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Jeu 7 Mai 2020 - 15:30

Anonymous
Invité

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Concours de circonstances


Sa tentative ratée de se montrer utile pour la chasse eut au moins pour effet de déclencher un rire chez cette impressionnante Qunari. Et un tel rire, à gorge déployée, devait être un bon signe, non . Au moins, elle ne lui avait pas crié dessus comme elle l'avait fait sur les humains. Lathbora supportait mal qu'on lui cri dessus. Cela agitait ses émotions, lui nouait l'estomac. Il préférait la solitude et le silence. Quitte pour cela à user de ses dagues. Il observa la Qunari. Cela ne devait pas être aisé de la faire taire. Soulagé de voir cette possibilité s'éloigner, Lathbora suivit la chasseresse, marchant le plus légèrement possible dans ses traces de pas, quitte à sautiller pour parvenir à la même amplitude d'enjambement.

Lui qui n'était jamais parvenu à se faire accepter par les chasseurs de son clan, se coulait aujourd'hui dans les pas élancés d'une archère vraisemblablement concentrée. Pourtant, le cœur n'y était plus. Il avait appris à chasser en autonomie, et c'était assez vite désintéressé des bêtes. A vrai dire elles n'avaient jamais été son objectif. Les hommes n'étaient pas les bêtes les plus difficiles à surprendre. Tout de même, il devait bien reconnaître que cette qunari-là savait y faire. Elle usait avec astuce des armes qu'elle avait en sa possession. La lourdeur de ses muscles ne semblait en aucun cas un problème.

Ils n'eurent pas à attendre longtemps avant qu'une première vie ne s'achève sous les flèches de la Qunari. Elle confia le corps déjà mou du lièvre et il le cala sur son épaule, préférant garder les mains libres, se doutant que la chasse n'était pas encore terminée. Ils tombèrent rapidement sur une seconde victime : un beau Capri bien en chair, isolé de ses frères. Là encore, la résistance ne fut pas au rendez-vous. Et Lathbora s'en sentit étrangement peiné. C'était exactement ce qu'il reprochait aux flèches. La mort qu'elle pouvait apporter était silencieuse. Un coup bien placé pouvait même paraître miséricordieux : une mort inattendue, sans souffrance. Pourtant le combat n'avait rien d'égal. Avec ses courtes lames, Lathbora devait s'affronter directement à son adversaire. Se proposer à sa riposte. Il risquait sa vie à chaque échange. La transaction lui paraissait alors plus honnête.

Ar lasa mala revas.

Murmura Lathbora en dépeçant la bête d'une manière tout approximative. Il lutta pour détacher les ligaments, les bras plongés jusqu'aux coudes dans les entrailles fumantes de l'animal. L'odeur du sang lui submergea les sens, et sa vue concentrée sur ses mains ne réalisa pas réellement le travail qu'il était en train de produire. Lathbora ne se nourrissait plus qu'exceptionnellement de viande. La mise à mort était devenu pour lui un lot quotidien, un acte facile, presque automatique, réalisé sans trop d'arrière-pensée. Il ne distinguait plus le sang sur ses mains. Et parfois, la chair de toutes les bêtes se ressemblait. Et par le passé, Lathbora s'était retrouvé à commettre des actes terribles, irrémédiables, que seule sa colère et sa survie pouvaient expliquer. Il s'était nourri de bêtes qui n'en étaient pas. Mieux valait ne plus chercher à manger cette chair. Ni aucune autre. Le temps du moins que sa psyché fragile ne se reconstruise.

Alors, tout en aidant la Qunari à rapatrier l'objet de sa chasse, il repéra quelques plantes à ramasser.

De retour dans la grotte, un silence froid les accueillis. Les deux hommes s'étaient évaporés, réalisant enfin la chance qu'il leur avait été donnée. Un feu vif brûlait : les elfes s'étaient repris en main. Tout n'était donc pas perdu. Le groupe mangea en silence. Les derniers événements devaient être analysés en privé, et l'opportunité offerte par ce repas ne pouvait pas se refuser. Un peu à l'écart, regardant par l'ouverture de la paroi, Lathbora mangeait des feuilles d'herbe en fuseau, dont une dizaine séchant lentement sur l'arrondis de sa cuisse. Imitant la Qunari, il avait ôté son plastron d'écorce de fer, faisant jouer une à une les très nombreuses sangles qui le refermaient. Le plastron gisait au sol, a porté de main. La tunique qu'il portait en dessous collait à son corps mince d'elfe.

Il se désintéressant un moment de l'ouverture, et de son étude minutieuse des astres luisant à présent dans le ciel. Se saisissant du restant de ses feuilles, il se releva, et alla s’asseoir près du feu. L'odeur de la viande lui titilla les narines, mais sa résolution tint bon. D'un geste ample, il proposa les feuilles.

L'herbe aux fuseaux accélère la guérison. Nous avons tous des blessures.

D'une main hésitante, les deux elfes des villes se saisirent d'une feuille épaisse, à la chair rosée. Le dalatien croisa de nouveau leur regard. Il fit un effort pour radoucir le feu de ses pupilles.

Mon nom est Lathbora. Cela veut dire amour perdu.

Ven 8 Mai 2020 - 22:28

Elvire
Elvire

 

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Concours de circonstances


L’amour est une fadaise, un prétexte
Une orgie malsaine qui corrompt les âmes
Amant tourmenté


“Amour, je ne sais pas, mais perdu c’est sûr… „
Commenta pensivement la qunari à son introduction. Elle apprit que la jeune elfe se nommait Seni et son compagnon Yevel. Ils étaient en réalité frère et sœur de sang, raison pour laquelle ils étaient ensembles. Ils expliquèrent sommairement qu’ils vivaient dans une petite ville, plus au sud et qu’ils avaient été capturés un soir alors qu’ils rentraient au bascloître.  

 
“N’est-ce pas triste, demanda-t-elle, pour vous de vivre sous le joug humain, dans leur cité puantes ?„
“Je ne dirais pas ça. Nous y sommes nés et nous n’avons jamais pensé à quitter la sécurité que ces lieux nous offrait… Et vous, dame qunari ?„

Elle n’eut pas le temps de commenter que pour se retrouver dans une cage, ce devait être une sécurité très douteuse. Elvire avait conscience que la problématique elfique était la source d’un malaise bien plus profond. Elle n’était personne pour juger, mais elle n’avait jamais compris. Ces choses étaient trop différentes de ce qu’était le Qun. Trop différente de sa manière de penser pour qu’elle puisse en appréhender toutes les subtilités. Elle avait noté les regards de loups fiévreux que le pied dansant adressait à ses congénères. Tout comme la main posée sur l’épaule de sa sœur et les regards de biais étaient évocateurs d’une sourde incompréhension ou même de méfiance. Un sujet trop lourd se devait d’être dévié, car une question lui était posée. Assez générale, mais il était vraisemblable qu’elle attende une présentation.

 
“Aujourd’hui, je me nomme Elvire. Je suis Vashoth, ce qui veut dire que j’ai quitté le Qun, mais que je ne suis pas rebellée, ni ne fait acte de violence. C’était il y a tant d’année que ça n’a plus tellement d’importance. Je vis en vendant mes services de mercenaire polyvalent.„

C’était plutôt détaillé, elle s’y était appliquée. Elle mâchonna son herbe, il n’avait pas tort sur ses qualités. Elle était passablement versée en ce qui concernait les plantes et plus précisément les poisons. Ce n’était cependant pas une facette qu’elle révélait facilement. L’avait-elle seulement fait ? Non, ses élixirs lui appartenaient et sa manière d’être aussi. Il aurait été trop étrange qu’un ancien militaire, mercenaire, sache comme elle manier les ombres et les poisons. On ne parlera même pas de son étonnante capacité à dialoguer dans des langues étrangères. Etant donné qu'elle n'avait pas l'avantage de se fondre facilement dans le décore comme ces confrères viddathari. Une cornue attirait forcément la méfiance, ça aurait été aussi clair que de mettre un panneau « Je suis un espion » sur son dos. Elvire compartimentait donc chacune de ses facettes, veillant à ne jamais les associer ou les montrer toute en même temps.

Il était seulement vrai, comme le disait le petit, qu’elle se sentait souvent seule. Elle était déracinée loin des siens et des bras aimants du Qun. Il était dur, dans l’adversité de tenir face à la marée déchaînée qui s’écrasait sur les digues de son esprit. Il y avait tant de choses dures, fatigantes, tant de nuits froides et de pensées volages. Jamais elle n’avait ressenti le besoin de retourner au Ben-Hassrath pour pouvoir évincer des pensées poisons ou des dérèglements de ses capacités. L’unité qu’elle ressentait au plus profond d’elle était un lien assez puissant pour qu’elle ne s’égare pas. Elle caressa cette pensée en observant le feu.

 
“Je suis tout de même plutôt contente de partager un peu de temps avec des gens. Aussi étrange que cela puisse paraître venant d’une bufflonne, j’aime bien échanger. Il nous manque juste un peu de bière et cette soirée aurait été vraiment parfaite !„

Conclut-t-elle en frappant sa cuisse joyeusement. Elle pensait réellement ces mots et ce qui rendait son travail supportable. Elle appréciait découvrir des êtres, les analyser et comprendre leur culture. Cette curiosité délicate l’avait toujours enrichie et elle était convaincue que les êtres pensants étaient conçus pour vivre en communauté. Certaine était simplement pas viable, et il leur manquait une éducation, une logique que le Qun enseignait. Suivre le Qun n’empêchait en rien d’apprécier une soirée, de rire et boire en compagnie. C’étaient même des choses tout à fait souhaitables pour elle. A présent, elle regrettait moins d’avoir sauvé cette bande de miséreux.

Le visage de la géante s’était légèrement apaisé avec la nourriture et il était perceptible que son humeur s’était améliorée. Après avoir parlé, elle s’appliqua à ronger l’os qu’elle décortiquait en écoutant les réponses qui viendraient.





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Sam 9 Mai 2020 - 21:04

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Concours de circonstances


Lathbora ne réagit pas à la remarque formulée par la Qunari. Remarque qui, somme toute, restait pertinente. Ce mot elfique, signifiant Amour Perdu, il l'avait endossé comme un masque après seulement quelques jours d'exil. En devenant Lathbora, il avait abandonné celui qui avait été, abandonné tout ce qu'il avait alors, dans l'unique but de venger les offenses faites à son peuple. Et qu'avait-il accomplis, plus de dix ans plus tard ? D'infimes broutilles à l'échelle des continents. Mais qu'espérait-il réaliser ? Seul et munit de dagues ? Alors oui, Lathbora était perdu. Coincé quelque part entre les regrets et le déni. Perdu, mais toujours en vie, déjouant ainsi tous les pronostiques. Et ses propres attentes. Alors il ne répondit rien à la Qunari. Il n'avait rien à expliquer.

En écoutant les deux elfes raconter brièvement leur histoire, Lathbora leva les yeux au ciel. Seni et Yevel. Frère et sœur des villes, remerciant leurs oppresseurs pour la sécurité qu'ils leur avaient jusque-là apportée. Une histoire que le dalatien n'avait cessé d'entendre. Preuve que ces elfes n'étaient plus que des oreilles plates. Plus des elfes mais jamais des hommes, ils n'étaient devenus aveugles à leur propre souffrance. *Ils auraient dû rester derrière les barreaux de leur cage d'esclave. * Pensa-t-il furieusement tout en crachant au sol. Mais déjà, la Qunari prenait la suite, se présentant enfin. Il avait fallu la demande directe de la part de la jeune elfe pour qu'elle semble y concevoir.

Les cinq premiers mots l'interpellèrent fortement. Aujourd'hui, je me nomme Elvire. Aujourd'hui, il se nommait Lathbora, mais cela n'avait pas toujours été le cas. Si la Qunari employait ensuite des mots exotiques qui signifiaient finalement peu de chose pour le dalatien, son impression était faite : Elvire et lui étaient intimement liés. Leur nature changeante, leur solitude assumée, il pensait pouvoir se reconnaître en elle. Qun et Vashoth pouvaient bien vouloir dire Clan et Vir banal'ras, pour ce qu'il en savait. Il projeta alors sur elle son étrange motivation : celle de permettre à ses semblables d'évoluer au grand jour. En pleine possession de leur potentiel. La fin de la fuite.

Lorsqu'elle ponctua la fin de son intervention par une brusque tape sur sa cuisse, Lathbora songea de nouveau à ses mots. Pour lui, il aurait été facile de rejoindre un autre clan. De parjurer la promesse formulée face au néant : celle d'éponger cette dette de sang contractée par les shemlens. œil pour œil, voila en somme l'idéal que poursuivait Lathbora. Pour tenir face à une telle résolution, les yeux du dalatien devaient rester clos. Pourtant, plus il voyageait à la recherche d'elfes prêts comme lui au grand changement, plus il ouvrait les yeux. Les elfes ne souhaitent pas tous voir leur cause évoluer. Les shemlens n'étaient pas tous si... Oui, pour garder intacte sa résolution, Lathbora devait éviter le contact avec les autres. Et surtout les échanges d'opinions. Pourtant, sans ces échanges au coin du feu, Lathbora n'aurait jamais cru possible l'existence d'une âme proche de la sienne.

Alors qu'Elvire rongeai son os que qu'Yvel et Seni se tenaient mutuellement chaud en se serrant l'un contre l'autre, Lathbora se pencha sur son sac.

Pour la bière, je peux peut-être aider.


Annonça-t-il en extirpant un petit tonnelet de l'entre sombre de son sac. Ce tonnelet, il n'avait pas subtilisé quelques jours plus tôt, alors qu'il s'était introduit dans la cuisine d'une ferme à la porte malheureusement restée ouverte. La miche de pain qu'il avait subtilisé à la même occasion avait depuis longtemps été digérée, mais l'elfe n'avait jamais trouvé l'occasion d'ouvrir le tonnelet. Le sourire offert par les deux elfes Citadins radoucit légèrement son humeur, alors qu'il reprenait place parmi eux. Il offrit alors son trésor à la Qunari. Lorsqu'elle se pencha pour s'en saisir, l'elfe ne put s'empêcher de remarquer une nouvelle fois les peintures qui marquaient son visage. Il tendit la main, effleurant doucement la pommette d'Elvire.

ça, qu'est-ce-que c'est ? Est-ce porteur d'un message comme l'est le mien ?


Il effleura les lignes rouges tatouées sur sa peau, marquant son visage du symbole de June.

Lun 11 Mai 2020 - 18:43

Elvire
Elvire

 

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Concours de circonstances


Peins-toi le visage, peins-toi le corps
Incarnation de la victoire
Ataash Shok


Décidément, ce petit être était étonnant. C’était assez inespéré de voir paraître un tonnelet au milieu de nulle part lorsqu’on l’évoque rêveusement. Elle observa le bois et le fer rouillé qui le ceignait avec tendresse. La promesse d’une soirée parfaitement conclue se tenait en son sein. Elle ferma ses grandes mains sur l’objet pour s’en occuper. Cependant, elle faillit le lâcher de surprise, lorsque la main de son interlocuteur se hasarda sur son visage. Était-il besoin de préciser que cela faisait une éternité qu’aucune main n’avait eu ce genre de comportement à son égard ? La surprise l’empêcha de réagir trop abruptement. Elle écouta donc sa question et pris quelques secondes pour réfléchir à sa réponse. Ce faisant, elle toléra qu’il hasarde ses doigts contre sa peau.

Elvire posa ensuite délicatement le tonneau au sol, puis porta sa main sur celle de l’elfe. L’englobant dans sa large palme, elle l’obligea à quitter son visage et la garda prisonnière. Sa seconde main, passa brièvement sur l’intérieur de la petite main elfique. Le contraste de taille était saisissant.
“C’est un vitaar. Ce mot signifie armure poison, littéralement. Ils ont un sens, un code ou même une vocation artistique, mais aussi un usage pratique. Seuls ceux de ma race peuvent en tolérer le port, car c’est réellement du poison. Il est même mortel pour vous. Ces peintures renforcent notre peau, sans en atténuer la flexibilité. C’est donc réellement une armure. Leur qualité et le type de vitaar en modifiera l’efficacité. Il y a donc un volet purement culturel et codifié qui se couple à un usage pratique. Un Qunari peint et nu, peut être aussi résistant au fil d’une épée qu’un soldat en armure.„

L'explication était détaillée sans trop en révéler. Il ne faisait aucun doute qu'une pointe de fierté accompagna la description. C'était important pour elle, qu'elle soit Vashoth ou non. Il n'était pas orgueilleux pour elle de penser que sa race était décidément bien incroyable. C'était un simple constat. Il ne s'agissait pas d'exotisme ou de peinture artistique, mais véritablement d'une science élaborée. Elle se souvenait également de son apprentissage. Après tout, si une corrélation devait être faite, elle serait considérée comme une sœur ici. Ses connaissances culturelles ne pourraient être partagée sans se trahir, mais leur souvenir secret lui plu.

Concernant les caractéristique de la qunari, il ne pouvait lui échapper, après son exploration, que sa propre peau n’était de toute manière pas similaire à la sienne, vitaar ou non. Elle ne partageait aucune similitude avec la couleur rose et tendre des autres races. Au contraire, il n’y avait pas que son apparence qui s’approchait du métal. Une caractéristique à coupler avec les cornes massives qui ornaient sa tête. Leur corne pouvait ressembler à celle d’un bouc ou comme certain le prétendent d’un dragon. Elvire avait conscience d’être à ses yeux étranges et fascinante, au point qu’il se permette de la palper sans commune mesure. Le geste était innocent, aussi s’en offusqua-t-elle pas.

Ils étaient différents et pourtant semblables. Il était amusant de constater que l’elfe partageait ses yeux de bêtes jaunes et des oreilles pointues. Elle-même était impressionnée par l’aspect fluet et gracile des elfes. A cet instant, l’intérêt qu’elle leur portait était vif et pas uniquement motivé par son rôle.
“Comme tu as pu le remarquer, la texture ressemble réellement à du métal sur ma peau. Celui que j’ai peint est une parure guerrière, il a vocation d’intimider mes opposants.

Elle délivra la main de l’elfe, concluant ainsi son explication et sortit des gobelets pour les remplir de bière.
“Et les tiens, que veulent dire toutes ces lignes ? Je n’ai jamais trouvé de dalatien qui réponde à mes questions indiscrètes.

Elle sourit, concluant sa question avec bienveillance. N’était-ce pas un bon échange, puisqu’elle avait elle-même cédé à ses demandes sans se faire prier ? L’aveu était honnête, les dalatiens sont une peuplade fière et secrète. Elle n’avait jamais réellement réussi à apprendre leur langue, tant ils étaient fermés. Si celui-ci lui accordait assez de confiance, elle se réjouissait de pouvoir apprendre un peu de sa culture à ses côtés.

Elvire s’appliqua ensuite à verser le liquide ambré. Le son et l’odeur émoustillèrent ses sens. Elle distribua ensuite un gobelet à chacun et sans autre forme de cérémonie en avala une gorgée. Fameuse, un réel délice pour son palais habitué aux vieilles galettes rances depuis quelques temps. A mesure que son estomac était rassasié et que le liquide roulait dans sa gorge, elle pu apprécier un sentiment de contentement généralisé. L’effet était aussi notable pour chacun. Aucune des personnes présentes n’auraient certainement pu imaginer, terminer cette journée exécrable, au chaud, au sec, le ventre plein et l’humeur égayée par de la bière.




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Jeu 14 Mai 2020 - 10:21

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Concours de circonstances


Il caressa cette peau du bout des doigts, comme il aurait touché les pétales délicats d'une grâce cristalline. Mais ce toucher délicat, motivé par la prudence et la curiosité, était plus que suffisent. Ce marquage était plus qu'une simple peinture. Cette peau n'était pas comme la sienne. Mais avant qu'il n'ait pu pousser plus loin son exploration, Elvire se saisit de sa main, délicatement. Elle se mit à en parcourir la paume de ses doigts, et ce contact chatouilla légèrement l'elfe, plus habitué aux coups qu'aux caresses. Lathbora, qui ne s'était honnêtement pas attendu à un tel retour de flamme, s'obligea à ne pas réagir à cette caresse inattendue. Son instinct lui dictait de souffler, de retirer brusquement sa main et de filer dans le coin le plus obscur de la grotte. Mais à quoi bon ? Il se concentra alors sur les gestes d'Elvire. Ses doigts, en caressant sa paume, mettaient en évidence les nombreuses cales qui s'y étaient formé. Les mains de Lathbora n'étaient pas douces, mais rugueuse à cause de sa vie plus sauvage. Il aurait préféré qu'elles soient douces sous les doigts d'Elvire.

Ce contact, en réalité, n'avait duré que quelques secondes.

*Un vitaar*. se répéta Lathbora, comme pour s'approprier ce mot aux consonances nouvelles. En écoutant les explications d'Elvire, il s'imagina sans peine la préparation d'une telle peinture, plantes et minéraux écrasés dans un mortier. Le tout devait certainement tirer profit des caractéristiques naturelles des produits entrant dans sa composition. Pourquoi les dalatiens n'avaient-ils jamais eu une idée approchante ? Le poison ? Ils ne s'en servaient que pour enduire la lame de leurs flèches ou de leurs dagues. Mais avec de telles protections, peintes directement sur le visage, alors ils pourraient... Lathbora stoppa brusquement ses réflexions. Non, ils ne pourraient pas. Porter un casque, ou porter un vitaar, cela reviendrait à couvrir le marquage qui fait d'eux de véritables dalatiens. Non, évidemment ils ne pouvaient pas.

Celui que j’ai peint est une parure guerrière, il a vocation d’intimider mes opposants.
Pourtant moi je le trouve beau.

Chuchotta Lathbora, alors qu'Elvire délivrait enfin sa main. Il la serra contre son buste, juste là où ses deux clavicules semblaient vouloir se rejoindre. Il massa distraitement son poignet luxé alors qu'Elvire faisait apparaître des gobelets de son paquetage. À la lueur du feu, la peau de la qunari semblait encore plus sombre u'au grand jour. Un gris de roche. Seni et Yevel avaient eux la peau fraîche et Rosée de ceux qui vivent à l'intérieur. Mais cette peau n'était pas sans taches : quelques contusions étaient visibles sur le frère et la sœur. De discrètes cicatrices aussi. Le dalatien lui possédait une carnation assez sombre, que de nombreuses taches de rousseur venaient brouiller. La peau n'était donc pas qu'une affaire de race. Elle racontait bien plus que les simples origines de chacun. La peau d'Elvire était fascinante.

Et les tiens, que veulent dire toutes ces lignes ?

Se saisissant d'un des gobelets remplis par la Qunari, Lathbora laissa un moment planer le silence. Ses yeux d'or fixèrent le liquide brun légèrement mousseux, pesant le pour et le contre d'une telle conversation. Si ses paires s'étaient jusque-là montrées mutiques face aux questions d'Elvire, ils devaient avoir leurs raisons. Il but une gorgée de bière, et se retourna vers les deux elfes citadins. Il leur demanda doucement :

Connaissez-vous les Evanuris ?
Oui, nous connaissons nos dieux.
Bien. Et savez-vous ce que représente mon vallaslin ?

Yevel comme Seni signèrent par la négative. Mais Lathbora ne leur en tint pas rigueur. Au moins, ils n'adoraient pas ce Dieu unique et sans visage devant lequel se prosternaient bassement les oreilles rondes. Il se retourna vers Elvire, et lui récita calmement :

Lorsque les enfants de notre peuple arrivent à l'âge adulte, ils gagnent le privilège de porter les vallaslin, les lettres de sang. Ils nous différencient des shemlens et des elfes qui s'y sont acoquinés ; ils nous rappellent que plus jamais nous ne perdrons nos traditions ni nos croyances.

Il but une nouvelle gorgée lente, refoulant les souvenirs douloureux de son propre marquage. Ce rite de passage ne devait pas être pris à la légère : on devait s'y préparer en méditant sur les dieux, et en purifiant son corps et sa peau. Au moment venu, l'archiviste du clan était chargé d'appliquer les lettres de sang. Le rituel était très douloureux, pourtant aucun cri ne devait s'échapper de la bouche du maqué. Qui ne peut tolérer la douleur des vallaslin ne saura endosser les responsabilités d'un adulte. Lathbora n'avait pas esquissé la moindre grimace lors de son marquage. Zatrian, son archiviste d'alors, en avait profité pour prolonger les traits de son vallaslin sur sa peau. Pourtant, il arrivait au dalatien de ne pas se sentir adulte.

Je porte le vallaslin de June, le dieu des façons. Nous dédions tous nos arts à June, car c'est lui qui a enseigné à notre peuple comment plier les branches d'arbres pour façonner nos arcs, comment créer des couvertures à partir de peaux et d'écorce de fer.

Lathbora lança un regard inquiet en direction des deux elfes aux oreilles plates : il en avait trop dévoilé, pas sur la culture de son peuple, mais sur son propre passé. Comment expliquer qu'un chasseur porte un marquage dédié aux arts et aux façons ? Mais peut-être que personne ne remarquerait cette légère incohérence dans son récit. Les mots, maintes fois entendus, maintes fois répétées, s'étaient précipités sur sa langue. Voilà dix ans que ces prières s'accumulaient en lui. Il lui faudrait être plus silencieux la prochaine fois, plus avare en mots.

J'espère avoir répondu correctement à ta question. Je ne suis pas porteur de notre culture : les archivistes de clans le sont pour nous. Les rôles sont assez bien cloisonnés dans nos clans. Mais je suppose que je dois m’habituer à répondre aux questions, maintenant que je suis seul.

Il se concentra ensuite sur son verre. Parler aussi longuement ne lui était pas facile. Avant, il n'avait jamais eu à répondre à la moindre question. Son maître artisan le faisait pour lui. Lui ne faisait qu'observer, reproduire, apprendre. Enfin, ce n'était pas tout à fait exact : parfois, on lui posait certaines questions. Où étais-tu passé ? Où se trouve Varathorn? Qui a déplacé notre réserve d'elfidée ? Puis, sur ses derniers jours au sein des siens, les questions s'étaient muées en accusations. Pourquoi as-tu fait ça ? Pourquoi n'écoutes-tu donc pas ?
Oui. Chez lui, les rôles avaient toujours étés solidement définis. Seulement, il n'avait jamais réussi à s'en contenter. Il en avait perdu son clan. Cherchant à noyer sa peine naissante, le dalatien vida entièrement son gobelet. Un filet de bière coula sur son menton, il se contenta de l'essuyer de sa manche, tachant le tissu déjà largement jauni de sa tunique.

Dim 24 Mai 2020 - 23:00

Elvire
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Trace.
Efface.
Recommence.


Il était évident qu’il était beau. Elle l’avait fait elle-même et en sa qualité de Ben Hassrath elle était formée et portée sur les aspects symboliques de ces peintures. Il lui manquait parfois des matières premières de qualité pour effectuer de réel chef-d’œuvre, mais l’aspect artistique était au moins toujours parfaitement soigné. De l’orgueil ? Non, c’était un simple constat sur l’état de ses compétences. Elle en tirait une vague satisfaction, rien qui ne venait affoler ses émotions plates et froides. Elle écouta ensuite les explications en sirotant sa bière. Si l’écoute était attentive, elle fit attention à masquer sa curiosité avide. Chaque information était gravée dans sa cervelle. Un état de conscience qu’elle activait généralement lorsqu’il était nécessaire d’apprendre par cœur des informations conséquentes. Elvire oubliait bien peu de choses. C’était à la fois son plus grand talent et sa source de bien des tourments.

“Je comprends. C’est en effet, important. „


Qu’y avait-il de plus à dire ? Rien. Il n’était rien de plus important que d’affirmer son appartenance et de connaître ses origines. Il était important de se défaire de l’influence néfaste de ces humains. Le seul détail, quelque peu fâcheux, était qu’en dehors du Qun, aucune cause ne valait réellement d’être suivie. Cependant, elle devait relever que tous ces égarés, les dalatiens étaient les plus intéressants. Leur répartition des rôles, leur rapport à la nature, leur mentalité… en bien des points il était possible de faire des parallèles avec le Qun. Il n’en avait certainement pas conscience. Et même s’il en frôlait l’idée, il ne trouverait pas une oreille réceptive en Elvire. Les masques dansent, mais ne s’égarent jamais.


“S’étendent-ils sur tout ton corps ? Ou est-ce juste facial ? Ne répond que si cela te plaît. J’aime converser, mais pas imposer mes envies à ceux qui ne les partagent pas. „


Elle serait tout de même déçue s’il décidait de se taire. Cet amoureux égaré avait décidément bien plus que son nom et son aspect d’intéressant. Comment devient-on chasseur vagabond alors qu’on avait sa place chez les siens comme artisan ? Un cheminement atypique, elle le présentait. Ce n’était pas le premier dalatien qu’elle rencontrait et elle savait parfaitement que les rôles étaient une chose importante et définie. Par ailleurs, elle ne le connaissait pas depuis assez longtemps, mais elle le sentait nerveux ou agités d’émotions tristes, en tous les cas négatives. Un sentiment qui la poussa à ne pas poser de question trop directe ou personnelle.

“Nous, ils peuvent se peindre sur l’ensemble du corps. A dire vrai, cela dépendra de la tenue et de l’usage. Tous les vitaars n’ont pas la même efficacité et les armures ont bien progressé depuis lors…„


Elle revoyait encore très clairement, dans sa jeunesse, le faciès de son ennemi se liquéfier lorsque l’épée qu’il tentait de lui enfoncer dans sa peau se heurtait à un mur de métal. Une jouissance, toute aussi plaisante que le bruit de sa boîte crânienne qu’elle lui enfonça d’un coup de corne. Elle pouvait encore entendre les réminiscences du bruit des os qui se brisent tant le souvenir était vif. C’était il y a bien des années, une époque où elle était bien plus fougueuse et théâtrale qu’aujourd’hui. On omettra de préciser que si le bras ne fut pas tranché, elle eut bien mal. Pensivement, elle rangea son souvenir, avec une tendresse lasse. C'était amusant, ces facéties nostalgiques. Reportant son attention sur sa boisson, elle retrouva sa concentration lorsque son interlocuteur reprit. La voix de l'elfe acheva de renvoyer ses divagations au néant.




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Ven 29 Mai 2020 - 20:45

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Concours de circonstances


Lathbora était en train d'observer la tâche de bière qui s'étendait sur sa tunique jaunie lorsqu'Elvire lui posa une nouvelle question. Son vaslaslin s'étendait-il au-delà de son visage ? Il promena son doigt de nouveau sur le tracé de sa gorge. Cherchant comment répondre clairement à cela. Mais déjà, la qunari semblait vouloir changer de sujet. De quoi avait-elle peur ? Qu'il refuse de répondre . Qu'il soit... Pudique ? Les Dalatiens, du moins ceux de son clan, étaient loin d'être pudiques. Les jeunes étaient élevés ensembles, et vite les corps n'étaient que des corps, et l'intimité une notion de simple confort. Alors, lentement, il retira sa tunique, dévoilant un corps glabre, à la peau sombre et maculée de cicatrices plus claires, parfois en relief. Assit en tailleur, il déposa son vêtement derrière lui, près du reste de son armure, et redressa son dos, relevant ses épaules étroites. Son pouce, de nouveau, suivit la fine ligne rouge qui courait depuis son menton jusqu'à son sternum.

Notre marquage ne renforce pas notre peau, seulement notre résolution. Alors il ne s'étend de là où l'on peut le voir.

Il tourna son regard en direction de ses mains, qu'il tourna et retourna à la lueur du feu. Ses mains, il les avait souvent salies. Tâchée de sang, de sueur ou de terre. Usées par le travail du fer, par les coups de marteau. Les mains, chez les dalatiens, ne portaient pas de marquage. Le vallaslin se devait d'être vu. Il n'était pas décoration, mais identitaire. Il n'était pas utile, mais pourtant primordial. Lathbora ne pouvait se défaire de ce vallaslin, qui à jamais le liait à son clan, à Zathrian et à June. Pourtant, depuis qu'il était seul et sans arrêt confronté à des visages nus, elfes ou non, Lathbora finissait par en oublier l'importance de son marquage. Sans autres dalatiens, porteurs de vallaslin, sans arrêt devant les yeux, son propre marquage finissait par perdre sa signification. L'elfe en oubliait parfois jusqu'à son propre visage. Et jusqu'à sa foi.

Non, il ne nous protège pas. Pourtant, il le devrait.

Au-dehors, un brusque éclair apparut, accompagné peu de temps après par un tonnerre faisant trembler la roche au-dessus de leur tête. Une odeur de flamme parvint au dalatien. Une odeur qui ne venait pas cette fois-ci du feu domestiqué qu'ils avaient allumé. Les deux elfes des villes sursautèrent, se serrèrent encore l'un contre l'autre. Perdus, ils l'étaient indubitablement. Pourtant ils étaient ensemble.

Ce n'est que le tonnerre.

Lâcha calmement Lathbora, tournant un regard compatissant en direction des deux elfes des cités. Ce genre de bruit, là où ils vivaient, ne devait pas juste relever des caprices du ciel. L'elfe avait eu l'occasion de visiter plusieurs de ces bas-cloîtres. Il y avait vu la misère et terreur de ses habitants. Un tel bruit, là-bas, ce pouvait-être une maison qui s'écroule, ou pire encore. Il les observa, se serrant l'un à l'autre, pensant à ce que devait être leur vie. *Non, ils ne sont pas deux. Nous sommes quatre à présent.*
La pluie, tomba ensuite à grosses gouttes. Chacune d'elles frappait le sol et explosait lourdement. Mais peut-être n'était-ce pas de la pluie, mais bel et bien de la grêle. Quoi qu'il en soit, ils étaient à l'abri. Grâce à Elvire. Le dalatien, toujours à demi-nu, étudia de nouveau la qunari avec attention. Grâce à elle et à son arc, ils étaient au sec, et avaient de quoi manger. À elle seule, elle semblait incarner plusieurs des déités de son panthéon. Andruil, Sylaise et Mythal. Son regard se fit encore plus admiratif.
Il chuchota :

Que va-t-il se passer demain matin ?

Il étendit ses jambes et allongea son dos nu contre le sol de pierre. Ses longues oreilles tournées vers l'extérieur, il n'entendait que le vacarme de la pluie. Qu'allait-il se passer au lendemain, lorsqu'ils cesseraient d'être quatre ? Quand il serait de nouveau seul et lorsque plus aucun regard ne se tournerait vers son vallaslin, pour en reconnaître l'existence ?
En fermant les yeux, Lathbora s'imagina rester pour toujours dans cette caverne, avec ces trois autres individus. Mais il savait la chose impossible. Le feu crépita, et il se sentit étrangement à l'aise. Alors, il se redressa d'un seul geste, griffant son dos contre les pierres de la grotte. Il replia ses jambes sous lui et fixa tour à tour les deux elfes et le qunari, un sourire enfantin se dessinant sur ses lèvres :

Et si nous nous racontions des histoires ? En attendant que la pluie cesse ?

Lun 1 Juin 2020 - 0:56

Elvire
Elvire

 

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Concours de circonstances


Il n’y a rien de mieux qu’un récit populaire pour cerner une culture.
Il vous susurrera certainement des détails croustillants sur le conteur si vous avez l’oreille fine.


Dire que la rencontre et leur conversation était intéressante était un euphémisme. Premièrement, parce qu’après tant d’efforts, apprécier une bière à proximité d’un feu au sec était un luxe qu’elle n’aurait pas espéré. Elle s’était résignée à ne voir tomber dans sa gorge que cette maudite eau qui pleurait du ciel et lui rongeait les os. Elle s’était résignée à ne pas sécher réellement et résignée à n’avoir pour compagnon que son équidé. Il fallait le souligner, c’était un chouette cheval, très bien éduqué et fidèle. Il la faisait rire parfois, cependant, il fallait l’avouer qu’il était plutôt avare en parole. Une conversation n’avait rien à voir avec un monologue. La créature cornue appréciait le silence, en règle générale, et ne ressentait pas de besoin particulier de parler. Il lui avait semblé comprendre que les autres races étaient bien plus bavardes qu’eux et parlaient souvent pour ne rien dire. C’était une caractéristique parfois assommante. Pourtant, parmi les siens, Elvire faisait partie de ceux qui aimaient un peu trop les mots.

Il était également réconfortant de constater qu’elle n’avait pas échaudé le dalatien et que l’intéressé continua à participer à la conversation. Il semblait même désormais particulièrement enjoué, car il proposait de conter des histoires pour passer le temps. Un passe-temps toujours appréciable, car sources certaines d’informations. A mesure de la conversation, le tableau du dalatien se dessinait avec un peu plus de précision dans son esprit.

“Ils ne sont pas une armure, mais je suis certaine qu’ils ont bien plus d’importance que tu ne le penses. Qu’importe la peau, si l’esprit est affuté.„


Elle inspira observant dehors un bref instant. Le temps était affreux, comme souvent dans cette région qui portait tristement son nom.


“J’ai installé un piège dehors. Normalement, nous ne devrions pas avoir de surprise inconfortable. Souvenez-vous simplement de ne pas dépasser l’arbre si l’envie vous vient de vous soulager cette nuit… „


Elle sourit à l’idée, une culbute d’elfe, ce serait artistique. Dommage que la chute de cette histoire-là ne finisse en nuque brisée sur les rochers en contrebas de la falaise. Ce n’est certainement pas ce genre d’histoire que les elfes voulaient entendre. Cette information était courtoise à placer, si le dalatien avait eu le loisir de l’observer faire, elle n’était pas certaine que les deux faces de craies l’eussent compris. Elle gratta légèrement son oreille pointue. Avec l’humidité, sa peau lui semblait être victime de démangeaison et de sécheresse. Il faudra que je la soigne une fois partie, nota-t-elle mentalement en pensant à une recette d’onguent pour l’hydrater et la réparer.

“Demain, ce sera une belle histoire. Une histoire où vous pourrez choisir, tout simplement. Dans tous les cas, je peux vous déposer dans un village de pêcheur qui se trouve à une ou deux journées de marche d’ici. Je ne vais pas vous laisser seul sur ces terres, ce serait dommage.„


Elle regarda les deux elfes. L’information s’adressait bien évidemment à eux. Dommage de les avoir sauvés pour les laisser replonger dans des griffes peu amicales, qu'elles soient humaines ou animales. La contrée était dangereuse.  Pour le troisième, elle ne se faisait aucun souci. Il fera donc ce qu’il voudra.

“Et toi, même perdu, je suppose que tu continueras ton chemin. Tu es l’artisan de ta destinée, à toi de voir où tu glisseras tes pieds. Pour les histoires, en revanche, je n’en ai pas de jolie à raconter. Je crains que mes débuts militaires ne soient trop violents et que ceux de mercenaires ne soient pas mieux. Les histoires que l’on m’a contée par la suite sont des récits humains, rien d’intéressant. Je pencherais donc plus en faveur d’un récit de la part de l’un de vous trois.„


Elle aurait pu réciter quelque chose. Bien sûr, mais pour une fois, elle n’avait pas particulièrement envie de mentir. La qunari porta son verre à ses lèvres et bu une gorgée du breuvage amer. Raconter ses propres pas aurait été trop révélateur, parler de sa culture… pourquoi une Vashoth cornue conterait-elle des histoires du qun ? Plus suspect que ça, même un nourrisson comprendrait que le prétendu lien rompu ne pouvait réellement l’être. A leurs yeux, cela n’avait guère d’importance, mais Elvire s’était fixée une règle claire. Ceux qui savent meurent ou sont envoyé au Ben-Hassrath. Sauf qu’elle n’avait aucun allié à proximité pour transporter les elfes dans cette direction. Tout ce qu’elle pourrait faire serait de leur garantir une tombe. Les yeux toujours perdus dans les flammes, elle reposa machinalement son verre. Qu’importent s’ils sont déçus, elle ne raconterait rien. Asit tal-eb, c’était mieux pour tous. C'était aussi pour cela qu'elle était Hissrad et le restait depuis de si longues années.


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Mer 3 Juin 2020 - 19:57

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Concours de circonstances


Yevel et Seni semblèrent enchantés de la proposition faite par l'elfe dalatien. Ils s'étaient tous les deux rapprochés du feu et ne jetaient plus le moindre regard inquiet en direction de l'extérieur. Oubliés, les menaces invisibles mais tangibles : le tonnerre, les éclairs, le piège posé par la Quniari, ou les silhouettes inquiétantes de futurs agresseurs hypothétiques. Elvire serait là pour les protéger. Elle n'allait pas les abandonner : ils étaient saufs avec elle. Les yeux brillants, ils se tournèrent l'un vers l'autre :

Nous pourrions partager l'histoire de Dane, qu'en penses-tu ?
Celle avec les loups garous ?
Certainement pas !

Cria Lathbora horrifié. Dans sa poitrine nue, son cœur manqua un battement. Les rares poils blonds parsemant ses avant-bras s'étaient dressés d'effrois, un fait que seul le regard le plus entraîné pouvait remarquer. La simple évocation de ces créatures le replongeait immanquablement dans la période la plus sombre de sa vie. Celle où tout bascula, où son clan connut l'horreur pour la première fois. Repoussant une nouvelle sueur froide, repoussant les images voulant s'imposer à son regard, l'elfe tenta de maîtriser sa respiration, à défaut de pouvoir contrôler son cœur. Il reprit plus calmement :

Une autre histoire ?

Même si Lathbora tentait de maîtriser sa peur, elle n'en restait pas pour le moins flagrante. Yevel sembla hésiter. Il se mordait l'intérieur de la joue plutôt nerveusement. Sa sœur Seni, plus empathique certainement a la détresse de leur cousin sauvage, repris :

Nous pourrions parler du héro de Férelden ? Connaissez-vous son histoire dame Elvire ?

Le dalatien ne put retenir un nouveau soupire. Ce soupire n'était pas une marque de soulagement, mais bien son exact opposé. Seni ne pouvait pas le savoir, mais le héros de Férelden entretenait dans le petit monde de Lathbora un lien étroit avec les loups-garous. Car c'était bien lui qui était venu mettre un terme à la malédiction de son clan. Ils avaient perdu par sa faute leur bien-aimé archiviste, et s'étaient fait enrôler de force dans un conflit dont ils n'avaient que faire. Envoyé à la guerre, le jeune dalatien qu'il était alors n'avait aucune chance. Et si son corps y avait survécu, son esprit lui n'en revint jamais réellement. Loups, deuils et guerre contre des créatures abominables. Cela faisait beaucoup en seulement quelques semaines.
Cela s'était produit il y a plus de dix ans, et la jeune Seni ne pouvait pas le savoir. Alors, Lathbora se leva, s'étira et remit sa tunique.

Raconte l'histoire de Dane, elle est bien mieux. Je reviens.

Sans un regard en arrière, Lathbora sortit de la grotte, les laissant tous les trois à cette histoire. Il brava la pluie, enjamba précautionneusement le piège disposé par la qunari, et s'enfonça sous les arbres. Lorsqu'il se crut suffisamment éloigné, il leva son visage vers la lune. Calmement, il repoussa ses souvenirs. Les silhouettes des loups furent repoussées par la pluie, brouillées comme pouvait l'être la surface d'un lac par un temps pareil. Pour occuper son esprit, il choisit de se demander pourquoi les seules histoires proposées par le frère et la sœur elfes étaient celles d'exploits des membres d'une autre race. Des histoires Féreldiennes. Elvire, elle, n'avait rien partagé du tout quant à sa culture. Lathbora ne put s'empêcher d'être déçu. Enfin, la nuit était encore jeune. Peut-être se déciderait-elle à parler. Il pourrait la convaincre, s'il trouvait une histoire digne d'être raconté ensuite.

Pendant ce temps-là, autour du feu, Seni s'était lancée. Elle récitait avec précision les mots exacts de la saga de Dane et le loup-garous, devant les yeux admiratifs de son frère :

"Tendez l’oreille, amis, écoutez mon histoire,
L’infortuné destin, le sort ô combien noir
D’un héros nommé Dane, un chasseur qui sans peine,
Provoquait la terreur des bois de Férelden.

Or donc il découvrit, un matin en forêt,
Un cerf immaculé qui le soleil prenait,
Beau trophée pour la lance qui saurait le poindre.
La poursuite s’engage, une fuite éperdue
Enfin le cerf s’écroule en un bosquet perdu,
Mais l’acte a attiré un hôte et non des moindres :
Un garou, créature à l’esprit d’un humain,
Qui s’en vient réclamer par cet obscur chemin
Notre cerf, s’estimant roi de cette forêt,
Appâté, capiteux, par l’odeur du sang frais.

Les deux maîtres chasseurs se guettent sans mot dire.
Dane, armé de sa lance, reste sans coup férir :
Face au terrible loup, le chasseur devient proie,
Sait qu’il n’a d’autre issue que mourir en ces bois.
Lors s’exclame le loup, d’une voix revancharde :
« Tu as volé ce cerf à mes bois et ma harde,
Tu nous dois maintenant juste réparation. »

La meute entoure Dane, s’en approche à pas lourds
Et lui qui de sa lame a occis à foison
Entend avec effroi dans leurs grognements sourds
Son nom distinctement prononcé, puis ces mots :
« En ce lieu tu mourras, parmi les animaux
À moins que tu ne veuilles endosser mon pelage
Tandis que je prendrai ta place en ton village. »

Ainsi donc se conclut ce sinistre contrat
Et Dane le garou devint hôte des bois,
Alors que son bourreau trônait en sa demeure.
Mais il est des marchés que l’on ne peut défaire ;
Qui ose faire un pacte en concédant son cœur
Ne pourra plus freiner sa descente aux enfers."

Lorsqu'elle eut terminé, Lathbora réintégra la caverne. Sans un mot il installait de nouveau près du feu, trempé jusqu'aux os. À présent, il tremblait. Seulement à cause du froid, ses craintes, il était parvenu à les repousser, pour le moment.

Mar 16 Juin 2020 - 23:29

Elvire
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Concours de circonstances


Pour chaque chose, il existe un mot, un seul.
Il convient donc de les connaître et les attribuer correctement.



Pas de loups garous ? Cela aurait pu être banal si la phrase n’avait pas été criée sur un tel ton horrifié. Elvire ne connaissait pas le dalatien depuis très longtemps, mais sa connaissance du langage non-verbal ne saurait la trahir sur ce point. Les petits signes d’agitation, la respiration … elle n’émit pas un son et ne sembla pas s’y attarder. Oui, qui aurait pu dire que la mercenaire lourdaude avait en réalité un esprit aussi vif que ses flèches et que son esprit était en constante ébullition ? Hormis les siens, personne. Lorsque Seni lui adressa une question sur le héro de Férelden elle hocha négativement de la tête. Oui, elle la connaissait parfaitement cette histoire, mais ne se lassait pas d’en entendre toutes les versions possibles. La manière de conter était un acte très révélateur des influences subies ou vécues. Le revirement de l’amoureux perdu heurta cependant le fleuve tranquille de sa réflexion. Ce dalatien était décidément compliqué à cerner. Cette conclusion lui tira une bribe d’excitation qu’elle noya dans une gorgée de bière.


Sa curiosité était piquée, mais elle ne suivit pas le blondinet. Cela n’aurait pas été convenable et aurait attiré inutilement l’attention des autres. La patience était une qualité qu’elle avait durement acquise, mais dont elle s’enveloppait régulièrement. Un chasseur sait traquer sa proie jusqu’au moment opportun, c’était ici le même principe. Une toile tissée avec patience pour pêcher avec certitude son poisson. Elle écouta donc le récit qu’on lui conta. Seni avait un ton agréable et connaissait son texte avec sureté. Le moment fut donc agréable et intéressant. La qunari avait déjà entendu parler des loups-garous et l’histoire ne lui était pas tout à fait étrangère. Avait-il simplement attendu dehors ? Lorsque le filet de voix se tut, les pas délicats du dalatien se firent entendre. Il revint comme il était parti, en silence.


“C’était très intéressant. J’ai toujours trouvé que la magie et les créatures qui peuplent librement vos histoires sont fascinantes. Les miens sont plutôt pragmatiques et honnissent la magie.

Nous apprenons à nommer les choses par leur essence. Appeler une chose faussement est très grave, c’est certainement pour cela qu’en général vous ne croiserez pas de qunari prolixe. Ils préfèrent se taire. Il ne faut dire que ce qui est nécessaire. Je suis plutôt une exception et c’est certainement la raison pour laquelle j’étais inadaptée.

Et c’est aussi pour cela que le fait de raconter des histoires est quelque chose qui m’a été longtemps étranger. „

Les prises de paroles qu’elle assumait étaient réellement importantes. Profondément différentes de ce que pourraient manier les siens. Cet aspect était intégralement justifié par son rôle. Elle était hissrad et ce mot signifiait gardien des illusions. Rien n’était plus illusoire et volatile que les mots employés de la sorte. Cela convenait aussi totalement au rôle d’exilé qu’elle incarnait. Pourtant, elle ne dérogeait pas aux deux principes fondamentaux du Qun.

Issquun et Aqun. La Maîtrise et l’Equillibre, ces deux notions fondaient un tout absolu. Elle pouvait citer par cœur les mots de Kolsun "Savoir c'est comprendre, comprendre pourquoi c'est, ce que c'est mais aussi ce que ce n'est pas. Connaître quelque chose c'est avoir le pouvoir de le maîtriser, et seulement dans le manque de connaissance réside la faiblesse." et "Exister sans équilibre, c'est tomber, se casser, mourir. Il n'y a que dans l'équilibre que la vraie stabilité peut être atteinte. Quand une personne est stable, elle est libre d'écouter et de savoir.  Avec le savoir, on devient fort. Avec la force, on devient l'acier. Et comme l'acier, on endure."

Lorsqu’elle observait les civilisations humaines, elfe ou naine, elle ne pouvait que frémir. Il était horrifiant de les voir se débattre dans les tourments de l’incertitude et de l’instabilité sociale. Ils n’avaient aucune garantie, aucune valeur qui puisse leur apporter la stabilité nécessaire. Comme d’immuables cycles, ils pataugeaient dans leurs guerres et luttes de pouvoirs, un enclin après l’autre, une dynastie après l’autre. Que pouvait-on dire des elfes ? Eux qui étaient des créatures si respectables et puissantes… devenir les esclaves d’humains était désormais leur destinée et s’ils luttaient c’était pour un mirage de liberté. Inutile de mentionner les nains, ces vers de terre fratricides…

Elle se redressa, gardant cependant toujours la tête courbée pour ne pas heurter les stalactites les plus bas. Il était bon de pouvoir considérer la chance et la fierté qu’elle avait d’appartenir au Qun et elle ne souhaitait qu’une chose pour ces trois âmes, qu’ils deviennent Viddathari et puissent fuir la misère de leur existence. Elle le souhaitait à chaque être qui peuplait ces contrées, mais ceux-là plus particulièrement. Ils le méritaient.

“Nous ferions mieux de dormir, demain, nous aurons une longue marche. „

Elle trifouilla dans sa selle et offrit sa couverture à l’amoureux.

“Tiens, déshabille-toi et enroule-toi là-dedans. Tu vas attraper la mort si tu restes dans tes habits trempés. „

Elle posa l’objet aux pieds de Lathbora et s’occupa ensuite d’alimenter le feu. Le bois brûlait bien et ils feraient bon jusqu’au matin.





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