Chasseurs de Géants (PV Servis)

Je tressaillis un instant quand je vis servis lancer la fiole avec sa lame. Mais qu'est ce qu'il fait ?! Ma crainte cependant ne fut que de courte durée, car qui l'eut cru que Servis avais appris à être habile avec son bâton autrement qu'en jetant des boules de feu. Précis, il réussit à envoyer au loin la fiole sans la briser, juste au dessus de la tête du géant. Celui ci, la voyant sans doute de son regard fou, leva la tête pour la fixer juste avant qu'elle ne s'écrase dans toute sa splendeur sur son visage. Il ferma les yeux, criant et distrait un instant. L'endroit était parfait, juste sous son nez. Il ne restait plus qu'à voir si cela allait être suffisant. Le géant semblait pendant un instant oublier qu'il était attaquée, s'essuyant la face et clignant de son oeil tout en grognant. Puis petit à petit il se mit à tituber, son grand corps redevenant maladroit, ses bras un peu plus ballant. Voyant cela, Morven en profita pour donner un coup dans l'une de ses jambes, le déséquilibrant tout à fait et le faisant tomber à genou. Le géant ne s'en défendit pas, semblant apathique et désorienté. C'est gagné. De là où j'étais je me mis à donner des ordres, notamment à Wallace qui était le gros bras le plus proche de moi.

"C'est le moment! Allez chercher les cordes, il faut l'entraver avant qu'il ne reprenne tout à fait conscience."

Les autres se précipitèrent vers la carrioles pour aller chercher des cordes et tout autre matériel pouvant servir à ligoter l'animal affaiblit. Il fallait encore faire des efforts pour le restreindre, le faire tomber de ses genoux, bloquer ses jambes et ses bras. En attendant, Halda continuait de s'occuper des quelques blessés qui pissaient le sang, et j'aidais Octavian à se relever. Rejoignant ensuite Servis au niveau de la carriole, j'observais la scène, voyant que Morven semblait étrangement assez connaisseurs sur le sujet. Il faisait des noeuds relativement complexe avec rapidité et précision, comme s'il avait l'habitude. Est ce qu'il avait une spécialité en capture d'animaux ? C'est pour ça que Servis le tolérait ? Quoi qu'il en soit, il pouvait se montrer utile. M'étant approchée de Servis, je lui donnais une tape dans le dos, seule preuve de mes félicitations et récompense pour avoir finement joué. Le dire ouvertement n'était pas dans ma nature, d'ailleurs je changeais de sujet aussi rapidement, soupirant simplement comme si une corvée de moins était à faire.

"Une bonne chose de faite... Dommage cependant que l'accident n'ait pas eu lieu. Mais bon, à charge de revanche. Et ce ne sont pas les occasions qui doivent manquer dans ce désert."

Je lui jetais un regard étrangement amusé, un léger sourire sur mon visage capable de glacer le sang à n'importe qui. Mais ce présage de mort n'était pas destiné à Servis, aussi à ce niveau là il n'avait rien à craindre. La ligotage se passa plutôt bien, et quand le géant se réveilla tout à fait il gigotait comme une larve. Les liens semblaient tenir mais... est ce que le géant allait se calmer pour qu'on puisse le ramener plus facilement ?

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La fiole, déjà fragilisée par le coup porté par la lame terminant le bâton de Servis, vola en éclat contre la peau rugueuse de la bête. Son contenu mystérieux se répandit contre les muqueuses de la bouche et du nez du géant, et ainsi l'affaire fut ainsi jouée. Presque immédiatement les premiers effets se firent sentir : la bête se frotta le bout du nez de son énorme main, ses épaules se firent tombantes, son attitude générale plus relaxée. En seulement quelques battements de cœur, il se mit même à tituber. Alors que personne n'osait plus bouger, Morven profita de l'occasion pour jouer de l'épaule, son atroce sourire fier toujours affiché sur ses lèvres fines. Servis entendit un craquement d'os qui le fit grimacer par compassion, sans pour autant être bien capable d'en identifier complètement la source : l'épaule de Morven ou l'articulation du géant ? Quoi qu'il en soit la bête s'effondra au sol, soulevant une nuée de sable et affolant quelque peu les combattants encore à ses pieds. Servis éclata de rire, un rire soulagé et victorieux. Un rire d'enfant, incontrôlable. Ils s'en étaient sortis vivant, avaient terrassé un géant.

Contrairement à lui, Aesthia savait garder la tête froide. Elle ordonna la suite de la manœuvre et de lourdes et épaisses cordes furent sorties du chariot de matériel. Si tout le monde aida à les transporter jusqu'à la pauvre victime, la tâche de les nouer autour du géant incomba à Morven. Sur le point de questionner la bonne intelligence de ce choix, Servis retint son jugement en le voyant nouer le tout premier lien. Visiblement, la brute savait y faire. Peut-être un peu trop pour sembler honnête.
L'administrateur et son second échangèrent un regard d'abord amusé, avant qu'un frisson ne parcoure chacune de leurs échines. Ils se rapprochèrent discrètement, sans plus quitter l'avancement des nœuds entravant le géant.

Sans plus rien ajouter, ils s'éloignèrent. Servis fut rapidement rejoint par Aesthia, qui semblait enfin exprimer une certaine bonne humeur. Un sourire, terrifiant certes, mais bien visible, tranchait même sur la pâleur de sa peau. Lorsqu'elle lui flatta le dos du plat de sa main, il fut surpris, mais accepta ce geste d'affection avec bonheur, tout comme sa sollicitude envers le problème causé par la brute. Un instant, il fut même tenté de le lui livrer, histoire qu'elle teste sur lui une quelconque expérience indicible.


Finalement, le géant reprit ses esprits, mais il était trop tard. Les nombreux nœuds placés savamment par Morven ne lui permettaient pas les moindres mouvements. Il ne restait plus qu'à le déplacer. Tous les membres de l'expédition se placèrent en ligne, d'un côté du géant. Leurs montures formaient à présent une caravane autonome, et il suffit à un esclave de leur flatter la croupe pour les stimuler à rentrer jusqu'au fort, entrainant dans leur sillage la lourde caisse de matériel. Puis, tous se mirent à pousser et difficilement, très lentement, ils le déplacèrent.

Après de très longs efforts, ils parvinrent, en sueur, à entrer le géant dans l'enclos prévu à cet effet. Leur joie fut ans borne, et Servis fut, ce soit là et en l'honneur de leurs invités, servir un repas digne d'un jour de fête, les vivres étant directement sortis des provisions apportées par Aesthia.

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