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Lun 22 Juin 2020 - 17:47

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Concours de circonstances


Les yeux rivés sur la couverture offerte par la Qunari, Lathbora hésita. Sa soudaine timidité n'avait rien à voir avec le fait de devoir se mettre à nu devant trois inconnus, dont deux de sexe féminin. Le dalatien, comme beaucoup d'autres, n'était pas pudique. Les corps n'étaient que des machines, assemblage de chaires et de muscles transportant la délicate balance de ce qui constituait son véritable être. Les corps n'étaient que des corps et Lathbora se fichait bien d'être blond, petit et maigre. Il se fichait de ses cicatrices, de sa peau relativement sombre. De ses yeux jaunes. Rien de tout cela n'était à ses yeux ni une qualité ni un défaut. La délicate balance qui se nouait en son sein en revanche, l'elfe en avait toujours ressenti de la honte. Ses trop nombreuses peurs, ses pensées incessantes, sa colère continuelle aussi, voilà ce qui en réalité le faisait hésiter à cet instant précis, alors qu'il fixait cette couverture offerte par la Qunari.

Parler ? Ou bien se taire ?

Car pour la première fois depuis de nombreux mois, Lathbora se sentait d'humeur à parler. Certes, Yevel et Seni l'avaient déçu, pourtant ils n'étaient peut-être pas irrécupérables. Et Elvire ? Elvire était comme lui, il en restait persuadé, tout en ne lui ressemblant en rien. Oui, il était tenté de parler à ces trois inconnus. D'avouer ses torts, d’exorciser par la parole ses nombreux doutes. Lathbora se sentait l'envie d'être conforté dans ses idées. Il avait besoin d'un guide, d'une voix forte et sûre, comme celle d'Elvire, pour lui tracer une route à suivre. Il lui manquait un archiviste. En se mordant la lèvre, Lathbora ramassa la couverture.

Non, il ne parlerait pas.

La dernière fois qu'il s'était laissé aller, qu'il s'était livré à un inconnu, à qui il avait raconté toute son histoire, il avait ensuite du le tuer. Non, autant tenir sa langue. Il retira sa tunique, retroussa avec difficulté ses chausses de cuir, et s'enroula finalement nu dans couverture offerte, avant de tendre ses vêtements humides devant le feu. Il ne parvenait pas à fixer son regard, qu'il sentait attiré par les deux elfes des villes et par la qunari. Tous semblaient fatigués. C'était la fin, il pouvait le sentir. Dès le lendemain, Lathbora se retrouverait de nouveau seul. Mais n'était-ce pas mieux ainsi ? N'était-ce pas ce qu'il avait lui-même souhaité ? Malgré le feu et la couverture, Lathbora tremblait. L'humidité ne devait plus en être la seule fautive : ses paupières étaient lourdes, il sentait la fatigue vouloir le cueillir. Il regarda Yevel, Seni et Elvire une dernière fois avant de basculer vers l'arrière. Lorsqu'il se réveillerait, Lathbora en était certain, il se retrouverait seul.

Cette nuit-là, le dalatien ne fit qu'un seul rêve. En songe, il assista à l'emprisonnement de ses dieux. Mais point de geôles et à la place : un véritable palais merveilleux, nimbé de magie. Aucun Dieu ne portait de fers, de chaînes à leurs pieds ou à leurs poignets. Leurs membres étaient à la place ornées de parures fines et extravagantes. Alors qu'ils auraient dû resplendir de bonheur, tous réunis dans un tel décor, une horrible grimace déformait leurs traits. Une grimace méchante, terrifiante. De leurs bouches ne sortaient que des insultes, alors que d'autres voix, provenant d'en dessous, chuchotaient des mots doux. Ce rêve avait-il été provoqué par les vapeurs de la bière partagée plus tôt ? Le dalatien s'agita, cherchant à s'extirper à ce cauchemar. Ses dieux étaient insatisfaits.

Lun 29 Juin 2020 - 0:13

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Concours de circonstances


Panahedan


Elle s’allongea sur le sol terreux. L’endroit était plus confortable lorsqu’elle avait pu en jouir seule, mais cela importait peu. Le déroulement des événements s’était révélé positif. Quoiqu’il en soit, ces trois elfes n’observeraient plus forcément les siens comme des bêtes effrayantes et sauraient les considérer de manière plus naturelle. Tunk. Elle heurta une pierre de sa corne et grommela légèrement. Après cela, il ne lui fallut pas longtemps pour s’endormir et elle ne fit aucun rêve. Tout du moins, elle ne s’en souvint pas. La bufflonne n’avait pas pour habitude de rêver et si c’était le cas, elle n’en tirait aucune leçon. Ces fabulations dues à son esprit fatigué ne signifiaient pas grand-chose. C’était un détail qui s’évaporait en même temps que l’humidité de ses yeux. Un mirage vite oublié. Si elle avait rêvé, ses pensées auraient certainement été aussi ordrée que sa réalité. C’est en tout cas la déduction qu’elle se fit. Après tout, les rêves étaient inutiles et empêchaient le repos. Il était nécessaire de pouvoir correctement récupérer pour être efficace. C’était une chose des plus logique.

Elle frotta paresseusement ses yeux embués et observa la lumière qui filtrait de l’entrée. Le feu, gris, couvait encore quelque braise sous son manteau cendreux. Les oiseaux piaillaient et seules les respirations des autres perturbaient ce silence relatif. Les petits êtres dormaient encore, l’un plus agité que les autres. Elvire se redressa lentement et maugréa en se frottant le bas du dos. Était-ce l’âge ? L’humidité ? Une chose est sûre, son corps protestait vivement contre le traitement qu’elle venait de lui infliger. Elle prit donc soin de le déplier et d’étirer ses articulations endolories. Sans perde plus de temps, elle secoua doucement l’épaule des frères et sœurs, puis se dirigea vers le dalatien. L’intéressé semblait toujours souffrir d’un sommeil agité. Elle posa donc sa large main délicatement sur son épaule. Le geste était emprunt de méfiance, car elle n’avait pas idée de l’humeur avec laquelle il s’éveillerait. Elle s’appliqua donc à ourler ses lèvres d’un sourire bienveillant et attendit qu’il émerge.

Pour la suite, ce sera distribution de galette d’avoine et départ matinal. Il ne fallait pas perdre de temps. Les esclavagistes se lanceraient certainement à leur poursuite en découvrant les cadavres et leur camp saccagé. Si Lathbora était autonome, elle avait encore du chemin à faire avec les deux autres. Elvire, après réflexion, avait décidé de les conduire s’ils le désiraient au nord où ils rencontreraient après son départ, de la manière la plus fortuite, un viddathari de leur race qui aura le rôle de les conduire chez les vidathiss. Ainsi, elle pourra dire qu’elle les a véritablement sauvés, en tout point. Sans avoir eu l'air de s'en mêler.

Quant à Lathbora, elle ne pensait pas qu’il la suivrait. Elle veillera simplement qu’il parte avec le nécessaire et puisse poursuivre son périple au mieux. Il pourra la recontacter par le biais des castes mercenaires s’il en éprouvait le désire, elle n’était pas difficile à retrouver, en tous les cas, il serait facile de lui faire parvenir un message contre quelques piécettes. Peut-être se trompait-elle, mais aussi fort avait-elle envie de lui prendre la main pour l’entraîner à sa suite, aussi certaine était-elle que ce n’était pas le moment. Il resterait en tous les cas, une rencontre agréable. Peut-être se recroiseraient-ils, peut-être que ce ne sera jamais le cas.

“C’est l’heure. „

Déclara-t-elle simplement, en toute sobriété.



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Mer 1 Juil 2020 - 17:16

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Concours de circonstances


Il eut du mal à s'extirper de son rêve. Ses dieux déçus et leur cortège de voix implorantes s'étaient volatilisés, laissant le dalatien dans le noir le plus complet. Toujours profondément endormi et perdu, Lathbora vit peu à peu apparaître les contours d'un nouveau cauchemar : dans ce néant privé de ses dieux, il n'était plus seul. Une silhouette sombre lui faisait face, tentant de le maintenir dans cet état d'endormissement. Un sourire béant dessinait comme une plaie au centre des sa face, que seules venaient troublaient d'innombrables dents de carnivores. Les griffes qui terminaient ses doigts s'enfonçaient dans l'épaule de l'elfe, labourant sa chaire de profondes balafres alors que cette bouche malsaine privée de lèvres ne cessait de lui murmurer des mots impies. Lathbora aurait voulu fuir, mais ses membres étaient paralysés. Il aurait voulu crier, mais ses lèvres restaient closes. Conscient à présent d'être enfermé dans un rêve, il tenta de s'éveiller, de fuir en pensées cette hideuse créature qui, bien que sans posséder le moindre œil, ne cessait de le fixer.

Une autre main vint s'ajouter sur son épaule meurtrie. Une main grise à la peau épaisse, une main large mais féminine. Cette main repoussa celle du monstre, agrippant à sa place l'épaule meurtrie du Dalatien. Elle se referma sur ses plaies, et commença à l'agiter, à le remuer, le délivrant doucement de son sortilège d'immobilisme. Libéré, sentant enfin les premiers signes de son réveil, Lathbora se permit de fixer une dernière fois la créature, d'en n'éprouver plus aucune peur. Pas cette fois mon ami, voilà ce que voulait dire le regard d'or du Dalatien, alors Je le monstre reculait dans les ombres, en hurlant sa frustration.

Lathbora s'éveilla enfin, sous les secousses d'Elvire. Son corps retrouvant enfin ses pleines possibilités de mouvements, rattrapa son retard sur son rêve, faisant fuir le dalatien, rampant sur ses coudes, émergeant de la couverture. Mais le doux sourire affiché par la qunari le rassura, facilitant son passage du rêve à la réalité. Il se releva, son corps dénudé couvert d'une fine couche de sueur qu'il ne prit pas la peine d'essayer avant de passer un à un ses vêtements. Le tissu, encore humide, dégageait une forte odeur, mélange de cendres, de bière et de moisi. Il grimaça, programmant déjà son prochain bain.

Ils déjeunérent en silence, d'une galette d'avoine qui, dans ces circonstances, prenait sans mal des airs de festin. Tout en mâchonnant, Lathbora étudia de nouveau l'attitude de ses deux cousins des villes. Il soupira avant de déclarer, tout en mimant les intonations à la fois douce et calme de la qunari :

Vous n'êtes pas encore prêt, je peux le comprendre. Vous devez vous reconstruire. Mais un jour, peut-être, vous serez prêts. Si ce jour arrivé, cherchez ceux qui veulent aider les elfes. Plus nous serons nombreux, meilleures seront nos chances.


Il se débarrassa des dernières miettes de sa galette, et fixa son regard sur ses mains, légèrement amère : lui s'était jusque-là montré bien incapable de trouver ce groupe. Peut-être s'y prenait-il mal ? Il comptait à présent poursuivre sa recherche en direction de l'ouest, quitte à traverser les dorsales de givres pour passer en Orlais. Son instinct le guidait vers les anciennes terres de leur peuple : Halamshiral, Arlathan, la Dalatie. Quelle meilleure cachette pour un groupe elfique ? Et s'il ne les y trouvait pas, il traverserait les frontières jusqu'à les trouver. Lathbora restait après tout un dalatien, et même si son clan ne se déplaçait pas énormément, les frontières ne représentaient rien pour lui.

Elvire sonna la fin de leur repos, le sortant de sa contemplation minutieuse de ses mains.
C'est l'heure.
Il finit de s'équiper, sanglant avec délicatesse son plastron d'écorce de fer, et glissant les dagues empruntées à tout jamais dans les espaces aménagés contre son dos. Il roula ensuite précautionneusement la couverture dans laquelle il avait dormi avant de la rapporter à Elvire. Lathbora profita de cette proximité pour s'adresser à la Qunari chuchotant presque :

Où allez-vous les mener ? Et vous, où allez-vous aller ensuite ?


Ses yeux jaunes cherchèrent à croiser les siens. Cet échange, il le sentait, risquait d'être leur dernier.

Dim 12 Juil 2020 - 22:32

Elvire
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Concours de circonstances


Il n’existe qu’un seul chemin.
Glorieux et inevitable
Le Qun


Les elfes seraient-ils prêts un jour ? Il pouvait l’espérer, la qunari savait que leur seul salut résidait en le Qun. Il n’existait de toute manière aucune autre voie. En tout cas, hormis des hochements de tête poli, les discours rêveurs du dalatien ne semblait pas trouver d’écho en ses congénères. Elle mâchonna tranquillement son repas en les observant distraitement. L’équation était déjà tracée, les informations prélevées. Hissrad se tut donc et observa le jour qui s’éveillait. Elle rangea son piège et s’occupa de sa monture. Les autres s’affairèrent de leur côté pour assembler leurs maigres effets. Elle terminait d’harnacher sa monture lorsque le dalatien vint lui rendre sa couverture. La bufflone se saisit de l’objet, le remerciant d’un bref hochement de tête.

Elle dut ensuite tendre l’oreille pour entendre les mots qu’il se hâta de lui glisser à voix basse. Qu’allait-elle faire ensuite ? Réellement, elle attendrait certainement une assignation. Son périple actuel sur les côtes orageuses touchait très certainement à sa fin. A moins, évidemment, que de nouveaux éléments nécessitent sa présence sur place plus longtemps. L’Hissrad savait que la région était actuellement plutôt surveillée et qu’il se pouvait qu’on la requière ici plus longtemps. Son intention de s’éloigner n’avait cependant pas reçu de réponse négative. Si elle obéirait à n’importe quel ordre sans question, ni soupire, l’idée de quitter une région si humide lui était agréable. Elle rêvait presque d’un désert bien aride. Que ferait Elvire ? Partir en quête d’un nouveau contrat, d’une mission quelconque pour se remplir la bourse.

“Pour eux, je vais les confier à un village côtier que je connais. Ils y seront bien et pourront réfléchir à la suite de leur destinée, partir, rester, que sais-je… au moins, ils seront loin des bascloîtres.„

Ces endroits ne sont de tristes endroits où les humains asservissent et assimilent peu à peu le peuple elfe. Avant, ils furent glorieux, à présent, ils luttent pour leur survie. Dérivant vers leur inéluctable extinction. S’ils restaient ainsi asservis aux humains, elle était prête à parier que les elfes deviendront une race de légende, éteinte, assimilée par les entrailles humaines. Ce n’était qu’une preuve de l’infamie humaine qu’elle exécrait. Si les idées des humains étaient dignes d’intérêt, comment expliquer l’esclavage et la souffrance qu’ils infligent à ceux qu’ils accueillent en leur sein ? Ce n’était là qu’une démonstration évidente de la supériorité du Qun. Si Lathbora les rejoignait, il deviendrait son frère et aurait la place que mérite ses qualités. S’il en a les capacités, il pourrait même devenir son chef sans que cela ne pose de problème à personne. Ni désordre, ni approximation, tout occupe une place définie et pragmatique.

Elle acheva de tendre la sangle et la boucla d’un geste sec et emprunt d’habitude. Elle rabattit le pan de cuir et flatta l’encolure de l’équidé. Elle rangea ensuite la couverture qu’elle avait placé entre ses jambes pour se libérer les mains au préalable.

“Pour ma part, je n’ai pas de projet très définit. J’ai comme l’envie de quitter cette brume humide et ces tempêtes côtières. Cela fait trop longtemps que je suis ici. „


Orlaïs, ou bien remonter vers le nord, dans les contrées du Nevarra ou encore en Antiva. Qu’importe, elle commencerait par l’Ouest et verrait où son chemin la mène. Une chose était sûre, c’est qu’elle serait toujours très loin de ses contrées natales.  Cela faisait quelque temps qu’elle errait en Ferelden, il serait bon de se faire oublier. Il était malheureusement indéniable que sa taille et ses cornes restaient en mémoire. Or, le principe même de son travail était de se fondre dans le banal et l’ombre. Elvire avait donc l’habitude d’avoir une existence itinérante. Par ailleurs, cela lui permettait d’obtenir des informations variées.

Les yeux de la qunari répondirent à ceux de l’elfe. L’or vif des yeux s’accordait parfaitement avec l’aspect jaune de ceux de l’elfe. Aucune trace de ses réflexions ne venait perturber l’onde mordorée. Toujours portée par son calme pensif, elle porta une main à une corne qu’elle frotta machinalement.

“Dans ma langue, on dit, Panahedan. Au revoir. Ce qui signifie réfugie-toi en sécurité, littéralement. J’espère que ta route sera sûre, donc. Je suppose que tu vas continuer ta quête et que ses pas ne sont pas compatible avec mes errances mercenaires. „


Une manière de lui souhaiter une bonne route, tout en regrettant que cela signifie un prompt éloignement. Quoique éphémère rencontre, elle se souviendrait de l'amoureux égaré. Asit tal-eb, ainsi sont les choses, ainsi doivent-elles l’être. Cela aurait aussi pu convenir. Un principe fondamental du Qun. Elle le reverrait si les choses devait en être ainsi.



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Ven 17 Juil 2020 - 18:05

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Concours de circonstances


De savoir les elfes citadins libérés de leur sinistre bas-cloître, même temporairement, rassura profondément Lathbora. Il choisit pourtant de ne pas exprimer le moindre soulagement sur ses traits, laissant à la place planer son léger air boudeur et anxieux sur ses lèvres et sur son front, lissant les lignes rouges de son vallaslin. Il s'imaginait parfaitement le genre de petit village dont voulait parler la Qunari : lui les avait soigneusement évité lors de ses pérégrinations. Et lorsqu'il s'en approchait, c'était très souvent dans l'optique d'y chaparder quelques biens, des vivres pour lui permettre de poursuivre sa route. Les rares humains qui l'avaient vu s'approcher de leurs chaumières n'avaient jamais eu à son égard de moindre mot déplacé. Yevel et Seni pourraient s'y installer, y vivre convenablement, s'ils le souhaitaient.

Maudits bas-cloîtres. Aucun elfe ne devrait être forcé de vivre dans un tel endroit. Merci. Merci pour eux.

Elvire, occupée à sangler sa monture, scellant véritablement l'annonce de leur départ imminent, confia pour sa part n'avoir aucun projet concret pour la suite. Le dalatien remua doucement la tête, accueillant cette annonce avec beaucoup de sympathie : il reconnaissait sans peine la dureté du climat de cette région, qu'il lui tardait de quitter lui aussi, même si les forêts y étaient belles et anciennes.
Lathbora sourit doucement à Elvire lorsque leurs yeux se croisèrent. En soutenant le regard de la Qunari, l'elfe ressentait l'étrange impression de se contempler lui-même. Ou plus justement une version plus parfaite de lui-même : plus calme, plus impressionnante et plus volontaire. Et puisqu'ils étaient si similaires, Lathbora admis naturellement les mensonges et les non-dits dissimulés sous les mots d'Elvire. Il lui semblait hautement improbable qu'une créature telle que la qunari puisse se mouvoir sans le moindre but. Lui répondait à ses dieux. Il vivait et respirait pour eux. Il supposait que la Qunari devait agir de même, et ce quelque soit ses croyances. Alors il ne s'offusqua pas des mensonges qu'il lui prêta, se pensant au contraire indigne de ses confidences.

Panahedan.

Répéta Lathbora en butant contre les consonances inhabituelles de cette langue pour lui exotique. Il le répéta encore, une seconde fois goûtant encore la saveur de ce simple mot, si lourd de sens. L'elfe rit alors de bon cœur, réalisant un peu tard un point qu'il expliqua immédiatement à Elvire :

Vous vous souhaitez en vous quittant ce que nous nous offrons en nous rencontrant. Pour nous saluer, nous disons : Aneth ara. Un endroit sûr.

Son rire se brisa : devait-il retrouver les siens pour enfin se sentir en sécurité ? Lathbora se racla la gorge, enterrant sa gêne naissante.

Dans ma langue... Commença-t-il avant de se reprendre en remarquant les regards de Yevel et Seni Dans notre langue, nous nous souhaitons un bon voyage : Dareth shiral.

Il se retourna ensuite en direction des deux elfes des cités, incapable pour le moment de réellement faire ses adieux à la grande Qunari.

Je vous souhaite d'enfin trouver votre place. June'enaste. Que mon Dieu vous accorde ses faveurs.

Il vérifia d'un rapide coup d’œil le sol de leur logis de fortune, cherchant à repérer une affaire qu'il y aurait oubliée, mais n'y trouva rien. Son sac était plein, sa tenue complète. Il ne lui restait plus aucune excuse pour retarder son départ. Il devait s'arracher de ce petit groupe, comme il s'était arraché à son clan, plusieurs années plus tôt. Il soupira et s'adressa de nouveau à Elvire, usant de l'elfique comme pour se faciliter ces adieux :

Ma serannas. Ma melava halani. Dareth shiral !

Ce sur quoi il s'échappa, fuyant la cavité leur ayant servi de logis, fuyant cette créature à la peau grise avec laquelle il partageait tant. Ses pieds nus légers et agiles le conduisirent rapidement aux rives de la mer d'écume, où un ressac vint lui mouiller les chevilles. Le dalatien soupira encore, se retourna en direction de son ancien abri, juste à temps pour voir la monture de la qunari quitter leur cachette. Sans comprendre pourquoi, le dalatien se mit à courir dans la direction opposée, disparaissant dans le bosquet humide qui s'enfonçait dans les terres. Il ne s'arrêta que lorsque son souffle se fit court, et uniquement lorsqu'il eut la certitude d'être complètement seul. Là, alors que les rares rayons du soleil transperçant les feuilles des arbres formant son couvert dessinaient à même le sol de belles tâches mordorées, Lathbora goutta de nouveau au plaisir de son isolement. Son cœur battait à tout rompre dans sa cage d'os, mais il était libre. Follement libre. Apaisé, il marcha alors seul, en chantonnant, jouant avec les nouvelles dagues que son étrange aventure lui avait permis d'acquérir.

Mer 5 Aoû 2020 - 17:50

Elvire
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Concours de circonstances


Doucement, ils refluent, éclatant et éphémère
Les ombres noient le soleil et le froid indifférent devient roi.
Souvenir


Il était quelque peut dommage qu’elle n’ait pas encore eut l’occasion d’apprendre le dalatien. Elle ne désespérait pas de se trouver une âme généreuse pour lui apprendre ces mots chantants. Elle ne répéta pas ses mots pour se les approprier comme il le fit, mais ils furent gravés dans sa mémoire précieusement. Peut-être prendra-t-elle le temps de les noter dans son petit carnet. Malheureusement pour elle, Yevel et Seni étaient né et avaient grandis dans un bascloître. Leur langue maternelle était le langage commun et ils ne connaissaient que des bribes de dalatien. En tout cas, c’est ce qu’ils lui concédèrent. Yevel put simplement lui confirmer qu’il s’agissait de remerciements. Etaient-ils gêné par leur inculture ou gêné de lui mentir ? Des questions qui s’ajoutaient au tableau qu’elle peignait depuis leur rencontre. Elle regretta un instant de voir le cabri disparaître si vite entre les bois et côte pierreuse. Ah. Pensa-t-elle en secouant sa lourde tête, tu es trop curieuse Hissrad.

Elle ne prêta guère d’attention aux deux elfes qui continuaient la route avec elle et qui commentèrent l’étrangeté de Lathbora. Après tout, elle n’avait jamais rencontré de dalatien qui ne semblent pas un peu étrange ou plus précisément, inadapté au monde dans lequel il vivait.

Inadapté.

Voici un mot qui convenait tout autant qu’égaré. Les mots sont importants et à choisir avec soin. C’est une caractéristique qui définit particulièrement bien les convictions des siens. Le Qun dit que lorsqu’une chose est nommée, c’est par sa signification, par sa raison d’être, son essence. Appeler une chose faussement serait de s’arracher ses propres yeux. Le langage commun manquait un peu de précision pour traduire le Qun, elle devait le concéder. Certainement parce qu’elle-même n’en maîtrisait pas toutes les subtiles nuances. Pour les siens, elle faisait pourtant figure d’érudite en la matière. Aussi, garda-t-elle les mots en mémoire et se promit de réfléchir sur lequel conviendra le mieux. Ce serait un moyen d’occuper tendrement ses soirées, disserter sur le vocabulaire qui qualifie au mieux ces pieds dansants.

Le périple qui suivit fut fort banal. La progression ne fut pas trop lente. Les elfes bénéficièrent de son cheval et en raison de sa grande taille, la qunari avait d’amples foulées qui lui permettait d’avancer bien plus rapidement qu’aurait pu le faire un court-sur-pattes. Ils ne s’arrêtèrent pas au premier village et poursuivirent sur plusieurs kilomètres à l’Ouest. Cela lui permit de terminer son analyse.

“Dans ce village, il y a un elfe que j’ai connu par le passé. Il pourra s’occuper convenablement de vous. Pour un temps, en tout cas, je suis certaine que votre route s’éclairera. Vous pouvez l’attendre à l’auberge. Tenez, prenez un peu de monnaie pour vous payer un bon repas chaud.„


La mercenaire évinça sobrement les larmes et effusions émotives qui découlèrent de cet adieu. Elle quitta la bourgade sans même s’accorder le repas qu’elle leur avait offert. Un viddathari dalatien se trouvait effectivement dans cette région et elle lui avait transmis un rendez-vous et une mission. Elle avait confiance en son frère et ne doutait pas qu’il trouvera les mots justes pour définitivement accompagner ces elfes sur la bonne voie. La seule. Le Qun.

Elle-même ne leur en avait jamais parlé ouvertement et s’en était purement et strictement tenue à son rôle de Tal-Vashoth. Il était nécessaire, à ce stade incertain, qu’ Yevel et Seni n’aient aucun doute sur son statut d’exilée. Peut-être que plus tard, lorsqu’ils auront rencontré Viddasala et ses Vidathiss auront-ils des doutes. Même convertis, ils n’auront pas besoin d’avoir de réponse à son sujet. Elle ne sera qu’un souvenir heureux d’une qunari bienveillante. Celle qui les a mis sur la voie, par hasard, d’une renaissance. Le hasard est décidément une chose merveilleuse !

“Meraad astaarit, meraad itwasit, aban aqun.


Adressa-t-elle à son équidé qui ne pipa mot.

Inchangé, oui, c'était ce sentiment immuable qui l'étreignait. Le voile bienheureux de la solitude la gagna. La pluie sur ses épaules ne la dérangeait même plus. Seul importait la route et le chemin qui s’annonçait devant eux. Loin de ces falaises écorchées et de ces eaux tumultueuses, elle avait des choses à accomplir. Elle chiffonna le mot griffonné qu’elle tenait dans sa main. Ce soir, il se recroquevillera dans les flammes de son feu. Lui-même sera lavé par l’eau que le ciel ne semblait jamais vouloir cesser de pleurer.
Ainsi, Elvire quitta les côtes orageuses.




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