais dans ce cas présent, Ulio s'était toujours senti plus proche de Crassius que de Marcius. Mais malgré toutes leurs similitudes, les deux Laethans différaient drastiquement sur un point : leur vision quant à leur positionnement social. Et ce point particulier s'illustra une nouvelle fois à la perfection alors que le serviteur se retourna vers Dorian, comme la demande de Crassius nécessitait d'être validée par un Altus avant d'être prise en compte.

En regardant le serviteur s'éloigner, Ulio se renfrogna, ses muscles se bandèrent et son regard se noircit. Il vivait mal le fait de n'être, par naissance, qu'un Laetan. Et encore plus mal le fait de ne pas pouvoir y remédier. L'injustice de sa situation faisait bouillir le sang de ses veines dès qu'on n'osait ne serait-ce que lui rappeler qui il était. Quant à Servis, il se fichait bien de savoir son rang, tant que cela ne l'empêchait en aucun cas d'obtenir l'objet de ses convoitises. Et par nature, Servis convoitait beaucoup de choses très diverses, et savait se montrer inventif quant à sa manière de les obtenir. Parfois, il devait bien le reconnaître, il usait de la renommée de ses amis les plus imposants. Il avait usé de Dorian, au début tout du moins. Avant d'avoir appris à le connaitre avant de ressentir le véritable poids que son propre nom faisait peser sur ses épaules.

“J’ai cru comprendre que ton frère était là, mais je ne l’ai pas revu depuis son arrivée ici, il est encore de ce monde ?„
“Oh oui Marcius !„

Minauda la jeune femme, remuant de manière comique les hanches et les épaules sur un rythme connu d'elle seule. Servis soupira.
“Aux dernières nouvelles il fertilisait les rosiers dans le jardin arrière. Il ne devrait pas être là. D'autant plus dans cet état.„

L'espace d'un battement de cils, Crassius se demanda d'où lui venait son soudain conservatisme. Pourquoi vivait-il mal l'abandon de sa famille par son frère ? était-ce parce qu'il le voyait débarquer sur son terrain de jeu ? Lui qui pourtant, depuis près d'une décennie, se montrait très critique quant aux choix de son cadet. Crassius le savait : l'attitude de son frère n'était que passagère. Bientôt, quel que soit l'élément déclencheur de sa brusque crise de folie, tout serait oublié et il redeviendrait aussitôt le fils idéal aux yeux de leurs parents. Le fils derrière lequel Crassius se cachait pour vivre farouchement sa vie de célibataire. Marcius, en devenant adulte, s'était comme transformé, au grand regret de Servis, qui parfois en arriver à regretter leur amitié filiale turbulente, emplie de compétition et de jalousie. Mais Crassius avait su rapidement le remplacer. Il s'était choisi d'autres frères. Et d'autres sœurs aussi. Il aimait ses amis. Peut-être trop.
“Enfin, j’étais comme beaucoup venu ce soir en espérant des drames. Je dois m’avouer déçu si mon frère, ivre, est tout ce que nous obtenons au cours de ce bal. Quelqu’un se dévoue pour un duel ? Non, personne ?„

Le mage balaya leur petit groupe du regard, mais ni Ulio ni Galla ne semblait vouloir rebondir à sa plaisanterie. Alors, lorsque leurs verres leur furent finalement servis, il se libéra de l'emprise de Galla :
“Les amis, portons un toast : buvons ce soir à notre jeunesse dorée, et à notre relative inconscience. Puisse-t-elle durer encore un moment !„

Puis il vida d'un trait sa coupe, et l'alcool lui brûla la gorge. Agréablement. Puis, d'un simple signe de tête, il proposa à Dorian de s'éloigner d'Ulio et de Galla. De s'isoler pour enfin pouvoir se consacrer un peu de temps. Lui-même tourna les talons rapidement, après un simple salut de tête courtois en direction de ses deux amis. Puis, s’accrochant mondainement au bras de Dorian, il lui demanda, amusé :
“Alors mon ami, cette soirée t’amuse-t-elle plus que moi ? Ou bien es-tu devenu plus sage en passant enchanteur ?„


Mer 29 Avr 2020 - 21:22

Dorian Pavus
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Un drôle de frisson dévala mon dos aux différents regards que j’eus le malheur de croiser : d’abord, celui du serviteur qui semblait confus quant aux circonstances, à qui j’avais répondu nonchalamment d’un simple hochement de tête et d’un simple sourire de façade. Celui d’Ulio me tendit au plus haut point, comme si le monde aujourd’hui voulait me faire réaliser qu’un laetan à une soirée plutôt Altus n’était plus qu’un vautour possessif. J’espérais au fond de moi qu’Ulio était plus comme dans la buanderie que là en ce moment. Chacun avait ses masques, et il était vrai que d’accepter ce qu’il y avait en-dessous du masque était toujours la meilleure solution, mais pour une fois, je préférais les masques bien brodés, en tout cas l’espace de cette soirée.

Puis, je croisai le malaise de Crassius. Contrairement à Ulio, il semblait plus authentique, j’espérais qu’il gardât cela toute sa vie. Servis possédait une nonchalance que je connaissais quelque part, une nonchalance de frustration interne ; il reprit la conversation comme si rien ne s’était passé, mais je pouvais sentir le poids de cette nouvelle ambiance sur mes épaules, comme la douceur d’une chair tendre glissant dans la paume de ma main.

Aux dernières nouvelles il fertilisait les rosiers dans le jardin arrière. Il ne devrait pas être là. D'autant plus dans cet état.

Je ne pus réprimander ce sourire élargi face à une si belle métaphore, mais mon regard restait attentif et concerné : il l’avait en travers, son frère, mais surtout, Servis ne semblait pas dans son assiette, et je soupçonnai alors que ce fût le cas depuis un petit moment déjà. Crassius continua dans ses constatations.

Enfin, j’étais comme beaucoup venu ce soir en espérant des drames. Je dois m’avouer déçu si mon frère, ivre, est tout ce que nous obtenons au cours de ce bal. Quelqu’un se dévoue pour un duel ? Non, personne ?

Même si personne ne réagissait, je laissai un rire résonner : Servis était décidément dans le mal, et l’ambiance semblait se resserrer sur moi - ou alors sur mon nom de famille. Je fis un pas, sans doute dangereux, en direction de ce brave Crassius, avant de poser ma main sur son épaule, sans nullement prêter attention à sa compagne ; dans ce même élan, sans regarder, j’attrapai un verre à vin - enfin arrivé - et le tendis à mon ami.

Les duels les plus fascinants restent ceux que l’on peut faire avec de belles paroles. Tiens, pour t’aider à délier ta langue.

Je me servis à mon tour un verre, tout comme chacun au sein de notre petit groupe, et le serviteur détala discrètement comme tout serviteur à ce genre de soirées. J’espérai cependant que Servis comprenait dans mon message que s’il y avait quoi que ce soit dont il voulait parler, qu’il pourrait le faire avec moi. Enfin ; il ne fallait jamais trop compter sur les sous-entendus, ils ne marchaient jamais vraiment.

Servis brandit alors admirablement son verre pour porter un toast. Je fis de même, légèrement décalé par rapport à lui.

Les amis, portons un toast : buvons ce soir à notre jeunesse dorée, et à notre relative inconscience. Puisse-t-elle durer encore un moment !

Mon sourcil s’arqua presque instinctivement à sa déclaration, mais je n’y prêtai nulle attention : j’entrechoquai mon verre avec le sien, mon regard planté dans le sien.

A notre irrémédiable envie de refaire le monde, pour le meilleur comme pour le pire.

Il fallait être honnête, tout le monde avait cette envie au fond de lui-même. J’avalai une gorgée de mon vin, tout en réalisant à quelle vitesse Servis cherchait à délier sa langue au plus vite. Cela m’amusa un peu. Puis, il me fit signe de le suivre : rictus aux lèvres, je hochai positivement de la tête avant de prendre congé auprès des deux autres.

Ce fut un plaisir de vous rencontrer tous les deux, j’ose espérer vous revoir prochainement.

A part peut-être Galla, je la sentais toujours mal cette femme.

Nous partîmes un bout plus loin, et je dus ravaler un mauvais soupir de surprise quand le côté tactile de Servis reprit les devants - je ne m’y habituerais jamais.

Alors mon ami, cette soirée t’amuse-t-elle plus que moi ? Ou bien es-tu devenu plus sage en passant enchanteur ?

Je plaçai sur ses épaules un regard exaspéré, choqué de l’affront qu’il me faisait à me connaître finalement si mal.

La sagesse est comme la beauté, une notion subjective. Mais je crois que nous avons assez pavané, toi et moi.

Quand nous fûmes suffisamment loin de tous ces charognards qui composaient la noblesse actuelle, je pris le temps de poser la bonne question en premier, en gardant un certain recul émotionnel encore.

Je comprends si c’est tendu vis-à-vis de ton frère, rien qu’au simple fait notamment que je n’apprends son existence que maintenant. Cela dit, je n’ai pas l'impression que c’est l’entièreté du problème.

Puis, sur un ton plus posé, plus nonchalant, je lançai une pépite sarcastique pour détendre un peu l’ambiance. C’était déjà assez tendu avant, je n’avais pas envie de m’y noyer toute la nuit.

Toi qui cherchais du drame, je crois malheureusement que le seul présent ce soir se trouve à l’intérieur de toi. Veux-tu peut-être en discuter maintenant ?

Jeu 30 Avr 2020 - 7:33

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Bien qu'il connût en partie les difficultés de son ami à recevoir en public une quelconque marque d'affection, Crassius ne put s'empêcher de se sentir peiné en le voyant une nouvelle fois se fermer, presque sursauter alors qu'il lui prenait simplement le bras.
Mais pour une fois Crassius parvint à contrôler sa peine, à la bloquer en son cœur avant qu'elle ne s'exprime tout à fait sur les traits mobiles de son visage. Il ne pouvait pas en tenir rigueur à Dorian alors que lui-même ne pouvait empêcher ses élans de familiarité. Il hésita un instant à retirer son bras, mais maintenant que le mal était fait, à quoi bon ?

Il écouta sagement la remarque spirituelle de son ami, s'interrogeant inconsciemment sur la notion de subjectivité : tout pouvait être subjectif. Ou rien ne l'était. Il n'y avait pas d'entre deux. Mais s'il y avait bien un sujet sur lequel Crassius n'avait pas à tergiverser, c'était bien sûr l'évidence de l'irritation que sa question avait faite naître en son ami. Parfois Dorian semblait prendre la mouche pour un rien forçant ses interlocuteurs à marcher sur des oeufs. Enfin, la plupart de ses interlocuteurs... Crassius avait tendance à oublier ce genre de conventions sociales, s'abritant sous l'étendard d'une franchise rafraîchissante sans bornes.

Ils marchèrent encore, d'un pas mesuré, jusqu'à enfin arriver dans un coin dépeuplé de la salle. Là, naturellement, alors qu'ils s'arrêtaient, Crassius lâcha le bras de Dorian. Il fut le premier à reprendre la parole. En l'écoutant, le sourcil droit de Crassius s'arqua très largement. S'il était vrai qu'il s'était ouvertement montré irrité par l'attitude de son frère aîné, par sa présence même ! Il ne comprenait pas pour autant l'inquiétude de Dorian.

“Mais enfin, je ne t'ai jamais caché son existence. Je crois même me souvenir qu'il fut même l'un de nos tout premiers sujets de conversation..„

Puisque plus personne n'était à portée de voix, il s'autorisât à préciser :
“Au quartier des elfes. À... La porte de Jade ! Ce soir-là je t'ai parlé de mon frère, qui devait se marier dès le lendemain. Si nous n'avons plus depuis abordé ce sujet de conversation, c'est certainement parce qu'il n'y avait plus rien à en dire. Comme je le craignais ce soir-là, je n'ai depuis eu que de très rares contacts avec lui, et encore, souvent par l'intermédiaire de nos parents.„

Il secoua la tête, faisant valser ses larges boucles brunes. Depuis ce coin reculé de la salle, c'était comme si la fête tout entière se faisait oublier. Soudainement Crassius réalisa la pression qu'avaient jusqu'alors représentée les dizaines de regards qui s'étaient posés sur lui. Ce masque de façade que les autres semblaient capables de se composer lui faisait cruellement défaut. Lui, il se dissimulait dans la solitude, ou dans les ombres bien réelles des ruelles de la partie la moins riche de la ville. Il se d'été dit, et les traits de son visage se relâchèrent. Il promena distraitement son index contre la peau à nu de son torse, au travers de son large col. Il la lissa, dans un axe parallèle à sa clavicule droite. Sa peau était encore légèrement humide de ses danses, à croire que l'air froid des jardins ne l'avait pas séchée.
“Je suppose que tu dis vrai. Et pourtant là aussi le drame qui se joue dans mon coeur n'a rien d'impressionnant. Je réalise que j'aurais mieux profité de cette soirée si j'en avais suivi l'ordre. Nous aurions dû d'abord nous retrouver pour fêter ton ascension, puis observer les autres invités à la recherche du moindre drame sous-jacent. Puis réchauffé par quelques verres et par quelques commentaires peu gentleman j'aurais été en état de me chercher une cavalière pour danser. Galla et Iovita sont deux jeunes femmes très bien, mais elles sont celles d'autres. Elles sont donc condamnées à m'abandonner un jour prochain. Si je n'y fais pas attention, bientôt je me retrouverais seul.„


S'il se montrait parfaitement honnête, Crassius devait reconnaître qu'il n'était pas prêt à se trouver une femme par lui-même, ne serait-ce que pour s'amuser, sans faire la moindre promesse. Lui se sentait incapable de s'attacher, et craignait plus que tout qu'une femme puisse le faire. En choisissant de passer du bon temps avec ses amies, toutes déjà promises, il pouvait s'étendre auprès de femmes qu'il estimait, qu'il savait intelligente et qu'il connaissait drôles. Il pouvait se laisser aller avec des femmes qui avaient déjà gagné sa confiance, sans prendre le moindre risque de les voir tout quitter pour lui. Comment être sûr, en côtoyant une célibataire, de retrouver ce genre de confiance ? Était-ce sa peur qui l'empêchait de ressentir du désir pour les inconnues ? Ou lui fallait-il d'abord un bon degré d'entente avant de développer ce genre de pensées ?

“Enfin, je suppose qu'il n'est jamais trop tard. Nous pouvons rechercher dans cette foule les victimes de nos commérages divertissants mais sans conséquence. Qui ? Qui allons-nous choisir Dorian ?„


Il agita les mains de manière grotesque, comme pour soulever un suspense qui n'avait pas lieu d'être. En les laissant retomber, il adressa un sourire franc à son ami. Il fallait être aveugle pour ignorer l'inquiétude qui devait nouer l'estomac de ce pauvre Dorian, lui qui par nature avait déjà tant à penser. Dorian était sensible, empathique, prévenant. Des tares pour un jeune Altus, désigné pour devenir magister. Soucieux d'alléger au maximum son fardeau, Crassius insista, pliant sa haute carcasse vers l'avant :
“Je te promets Dorian qu'il n'y a pas de plus grands troubles qui ont lieu en ce moment en mon cœur, mais ton attention me touche, sois-en assuré !„


Ven 1 Mai 2020 - 0:59

Dorian Pavus
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Feat. Crassius Servis
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Au regard que posait Crassius sur moi, j’eus le bonheur de réaliser que je m’étais trompé. Très probablement. Ou peut-être pas.

Mais enfin, je ne t'ai jamais caché son existence. Je crois même me souvenir qu'il fut même l'un de nos tout premiers sujets de conversation. Au quartier des elfes. À... La porte de Jade ! Ce soir-là je t'ai parlé de mon frère, qui devait se marier dès le lendemain. Si nous n'avons plus depuis abordé ce sujet de conversation, c'est certainement parce qu'il n'y avait plus rien à en dire. Comme je le craignais ce soir-là, je n'ai depuis eu que de très rares contacts avec lui, et encore, souvent par l'intermédiaire de nos parents.

Malheureusement, je ne me souvenais pas vraiment de nos premières conversations à la Porte de Jade, donc possiblement qu’il disait vrai. Je conservai cependant ce sourire difficile à décrire, me disant au passage qu’il était fort dommage que son lien avec son frère se gâtait au fil des années vraisemblablement. Enfin, cela ne me regardait pas, j’étais très mal placé pour parler de liens familiaux.

Et pourtant, il eut comme un instant de relâchement, quelque peu mélancolique ou simplement triste, ce qui encouragea mon regard à se plisser légèrement de curiosité.

Je suppose que tu dis vrai. Et pourtant là aussi le drame qui se joue dans mon coeur n'a rien d'impressionnant. Je réalise que j'aurais mieux profité de cette soirée si j'en avais suivi l'ordre. Nous aurions dû d'abord nous retrouver pour fêter ton ascension, puis observer les autres invités à la recherche du moindre drame sous-jacent. Puis réchauffé par quelques verres et par quelques commentaires peu gentleman j'aurais été en état de me chercher une cavalière pour danser. Galla et Iovita sont deux jeunes femmes très bien, mais elles sont celles d'autres. Elles sont donc condamnées à m'abandonner un jour prochain. Si je n'y fais pas attention, bientôt je me retrouverais seul.

Je devais être honnête, je voyais très mal Servis engagé. Moi-même, j’avais du mal à l’envisager, même si les raisons divergeaient légèrement. Je laissai Servis dans sa tirade, n’ayant pas grand-chose à ajouter vis-à-vis de sa salade de mots.

Enfin, j’imagine qu'il n'est jamais trop tard. Nous pouvons rechercher dans cette foule les victimes de nos commérages divertissants mais sans conséquence. Qui ? Qui allons-nous choisir Dorian ?

J’émis un léger rire, constatant à quel point Crass pouvait être déterminé pour des broutilles Certes des broutilles, mais des broutilles qui lui tenaient à cœur, c’était beau à voir.

Cette soirée est trop calme pour cela, je pense. Elle manque cruellement d’animation, pas comme dans le quartier elfique. J’aurais peut-être dû m’y rendre, si j’avais su que je m’ennuierais autant.

Je haussai des épaules, mais à part pour Ulio, je visais juste : cette soirée était si vide. Je ne m’y attendis pas vraiment. Heureusement, il y avait ce brave Crassius, qui gesticulait comme à ses farouches habitudes.

Je te promets Dorian qu'il n'y a pas de plus grands troubles qui ont lieu en ce moment en mon cœur, mais ton attention me touche, sois-en assuré !
Tu m’envoies rassuré.

Je trouvais de plus en plus dommage qu’après autant de temps complètement noyé dans mes études, que je me retrouve à m’ennuyer comme un rat mort alors que Servis était venu également. Pour une fois que je n’avais pas grand-chose à penser.

J’aurais vraiment préféré un peu plus de matière à divertissement, d’imprévisibilité, ou que sais-je. Décidément, j’ai encore du mal à m’amuser à une soirée typiquement Altus, voire je ne m’y ferai jamais.

L’ambiance alcoolisée du fin fond d’une taverne me parlait beaucoup plus, il fallait dire. Nous avions à peine bu, à peine échangé ou à peine combattu, c’était d’un ennui !

Mon clair regard se posa vers le reste de la soirée - que je pourrais quitter d’un instant à un autre -, et puis en y repensant réellement, il ne m’avait vraiment jamais présenté à Ulio avant aujourd’hui.

J’avais déjà vu de loin ton ami là, Ulio, je reste surpris de ne converser avec que depuis aujourd’hui. Vous vous connaissez depuis longtemps ?

Ven 1 Mai 2020 - 10:12

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Dorian semblait parfaitement abattu. Il était vrai qu'il n'avait plus eu, depuis plusieurs mois maintenant, l'occasion de sortir. De plus, ce soir devait être pour lui l'occasion de relâcher la pression de ses dernières semaines d'études intenses, et celle de fêter dignement son accession, en avance, au grade supérieur. Crassius posa une main compatissante sur son épaule, qu'il retira bientôt, se souvenant enfin du malaise de son ami. Il suivit le regard de Dorian, et le vit s'attarder sur le coin de salle qu'ils venaient de quitter. Galla avait déserté les lieux, mais Ulio s'y trouvait toujours, en grande conversation avec un nouveau groupe d'invités, richement vêtu ceux-là. Il avait gagné au change.
La remarque de Dorian lui arracha un rictus discret. Ulio avait ce pouvoir-là sur les gens. Celui de les fasciner rapidement. Il était un serpent. Un beau serpent exotique, à la peau fascinante. Un serpent que l'on ne voyait jamais arriver, mais dont on ne pouvait plus détourner le regard une fois son attaque lancée. Il était fascinant, ça Crassius pouvait aisément le reconnaître. Son bagout et son aisance en haute société lui avaient d'ailleurs plus d'une fois rendu service.
Mais tout de même, il ne s’était pas attendu à ce que Dorian tombe si facilement dans ses filets...
“Je crois qu'Ulio m'est tombé dessus seulement quelques semaines après mon entrée à l'Académie de Minrathie. À l'origine, je crois qu'il était ami avec mon frère. Enfin, ils le sont toujours, dans une certaine mesure. Donc finalement, je dirais qu'on se connaît depuis assez longtemps maintenant.„

Aux premiers jours de leur fréquentation, Ulio et Crassius n'étaient pas à proprement parler des amis. L'un se méfiait de l'autre, et l'autre se laissait manipuler pour gagner en renommée. Pourtant, à mesure qu'ils vieillissaient, et que dans un sens leur différences d'âge et de niveaux s'estompaient, ils apprirent à se tolérer pour finalement s'apprécier, partageant souvent des moments seuls à seuls. Mais leur rivalité n'était jamais loin sous la surface, et bien souvent ces moments amicaux se changeaient en une saine compétition. En un sens, Ulio avait pris la place de Marcius, place qu'il ne souhaitait visiblement plus occuper.
Crassius adressa un petit signe de la main à Ulio, occupé à charmer ses nouvelles cibles. Celui-ci s'en aperçut du coin de l’œil, et le lui rendit sans même le regarder, replaçant ses longs cheveux à l'arrière de ses épaules. Crassius passa la main dans ses cheveux, soulevant une de ses boucles souple. Il tapota d'impatience contre une côte de son torse.
“Pour en revenir au point que tu as soulevé plus tôt… Je ne comprends pas pourquoi l’ambiance ne décolle pas. Pourtant j'ai entendu dire que ce soir devait être le théâtre de l'annonce publique et officielle des fiançailles de Miss Viridi. On rapporte que pas moins de trois jeunes Altus lui faisaient une cour éhontée, à la limite du vulgaire.„

Il sourit un moment dans le vide, songeant aux histoires qui s'étaient propagé dans les couloirs de l'académie avec plus d'efficacité qu'une épidémie. Sa préférée faisait référence à un sabotage. Il aurait aimé se montrer si créatif. Ou du moins s'être fait au moins un ennemi, contre qui retourner sa colère de manière inventive. Mais Crassius n'était pas suffisamment important pour provoquer la moindre passion.
“C'est à un véritable combat de coqs que se livrent depuis des mois ces trois Altus. Et évidemment, là où il y a des combats, on trouve tout un cortège de supporters, et son lot de parieurs.„

S'approchant soudainement de Dorian, il le saisit par l'épaule et le fit pivoter. Du doigt il lui désigna une silhouette en mouvement :
“Tiens, regarde Cassius là-bas. Tu vois le petit carnet qu'il tient en main ? Discrètement glissé dans sa manche ? Il tient les côtes des trois Altus, en passant de groupe en groupe pour sonder la température…„

Il fit de nouveau face à son ami, secouant doucement la tête, dérangeant de nouveau ses boucles.
“Je sais que tu aimes le quartier elfique Dorian. Mais je crois aussi que ta haine envers tes semblables t'aveugle quant aux distractions ayant cours en ce moment même autour de toi. Mais si vraiment c'est ton désir, nous pouvons quitter immédiatement ce bal. Je t'accompagnerais, où que tu ailles.„

Dorian semblait si tendu, c'était le moins qu'il pouvait offrir, même si lui n'était pas spécialement friand du quartier pauvre. La clientèle des petits larcins de Crassius ne se trouvait pas dans la lie de la société, mais dans son entre-deux. Enfin, il pouvait bien, pour le bien de son ami, se priver de profit le temps d'une soirée. Il afficha alors un sourire franc.
*Enfin, peut-être pas de partout non, mais presque.* Pensa-t-il soudainement, c'étant l'espace d'un instant vu suivre Pavus dans une chambre insalubre d'une quelconque gargote, précédés par une -ou plutôt un- professionnel. Il avait beau se savoir aventureux, il connaissait néanmoins ses limites.
Un rire naquit dans sa gorge à l'idée même de se retrouver, de nouveau, dans un bordel en compagnie de Dorian. Un rire nerveux, qu'il ne parvint pas à retenir. Mais alors qu'il le laissa éclater, cachant son visage derrière son bras, Cassius s'approcha de leur petit conciliabule. Faisant disparaître une nouvelle fois son carnet dans le pli de l'une de ses larges manches, et sa plume dans l'autre, il s'inclina :
“Pavus, Servis ! Quel plaisir de vous voir ici, et tous les deux ensembles !„

Cassius tangua légèrement. Il n'était pas saoul non, mais possédait depuis sa naissance un équilibre assez incertain, qui ajoutait à son charme certain. Il écarta légèrement les pieds, de manière à stabiliser son semblant d'équilibre.
Paulla ne me croyait pas. Enfin non, ne te croyait pas Crassius quand tu criais sur tous les toits connaître ce bon Dorian Pavus !„

Ne comprenant pas de quoi il voulait parler, Crassius fronça les sourcils. Il en connaissait même pas de Paulla. Mais Cassius, fidèle à lui-même, poursuivit en faisant apparaître presque magiquement son fatal carnet :
“Si ça vous dit de vous faire un peu d’argent ce soir, je vous conseillerais de parier sur le plus laid ! Il a la plus belle fortune, à défaut d’avoir la plus belle face !„


Dim 3 Mai 2020 - 22:36

Dorian Pavus
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Feat. Crassius Servis
C'est compliqué parfois mais bon ami - ☀ ☀ ☀


Je hochai pensivement de la tête à sa réponse au sujet d’Ulio, me disant qu’il aurait été plus judicieux d’être un tantinet plus méfiant à l’avenir. Se livrer à n’importe qui était chose risquée après tout. Puis Crassius enchaîna en parlant des prétendants de dame Viridi : il y avait également ça, c’était vrai. Enfin, il n’y avait pas grande surprise, pour tout dire ; elle n’aurait pas la possibilité de choisir évidemment, et ses parents choisiraient l’enfant de la meilleure des familles, que ce soit en renom, en fortune ou en capacités magiques. Les seuls qui risqueraient d’être surpris seraient les seuls inaccoutumés de cette « culture Altus », dont très probablement Servis. Mais après, on ne savait jamais.

Crass cependant resta tout de même incertain quant à mes envies plus rustiques pour une fois, mais grand cœur qu’il était, il ne l’étala pas plus que ça.

Je sais que tu aimes le quartier elfique Dorian. Mais je crois aussi que ta haine envers tes semblables t'aveugle quant aux distractions ayant cours en ce moment même autour de toi. Mais si vraiment c'est ton désir, nous pouvons quitter immédiatement ce bal. Je t'accompagnerais, où que tu ailles.

Un sourire sarcastique émergea sur mon visage à l’évocation de ma « haine envers mes semblables », à croire qu’il ne connaissait absolument pas ces vautours. Mais je n’ajoutai mot, réalisant tout de même la chance que j’avais de l’avoir pour ami. Mais alors que j’allais répliquer quoi que ce soit de positif, au nom de notre belle amitié, son ricanement me figea instantanément, comme si lui-même ne croyait pas un mot de ce qu’il venait de dire. Mes yeux se plissèrent étrangement, posés sur lui, attendant quelconque explication à cette moquerie inattendue.

Ce frisson que l’on avait quand on se sentait menacé dévala mon dos droit après, comme pour me tenir en alerte, ou directement me faire fuir. Avais-je fait quelque chose de travers ? Quelque chose qui pourrait me trahir ? Honnêtement, ce genre d’actions criminelles au nom de l’étiquette altus si enviable, j’en faisais tous les jours. Mais le malaise me gagna entièrement, comme s’il dura deux éternités. Savait-il pour Ulio ?

Mais une voix sortit des nuées pour nous saluer - une voix autant salvatrice que familière. Cassius. Comme n’importe qui pouvant me sortir de cet immense et interminable malaise qui désormais m’habitaient.

Pavus, Servis ! Quel plaisir de vous voir ici, et tous les deux ensembles ! Paulla ne me croyait pas. Enfin non, ne te croyait pas Crassius quand tu criais sur tous les toits connaître ce bon Dorian Pavus !

Un de mes sourcils s’arqua vers Cassius, avant d’observer du coin de l’oeil Servis. Il plissait des yeux, comme si apprenait les règles de bienséance progressivement. Oui Crassius, là tu devais paraître confus pour que cela ne soit pas évident. Je soufflai du nez, complètement tendu. C’était fou à quel point mon père pouvait ruiner ma vie même sans y être. Une espèce de colère commençait à monter en moi, alors que Cassius enchaînait.

Si ça vous dit de vous faire un peu d’argent ce soir, je vous conseillerais de parier sur le plus laid ! Il a la plus belle fortune, à défaut d’avoir la plus belle face !
Parier sur le plus laid mais le mieux placé dans cette société pourrie de l’intérieur est toujours le plus simple, n’est-ce pas ?

Mon ton était légèrement sombre, ravalant une rage que je sentais croître à force de me heurter à ce mur qu’était l’étiquette Altus. Elle me dégoûtait tant, cette maudite étiquette.

Je balançai malgré tout une pièce à Cassius, avant de débuter mon départ de ce coin à malaises. Je n’avais pas besoin de me prendre autant la tête ce soir, pas maintenant. Je n’en avais pas envie.

Allez, soyons parfaitement fous ; ou parfaitement raisonnable, mais il n’y a pas d’entre-deux. Cet entre-deux n’a pas sa place ici.

Je posai mon clair regard sur Servis, avant de faussement sourire comme de détestais faire.

Si tu veux bien, je vais me chercher quelque chose à boire. Amuse-toi bien dans cette jungle, Servis.

Je partis presqu’aussitôt, cherchant surtout à me retrouver seul avec mes pensées éventuellement, mais pas sans vin. Je me doutais que Servis serait du genre à profiter de moi, mais il y avait eu tant de malaises en une fois que j’avais cruellement besoin d’air. Besoin de me changer les idées. Besoin de partir. Je n’étais pas venu vivre à l’opposé de l’Empire pour qu’on me rappelle à chaque coin de rue que j’étais le fils de mon père.

Lun 4 Mai 2020 - 9:45

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Crassius regarda Dorian s'éloigner à grands pas, imperméable à son brusque changement d'humeur. Puis il haussa les épaules, et se pencha pour aider Cassius à ramasser la pièce, qui roulait au sol sans qu'il ne parvienne à l'arrêter de ses doigts malhabiles. Lui l'attrapa sans mal, usant de son regard affûté et de ses mains agiles. Il fit rouler un instant cette pièce d'or entre ses doigts, avant de finalement la laisser couler dans la main tendue de Cassius, qui nota brièvement quelques symboles dans son carnet avant de la recevoir. Puis tous deux se retournèrent un instant dans le sillage de Dorian, observant son dos se fondre dans la foule, pour y disparaître totalement, les mains libres de tout nouveau verre.
“Quelle mouche l’a piqué ?„
“Aucune idée, je crois qu’il s'ennuie ferme.„
“Ah ? Pourtant ce suspens m’amuse, moi ! Il sait que les trois prétendants de l’Altus sont des triplés quasiment identiques ?„
“Peut-être pas, non.„

Car elle était là, toute la subtilité du choix de la jeune femme : comment choisir parmi trois jeunes hommes possédant l'exacte même pedigree ? Certes, on attribuait à l'aîné que les revenus supplémentaires, mais rien n'était définitif : il n'était après tout l'aîné que par quelques minutes... Mais déjà l'annonce de Miss Viridi n’intéressait plus Crassius, pas plus que son frère, ou que le brusque changement d'attitude de Dorian. Une seule chose l’intéressait à présent. Alors que Cassius avait glissé la pièce d'or de Dorian dans une de ses poches, et son carnet dans une manche, s'apprêtant reprendre sa pérégrination, Crassius l'arrêta d'une main légère sur son épaule :

“Et Cassius ? Paulla ?„
“Je l’ai rencontré ce soir !„
“Je me disais aussi.„
“Dis lui bonjour !„

Cassius fit alors un grand geste de salutation en direction de la foule, arrachant un sursaut à Crassius, qui ne s'était pas attendu à le voir agir aussi brusquement. Il se retourna néanmoins, et tenta de découvrir, parmi les dames présentes, celle la plus susceptible d'être Paulla. Il arrêta son choix sur une femme, visiblement Altus, le nez pincé dans un rictus de dégoût. Elle les observait, Cassius et lui, comme le commun des mortels aurait observé un rassemblement de rat aux abords d'un cadavre.
“Elle n’a pas l’air franchement consentante Cassius.„
“C’est le but, mon brave ami ! Un jeu inventé par Iovita la saison passée. Elle nous avait mis au défi, moi et quelques autres, de parvenir à passer dix minutes en compagnie d’Altus réfractaires à la mixité sociale. Elle tient toujours un registre de nos exploits.„
“Il est trop tard pour que je participe à ce jeu ?„
“Non, pourquoi ?„
“Je connais la victime idéale.„

Un sourire mauvais naquit sur ses lèvres charnues. En rentrant des jardins pour retrouver Dorian, il lui avait semblé apercevoir une personne surprenante, le genre que l'on ne croisait que rarement aux soirées. Aesthia Amladaris. Tout être vivant respirant un tant soit peu avait le don de lui taper sur les nerfs. Elle était parfaite pour cet exercice. Servis s'éloigna, en se frottant les mains.

Plus loin, Ulio Lucanus vit Dorian, l'air particulièrement sombre et dépasser, tenter de s'isoler. Il s'extirpa alors de la conversation, ô combien passionnante, que lui faisaient subir ses nouveaux amis pour le suivre discrètement. Lorsqu'ils arrivèrent à un endroit relativement isolé, il lui demanda, d'un ton qu'il voulait doux et rassurant :
“Tu nous quittes déjà ? J’avais espéré pouvoir passer un peu plus de temps avec toi ce soir.„


Lun 4 Mai 2020 - 17:45

Dorian Pavus
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9:30 du Dragon
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J’avais réellement envie de quitter les lieux. Malheureusement pour moi, on m’arrêta souvent pour parler à mon nom de famille, pour pouvoir après coup s’en vanter. Je ne faisais pas long, évidemment, et je n’y prêtai pas vraiment attention ; probablement que ce regard mauvais posé sur moi était un signe de future provocation plus physique. A vrai dire, je m’en fichais.

Je me sentis suivi cela dit, et je le sentais mal. Je continuai de marcher malgré tout, conscient de ma puissance magique au cas où je serais dans la merde. J’ignorais un peu d’où venait ce sentiment d’insécurité autant fort. Un peu seulement.

Mais je réalisai que c’était Ulio qui me suivait. Je ne savais pas vraiment si c’était rassurant ou non. Je ne le savais plus.

Tu nous quittes déjà ? J’avais espéré pouvoir passer un peu plus de temps avec toi ce soir.

Je posai un regard fatigué sans le vouloir sur ses épaules, mais conservai un sourire léger. Il le fallait bien.

Maintenant est peut-être l’occasion, sinon en effet, je comptais partir. Après autant de temps seul avec mes bouquins à potasser, je n’ai plus tant l’habitude de certaines choses.

Un rire tout autant fluet franchit mes lèvres, avant que je ne soupire pour de bon. La soirée fut étrange, mais avec le recul, elle s’avérerait instructive. Qu’est-ce que l’amitié, finalement ? Je fronçai des sourcils dans ma réflexion, avant de regarder à nouveau Ulio.

J’y pense, mais je trouve étrange qu’avec autant de temps à fréquenter la même académie, c’est bien la première fois que nous faisons réellement connaissance, toi et moi. Je me demande pourquoi Crassius ne nous a pas introduit plus tôt, surtout que ce ne sont pas les occasions qui manquaient, n’est-ce pas ?

Je marquai une pause, avant de hausser des épaules nonchalamment. Après tout, peut-être n’était-ce que moi.

Ou alors il t’a parlé de moi, mais en tout cas, il ne m’a jamais parlé de toi. Je trouve ça curieux ..

Faisant mine de réfléchir, je laissai un blanc dans la conversation. Et puis, alors qu’une autre idée me traversait, je m’adossai au mur derrière moi, avant de croiser les bras.

Décidément, je ne comprendrai jamais cette manie qu’ont les Laetans de chercher à tout prix à nous ressembler. J’espère pour eux qu’ils ne sont pas tous comme ça.

Je marquai une petite pause, avant de souffler du nez, le regard dans le vague une fois de plus. Je me repris droit après.

Enfin, je divague. Cela fait longtemps que tu connais Crassius ?

Lun 4 Mai 2020 - 17:57

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Dix secondes. Il avait tenu dix secondes avant qu'Aesthia ne l'expédie gentiment voire ailleurs si elle y était. Enfin, gentiment n'était pas tout à fait le mot. Ni poliment. Aesthia avait des façons bien à elle de traiter avec les autres, qu'elle considéraient tous comme indésirables. Des façons expéditives et efficaces. Irrévocables. Crassius avait beau être joueur, il savait également reconnaître la défaite. Aesthia était une adversaire bien au-delà de sa portée. Il avait surévalué ses possibilités. Mais tout de même, il s'éloigna avec le sourire, un sourire un peu idiot de celui qui vient de se faire humilier. Le rire léger de Cassius éclata depuis l'autre bout de la salle, à peine couvert par les musiciens, preuve s'il le fallait qu'il avait été témoin de toute la scène.

Un peu penaud, Crassius erra un moment parmi les différents groupes, se laissant porter par l'atmosphère maintenant feutrée de la salle. La musique jouée par les musiciens s'était faite douce, presque trop discrète. Qui, dans cette salle, leur prêtait encore la moindre attention ? Eux qui, aux premières heures du bal, en avaient été l'attraction principale. Éphémère, tout n'était qu'éphémère dans la haute société de Minrathie. Rien ne durait jamais, sauf bien sûr les Altus eux-mêmes, dont la puissance et l'influence ne s’érodaient jamais. Et les Leathans, aveugles aux défauts de ces derniers, jouaient à les imiter. Jouer à se mêler à eux, sans pour autant y arriver totalement. Ils en attrapaient les mêmes tares sans jamais approcher un tant soit peu de leurs qualités. Et dans cette société d'apparat, une seule constance : la solitude. Crassius écarta légèrement les bras de son corps, tourna ses paumes vers l'extérieur et effectua lentement un tour sur lui-même, le visage orienté vers le plafond. Les conversations autour de lui se brouillèrent : il ne les écoutait plus. Lui ne subissait pas cette solitude : il la recherchait. Il se savait profondément différent. Se faire voire, rentrer dans le moule, cela ne l'intéressait pas. Cette foule amassée dans cette salle, cherchant à placer de bons mots, lui donnait doucement envie de rigoler. Au final ils disaient tous les mêmes choses. Ils essayaient tous de vivre les mêmes choses, et occupaient tous un espace réduit. Lui, pauvre Laethan sans ambition, il s’accommodait parfaitement bien de tout l'espace délaissé par les autres. La compétition ne l'intéressait pas. Les ombres l'enveloppaient, et il s'y noyait avec délice, sentant jour après jours son âme se flétrir, au même titre que ses convenances.

Les gens autour de lui ne l'intéressaient plus. Il ne voyait en eux que des clients potentiels. Des proies à traquer, à tarauder, comme il venait de le faire avec Aesthia, prenant parfois le risque de se faire battre à son propre jeu. Il pouvait passer le temps en jouant avec eux. Mais il ne leur faisait pas confiance. Il ne les aimait pas. Il ne vivait pas pour eux. Seulement pour lui. À dix-neufs ans, Servis sentait son appétit pour le monde le dévorer. Ses petits larcins ne lui suffisaient déjà plus. Le vin n'étanchait plus sa soif d'aventure. Il était prêt. Prêt à aller voir ailleurs, à chercher un terrain de jeu plus captivant.

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Ulio faisait face à Dorian alors que ce dernier était si proche de l'escalier menant vers la sortie. Les mains sur ses hanches, seule partie relativement étroite de son corps, il prit un air sévère. Dans le couloir où ils se trouvaient, les bruits de la fête étaient atténués. Leur confrontation avait, de fait, quelque chose d'intime. Pourtant ils n'étaient pas à l'abri des regards, l'un comme l'autre le savaient. La profonde, et soudaine, intimité qu'ils avaient partagée seulement quelque temps plus tôt semblait quasiment irréelle au vu de leur attitude.

Là, alors qu'ils étaient quasiment seuls, Dorian persistait à vouloir parler de Servis. À croire qu'il l'obsédait, d'une quelconque manière. Cela agaça profondément Ulio qui, tout en gardant la face, sentit une douleur écrasante naître dans sa poitrine. Il se sentait en passe de perdre, de nouveau, contre un homme qui refusait même de suivre les règles du jeu. C'était... Insupportable. L'envie de profiter de l'occasion pour discréditer son ami se fit alors pressante. Ulio soupira, croisa les bras sur sa tenue complexe et moderne, et répondit, en desserrant à peine les dents.
“Crassius compartimente, c’est son truc. Il aime faire des mystères des choses les plus limpides. Il ne parle de rien, c’est à peine si l’on remarque son existence propre. Tu n’as jamais remarqué ? Il a cette faculté étonnante à .. Je ne sais pas, simplement apparaître quelque part je suppose. Il...„

Il se mordit les lèvres, pour éviter d'en dire plus. Puis il secoua la tête, faisant tinter les chaînes qui parcouraient sa coiffure étudiée. Il jeta un rapide coup d'oeil par-dessus son épaule, et se rapprocha de Dorian. Juste un pas supplémentaire en avant. De manière à couper Dorian du reste de la fête. Une façon aussi de l'éloigner de Servis. De le garder pour lui et lui seul, ce trésor qu'il venait à peine de convoiter.

L'Altus s'adossa au mur, et Ulio sourit malgré lui. Bien, visiblement il n'avait plus l'intention de partir tout de suite. c'était une bonne chose. Ulio fit un pas encore en avant.
“Décidément, je ne comprendrai jamais cette manie qu’ont les Laetans de chercher à tout prix à nous ressembler. J’espère pour eux qu’ils ne sont pas tous comme ça.„
“Nous ?„

Demanda doucement Ulio dans un souffle plus doux qu'une caresse.
*Nous ? Mais je suis comme eux, moi. À moins que je ne sois passé maître dans l'art de l'imitation. Lucanus. Je ne suis pas un Altus. Mes ancêtres ne sont rien, et rien ne pourra jamais changer ce simple fait déprimant.* Pourtant Ulio n'aspirait à rien de plus qu'à vivre la vie d'un Altus. De goutter à leurs privilèges, de recevoir le même respect que celui qui leur été du…

Mais déjà Dorian revenait à son sujet de conversation favori : à savoir Servis. Ulio se jeta en avant, parcourant les derniers mètres qui le séparaient de Dorian. Là il pressa ses lèvres fines contre la bouche du jeune enchanteur. Sa moustache le chatouilla un instant. Il brisa de lui-même leur baiser en reculant brusquement.

Dans la salle, la musique c’était brusquement tûe, comme le reste des conversations. L’heure de l’annonce avait sonné.

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