Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

Page 3 sur 3 Précédent  1, 2, 3

Lun 4 Mai 2020 - 18:04

Dorian Pavus
Dorian Pavus

– Inquisition –

Messages : 322
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Souriez, vous êtes jugés !

9:30 du Dragon
Feat. Crassius Servis
C'est compliqué parfois mais bon ami - ☀ ☀ ☀


De lire de la confusion sur le beau visage d’Ulio me surprit légèrement ; mais bon, probablement que, comme moi, il apprenait encore les règles de ce Jeu insensé. Cela dit, je fus curieux d’apprendre qu’il n’aimait pas que je parle de Servis. En même temps, un tel joyau ne voulait entendre que des mots pour lui, cela se tenait.

Mais mon étude scientifique du terrain se ramassa un immense frein quand je sentis ses lèvres contre les miennes. Un vent de panique me saisit, alors que j’analysais tous les scénarios possibles. Il venait de m’embrasser dans un lieu à risque, non ? Je posai un regard trahissant mes réelles réflexions du moment dans le sien ; j’adorais ce frisson du risque, mais seulement quand moi je contrôlais le tout. J’avais horreur que quelque chose m’échappe de la sorte. D’ailleurs, droit après, mes yeux attentifs scrutèrent vivement les alentours. Personne. Enfin, à première vue. Je débloquai lentement mon souffle.

C’est amusant, tu vois, c’est à ce détail que je sais que tu n’es pas un Altus. Si on enlève le fait que tous les Altus se connaissent, bien évidemment.

Tout le monde connaissait tout le monde de toutes les familles, sauf les répudiés bien sûr. On avait tendance à les oublier, à les laisser de côté. J’attrapai avec douceur son col pour le rapprocher de moi. Mais pas pour un baiser - même si c’était tentant -, mais bien pour lui murmurer quelque chose d’utile.

Malheureusement, aimer les hommes ne fait pas partie du manuel du parfait Altus. Par conséquent, ils ont tendance à être bien plus prudents que cela. Sinon, ils risquent au mieux d’être renié par toute leur famille, au pire d’être tué pour ça, ou simplement mutilé en place publique si l’on veut s’amuser un peu.

Alors que mon regard dévia inconsciemment vers ses lèvres, je laissai un doigt glisser lentement le long de sa mâchoire si discrète, si fine.

Tu comprendras par conséquent que je préfère être prudent. Je fais déjà assez de vagues de par mon attitude en électron libre, à ne pas vouloir suivre les règles, et mon père veut probablement déjà ma mort pour ça.

J’eus un rire amer à cette seule pensée. Mon père était strict, très strict, mais au moins il n’était pas un mage de sang ou un monstre.

J’enchaînai cependant avec probablement autre chose, ou peut-être allais-je simplement m’en aller. Je poussai cependant quelque peu Ulio pour lui faire comprendre quelque chose qu’il comprenait peut-être. Je voulais simplement m’assurer qu’il était au clair par rapport à tout ça. Je conclus véritablement en lui accordant un sourire plus franc, plus rassuré.

Et donc ? Devrions-nous y retourner ? Devrions-nous partir d’ici ? Qu’en penses-tu, Ulio ?

Lun 4 Mai 2020 - 19:39

Anonymous
Invité

Invité


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Souriez, vous êtes jugés.



La foule s'était naturellement réorganisé dans la salle de bal, formant un cercle ovoïde avec pour centre l’estrade qu'étaient en train de monter à la hâte les serviteurs. Décidément, l'organisatrice de la soirée avait un sens aigu du spectacle, et si jusqu'alors l'ambiance n'avait pas été au rendez-vous, elle semblait à présent vouloir se révéler. Crassius, quelque peu en arrière de toute cette agitation, observait la mise en place d'un œil distrait, aidé en cela par sa taille plus haute que la moyenne. Une main légère se posa sur son épaule, et Hécate passa son bras délicat autour de sa taille. Le jeune Crassius se sentit rougir involontairement, tant cette femme représentait à la perfection tous ses fantasmes les plus inavouables.

Il abaissa les yeux sur le joli visage de poupée qu'elle lui présentait, un pâle sourire dessiné tout en nuances sur ses lèvres délicates. Sa main lâcha sa taille pour aller effleurer la bosse du nez de Crassius dans un geste d'une grande douceur, alors qu'une flamme profonde brillait dans ses yeux noirs. Crassius rougit de plus belle, frôlant à son tour l'arc de son nez avec son pouce, comme pour prolonger la sensation de caresse prodiguée par Hécate.
“Servis. Je suis contente de te trouver.„

Il sourit, inventant toute une suite improbable à cette conversation. Ses yeux dérivèrent de son visage au clivage de son bustier, ou deux petits seins se dissimulaient publiquement. Le reste du corps d'Hécate était tout en rondeurs, et ses hanches larges n'attendaient que d'être saisies par des mains à sa mesure…
“Tu n’aurais pas vu Ulio ? J’ai l’impression qu’il m’évite depuis le début de la soirée.„

Ah... Le fameux attrait des femmes hors de portée. Le sourire de Crassius se voila en une seconde, perdu dans la douleur de sa frustration. Il attrapa tout de même la main de la belle Hécate, et déposa un léger baiser dans sa paume, aussi délicat qu'un secret.
“Je l’ai vu partir en direction de la sortie. Mais je ne pense pas qu’il ait quitté la soirée.„

Un léger silence les entoura alors que les sourcils plus sombres d'Hécate, contrastant admirablement avec ses cheveux blonds, se froncèrent légèrement. La jeune femme était loin d'être dupe des infidélités de son fiancé. Elle composait avec, les accepter patiemment, espérant secrètement qu'une fois mariés, il se consacrerait entièrement à elle. Elle-même ne s'était jamais laissé aller à de tels travers, pure et fidèle. Et aux yeux de Servis, c'était un véritable gâchis, qu'une telle femme se retire elle-même du circuit des plaisirs. Elle soupira.
“Tu vois, parfois je regrette qu’il ne soit pas plus attentionné. Je sais qu’il va me donner de beaux enfants, et que son ambition nous mettra à jamais à l’abris du besoin. Il ira loin, je le sais. Seulement parfois je me plais à penser qu’il puisse être un peu plus… Un peu plus comme toi.„

Elle serra la main de Crassius, avec une chaleur surprenante. Il entrecroisa ses doigts avec les siens, cherchant volontairement à la retenir à lui. Non, leur conversation, leur amitié, ne lui suffisaient pas. Hécate était une femme merveilleuse, belle, cultivée et sensible. Une femme en tout point si parfaite qu'Ulio se soit pressé d'apposer sa marque sur elle comme pour la réserver, comme pour empêcher qu'elle puisse appartenir à tout autre homme.
“Je vais le chercher, il ne peut pas rater ça.„
“Non, reste.„

Elle parvint à libérer sa main de la sienne, et fit un pas de côté, un si doux sourire sur ses lèvres. Mais déjà la foule autour d'eux se mit à applaudir. La fille Viridi s'avançait vers l'estrade, engoncée dans une robe spectaculaire tout en broderie et perles, un énorme bouquet d’essences précieuses coincé dans les bras.
“C’est le moment.„


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]


“Je comprends.„

Répondit sobrement Ulio, se laissant repousser par Dorian. Il s'adossa à son tour contre le mur, croisant les mains derrière ses hanches. Ses yeux se mirent à dévorer Dorian, brûlants.
“Tu sais, nous aussi nous ne sommes pas aussi libres que tu sembles le croire. Nous portons l'espoir de nos familles sur nos épaules. Et je sais mon temps compté. Seulement, je ne veux pas que nous nous en tenions là, pas pour le moment. Je veux te revoir, quelque part de plus discret, où tu sauras te montrer aussi libre que plus tôt.„

Il se décolla du mur, et attrapa la main de Dorian, où il glissa un petit papier, déjà préparé et soigneusement plié en quatre. Un papier où était notée son adresse.
Ses doigts toujours agrippés au poignet de l'Altus, Ulio sourit. Des pas retentirent alors dans le couloir. De petits talons claquaient au sol.
“Ulio ?„

La petite femme potelée s'était figée dans le couloir. Sur son visage, une expression de déception intense. Mêlée à un peu de dégoût. Elle avait compris. E t elle en avait trop vu.
“Ulio, Cassius te cherche. Il te dois de l’argent. Tu avais raison, ton champion, le deuxième né, est le grand vainqueur de cette soirée.„

Sans demander son reste, elle tourna les talons, et disparue presque en courant vers la salle principale. Ulio lâcha précipitamment Dorian. Toute son attitude soudainement froide.
“Viens, retournons-y.„


Lun 4 Mai 2020 - 20:34

Dorian Pavus
Dorian Pavus

– Inquisition –

Messages : 322
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Souriez, vous êtes jugés !

9:30 du Dragon
Feat. Crassius Servis
C'est compliqué parfois mais bon ami - ☀ ☀ ☀


Je comprenais sans aucun mot échangé le genre de pensées qui traversaient l’esprit de Ulio, rien que par les yeux qu’il posait sur moi. C’était tentant également, il fallait l’avouer, mais pas ici.

Tu sais, nous aussi nous ne sommes pas aussi libres que tu sembles le croire. Nous portons l'espoir de nos familles sur nos épaules. Et je sais mon temps compté. Seulement, je ne veux pas que nous nous en tenions là, pas pour le moment. Je veux te revoir, quelque part de plus discret, où tu sauras te montrer aussi libre que plus tôt.

Je hochai de la tête, pensif. Il avait sans doute raison. Je n’étais pas encore suffisamment au courant de la vie en tant que Laetan, tout comme Ulio devait ignorer pas mal de la vie d’Altus ; je serais ravi d’échanger avec lui sur le sujet prochainement, pour ma propre culture.

Ulio me remit un papier, que je ne pris pas le temps de regarder - disons que je n’en eus réellement le temps. Une femme arriva, fort belle ma foi, et ce dépit sur son visage disait long sur son lien avec Ulio. J’étais resté ferme, faisant mine de ne pas comprendre son attitude vis-à-vis de moi.

Ulio, Cassius te cherche. Il te dois de l’argent. Tu avais raison, ton champion, le deuxième né, est le grand vainqueur de cette soirée.

J’avais perdu le mien, de pari. Enfin, je m’en fichais complètement. Une fois son départ dramatique effectué, mes sourcils froncés se posèrent sur Ulio, qui semblait s’être nettement plus refroidi. Une autre fois, sans doute, et quelque chose me disait que ce serait dans un moment.

Il serait mieux de laisser un temps de battement d’ici là, mais j’ai hâte d’y être.

Il ne me répondit pas vraiment, et je comprenais. Les fiancées, un enfer à gérer ; particulièrement quand il était légèrement plus consenti. J’en avais une moi-même, et je n’avais aucun regret, ni aucun scrupule à aller voir ailleurs. Je vivais même mieux loin d’elle. Cela ne semblait pas être le cas de Ulio, ou alors, il n’arrivait vraiment pas à s’en défaire.

Viens, retournons-y.
Je te suis.

Nous partîmes donc sur un pas relativement pressé. J’espérais que sa bonne humeur allait revenir, il serait fort dommage que cet incident entache cette fin de soirée déjà peu prometteuse. Enfin. Une fois revenus dans la salle, la première personne qu’il me fut donné de voir fut - enfin - la jeune Viridi. Une femme resplendissante, autant qu’audacieuse. Les parures et les perles ne manquaient pas à l’appel, mais ce qui attirait surtout l’attention était cette espèce de broche argentée dans sa coiffure ébène, surmontée d’une émeraude si caractéristique de sa famille. Elle avait sorti le grand jeu pour sûr, bien que la connaissant, elle avait encore tant en réserve.

D’où je la connaissais ? Nous suivions les mêmes cours de nécromancie à Minrathie, et nous étions les deux plus doués dans ce domaine. Viridi me sourit, hochant d’avance ce visage au teint ambré, puis s’approcha de moi - enfin, de nous. Elle me tendit une main gantée de soie blanche, avec pour bordure de la dentelle minutieuse et splendide, il fallait admettre. Une main que j’attrapai avec douceur pour la porter à mes lèvres, tandis que je me courbai devant elle. Un peu de spectacle ne faisait de mal à personne, après tout.

Je suis surprise de vous voir ici tout de même, Pavus : aux dernières nouvelles vous étiez cloîtré à l’académie.
En effet, et me voilà enchanteur depuis peu. Et j’espère cela dit qu’il s’agit d’une bonne surprise, Viridi.

Elle émit un rire à ma petite plaisanterie mondaine. Ayant en tête la nature rivale qui l’avait habitée jusque là vis-à-vis de ma personne, probablement que de ne plus l’avoir croisée avait dû la refroidir un peu. Dans le fond, ce n’était sans doute pas plus mal.

Mes félicitations, obtenir un tel titre autant jeune doit demander beaucoup d’investissement.
De tels mots franchissant les lèvres d’une des plus puissantes nécromanciennes de l’Empire me font honneur.

Son sourire gagna en intensité. Puis, je posai une main tranquille, sans pour autant manquer de fermeté, sur l’épaule de ce pauvre Ulio oublié.

Permettez-moi de vous présenter Ulio Lucanus, un ami très prometteur.

Viridi hocha de la tête en sa direction, toujours souriante, avant de rajouter quelques mots.

Je connais vos amis, Dorian, ils sont toujours très prometteurs. Je suis ravie de faire votre connaissance.

Mon rictus demeurait, tandis que je me remémorais une vieille anecdote belliqueuse entre elle et Maevaris. Oh oui, elle en savait long sur mes amis. Heureusement, depuis le temps, les tensions s’étaient relâchées. Au moins un peu.

Pour revenir au présent, quelque chose me disait qu’elle n’avait usé que de politesse envers Ulio, car elle planta son regard obscur dans le mien, comme prise d’une certaine fascination pour mon regard cristallin.

Je m’excuse cependant, mais m’offririez-vous l’honneur et l’opportunité d’une danse, Dorian ?

Je glissai un regard vers mon compagnon de soirée, puis haussai légèrement des épaules, perplexe quant à ses attentes.

Refuser quoi que ce soit à la reine de ce bal ne se fait pas, j’imagine. Je te retrouverai sans doute plus tard, Ulio.

Viridi émit un rire avant de m’attraper par le bras pour me traîner en direction de la piste de danse. J’eus un rire également alors que me voilà entraîné par la farouche Viridi, n’ayant pas vraiment mon mot à dire. A croire qu’elle se fichait éperdument de son nouveau fiancé, comme tout puissant  Altus apparemment. Une fois presque en piste, alors qu’elle m’eut lâché, je tendis alors une main pour cueillir la sienne, ce qui s’effectua rapidement. Et nous voilà partis pour une longue conversation, alors que la musique s’intensifia à nouveau, que d’autres nobles vinrent danser, et que nous commencions déjà à enchaîner les bons pas.

Que me vaut véritablement cette danse, Auréa ?
Rien de particulier, je m’ennuie. Je suis vraiment ravie de te voir à ma fête, Dorian.
Je suis ravi d’y être, sois-en rassurée. Ton nouveau fiancé ne te plaît déjà plus ?
Oh, tu sais comment ça fonctionne : il plait à mes parents.

J’eus un certain rire, avant de sentir son corps davantage se coller contre le mien. Un léger vent de malaise me traversa, mais la connaissant, ce n’était pas le plus à craindre. Elle était belle, c’était indéniable, mais elle était loin de m’intéresser ; ce fut là qu’une idée traversa mon esprit, mais elle m’interrompit avant, parlant dans le creux de mon oreille d’une voix douce.

Cela dit, fais attention à toi tout de même. J’ai entendu des servantes ragoter à ton sujet, une certaine histoire dans une buanderie. Les murs ont des oreilles, voire des yeux pour les plus pervers.

Mon cœur rata un battement, tout comme je ratai un temps ; elle ricana gentiment, reprenant le contrôle de notre danse pour ne rien laisser paraître autour de nous.

Ne t’en fais pas, j’ai fait taire ces rumeurs-là. Et quelque chose me dit que tu auras besoin de moi pour t’assurer une couverture.
Je me demande bien où tu veux en venir, tiens ..

Viridi rit de plus belle, satisfaite d’avoir percé à jour ce à quoi je devais faire le plus attention. Super. Elle m’avait complètement à sa merci pour le coup.

Tu sais, beaucoup de femmes te convoitent malgré tes fiançailles, et beaucoup d’hommes me convoitent malgré cette récente nouvelle. Mais au fond, nous sommes pareils, ce qui peut en déranger plus d’un. J’ai donc une proposition, et à y repenser, oui, elle me parait salvatrice.

Mes sourcils se froncèrent, tandis que je prêtai davantage attention à mes pieds. Elle n’aimait pas les hommes ? Était-ce bien ce que je devais y comprendre ? Un rictus émergea sur mon visage.

Ainsi donc, la puissante Auréa Viridi aurait besoin d’une couverture.
Toi aussi, enchanteur Dorian Pavus, fils du Bon et grand Halward Pavus, donc à ta place j’accepterais.

Ce fut à mon tour de rire, mais un rire sincère. Viridi aimait les femmes, et cherchait une couverture infidèle pour cacher ses réelles infidélités. Décidément, cette soirée avait retrouvé un peu de sa magie. D’un mouvement assez sec, je la fis tourner sur elle-même, avant de la rattraper à deux mains, dont une sur la hanche. Si elle cherchait de la comédie, elle allait être servie.

Eh bien, cela me convient. J’accepte ta proposition, Auréa.

Elle me retourna l’étincelant sourire que je lui avais montré, et la musique toucha à sa fin. Les nobles observateurs se mirent à applaudir, simplement car Viridi était sur la piste. Nous nous penchâmes pour nous saluer, avant qu’elle ne s’agrippe à mon bras une fois de plus pour quitter cette piste aux conversations intimes.

Lun 4 Mai 2020 - 22:09

Anonymous
Invité

Invité


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Souriez, vous êtes jugés.



L'annonce des fiançailles, qui devait finalement représenter le point culminant de cette soirée de bal, leur laissa en définitive un goût assez amer : il manquait à l'un comme à l'autre une personne spéciale, avec qui le partager. Hécate déplorait l'absence d'Ulio, toujours introuvable. Quant à Crassius, il ne pouvait se satisfaire de la présence physique de la belle Hécate à ses côtés : il fallait être aveugle pour ne pas voir qu'elle n'était pas vraiment là, avec lui.
Ainsi, l'un comme l'autre ne réagirent pas au moment tant attendu de l'annonce, alors que les lèvres parfaites d'Auréa Viridi distillèrent le nom de son fiancé. Le silence qui accueillit cette annonce ne les troubla pas plus, et c'est à peine si les cris de protestation des deux autres triplés leur arrachèrent un regard. Il y eut un battement de quelques secondes, le temps pour tous d'ingérer la nouvelle, puis chacun se pressa sur l'estrade, pour être dans les premières âmes à féliciter les bienheureux.
C'était un manège tout calculé, manquant très certainement de sincérité. Un manège qui n'effleurait pas les Laethans, soudainement conscients de leur réelle place. Tels des vautours, ils s'étaient rassemblés en périphérie et se répartissaient leurs gains, ainsi que leurs pertes.
Cassius, véritable maître de cette cérémonie parallèle, feuilletait les pages bien remplies de son carnet, un immense sourire aux lèvres. Il adressa deux mots à Hécate, et immédiatement après elle s'enfuit, courant presque en direction du couloir, sans adresser le moindre mot à Crassius.
Parfaitement démuni, il assista à son départ.

Lui n'avait pas parié le moindre sous sur les évènements de cette soirée. Il n'avait donc aucun intérêt à rester avec les autres Laethans : ils allaient tous probablement ne parler plus que ça, pour le reste de la soirée. Et s'il n'avait rien à y gagner au change, Crassius préférait rester seul. La meilleure compagnie Sicile soit. Alors il s'éloigna, se dirigeant vers une table richement dressée, où de nombreux verres avaient êtes abandonnées. Il en trouva finalement un non vidé et s'en saisit sans manière. Il absorba ce liquide sans mêmes s'intéresser sur sa provenance, et sans véritablement en retirer le moindre plaisir non plus. Alors qu'il s'apprêtait à réitérer l'expérience, cherchant mollement un autre fond de verre oublié, ses oreilles attentives captèrent le bruit des pas d'Hécate, ses talons martelant le sol avec précipitation. Il s'approcha de la porte de sortie menant au couloir, prêt à l'intercepter, mais elle le devança, déboulant dans la salle de bal, un bras cachant ses yeux, dissimulant maladroitement des larmes certaines. Elle le percuta maladroitement, rebondissant même contre son corps étroit. Il la rattrapa, la soutenant par ce bras lève, visière contre ses larmes mal venues.
Il n'eut pas besoin de se demander longtemps ce qui avait pu la mettre dans cet état : les silhouettes d'Ulio et de Dorian se dessinaient déjà à l'autre bout du couloir.
“Viens..„

Dit-il doucement, en tirant délicatement Hécate en direction des balcons les plus proches. L'air froid les saisit au moment de refermer la porte sur eux. Ils se retrouvèrent seuls, la jeune femme toujours très émue. Crassius abaissa son bras, la forçant à assumer ses larmes. Il choisit ses mots avec soin, tout en sachant que la diplomatie n'était pas son fort.
“Tu connais Ulio mieux que quiconque. Tu sais que même s'il agit de la sorte, tu es la seule qui compte à ses yeux. Vous vous êtes fiancés tôt, peut-être trop tôt même, et s'il agit comme ça c'est pour ensuite ne plus être tenté de le faire.„
“Je sais tout ça. Mais ça ne veut pas dire que je l'accepte. Que cela ne me blesse pas..„

Il fit un pas en avant, et la serra fort contre lui. Il sentit les secousses de ses pleurs, des larmes qu'elle avaient totalement laissés couler. Il ne bougea pas, attendant qu'elle se calme, une main caressant doucement la cascade de cheveux clairs qui lui tombaient dans le dos. Il ne souhaitait pas profiter des faiblesses d'Ulio, ou du mal-être d'Hécate pour manoeuvrer à son avantage. Ainsi, bon nombre de mots s'étoufèrent dans sa gorge. Des "Tu mérites mieux", des "même en larme tu restes belle" ou des "laisse-le tomber, il n'aime personne d'autre que lui-même". Qu'il était dur de se montrer intègre, à seulement dix-neuf ans. Il était dur de tenir au creux de ses bras la chose que l'on convoité le plus, sans pour autant parvenir à l'obtenir complètement. Ce combat là, Crassius le savait perdu d'avance. Il pouvait passer du bon temps avec ses autres amies, mais jamais aucune ne pourrait remplacer Hécate. Pour elle il serait capable de changer. Pour elle il pourrait tout abandonner. Pour elle il ,...

Elle s'était ressaisi, et pourtant son si beau visage restait caché dans le creux de son épaule. Scène rendant compte, Crassius l'écarta doucement.
“Tu vas mieux ?„
“Oui. J'ai pris une décision. Je ne me laisserai plus faire. Je vais aller voir cet homme, là, et je vais lui dire ma façon de penser..„

En entendant sa résolution, Crassius ne put s'empêcher de sourire.
“S'il te plaît, ne le fais pas. L'homme avec qui Ulio était est Dorian Pavus. C'est un Altus. Et un ami.„
“Tu pourrais lui parler, toi ?
“Je préférerais éviter, autant que possible..„

Elle lui tourna brusquement le dos, dans une tentative maladroite de dissimuler sa déception. La trouvant adorable, Crassius sentit ses joues roussir de nouveau. Il y passa ses doigts, en espérant peut-être faire redescendre son sang. Il caressa doucement le dos, avant de s'accouder à la balustrade du balcon. Les yeux clos, il laissa l'air de la nuit, et de la haute ville, lui caresser le visage. Le doux bourdonnement de la magie le transporta. Même sans ouvrir les yeux, il pouvait savoir de quels bâtiments il provenait : des plus anciens de la ville, que seule des incantations complexes pouvaient maintenir en un seul morceau. Cet héritage du passé valait bien tous les sacrifices. Parfois même littéralement.
Il rouvrit les yeux en sentant Hécate se blottir contre son bras. Elle semblait hésiter.
“Je n'arrive pas à comprendre. Pourquoi agit-il ainsi ?.„

Une nouvelle fois, Crassius garda le silence, scrutant le jardin en poussant les yeux : son frère était-il toujours là ?
“Tu fais la même chose ? Comme Ulio ?„
“Je ne suis pas fiancé.„
“Je veux dire... Toi aussi tu as plusieurs... Histoires en même temps ?.„

Il se retourna vers elle mais elle évita son regard. Sa peau pâle lui semblé rougie, mais peut-être n'était-ce que le froid de la nuit. Il fixa de nouveau le jardin.
“C'est agréable, tu sais. Mais ce n'est pas obligatoire. Un peu comme de boire du vin. Sauf bien sûr qu'on ne doit pas demander son consentement au vin, avant d'en profiter..„

Il trouvait cette discussion étrange. Elle était plus âgée que lui. La logique voudrait qu'elle soit celle-ci lui expliquant ce genre de subtilités de la vie. Il hésita.
“Tu pourrais aussi, si tu le voulais. Tu es la seule à pouvoir prendre cette décision. Que tu le fasses, ou que tu ne le fasses pas ne regarde que toi. Personne ne peut te reprocher quoique se soit.„
“Ce qui ne les empêchera pas de me juger.„
“Évidemment, mais en un sens, ils le font déjà. Laisse les parler..„

Il déposa un léger baiser sur son front lisse, avant de couvrir sa main délicate dans les siennes. Elle soupira et laissa brusquement tomber sa tête en avant. Ils laissèrent découler encore trois secondes de silence, puis dans un même mouvement ils se décollèrent de la balustrade, pour rejoindre la salle, bras dessus bras dessous.

L'orchestre avait repris, et de nouveaux duos s'étaient emparés de la piste de danse. Crassius et Hécate retrouvèrent Ulio aux abords de la piste. Il semblait... Sombre, trop sombre pour quelqu'un dont la soirée n'était faite que de plaisirs. Peu importe quel jeu il s’était mit en tête de jouer ce soir... Visiblement il avait perdu. En suivant son regard, Crassius découvrit Dorian, engagé dans une danse avec la maîtresse de soirée. Ainsi, il n'avait pas encore quitté les lieux ? Il aurait cru pourtant. À l'opposé d'Ulio, Dorian semblait heureux. Il discutait avec Viridi, un sourire aux lèvres. Une nouvelle fois, Crassius faillit se faire écraser par une nouvelle vague de solitude. Alors il se mit à la recherche d'une nouvelle cavalière à entraîner sur la piste, laissant les fiancés à leur malaise.


Lun 4 Mai 2020 - 23:01

Dorian Pavus
Dorian Pavus

– Inquisition –

Messages : 322
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Souriez, vous êtes jugés !

9:30 du Dragon
Feat. Crassius Servis
C'est compliqué parfois mais bon ami - ☀ ☀ ☀


En remontant le prétexte d’escalier qui conduisait au reste de la population, j’eus l’occasion de sentir différents regards posés sur moi ; certains étaient en une espèce d’approbation, d’autres en une espèce d’envie, d’autres encore sombres, si sombres. Un frisson parcourut mon dos lorsque je croisai les yeux de Ulio, qui sans le vouloir - supposai-je - me fusillaient du regard. Cela dit, ce fut bref, probablement car il s’en aperçut trop tardivement. Mon sourire s’estompa légèrement.

Mais un tout autre regard noir attira mon attention, et pas des moindres : celui du nouveau fiancé laissé sur le carreau. Lui qui venait enfin d’atteindre son objectif si vital - heureusement qu’il restait dans l’ignorance, le pauvre -, le voilà fauché dans son élan, probablement humilié que sa récente partenaire ne l’invite même pas à danser, et ce, pour danser avec un autre, plus fort que lui. Il sirotait son verre, dans son coin de la pièce, mais je sentis que tôt ou tard dans cette soirée, il tenterait d’avoir ma peau. Mignon. Serait-ce donc venu le temps du divertissement ?

Comptez-vous au moins lui adresser la parole encore une fois ce soir ?
A vrai dire, cette distance me convient, Pavus.

Viridi émit un rire léger et poli, mais au fond d’elle-même, je savais qu’elle aurait pu éclater de rire sans retenue si elle le pouvait. Enfin, techniquement, elle le pouvait.

Nous nous approchâmes d’un serviteur qui tenait un plateau de verres à vin ; Auréa en prit deux et m’en tendit un, que j’acceptai volontiers et sans manquer de la remercier. Nous trinquâmes sans un mot, et bûmes la première gorgée quasiment en même temps. Pendant ce temps sans réel échange, mon oeil scrutait la salle ; Ulio avait disparu curieusement, et Servis était toujours absent. Avais-je mal réagi toute à l’heure ?

Un coup de coude me répondit.

Quelque chose sur la conscience ?
Non, ça va. J’ai perdu la trace d’un ami dans cette soirée, et .. enfin, je vais m’en sortir.

Le regard sceptique, elle se rapprocha de moi pour parler plus bas.

Tu as besoin d’un endroit plus privé pour en parler ?
Et m’attirer les foudres de ton si neuf fiancé ?
Justement, au pire que risquons-nous ?

Je soupirai, ricanant légèrement en écho à elle, avant de me résigner. Cette soirée allait déraper, super.

Pas longtemps, alors.

Viridi sourit et partit sur un pas quelque peu décidé. Je me contentai de la suivre sans rien ajouter, et nous atteignîmes un balcon où il n’y avait personne. Je m’appuyai contre la barrière, l’oeil perdu dans le néant de la nuit, alors qu’Auréa s’adossait contre. J’inspirai, avant de souffler du nez.

J’étais venu avec un dénommé Crassius Servis, un bon ami avec qui je m’entends bien.

Constatant son regard sur moi, je soupirai sèchement.

Je parle d’un vrai ami pour le coup. Enfin bref. Le fait est que justement, avec cette histoire dans la buanderie, je crois qu’il a des soupçons tout de même, et .. il y eut comme un instant de malaise, où il a ri nerveusement, après m’avoir sincèrement annoncé - je pense - qu’il serait toujours là pour moi en cas de problème. Je n’ai pas compris, mais j’ai commencé un peu à envisager toutes les possibilités, j’ai paniqué et je crois que j’ai fait une gaffe.

Je soupirai, me remémorant absolument toutes les erreurs commises ce soir-là : sans Viridi, j’aurais été un homme mort et dévoilé depuis au moins plusieurs heures. Je repris mon récit sur le même air pensif.

Je m’apprêtais à quitter la soirée, à vrai dire ; finalement, je suis toujours là, mais je l’ai complètement perdu de vue depuis. Et je ne sais pas s’il m’évite, s’il pense que je l’évite, enfin c’est compliqué, quoi.
Je vois.

Auréa avait posé son regard sur moi, un regard pétillant et légèrement plissé. Elle réfléchit un instant, fronçant ses sourcils impeccables, avant d’essayer de me conseiller.

Essaie de le retrouver .. ou alors non, laisse le tout refroidir un peu, et reparle-lui plus tard. Attends une bonne journée au moins, je dirais. Tout faire à chaud maintenant pourrait ne pas être une solution.
Je pense que tu as raison.

Viridi me sourit, avant de tapoter sa main contre mon torse comme pour me rassurer un peu. Etrangement, j’eus le sentiment que j’en avais atrocement besoin. Je me décollai de la paroi, soudainement un peu plus léger dans mes bottes, sans pour autant être au clair sur quoi faire : laisser refroidir ? le retrouver et en discuter ? Non, la seconde option était tout, sauf envisageable. Le rire clair d’Auréa me sortit de ma brume.

Je commence à connaître ce regard plissé et dans le vide : ne te prends pas la tête maintenant. C’est ma soirée, il y a encore le temps de s’amuser un peu ! Allez viens, retournons à l’intérieur.

Sur cette déclaration, Viridi allait se remettre en route, pressée de la vie comme elle l’était. Puis elle s’arrêta, comme étrangement hésitante - comme si elle avait vu quelque chose -, puis se tourna rapidement vers moi pour me baiser la joue. La. Garce.

Je posai sur elle un regard qui pouvait se traduire en “je ne suis tellement pas préparé à ce que tu viens de faire que la confusion prend le dessus, mais ladite confusion peut s’interpréter de bien des façons.” Puis, je soupirai, conscient du jeu qu’elle mettait en place, gardant ce sourire que l’on avait quand on savait qu’on ne mènerait pas la danse, et ce, à ses risques et périles. Nous revînmes dans le hall principal, - je réalisai par chance, et bien trop tard, que son rouge à lèvres ne marquait pas trop. Une autre musique était en train de se terminer. Je déposai mon verre sur un plateau quelconque qui passait près de moi, le regard scrutant la salle à nouveau : toujours aucun signe de Ulio, et il me sembla apercevoir Servis rôder dans les périmètres de la piste de danse. Je me demandais si sa soirée était moins vide. Et puis, le drame arriva.

PAVUS !

Je soufflai du nez, arrêté dans mon élan, et au moment de me tourner, je réalisai que c’était le fameux nouveau fiancé - dont j’avais oublié le nom -, le ton grave, le regard si exhorbité et les sourcils si froncés, qui se ruait dans ma direction. Je m’étais donc arrêté, le regard blasé, alors que la salle était soudainement silencieuse. Tout le monde attendait un tel moment, un tel divertissement, moi le premier. J’ignorais si me trouver au coeur du problème était une si bonne idée.

Une fois à ma hauteur - c’est-à-dire une demi-tête de moins que moi tout de même -, il plongea son regard dans le mien, avec une haine palpable qui en débordait. J’arquai un sourcil sans réellement réagir, comme blasé. Une espèce de rassemblement se formait discrètement, à mesure que la curiosité des nobles s’aiguisait.

Je vous ai vu, sur la piste, à danser avec ma fiancée.

Mes réactions restèrent minimes, mais quelque chose me disait que rien n’irait en sa faveur. Allez Dorian, c’était le moment de se donner en spectacle : tout le monde avait besoin de passer le temps dans cette soirée.

Il fallait prendre l’initiative avant moi, ma foi. Vous dansez ?

Sa carrure plus champêtre en disait long sur ses attraits à tout ce qui était plus raffiné, plus artistique. Et évidemment, il avait sa réputation. J’entendis une Altus glousser légèrement dans la foule de murmurs qui nous enveloppaient toujours plus. Mais ce brave - diable, comment s’appelait-il ? - avança d’un pas et m’attrapa par le col de mon vêtement. Etait-ce censé m’impressionner ?

Si vous pensez que vous allez vous en tirer aussi facilement ..!
Je m’excuse, y’aurait-il un éventuel problème ?
Ne vous moquez pas de moi, Pavus !!
En l’occurrence, mon pauvre ami, ce n’est pas à moi qu’il faut dire cela.

En effet, alors que toute la salle était consciente de qui j’étais, particulièrement en contraste à ce “petit” Altus, elle avait un prétexte pour la moquerie. Le nom ne faisait pas tout, mais il fallait savoir rester à sa place, tout de même. Je me surpris en revanche de ne pas foncer sur lui à mains nues pour lui en coller une, mais je commençais d’un autre côté à prendre goût à ce type de conflit. Le fameux fiancé - décidément, je ne retrouverais jamais son nom - resserra son emprise sur mon col.

Je vais vous remettre à votre place, vous !
Serait-ce là une provocation en duel ? Créateur, j’espère que quelqu’un tiendra les paris, car l’enjeu promet.

Une petite pensée à ce bon Cassius, qui devait sans doute suivre de près ce qui se passait. Mais ironie à part, je ne m’en faisais pas trop, et pour être honnête, je supposai que personne ne s’en faisait. Il n’y eut pas vraiment le temps aux tensions de redescendre, ou au souffle d’être repris : je percevais sa magie à travers son regard et ses doigts. Je soupirai mentalement, réalisant que cette somptueuse tenue aurait probablement de minimes traces de brûlures. Mes yeux s’intensifièrent également, soudainement plus dans ce qui m’attendait enfin. Une tension se sentait désormais fortement entre lui et moi, une tension qui se rompit en même temps.

Je lâchai mon verre de vin encore à moitié rempli et, tout en laissant ma nécromancie parcourir mes doigts - de subtils éclairs violets enveloppés d’une légère brume noire -, et le repoussai violemment avec son appui, avant même que mon adversaire n’aie pu laisser sa foudre me percuter à travers un bête contact. Droit, en pleine maîtrise de la chose, je pivotai mon poignet en attente de quelque chose de plus coriace, tandis que mon adversaire ressentait le besoin farouche de se pavaner devant la foule.

Moi, Animo Larius, vous ferai payer cette précédente humiliation de votre sang !
Charmant, charmant. La motivation est présente, c’est déjà cela.

Dans un mouvement souple et calculé, je craquai mes phalanges, avant de claquer des doigts pour laisser paraître de petites languettes de feu. Il ne fallait pas trop l’amocher, ce serait dommage pour lui. Ironiquement, je lâchai par-dessus mon épaule, gonflé d’assurance et de cette fierté si caractéristique de ma famille.

Ne vous en faites pas dame Viridi, je tâcherai de ne point trop l’amocher.

Elle ne répondit pas, mais j’aperçus un rire sur ses lèvres quand je l’aperçus du coin de l’oeil. Auréa avait reculé auprès des autres Altus, tous à faire leurs prognostiques sur les événements à venir. Je n’allais pas me battre, mais simplement l’empêcher de me faire trop de dégâts. Après tout, l’arme la plus fourbe, la plus violente que pouvait posséder l’Homme était bien l’indifférence.

Larius fonça à nouveau vers moi, sa magie indisciplinée au bout des doigts. Était-il donc si déterminé à m’en coller une ? A chaque attaque, je contrai avec ma magie, ou alors me contentai simplement d’éviter, histoire de jouer avec ses nerfs. Être un Altus pouvait avoir ses instants hilares.

Eh bien, du nerfs ! Je croyais que je devais payer pour .. pour quoi déjà ?

Je fis mine de m’arrêter pour réfléchir, ce qui énerva davantage encore ce pauvre Larius, qui grogna de rage, le souffle plus présent qu’avant. Puis, une idée traversa réellement mon esprit, tandis que je voulais tenter quelque chose de, disons, risqué. Risqué, car je ne maîtrisais pas encore totalement la formule, surtout sur le plan pratique, mais également car elle prenait un certain temps à se mettre en place avec un sceptre, alors imaginer sans me donnait d’avance un mal de crâne. Mais le temps de considérer la chose, il se rua à nouveau vers moi : je l’esquivai en faisant un bon pas sur le côté, avant de le pousser avec l’aide de mon pied et de son élan. Animo roula quelque peu avant de rester un instant à terre, reprenant un peu ses esprits. Sur le point de se redresser, il se bloqua dans son élan quand il constata les regards posés sur lui. Certains souriaient, d’autres se moquaient ouvertement, au point de presque me sentir mal pour lui. Presque.

Si vous voulez un conseil, arrêtez-vous là, vous vous faites du mal.

Mais apparemment, il avait plus de fierté que d’honneur, tandis que je pouvais presque entendre certains dire “En même temps, quelle idée de s’attaquer à un Pavus.” Soit, il fallait sortir le grand jeu. Je concentrai ma mana, tandis que je débutai certains mouvements de bras. Le silence sembla retomber à nouveau, transpercé par le cri de fureur de mon adversaire. Du temps. J’avais besoin de temps. Une aura doré émanait autour de moi, comme un dôme de verre ;  mais j’étais bien trop focalisé sur ce que j’entreprenais pour m’en apercevoir. Animo chargea massivement sa foudre en une boule d’énergie, qu’il s’apprêtait à lancer sur moi. Ce fut à mon tour de pousser un cri, alors que je sentis le coût d’énergie que nécessitait ce sortilège. Et puis, l’espace d’un instant, alors que ce dôme se brisa autour de moi, le temps se mit à ralentir.

Je posai les yeux autour de moi brièvement, satisfait que ça ait marché, mais aussi pour profiter de la vue, avant de charger ce qui me restait de magie dans mon poing droit, qui s’enveloppa alors de feu. Je pris soin d’éviter le coup d’Animo, puis de charger mon coup avant de frapper de toutes mes forces dans son ventre ; le sort se rompit au même moment.

Plus personne ne bougeait dans le hall, tandis que Larius se retrouvait le dos contre le mur du fond, à la limite de l’inconscience. Reprenant mon souffle, je scrutai la salle un instant, réalisant que ce silence n’était pas si normal que cela. Après tout, la magie temporelle ne se pratiquait pas d’ordinaire, elle restait théorique ; mais surtout, seul Alexius possédait les connaissances nécessaires pour éventuellement se vanter de la manier - mais humble qu’il était, je ne pensais pas qu’il le faisait. je finis par capter des yeux Viridi, presque choquée de la tournure de ce duel, mais qui se mit à applaudir. Elle fut rapidement suivi par d’autres applaudissements plus polis, et sans doute moins honnête. Je fixai un instant le pauvre Animo, qui sans doute allait limite être laissé là.

Que l’on envoie des serviteur pour s’occuper de ce pauvre ignorant.

A ces mots, je me dirigeai vers un balcon pour prendre l’air, ou simplement me reposer quelque part : avec ma fierté mal placée, me voilà avec de légers vertiges. Dans mon déplacement, j’attrapai enfin Servis des yeux - avec un certain soulagement - : je lui fis un léger signe de tête pour lui désigner le balcon vide où je comptais me rendre pour souffler. J’en avais quelque peu besoin.

Lun 4 Mai 2020 - 23:11

Anonymous
Invité

Invité


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Souriez, vous êtes jugés.



Peut-être était-ce la faute de sa tenue trop humble, trop débraillée à cause de son absence de veste. Ou bien les convives ne voyaient-ils pas l'intérêt de danser avec un Laethans, alors que sur la piste évoluait un couple d'Altus extrêmement puissant. Tous espéraient obtenir une danse, voire une promesse, d'un Dorian Pavus ou d'une Auréa Viridi. En comparaison, que pouvait donc bien offrir un Crassius Servis ? En réalité : rien, et il était le premier à l'admettre. Rien en dehors de ses talents de danseur le temps de cette soirée, et de sa soif de vivre toujours plus, toujours plus intensément. Alors il ne se formalisa pas des nombreux refus qu'il essuya lors de ses premières tentatives, mais très vite il comprit où se trouvait sa place, et partit à la recherche de ses amies. Elles ne lui refuseraient certainement aucune danse, à compter bien sûr qu'elles n’aient pas encore quitté la soirée. Iovita avait d'ailleurs toujours sa veste.

Il se mit alors en quête de ses amies, d'abord dans la salle qu'il parcourut rapidement, en slalomant entre les groupes serrés. Mais là, aucune trace des filles. Galla, Iovita, et même Hécate n'étaient plus en vue nulle part. Mais pire : les hommes de son groupe avaient eux-aussi disparu. Mais où étaient donc passés les Laethans à cette soirée ? Intrigué, Crassius rejoignit le balcon le plus proche, donnant sur la partie des jardins où il avait abandonné sa veste, et accessoirement son frère aîné, passablement en mauvais état. Il se pencha par la balustrade, cherchant à distinguer parmi les ombres les silhouettes de ses amis perdus. Les flambeaux, plantés dans les jardins selon un motif faussement désordonné, brouillaient les pistes en déformant les ombres, et en aplatissant les surfaces éclairées. Il plissa ses yeux, déjà étroits, forçant ses pupilles à capter un maximum d'informations. Après une lutte certaine, il retrouva enfin les rosiers recherchés, et fût à peine surpris d'y déceler quelques formes humanoïdes. Quatre formes. En s’accolant à la balustrade, il tenta d'attribuer ces ombres : était-ce Fabius et Iovita qui se tenaient accolées l'un à l'autre ? Et là, cette forme stoïque mais frêle n'était-elle pas Galla ? Tout semblait indiquer que la dernière forme, la plus misérable d'entre toutes, assise à même le sol, puisse être Marcius. Ses amis n'avaient donc plus quitté les jardins depuis tout ce temps . Attristé par une telle découverte, Crassius passa lentement ses longs doigts dans ses cheveux bouclés, tirant quelques mèches. Bon, au moins il les avait retrouvé.
Au moment où il se décollait de la balustrade, deux voix s'élevèrent du balcon adjacent. Crassius reconnu sans peine la voix de Dorian. Soit. Qu'il continue de s'amuser celui-là !

De nouveau dans la salle de bal, Crassius chercha à atteindre au plus vite le couloir, puis les escaliers menant au jardin, comme s'il avait peur à présent que ses amies ne se volatilisent tels des mirages. Il ignora les nombreux ragots sur son passage, ne s'intéressent définitivement plus aux petits drames de la société Altus. Il n'entendit donc pas ce qui se disait sur son ami Pavus, qui décidément, et bien malgré lui, monopolisait toute l'attention. Alors qu'il dévalait les marches deux à deux, il entendit des bruits de pas irréguliers dans son dos, à la fois précipités et sereins. Cassius.
Crassius arrêta momentanément sa course, lui laissant l'opportunité de le rejoindre. Reconnaissant et à bout de souffle, Cassius agrippa son épaule, et la pressa amicalement.
“Mais où étiez-vous tous passé ?„

Demanda-t-il tragiquement, comme si ce brusque abandon avait pu réellement le perturber.
“La soirée a été lucrative Cassius ?„
“Plutôt oui, mais tu sais ce qu'on dit, la maison ne perd jamais.„

Ils descendirent côte à côte, leur allure se claquant naturellement sur les pas de l'autre.
“Mais ma soirée est encore loin d'être terminée. N'as-tu pas senti le bourdonnement agréable qui secoue toute la ruche là-haut ?„
“Si je ne me trompe pas l'un de nos amis commun se trouve au centre de cette nouvelle polémique. Nous ne devrions peut-être pas nous en réjouir.„
“Dans le doute, nous devrions remonter. Tu sais, pour nous assurer qu'il ne lui arrive rien.„
“Je ne te retiens pas Cassius, retourne-y si tu veux. Moi je dois retrouver les autres.„

Cassius émit alors un rire sonore qui ricocha contre les parois peintes de fresques dorées à l'or fin de l'escalier.
“Que tu peux être dur parfois Crassius. N’aurais-t-on manqué de respect ce soir ?„
“Hum ? Peut-être. Peut-être pas. C'est notre lot à tous, n'est-ce pas ?„

Ils débouchèrent finalement devant une porte ouverte en grand, gardée par deux serviteurs parés d'atours grotesques mais bien voyants, symbole de l'opulence des maîtres des lieux. Quelques voix éparses étaient audibles depuis le fronton de la demeure, témoins des quelques promeneurs des jardins, discrets. La musique du bal filtrait depuis l'étage, et allait se perdre dans le vent de la nuit. Crassius guida Cassius dans les allées qu'il avait précédemment repéré depuis le balcon. Ils finirent par retrouver les rosiers, où leurs quatre amis se trouvaient toujours. Ils furent accueillis par des regards sombres.
“Si tu cherches Ulio, il est rentré chez lui.„
“Il nous a demandé de l'excuser.„
“En fait, c'est vous deux que j'étais venu chercher.„

Tous se retournèrent en direction de Crassius, les femmes comme les autres. Mais les réactions sur leurs visages ne pouvaient pas être plus contradictoires. Cassius affichait comme toujours son léger air amusé, ailleurs. Galla et Iovita souriaient, et les joues de l'une s'étaient légèrement roussi. Elles semblaient flattées d'une telle attention. Fabius quant à lui était toujours légèrement courbé vers l'avant, un bras en travers de l'estomac, comme pour le retenir à l'intérieur. Il grimaça, à la fois en réponse à sa douleur, mais également face à cette déclaration inconvenante de la part de son ami. Enfin, Marcius... Marcius en définitive n'avait pas dénié relever la tête. Assit au sol, le visage tourné vers ses propres poings, il semblait... Pleurer ?!?
“Oh... Qu'est-ce qui se passe ?„
“Ton frère s'est effondré là, tout à l'heure, et depuis nous ne parvenons plus à le relever.„
“Et il pleure.„
“Merci, ça je l'avais remarqué.„

Presque à contre-coeur, Crassius s'accroupit face à son frère, au centre du cercle formé par leurs amis restés debout. Il plia son grand corps légèrement frêle vers l'avant, vers son frère aîné plus carré que lui. La dernière fois qu'il l'avait vu pleurer remonter À... À bien trop longtemps pour qu'il en conserve un souvenir impérissable. Il était même resté stoïque le jour de son mariage. En revanche, les fois où Marcius avait fait pleurer Crassius étaient plus nombreuses, en bon aîné enseignant la vie à son petit frère. Au début, des mots suffisaient. Puis des coups trop violents lors de batailles virulentes. Enfin, d'autres larmes avaient coulé lorsqu'ils s'essayèrent aux duels. Alors, devant ses larmes inhabituelles, Crassius resta figé.
“Allé mon vieux, il faut te reprendre !„

Comme s'il réagissait au son de la voix de son frère, Marcius se jeta en avant, l'agrippant d'abord par le tissu fin de sa tunique (décidément) pour ensuite le forcer à se pencher plus en avant, où il pourrait resserrer son étreinte sans plus lui laisser le temps de s'échapper, ni même de respirer. Dans cette étreinte virile, fraternelle, Crassius sentit les larmes de son frère lui couler dans le cou. D'un seul regard, peut-être un peu froid, Crassius exigea de l'intimité, et Fabio, Iovita, Galla et Cassius s'éloignèrent lentement, presque à regret, de plusieurs mètres. Leurs souliers de soirée crisèrent sur le gravier des jardins. Enfin seuls, Crassius se dégagea de l'emprise de son frère et l'obligea à relever la tête.
“Ça suffit maintenant. Dis-moi clairement ce qui t'angoisse. Je ne suis pas dupe, je sais bien qu'il y a quelque chose.„

Ses mots étaient durs, mais son ton on-ne-peut-plus patient, sans être condescendant. S'il ne comprenait pas tout à fait les choix de son frère, Crassius ne pouvait pas pour autant le blâmer. Personne ne méritait d'être malheureux. Ou presque. Marcius fit un effort considérable pour redevenir maître de sa respiration, et tenta de s'expliquer.
“C'est mes enfants. Ça m'angoisse.„

Il n'eut pas besoin d'en dire plus, déjà Crassius secouait la tête, songeur. Bien sûr, quelles autres raisons pouvaient être à l'origine des larmes de son frère, sinon l'unique poids qui pesait sur ses épaules ? La malédiction des Servis : la possibilité que le don ne se transmette pas.
“Si tu commences à t'en faire dès à présent mon frère, tu ne mourras pas vieux. Ton aînée à quoi ? Un an, un an et demi ? Reposes-toi cette question quand elle sera en âge !„

Puis il le serra dans ses bras, et le remis difficilement debout. Juste au cas où, il dénoua sa cravate de dentelle, et se l'enroula autour du poignet. Puis ils rejoignirent les autres. Fabius était toujours plié en deux, soutenu lui par Iovita.
“Fabius, peut-être que tu devrais aller voir un guérisseur : tu n'as pas l'air dans ton assiette. Et si tu t'en vas, je crois que mon frère ferait bien de rentrer avec toi.„

Le coeur au bord des lèvres, Fabius opina et attrapa affectueusement Marcius par l'épaule. Puis tous deux se retournèrent vers Iovita. Elle soupira et se défit lentement de la veste de Crassius, qu'elle lui tendit, à contre-coeur.
“Je vais rentrer avec vous.„

Ne restait donc plus que Cassius, Galla et Crassius. Un sourire franc aux lèvres, Crassius proposa son bras à Galla.
“Je suppose que tu as encore envie de danser.„
“Tu me connais bien !„
“Nous ferions bien de nous hâter, j'ai la mauvaise impression qu'il se passe quelque chose d'intéressant là-haut.„

Décréta Cassius, un doigt tendu en direction des fenêtres.

Et effectivement, lorsque les trois Laethans débouchèrent à l'étage, une agitation folle s'était emparée des convives, et ce n'était pas la fièvre de la danse. Pourtant, Crassius persista, et entraîna Galla en direction de la piste de danse. Mais alors qu'ils s'apprêtaient à s'y engager, Crassius croisa le regard de Dorian, pris à partir par un autre Altus. Tiens, mais n'était-ce pas justement le triplé vainqueur du coeur de Miss Viridi ? Avec un haussement d'épaules mental, Crassius tenta de rejoindre cette fichue piste de danse, mais Galla résista, tordant le coup pour assister à la scène. Crassius écarta ses doigts, libérant la belle Galla. Mais lui ne bougea pas. Il ne se faisait aucun souci pour Dorian, de plus la joute semblait être au stade verbal. Et qui mieux que Pavus savait trouver le bon mot ? Le mot qui rabaisse, qui humilié, mais toujours avec style ? Non, Crassius ne se faisait aucun souci, et une nouvelle fois, il en avait assez de laisser passer les désirs de son ami avant les siens. Dorian s'amusait bien plus que lui, et tout cela finissait par passablement l'irriter.

Alors, presque boudeur, il alla se parquer aux abords des musiciens qui, comme s'ils étaient conscients de l'agitation qui s'était emparé de l'autre bout de la salle, s'étaient progressivement mis à jouer en sourdine. Pourtant ils s'obstinaient, dévoilant note après note des valses de plus en plus endiablées. Crassius enragés de ne pouvoir profiter de ces nouveaux rythmes libérateurs. Il maudit la curiosité des siens, il maudit les Altus et leurs soirées complexes pleines de rituels obscurs, où tout c'était que prétexte. Puis il maudit Dorian, qui certainement sans le vouloir, finissait par totalement lui gâcher la soirée. Mais que pouvait-il dire ? Dorian avant des responsabilités, et divertir la foule de ses semblables plus que son propre ami, qu'il avait personnellement convié à cette soirée, en faisait visiblement parti. Mais tout boudeur qu’il soit, Crassius ne put s’empêcher de noter que la confrontation verbale s’était doucement muté en un véritable duel en règle. Il leva les yeux au ciel, passablement lassé de toute cette comédie. Les protagonistes : un fiancé tout neuf et déjà bafoué s’opposant à un puissant désabusé. Tous deux incarnés à la perfection ce que Crassius détestait le plus dans cette société Tévintide : les lourds masques qu’il fallait porter. Où était passé l’amour, la passion, et l’égoïsme assumé dans tout cela ? Lui avait choisi une autre voie. Elle l’éloignait de ses amis, il le savait, mais dans le même temps il se sentait enfin en accord avec lui-même. Depuis qu’il avait commencé ses petits larcins, depuis deux ans seulement, il se sentait enfin vrai. C’était sa manière de se jouer de l’autorité, de remettre en question ce monde fourbe, sans pour autant perdre son âme en politique.
Les premiers échanges de sorts électrisèrent l’air, et chacun allait de son commentaire. Du regard, Crassius repéra Cassius, faisant de nouveau disparaître de belles pièces d’argent dans ses poches sans fonds. Mais les sommes soulevés semblaient moins mirobolants : ici il fallait être fou pour douter de l’issus du combat. Alors Crassius se concentra de nouveau sur la musique, certain à présent qu’il vivait ses derniers instants dans cette soirée : la nuit n’avait plus rien à lui offrir, du moins dans cette villa-ci. Mais subitement, une fausse note. Un temps plus long que les autres. Un musicien ne jouant plus sur le même typo que les autres. Et en vérité, c’est la foule tout entière qui sembla perdre momentanément son unité. Le temps semblait plus lourd, comme un lourd manteau d’hiver couvrant les épaules de tout à chacun. Crassius sentit une sueur froide parcourir son dos, et se hissa sur la pointe des pieds pour observer le combat : Dorian venait de mettre K.o. son adversaire, sans que personne ne puisse observer son coup partir.
“Mais non !„

Souffla Crassius, réalisant brusquement ce qui avait pu se passer. Le mentor de Dorian, Gereon Alexius, était connu pour s'essaie quant à la magie temporelle… Se pouvait-il que l’élève ait si vite dépassé le maître ?
Encore sous le choc, Crassius acquiesca de la tête à la demande de Dorian, le suivant sur le balcon le plus proche. L’air toujours froid n’améliora en rien la sueur froide qui avait coulé le long de son épine dorsale. Cherchant à cacher à la fois sa légère peur et son irritation persistante, il demanda :
“Alors, on s’amuse bien ?„

S’accoudant à la balustrade, il fixa la nuit, comme il l’avait déjà fait si souvent au cours de cette soirée.
“Dorian, il est parfois difficile de te suivre, tu sais ça ? Je sais, je ne suis qu’un Laethan, et passable avec ça, à peine digne de ton temps. Mais tout de même, je crois que cette soirée a été assez révélatrice de toutes nos différences.„

Il se retourna, plaquant son dos contre le métal froid. Ses petits yeux, sous ses sourcils froncés, se fixèrent sur la fenêtre donnant dans la salle de bal. Ce monde n’était pas le sien.



Lun 4 Mai 2020 - 23:16

Dorian Pavus
Dorian Pavus

– Inquisition –

Messages : 322
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Souriez, vous êtes jugés !

9:30 du Dragon
Feat. Crassius Servis
C'est compliqué parfois mais bon ami - ☀ ☀ ☀


Autant j’avais parlé de la fierté de mon adversaire, autant je pouvais parler pour moi-même : ce sort m’avait bien plus épuisé que je ne le pensais. Toute l’énergie qui me restait après m’être autant pavané était dirigée dans ma posture et mon déplacement : je devais atteindre ce balcon. Pour respirer.

Une fois à ma destination tant convoitée par ma fatigue, je n’eus cependant pas tout de suite le réflexe de m’appuyer contre la barrière, au contraire : je restai debout, droit comme un “i”, alors que je sentis la présence de mon ami qui arrivait.

Alors, on s’amuse bien ?

Je n’avais pas la force de formuler une quelconque réponse dans mon esprit, pour ensuite devoir vérifier si la formulation choisie était correcte, pour finalement modeler ma bouche dans le but de la prononcer. Un mal de crâne se mit à germer, attrapant au passage cette attention que j’essayais d’accorder à Crassius, alors qu’il me semblait vraiment dans le mal.

Tout ce qui était possible pour moi de percevoir était le ton utilisé : il semblait honnête, mais avec une pointe de déception malgré tout, voire de l’amertume. Mais tout commençait à se brouiller autour de moi, alors que les vertiges s’intensifièrent. Je sentis mon corps, soudainement si lourd, tomber en avant ; je tentai relativement vainement de m’agripper à la barrière, avant de laisser tomber - presque littéralement. Je tentai de m’asseoir, de me tourner dans mon mouvement afin d’avoir quelque chose contre mon dos pour mieux me soutenir.

Mes yeux ne voyaient plus grand-chose, si ce n’étaient de vagues lumières, provenant certainement de l’intérieur de la demeure. Il me fallut tout de même un certain temps avant que ma vision ne revienne réellement, que je me sente moins lourd. Encore à moitié sonné par le spectacle que je venais de donner, tout ce que je parvenais à balbutier étaient simplement les éléments qui traversaient mon esprit.

Quelle soirée de merde.

Je massai ma tempe dans un mouvement hésitant, le regard plissé. Mon clair regard retrouvait les lieux, le balcon, la nuit étoilée, mais surtout Servis. Ce pauvre Servis. Je soupirai, tandis que toute la soirée défilait joyeusement dans ma tête. Un rire discret et maladroit franchit mes lèvres, alors que je revoyais à peu près tout, Ulio, sa fiancée, Servis qui s’ennuyait, son frère complètement cuit, Auréa avec ses plans foireux, l’autre à qui j’avais encore oublié le nom. Tout s’était produit si vite, et en une seule soirée.

Je vais être franc, j’ai assuré nulle part.

Je sentais à nouveau le froid du sol, de la barrière, de ce léger vent qui se promenait autour de nous. Mes mains tremblaient encore du manque de mana, ma tête tournait encore un peu, mais globalement, j’avais retrouvé mes esprits.

Il faudra que je retrouve la fiancée de Ulio pour lui parler, j’ai eu un malentendu avec ..

Mes sourcils se froncèrent, songeurs : je n’avais pas revu Ulio de la soirée après ce regard noir posé sur moi par espèce d’inadvertance.

.. en parlant d’Ulio, j’imagine qu’il est rentré. Il ne semblait pas de bon poil la dernière fois que je l’ai aperçu.

Puis je levai mon regard vers Crass, en ayant réellement la sensation d’être complètement défoncé. Quelque chose me disait que la fin de soirée arrivait gentiment pour moi.

Et toi, tu n’as pas l’air dans ton assiette, mon ami : ça va ?

Lun 4 Mai 2020 - 23:19

Anonymous
Invité

Invité


[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]
Souriez, vous êtes jugés.



Trop focalisé sur son propre débit de parole, Crassius ne vit que trop tard que Dorian ne l'écoutait pas. Et comment aurait-il pu ? Le pauvre homme était au bord de l'évanouissement. Visiblement, le sort qu'il venait d'employé l'avait complètement vidé de son énergie, tant physique que magique. Dorian manquait de mana, et seul un long repos ou une forte dose de lyrium raffiné pourrait lui permettre de reprendre pieds. Tel était la limitation des mages. En plus évidemment de leur propre ignorance. Malheureusement pour Dorian, Crassius n'emportait jamais avec lui la moindre fiole de lyrium : il considérait ce produit comme dangereux, et même comme hautement dénaturant. La nature même du lyrium restait encore inconnue, et aux yeux de Crassius, prendre de cette substance revenant en gros à faire confiance à un démon, les yeux fermés. Alors, lorsqu'il vit Dorian tanguer, il ne fit rien en apparence pour lui venir en aide. Un instant, un instant seulement, il envisagea d'aller puiser dans ses veines l'énergie capable de soulager la faiblesse de son ami, mais il se ravisa vite. Il n'étudiait, secrètement, la magie du sang que depuis quelques jours, et rien ne lui assurait l'efficacité de son entreprise. Rien ne servait de soigner une magie dangereuse et méconnue par l'usage d'une autre, en tout point homologue.
“Quelle soirée de merde.„
“Je ne peux qu’approuver. Malheureusement.„

Dorian semblait doucement se reprendre. Ou du moins prendre conscience de son propre épuisement. Il se massa les tempes, semblant rassembler les débris brisés de sa mémoire. Crassius, le dos toujours tourné à la nuit, fixa une nouvelle fois les silhouettes flou évoluant de l'autre côté de la vitre. Une nouvelle fois il se demanda ce qui, en réalité, le forçait à rester à cette soirée. Contrairement à Dorian, Crassius n'était pas encore passé enchanteur. Il avait encore de nombreuses leçons à recevoir à l'académie, de nombreuses épreuves à passer. Il devait se montrer assidu dans ses études, car son don était loin d'être naturel. Alors, pourquoi perdait-il son temps ici, sur ce balcon, dans cette soirée ? Ne ferait-il pas mieux de rentrer se reposer, pour attaquer, frais, une nouvelle journée d'étude ?

“Il faudra que je retrouve la fiancée de Ulio pour lui parler, j’ai eu un malentendu avec ... „

La fiancé d'Ulio. En entendant ces simples trois mots, Crassius se figea. Dans un souffle, il se retourna, cachant dans l'obscurité le possible rougissement qu'il sentait monter à ses joues. Il avait peur que la véritable nature de ses sentiments pour Hécate soit brusquement découverte par Dorian. Qu'il ait à s'expliquer sur son romantisme jusque-là dissimulé. Mais qu'avait bien pu dire Hécate à Dorian ? L'avait-elle finalement confronté comme elle en avait plus tôt eu l'intention ?
“Que… Qu’est-ce qui s’est passé ?„

Avait-elle finalement quitté la soirée à cause de leur confrontation ? Crassius s'imagina bien malgré lui une scène où se seraient affrontés Dorian, Ulio et Hécate. Quel étrange triangle amoureux qui, tout bien considéré, serait nettement plus apaisé si finalement un quatrième protagoniste y était introduit. Disons par exemple... Lui-même… Mais non, il savait la chose impossible. Rapidement, il osa un regard en direction de Dorian. Devait-il s'enquérir de ses intentions envers Ulio ? Devait-il s'inquiéter de l'avenir d'Hécate ? Rien ne devait lui arriver. Du moins rien de fâcheux.
“.. en parlant d’Ulio, j’imagine qu’il est rentré. Il ne semblait pas de bon poil la dernière fois que je l’ai aperçu.„

Dorian ne l'écoutait pas, ignorant les unes après les autres les inquiétudes sincères du jeune Crassius, de plus en plus frustré, de plus en plus isolé. Il ne songeait plus qu'à partir. Au diable Dorian et ses défaillances. Au diable sa possible attirance pour leur ami commun, au diable ses privilèges et ses faiblesses. Crassius n'avait plus de temps à perdre pour cette amitié à sens unique. Il devait devenir plus égoïste. Se retirer du monde pour cacher ses faiblesses. Devenir quelqu'un, loin de tout…
Cédant aux sirènes de sa colère, Crassius se décolla de la barrière, et lâcha un obscur :
“Eh bien, mon cher Pavus, je dois avouer être moi-même dans un état approchant. Je crois que je devrais, comme lui, avoir la sagesse de quitter cette soirée.„

Puis, sans plus attendre, il franchit de nouveau la porte du balcon, mettant un terme à leur conversation.


Lun 4 Mai 2020 - 23:26

Dorian Pavus
Dorian Pavus

– Inquisition –

Messages : 322
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image]

Souriez, vous êtes jugés !

9:30 du Dragon
Feat. Crassius Servis
C'est compliqué parfois mais bon ami - ☀ ☀ ☀


J’entendais à nouveau de moins en moins clair. J’avais ce bourdonnement désagréable qui réclamait une pause, ou une fiole. Ne pensant pas me battre aujourd’hui, avec de la magie de surcroît, je n’avais évidemment rien. Je savais que Crass n’était pas du genre à en avoir sur lui, donc c’était peine perdue de lui demander. Ma vue était brouillée, ne laissant entrer dans mon oeil que des lumières hésitantes provenant de l’intérieur. Je devais rentrer. Ou alors, trouver Auréa et lui demander de rester pour la nuit. Avec ses folles idées, possible qu’elle accepterait - à mon grand damne. Je soufflai du nez, perdu dans un brouillard de sensations confuses, focalisant toute mon attention sur les mots que je prononçais dans l’espoir de communiquer ce que j’avais à communiquer de cette soirée à mon ami.

Mais soudain, comme l’apparition d’une lumière divine, j’entendis clairement sa voix, déformée par une rage contenue que je connaissais de moi-même. Et chaque mot se grava alors sur mon esprit, de quoi me tenir occupé pour les prochains jours, voire les prochaines semaines à venir. Mais je n’avais aucune force pour le retenir, lui répondre quoi que ce soit, me lever, faire le moindre geste, le moindre gémissement. Rien. Et Servis s’en alla, tout naturellement. Je fixai dans sa direction sans réellement le voir, cette silhouette singulière qui disparaissait petit à petit dans cette ribambelle de couleurs chaudes et raffinées qui s’offraient à moi. J’avais l’impression d’être complètement sous l’effet d’herbes, alors que je n’en avais pas consommé. Bon, aussi, c’était la première fois que j’usais d’un tel sort. J’avais de quoi réfléchir longuement sur cette seule soirée, car j’avais enchaîné les erreurs sans relâche, et sans Viridi, je serais un homme mort ce soir.

En parlant d’elle, je sentis une main sur mon épaule, avant une présence qui se posa à côté de moi. Sa longue tignasse se fondait dans la barrière derrière elle, comme un lierre le long de ces constructions en bois.

T’es bien un Pavus, toi. Toujours à en faire trop pour prouver quoi que ce soit.
Auréa ..

Entendre ma voix me parut étrange, mais je sentis que les effets diminuaient progressivement, alors que ma vue revenait gentiment. Elle me passa une fiole de lyrium sans en ajouter plus, avant de rire pour elle-même. Etant mon aînée de quelques années, il était naturelle qu’elle se soit probablement vue en moi ce soir.

Ne dis rien, je vois sur ton visage que ce fut un fiasco pour toi. Epargne-toi cette peine.

Je bus la petite fiole d’une traite, avant d’émettre un rire léger, un rire amer. Et ce, alors que mes sens revinrent naturellement, comme appelés par un sifflet. Ma respiration devint ironiquement plus irrégulière, alors que je n’eus la force de retenir une larme de couler. C’était frustrant. C’était vraiment frustrant.

Puis, je sentis son bras encadrer mes épaules, sa main monter dans mes cheveux, mon corps se faire gentiment attirer vers le sien dans l’espoir de me réconforter au mieux.

C’est dur la vie qui nous attend, mais avec les bonnes techniques, tout devient plus simple. Ne t’en fais pas, je vais t’aider. Reste pour quelques temps ici, et je te montrerai quelques astuces à connaître. Tu vas voir, tout va aller mieux.

Elle m’incita à me lever, prenant soin d’essuyer cette larme qui pendait de mon oeil, mais se perdit un instant dans mon regard, comme si elle cherchait à y déceler quelque chose. Mais Viridi se contenta de me sourire, comme pour me dire que tout rentrerait dans l’ordre tout bientôt, ce que j’espérais. Je lui rendis ce sourire à moitié, comme hésitant. Auréa agrippa mon bras et m’incita à revenir à l’intérieur, et parvint à me convaincre de rester encore un peu à la soirée avant de m’éclipser pour récupérer. Pour réfléchir. Quelle soirée infernale.

Contenu sponsorisé


Page 3 sur 3 Précédent  1, 2, 3

Permission de ce forum:

Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum