Chasseurs de Géants (PV Servis)

Je jetais un regard étonné à servis, fronçant légèrement des sourcils. Quelle mouche l'a piqué ? En quoi revérifier les pièges pose un problème ? Est ce la pression de Morven qui le met dans cet état là ? Je ne répliquais rien, haussant simplement des épaules et le laissant pester à faire son chef. Peu m'importe, si la cage a une défaillance, on ne pourra pas dire que c'est de mon fait.

La réunion terminée nous partions vers le fameux lieux de chasse. Nous avions des dracolisks, ces bestioles hideuses à faire peur bien adaptées à ce désert. En un sens, c'était parfait. Dommage qu'elles ne supportent principalement que les climats chauds. Je la montais sans problème, n'ayant pas de problème avec cette bête, surtout si elle pouvait potentiellement mordre un ennemi. Le chemin ne fut guère long, bien que nous soyons quelque peu ralenti par la carriole remplie de matériel.

Une fois sur place Servis fut le premier à inspecter les lieux, puis proposant son aide à la roucoulante Halda qui faisait presque exprès de lui sauter dans les bras, nous pouvions nous mettre au travail. De mon côté ce fut Octavian qui me proposa de l'aide pour descendre, mais loin d'être fatiguée je refusais poliment d'un "non merci, ça ira" un peu froid. Je jetais un regard dédaigneux à ce Morven qui ne semblait que se complaire dans l'idée d'un combat aussi brutal que sanglant, à côté Wallace qui montrait moins sa répugnance mais n'en pensait pas moins sur ce genre de personnage. Je m'étais approchée de la carriole, où se trouvait Servis, enlevant la bâche recouvrant le matériel. Il y avait une grande lance à planter dans le sol, une espèce de grande poupée de chiffon faite d'un textile qui sentait fortement les herbes et une fiole contenant un liquide brun et visqueux.

"Le leurre sera à accrocher à la lance une fois qu'on aura trouvé le bon endroit où la planter. Il ne faudra mettre le liquide qu'au dernier moment et faire attention à ne pas s'en mettre dessus. Ca sent très fort et longtemps, de quoi attirer des géants sur un bon périmètre pendant une semaine."

Je me retournais pour regarder les alentours, essayant de sentir le sens du vent. Tout dépendra également d'où proviendra le géant. Mais ça, ce sera selon le rapport d'Octavian sur sa traque d'éclaireur.

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En observant l'appas de forme vaguement humanoïde, Servis effleura son propre bras, là où la main d'Halda s'était déposée lorsqu'il l'avait aidé à descendre de son dracolisks. Ce bref contact lui avait un instant réchauffé le cœur, et il était vrai qu'il n'avait plus connu de femmes depuis de trop longs mois. Cette idée ne le quittait pas et les nombreuses avances de la mage, qu'il avait fini par noter, étaient de plus en plus tentantes. Qui sait, si Aesthia et sa suite restaient une nuit, peut-être se laisserait-il aller ?

Il écouta distraitement Aesthia lui expliquer la marche à suivre concernant la mise en place de l’appât, et du liquide odorant à y répandre.

Servis sursauta. Il n'avait pas entendu Morven approcher, et lorsqu'il tendit sa grosse main en direction de la précieuse fiole, il faillit crier.

En parlant, il s'était saisi de la fiole, qu'il agitait joyeusement au-dessus de leur tête. Une ultime provocation. Mais Morven n'était pas un homme délicat. C'était un miracle si ses immondes paluches parvenaient à tenir cette fiole sans l'exploser. D'ailleurs, il ne la tenait pas si bien que cela, puisqu'il la lâcha. Servis vit la fiole chuter aux ralentis en direction du sol.
La fiole se brisa au sol, rependant le liquide brun sur les pieds de Morven. Une odeur indicible se rependit dans l'air, forçant Servis à reculer dans un juron. Un haut-le-coeur plus tard, il se mit à rire dans son casque, rire même jusqu'aux larmes.

Il voulut tapoter, l'air compatissant, l'épaule musclée de Morven mais l'odeur le repoussa de nouveau alors qu'une nouvelle remontée d'acide lui brûla la gorge.


La brute dût prendre la punition exigée par Servis comme un défi, car il sourit largement avant de s'élancer au petit trot. Comme promis, Servis le suivit, après avoir invité Aesthia, Halda, Wallace et Octavian et le suivre. Leur plan après tout ne déviait que peu de leur idée première.

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Servis avait raison, il fallait faire attention à ces fioles. Mais Morven, qui ne semblait pas du tout prendre au sérieux la situation, voulu prendre un de ces rares contenu. J'écarquillais les yeux en le voyant jouer avec un objet si fragile, sentant la colère monter alors qu'il risquait de gâche une précieuse ressource. Nous n'avions pas droit à beaucoup d'essais, et s'il gâchait le produit la chasse allait être terriblement compliquée. Et cela ne coupa pas. Avec une maladresse qui aurait presque pu paraitre intentionnelle, Morven laissa tomber la fiole. Par réflexe j'avais bondis en arrière pour me mettre hors de portée du produit, connaissant très bien son odeur pestilentielle. Elle se brisa aux pieds de Morven, qui se trouvait bien bête à présent. Je foudroyais du regard Morven, ayant bien envie de lui balancer un sort pour la peine. Mais bon, le mal était fait. Servis lui manquait de s'étouffer avec l'odeur, surpris sans doute par la puissance de l'effet. Mais rapidement il se mit à rire, et quand il expliqua pourquoi je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour. Mais oui, au final c'est sans doute un mal pour un bien. Tout en jetant un regard méprisant à Morven et souriant un peu plus j'appuyais les dires de Crassius.

"Tout à fait, un appât vivant est bien plus tentant pour un géant. Ce sera d'autant plus facile de concentrer l'attention du géant sur une personne et de le diriger où l'on souhaite. Et je n'aurais même pas à sacrifier un esclave pour ça ~ ..."

Je n'avais pas réussi à cacher ma bonne humeur dans mes dernières paroles. Ainsi j'économisais de la ressource humaine, et un leurre qui bouge, qui se défend, qui peu courir est bien plus intéressant pour un géant qu'une poupée de chiffon. tout était donc pour le meilleur des mondes. Morven souriait et pris les devants, nous devançant de loin autant pour l'odeur que pour que le géant ne se sente pas pris au piège par tout un groupe. Quand il fut assez éloigné, je m'approchais de Servis pour lui parler avec une certaine nonchalance de l'opportunité que cet accident pouvait lui apporter.

"Tout compte fait ton problème va peut être se résoudre plus facilement que tu ne le crois, Servis. Un accident provoqué par sa propre maladresse... Personne ne pourra t'en vouloir..."

Je m'éloignais ensuite, le laissant réfléchir à cela. Je restais près de la carriole en discutant un peu avec Octavian, pendant qu'Halda se faisait un plaisir de roucouler auprès de Servis avec assiduité. L'autre soupirant templier, lui, semblait avoir lâché l'affaire. Autant parce qu'il faisait trop chaud pour dépenser de l'énergie pour ça que parce qu'il savait qu'elle n'allait pas lâcher prise. Nous avancions dans le désert, faisant attention à ce qui nous entourant, et prenant soin de masquer notre nez quand le vent tournait dans la mauvaise direction.

Jet de dé - attirer le géant

• Réussite Critique : Morven n'a pas à aller bien loin, un vent fort porte l'odeur au loin et l'on peut voir en quelques minutes le géant apparaitre de derrière une dune pour se diriger vers le groupe, sans avoir l'air de le craindre.
  
  
• Réussite : Morven n'a pas à aller bien loin, un vent fort porte l'odeur au loin et l'on peut voir en quelques minutes le géant apparaitre de derrière une dune. Cependant il a l'air un peu hésitant, voyant notre groupe au loin. Mais au moins il est là.
  
  
• Echec : Morven continue de marcher, le temps passe et le géant ne se montre pas. peut être que ce n'est pas le bon endroit, ou qu'il n'y a pas assez de vent pour porter l'odeur.
  
  
• Echec Critique: Morven continue de marcher, le temps passe et le géant ne se montre pas. A la place cependant, un groupe de duvetin débarque de derrière une dune et s'attaque à Morven.
  

Le temps passe, nous marchons dans ce désert pendant un moment, mais rien. Tout restait calme, pas de géant en vue. C'en était presque agaçant, et même Morven semblait au loin s'impatienter. S'il finissait par sentir la charogne pendant une semaine pour rien... en un sens peu m'importe, et peut être que ça va le calmer un peu et laisser à Servis un peu plus tranquille. Je me rapprochais d'ailleurs de lui, essayant de voir s'il y avait un autre endroit où nous pourrions aller.

"Est ce qu'il y aurait un autre endroit où le géant pourrait se trouver ?"

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En regardant Morven prendre les devants, Servis accueillit la remarque d'Aesthia avec un sourire bienveillant, malheureusement gâché par son casque. Les occasions ou Aesthia se montrait compatissantes se faisaient rare, la belle étant par nature froide et distante. Alors savoir qu'elle prenait à cœur l'ambition floue qu'avait Servis de se débarrasser de Morven prenait des allures de miracles, de merveilleux. Instantanément il oublia la colère qui l'avait submergé quelques heures plus tôt. Il oublia le géant, il oublia son rôle d'administrateur. Il n'était plus que Servis, membre de l'académie de Minrathie, médisant sur l'avenir d'un camarade de mésaventure. Néanmoins, les chances pour que la brute se fasse dévorer par le géant qu'ils pourchassaient tous restaient terriblement faibles.

Suite à ce moment de connivence bienvenue, ils se mirent en route. Leurs efforts se montrèrent rapidement vains : il leur était impossible de se soustraire à l'odeur désagréable émanant de leur appât vivant. Morven s'assurait qu'ils souffrent, en changeant de direction au gré du vent. Octavian, qui marchait auprès d'Aesthia, faisait tout son possible pour se montrer charmant. Après s'être assuré à plusieurs reprises du confort de leur invité, il s'était lancé dans une description détaillée d'un musée de sa ville natale, musée qui apparemment renfermait de nombreux artefacts d'intérêts.

Le sage Octavian n'éprouvait aucune honte à admettre ses limites. En parlant, il ne pouvait s'empêcher de couver du regard le visage pâle d'Aesthia. Elle lui semblait tout aussi précieuse que les artefacts de son passé. Il ne faisait aucun doute qu'Aesthia possédait la trempe nécessaire pour se confronter à un démon sans pour autant lui céder. Techniquement, Octavian le savait, tous les mages diplômés des académies de leur pays l'étaient, puisqu'ils étaient passés par la Confrontation. Seulement le petit harceleur voyait la volonté comme une matière fluctuante, capable d'évoluer au fil des années. Chez certains, elle était aussi fluide et fuyante que de l'eau. Chez Aesthia, cette eau s'était fait glace. Cette femme l’impressionnait vraiment.
Devant eux se tenaient Servis et Halda, chez qui la conversation mondaine semblait bien moins aisée :

Ils marchèrent un moment avant qu'Aesthia n'exprima ses doutes. Quelque chose n'allait pas, le géant restait introuvable.


Suggéra Servis, une main en visière au-dessus de la fine fente de son casque, tout juste suffisante pour lui permettre de voir correctement son environnement. Il abaissa sa main et détourna le regard. Les crevasses étaient profondes, assez pour piéger quiconque en leur cœur, même un géant. Il ne s'y était rendu qu'en une occasion, jaugeant leur intérêt et leur dangerosité. Finalement, il n'y avait que peu à voir dans cette partie-là du désert. Rien à fouiller, encore moins à exploiter. Il les avait vite laissé de côté, n'y affectant aucune patrouille, aucun campement. Et si, comme il le craignait maintenant, le géant s'était montré suffisamment stupide pour s'y aventurer au point d'y tomber, ils ne pourraient rien y faire.

Alors qu'il portait les mains de chaque côtés de son casque de manière à mieux projeter ses ordres en direction d'un Morven courant toujours au loin, Servis remarqua les premier signe du désastre à venir. Un bruit sourd, comme le claquement du tonnerre, se répétait sans cesses, devenant de plus en plus fort, de plus en plus rapide. Instinctivement, Servis se retourna en direction de ce bruit, avisant le géant courant littéralement à leur rencontre. Il figea.

Servis n'était pas un homme de combat, un véritable guerrier avertit aux tactiques militaires, il ne commandait à ses hommes qu'au travers de cartes, de lettres et de vagues menaces imaginatives. Pour tout le reste, il préférait s'en remettre aux talents de son second. Ce dernier réagit au quart de tour, dégainant ses dagues :

Morven, au loin, c'était arrêté de courir. Même à cette distance, son sourire était visible.

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Ma remarque semblait avoir fait réfléchir Servis, qui proposait d'aller voir du côté des crevasses. Je le laissais observer les alentours, me tournant de nouveau vers Octavian qui était resté à mes côtés. Pendant tout le trajet j'avais d'abord été quelque peu dérangée par sa sollicitude et son envie de s'assurer de mon "confort". Non pas que c'était désagréable, seulement je ne comprenais pas pourquoi il se donnait cette peine. Etait ce un ordre de Servis ? Quoi qu'il en soit, ma méfiance et ma froideur furent peu à peu mises à l'écart quand il parla enfin de choses intéressantes. Ce qu'il avait à raconter sur les pièces archéologiques m'intéressaient, et je posais sur lui un regard plus intéressé et attentif. Mon expression restait comme toujours fermée ou bien sérieuse, mais mes yeux étaient moins glacés et moins intimidants. Il était donc non seulement utile mais en plus érudit ET intéressant. C'est donc pour cela que, bien que la plupart du temps je n'avais pas répondu à grand chose, je me permettais dans ce moment d'inspiration et de sollicitude bienfaitrice de lui faire part d'une remarque. Je me tournais vers lui, lui parlant comme je parlais à Servis, avec cette même froide franchise;

"Pour faire écho à ce que vous disiez tout à l'heure, connaitre ses limites est un atout, bien plus que de façon ignorante courir le géant en pensant s'en amuser. N'ayez pas honte de cela, exploitez le plutôt. Cela vous rendra d'autant plus utile et compétent, et donc puissant. "

Je n'en disais pas plus, espérant ainsi juste lui faire comprendre qu'il n'était pas pour autant une personne inutile et qu'il devait continuer au contraire à persévérer. Je lui avais fait grâce de ce compliment, ce qui en un sens était beaucoup. Rares étaient les personnes qui les avaient eu, Servis étant un des rares élus, même si sans doute il avait du à chaque fois mal le prendre. Enfin peu m'importe, c'est leur problème...

Soudain, Servis se crispa alors qu'un bruit résonnait au loin. en me tournant pour voir ce qu'il fixait avec une certaine appréhension, je vis Morven revenir en courant, grand sourire aux lèvres et le géant sur ses talons, apparemment assez courroucé. Mhh... il est plus grand que ceux de l'Emprise.... ça ne sera peut être pas aussi simple. Octavian se mit aussitôt en place, nous engageant à rester derrière lui. Par réflexe je dégainais mon bâton, dont l'extrémité se mit à grésiller d'électricité. Mes yeux froids fixés sur notre objectifs et faisant face en restant juste derrière Octavian pour ne pas le gêner, je me préparait à l'affrontement. Au passage, je donnais d'une voix sèche et autoritaire des ordres à mes sbires.

"Halda, Wallace,  mettez vous en position. Halda, reste en retrait pour être en soutien et proche des fioles pour te tenir prête à en jeter une. Wallace, va seconder Morven pour trouver une brèche et atteindre ses jambes."

"A vos ordres ! "
"A vos ordres ! "

Halda se mit en retrait, son bâton dégainé. Spécialisée dans la magie de la glace et le soin, elle activa une barrière protectrice sur chacun d'entre nous. Dans le désert elle aurait bien plus de mal à générer de la glace, mais elle avait d'autres atouts dans sa manche. Wallace lui s'était mit plus en avant, flanquant Octavian et mettant son bouclier devant lui. Servis lui était bien plus en retrait et je le sentais bien moins à l'aise face au défi devant nous. J'étais quelque peu étonnée, surtout vu ce que nous avions traversé dans les Tréfonds. Mais peut être avait il moins l'habitude d'être sur le terrain et d'y affronter ses aléas. A l'emprise, je devais souvent être sur le terrain pour analyser et exploiter moi-même les trouvailles. Rencontrer des loups, des ours, des bandits et parfois des géants n'était plus du domaine de l'exceptionnel. Et puis même avant, quand je voyageais seule de site en site, il fallait bien se défendre....

Le géant arriva sur nous, et il n'était plus question de savoir qui était prêt à combattre ou non. Nous n'avions plus le choix. Morven exultait comme une bête, étant le premier à échanger des coups. Wallace le suivit assez rapidement, essayant de profiter que le géant se concentre sur Morven pour viser ses jambes. Mais le géant, très remonté et plus rapide et observateur, ne s'y laissa pas prendre. De ses grandes mains il balayait tout autour de lui, ou bien essayait de les écraser. Au final les poids lourds comme Morven et Wallace étaient malmenés car ne pouvaient rester sur leurs positions et devaient bouger trop souvent pour ne pas mourir écrasés ou balayés. Octavian intervint alors, se lançant en avant alors que Morven fut d'un coup projeté sur le côté, crachant du sang. Halda alla aussitôt près de lui pour le soigner pendant qu'Octavian essayait de faire diversion. Pour ma part je restais en alerte mais n'intervenais pas. La foudre était pratique, mais sur une cible aussi grosse les dégâts ne seraient pas aussi conséquents que sur un humain. Au lieux de l'étourdir ou de le paralyser, ma foudre ne pourrait que le brûler et l'énerver. Hors avoir cette bête hors de contrôle n'était clairement pas notre but.

Une première incision réussit à se faire au niveau du mollet du géant, grâce à Octavian, qui se mit à feuler de rage. Il se mit alors à sauter, faisant trembler le sol et nous déstabilisant. Moi même je manquais de tomber, surprise que le sable n'absorbe pas plus l'impact. Morven était revenu à l'attaque, Wallace revint à la charge en arrivant par derrière mais fut repoussé au loin par un coup de pied. Ne le voyant pas se relever, Halda poussa un juron et alla auprès de lui, visiblement affectée. Ne restaient plus que Morven et Octavian en lice. Octavian oeuvrait bien, mais ses dagues semblaient avoir du mal à trancher le cuir épais du géant. Il tenta de nouveau d'atteindre l'endroit qu'il avait incisé une première fois, mais sur ses gardes le géant le repoussa plus loin. Pire, d'un coup de bras il fit tomber Octavian qui se retrouva à terre, en position de faiblesse et en proie facile. Ce que le géant remarqua rapidement. Sa grande main se dirigea vers lui, et le sable entourant Octavian l'empêchait de reprendre pied rapidement pour s'éloigner. C'est là que j'intervins, faisant tournoyer mon bâton pour lancer un jet de foudre sur la main du géant. Il cria de douleur, oubliant un instant le voleur et se tournant vers moi. Mon regard de glace était posé sur lui, mon bâton virevoltant toujours alors que je lançais d'autres jets de foudre vers son visage cette fois ci, espérant atteindre ses yeux pour les lui brûler et le rendre aveugle. Mais rien ne disait que ça allait marcher. La situation était loin d'être idéale, ce géant était vraiment coriace. D'un coup d'oeil je vais que Servis était juste à côté de la carriole. Il fallait tenter le coup. Je criais dans sa direction, non sans éviter en sautant sur le côté l'une des mains du géant qui essayait de m'attraper.

"Servis ! Essaye de jeter une de ces fioles ! Vas y !!"


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Son bâton-lance de mage en main, les deux jambes bien plantées dans le sable, Servis serra les dents pour leur éviter de claquer sous l'effet de l'excitation. Le géant approchait à vive allure, une bête énorme dont la sauvagerie ne faisait aucun doute. Après l'avoir observé en de nombreuses occasions depuis les hauteurs de son fort préféré, le mage semblait s'être formé une image bien faussée quant au danger qu'il pouvait représenter. Le sol tremblant littéralement sous chacun de ces pas, le géant poursuivait à présent Morven, qui toujours aussi heureux courait à présent à toute allure en direction du reste du convoi. L'ordre aboyé avec naturel par Octavian résonna étrangement aux oreilles de Servis, où son sang battait déjà avec insistance au rythme soutenu de son cœur. Et pourtant, étonnement, il ne ressentait aucune peur. Un sourire béant s'était dessiné sur ses lèvres, et seule sa concentration empêchait le rire qu'il sentait monter en lui d'exploser réellement.

Contrairement à l'indication de son second, Servis ne bougea pas, faisant tournoyer son bâton-lance entre ses doigts, sentant déjà l'immatériel sur le point de céder à sa volonté. D'un geste, il le savait, il pourrait enflammer l'air ambiant, invoquer les feux les plus ardents, et brûler ce géant jusqu'aux cendres. Il pouvait gagner ce combat à la sueur de son front... Mais il ne le ferait pas, pas avec Octavian, Morven et Wallace s'agitant entre les jambes de la bête. Pas s'il souhaitait garder leur proie en vie. Alors, un peu en retrait comme les autres mages, Servis suivit avec intérêt la progression du combat, caressant l'immatériel de ses pensées, se déplaçant à mesure de manière à toujours garder un angle net sur le géant. Les blessures des uns et des autres ne le touchèrent pas, pas avec Halda parmi eux et sa magie de soin. Malgré les apparences, malgré l'agitation, les cris, le sang et les blessures, ils restaient en contrôle : le géant s'était laissé emporter par sa fureur, son maigre cerveau ne lui permettait pas de réfléchir en matière de stratégie cohérente.

Mais malgré ses certitudes, la situation sembla rapidement échapper au groupe. Wallace fut éjecté d'un coup de pied, Octavian saisi par une main gigantesque, et Halda comme Aesthia perdirent leur concentration pour se ruer au secours de ces deux-là. Seul Morven poursuivait sa besogne, à présent couvert d'un sang poisseux ne laissant entrevoir de son visage que ses deux yeux, comme deux billes blanches légèrement exorbitées. Il y eut un instant de flottement, alors que l'électricité invoquée par Aesthia faisait vibrer l'air tout en arrachant un grognement au géant, un instant pendant lequel Servis réalisa qu'il se trouvait contre le chariot de matériel.

D'une main, Servis s'empara d'une fiole, qu'il jeta immédiatement en l'air. Du plat de la lame terminant son bâton, il l'envoya en direction du géant. Un geste expert, fruit de son entrainement avec des pommes au cours des longues soirées dans ce désert. Sa frappe fut parfaite, et la fiole s'élança dans le ciel, formant une courbe adéquate et fluide. La suivant des yeux, Servis se pencha déjà, refermant ses doigts sur une nouvelle fiole, au cas où celle-ci ne serait pas suffisante. La fiole finit sa trajectoire juste au dessus de l'immonde bouche du géant.

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